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19/05/2019 Au sud du Brésil, l’œnotourisme prospère - Le Figaro Vin

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Au sud du Brésil, l’œnotourisme prospère


Publié le 01/05/19 par Sebastien Lapaque

À Bento Gonçalves, dans le Rio Grande do Sul, l’œnotourisme se développe


autour du souvenir de l’immigration italienne et de vignerons passionnés qui
défendent des cépages autochtones, tel l’emblématique peverella.
A 120 km au nord de Porto Alegre, Bento Gonçalves est une ville de 100 000 habitants avec des maisons aux
murs de basalte, des vallées vertes comme la Bavière, des pluies aussi abondantes qu’au Pays basque et des
vignes conduites en espaliers sur presque tous les coteaux. Loin de Rio de Janeiro, de ses plages de sable fin et
de ses beautés bronzées, les caminhos de pedra (ou "chemins de pierre") construits dans la plus pure tradition
des voies romaines, nous font entrer dans un autre pays, un Brésil simple, rural et attachant que l’on ne
connaissait pas.

Ce sont des immigrés italiens venus du Tyrol du Sud, du Trentin et de Vénétie, installés dans la région à partir de
1875, qui ont défriché, pavé les chemins de terre, bâti des maisons et planté la vigne par ici. "Ils ont notamment
introduit le trebbiano (l’ugni blanc français), le peverella et le teroldego ", explique Luiz Henrique Zanini, parfait
vigneron au sens où l’entendait le naturaliste Pline l’Ancien, qui identifie le trebbiano sous le nom Vinum
trebulanum dans Histoire naturelle. Un cépage résistant aux maladies qui se portait plutôt bien dans les zones
montagneuses du nord de l’Italie. Toute l’histoire de la viticulture à Bento Gonçalves, depuis l’origine, est
une affaire d’adaptation à un climat humide, avec des maturités souvent tardives.

Ville de référence de l’œnotourisme


L’hydrométrie élevée et l’ensoleillement parfois déficient de la Serra Gaúcha, la formation
montagneuse accidentée au creux de laquelle est établi Bento Gonçalves, ont poussé certains producteurs à
chercher d’autres régions pour s’étendre ou s’installer, plus au nord, à São Joaquim, dans l’État de Santa
Catarina, ou à l’extrême sud du pays, dans la Serra do Sudeste et la Campanha, deux régions viticoles en pleine
expansion, établies le long de la frontière uruguayenne. "La Campanha est traversée par le 31e parallèle
sud, qui sillonne également les meilleurs terroirs d’Afrique du Sud, d’Australie, du Chili et
d’Argentine", observent ainsi Gladistão Omizzolo et Rosana Wagner, un couple d’œnologues passionnés, qui ont

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créé dans la région la vinícola Cordilheira de Sant’Ana après avoir longtemps travaillé pour Pernod-Ricard, le
numéro deux mondial des vins et spiritueux, bien présent au Brésil à travers le gin artisanal Amázzoni et la
cachaça Janeiro.

Mais Bento Gonçalves demeure Bento Gonçalves, la ville de référence de l’œnotourisme et la capitale du vignoble
brésilien, qui compte aujourd’hui près de 90 000 hectares de vignes, contre 225 000 pour l’Argentine et 214 000
pour le Chili. 85 % du vin national est produit dans la Serra Gaúcha. Le long de "Vallée des vignobles ", sont
installées les maisons les plus prestigieuses : Miolo, Casa Valduga, Vallontano, Lidio Carraro,
Angheben, Pizzato, Salton, Dal Pizzol et la cave coopérative Aurora.

Branche du groupe de luxe français LVMH, qui possède également une bodega argentine à Mendoza, au pied de
la cordillère des Andes, Chandon do Brasil est installé depuis 1973 dans la ville voisine de Garibaldi, où ses chais
sont dédiés à la production de vins effervescents.

Ce marché progresse de 10 % chaque année au Brésil. Comme partout dans le monde, les sparkling wines sont
une porte d’entrée idéale dans le monde du vin pour les membres des classes moyennes émergentes qui
découvrent ses plaisirs. De nombreux producteurs brésiliens sont tentés de se positionner sur ce
secteur en expansion.

Il y a quatre décennies, c’est Chandon qui a initié le mouvement, avec du pinot noir et du chardonnay, dans la
plus pure tradition champe- noise, mais également avec du riesling itálico, un cépage blanc sec adapté aux
climats chauds qui donne une touche locale à une partie des 3 millions de flacons de la maison. Peut-être même
plus, selon certains de ses voisins qui évoquent plutôt 5 millions de litres produits chaque année. On ne prête
qu’aux riches.

