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Modules de type fini sur un anneau principal

Dans tout ce chapitre A est un anneau commutatif, unitaire, intègre.


On identifie A2 ≃ A ⊕ A grâce à A2 = ( A × {0}) ⊕ ({0} × A). Si J est un ensemble, on
note j∈ J A l’ensemble des familles a = ( a j ) j∈ J telles que a j = 0 pour tout j sauf un nombre
L

fini.

1 Modules libres et matrices


Définition 1. Soient M un A-module, et {m j | j ∈ J } une famille d’éléments de M. Cette
j∈ J A →
L
M
famille est une base de M si et seulement si est un isomorphisme.
( a j ) j∈ J 7 → ∑ j∈ J a j m j
Un A-module est libre s’il possède une base.

Théorème 1. Le Cardinal d’une base d’un A-module libre est indépendant de la base choisie. On
l’appelle rang du module.
On a rang( M ⊕ N ) = rang( M ) + rang( N ).

Remarque. Contrairement aux espaces vectoriels sur un corps, pour N sous-module de M


libre de type fini, il n’existe pas nécessairement P sous-module de M tel que M = N ⊕ P.
Par exemple M = Z et N = 2Z.
On se limite à des modules de type fini. Un module libre de type fini est de rang fini.

Définition 2. Soient M et N deux modules libres de type fini de bases respectives {mi }1≤i≤r
et {n j }1≤ j≤s . Soit f : M → N un morphisme, on définie la matrice de f dans les bases
{mi }1≤i≤r et {n j }1≤ j≤s par
{n }
Mat{mj } ( f ) = (( f j,i ))11≤ i≤r
≤ j≤ s ∈ M s ×r ( A )
i

où
s
f (mi ) = ∑ f j,i n j
j=1

Les règles d’algèbre linéaires s’appliques toujours, en particulier Mat( f g) = Mat( f ) Mat( g).

Définition 3. Si P = ( pi,j ) ∈ Mn ( A), on définit

det( P) = ∑ ε(σ) p1,σ(1) . . . pn,σ(n)


σ ∈Sn

1
Proposition 2. (Formules habituelles)
Si t co( P) désigne la transposée de la comatrice de P

det( PQ) = det( P) det( Q)


t
co( P) · P = P ·tco( P) = (det P) In

Proposition 3. Soit P ∈ Mn ( A). Alors P est inversible si et seulement si det( P) ∈ A× .

On note GLn ( A) l’ensemble des matrices n × n inversibles. C’est un groupe multiplicatif.

Définition 4. Si P ∈ Mn ( A) on forme X In − P ∈ Mn ( A[ X ]).


Son déterminant est le polynôme caractéristique de P, noté Π P ( X ).

Théorème 4 (Cayley-Hamilton). Soit M un A-module de rang fini n, et f ∈ End( M ). Soit P la


matrice de f dans une base {m j | j ∈ J }. Alors Π P ( f ) = 0.

2 Facteurs invariant pour un anneau principal


2.1 Liberté des sous-modules d’un module libre
Théorème 5. Si A est un anneau principal et M un A-module libre de rang fini r, ses sous-modules
sont libres de rang inférieur ou égal à r.

Remarque. La condition A principal est nécessaire : essayer avec (2, X ) ⊂ Z [ X ], sur Z [ X ].

2.2 Modules de type fini et matrices équivalentes


Théorème 6 (Théorème des facteurs invariants ou Forme normale de Smith). Soient A un
anneau principal, M un A-module libre de type fini (de rang r), N un sous-module. Alors il existe
une base de M, {m1 , . . . , mr } et des éléments non nuls d1 , . . . , ds de A tels que :
1. {d1 m1 , . . . , ds ms } soit une base de N.
2. d1 | d2 | . . . | ds .

Remarque. On a s ≤ r et si A est un corps, c’est le théorème de la base incomplète avec


d1 = · · · = ds = 1.
On a alors classification
 des
 matrices à coefficients dans A principal par équivalence, et
d1
 .. 
on dit que M = 
 .  est en forme normale (de Smith).

 ds 
0

2.3 Modules de type fini sur un anneau principal


On applique le Théorème 6.

