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Dondin-Payre Monique. Domitien et la vieille aristocratie sénatoriale : ruptures et continuité. In: Pallas, 40/1994. Les années
Domitien. pp. 271-288;
doi : https://doi.org/10.3406/palla.1994.1324
https://www.persee.fr/doc/palla_0031-0387_1994_num_40_1_1324
Abstract
Over against traditional historiography that lays the stress on the conflicts between Domitian and the
Senate, certain historians lean today towards a rehabilitation of the emperor's behaviour, who would
have fallen victim to the distorsion of the sources chiefly issued by the senate. As a matter of fact, after
a few years during which Domitian had at heart to honour the old families of the aristocracy in order to
conciliate them he came up against the senate's opposition, provoked by his absolutism, which he
fought back by a repression. This accounts for the collective steps taken in the year 95, whose
meaning has been controverted (and in particular ascribed to Christianity). This evolution is illustrated
by the contrasted destinies of the
consuls from the familyof the Acilii Glabriones.
DOMITIEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE
SÉNATORIALE : RUPTURES ET CONTINUITÉ
Le thème des relations entre Domitien et le sénat occupe une place centrale dans
l'historiographie de son règne. Il est toujours envisagé dans une perspective compa-
ratiste, par rapport au prédécesseur de l'empereur, et même plus souvent à Vespasien,
ou par rapport à ses successeurs Nerva et Trajan, sur lesquels il aurait violemment
tranché par son comportement tyrannique, à moins que, selon une vision plus récente,
il n'ait, pour assurer un gouvernement sage et mesuré, collaboré avec le sénat dont la
composition n'aurait pas subi de modifications radicales sous son règne l.
D est difficile d'émettre des opinions rationnellement fondées, parce que, dans leur
désir de convaincre de la cruauté gratuite de Domitien, les sources antiques égrènent les
listes des victimes hors de toute logique, cependant que les historiens modernes
organisent ces séries en conspirations dont la première daterait de 83, et auxquelles
l'empereur aurait réagi par des répressions, elles-mêmes sources de réactions du sénat 2.
Traditionnellement, on considère que les groupes les plus menacés sont ceux de la
vieille aristocratie, quand elle unit à un passé qui pourrait légitimer des aspirations au
trône un dynamisme qui la met en contact avec l'administration de l'empire et lui
permet d'en maîtriser le fonctionnement.
Parmi les innombrables exécutions dont Domitien est accusé, figure celle d'un
membre de la famille sénatoriale des Acilii Glabriones. Son cas est exemplaire parce
que la gens Acilia, intégrée au sénat depuis la République 3, a, pour la période
considérée, c'est-à-dire celle des Flaviens et des débuts de la dynastie antonine, fourni
trois consuls. Elle constitue donc une excellente occasion d'envisager les ruptures et
continuités dans les rapports de Domitien avec le sénat.
Au centre du dossier se trouve donc le consul de 91, M' Acilius Glabrio, mais son
père, consul lui aussi, est connu pour avoir participé au conseil de guerre que
Domitien dut tenir à Mayence en 82-83 lors de l'expédition manquée contre les
Chattes 4. Dans le fragment préservé du poème où il en fait le compte rendu (De bello
Germanie o), Stace 5 cite Acilius à la suite de L. Iunius Vibius Crispus, et
d'A. Didius Gallus Fabricius Veiento, tous deux consuls III vers 83 6 :
Octogénaire en 90, puisque mis sur le même plan que Crispus par Juvénal,
Acilius est né vers 5 et peut sans difficulté être le fils de M. Acilius Memmius
Glabrio, curateur du Tibre sous Tibère 9.
II s'inscrit donc dans une longue lignée sénatoriale et le qualificatif de nobilis que
lui applique Juvénal (v. 97 : in nobilitate) est parfaitement justifié. Qu'il soit aussi
DOMITTEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 273
patricien (v. 102 : Quis enim iam non intellegat artes patricias ?), même si la gens
est connue comme plébéienne à ses débuts, serait tout à fait normal 10.
En revanche, la date de son consulat est plus difficile à établir : Juvénal, qui, dans
sa parodie du « conseil du turbot », démarque Stace, le cite en troisième position, après
Pegasus, juriste célèbre, préfet de la Ville en 79-83, puis Vibius Crispus, tous deux
consuls trois fois H, et immédiatement avant Rubrius Gallus (v. 105), consul avant
68 12. Il est donc impossible qu'il n'ait pas été consulaire, ce que confirme le
scholiaste déjà cité qui le désigne comme consul sous Domitien 13. En ce cas, il aurait
exercé la charge à un âge très avancé ; on proposerait volontiers de situer un premier
consulat sous le règne de Claude ou sous celui de Néron 14, et d'admettre une itération
sous celui de Domitien I5.
