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ENTRETIEN AVEC OLIVIER BUQUEN, DÉLÉGUÉ INTERMINISTÉRIEL À

L’IE & PHILIPPE CROUZET, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE VALLOUREC

Entretien réalisé par Olivier Hassid, Mathieu Pellerin


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Club des Directeurs de Sécurité des Entreprises | « Sécurité et stratégie »

2012/1 8 | pages 31 à 40
ISSN 2101-4736
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-securite-et-strategie-2012-1-page-31.htm
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Dossier
Entretien avec Olivier Buquen,
Délégué Interministériel à l’IE
& Philippe Crouzet,
Président du directoire de Vallourec
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réalisé par Olivier Hassid & Mathieu Pellerin

La question des attaques visant le patrimoine informationnel des entreprises est fréquemment
posée, mais les solutions adoptées par les entreprises touchées sont plus rarement évoquées.
Pour en savoir davantage à ce sujet, Sécurité & Stratégie s’est donc tournée vers deux acteurs
concernés au premier chef par les problématiques d’intelligence économique : Olivier Buquen,
Délégué Interministériel à l’Intelligence Economique (D2IE), et Philippe Crouzet, Président du
directoire de l’entreprise Vallourec. Comment les entreprises se défendent-elles contre les
assaillants ? Le concept de Légitime Défense Economique est-il opérant pour les acteurs
économiques ? Comment l’Etat apporte-t-il son concours aux entreprises vulnérables ?

© Photos Frédéric Buxin

Olivier Buquen Philippe Crouzet

Olivier Hassid : La Légitime Défense Economique Philippe Crouzet : Les attaques que nous iden-
suppose une réponse proportionnelle à une attaque tifions sont informatiques. Il s’agit principalement
commise par un assaillant. Comment décelez-vous les de tentatives de pénétration et d’accès à des don-
attaques et parvenez-vous à identifier leurs auteurs ? nées techniques, mais aussi parfois commer-
ciales. L’intensité de ces attaques est croissante.

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L’identification des attaques se fait à travers la la DCRI1 ou de la DPSD2 quand on est dans le
surveillance des systèmes d’information, par le secteur de la défense. Quand il s’agit de cas de cy-
biais de dispositifs de détection des intrusions. berattaques comme le signalait Philippe Crouzet,
Je n’ai pas en tête de cas d’intrusion physique il convient de se tourner vers l’ANSSI3. Les ser-
significative, car nous avons peu de produits vices de l’État offrent la compétence et la capacité
susceptibles d’être volés, nos produits sont parti- d’investigation immédiate policière et judiciaire
culièrement lourds. En revanche, nos technolo- dans un cadre légal efficace. Il y a aussi des
gies, nos savoir-faire, nos plans sont visés par des actions plus techniques à mener en matière de
tentatives de vol. Il y a tout de même eu un cas où systèmes d’information : ce sont davantage les
nous avons intercepté des gens qui ont tenté de DSI qui savent comment procéder en la matière,
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réaliser des clichés de nos installations. par exemple couper certains canaux de commu-
nication.
Mathieu Pellerin : Quelle place tient l’intelligence
économique au sein de l’organigramme de Vallourec et P.C. : Pour rebondir sur les propos d’Olivier
des passerelles existent-elles avec la DSI (Direction des Buquen, à partir du moment où, comme l’a fait
Systèmes d’Information) pour anticiper et traiter les cas Vallourec, on choisit le cadre de la légalité, nous
d’intrusion ? ne disposons pas d’énormément d’armes de
défense, en dehors de porter plainte, ce qui peut
P.C. : Nous avons trois intervenants en la matière: être une bonne solution ou pas. Nous n’avons pas
l’intelligence économique, au sens premier du d’autre moyen d’intervention que de prévenir les
terme, pas nécessairement liée à des attaques ou services de l’État qui ont un arsenal d’outils que
à des agressions. Elle sert la réflexion stratégique nous n’avons pas. Et c’est d’ailleurs bien normal,
sur nos marchés, nos concurrents, leur évolution étant donné que nous ne sommes pas un secteur
et cette mission relève du directoire. Par ailleurs, aussi stratégique que peut l’être la Défense par
il y a un directeur des risques qui rapporte à un exemple. Nous sommes certes un équipementier
membre du directoire, et qui rassemble et coor- du nucléaire, mais ceci ne nous confère pas
donne les plans d’action en matière de sécurité d’armes particulières…
économique. C’est cette personne-là qui est en
charge de détecter les tentatives d’intrusion et de O.H. : En tant qu’entreprise internationalisée, les
prendre les mesures appropriées. Enfin, il y a la attaques que vous subissez sont souvent mondiales.
DSI dont l’une des fonctions est la sécurité des Quand une attaque vient de Houston ou de Pékin, l’État
informations et des systèmes et qui rapporte peut plus difficilement vous venir en aide. Dans ce
également au directeur financier. contexte, diligentez-vous des enquêtes ?

