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Bull Cancer 2018; 105: 830–838

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Synthèse

La protonthérapie comme modalité


d'irradiation dans les sarcomes des
os ou cartilage et des tissus mous,
état des lieux en 2018

Juliette Thariat 1, Thomas Tessonnier 1, Sylvie Bonvalot 2, Delphine Lerouge 1, Hamid Mammar 3,
Stephanie Bolle 4, Audrey Claren 5, Florence Duffaud 6, Claire Alapetite 3, Guillaume Vogin 7

Reçu le 11 mars 2018 1. Centre François-Baclesse, ARCHADE, department of radiation oncology, 3, avenue
Accepté le 14 mai 2018 General-Harris, 14000 Caen, France
Disponible sur internet le : 2. Curie Institute, department of surgery, 26, rue d'Ulm, 75005 Paris, France
17 août 2018 3. Curie Institute, department of radiation oncology, CPO, 26, rue d'Ulm,
75005 Paris, France
4. Gustave-Roussy cancer campus, department of radiation oncology, 114, rue
Edouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France
5. Centre Lacassagne, department of radiation oncology, 3, avenue de Valombrose,
06189 Nice, France
6. CHU Timone, department of medical oncology, 264, rue Saint-Pierre,
13005 Marseille, France
7. Lorraine cancer center, department of radiation oncology, 6, avenue de
Bourgogne, 54519 Vandœuvre-lès-Nancy, France

Correspondance :
Juliette Thariat, Normandie université, ENSICAEN, UNICAEN, CNRS/IN2P3, LPC Caen,
centre François-Baclesse, ARCHADE, department of radiation oncology, 3, avenue
General-Harris, 14000 Caen, France.
jthariat@gmail.com

Mots clés Résumé


Hadronthérapie
Protonthérapie Les sarcomes sont un type de tumeur fréquent dans la population pédiatrique. Du fait de l'épargne
Sarcome tissulaire qu'elle réalise, la protonthérapie est une indication préférentielle en pédiatrie par rapport
Niveau de preuve à d'autres modalités d'irradiation en photons. La protonthérapie est également une technique
d'irradiation validée phare et historique dans les chondrosarcomes et chordomes de la base du
crâne et du rachis. Du fait des caractéristiques physiques des protons, la protonthérapie peut
potentiellement limiter les volumes de tissus sains irradiés chez l'adulte et limiter le risque de
toxicités aiguës et tardives. L'évaluation du niveau de preuve de la protonthérapie dans les
sarcomes est en cours à travers des études prospectives dont un nombre croissant d'études
randomisées dans les situations cliniques constituant des indications potentielles (larges volumes,
réirradiation, bas grade, etc.).
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https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2018.05.008
© 2018 Société Française du Cancer. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
La protonthérapie comme modalité d'irradiation dans les sarcomes des os ou cartilage et des tissus mous,
état des lieux en 2018

Synthèse
Keywords Summary
Hadrontherapy
Proton therapy Proton therapy in soft tissue and bone sarcomas
Sarcoma
Sarcomas are a common type of tumor within the pediatric population. The utilization of proton
Level of evidence
therapy as a primary attribute the ability to spare adjacent healthy tissue, therefore, proton
therapy has become a preferential indication in pediatrics compared to other photon irradiation
modalities. Proton therapy is also a proven and historically validated irradiation technique in the
treatment of chondrosarcomas and chordomas of the skull base and spine. Additionally, proton
therapy can potentially limit irradiated healthy tissue volumes in adults and limit the risk of acute
and late toxicities. The evaluation of the effectiveness of proton therapy in sarcomas is underway
in many clinical situations in prospective trials, some of which are randomized.