Sur son fils l6, le consul de 91, victime de ce qu'il est préférable d'appeler, non la
persécution (qui introduit abusivement une impression de série cohérente), mais la
condamnation de Domitien, beaucoup de points sont controversés.
On ignore à quel titre la présence de ce jeune homme au « conseil du turbot »
aurait été requise 17 : il semble d'après la formule de Juvénal (v. 95 : cum iuuene)
qu'il n'avait pas encore exercé la préture en 82-83. Il aurait donc entamé le cursus sous
le règne de Titus. Il est assuré qu'il exerça le consulat à partir du 29 avril 91, avec
Trajan comme collègue : il semble donc avoir joui de la faveur de Domitien, sans
qu'on puisse dire si la concomitance de son consulat avec celui de Trajan, récompensé
de sa réussite militaire en Germanie en 88-89, revêt une signification particulière 18.
Il est célèbre par son sort malheureux : l'année même de son consulat, en 91, il
dut combattre, sur ordre de Domitien, un lion dans l'arène, et quatre ans plus tard, en
95, alors qu'il était en exil, il fut exécuté. Selon les sources, les deux épisodes sont
dissociés, ou le premier est considéré comme la cause du second.
La première phase est celle du combat dans l'arène évoqué par Juvénal et Dion
Cassius :
« Quant à Glabrio qui avait été collègue de Trajan au consulat, Domitien le fit mettre à
mort sous les mêmes chefs d'accusation que la plupart des autres et parce qu'il avait
combattu contre les bêtes féroces. C'est probablement de ce fait que le ressentiment de
l'empereur à l'égard de Glabrio fut provoqué surtout par la jalousie : alors que Glabrio
était consul, Domitien l'avait fait venir dans son domaine d'Albe aux fêtes appelées
Juvenalia et l'avait contraint à tuer un grand lion. Or Glabrio non seulement n'avait
reçu aucune blessure, mais il avait tué le lion avec beaucoup d'adresse. »
Materiam misi tibi : res séria est. Consul populi Romani posita praetexta
manicam induit, leonem inter iuuenes quinquatribus percussit populo Romano
spectante. Apud censores expostulatur.
(Fronto, ad Marc, V, 22).
« Je te fais parvenir un thème : l'affaire est sérieuse. Un consul du peuple romain, ayant
dépouillé sa toge, revêtit une cotte de mailles ; au milieu de jeunes gens, il terrassa un
lion, lors des quinquatries, sous les regards du peuple romain. On se plaint de lui aux
censeurs. »
Quando id factum est et an Romae ? Num illud dicis in Albano factum sub
Domitiano ? Praeterea in hac materia diutius laborandum est ut factum
credatur, quam ut irascatur : 'Απίθανος ύηόθεσις uidetur mini, quant plane
maluerim, qualem petieram. Rescribe statim de tempore.
(Ibid, V, 23).
« Quand cela est-il arrivé ? Etait-ce à Rome ? Veux-tu parler de ce qui est arrivé sous
Domitien dans sa maison d'Albe ? En outre, dans un tel sujet, on a plus de mal à rendre
le fait crédible qu'à s'en irriter. Le thème me paraît invraisemblable, j'en aurais
nettement préféré un comme celui que j'avais demandé. Donne-moi la date par retour du
courrier. »
DOMITIEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 275
sur un sénateur 40, ou plutôt sur un consulaire puisque toutes ces victimes le sont,
même si Suétone ne le précise pas 41.
Le cas d'Acilius Glabrio ne peut alimenter le procès en révision de Domitien,
mais, dans ce contexte, la promotion de sénateurs non-Italiens et de chevaliers,
susceptible de mécontenter et d'humilier en premier lieu les familles sénatoriales
anciennes, a acquis, aux yeux des historiens modernes, un relief particulier. On se
serait attendu à ce qu'elle se reflète dans l'origine cohérente des victimes ; or celles-ci
sont autant des membres de l'aristocratie ancienne que des parents de promus très
récents à l'ordre sénatorial. En revanche, elle explique les distorsions des sources
accusées d'être favorables au sénat. Plus qu'elles ne prennent parti au coup par coup ou
qu'elles ne fournissent des informations, celles-ci s'attachent à faire ressortir la
permanence de l'institution sénatoriale qui tranche sur les fluctuations des dynasties.