MP : Dès qu’une intrusion est détectée dans l’entreprise, P.C. : Nous n’avons de toute manière jamais dé-
quels sont les premiers réflexes à adopter et vers quels tecté d’attaque qui n’émane pas de concurrents
services l’entreprise doit-elle se tourner ? établis à l’étranger, mais encore une fois nous
n’avons pas beaucoup d’armes en dehors de
Olivier Buquen : La première recommandation couper ou de bloquer le canal d’intrusion. J’ai le
est de prévenir les différents services de l’État sentiment que l’information relative à ce type
selon le type d’attaque. Globalement, il s’agit de d’attaques et ce que nous pouvons détecter de leur

1
Direction Centrale du Renseignement Intérieur.
2
Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense.
3
Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information.

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origine est important pour l’État. Elle lui permet P.C. : Nous avons parlé de faits caractérisés
d’établir des croisements avec d’autres phéno- d’agression, mais il y a d’autres moyens pour les
mènes simultanés et souvent convergents dans États étrangers d’obtenir des informations sensi-
des industries similaires ou provenant du même bles ou secrètes. À l’occasion de projets d’inves-
pays d’origine. tissement chez eux, on voit que certains pays,
dont la Chine, en profitent pour demander un cer-
tain nombre d’informations, pas toujours utiles au
traitement du dossier. Cela fait partie de procé-
dures auxquelles nous sommes obligés de nous
soumettre, mais sur lesquelles l’État français peut
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influer dans le cadre de négociations commer-
ciales internationales, pour inciter à une ouver-
ture plus large de certains secteurs d’activité et
donc contourner ce genre de préalables que les
États peuvent fixer. Quand vous trouvez l’un de
vos concurrents dans le comité d’experts tech-
nique chargé d’évaluer votre dossier, cela fait par-
tie de procédés contre lesquels on se donne
davantage d’armes en agissant collectivement en
coordination avec l’État. Ici, il ne s’agit donc pas
d’attaques, mais de démarches tout à fait offi-
cielles et réglementées qui nous mettent en posi-
tion défavorable.

M.P. : Il réside une grande confusion autour du concept


O.B. : L’information est effectivement importante de Légitime Défense Economique (LDE). Si l’on en croit
non seulement pour alimenter notre base de don- MM Stalla-Bourdillon et Nunes, la LDE autorise,
nées qui recense depuis six ans les actions me- lorsque les circonstances l’exigent, le recours à des
nées sur le territoire, mais également en retour mesures d’exception extrêmes. Partagez-vous cette
d’expérience pour faire de la prévention. Même si définition du concept ?
les actions peuvent être menées par des ressor-
tissants ou des concurrents dans des pays étran- O.B. : Je pense tout d’abord qu’il est logique de
gers, ça ne veut pas dire que l’État n’a aucun s’interroger sur des sujets de légitime défense
moyen d’action. Nous avons tout d’abord des ser- dans le monde économique, avec une concur-
vices qui, sur le plan juridique, bénéficient de sys- rence toujours plus intense et donc des attaques
tèmes d’entraides judiciaires internationales, de de plus en plus fréquentes. En réalité, on ne s’in-
commissions rogatoires internationales qui nous terroge pas sur la défense, mais sur la riposte et
permettent d'obtenir rapidement des informa- sur la nature de la riposte. Et là, je ne suis pas sûr
tions émanant de pays étrangers. Deuxièmement, que l’application du concept de LDE soit opérante
il y a l’action politique et diplomatique entre États pour les entreprises, et je dirais même qu’il peut
qui peut être une solution dans un certain nom- être dangereux dans certains cas.
bre d’agressions. Il n’est pas toujours opérant car, pour un certain
nombre d’attaques, on ne connait pas les auteurs.
C’est généralement le cas des cyberattaques dont

