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Chapitre 4 : Croissance avec créations / destructions

Anne Epaulard

Automne 2020

Anne Epaulard MacroeconomiE Automne 2020 1 / 31


1 Introduction - Faits Stylisés

2 Un modèle de croissance par création - destruction

3 Implications pour la politique économique

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La croissance est en grande partie le résultat d’innovations
Dans le chapitre 3 (croissance avec variété de produits) les
innovations apportent de nouveaux produits avec une différenciation
horizontale des produits
I Le surcroı̂t de différenciation génère de la croissance
I Les nouveaux produits ne remplacent pas les plus anciens.
Dans la réalité, la croissance est aussi le résultat des innovations qui
améliorent la qualité des produits (différentiation verticale). Dans ce
cas, les nouveaux produits remplacent les anciens produits.

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La destruction créative : Joseph Schumpeter dans Capitalisme, Socialisme
et Démocratie, 1942
L’introduction d’innovations par les entrepreneurs est la force qui
soutient la croissance économique de long terme, même si les
innovations détruisent la valeur d’entreprises déjà en place et qui
bénéficient d’un certain pouvoir de monopole.
Le surcroı̂t de différenciation génère de la croissance
La menace d’entrée sur le marché discipline les entreprises en place et
les force à rester concurrentielles assurant qu’elles investissent leurs
profits dans de nouveaux produits et de nouvelles idées
Schumpeter pensait que c’était cette incitation permanente à innover
qui faisait du capitalisme les meilleurs système économique

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Les données montrent que les processus de création /
destruction est un phénomène massif qui joue sur la
productivité agrégée

Source: Turner (2013)

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Créations et destruction d’emplok en France, en Allemagne
et aux Pays-Bas 2003 - 2007

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Entrées et sorties d’entreprises en France, en Allemagne et
aux Pays-Bas 2003 - 2007

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Sortie des entreprises dans l’Union Européenne avant et
après la crise financière de 2008 - 2009

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Le modèle d’Aghion et Howittl

Modèle de croissance basé sur le processus ”Schupéterien” de


création - destruction.
La croissance résulte exclusivement du progrès technique, qui lui
même vient de la concurrence entre les firmes qui font de la recherche
qui mène à l’innovation. .
Chaque innovation se traduit par un nouveau bien intermédiaire qui
permet une production plus efficace que ce qui était permis
auparavant.
Les firmes qui font de la recherche sont motivées par la possibilité de
générer une rente de monopole si la recherche est brevetée.
Ces rentes seront à leur tour détruites par une autre innovation ...
Source: Aghion, Howitt, 1992

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Principale référence

- Aghion, Howitt (2009), Chapitre 4, L’économie de la croissance


- Aghion Howitt (1992) ”A model of growth through creative
destruction” Econometrica, Vol 60(2)

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1 Introduction - Faits Stylisés

2 Un modèle de croissance par création - destruction

3 Implications pour la politique économique

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LEs principales briques du modèle
Beaucop de similarités avec le modèle de Romer (1990) avec variété de
biens.
Nous en étudions une version simplifiée du modèle d’Aghion - Howitt (1
seul bien intermédiaire)
1 économie à 3 secteurs :
Le secteur du bien final : (i) inputs : biens intermédiaires et travail et
(ii) output: bien final (iii) concurrence parfaite
Le secteur du bien intermédiaire : (i) input: bien final (ii) output:
bien intermédiaires (iii) concurrence monopolistique
Secteur de la recherche : (i) la probabilité de succès dans la recherche
dépend de la quantité de recherche entreprise (+) et du niveau de
recherche déjà atteint (-) (ii) concurrence parfaite
Les ménages : 1 ménage représentatif qui maximise son utilité
inter-temporelle (pas de désutilité du travail)

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Ménage
Le programme de maximisation
Z ∞
Max = u(C (t))e −ρt dt
0

C 1−ε − 1
u(C ) =
1−ε
r : Le taux d’intérêt
L’équation d’accumulation du capital :
dS
= rS + wL − C
dt
Sur le sentier de croissance optimal, le taux de croissance de la
consomation est
r −ρ
gC =
ε
(pas de croissance de la population)
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La fonction de production du secteur du bien final

Yt = L1−α x α
Y est la valeur ajoutée du secteur du bien final, x est la quantité du bien
intermédiaire utilisé par le secteur du bien final

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La fonction de production du bien intermédiaire et le PIB

La production d’une unité de bien intermédiaire nécessite une unité du


bien final.
x =x
PIB

PIBt = Yt − Xt
et (parce qu’il n’y a pas de capital dans l’économie, et donc pas
d’investissement en capital)

Ct = GDPt et gC = gY = g

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Prix du bien intermédiaire et salaire

Le secteur du bien final est en concurrence parfaite ⇒ le prix du travail (le


salaire) et le bien intermédiaire sont rémunérés à leur productivité
marginale.

pt = L1−α αx α−1
p = prix d’une unité du bien intermédiaire (en terme du prix du bien final,
p=1)

wt = (1 − α)L−α x α

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Maximisation du profit dans le secteur du bien
intermédiaire

Concurrence monopolistique ⇒ la firme choisit de produire la quantité x


qui, au prix p, maximise son profit

Πt = pt xt − xt = α(At L)1−α xtα − xt


La maximisation (par rapport à x) donne
2
xt = At Lα (1−α)