Etablir des correspondances d'un règne à l'autre vise moins à dessiner l'image d'un
empereur-modèle ou d'un sénat-martyr qu'à mettre en valeur la stabilité et la
permanence dont l'aristocratie tire sa fierté et la justification de son rôle face aux
empereurs.
Annexe prosopographique
(Lors du « conseil du turbot », Juvénal énumère les participants appelés à proposer une
solution pour la présentation du poisson trop grand.)
« Presque du même âge que Crispus, Acilius se pressait aussi, il était accompagné d'un
jeune homme qui ne méritait point la mort si cruelle qui l'attendait, ni que le glaive du
maître en hâtât ainsi l'échéance. Mais il y a beau temps que c'est une sorte de phénomène
de vieillir quand on est noble. Voilà pourquoi j'aimerais mieux être le petit frère du
géant ! Il ne lui servit à rien, le pauvre, de percer les ours numides en des combats corps
à corps, chasseur sans armure dans l'arène d'Albe. Qui ne devinerait maintenant les ruses
des patriciens ? Qui ne s'émerveillerait, ô Brutus, de ta dissimulation de type périmé ? En
imposer à un roi barbu, la chose était aisée. »
(Tex., tr. P. de Labriolle, F. Villeneuve, éd. Budé, 1921, 9e éd. revue, 1967.)
Proximus eius ... : consul sub Domitiano fuit indignus pati quae passus est. Huius cum
iuuenem New occideret, ipsum Acilium seruauit quo poenas sentiret orbitatis.
« Consul sous Domitien, il ne mérita pas ce qu'il eut à supporter. Alors que Néron tuait
son jeune fils, il épargna Acilius lui-même pour qu'il éprouve la souffrance de la perte de
son enfant. »
IV, v. 97 : Prodigio ... senectus : quasi prodigio similis est nobilibus senectus :
difficile nam nobilibus contingeret senescere. Plerumque nam immatura morte
occiduntur, praesertim sub Domitiano.
« La vieillesse est, pour les nobles, semblable en quelque sorte à un prodige ; il est
difficile pour les nobles de parvenir à vieillir ; en effet, ils succombent généralement à
une mort prématurée, surtout sous Domitien. »
v. 98 : id est ignobilis.
« C'est-à-dire non noble. »
v. 99 : Comminus ... uenator : et iste iuuenis in lusorio Caesaris ursos saepe quasi
uenator occidit.
« Et ce jeune homme tua souvent des ours, dans l'amphithéâtre de César, comme s'il
était chasseur. »
ν. 102 : Quis... tuum : hoc ideo quia stoliditatem finxerat Brutus, ne a Tarquinio
occideretur.
« Ceci parce que Brutus avait simulé la sottise pour ne pas être tué par Tarquin. »
Fastes : C.I.L., VI, 1988 = XIV, 2392 (Bovillae, actes des sodales Augustales
Claudiales) ; CIL. VI, 2067 = I.L.S. 5044, et 2068 = ILS. 5036 (Rome, actes des
Arvales) ; I.L.S. 9245 = A.E., 1901, 201 = Inscr. Gaule, I, 350 (Duin) ; A.E., 1949, 23
(Potentia) ; Cassiodore, Chron. Min. col. 1230 ; Prosper Tiro, M.G.H., t. 9, p. 417 ;
Consularia Ravennatia, p. 381, ligne 15 (éd. Teubner) ; Chron. 354 ; Chron. Pasch.,
Const. ; Excerpta latina, graeca (éd. Teubner, p. 352, 22, 353, 23).
DOMITTEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 281
Materiam misi tibi : res séria est. Consul populi Romani posita praetexta manicam
induit, leonem inter iuuenes quinquatribus percussit populo Romano spectante. Apud
censores expostulatur.
« Je te fais parvenir un thème : l'affaire est sérieuse. Un consul du peuple romain, ayant
dépouillé sa toge, revêtit une cotte de mailles ; au milieu des jeunes gens, il terrassa un
lion, lors des quinquatries, sous les regards du peuple romain. On se plaint de lui aux
censeurs. »
Quando id factum est et an Romae ? Num illud die is in Albano factum sub
Domitiano ? Praeterea in hac materia diutius laborandum est ut factum credatur,
quam ut irascatur : 'Απίθανος ύηόθεσις uidetur mini, quam plane maluerim, qualem
petieram. Re scribe statim de tempore.
