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DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Jeudi 6 oct. 2011

INTRODUCTION
La construction européenne tend à l’unité de l’Europe par les moyens de droit. Ce processus peut être validé par deux méthodes.
- une méthode d’intégration : qui consiste à intégrer les États aux organisations internationales. Elle impose aux États de
consentir des transferts de souveraineté au profit d’organisations internationales ou d’organes gouvernementaux.

C’est une méthode dérogatoire au droit international classique, qui est plutôt :
- une méthode de coopération. Les États restent maitres de leur souveraineté mais ils s’engagent à respecter certaines
orientations qui auraient pu être décidées en commun.
Pour ce qui nous concerne la coopération européenne s’est faite des deux manières.

Remarque importante : ne pas confondre l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe. Le Conseil de l’Europe a été institué par
le traité de Londres, 5 mai 1949. C’est une organisation de coopération qui s’entend à l’ensemble des domaines à l’exception de
la défense. En outre ce Conseil de l’Europe comporte 47 membres, bien plus large que l’UE. Il est à l’origine de plusieurs
conventions, la plus importante étant la CESDH, signée en 1950, entrée en vigueur en 1953, qui est protégée par un mécanisme
juridictionnel qui permettra à tout individu de saisir la cour après épuisement des recours internes.

Doit-on parler de droit communautaire ou droit de l’Union Européenne ?


Il faut distinguer l’UE des communautés européennes. L’UE résulte du traité de Maastricht, signé en fév. 1992, entré en vigueur
en 1993. L’UE a été profondément refondée par le traité de Lisbonne en 1997, qui est entré en vigueur à la fin de l’année 2009.
Le traité de Maastricht indique que l’UE est fondée sur les communautés. L’UE englobe les anciennes communautés.

SECTION 1. LES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES


Il n’existait pas une mais trois communautés européennes. La première, instituée dans les années 50, les suivantes quelques années
plus tard. Suite à l’institution de ces communautés, elles ont profondément évolué avant de parvenir à l’UE.

§1. L’ INSTITUTION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES

A) LA CECA ( COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE DU CHARBON ET DE L ’ ACIER )


Elle a été voulue au début par Robert Schuman. Ce traité tendait à l’unification de la production et de la distribution du
charbon et de l’acier, dans le but d’unir les États entre eux. Cette union économique visait à éviter une future guerre.
Dès l’institution de ce traité a été développée l’idée d’une fédération européenne qui se voulait le résultat d’une intégration
progressive. Cette fédération n’a jamais abouti, et a mis du temps à se mettre en place.
Le traité a été signé à Paris le 18 avril 1951, entré en vigueur en 1952, qui regroupe six membres fondateurs : France,
Allemagne, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas. Ce traité a expiré en 2002 et le patrimoine de la CECA a été transféré à la
communauté européenne.
Cette 1ère étape a été fondamentale sur un plan institutionnel. On trouve en effet dans le traité CECA une assemblée,
ancêtre de l’actuel Parlement européen, une Cour de justice, un conseil des ministres, une haute autorité qui constituait une
institution originale. Elle était en effet indépendante des États et plus encore cette haute autorité était dotée de pouvoirs,
notamment un pouvoir décisionnel qui s’imposait aux États. Ce fut le premier organe d’intégration des États.

B) L A COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE EUROPÉENNE ET L ’EURATOM

Ces deux communautés ont été voulues par le Benelux qui souhaitait étendre la construction communautaire à l’ensemble
des secteurs de l’économie. Ils ont été signé à Rome le 25 mars 1957, ils mettent en place la communauté européenne de
l’énergie atomique désignée soit par CEA ou EURATOM, et surtout une communauté économique européenne.
On peut relever leur aspect institutionnel. Ces institutions sont peut être moins audacieuses qu’en 1950. La plupart des
institutions sont reprises du traité CECA, et cela va plus loin puisque les deux communautés disposent de deux organes communs :
l’assemblée et la Cour de justice. Il a fallu cependant attendre 1965 que les organes exécutifs soient fondus entre eux, traité de
Bruxelles du 8 avril 1965.

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La logique était une logique fonctionnaliste qui animait la construction européenne, ou encore un effet d’engrenage
(spill over effect) qui tenait au fait que la construction devait se faire de manière progressive et graduelle : matière après matière,
secteur après secteur, et ce pour au final englober les secteurs de l’économie.

§2. L’ ÉVOLUTION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES


Cette évolution se retrouve dès le traité de Rome, où les États ont déclaré vouloir une union sans cesse plus étroite entre
les peuples européens. Cette évolution est allée dans deux sens : de l’élargissement, évoquant l’arrivé de nouveaux États mais
aussi approfondissement ou enrichissement des communautés : elles sont devenues compétentes dans plus en plus de domaines.
L’union économique a été réalisée alors que l’union politique a été envisagée dès les années 1970.