Introduction particules) des protons et leur pouvoir d'arrêt lié aux tissus
traversés dépend leur parcours dans les tissus avant leur arrêt
Certaines tumeurs mésenchymateuses de localisation anato- brutal (et leur dépôt d'énergie) sans dose significative de sortie
mique critique, telles que les chordomes et les chondrosarco- (pic de Bragg) (figure 1) [1]. Au début de la radiothérapie dans
mes de la base du crâne et du rachis sont une indication phare et les années 1960, les irradiations conventionnelles (bidimen-
historique de protonthérapie. Cet ancrage de la protonthérapie sionnelles en photons) étaient de balistique rudimentaire obli-
dans cette indication tient à sa supériorité physique par rapport geant souvent à limiter la dose à 55–60 Gy du fait d'une
aux techniques d'irradiation conventionnelles par des photons. tolérance limitante d'organes comme le tronc cérébral. La pro-
La protonthérapie peut également concerner de nombreux tonthérapie s'était alors imposée du fait de sa supériorité phy-
sous-types de sarcomes osseux ou des tissus mous de diverses sique permettant de délivrer une dose efficace avec peu de
localisations. La protonthérapie est une modalité d'hadronthé- toxicité là où les photons induisaient des toxicités rédhibitoires.
rapie, l'hadronthérapie utilisant les constituants des noyaux des Depuis, la « technologie photons » a énormément progressé
atomes (protons, neutrons) et par extension les noyaux eux- grâce à des techniques, comme l'IMRT (intensity modulated
mêmes (ions hélium, néon et surtout actuellement carbone). radiation therapy) et ses variantes en arcthérapie (VMAT), ou en
Elle utilise des protons (particules subatomiques chargées posi- irradiation hélicoïdale (tomothérapie), qui multiplient les points
tivement dont la masse est environ 2000 fois supérieure à celle d'entrée des faisceaux et modulent la quantité de photons pour
des électrons) accélérés, donnant lieu à des ionisations et produire des dépôts de dose extrêmement conformés au bord
excitations du milieu traversé très proches les unes des autres des cibles à irradier. Cependant, en contrepartie de la même
selon une trajectoire beaucoup plus rectiligne (raies) que les multiplication de faisceaux de sortie, ces techniques dispersent
photons qui sont classiquement utilisés en radiothérapie. De des doses intermédiaires et faibles à l'origine de potentielles
l'énergie initiale (obtenue en sortie de l'accélérateur de toxicités tardives. La protonthérapie, parallèlement, s'est depuis

Figure 1
Dosimétrie comparative en protonthérapie (image centrale) pour un volumineux sarcome indifférencié de la ceinture pelvienne irradié
en tomothérapie (image de droite)
Une représentation tridmensionnelle des volumes (en rose volume cible clinique) est fournie à gauche L'irradiation est réalisée à deux niveaux de dose (55 Gy sur le CTV en
contour rose et 70 Gy sur le CTV en contour rouge) (droite).
La représentation des niveaux de dose en couleurs montre que la tomothérapie irradie de très larges volumes à doses faibles en bleu sombre ou intermédiaire en bleu clair-vert,
l'irradiation des volumes cibles étant globalement équivalente. La dose peau pourrait être limitée en protonthérapie par un faisceau latéral additionnel.
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J. Thariat, T. Tessonnier, S. Bonvalot, D. Lerouge, H. Mammar, S. Bolle, et al.
Synthèse