Proposition 7. Si A est un anneau principal, et si M est un A-module de type fini, alors il existe n ≥
0 et des éléments non nuls d1 , . . . , dm de A r A× tels que d1 | . . . | dm et M ≃ An ⊕ ( mi=1 A/di A ).
L

2
2.4 Vecteurs de Torsion
Définition 5. Si M est un A-module, un vecteur m ∈ M est de torsion s’il existe a ∈ A r {0}
tel que am = 0.

Proposition 8. Si A est commutatif et intègre, l’ensemble Mtor des éléments de torsion de M est un
sous-module de M.

Remarque. C’est le cas si A est principal.


Le quotient M/Mtor est alors sans torsion, et si M de type fini, A principal,
on a Mtor ≃ m n
i=1 A/di A, donc M/Mtor ≃ A donc n ne dépends que de M.
L

Remarque. On voit que si M est sans torsion, alors M ≃ An et donc sur un anneau principal,
les modules sans torsion de type fini sont nécessairement libres.

2.5 Facteurs invariants


Proposition 9. Si A est un anneau principal, et si d1 , . . . , dm et e1 , . . . , en sont des éléments non
Lm Ln
nuls de A r A× tels que d1 | . . . | dm et e1 | . . . | en et j=1 A/d j A ≃ i=1 A/ei A, alors m = n
et (di ) = (ei ) pour tout i.

En rassemblant toutes ces propositions, on obtient le

Théorème 10 (Théorème des facteurs invariants). Si A est n anneau principal et si M est un


A-module de type fini, alors :
1. il existem ≥ 0et n ≥ 0 et des éléments non nuls d1 , . . . , dm de A r A× tels que d1 | . . . | dm et
m
M ≃ An ⊕ (
M
A/d j A)
j=1

2. les entiers m et n ainsi que les idéaux (di ) sont déterminés par M de manière unique.

Définition 6. Les d j sont appelés les facteurs invariants du module M et lorsque {d1 m1 , . . . , ds ms }
est une base de N, sous-module de M, les idéaux (d j ) sont les diviseurs élémentaires de
M/N.

2.6 Diviseurs élémentaires


Si d = p1α1 . . . prαr est la factorisation en irréductibles distincts de d, alors par le Lemme
α α
Chinois, A/dA ≃ rj=1 A/p j j A. En revanche on ne peut plus décomposer A/p j j A.
L

Définition 7. Si M est un A-module de type fini et si p est un élément premier, on note


M ( p) = {m ∈ M | ∃α ≥ 0 tel que pα m = 0}. M ( p) est un sous-module de M.
α Lr
Si M = A/dA avec d = p1α1 . . . prαr , alors M ( p j ) = A/p j j A et donc M = j=1 M ( p j ). On
reformule le Théorème 10 :

Théorème 11. Si A est un anneau principal et si M est un A-module de type fini, alors :
1. M ( p) = 0 pour presque tout élément premier p.

3
2. il existe un unique n ≥ 0 tel que M ≃ An ⊕ ( M ( p)) et pour tout p premier, il
L
ppremier
Lm( p) α
existe des entiers α1 ( p) ≤ · · · ≤ αm ( p) tels que M ( p) ≃ i=1 A/p j j A
3. les entiers n et m( p) et αi ( p) sont uniquement déterminés par M

Définition 8. Les pα du 2) sont les diviseurs élémentaires de M (les compter avec multipli-
cité).

Remarque. Si un anneau A a la propriété que pour tous les modules N ⊂ M avec M et N


libres de rang fini, les conclusions du théorème 6 sont satisfaites, alors on dit que A est un an-
neau à diviseurs élémentaires. Dans un tel anneau, tout idéal de type fini est nécessairement
principal. Réciproquement, on conjecture ( ?) que si A est un anneau intègre dans lequel tout
idéal de type fini est principal, alors A est un anneau à diviseurs élémentaires. Un exemple
d’un tel anneau qui n’est pas principal est l’anneau des fonctions holomorphes sur le disque
unité ouvert 1 .

1. Merci Mr Berger

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