« Quand cela est-il arrivé ? Etait-ce à Rome ? Veux-tu parler de ce qui est arrivé sous
Domitien dans sa maison d'Albe ? En outre, dans un tel sujet, on a plus de mal à rendre le
fait crédible qu'à s'en irriter. Le thème me paraît invraisemblable, j'en aurais nettement
préféré un comme celui que j'avais demandé. Donne-moi la date par retour du courrier. »
Κάν τφ αύτψ έτει άλλους τε πολλούς και τον Φλάουιον τον Κλήμεντα ύπατεύοντα,
καίπερ άνεψιδν δντα και γυναίκα και αυτήν συγγενή έαυτοΟ Φλαουίαν ΔομιτΙλλαν
έχοντα, κατέσφαζεν ό Δομιτιανος' Έπηνέχθη δέ άμψοϊν εγκλτ^ια άθεότητος, ύφ' fjç
και άλλοι ές τα των 'Ιουδαίων ΐφη έξοκέλλοντες πολλοί κατεδικάσθησαν, και οι μέν
άπέθανον, ο! δέ των γοΟν ουσιών έστερήθησαν ή δέ Δομιτίλλα ύπερωρίσθη πόνον ές
Πανδατερίαν Τδν δέ σή Γλαβρίωνα τδν μετά τοΟ Τραϊανού Λρξαντα, κατηγορηθέντα
τα τε άλλα και οία οΐ πολλοί και δτι και θηρίοις έμάχετο, άπέκτεινεν Έφ' φ που και τά
μάλιστα οργή ν αύτφ ύπδ φθόνου έσχεν, δτι ύπατεύοντα αύτδν ές τδ Αλβανδν έπι τά
Νεανισκεύματα ώνομασμένα καλέσας λέοντα όποκτεΐναι μέγαν ήναγκασε, και δς ού
μόνον ουδέν έλυμάνθη αλλά και εύστοχώτατα αύτδν κατειργάσατο'
R.E., s. v. Acilius, n° 41, et s. v. Africa, suppl. 13, 1973, col. 6 (B.E. Thomasson).
P.LR.2 A 60 et 68.
Fastes : C.LL., XI, 6333 = I.L.S. 1073 (Pisaure) ; C.I.L, XIV, 4324 = A.E., 1910, 189
(Ostie) ; C.LL, III, 7371 = I.L.S. 4056 = A.E., 1939, 4 = R.E.G., 1939, 297
(Samothrace) ; C.LL·, VI, 10048 = I.L.S. 5287 ; CIL., VI, 1050 = I.L.S. 5285 ; C.LL.,
Vffl, 2747 = I.L.S. 1070 (Lambèse) ; C.LL., XIII, 4149 = I.L.S. 4741 (Trêves) ; C.LL.,
XIV, 51 (Ostie) ; C.LL., XV, 38 et 72-73 (Rome, briques) ; Inscr. doi, ρ 173 CL VII
et CL VIII (Tivoli et Lanuvium, briques) ; I.G.R., IV, 1398 (Smyme) ; Smallwood,
Doc. Nerva n° 330 (Césarée) ; Cassiodore, Chron. Min., col. 1232 ; Prosper Tiro,
M.G.H., t. 9, p. 422 ; Consularia Ravennatia, p. 405 ligne 14 (éd. Teubner) ; Chron.
354 ; Chron. Pasch., Const. ; Dig., XLVin, II, 12.
DOMITTEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 283
NOTES
1. Le point de départ est l'ouvrage de S. Gsell, Essai sur le règne de l'empereur Domitien,
B.E.F.A.R. 65, Paris, 1894, qui met face à face un sénat obséquieux, incapable et
haineux, et un empereur compétent mais déséquilibré. Cette image s'appuie sur des
sources reconnues comme favorables au sénat, c'est-à-dire jalouses de son autonomie et
donc hostiles aux empereurs ayant cherché à limiter ses initiatives. D'autre part, les
auteurs favorables à Domitien sont jugés coupables de flagornerie (sur l'interprétation
des sources : R. Urban, Historische Untersuchungen zum Domitianbild des Tacitus,
Diss. Munich, 1971 ; H. Szelest, « Domitian und Martial », Eos, 1974, 62, p. 105-
114; W.C. Me Dermott, A.E. Orentzel, « Quintilian and Domitian », Athenaeum,
1979, 67, p. 9-26 ; W. Hoffmann, « Martial und Domitian », Philologus, 1983, 127,
p. 238-246). Mais, depuis les années 1960 surtout, le gouvernement de Domitien a été
réévalué, sa gestion des finances jugée prudente, son administration des provinces
avisée et son opposition avec le sénat explicable par l'attitude de l'assemblée qu'il
ménagea pourtant par une distribution large du consulat : R. Syme, « The imperial
finances under Domitian, Nerva and Trajan », J.R.S., 1930, 20, p. 55-70 avait déjà
contesté le portrait traditionnel d'un Domitien dépensier (contra : C.H.V. Sutherland,
«The state of the imperial treasury at the death of Domitian », J.R.S., 1935, 25,
p. 150-162) ; sur les provinces : H.W. Pleket, « Domitian, the senate and the
provinces », Mnemosyme, 1969, sér. IV, t. 14, p. 296-315 ; sur le sénat et la similitude entre
les règnes de Vespasien, Domitien et Trajan : K.H. Waters, « The second dynasty of
Rome », Phoenix, 1963, 17, p. 199-218 ; id., « The character of Domitian », Phoenix,
1964, 18, p. 49-77 ; id., « Traianus Domitiani continuator », Am. journ. Phil, 1969,
90, p. 385-405 ; id., « Juvenal and the reign of Trajan », Antichton, 1970, 4, p. 62-
77 ; et enfin, fondées sur l'établissement précis des fastes par W. Eck, Senatoren von
Vespasian bis Hadrian - Prosopographische Untersuchungen mit Einschluss der Jahres-
und Provinzialfasten der Statthalter, Vestigia 13, Munich, 1970 (= Senatoren), les
publications de B.W. Jones, notamment « Domitian's attitude to the senate », A.J.Ph.,
1973, 94, p. 79-91 et Domitian and the senatorial order..., Mem. Americ. Philos,
soc, 132, Philadelphie, 1979 (= Domitian and sen. order).
2. Les études citées ci-dessus traitent toutes dans une mesure variable des conspirations ;
voir aussi infra, note 16.
3. Sur les Acilii Glabriones de la République et du Haut Empire : R.E., s. v. Acilius, t. 1,
1893, col. 251-259, suppl. 1, 1908, col. 8 et suppl. 12, 1972, col. 2, P.I.R.2 A 57,
59-74. Le premier consul de la famille est M' Acilius Glabrio, consul en 191 av. J.-C.
Les sources sont transcrites intégralement dans l'Annexe prosopographique.
4. R.E. , loc. cit., n° 23, P.I.R. 2 A 62 et add., t. 2, p. IX, A 67.
5. Ce passage d'un poème flatteur de Stace a été transcrit par G. Valla dans son édition de
Juvénal de 1486 ; il avait dû le trouver dans un lemme. Juvénal situe sa parodie dans le
même cadre chronologique que Stace : J. Dilrr, Die zeitgeschichtlichen Beziehungen in
den Satiren Juvenals, Cannstatt, 1902, p. 12-15 ; P. Ercole, « Stazio e Giovenale »,
Riv. indogr., 1931, 15, p. 43 ; G. Highet, Juvenal the satirist - a study, Oxford, 1954,
p. 258, η. 5.
284 MONIQUE DONDIN-PAYRE
6. L. Iunius Vibius Crispus a d'abord été identifié comme Q. Vibius Crispus (P.I.R., V
379), puis reconnu comme L. Iunius (Q.) Vibius Crispus : W. Eck, Senatoren, p. 58-
61 ; B.W. Jones, Domitian and sen. order, surtout p. 17, 39, 92 et 120 ; et en dernier
lieu, avec la bibliographie antérieure, O. Salomies, Adoptive and polyonymous
nomenclature in the Roman Empire, Comm. Hum. Litt. 97, Helsinki, 1992, qui établit,
p. 91-92, que Q. Vibius, dont le fils se nommait Q. Vibius Secundus, cos. suff. en 86,
fut adopté par L. Iunius A. Didius Gallus Fabricius Veiento : P.I.R. 2 F 91 ; W. Eck,
Senatoren, p. 58 et s. ; O. Salomies, ibid., p. 119.