quelques années améliorée grâce au développement de myofibroblastique, fibrohistiocytaire, musculaire lisse, péricy-
méthodes de balayage actif et de bras rotatifs en sus de la taire/périvasculaire, musculaire striée, vasculaire, chondro-
miniaturisation des accélérateurs de particules, la rendant plus osseuse, ou issue des gaines nerveuses périphériques). En
flexible en termes d'indications d'irradiation et plus accessible revanche, des données empiriques récentes suggèrent que la
aux établissements de soin (en termes de coût et de place). La radiorésistance de certains sarcomes, jugée rédhibitoire pour la
protonthérapie pourrait permettre de réduire l'incidence des prescription de radiothérapie, pourrait être remise en question.
complications et séquelles tardives, voire dans certains cas de Ainsi, plusieurs études récentes ont objectivé un intérêt de la
réaliser une augmentation de dose utile dans des tumeurs dites radiothérapie en contrôle local et en survie sans progression
radiorésistantes comme les chordomes et les sarcomes. Son dans des indications non consensuelles de radiothérapie en
intérêt potentiel peut varier parmi les quelque 50 types histo- raison de cette notion de radiorésistance, comme les sarcomes
logiques de sarcomes, la localisation anatomique et le terrain des gaines des nerfs périphériques [6] et les tumeurs fibreuses
génétique des patients [2]. La protonthérapie est disponible en solitaires [7]. Dans l'état actuel des connaissances, les niveaux
France depuis 1991, et en 2018 trois centres en disposent, Orsay, de dose prescrits en clinique sont surtout basés sur des données
Nice et Caen, la situant toujours comme une activité de recours. cliniques empiriques globalement homogènes avec quelques
Elle s'inscrit dans une démarche d'adressage vers un centre variantes en fonction du sous-type histologique. Des études sont
expérimenté, qui dispose d'une expertise multidisciplinaire et en cours pour définir des biomarqueurs de réponse à la radio-
prend part aux réseaux nationaux de référence, à la fois clinique thérapie (radiocurabilité) (étude Theodora) [8] (tableau I).
(NetSarc) et anatomopathologique avec relecture et enregis-
Chronologie de la protonthérapie dans la
trement systématiques (RRePS ou Resos). Plus de
radiothérapie des sarcomes
175 000 patients ont été traités par protonthérapie dans le
Dans l'expérience ancienne en protonthérapie, ce sont surtout
monde depuis 1954, dont une grande proportion pour sarcome.
des situations de tumeurs inopérables ou opérées incomplète-
Pour autant, le niveau de preuve actuel clinique et médico-
ment qui ont été traitées par protons. Dans le but de réduire les
économique est largement perfectible. Cet article fait un état
toxicités, les indications de protonthérapie pourraient être théo-
des lieux des études passées et des essais en cours pour la
riquement les mêmes que pour la radiothérapie en général
protonthérapie dans le traitement des sarcomes.
[20,21]. La radiothérapie par photons peut être délivrée en
Matériel et méthodes situation préopératoire ou postopératoire [22]. La première
situation a pour avantages de permettre une bonne définition
Une revue systématique de la littérature (PubMed) a été réa-
des volumes cibles grâce à une imagerie multimodale adaptée,
lisée avec recherche des mots clés suivants : Sarcoma AND
de réduire les volumes irradiés, d'entraîner moins de compli-
proton therapy, chondrosarcoma, chordoma, rhabdomyosar-
cations à long terme au prix de complications postopératoires
coma, osteosarcoma, synovialosarcoma.
jugées rédhibitoires par certaines équipes, bien que cette notion
Résultats ait évolué récemment. En postopératoire, la définition des
volumes est altérée par les remaniements chirurgicaux, et très
Radiosensibilité des sarcomes
dépendante de la description peropératoire et histopatholo-
La place de la protonthérapie s'est imposée dans les chondro-
gique de la pièce opératoire. Elle nécessite d'inclure les trajets
sarcomes ou les chordomes de la base du crâne et du rachis
de drains et les cicatrices, de délivrer des niveaux de dose élevés
comme traitement combiné avec la chirurgie permettant de
en cas de résection incomplète, ce qui augmente les effets
limiter la radicalité et la morbidité neurologique de celle-ci. La
dose-volume, et ainsi la probabilité de toxicités. Compte tenu
protonthérapie a également été développée pour des ostéo-
de la précision du dépôt de dose en protons, la définition des
sarcomes inopérables. Ces tumeurs font partie des sarcomes
volumes cibles en protonthérapie est très exigeante afin de ne
particulièrement radiorésistants. Les données biologiques rela-
pas risquer une rechute par défaut d'irradiation, suggérant que
tives à cette radiorésistance sont cependant peu nombreuses.
son introduction en préopératoire serait probablement
Les travaux ayant exploré la radiosensibilité des sarcomes sont
préférable.
rares, anciens et ont été réalisés sur un faible nombre de lignées
tumorales dont la caractérisation histologique apparaît aujour- Indications : Sarcomes osseux radiorésistants
d'hui imprécise et faite selon une méthodologie expérimentale proches d'organes en série
dépassée [3,4]. De plus, certaines lignées sarcomateuses (sar- L'intérêt de la protonthérapie pour des sarcomes requérant des
comes à composante myxoïde, sarcomes à cellules rondes, . . .) doses élevées en cas de tumeurs proches d'organes en série
sont apparues expérimentalement plus radiosensibles que des (cordon médullaire/moelle, tronc cérébral, chiasma, nerfs opti-
lignées adénocarcinomateuses [5]. Il n'existe pas actuellement ques) concerne notamment les sarcomes de la base de crâne et
de données de radiosensibilité pour chaque sous-type de sar- du rachis, et en particulier les chordomes[23,24]. De plus, la
come (lignée de différenciation adipeuse, fibroblastique/ chirurgie des chordomes est rarement complète du fait du mode
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La protonthérapie comme modalité d'irradiation dans les sarcomes des os ou cartilage et des tissus mous,
état des lieux en 2018

Synthèse
TABLEAU I
Tableau rassemblant histologies et doses prescrites dans des publications princeps

