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ANALYSE
− L'article 4 de la loi crée l'obligation pour les FAI (Fournisseurs d’Accès à Internet), au
nom de la lutte contre la pédopornographie, de bloquer l’accès à certains sites figurant
sur une « liste noire » qui leur est fournie par l'OCLCTIC. L'élaboration de cette « liste
noire » est confiée à la « plateforme PHAROS », chargée d'extraire les adresses à bloquer
de la masse des signalements qu’elle reçoit. Alors que l'Assemblée nationale avait préféré
confier à un juge d'instruction le pouvoir d'ordonner le filtrage de certains sites, le Sénat a
rendu, conformément à ce qui était initialement prévu dans le texte, cette prérogative à une
autorité administrative, l'OCLCTIC. Une sanction de 75.000 € est prévue à l’encontre des
FAI en cas de manquement.
Le gouvernement entend vraisemblablement engager plus avant la
responsabilité civile et pénale des FAI et se passer du pouvoir judiciaire.
Car la législation française permet d'ores et déjà à ce dernier d’imposer à
un FAI la suppression d’un contenu à caractère pédopornographique. La
« loi pour la confiance en l'économie numérique » (du 21 juin 2004)
sanctionne les FAI qui n'ont pas retiré au plus vite les contenus qui leur ont
été signalés comme illicites. En outre, l'article 227-23 sur les violences
faites aux mineurs est complété par la loi du 5 mars 2007 visant à réprimer
certaines pratiques liées à l'usage d'internet « mettant en péril » les
mineurs. La LOPPSI 2, vient donc doubler, en le modifiant néanmoins, un
dispositif déjà existant ; elle souligne ainsi les enjeux politiques du filtrage
d'Internet que dissimule l'argument commode de la lutte contre la
pédopornographie (un argument d'autorité). On peut en effet se demander
si le filtrage de la pornographie infantile ne constitue pas une sorte de
« cheval de Troie » permettant d'étendre le contrôle de l'Etat sur les usages
d'Internet et, de fait, sur les citoyens.
1 On pouvait ainsi lire dans le projet de loi LOPSI 1 de 2002 : "afin de réduire les charges dues aux gardes statiques,
les dispositifs de vidéosurveillance des bâtiments seront accrus ; le transfert de ces gardes au secteur privé et à des
agents relevant d’autres statuts sera développé partout où cela sera possible".
droit à la vie privée, doit être soumise au contrôle d’une autorité
administrative indépendante. A cet égard, la commission de contrôle de la
vidéosurveillance ne présente pas les conditions d’indépendance lui
permettant de garantir les droits et libertés publiques des personnes. Il
aurait été préférable de confier à la CNIL la responsabilité du contrôle de
l’utilisation de la vidéosurveillance, ainsi qu’elle l’avait sollicité et que le
rapport du Sénat intitulé « La vidéosurveillance, pour un nouvel
encadrement juridique » le préconisait." (p.4). Si les différents examens du
projet de loi ont permis la réintroduction de la CNIL dans le dispositif de
contrôle de la conformité des usages de la vidéosurveillance à la loi, celle-
ci offre néanmoins peu de garanties quant aux moyens réels alloués à ce
contrôle.
− Une majorité qualifiée de copropriétaires peut décider de transmettre en temps réel les
images de caméras installées dans les parties communes d'un immeuble aux services de
police, « lors de circonstances faisant redouter la commission imminente d’une atteinte
grave aux biens ou aux personnes »...
− La LOPPSI 2 autorise « l'expérimentation », pendant trois années, de scanners corporels
dans les aéroports.
2 Créé par la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 « pour l’égalité des chances », le « contrat de responsabilité parentale »
peut être conclu entre le Président du conseil général et les familles réputées « en situation de difficulté éducative »,
en cas d’absentéisme scolaire par exemple. Le président du conseil général est informé de ces situations par
l’inspection d’académie, le chef d’établissement d’enseignement, le maire de la commune, la CAF...
− La distribution d'argent sur la voie publique à des fins publicitaires est condamnée.
− Les sanctions encourues pour « vente à la sauvette » sont alourdies (jusque là une
contravention de 4ème classe, désormais 6 mois de prison, 3.750 euros d'amende, et la
confiscation du matériel saisi)
− Une nouvelle incrimination « d'exploitation de la vente à la sauvette » est créée sur le
modèle de l'incrimination « d'exploitation de la mendicité » ou de « proxénétisme ».
− Une contravention de 5ème classe sanctionne les rassemblements dans les halls
d'immeubles.
− Une peine complémentaire de confiscation obligatoire de leur véhicule peut être
prononcée à l'encontre de conducteurs dans certaines circonstances.
− Les policiers municipaux sont habilités à procéder à des contrôles d'identité.
− L'Etat peut sous-traiter à des entreprises privées le transport de personnes sans-papier vers
des centres de rétention.
− La loi accroît les possibilités de recourir à la visioconférence pour les auditions et les
interrogatoires de personnes incarcérées ou détenues en centre de rétention.
− La réserve civile de la police nationale créée en 2003 voit son recrutement élargi à tout
volontaire, y compris étudiant, alors qu'elle était jusque là constituée de retraités de la
police.
− Au nom du « risque grave d’atteinte à la salubrité, à la sécurité, à la tranquillité publiques »,
les habitants de logements non conformes au code de l'urbanisme (camions aménagés,
tentes, yourtes…) peuvent être expulsés sous 48 heures sur décision du préfet et sans passer
par un juge.
− Les mineurs récidivistes gardés à vue peuvent être envoyés devant le tribunal pour enfants
sans passer par le bureau du juge pour enfants.
− L'échange d'informations entre services de l'Etat et organismes de protection sociale
est accru au nom de la lutte contre la fraude aux aides sociales.
− Les personnes naturalisées depuis moins de dix ans ayant causé la mort d’un dépositaire de
l’autorité publique peuvent se voir déchues de la nationalité française.
− Les jurys d'assises peuvent prononcer une interdiction de territoire pour les étrangers
coupables de crime (réinstauration de la « double peine » abolie en 2003).
− Des « peines-plancher » sont instaurées pour les primo-délinquants auteurs de violences
aggravées.
− Le port du bracelet électronique peut être imposé sur décision administrative aux étrangers
en voie d'expulsion.
− Le suivi socio-judiciaire est étendu aux récidivistes ayant été condamnés à 5 ans de prison,
et l'usage du bracelet électronique est systématisé.
Les auteurs de crimes sur des représentants de l'autorité publique sont condamnés à des peines
incompressibles.