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les origines rebondissent dans des dizaines de subit peuvent engendrer de lourds dommages
pays différents, mais c’est également vrai dans le économiques, il n’y a tout de même pas mort
cas d’atteintes à la réputation. Lorsqu’une rumeur d’hommes. Le dommage économique se traite par
nait sur le web, c’est bien souvent très compliqué des réactions, des rétorsions, des mesures de
de réussir à retracer d’où elle vient. Dans le cas protection à travers un certain nombre de
des intrusions physiques dans les locaux, il est programmes nous permettant de les anticiper, et
également parfois difficile d’identifier les auteurs. par les retours d’expérience : une intrusion
Et même lorsque vous avez une idée de l’identité détectée permet de mieux nous protéger contre
de l’auteur, les exigences juridiques de la légitime les suivantes. Mais la légitime défense doit
défense la rendent difficile à mettre en œuvre. s’arrêter là pour une société comme Vallourec.
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Vous êtes attaqué par une société appartenant à
un groupe, sur qui allez-vous riposter : sur la fi-
liale, sur sa maison-mère, sur ses actionnaires ?
Tout cela est très théorique. Je pense également
que ça peut être dangereux. Prenons le cas d’une
atteinte à la réputation ou d’un buzz sur votre
nom. À partir du moment où l’auteur est identifié,
riposter en répondant à la rumeur par une contre
rumeur peut amplifier le préjudice qui vous est
causé. Les spécialistes du sujet diront que la né-
gociation est souvent bien plus pertinente que le
buzz ou l’attaque judiciaire. Et puis en tout état de
cause, aller sur des voies illégales me parait ex-
trêmement dangereux et inacceptable du point de
vue de l’État. Cela pose d’innombrables questions :
où va-t-on s’arrêter ? Quel cadre va être défini ?
Qui fera quoi ? L’entreprise va prendre plus de
risques que le préjudice qu’elle aura subi au départ.

P.C. : Je suis tout à fait d’accord avec ce que vient


de dire Olivier Buquen. L’idée de LDE n’est pas O.B. : Il y a aussi tout un travail de prévention qui
opérante même si intellectuellement, elle a un fait partie de notre mission. La prévention est
côté séduisant. Pour une entreprise, c’est de toute très importante, elle permet d’éviter 80 % des
façon impossible dans la pratique d’opérer en de- attaques.
hors de la loi. Où est-ce que l’on met les limites ?
Quelle confiance accorder à l’expertise des colla- P.C. : Ce travail de prévention commence d’ail-
borateurs en charge de ces missions illégales ? leurs par la simple prise conscience que nous
C’est une problématique similaire à celle de la avons des informations critiques. La première de
corruption où l’on ne peut pas avoir de tolérance, nos démarches consiste à sensibiliser les chefs de
c’est blanc ou noir. Il y a des cadres à respecter site au fait qu’ils traitent des informations très
que la totalité des membres et des entreprises doit confidentielles ou dont la divulgation pourrait
respecter. causer des dommages importants à l’entreprise
En outre, la légitime défense résulte d’une attaque en termes commerciaux ou technologiques. De
corporelle, physique, et si les attaques que l’on nombreuses PME en sont également à ce stade.

