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Conclusion Générale

‟Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul


avenir est notre fin”.
[Blaise Pascal]
Conclusion générale 59

CONCLUSION GENERALE :
Le temps, voici là une force naturelle destructrice qui peut dégrader le plus solide des
éléments de l’univers. A ce titre, il est donc logique que les pierres, qui sont le matériau de
construction par excellence, de valeur historique et symbolique inestimables, ne sauraient
résister à ses effets aussi. La pierre est fournie par la nature et est elle-même une dégradation
dans le temps d’un autre élément qui est la roche.
Ceci est dû, d’une part, à l’action de la nature qui comprend des facteurs climatiques,
biologiques et désastres naturels, et d’autre part, à l’action de l’homme qui peut être directe ou
indirecte. Ces effets peuvent ainsi être préjudiciables pour tous les types de roches, qu’elles
soient sédimentaires, magmatiques ou métamorphiques.
Ces altérations ayant fait leurs ravages, l’ingénieur géologue, avec ses connaissances et les
moyens mis à sa disposition, se doit d’œuvrer pour la restauration des édifices dégradés. Ceci
peut être possible en faisant l’inventaire de roches situées dans leur contexte géologique et
utilisées dans la construction. Des types d’altérations seront alors mis en exergue afin de classer
et de décrire les différents types de roches observés.
Il sera alors possible d’effectuer différents essais géotechniques, pétrographiques et de
durabilité vis-à-vis des sels donnant forme à une étude expérimentale enrichissante. Les
résultats découlant de cette étude permettront alors de mettre en évidence les corrélations
existantes entre les résultats obtenus et les morphologies d’altérations relevées.
Ceci a été rendu possible grâce aux vestiges de la Cité Antique de Tipasa qui est l’un des
complexes archéologiques les plus prestigieux du Maghreb. Par ailleurs, les différents facteurs
d’altération (sismicité de la région, effets météorologiques) ainsi que les différents types de
roches/pierres utilisées pour la construction de la Cité, présentent un atout majeur pour la phase
de prospection des lieux et l’extraction des échantillons pour l’étude.
Quatre pierres ont été identifiées sur site (calcaire (sable coquillé à éléments roulés),
calcaire lumachellique, diorite et marbre) dont trois seulement ont fait l’objet d’une étude
expérimentale, le marbre n’ayant pas pu être prélevé en raison de son utilisation à titre
d’ornement pour les colonnes et sarcophages.
Le calcaire (sable coquillé à éléments roulés), utilisé pour la construction, et le calcaire
lumachellique, servant de couvercle aux sarcophages, étaient les pierres les plus abondantes sur
le terrain de prospection. La diorite, quant à elle, a été utilisée à titre de pierre d’ornementation.
La pétrographie de ces roches laisse en outre à définir trois structures différentes : un calcaire
constitué majoritairement d’éléments arrondis avec la présence de quelques microfossiles,
ayant une forte porosité, un calcaire constitué en majeure partie de microfossiles, caractérisé
par une faible porosité, et, enfin, une diorite de texture grenue et poreuse par endroits.
Les dégradations constatées varient selon la roche et sont notamment fréquentes sur les
roches d’origine sédimentaire, le calcaire (sable coquillé à éléments roulés) et le calcaire
lumachellique. Ces dégradations de différents types (alvéolisation, action mécanique des
racines des végétaux, contamination biologique, salissures noires) ont servi à définir les niveaux
de dégradabilité des différentes pierres menant à la définition de quatre (04) zones distinctes
d’altération.
A partir de là, des essais in-situ ont alors été effectués sur les différents types de roches
identifiés :
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L’essai à l’ultrason a permis d’apprécier et de corréler avec la porosité des pierres, à travers
la vitesse de propagation des ondes ultrasonores dans le matériau. Une propriété qui dépend
étroitement de la porosité et de la densité apparente de la roche, générée par son squelette solide
et l’espace poral associé.
L’essai au scléromètre a révélé des résultats représentatifs de la dureté des roches où la
diorite profite d’une dureté conséquente, alors que les roches sédimentaires donnent des valeurs
faibles s’expliquant par la porosité importante qui absorbe l’énergie.
La méthode spectrale H/V a émis une gamme de fréquences enregistrées, à partir desquelles
des hypothèses ont été énoncées.
L’étude expérimentale réalisée sur les échantillons prélevés a permis d’apprécier les
caractéristiques physico-mécaniques ainsi que les propriétés hydriques des trois variétés de
roches. À partir des résultats obtenus, nous avons pu constater que les paramètres physiques,
mécaniques ainsi qu’hydriques ont une relation étroite avec le réseau poreux. Les résultats
obtenus pour chacun des trois échantillons ont permis de mettre en évidence les points suivants :

D’autre part, une relation étroite existe entre la densité et la vitesse du son des pierres
étudiées. En effet, l’échantillon le plus dense (diorite) a donné une vitesse du son de l’ordre de
5517,11 m/s pour une densité de 2,91 g/cm3 , alors que l’échantillon le moins dense, calcaire
(sable coquillé à éléments roulés), donne une vitesse du son égale à 4529,82 m/s correspondant
à une densité de 2,19 g/cm3. Ce qui est représentatif d’une grande densité toujours accompagnée
d’un accroissement de la vitesse du son.
La porosité, quant à elle, n’est pas un facteur comparatif étant donné qu’il s’agit de trois
pierres différentes. Toutefois, ce paramètre est important pour l’essai hydrique dans le sens où
la forte porosité d’un échantillon influe sur la vitesse d’absorption d’eau de ce dernier,
l’imbibition capillaire et l’évaporation. Enfin, un faible taux de porosité pour un échantillon
induit une faible résistance à la compression de ce dernier.

Au regard de l’étude effectuée et des résultats obtenus, plusieurs recommandations peuvent


être émises :
- Réaliser des essais géophysiques (Down-hole) pouvant renseigner sur la vitesse des ondes
secondaires « S » des différentes formations occupant le site d’étude (méthode spectrale
H/V bruit de fond) ;
- Réaliser plus d’enregistrements H/V bruit de fond ;
- Réaliser d’autres essais in-situ : sondages carottés, pressiométriques et PDL, pouvant
donner des renseignements supplémentaires sur les propriétés des formations géologiques,
la résistance du sol, etc. ;
- Mettre à disposition les outils de laboratoire nécessaires au sein de la faculté de géologie,
nos essais mécaniques ayant dû être effectués à la faculté de génie civil ;
- Etalonner les balances à la fin de chaque essai pour éviter des valeurs erronées ;
- Remplacer les pierres très altérées sur le site par des pierres extraites de la carrière située à
l’intérieur de la cité antique ;
- Déraciner les végétaux pour éviter une dégradation des pierres ;
- Faire des prélèvements d’eau de mer pour des analyses chimiques ;
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- Eliminer les salissures noires sur les pierres de la cité pour éviter une détérioration plus
importante des pierres ;
- Colmater les pierres présentant une alvéolisation importante afin de se prémunir de dégâts
généraux au bâti et ce, à travers des méthodes de jointement des pierres, par mortier naturel,
reminéralisation ou collage époxy ;
- Réaliser des mesures de porosité au mercure afin de mieux apprécier celle des roches.
- Quantifier les pores en lames minces par l’application de résine.
- Renforcer les zones qui risquent de craquer, à l’exemple des linteaux, poutres...etc.
- Reprendre les recherches archéologiques et installer un atelier de " la pierre" au niveau de
la carrière.

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