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1) Définition et exemple
Définition 1 Soient n et p ∈ N∗ . Une matrice de type n × p( ou de taille n × p) est un tableau
de nombres comportant n lignes et p colonnes. Les nombres du tableau sont appelés les éléments
ou les coefficients de la matrice. Le coefficient situé à la i-ème ligne et la j-ème colonne sont
noté aij . Un tel tableau est représenté de la manière suivante :
a11 a12 ... a1j ... a1p
a21 a22 ... a2j ... a2p
.
A= ou A = (aij )1≤i≤n .
.
1≤j≤p
.
an1 an2 ... anj ... anp
Exemple 1
1 −2 5
A=
0 3 7
A est une matrice de type 2 × 3 avec par exemple a11 = 1 et a23 = 7.
Exercice 1 On note
2x + 3 5 −1 5
E= et F = ·
3 −2y − 4 3 5
Correction : Les deux matrices E et F sont de même type. Pour que E et F soient égales, il faut
que :
x = −2
(
2x + 3 = −1
⇒ 9
−2y − 4 = 5 y =−
2
2) Matrices particulières
Définition 2 (matrice carrée)
Une matrice qui possède le même nombre de lignes et de colonnes est appelée matrice carrée.
L’ensemble des matrices à n lignes et n colonnes se note Mn (K) au lieu de Mn,n (K).
Les éléments a11 , a22 , a33 , ..., ann sont appelés les coefficients diagonaux de la matrice et forment
la diagonale principale.
1
Exemple 2
1 2 0
A = 3 5 4
1 −1 2
A ∈ M3 (R) et les éléments 1, 5 et 2 sont les coefficients diagonaux de A.
7
A est une matrice ligne de type 1 × 3 alors A est une matrice ligne et A ∈ M1,3 (R).
B est une matrice colonne de type 4 × 1 alors B est une matrice colonne et B ∈ M4,1 (R).
2
Définition 6 Soit A une matrice carrée d’ordre n. On dit que :
A est une matrice triangulaire supérieure si ses coefficients au dessous de la diagonale principale
sont nuls.
A est une matrice triangulaire inférieure si ses coefficients au dessus de la diagonale principale
sont nuls.
Un matrice qui est triangulaire supérieure et triangulaire inférieure est dite diagonale.
1 −1 1 4 0 0 −1 0 0
Exemple 5 A = 0 1 −1 B = 0 −1 0 C = 0 6 0
0 0 −1 3 −2 3 0 0 1
A est une matrice triangulaire supérieure, B est une matrice triangulaire inférieure et C est
une matrice diagonale.
t
Autrement dit, la matrice A est obtenue en échangeant les lignes et les colonnes de la matrice
A.
1 3
t 1 2 5
Exemple 7 Soit A = 2 6 alors A =
3 6 4
5 4
3
3. Pour toutes les matrices A et B de Mn,p (K) : t (A + B) = t A + t B.
Notation : Sn (K) : l’ensemble des matrices symétriques d’ordre n (ou de taille n).
An (K) : l’ensemble des matrices antisymétriques d’ordre n (ou de taille n).
1 2 3 0 1 −2
Exemple 8 A = 2 0 4 et B = −1 0 3 .
3 4 1 2 −3 0
A est une matrice symétrique et B est une matrice antisymétrique.
Remarque 2 La matrice (−1)A est l’opposée de A et est notée −A. La différence A − B est
définie par A + (−B).
2 −1 0 −1 4 2 3 −5 −2
Exemple 10 Si A = et B = alors A−B =
4 −5 2 7 −5 3 −3 0 −1
d)Multiplication de matrices
Définition 11 Soient A = (aij ) une matrice de Mn,p (K) et B = (bij ) une matrice de Mp,q (K).
Alors, le produit AB est une matrice de Mn,q (K) dont les coefficients mij sont définis par
p
X
mij = aik bkj .
k=1
4
1 2
1 2 3
Exemple 11 A = ∈ M2,3 (R) et B = −1 1 ∈ M3,2 (R) alors
2 3 4
1 1
2 7
AB = ∈ M2 (R).
3 11
Remarque 3 La matrice AB n’est définie que si le nombre de colonnes de A est égal au nombre
de lignes de B.
Exercice 3 Soient les matrices :
1 1 1 2 −1 −1 1
−1 −1 1
A = 1 ; B = −1 1 0 ; C = 1 0 1 D =
1 0 1 , E=
.
1 0 1
0 1 −1 0 0 1 0
Expliciter les matrices suivantes dans le cas où elles existent :
A × B, B × A, t A × A, A × t A, C × D, D × C, A × E, C × E.
Propriétés 3 1. La multiplication de matrices n’est pas commutative en général.