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Avoir conscience de la valeur de ce que l’on a utilise les bons moyens et il y a des personnes
entre les mains n’est ni évident ni naturel. Les dont c’est précisément le métier de faire de la
responsables de sites industriels, formés à être veille active et d’aller chercher dans le web abyssal
ouverts et transparents envers leurs clients, su- des informations extrêmement utiles. D’autre
bissent un choc lorsqu’on leur apprend que des part, quand une suspicion survient, là encore il
individus qu’ils ont rencontrés lors d’une visite convient de se tourner vers les services de l’État,
d’un site n’étaient pas là pour faire des affaires au qui eux peuvent compléter cette collecte d’infor-
sens où on le pensait… C’est une démarche aux mations ouvertes par des investigations poussées.
antipodes de celle qu’on leur demande d’avoir lors Mais aller dans une voie illégale risque de très
de leur prise de fonction. Je dois dire que c’est une mal se terminer.
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facette de la sûreté sur laquelle nous ne sommes
pas encore parfaits en dépit des efforts consentis. P.C. : Si vous me permettez une remarque un tout
Nous organisons des séminaires de formation à petit peu cynique, songeons déjà à ce que l’on peut
la sûreté avec l’aide de prestataires privés spécia- faire avant d’envisager autre chose... Pour Vallou-
lisés, et destinés à l’ensemble des collaborateurs rec comme pour de nombreuses autres entre-
du groupe. Nous formons également bon nombre prises, on part d’un niveau de conscience des
de services à la gestion et à la communication de risques assez peu élevé. Donc, pensons à la
crise. palette des solutions légales avant de se tourner
vers ces moyens illégaux. D’ailleurs, la D2IE a
M.P. : Dans cette démarche préventive, une fois que l’en- développé de manière très utile un réseau par
treprise a eu des remontées d’informations ou de signaux lequel les directeurs des risques s’échangent des
faibles indiquant l’imminence d’une attaque, de quels ou- benchmarks, les meilleures pratiques… Nous
tils légaux et soutiens institutionnels dispose-t-elle pour n’allons pas réinventer la roue : nous partageons
s’en protéger ? les solutions, les manuels avec des entreprises
qui ne sont pas nos concurrents. À nous ensuite
P.C. : Pour le coup, l’arsenal juridique c’est le droit de nous assurer que tout est bien mis en œuvre
de propriété. Il faut simplement être conscient et de procéder à des audits pour ce faire. Il y a déjà
que nous ne sommes pas tenus de donner et d’ou- là des garanties d’une bonne protection.
vrir notre patrimoine. Et cela passe par des inter-
dictions d’accès, des filtrages, des contrôles M.P. : Que vous inspire l’arrêt du tribunal de
d’identité, des procédures basiques à l’époque as- Clermont-Ferrand le 26 septembre dernier qui a
sociées au vandalisme ou au terrorisme à travers condamné un salarié pour vol d’informations et abus de
le plan Vigipirate, mais pas autant à l’intelligence confiance à 3 mois de prison avec sursis et 3000 E
économique. d’amende ? Considérez-vous cette sanction insuffisante
pour s’avérer dissuasive ?
M.P. : À travers ma question, je faisais référence au
récent cas d’une entreprise énergétique qui aurait eu O.B. : Tout dépend de ce que vous appelez
recours à des moyens illégaux pour identifier la vraie « insuffisante ». Si vous estimez qu’il y a insuffi-
nature d’une menace qu’elle avait cru voir poindre. sance parce que l’incrimination en question fut
compliquée à caractériser pour l’événement, la ré-
O.B. : Je crois que sur ce point, d’une part, les ponse c’est la législation que nous avons élaborée
moyens de veille et de collecte d’informations ou- pour renforcer la protection du secret des affaires.
vertes sont plus élevés que ce que l’on croit. On Si, par contre, l’insuffisance induit que la peine est
trouve énormément de choses pour peu que l’on trop faible, c’est là un tout autre problème. Globa-