Sur le marché des bulles, les principaux concurrents de Chandon Brasil sont Salton et Casa Valduga,
deux maisons anciennement établies à Bento Gonçalves qui ont adapté leurs structures à la grande guerre
économique du XXIe siècle. Désormais, leur objectif commun n’est plus simplement de fournir 75 % du marché
intérieur mais de devenir « le producteur de référence du vin effervescent en Amérique du Sud », comme
l’explique Segundo Diego Bertolini, de l’Institut brésilien des vins (Ibravin).

"Une identité, un chemin, une histoire "


Œnologue de Vallontano, qui produit 60 000 flacons par an, Luiz Henrique Zanini observe tous ces
mouvements avec un peu d’inquiétude : "L’organisation contemporaine de la viticulture brésilienne n’a pas
50 ans. Je ne voudrais pas qu’elle ait perdu son âme avant d’être arrivée à l’âge adulte." En 2008, les premiers
vins bénéficiant de la "Denominação de Origem (DO) Vale dos Vinhedos", l’unique indication d’origine du vin
national, ont été mis en bouteille. La lecture du cahier des charges permet de savoir que cette AOC à la mode du
Brésil a été établie selon les standards du vin international moqués par le cinéaste américain Jonathan Nossiter
dans Mondovino.

"En 2006, quand Jonathan est venu présenter son film à Bento Gonçalves, il nous a alertés sur la direction
qu’était en train de prendre la viticulture brésilienne. Dans la Serra Gaúcha, elle est formée de maisons
familiales qui travaillent des surfaces moyennes et ont acclimaté des cépages dédiés à des conditions
géographiques et climatiques très particulières depuis la fin du XIXe siècle. Notre modèle, ce n’est pas
l’Argentine ou le Chili."

Luiz Henrique Zanini, qui s’est également associé avec Álvaro Escher pour créer Era dos Ventos, un domaine de
2 hectares, où il produit annuellement 5 000 bouteilles de grande qualité, est un militant du peverella. Introduit
dans la Serra Gaúcha dans les années 1920, ce cépage d’origine italienne était majoritaire dans la région jusque
dans les années 1970. Il a été arraché pour planter du chardonnay. Il a disparu d’Italie et ne subsiste qu’au
Brésil, sur d’infimes surfaces, 8 hectares selon le dernier registre, 14 hectares au maximum. Boire une
bouteille de peverella est un privilège insigne. Luiz Henrique Zanini l’utilise pour produire un vin
effervescent et un vin orange - vin de « quatrième couleur » obtenu par macération du jus de raisin blanc avec
les peaux. "Il existe une identité, un chemin, une histoire profonde du vin brésilien que nous voulons
redécouvrir", insiste Luiz Henrique Zanini, artisan passionné qui cultive à la fois l’art du vin et le sens du combat.

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Carnet de route

Y aller :

TAP Air Portugal (0820 319 320. www.flytap.com) dessert Porto Alegre au départ de Paris (Orly 1), Bordeaux,
Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Toulouse et, dès le 30 mars, Bâle-Mulhouse, via Lisbonne, avec un vol quotidien.
Cette compagnie aériennequi a revu toutes ses prestationsà la hausse est la plus pratiquepour se rendre à Porto
Alegre, visiter le Rio Grande do Sul et la "Vale dos Vinhedos". Elle dessertégalement neuf autres villes du Brésil.
Vol aller et retour en classe économique à partir de 567 euros, en classe executive à partir de 2 788 euros.

De Porto Alegre à Bento Gonçalves, il y a environ 2 heures de route en voiture et 3 heures en car. Compter 20
minutes entre l’aéroport international de Porto Alegre et la gare routière, dans le centre.
www.buscaonibus.com.br/

Se loger :

Villa Tuiuty (BR-470, km 204, Tuiuty, (3458 1720. villatuiuty.com.br). À 10 km de Bento Gonçalves, de
luxueux chalets de bois et de pierre au milieu des arbres, propriété de famille de Sônia e Roberto Da Ré, qui
résident sur place et reçoivent leurs hôtes avec chaleur. À partir de 70 € par personne avec le petit déjeuner.

Bonne table :

Casa Vanni, Linha Palmero, 44, Bento Gonçalves (54 3455 6383. casavanni.com.br). Au cœur des Caminhos de
Pedra, dans une maison aux murs habillés de bois typique de la colonisation italienne, un restaurant, un bar et
une belle cave à vins où l’on trouve les meilleures références de la région. À partir de 20 € par personne.

Mots-Clés : Production | Histoire

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