Histologies Volumes tumoraux Niveaux de doses recommandés, Gy Ref

Ostéosarcome et chondrosarcome Macroscopique 72 [9]


Microscopique (R1) 68 [10]
Prophylaxie 45–50
Chordome Macroscopique > 77 [11]
Microscopique (R1) > 70 [12]
Prophylaxie 45–50
Sarcome des tissus mous de haut grade Macroscopique 70–75 [13]
Microscopique (R1) 60–66 [14]
Prophylaxie 45–50
Sarcome d'Ewing Macroscopique 54–64 [15]
Microscopique (R1) 44–54 (selon réponse à la CT) [16]
Prophylaxie 36–44
Rhabdomyosarcome (pédiatrie) Macroscopique 50,4–59,4 [17]
Microscopique (R1) 41,4–50,4 [18]
Prophylaxie 36–41,4
Sarcomes de bas grade ou de malignité intermédiaire Macroscopique 56–60 [19]
Tumeurs desmoïdes Microscopique (R1) 50
Prophylaxie 56 (RBE)

La dose est exprimée en joules par kilogramme, c'est-à-dire en gray (Gy), les Gy (RBE) sont exprimés en Gy intégrant l'efficacité biologique relative (EBR en français, RBE en anglais)
des particules lorsqu'il s'agit des protons ou de toute autre particule « lourde ». Cette efficacité relative biologique est classiquement établie à 1,1 fois celle des photons. Ce facteur
1,1 est cependant une moyenne et est actuellement controversé; et ainsi l'object de nombreuses études.