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lement, dans le droit pénal français, une condam- mais pas en matière de sûreté. Du coup, il faut
nation est en soi une sanction, au-delà de sa reconnaître que nous en sommes parfois réduits
dureté ou de son ampleur. Ensuite, le droit pénal à bricoler quelque peu.
français est très lié à l’acte commis et à la
personne qui l’a commis. On ne punira pas de la O.B. : Ce qui est intéressant, c’est de compléter
même manière un primodélinquant qu'un multi- cette loi par un certain nombre d’outils sur les-
récidiviste. Enfin, et ce fut excellemment dit par quels nous travaillons actuellement. Parmi ceux-
Maître Warusfel lors du colloque du CDSE le 1er là, l’autoévaluation du degré d’exposition et du
décembre, il n’y a pas que l’arme pénale pour degré de protection d'une entreprise face aux
dissuader et sanctionner quelqu’un. Une peine attaques, qui permettra au directeur des risques
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civile peut être extrêmement pénalisante pour ce ou à ses collaborateurs, avec une checklist élabo-
genre de cas où les sanctions financières peuvent rée, de mesurer son exposition aux attaques, donc
être très élevées. sa vulnérabilité, et les moyens de protection pour
Quand on parle d’insuffisance du droit pénal chaque type de risques : sur le capital, les sys-
français au regard de la montée en puissance des tèmes d’information, la réputation ou autre… C’est
attaques, c’est l’une des raisons nous ayant incité un outil qui est en train d’être développé infor-
à mener notre travail conduisant à l’élaboration matiquement et qui sera prêt dans quelques mois.
d’une loi sur la protection du secret des affaires, Nous allons également compléter cet outil avec
laquelle a deux volets : l’élaboration d’un « confi- un autre dispositif, d’ailleurs suggéré dans
dentiel entreprise », pour permettre aux entre- l’excellent Livre Blanc du CDSE4 : travailler avec
prises d’identifier leurs informations-clés, de les l’AFNOR sur une notion, non pas de certification
estampiller « confidentiel entreprise » pour les car ce serait trop lourd, mais de notation ou de
protéger de manière pertinente (documents process en matière de sécurité économique,
papiers dans les coffres, clés cryptées, liste de justement pour proposer un cadre objectif aux
destinataires des personnes pouvant y avoir entreprises. Je prends souvent l’exemple de ce
accès). C’est un dispositif facultatif proposé aux que j’ai vécu en tant qu'industriel pour améliorer
entreprises qui ressentent le besoin de mieux la sécurité au travail, avec des formations, des
protéger leurs informations essentielles. Il peut procédures, des piqures de rappel, etc. Il s’agit de
s’agir d’un fichier de clients pour une PME, d’un déployer un cadre similaire pour la sûreté, même
gros projet d’acquisition pour une multinationale s’il sera sans doute moins lourd que pour la sécu-
comme Vallourec. Le deuxième volet est la rité au travail.
nouvelle incrimination pénale d’atteinte au secret
d’affaire qui, de l’avis des entreprises, des policiers P.C. : La difficulté c’est bien le déploiement dans
et des magistrats, sera une incrimination plus l’entreprise, puisque la plupart des entreprises
facile à mettre en œuvre, qui touchera autant les d’une certaine taille ont déjà un comité des
auteurs des méfaits que les bénéficiaires. Cette risques et une direction des risques : mais c’est
législation est donc un outil juridique avec une encore assez top down. Pour certains risques, no-
partie préventive et une partie répressive. tamment d’accident graves, ou environnemen-
taux, cela redescend assez bien parce qu’il y a des
P.C. : Ce qui me parait central c’est cette idée de référentiels, des procédures, des pratiques et des
nous donner les moyens d’avoir un référentiel. audits. Mais il est vrai qu’en matière de sécurité
Nous avons énormément de référentiels qualité, économique, qui est une des problématiques

4
Décret n°2005-1739 du 30 décembre 2005 réglementant les relations financières avec l'étranger et portant application de l'article L. 151-3 du code monétaire et financier.