A) L A RÉALISATION DE L ’U NION ÉCONOMIQUE

Les aspects matériels de l’UE : à la fin des années 1970 a été construit un grand marché commun qui s’est réalisé de
manière progressive. Dans un premier temps on a établi une union douanière entre les États qui impliquait la suppression des
barrières douanières, qui tend à instituer une zone de libre échange au sein des États et des communautés.
On peut relever aussi la mise en œuvre de politiques particulières, il s’agit tout d’abord de la PAC (politique agricole
commune) qui a été complétée par d’autres politiques : une politique communautaire des transports, une politique commerciale
commune vis-à-vis des pays tiers.
Des difficultés sont cependant apparues dès les années 1970. Une d’entre elles est à mettre sur le compte de la France, qui
a eu dès les années 60 une attitude anti-européenne. Elle s’est opposée plusieurs fois à l’adhésion du R-U notamment en 1963 et
1967 et surtout s’est opposée au mode de fonctionnement des communautés européennes, notamment le vote à la majorité au sein
du conseil, qui avait conduit la France à ne plus siéger aux institutions de l’UE, ce qu’on avait appelé à l’époque la politique de la
chaise vide. Cette difficulté a été résolue par une déclaration commune du 30 janv. 1966 dans laquelle les États considèrent qu’il
faudra mettre en place un vote à la majorité toute les fois que des intérêts très importants des communautés sont en jeu. Le vote à
l’unanimité sera préconisé en cas de difficulté d’entente entre les États.

Remarques.
Ce texte a permis de sortir d’une 1 ère crise européenne, or cette déclaration commune n’a pas de portée juridique car elle
ne modifie pas les traités. En revanche ce texte a eu une portée pratique considérable et politique. Le vote à la majorité va être
écarté.
La crise a permis une certaine relance de la communauté. Elle se caractérise par plusieurs idées  : une première vague
d’élargissement au 1er janvier 1973 qui a concerné le R-U mais aussi le Danemark et de l’Irlande.
Ça a consisté aussi à un premier approfondissement. On va évoquer l’union économique et monétaire pour la 1 ère fois, qui
tend à l’unification des politiques économiques nationales, c’est un objectif final qui passe par l’idée d’une monnaie commune, qui
avait déjà été évoquée dans les années 1970.
En 1972 va être créé le serpent monétaire pour limiter les flux entre les monnaies, qui va être considéré comme un
échec. Mais surtout une union économique et monétaire mise en place en 1979 qui tend à mettre en place une certaine parité et
stabilité des monnaies.
Le marché intérieur a été achevé dans les années 80, par l’Acte unique européen signé les 14 et 28 fév. 1986 entré en
vigueur le 1er juil. 1987. Portée de cet acte : il enlève les dernières entraves à la libre circulation ce qui permet l’achèvement du
marché intérieur, mais aussi expansion des compétences de la communauté et donc un nouvel enrichissement de celle-ci. Les
compétences de la communauté vont être étendus à 5 nouveaux domaines : la coopération politique et monétaire, la politique
sociale, la recherche écologique, l’environnement, la cohésion économique et sociale.
A cette époque va être mise en place la 2ème vague d’élargissement qui va inclure d’abord la Grèce en 1981 puis l’Espagne
et le Portugal en 1986.

B) L A VOLONTÉ D ’ UNE UNION POLITIQUE

Cette volonté a émergé depuis longtemps, depuis la mise en place d’une union économique, mais cette volonté d’union
politique a conduit à des échecs qu’on peut retracer, qui sont assez anciens. En 1951 va échouer une idée de communauté
européenne de défense par laquelle on voulait transférer les compétences en matière de défense à la communauté économique. Un
traité a été signé mais n’a pas été ratifié par tous les États notamment par la France.
En 1961 va être évoquée une idée de politique étrangère de défense commune qui impliquerait le suivi d’une méthode de
coopération entre les États : plan Fouchet, qui sera abandonné quelques mois plus tard.
Mais on a aussi constaté certaines avancées qu’on peut dater au début des années 1970 et c’est là que vont émerger les premières
formes de coopération politique entre les États, qui va être formalisée par un rapport, dit rapport Davignon, 27 octobre 1970 au
Luxembourg, qui a une porté considérable car pour la 1 ère fois est envisagée l’harmonisation des positions politiques sur la scène
internationale, permise par une consultation réciproque des différents États.