de diffusion anatomique mal limité de ces tumeurs. Dans ces hypoxiques, radiorésistantes (Protonchorde01 ; NCT02802969).
cas, l'impact de l'imagerie multimodale dans la définition des D'autres équipes utilisent un hypofractionnement modéré pour
volumes peut être majeur, de même que la qualité des comptes ces tumeurs de croissance [26] et une phase II randomisée par
rendus opératoires et histopathologiques. DeLaney et al. ont protonthérapie hypofractionnée vs carbonethérapie (hypofrac-
rapporté les résultats à long terme d'une phase II chez des tionnée selon les protocoles usuels en carbonethérapie) dans
patients atteints de chordomes ou de sarcomes (para)rachidiens les chordomes du sacrum en place est en cours (essai ISAC,
de novo ou récidivants. Cinquante patients (29 chordomes, à Heidelberg).
14 chondrosarcomes, 7 autres) ont eu une résection macros- Le traitement de référence des chondrosarcomes de grades
copiquement complète (n = 25) ou subtotale (n = 12) ou une 1–2 est une chirurgie suivie de protonthérapie. Une chirurgie
simple biopsie (n = 13). La dose était < 72,0 Gy (RBE) chez R1 planifiée est jugée carcinologiquement acceptable en raison
25 patients et 76,6–77,4 Gy (RBE) chez 25 patients. Avec un de la proximité d'organes à risque (gros vaisseaux, nerfs crâ-
suivi médian de 7 ans, les taux actuariels de contrôle local à 5 et niens et tronc cérébral). La morbidité de la chirurgie peut, en
8 ans étaient de 94 et 85 % pour les tumeurs primaires et de effet, être substantielle dans 25–40 % des cas lorsqu'un objectif
81 % et 74 % pour l'ensemble du groupe (récidives incluses). Le de résection complète (R0) est poursuivi. La réalisation d'une
risque à 8 ans de morbidité de grades 3–4 était de 13 %, sans irradiation systématique après chirurgie (macroscopiquement
myélopathie mais avec trois neuropathies sacrées après des et/ou microscopiquement incomplète) pour des chondrosarco-
doses > 76 Gy (RBE) [11]. Le taux de contrôle local a été corrélé mes de bas grade a pu être controversée mais donne d'excel-
à la présence d'une compression du tronc cérébral ou des voies lents résultats carcinologiques et fonctionnels à long terme. Le
optiques, du volume tumoral macroscopique et des marges taux de contrôle local à cinq ans varie de 78 à 99 % [27]. Le
chirurgicales. Il pourrait être amélioré par une irradiation pré- bénéfice pour des chondrosarcomes de grade 3 est moins décrit
opératoire [25]. Le taux de contrôle local varie ainsi entre 62 et ; la dose est de 70 Gy (RBE). Des essais sont en cours dans ces
94 % à 7 ans selon les études en fonction de la proportion indications validées que sont les chondrosarcomes de la base du
de protonthérapie immédiate ou à récidive [11,24,25]. La crâne (NCT00496522), les chordomes dont les taux de récidive
dose actuellement recommandée est d'au moins 74 Gy avec locale sont élevés justifiant une escalade de dose réalisable en
un essai testant une augmentation de dose à 80 Gy guidée par protonthérapie (NCT02986516/NCT00797602), les tumeurs pri-
une imagerie TEP au F-AZA pour mettre en évidence les zones mitives du rachis ou les sarcomes para rachidiens (comme les
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J. Thariat, T. Tessonnier, S. Bonvalot, D. Lerouge, H. Mammar, S. Bolle, et al.
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ostéosarcomes du squelette axial) et les tumeurs radiorésistan- réalisation de l'irradiation en introduisant des arrêts de traite-
tes de la base du crane (NCT02838602). ment alors que la protonthérapie diminue les volumes, notam-
Une alternative à la protonthérapie est une irradiation combinée ment muqueux, irradiés. Dans une série de 63 patients
photons-protons en cas de problèmes d'accessibilité à la pro- pédiatriques atteints de diverses tumeurs ORL, dont une majo-
tonthérapie. Il existe actuellement une stratégie alternative rité de sarcomes, les taux de toxicités aiguës étaient de 4, 22 et
pour l'usage de la stéréotaxie hypofractionnée dans les chor- 7 % pour la mucite, l'anorexie et la dysphagie [35].
domes et chondrosarcomes, certaines institutions n'ayant pas Encore plus que chez l'adulte, la protonthérapie pourrait se
accès à la protonthérapie. Les taux de toxicité tardive sévère justifier en pédiatrie si une indication d'irradiation se pose pour
semblent cependant plus élevés sur des comparaisons indirec- les ostéosarcomes. Cinquante-cinq enfants atteints d'ostéosar-
tes historiques. comes ont été traités par protonthérapie au MGH (Boston) en
La place de la protonthérapie dans les ostéosarcomes a été situation postopératoire ou exclusive. La dose variait de 50,4 à
principalement réservée aux ostéosarcomes en résection R2 80 Gy (RBE). Le contrôle local était de 82 % et 72 %, respec-