7. Les différentes théories sont exposées dans les éditions de Stace (A. Marastoni, éd.
Teubner, Leipzig, 1970). Pour certains l'expression établit un parallèle entre l'âge
avancé d'Acilius et la date d'institution du principat (F. Buecheler, « Conjectanaea
VII », Rhein. Mus., 1884, 39, n. s., p. 283), ou est simplement une allusion au grand
âge d'Acilius (J.G. Griffith, « Juvenal, Statius and the Flavian establishment », Greece
and Rome, 1969, 16, p. 138 repris par P. Gallivan, « Who was Acilius ? », Historia,
1978, 27, p. 623) ; pour d'autres elle signifie qu' Acilius habitait à proximité du palais ;
voir J. Dtirr, Beziehungen, p. 15, n. 56.
8 . Cf. J. Crook, Consilium principis - Imperial councils and counsellors from Augustus
to Diocletian, Cambridge, 1955, p. 64, 148, n° 2.
9. E. Groag (P.I.R.2 A 62) avait supposé que le consul de 91, M' Acilius Glabrio, était fils
par le sang de M' Acilius Auiola, consul en 54, qui avait donné à son fils le surnom
Glabrio pour pallier l'extinction de la branche des Glabriones . Sa proposition a été
largement acceptée : R. Syme, « The historian Servilius Nonianus », Hermes, 1964,
92, p. 414 ; U. Vogel-Weidemann, « Miscellanea zu den Proconsules von Africa und
Asia », Z.P.E., 1982, 46, p. 282-283 ; et ead., Die Statthalter von Africa in den Jahren
14-68 n. Chr., Antiquitas I, t. 31, Bonn, 1982, p. 456-459 (cf. p. 296-298). Elle a
parfois été déformée quand certains historiens (H.H. Pistor, Prinzeps und Patriziat in
der Zeit von Augustus bis Commodus, Diss. Fribourg, 1965, p. 32 repris dans G.
Highet, Juvenal, p. 259, n. 14) ont estimé que la substitution de surnom avait eu lieu à
la génération du consul de 54, alors que les fastes le désignent comme Auiola (P.I.R.2 A
49, R.E.,loc. cit., n° 23). Aucune source n'autorise cette transformation qui n'est
justifiée que par la mention à Allifae de propriétés appartenant à Aedia Seruilia, épouse
d'Auiola, consul en 54, et de magistratures municipales exercées par les Acilii
Glabriones à la fin du Ile siècle (Aedia Seruilia : P.I.R. 2 A 114 ; Allifae : C.I.L., IX,
2363 = ILS. 6514, 2365, 2424 - les Acilii Glabriones à Allifae : C.I.L., IX, 2333 =
I.L.S. 1133, et 2334 = I.L.S. 1134). J. Devreker, « La continuité dans le consilium
principis sous les Flaviens », Ane. Soc, 1977, 8, p. 227, n. 26, réfute avec raison
cette hypothèse, comme P. Gallivan, Historia, 1978, p. 621-625 qui reprend les
éléments du dossier de façon détaillée.
10. On n'a l'assurance que la famille est patricienne qu'à la génération de M' Acilius Glabrio
Cn. Cornelius Seuerus, consul en 152 : il fut triumvir monétaire, n'exerça pas de
fonction questorienne et fut salius Collinus. Mais il est probable que la famille était
patricienne avant cette date (O. Salomies, Nomenclature, p. 143, n. 155).
11. ... tius Pegasus : P.I.R. Ρ 164 ; d'après A.E. 1967, 355 (voir W. Eck, Senatoren, p.
223), il fut aussi légat de Dalmatie à une date imprécise au début du règne de Vespasien.
Vibius Crispus est désigné le plus souvent comme Q. Vibius Crispus (P.I.R. V 379),
mais son nom complet est L. Iunius (Q.) Vibius Crispus, d'après les fastes d'Ostie : il
fut sans doute adopté par un L. Vibius (mais certains pensent qu'il est polyonyme :
discussion dans O. Salomies, Nomenclature, p. 91-92, n° 5). Sur son cursus, voir W.
DOMITIEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 285
and renewal, Sociol. Stud. Roman hist. 2, Cambridge, 1983, p. 20-25 ; J. Aymard,
Essai sur les chasses romaines, des origines à la fin du siècle des Antonins,
Cynegetica, Paris, 1951, p. 96.