2. La multiplication de matrices est associative : A B C = (AB)C = A(BC).
3. La multiplication est distributive par rapport à l’addition : A(B + C) = AB + AC.
4. La matrice identité est l’élément neutre pour la multiplication.
5. Si A ∈ Mn,p (K) et B ∈ Mp,q (K) alors les produits AB et t B t A ont un sens. De plus
t
(AB) = t B t A.
6. AB = 0 ; A= 0 ou B = 0.
0 −1 2 3
Si A = et B = .
0 5 0 0
0 0
On a AB = mais A 6= 0 et B 6= 0.
0 0
7. AB =AC ; B=C
0 −1 4 −1 2 5
A= , B= et C = .
0 3 5 4 5 4
−5 − 4
On a AB = AC = mais B 6= C.
15 12
5
e)Puissance d’une matrice carrée
Définition 12 Soient k ∈ N et A une matrice carrée de Mn (K). On appelle puissance k-ième
de A et on note Ak , la matrice :
A0 = In et Ak = A
| A{z... A}.
k f ois
1 0 1
Exercice 4 Soit A = 0 −1 0 .
0 0 2
1. Calculer A2 , A3 et A4 .
2. Montrer par récurrence que pour tout p ∈ N∗
1 0 2p − 1
Ap = 0 (−1)p 0 .
0 0 2p
Correction :
1. On a
1 0 3 1 0 7 1 0 15
A2 = AA = 0 1 0 , A3 = A2 A = 0 −1 0 et A4 = A3 A = 0 1 0 .
0 0 22 0 0 8 0 0 16
2. Pour p = 1, on a
1 0 1 1 0 21 − 1
A = 0 −1 0 = 0 (−1)1 0 .
0 0 2 0 0 21
6
Propriétés 4 1. Soit A une matrice carrée. Soient k et l deux entiers naturels.
Ak Al = Ak+l , (Ak )l = Akl , (λA)k = λk Ak , λ ∈ K.
2. Doit D une matrice diagonale. Pout tout entier naturel n non nul, Dn est la matrice dia-
gonaleobtenue enélevant à la puissance n les coefficients diagonaux de D. Par exemple :
1 0 0
D = 0 −3 0 est une matrice diagonale d’ordre 3. Alors :
0 0 4
2
1 0 0 1 0 0
D2 = 0 (−3)2 0 = 0 9 0 .
0 0 42 0 0 16
3. Soit N ∈ Mn (K). S’il existe un entier naturel p ≥ 1 tel que N p = 0, alors la ma-
trice N
est dite nilpotente.
L’indice
de nilpotente
est alors
le plus
petit p. Par exemple :
0 2 3 0 0 −2 0 0 0
B = 0 0 −1 , B 2 = 0 0 0 et B 3 = 0 0 0 .
0 0 1 0 0 0 0 0 0
Donc, B est une matrice nilpotente d’indice 3.
Théorème 1 Soient A et B deux matrices carrées d’ordre m qui commutent. Alors, pour tout
entier naturel n, on a la formule du Binome suivante :
n
n
X n!
(A + B) = Cnk Ak B n−k , où Cnk = ·
k=0
k!(n − k)!
Correction :
1. On a
0 1 0 0 1 0 0 0 1
2
B =BB = 0 0 1 0 0 1 = 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0
0 0 1 0 1 0 0 0 0
3 2
B =B B= 0 0 0 0 0 1 = 0 0 0 .
0 0 0 0 0 0 0 0 0
Alors, B est une matrice nilpotente d’indice3.
7
2. On a BI3 = B et I3 B = B alors les deux matrice B et I3 commutent. Donc, d’après la
formule du Binome :
n
X
An = (B + I3 )n = Cnk B k I3n−k
k=0
= Cn0 B 0 I3n
+ Cn1 BI3n−1 + Cn2 B 2 I32−k car B k = 0, ∀k ≥ 3
n(n − 1) 2
= I3 + nB + B .
2
n(n−1)
1 n 2
Donc An = 0 1 n , pour tout n ∈ N∗ .
0 0 1
A2 − In2 = (A − In )(A + In ).
A3 − In3 = (A − In )(A2 + A + In ).
Notation : On note GLn (K) l’ensemble des matrices carrées inversibles d’ordre n. GLn (K) est
appelé groupe linéaire d’ordre n sur K.
8
Remarque 5 Si l’inverse d’une matrice carrée existe, alors elle est unique. En effet, supposons
que B et C sont deux inverses de A. Alors AB = BA = In et AC = CA = In .
On a B = BIn = B(AC) = (BA)C = In C = C. Donc B = C.