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On peut relever qu’à cette époque, d’autres évolutions vont dans ce sens : dans les années 70 va émerger le Conseil
européen, qui va prendre l’habitude de se réunir 3 fois par ans dès 1974, qui permet aux États de traiter d’affaires communautaires
entre eux mais aussi d’évoquer la coopération politique et ce au sein d’une institution spécialement créée à cet effet. On peut
également citer l’évolution liée au Parlement européen, les traités ayant été révisés en 1976 ce qui a permis l’élection des députés
européens au suffrage universel direct. Cette évolution en 1976 a été fondamentale pour l’avenir de l’Europe, elle a permis de
renforcer le Parlement européen d’une part et l’établissement quelques années plus tard d’ une citoyenneté européenne d’autre
part, ce qui permet l’établissement d’un lien avec une politique commune de manière plus claire.
Les années 70 ont permis de poser les bases d’une union politique, qui a abouti à l’Union Européenne.

SECTION 2. L’UNION EUROPÉENNE .


L’UE résulte avant tout du traité de Maastricht. Mais cela ne signifie pas que l’UE a été écartée des débats dans les
années 80. Avant le traité de Maastricht a été faite une déclaration solennelle sur l’UE adoptée en 1982 à Stuttgart qui va aboutir à
un projet traité, formellement adopté par le Parlement européen en 1984.
Ce projet reprend les grands traits de l’UE repris en 1992 : élargir les compétences de l’UE, aux politiques étrangères et
de la défense. Ces auteurs de ce projet souhaitent aussi renforcer la légitimité démocratique au sein de l’UE qui passe par
l’accroissement des pouvoirs du Parlement. Reste que ce projet n’aboutira pas, et ce sera au contraire l’acte unique européen en
1986 qui se contentera d’approfondir les communautés déjà existantes.
²On pourrait penser qu’il s’agit d’un nouvel échec mais il n’en est rien car il posera les bases de l’UE.

§1. LE TUE
Pourquoi ce traité a abouti en 1992 et pas dans les années 80 ? C’est dû en partie à la chute du mur de Berlin qui a facilité
la volonté politique des dirigeants européens, on se souvient ici des agissements communs de Mitterrand et de Kohl. Le deuxième
facteur tient à la mondialisation de l’économie qui va rendre nécessaire l’idée d’une union monétaire.
Ces deux facteurs contribuent à l’adoption du TUE. A l’époque ce traité n’a pas été accepté directement par tous les États
membres. Des référendums ont été proposés dans plusieurs pays, et les Danois ont rejeté le référendum dans un premier temps,
puis l’ont ratifié après un second vote. Finalement le traité de Maastricht a mis en place une nouvelle structure : l’UE.

A) L A STRUCTURE DE L ’UE

Il faut donc bien distinguer et voir les rapports entre l’UE et les communautés européennes. Cette union vient englober les
communautés comme le montre l’art. 1er du TUE, suivant cet article, l’UE est fondée sur les communautés européennes et est
complétée par des politiques et des formes de coopération. Cette formule est importante, elle montre qu’on a construit l’UE
autours de trois piliers : un pilier historique, communautaire, qui résulte du traité de Rome de 1957 et parallèlement vont être mis
en place deux nouveaux piliers qui instituent une coopération politique. Un pilier communautaire, jusqu’en 2002 où la CECA
disparait, ce pilier était le plus important et qui a dépassé sa logique économique.
Caractéristique de ce pilier : la Commission européenne dispose d’un monopole en matière d’initiative législative, qui se
voit aussi par la nécessité de la majorité qualifiée, et aussi par un rôle actif du Parlement européen. Ce pilier révèle la méthode
d’intégration qui a été mise en œuvre dans l’UE tout au long de sa construction. Il se caractérise aussi par sa complexité qui est
due à l’absence de régime juridique uniforme à tous les domaines. Il n’y a pas une procédure législative mais une vingtaine, et il
est fréquent que certaines matières sont sujettes à des règles particulières. Il y a une procédure commune mais des spécificités par
matières.
Ce pilier a été complété par deux nouveaux piliers en 1992, qui se caractérisent par leur méthode de coopération.

Le 2ème pilier, on l’appelle la PESC : politique étrangère et de sécurité commune, qui tend aussi au renforcement de la
sécurité dans l’UE, du développement de la démocratie et des droits de l’homme, et va inclure pour la 1 ère fois une politique de
défense, qui avait été rejeté quelques années auparavant.