20. E. Courtney, Commentary, p. 210, estime que nudus signifie seulement qu'Acilius avait
ôté sa tunique.
21- G. Ville, Gladiature, p. 218-219, 269 (surtout n. 92) est très conscient des décalages
entre les témoignages, qu'il tente de justifier de façon précise, sans déceler dans
Fronton l'élément discordant. Les quinquatries, très anciennes fêtes en l'honneur de
Minerve (au début associée à Mars), étaient célébrées pendant cinq jours, sur l'Aventin,
avec une participation marquée des corporations ; Domitien, fervent dévot de Minerve,
institua un collège de sénateurs pour organiser des quinquatries à Albe (R.E., s. v.
quinquatrus, t. 24, 1963, col. 1149-1162 ; H.H. Scullard, Festivals and ceremonies of
the Roman Republic, Londres, 1981, p. 92-94). Les iuuenalia d'octobre étaient une
création de Néron, en l'honneur de Iuuentus, qui présidait à la prise de la toge virile ;
d'abord confinées à la cour impériale, elles devinrent publiques sans revêtir le caractère
populaire des quinquatries (R.E., s. v. iuuenalia. t. 10, 1919, col. 1355-1356).
22. Annexe pro sopo graphique : texte 8. Voir note suivante et le chapitre de S. Gsell,
Domitien, « Politique de Domitien à l'égard des juifs et des chrétiens - persécution
religieuse », p. 287-316 (p. 294-296, 304-310 : sur Acilius Glabrio).
23. La controverse sur la persécution des chrétiens par Domitien a fait l'objet d'une
importante littérature : pour l'état de la question et la bibliographie, C. Vismara et P.
Pergola, « La condamnation des Flaviens "chrétiens" sous Domitien : persécution
religieuse ou répression à caractère politique », M.E.F.R.A., 1978, 90, p. 407-423.
24. Après plusieurs années de fouilles G.B. De Rossi découvrit, dans la catacombe de
Prise illa, une salle avec des niches pour sarcophages et plusieurs épitaphes d'Acilii,
dont certains étaient sénateurs : M' Acilius V[erus] et Priscilla (C.I.L., VI, 31681 =
I.L.C.V. 127 = A.E., 1890, 48 ; P.I.R. 2 A 84, cf. 66 ; P.L.R.E I, Priscilla, p. 729,
V..., p. 928), et Claudius Acilius Valerius (B.A.C., 1888, p. 30 et tav. V n° 4 ; cf.
I.L.C.V. 127 adn. ; P.I.R. 2 A 85 ; P.L.R.E. I, Valerius 7, p. 941), et un sans doute
chrétien (Άκίλιος 'Ρουφΐνος^ : I.L.C.V. 127 c. = A.E., 1890, 50). Il en déduisit qu'il
avait mis au jour le lieu d'inhumation des Acilii Glabriones chrétiens. En fait les
pierres, brisées, étaient, sauf une, éparpillées dans les couloirs à proximité de
l'hypogée ; enfouies dans des déblais, elles étaient tombées de la surface où se trouvait
sans doute un enclos funéraire, dans une des propriétés des Acilii Glabriones. De Rossi
fit de nombreuses publications dont la principale est « L'ipogeo degli Acilii Glabrioni
nel cimitero di Priscilla », B.A.C., 1888/89, 5, p. 15-133. La bibliographie est
immense ; pour la correction de De Rossi, voir surtout P. Styger, « L'origine del
cimitero di Priscilla sulla via Salaria », Collectanea theologica publ. a soc. theol.
Polonorum, 1931, 12, p. 5-74 et F. Tolotti, « Le cimetière de Priscilla : synthèse d'une
recherche », Rev. hist, ecclés., 1978, 73, p. 281-314.
25. Suétone, Claud., 13, à propos du complot d'Asinius Gallus en 46 : Conspirauerunt
autem ad res nouas...
26. J. Gascou, Suétone historien, B.E.F.A.R. 255, Rome, 1984, p. 411, analyse le mépris
de Suétone pour la chronologie, dans ce passage en particulier, et sa volonté de
souligner, par l'ordre qu'il adopte, l'extrême cruauté de Domitien ; voir aussi p. 690-
691.
27. W. Eck, Senatoren, p. 86 : la date est discutée, elle est établie à partir d'une remarque de
Tacite sur la carrière d'Agricola qui aurait refusé de postuler le gouvernement de la
DOMITIEN ET LA VIEILLE ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 287