1 0 −1 1 −1 1
Exemple 14 Puisque la matrice A = 1 −1 0 est inversible d’inverse A−1 = 1 − 2 1
1 −1 1 0 −1 1
0 0 1
2 2 −1 −1 −1
alors la matrice A est inversible d’inverse (A ) = (A )(A ) = −1 2 0 .
−1 1 0
− 45 3
4
B −1 A−1 = .
− 21
4
13
4
Remarque 6 Soient A et B deux matrices de Mn (K) et C une matrice de GLn (K). Alors,
l’égalité AC = BC implique que A = B.
1 2
Exemple 16 Soit A = .
3 4
9
1 2 −2 1
On a 3 = I3 . Alors A est inversible à droite. D’après le théorème précé-
3 4 2
− 21
−1 −2 1
dent A est aussi inversible à gauche. Par conséquent, A est inversible et A = 3 .
2
− 21
Les deux matrices A et C sont inversibles car rg(A) = rg(C) = 3. Les deux matrices B et D ne
sont pas inversibles car rg(D) = 2 < ordre(D) = 3 et rg(B) = 2 < ordre(B) = 3.
Propriétés 6 Toute matrice triangulaire est inversible si et seulement si ses coefficients dia-
gonaux sont non nuls. Son inverse est alors une matrice triangulaire de même sens avec des
coefficients diagonaux inverses.
b)Méthodes de calcul
a)Polynôme annulateur
Définition 14 Soit A une matrice carrée d’ordre n. On appelle polynôme annulateur de A un
polynôme P tel que P (A) = 0n .
Correction :
2 −5 −6 5 6
1. On a A = AA = et −3A + 2I2 = .
9 10 −9 −10
0 0
Alors, A2 − 3A + 2I2 = . Par conséquent, P (x) = x2 − 3x + 2 est un polynome
0 0
annulateur de P.
2. D’après la première question, on a A2 − 3A + 2I2 = 0. Donc
1
A(A − 3I2 ) = −2I2 =⇒ A[− (A − 3I2 )] = I2 .
2
−1 2 1
Alors, la matrice A est inversible et sa matrice inverse A = − 21 (A − 3I2 ) = 3 .
2
− 12
10
b)Méthode du pivot de Gauss-Jordan
Méthode :
• On commence par écrire côte à côte la matrice A que l’on veut inverser et la matrice identité
In pour former la matrice augmentée (A|In ).
• On effectue des opérations élémentaires sur les lignes de la matrice (A|In ) jusqu’à obtenir la
matrice (In |B).
• Ala fin, la matrice B obtenue à côté de la matrice identité In est matrice inverse de A.
L2 ← L2 − L1
1 1 −2 | 1 0 0
L3 ← L3 + L1 0 1 2 | −1 1 0
0 1 −1 | 1 0 1
L1 ← L1 − L2
1 0 −4 | 2 −1 0
L3 ← L3 − L2 0 1 2 | −1 1 0
0 0 −3 | 2 −1 1
1 0 −4 | 2 −1 0
1
L3 ← − L3 0 1 2 | −1 1 0
3
0 0 1 | − 3 3 − 13
2 1
L2 ← L2 − 2L3
1 0 0 | − 23 1
− 43
3
1 1 2
0 1 0 | 3
L1 ← L1 + 4L3
3 3
0 0 1 | − 23 1
3
− 13
− 23 1
− 43
3
Donc, A−1 =
1
3
1
3
2
3
− 23 1
3
−3 1
11
c)Calcul de l’inverse par résolution d’un système linéaire
Soit
α11 x1 + α12 x2 ... + α1n xn = y1
α21 x1 + α22 x2 ... + α2n xn = y2
.
(S)
.
.
αp1 x1 + αp2 x2 ... + αpn xn = yp
Exemple 18
2x + 4y = −1
(S1 )
3x − y = 2
L’écriture matricielle du système (S1 ) est :
AX = B
2 4
x −1
avec A = , X= et B = .
y 2
3 −1
12
Résolvons le système par la méthode du pivot de Gauss
4 1 2 | a
2 1 1 | b
1 1 0 | c
1 1 0 | c
L1 ↔ L3 2 1 1 | b
4 1 2 | a
L2 ← L2 − 2L1
1 1 0 | c
L3 ← L3 − 4L1 0 −1 12 | b − 2c
0 −3 2 | a − 4c
1 1 0 | c
L3 ← L3 − 3L2 0 −1 1 | b − 2c
0 0 −1 | a − 3b + 2c
x +y =c x 1 −2 1 a
Donc, AX = B ⇔ −y +z = b − 2c ⇔ y = −1 2 0 b .
−z = a − 3b + 2c. z −1 3 2 c
1 −2 1
Par suite A−1 = −1 2 0 .
−1 3 2
13