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évoquées lors des comités des risques, je ne sens O.B. : Pour compléter ce que font les services de
la même redescente. l’État, qui ne peuvent être partout à tout moment,
nous avons développé avec l’INHESJ5 un pro-
O.H. : On dit souvent que la diffusion de la culture sûreté gramme de formation de conférenciers en sécu-
est extrêmement dépendante de son PDG et de sa capa- rité économique. Ainsi, des collaborateurs de
cité à prendre le dossier en main. Quelle est votre impli- Vallourec, par exemple, pourront suivre ce pro-
cation personnelle en la matière ? gramme, afin d’aller eux-mêmes dispenser des
formations en sécurité économique dans les sites
P.C. : Il y a ma participation à certaines initiatives de l'entreprise, avec des exemples, avec du
en France et mon engagement au sein du comité concret. Je me projette dans quelques années,
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des risques. Il est difficile d’aller aussi loin qu’en mais ce qu’a décrit Philippe Crouzet concernant
matière de sécurité, ne serait-ce que parce que la la sécurité du travail, qui descend jusqu’à l’opé-
sécurité est vécue par chaque collaborateur de rateur de production, j’ai l'espoir de pouvoir le
l’entreprise, conscient de pouvoir être lui-même constater un jour en matière de sûreté. Je pense
victime d’un accident du travail. Un levier majeur que ce sera possible lorsque nous arriverons à dé-
de sensibilisation est l’exemplarité. On com- montrer, exemples à l’appui parce qu’il faut être
mence toutes nos réunions de reporting par un concret, que protéger son entreprise, c’est avant
point sécurité, y compris au niveau du conseil de tout protéger son emploi. Quand on observe des
surveillance. On ne pourrait pas le faire sur les entreprises qui sont attaquées de manière très
sujets de sûreté car les explications à donner sur forte, les dommages peuvent entraîner le licen-
pourquoi on fait cela et quels sont les individus ciement de collaborateurs. Mais cela prend du
concernés sont bien plus compliquées. Donc nous temps. Il y a vingt ou trente ans, les aspects de sé-
avons fait le choix de confier cela au directeur curité au travail n’étaient pas traités comme ils le
d’usine avec une régularité vérifiée par notre di- sont aujourd’hui. On essaie de mettre en place des
recteur des risques. Le directeur d’usine a une moyens pour que cela se diffuse.
responsabilité propre, en premier lieu juridique
puisqu’il a le droit de fermer l’usine ou d’interdire M.P. : En matière de lutte contre les fuites d’informa-
l’accès, de prendre un certain nombre de mesures tion, au-delà de la sensibilisation et de la formation, n’y
que n’ont pas le chef d’atelier ou le responsable a-t-il pas des efforts à consentir en amont, en identifiant
de ligne. Il faut qu’il soit conscient, informé, sen- des variables comportementales lors du recrutement ?
sibilisé et qu’on le mette en garde mais ça ne peut
être aussi intense qu’en matière de sécurité au P.C. : J’espère qu’on le fait. C’est toujours le cas des
travail. services généraux, car nous avons une rotation
importante des prestataires. C’est exactement
M.P. : Bénéficiez-vous du soutien en matière de forma- comme en matière de sécurité au travail : nous
tion de la part de certains services, la DCRI notamment ? sommes responsables dans l’hypothèse où un ac-
cident concernerait un sous-traitant sur un de
P.C. : Je crois que l’on commence, notamment en nos sites et que nous n’aurions pas vérifié ni son
termes de formation sur les sites que l’on considère état au moment où il prend son poste, ni sa
comme les plus sensibles, particulièrement nos connaissance des règles de sécurité sur le site. En
sites fournisseurs de l’industrie nucléaire. Il y a là matière de sûreté on doit évoluer en ce sens. C’est
des choses qui se mettent effectivement en place. notamment fait pour les hommes et femmes de

5
Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice .

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ménage. Il y a peut-être une sensibilité accrue O.B. : C’est un classement un peu particulier,
pour les prestataires parce que nous avons beau- parce que l’on isole, à côté des secteurs écono-
coup d’histoires de corbeille de papiers etc… Pour miques classiques (métallurgie, nucléaire, auto-
la R&D, c’est fait depuis longtemps avec beaucoup mobile, etc.), les laboratoires de recherche publics.
de rigueur, ne serait-ce que pour les stagiaires. En effet, en 2011, pour la première fois, c’est cette
strate-là, qui, en valeur absolue, a subi davantage
M.P. : M. Buquen, vous avez publiquement regretté que d’attaques que les autres secteurs économiques.
Renault ait tardivement averti les autorités de l’État du Notre analyse est que les agresseurs vont de plus
cas d’espionnage présumé dont l’entreprise pensait être en plus en amont, pour capter l’innovation où elle
victime. S’agit-il d’un manque de régulation du monde se trouve, et où la protection pourrait être encore
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de la sûreté ou d’un manque de vigilance de la direction améliorée. L’un des axes que j’ai suivis depuis ma
générale ? nomination à la D2IE, est de travailler beaucoup
plus sur la recherche, publique ou non. Nous al-
O.B. : C’est difficile de répondre. Votre Président, lons accentuer nos efforts sur deux volets : com-
Alain Juillet, qui a présidé une mission sur Re- ment mieux protéger la recherche et comment la
nault, a sans doute davantage d’éléments que moi. valoriser auprès des entreprises afin de créer un
En tant qu’ancien chef d’entreprise, je dirais qu’il flux d’innovation publique en direction des
y a eu un défaut de contrôle de la part de la direc- entreprises.
tion générale, au sens contrôle des risques et
contrôle des procédures du service de sûreté de M.P. : Le décret de 2005 sur le contrôle des investisse-
Renault. Je pense que c’est un problème de ma- ments étrangers en France6 mérite-t-il d’être révisé,
nagement et d’organisation. C’est une tendance notamment pour élargir la palette des onze secteurs
générale que l’on peut également retrouver dans concernés ?
une banque pour la supervision de la direction
des crédits. O.B. : Nous sommes dans un cadre juridique très
contraint, qui est celui des traités européens.
M.P. : Vous expliquiez lors du dernier colloque annuel Depuis le traité de Rome en 1957, le principe est
du CDSE que pour la première fois en 2011, les labora- la libre circulation des capitaux à l’intérieur de
toires ont été davantage ciblés que les centres de produc- l’UE ou depuis l’extérieur. Ce qui était tout à fait
tion. Pouvez-vous nous en dire davantage ? logique en 1957 pour attirer les investisseurs, et

6
?.

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Dossier
qui reste aujourd’hui une nécessité de dévelop- marches-là. Par ailleurs, le FSI est rentré au ca-
pement pour notre pays et les autres pays de l’UE. pital de CGG Veritas et de Technip. Il y a donc éga-
Cependant nous sommes moins bienveillants lement une notion sectorielle relative à tout ce qui
quand ce sont des investissements de nature touche à l’univers du pétrole et de la recherche
agressive. Mais le cadre des traités raisonne uni- pétrolière dans lequel la France a des compé-
quement par exception. Le principe, c’est la libre tences particulières et qui fait l’objet d’une atten-
circulation, et les exceptions qui permettent de tion particulière de l’État. Je crois que le message
contrôler les investissements sont limitativement a été reçu par tout le monde et n’a choqué per-
précisées et très liées aux questions de sécurité sonne puisque c’est un domaine dans lequel
nationale. C'est d'ailleurs la grosse différence avec beaucoup d’États ont des positions souveraines.
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les États-Unis qui n’ont pas ce type de contrainte
légale. Ils ne sont pas sur une liste définie de M.P. : Les entreprises peuvent être réticentes à révéler
secteurs, mais ils défendent une vision plus les cas d’espionnage ou de fuite d’informations. Ne fau-
subjective de l'intérêt ou de la sécurité nationale. drait-il pas imaginer un guichet unique confidentiel où
Cela étant, le système est là aujourd’hui et on les entreprises pourraient partager leurs expériences
s’efforce de l’appliquer au mieux. On agit égale- pour renforcer mutuellement leur sécurité ?
ment en matière de prévention des investisse-
ments agressifs, grâce au fonds souverain O.B. : C’est parfois vrai en effet. Ce que l’on essaie
français, le FSI, qui est un moyen de veiller sur le de faire comprendre justement, et cela fait partie
capital des entreprises. de notre travail, c’est que les entreprises peuvent
s’adresser aux services de l’État dans un cadre ul-
M.P. : De ce point de vue, qu’est-ce que le FSI a apporté traconfidentiel, et même accepter le lancement
à une entreprise comme Vallourec ? d’investigations et de procédures judiciaires dans
un cadre tout aussi confidentiel. Cela fait aussi
P.C. : Je crois que la présence du FSI au capital de partie de ce que promeuvent la D2IE, la DCRI, la
Vallourec c’est avant tout un signal. Le Président gendarmerie. On entend beaucoup de choses, on
de la République a employé ce terme. C’est un si- vient nous dire beaucoup de choses et l'on essaie
gnal que c’est une entreprise importante à divers de partager nos connaissances dans le strict res-
titres, à la fois dans son patrimoine industriel, pect de la confidentialité.
technologique et dans sa participation à quelques
secteurs sensibles. C’est moins la dimension de P.C. : Oui, ce n’est jamais très agréable d’aller dire
la présence du FSI dans notre capital, qu’un signal que nous n’avons pas été bons parce que nous
émis. avons subi une attaque, mais franchement, dans les
quelques cas que j’ai connus, les secrets sont bien
M.P. : Un signal émis à l’endroit de pays étrangers plus gardés. Nous n’avons pas l’impression de prendre
particulièrement ? des risques lorsque l’on se tourne vers l’État.

