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Nul entrait si avant dans l'art des Piays que le Piay Macanaholo. Il
s'élevait de la terre, allait au-dessus des arbres, même il se donnait des ailes,
quand il le voulait. Le plus étonnant effet de l'art c'était de pouvoir arbitraire-
ment changer de face et de prendre la figure de tel ou tel animal comme il
plaisait au prestidigitateur. Toujours le cerf y jouait le rôle principal.
Bien des années ils vécurent ensemble en parfaite harmonie. Il n'y avait
qu'une chose qui le dérangeait: elle avait les pous par milliers. Son art ne lui fit
de fruit. Il parvint à préparer une espèce de savon, nommé hol-wassa et
quelques lotions suffirent à délivrer la dame de son mal.
Des années après la dame dit un jour à Macanaholo: «Si longtemps déjà
je demeure ici-bas près de vous et ma bonne mère là-haut ignore tout. Je désire
beaucoup de la revoir. Permettez-moi de monter.» Macanaholo le trouva
excellent et répondit: «Moi, je vais vous accompagner et monter avec vous
ensemble.»
Par rapport à Acathu si respectée par son peuple, on contait que jamais
encore personne avait pu voir son visage. Toujours, toujours elle restait à
l'hamac. Maintenant Acathu, voulant expérimenter l'art de son beau-fils, donne
l'ordre à Macanaholo de menuiser pour elle un petit banc pour s'asseoir à
condition qu'il ait la forme de sa tête.
Cependant elle désira encore plus de son génie. Après que tous avaient
bien mangé des poissons excellents, bien dormi et que le nouveau jour se
faisait, Acathu lui commande: «Vas-tu me chercher de l'eau, car j'ai soif. Prends
ce cou.roa-cou.rou, (panier) pour y mettre l'eau.» C'était bien un peu trop fort.
Néanmoins Macanaholo s'en alla. Il essayait en vain de retenir l'eau dans son
panier. Une fourmi vient à son aide: «Que fais-tu là?» dit-elle. Et lorsqu'il lui
avait expliqué l'ordre précis donné à lui, elle répond: «Soyez parfaitement
tranquille; moi, je vous serai de service.» Et elle le f i t et l'eau restait dans le
panier.
Peut-être faut-il lire ici entre les règles que dans un moment les fourmis
aient cimenté la corbeille de la manière qu'il put retenir l'eau. Les fourmis font
de ces constructions, mais non dans un moment, mais par un travail de mois,
d'années quelques fois.
Convoquant tous ses enfants elle dit : «Allons, faisons-lui un beau jardin,
parce qu'un homme si ingénieux nous doit rester pour toujours.» Dans son
cœur Acathu était rempli de peur pour l'art de Piay. Elle craignait tant pour
elle-même que pour sa fille et pour ses autres enfants et elle avait dit: «Sitôt
qu'il sera dans son beau jardin et qu'on le verra endormi, il faut qu'on le tue
immédiatement.»
Mais parmi les enfant d'Acathu c.-à-d. parmi les vautours, il y avait un
traitre, qui racontait tout le plan de la belle-mère: «Acathu veut vous tuer, par
conséquent fuyez si tôt possible.» Macanaholo n'en f i t rien, car il se fiait à l'art
de Piay. Seulement il dit à l'interlocuteur qu'il.ne sentait aucune envie de rester
encore en haut où était sa demeure. Mais avant de partir, il voulait par son
énergie et sagacité, éluder l'attentat préparé à sa vie.
Cinq heures du matin du jour suivant était fixé pour l'attentat. Le jardin
étant fermé de tout point, les assassins étaient bien sûrs que Macanaholo ne
pouvait être enfui. Et pourtant il n'y était plus. Sa coutume de jouer la flûte,
l'avait sauvé. Cette flûte avait des petits trous. Dans une des murailles du jardin
il y avait une petite ouverture, par laquelle pouvait passer la flûte. Il la passait
si bien que trois des trous étaient hors du jardin. Après cela il se change en
mawarakathie (très petite mouche) entrait par le trou resté au jardin et s'envole
par les trous du dehors, à l'autre côté. Et les assassins venus pour le perdre,
entendaient