(macroscopiquement incomplète avec reliquat) ou non réséca- tivement à 3 et 5 ans. La majorité des rechutes locales se sont
bles du fait de la nécessité de délivrer une dose > 68 Gy (RBE) produites pour les tumeurs du massif facial et du crâne. Deux
[9,28]. La place de la radiothérapie en dehors de ces situations patients pédiatriques sont décédés de tumeurs malignes secon-
est faible, a fortiori en photons, et ce d'autant plus lorsqu'il s'agit daires (leucémie, carcinome épidermoïde maxillaire) [28].
d'enfants ou adolescents et jeunes adultes (AJA). Ciernik et al. Dans les sarcomes d'Ewing, une série de 30 patients ont été
ont rapporté les résultats de la protonthérapie en association à la traités par protonthérapie entre 2003 et 2009 pour des locali-
chimiothérapie dans les ostéosarcomes non résécables ou sations rachidiennes, pelviennes ou céphaliques en situation
incomplètement réséqués avec reliquat tumoral macroscopi- exclusive. La dose médiane délivrée était de 54 Gy (RBE) (45–
que. Cinquante-cinq patients ont été traités à une dose 58 Gy (RBE)). Le contrôle local à 3 ans a atteint 86 %. Cinq
moyenne de 68,4 Gy (RBE). Le contrôle local à 3 et 5 ans était patients ont développé des séquelles avec un trouble de la
respectivement de 82 et 72 %. Les facteurs de risque d'échec statique rachidienne pour des lésions primaires du corps verté-
local étaient une maladie de grade élevé et la durée totale du bral pré-traitées par laminectomie. Quatre patients ont eu
traitement. Une toxicité tardive de grades 3–4 a été observée une hémopathie maligne secondaire attribuable à la chimio-
chez 30 % des patients [28]. thérapie [36].
Dans les chordomes et chondrosarcomes, des enfants traités
Sarcomes de l'enfant et AJA pour chordome (n = 26) ou chondrosarcome (n = 4) de la base
Les sarcomes sont des tumeurs fréquentes en onco-pédiatrie : du crâne et du rachis cervical ont eu une protonthérapie à la
7 % de l'ensemble des tumeurs [29]. La protonthérapie chez les dose totale moyenne de 68,3 Gy (RBE) après résection chirur-
enfants et les AJA permet à dose égale au volume cible, de gicale incomplète. Le contrôle local était de 83 % à 5 ans avec
diminuer l'exposition des tissus sains en développement, et cinq rechutes locales de chordome. Un patient a présenté une
potentiellement le risque de cancer secondaire. La protonthé- rechute sur la voie d'abord chirurgicale. Onze patients ont pré-
rapie a été intégrée à la majorité des essais internationaux. Les senté une toxicité tardive auditive, visuelle ou endocrinienne
principales séries de plus de 10 patients sont rapportées ici. [37]. L'équipe du MGH (Boston) a, par ailleurs, présenté ses
Les patients atteints de rhabdomyosarcomes (RMS) sont strati- résultats chez 73 patients traités par protonthérapie pour des
fiés en groupes à risque faible, intermédiaire et élevé en fonc- tumeurs de la base du crâne. Avec une survie globale de 81 %
tion du site d'origine, de la taille, de l'histologie, de à 5 ans, ces résultats illustrent potentiellement une meilleure
l'envahissement ganglionnaire, de la dissémination métasta- réponse à l'irradiation chez les patients pédiatriques. Le pro-
tique et la qualité de la chirurgie [30–32]. Cinquante-sept nostic était plus favorable pour les sous-types conventionnels et
patients avec une maladie localisée ou des RMS embryonnaires cellulaires plutôt que chondroïdes [38]. Ces résultats étaient en
métastatiques ont été inclus dans un essai de phase II. Les plans accord avec ceux du Paul Scherrer Institute, (26 enfants) [39].
de protonthérapie ont été comparés avec une dosimétrie en Des études sont en cours pour évaluer le risque de séquelles
IMRT. La couverture des volumes cibles était comparable entre tardives et de tumeurs radio-induites corrélé à la longue espé-
les deux modalités. Cependant, la dose totale était 1,8 fois plus rance de survie chez l'enfant (NCT00592592).
élevée en technique IMRT. Une épargne significative a été
observée dans 26 des 30 organes à risque évalués pour les Sarcomes des membres
localisations orbitaires, de la tête et du cou, pelviennes et du À ce jour, il n'existe pas de retour d'expérience significatif sur
tronc et des extrémités [33]. Les résultats oncologiques étaient l'intérêt de la protonthérapie dans les sarcomes des membres
similaires à ceux obtenus en radiothérapie par photons mais ou de la paroi thoracique/abdominale, un fait probablement en
avec un meilleur profil de tolérance en faveur de la proton- lien avec les performances satisfaisantes des techniques avan-
thérapie [34]. En ORL, la toxicité aiguë peut compromettre la cées de photonthérapie. Néanmoins, certains patients
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La protonthérapie comme modalité d'irradiation dans les sarcomes des os ou cartilage et des tissus mous,
état des lieux en 2018