Πt = πAt L
1+α
avec π = (1 − α)α 1−α

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Production dans le secteur du bien final et PIB


Yt = α 1−α At L


PIBt = α 1−α 1 − α2 At L


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Le secteur de la recherche
A chaque période, un ou une entrepreneur a l’opportunité de mener un
projet de recherche pour innover. Si il ou elle réussit la productivité totale
des facteurs devient :

At = γAt−1 with γ > 1


Et, en cas d’échec du projet

At = γAt−1
La probabilité de succès (µ) dépend du montant investit dans le projet de
recherche
 σ
R
µt = λ with σ > 1
γAt−1
Quand le projet de recherche a réussi, le nouveau bien intermédiaire
remplace l’ancien : l’innovation est drastique

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Le profit dans le secteur de la recherche

Quand un entrepreneur succède dans son projet de recherche, il apporte un


nouveau bien intermédiaire et devient le producteur de ce bien
intermédiaire.

Si le projet de recherche n’aboutit pas à une innovation, la production du


bien intermédiaire est allouée aléatoirement à un autre producteur (pas
nécessairement celui de la période précédente).

L’espérance de profit du projet de recherche (et de l’entrepreneur)


 σ
∗ R
µΠt − Rt = λ Π∗t − Rt
γAt−1

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Probabilité de réussite du projet

La dépense de recherche optimale (maximisation de l’espérance de profit


par rapport à R) est :

Rt 1
= (σλπL) 1−σ
γAt−1
ce qui conduit à la probabilité de succès
1 σ
µ = λ 1−σ (σλπL) 1−σ

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3 externalités des innovations

La rente de monopole qui revient à l’entrepreneur / chercheur qui


réussit est inférieure au surplus qu’il génère pour l’économie
Chaque innovation accroı̂t A, ce qui réduit le rendement de la
recherche future
Destruction de l’innovation précédente

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Le taux de croissance de l’économie (1)

Le PIB croit au même taux que A


A chaque période, il y a la probabilité µ que A croisse de
γAt−1 − At−1
gA = = (γ − 1)%
At−1

et la probabilité (1 − µ) que gA = 0
Le taux de croissance de l’économie est alors
1 σ
E (gA ) = λ 1−σ (σπL) 1−σ (γ − 1)

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Le taux de croissance de l’économie (2)

1 σ
g = E (gA ) = λ 1−σ (σπL) 1−σ (γ − 1)

Le taux de croissance dépend de l’efficacité dans le secteur de la


recherche λ
de la taille des innovations radicales γ
et de la taille de la population L

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1 Introduction - Faits Stylisés

2 Un modèle de croissance par création - destruction

3 Implications pour la politique économique

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Subventionner la R&D ?

De nouveau, du fait des externalités, l’équilibre décentralisé diffère de


l’équilibre centralisé.
Cependant, dans le modèle de croissance avec création / destruction,
du fait d’externalités positives et négatives, on peut imaginer des cas
où il y a trop de recherche dans l’équilibre décentralisé.
Subventionner la recherche n’est pas nécessairement la politique
optimale

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Que savons nous des rendements de la R&D ?

Le rendement privé est probablement élevé dans les pays riches (de
l’ordre de 20-30%), et certainement plus élevé que le rendement du
capital physique.
L’écart entre le rendement privé et public est difficile à mesurer.
Certains disent que le rendement public serait de l’ordre de 2 à 3 fois
supérieur à celui du rendement privé (Sveikaukas 2007, Bloom et al.
2013).....ce sordres de grandeurs justifieraient une subvention à la
recherche privé

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Les subventions et les aides fiscales à la R&D

source : IMF (2016)


Incitations fiscales : concernent en général tous les secteurs
Subventions : permettent de cibler des secteurs ou des entreprises
spécifiques

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Complementarités entre R&D publique et privés ?

source : IMF (2016)


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Autres politiques

Protéger les individus pas les emplois (flexisécurité)


Institutions qui promeuvent la croissance par l’innovation sont propres
au niveau de développement (économies ”en rattrapage” vs
économies à la frontière technologiques ) (cf. Acemoglu, Aghion and
Zilibotti, 2006)
I Les économies en rattrapage : besoin de grandes entreprises qui
permettent d’adapter les technologies existantes aux caractéristiques de
leur pays. ( le sgrandes firmes permette,t d’avoir des économies
d’échelle). Comme le risque est limité (on sait où on va) : relations de
long terme entre les firmes et les banques.
I Economies à la frontière : la croissance vient de l’activité de recherche
des firmes, cette activité est risquée ⇒ le capital-risk serait mieux
adapté que le financement bancaire ; les Etats ne sont pas
nécessairement bien placé pour identifier les ”winner” : besoin de
concurrence dans les activités de recherche et sur les marchés des biens
et services.

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Innovations non drastiques, concurrence, brevets
Si une innovation n’est pas assez radicale, elle peut être imitée par des
concurrents ..., cela réduit le prix des nouveaux biens intermédiaires et le
profit lié à l’innovation est réduit. Trop de concurrence dans le secteur des
biens intermédiaires peut réduire l’intensité de la recherche dans
l’économie ....et donc le taux de croissance de l’économie.
Combinaison idéale : concurrence élevée + protection par des brevets

source : Aghion - Howitt (2010)


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