P.C. : Je pense que dans l’esprit c’est cela. Cela ne O.B. : Nous allons d'ailleurs anonymiser des cas
signifie pas qu’aucune alliance ne sera jamais d’attaques pour ensuite les utiliser à des fins de
possible, mais que ça ne peut se faire que dans le pédagogie, afin de "décomplexer" les entreprises
respect d’un certain nombre de règles, avec un qui ont ce genre de réticences à partager leurs ex-
équilibre, voire une réciprocité. Ce sont des règles périences.
de convenance commerciale qui ne visent pas de
pays particulièrement désignés par ces dé- P.C. : Là aussi, le parallèle avec la sécurité au

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travail est assez clair. Il y a vingt ou trente ans, tiennent les antennes de gendarmerie sont en
quand nous avions un accident de travail, on le grande partie destinées aux PME. Nous avons
cachait. Maintenant, au contraire, on publie nos ainsi touché 70 000 personnes en 2010 à travers
résultats et on les montre à nos actionnaires. Plus les formations dispensées par les services de
on est transparent, plus on montre les marges de l’État. Je ne connais pas la proportion mais ce sont
progression à accomplir. plutôt majoritairement des PME. En Lorraine, une
enquête de la Chambre de commerce régionale a
O.H. : Vis-à-vis de vos salariés, seriez-vous prêt à montré que 75 % des entreprises de Lorraine,
communiquer des données, sans préciser le site ou les grandes et petites, avaient entrepris une dé-
individus impliqués ? marche d’identification de leurs informations
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sensibles et que 57 % d’entre elles avaient même
P.C. : C’est même plus précis que cela. Lorsque déployé des mesures de protection. Certes, on
l’on fait l’objet d’une attaque, le directeur de site n'est pas encore à 100 %, mais on progresse. Là
réunit un certain nombre de collaborateurs et re- encore dans notre projet de formation de confé-
late ce qui est arrivé et pourquoi. Les directeurs renciers, il y a certes des salariés de grands
des autres sites sont avertis de la survenue d’une groupes, mais il y aura aussi des personnes qui
attaque afin de se montrer vigilants à leur tour. travaillent dans les Chambres de commerce, dans
C’est comme en matière de sécurité. Il faut que les fédérations professionnelles, dans les clubs
l’on partage les expériences, que les directeurs de d’entreprises et qui elles, iront former leurs PME
site soient tous au courant. Cela fait partie de la adhérentes à la sécurité économique. n
transmission des meilleures pratiques. En ma-
tière de sécurité, nous sommes immédiatement Entretien réalisé par Olivier Hassid & Mathieu Pellerin
avertis du moindre accident de travail sur l’intra-
net. En matière de sûreté, le reporting est davan-
tage réalisé dans le cadre de réunions parce qu’il
s’agit surtout de décrire ce qui s’est produit de
manière formelle. C’est un prérequis pour ensuite
progresser.

M.P. : Qu’en est-il des PME ? Ont-elles les mêmes portes


d’entrée que les grandes entreprises pour accéder aux
services de l’État ? Par ailleurs, parmi les formations que
l’État dispense, quelle est la part réservée aux PME, qui
sont tout de même le cœur de l’innovation dans le pays ?

O.B. : J’ai à cœur, en tant qu’ancien élu local et


ancien chef d’entreprise, d’aller sur le terrain.
J’en suis à ma seizième région française visitée.
J’ai pu constater que les services de l’État en
région sont à la disposition des entreprises et
particulièrement des PME. Les directions écono-
miques régionales réalisent un travail d’appui
étatique important. Et les conférences que

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