Synthèse
présentant de volumineux sarcomes proximaux de la cuisse ces sarcomes en terrain irradié, la protonthérapie pourrait per-
ou du tronc pourraient bénéficier de l'épargne tissulaire offerte mettre une épargne tissulaire substantielle et éviter des toxi-
par les protons. Fogliata et al. ont évalué le potentiel de cités, parfois en réalisant une escalade de dose (NCT00592345/
l'arcthérapie dynamique associée à la protonthérapie pour obte- NCT01346124). Dans le cas particulier des sarcomes radio induits
nir simultanément la couverture du volume cible et l'épargne survenant après irradiation dans l'enfance pour un rétinoblas-
osseuse. Au-delà de ces indicateurs dosimétriques, la proton- tome, une réirradiation peut constituer la seule approche de
thérapie a permis de délivrer une dose plus homogène au traitement local. Dans cette situation de prédisposition aux
sein du volume tumoral avec une dose intégrale tissulaire tumeurs radio-induites, la protonthérapie est à privilégier.
minorée [40]. Tumeurs mésenchymateuses bénignes ou sarcomes
Sarcomes rétropéritonéaux et de grands volumes de faible grade de malignité
À conformité égale avec les photons dans les zones ayant reçu Les patients ayant une tumeur desmoïde sont relativement
une forte dose correspondant aux volumes cibles, la proton- jeunes et la radiothérapie peut être indiquée dans l'histoire
thérapie permet une réduction des volumes irradiés aux doses naturelle de la maladie après échec de plusieurs lignes de
intermédiaires, qui sont responsables de la survenue des toxi- traitements médicaux. Eu égard au niveau de dose à appliquer,
cités affectant des organes d'architecture parallèle. Les sarco- certaines localisations notamment tronculaires ou abdomino-
mes des tissus mous, rétropéritonéaux, en raison de leur grande pelviennes peuvent exposer des organes à risque à des séquel-
taille, de la proximité de plusieurs organes radiosensibles (reins, les chez des patients ayant un excellent pronostic vital justifiant
foie, etc.) et d'un faible contrôle local, pourraient tirer bénéfice le recours à la protonthérapie plutôt qu'à des techniques épar-
de la protonthérapie de manière prioritaire. Swanson et al. ont gnant moins les tissus sains.
comparé les performances dosimétriques de techniques avan- Autres indications potentielles
cées de photonthérapie et de protonthérapie dans les sarcomes Tous les sarcomes sont théoriquement éligibles à une proton-
intra-abdominaux et rétropéritonéaux. La dose intégrale était thérapie. Cependant, le dépôt de dose avec un trajet fini en
inférieure de plus de 60 % avec la protonthérapie, et les doses profondeur des faisceaux de protons impose une grande préci-
faibles mais toxiques aux reins et aux structures digestives sont sion dans la définition des volumes cibles. Ainsi des sarcomes
substantiellement diminuées en préopératoire [41]. Un essai de rapidement évolutifs (indifférenciés, tumeurs en place, sarco-
phase II (NCT01659203) est en cours avec une dose de 63 Gy mes inflammatoires) nécessiteront une protonthérapie adapta-
(RBE) (versus la dose classique de 50,4 à 54 Gy en IMRT) dans tive avec des flux tendus en termes de prise en charge. Il n'y a
ces formes anatomiques, avec une limitation à 50,4 Gy (RBE) actuellement pas de place pour la protonthérapie dans les
pour les uretères à l'issue de la phase I [42]. S'y ajoutent les formes métastatiques en France. Il n'est pas cependant exclu
essais NCT00901836 et NCT01034566. En revanche, une pro- que des formes très limitées, oligométastatiques, à proximité
tonthérapie préopératoire est préférable pour éviter les incerti- de structures radiosensibles limitant la couverture tumorale et
tudes rencontrées en postopératoire concernant le parcours des de cinétique lente soient traitées par protonthérapie dans un
protons en cas d'interposition d'anses digestives de position avenir plus lointain si les centres de protonthérapie deviennent
variable et des difficultés habituelles dans la définition des plus nombreux en France.
volumes cibles dans ces sarcomes. Il faudra attendre les résul-
Précautions spécifiques à la protonthérapie
tats de l'essai STRASS EORTC-STBSG 62092-22092 (NCT01344018)
La protonthérapie depuis les années 1960 a été délivrée en
en faveur ou non d'une radiothérapie pour proposer une
« mode passif » (double scattering) avec des accessoires per-
optimisation de la radiothérapie préopératoire par protonthé-
sonnalisés interposés dans chaque faisceau pour étaler et modu-
rapie. La mise en œuvre de la protonthérapie dans ces situations
ler en profondeur la dose. Historiquement, cette méthode
nécessite l'utilisation de jonctions de champs. Un essai est, par
utilisait un nombre limité d'incidences de faisceaux via une
ailleurs, en cours dans les sarcomes volumineux des extrémités,
ligne fixe. La dose est aujourd'hui de plus en plus délivrée en
des ceintures (figure 1) ou de la paroi du tronc (NCT01819831/
« balayage actif » (pencil beam scanning ou spot scanning) et
NCT01561495).
un bras rotatif (gantry) peut remplacer la ligne fixe pour opti-
Sarcomes en territoire irradié par récidive ou miser les incidences de faisceaux et réaliser une modulation
second cancer d'intensité en protonthérapie (IMPT). Le mode « actif » est plus
La protonthérapie permet de limiter considérablement les doses flexible, permet de traiter des tumeurs plus complexes et volu-
intermédiaires aux tissus sains pré-irradiés, facteur limitant, mineuses, comme cela est souvent le cas des sarcomes. De plus,
pour délivrer une dose curative à intention une deuxième fois le balayage actif permet de mieux limiter la dose cutanée en
[43]. La réticence à l'égard de la protonthérapie dans ce cadre avant de la partie proximale de la tumeur (par rapport au mode
est probablement liée à l'offre limitée de protonthérapie. Une de délivrance passif) qui pouvait être limitante en termes de
étude de phase II est en cours dans cette indication [44]. Dans toxicités cutanées pour des tumeurs superficielles.
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J. Thariat, T. Tessonnier, S. Bonvalot, D. Lerouge, H. Mammar, S. Bolle, et al.
Synthèse

Dans les situations d'organes en série proche, la prescription de des artefacts. Ceux-ci peuvent probablement être minimisés par
la dose au cordon médullaire et au tronc cérébral a historique- l'utilisation d'un scanner Dual Energy (bi-énergie), actuellement
ment été réalisée avec des contraintes différentes de celles encore rarement disponible en radiothérapie. La mise en œuvre
utilisées en radiothérapie par photons, pour maximiser les du scanner bi-énergie pour la dosimétrie n'est cependant pas
chances de délivrer une dose efficace dans la tumeur, en encore mature. Dans le contexte actuel, des matériaux d'ostéo-
acceptant un risque légèrement supérieur. On distingue ainsi synthèse en carbone compatibles avec la protonthérapie peu-
la surface du cordon médullaire et le centre du cordon défini vent être utilisés sous réserve que la programmation de la
comme un tube central de 2 ou 3 mm généré automatiquement protonthérapie ait été anticipée. La présence de tels matériaux
[45]. Cette définition n'est pas anatomique ni fonctionnelle, la se traduit par des échecs plus fréquents [46,47]. Cela souligne
substance blanche pouvant d'ailleurs être plus radiosensible que l'importance de réunions de concertation pluridisciplinaires réu-
la substance grise. La grande majorité des études en mode nissant les chirurgiens, les radiothérapeutes, les radiologues, et
passif ont utilisé une dose maximale à la surface de 55 Gy les physiciens et la présentation des dossiers à un stade précoce
(RBE) et une dose centrale de 45 Gy (RBE). Ce type de contrain- de la prise en charge.
tes dosimétrique de « surface et centre » est aussi utilisé pour le
tronc cérébral. Les études récentes en balayage actif utilisent la
dose à deux pour cent du cordon médullaire (D2 %), ce qui Conclusion
nécessite de standardiser la longueur de cordon contouré dans Dans un système de soins contraint par la faible accessibilité de la
des situations données pour permettre des intercomparaisons, protonthérapie, les indications « validées » doivent être distin-
d'autant plus que des faisceaux non coplanaires peuvent être guées des indications tolérées et des indications potentielles
utilisés. Ces contraintes de dose issues de la protonthérapie en pour lesquelles le niveau de preuve est à construire, par des
technique double scattering doivent être rigoureusement éva- études prospectives (base du ClinicalTrials.gov). Cette évaluation
luées dans leur application aux techniques de protonthérapie du niveau de preuve devrait également comporter un volet
actuelles en mode de délivrance actif. médico-économique de coût-utilité pour poser le cadre des
Le parcours des protons est très sensible à la composition indications validées de protonthérapie dans les sarcomes.
chimique des tissus, actuellement déterminée à partir du scan- L'efficacité de traitements combinés associant protonthérapie et
ner de planification. La planification de protonthérapie repose chimiothérapie ou thérapie ciblée devra également être évaluée,
sur une conversion des densités du scanner X en pouvoir d'arrêt les données étant essentiellement limitées au cisplatine. Cer-
des protons. Pour des matériaux hyperdenses tels que des tains sarcomes étant particulièrement radiorésistants, d'autres
plaques d'ostéosynthèse en titane après chirurgie rachidienne, modalités d'hadronthérapie sont à envisager. Une augmentation
la définition des structures à irradier et le calcul de dose sont de l'efficacité biologique, intéressante pour des tumeurs néces-
dégradés par les artefacts générés en imagerie, amenant sou- sitant des niveaux de dose élevés pourrait, en effet, être obtenue
vent à récuser la protonthérapie. Des algorithmes probabilistes avec des ions plus lourds que les protons (carbone, etc.)
de calcul de dose type Monte Carlo sont intégrés dans certains (NCT01182753/NCT00496522/NCT02838602) [48].
logiciels de planification de radiothérapie (treatment planning
systems [TPS]) et prennent mieux en compte les hétérogénéités Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
tissulaires mais ne résolvent pas toutes les incertitudes de liens d'intérêts.
composition chimique des tissus et matériaux ni le problème

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La protonthérapie comme modalité d'irradiation dans les sarcomes des os ou cartilage et des tissus mous,
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