C’est complété par un 3 ème pilier qui s’intitulait dans un premier temps justice et affaires intérieures (JAI). Le but était
de renforcer la coopération entre États en matières judiciaire et policière, on y traitait aussi de questions comme de la circulation
des personnes, la politique d’immigration, droit d’asile, lutte contre la grande criminalité.
Ce 3ème pilier a été modifié en 1999 par le traité d’Amsterdam. Cette année les États membres ont transféré du 1 er pilier les affaires
d’immigration et d’asile, qui ont été communautarisées. Il ne reste donc plus grand-chose dans ce 3 ème pilier, guère que la
coopération judiciaire et policière. On parle plus du JAI mais du CJP (coopération judiciaire et policière en matière pénale).
Ces piliers se caractérisent par une méthode particulière qui diffère du 1 er pilier, on y trouve des règles de procédures
spécifiques. La Commission partage ainsi son initiative avec les États membres. On constate aussi que c’est un vote à l’unanimité
qui est prévu. On relève enfin que dans ces 2 nouveaux piliers la Cour de justice ne joue un rôle que très limité. La plupart des
actes qui sont pris, la CJCE est incompétente en ce qui les concerne.

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Cette structure a été cependant formellement abandonnée en 2007 par le traité de Lisbonne. La suppression des piliers n’est qu’une
simplification formelle. Sur le plan matériel, des distinctions restent.

B) L ES AUTRES APPORTS DU TUE


En 1er lieu on peut relever que la communauté économique européenne est renommée en communauté européenne. Il y a
là l’abandon d’un symbole, le qualificatif d’économique, ce qui montre que l’extension des compétences de l’union va au-delà de
la matière économique.
On va relever que le traité de Maastricht accorde de nouveaux droits aux citoyens, il va lui-même instaurer une
citoyenneté de l’UE qui implique un droit de vote et d’éligibilité concernant les élections municipales et aussi les élections du
Parlement européen. Cela n’est pas le seul droit qui va être accordé.
On accorde le droit de pétition aux citoyens de l’UE qui leur permet de demander au Parlement européen d’intervenir.
Cela est complété par un autre droit : le droit de saisir le médiateur de l’UE, qui a les mêmes fonctions que l’ancien médiateur
français, c'est-à-dire régler les problèmes administratifs de l’UE.
3ème évolution : il s’agit de l’institution de l’union économique et monétaire qui aboutira à la monnaie unique dès 1999. On
peut relever une 4ème série d’évolutions, de nature plus institutionnelle. En 1992 l’UE mise en place n’a pas encore la personnalité
juridique. La communauté en disposait déjà mais pas l’UE, il faudra attendre le traité de Lisbonne en 2007. C’est un aspect
institutionnel important. On retient l’extension du vote à la majorité qualifiée, ensuite un nouveau renforcement du Parlement
européen qui se traduit par la création d’une procédure de codécision.

C) L A RÉVISION DU TUE

Cette révision a eu lieu par le traité d’Amsterdam en 1997, qui a été complété par le traité de Nice en 2001.

traité d’Amsterdam : signé le 2 oct. 1997, entré en vigueur le 1er mai 1999, qui visait deux objectifs, à rendre l’UE plus
démocratique, plus efficace et notamment dans la perspective d’un élargissement futur aux pays de l’Est. Des objectifs qui n’ont
pas été réalisés.
-> Avancées du traité d’Amsterdam : renforcement des compétences de l’UE en matière de santé, emploi, protection des
consommateurs. Est mis en place un haut représentant pour la PESC. Enfin le traité d’Amsterdam vient remodeler le 3 ème pilier et
en transfère une partie dans le 1er pilier.
-> Lacunes du traité d’Amsterdam : ce traité n’a pas permis de rendre l’UE plus efficace. Il ne prévoit aucune réforme en
profondeur des institutions, car les pays n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Il ne permet pas de préparer l’élargissement futur de
l’Europe quelques années plus tard.
On le considère comme un échec dans la construction européenne. C’est pour cette raison qu’un 2ème traité a été adopté.

Le traité de Nice, 11 déc. 2000, entré en vigueur en 2003, qui met en place une réforme des institutions de l’UE, mais
trop peu ambitieuse. La réforme ne permettait pas l’élargissement aux pays de l’Europe de l’Ouest.
-> Les apports du traité de Nice : est étendu le vote à la majorité qualifiée au sein du conseil. Il va réformer la composition de la
Commission européenne. Pour arriver à cette réforme, les grands États vont consentir à perdre leur second commissaire dès 2005.
Le traité de Nice prévoit un plafond du nombre de commissaires. Mais le traité de Lisbonne va remettre en question ce traité de
Nice.
3ème évolution : qui rejoint la question de la pondération des voix du conseil. Le poids des grands États européens va être évoqué,
ce qui permet d’assoir le poids des nouveaux entrants, notamment la Pologne, à qui on attribue presque autant de voix que les
anciens pays membres.
4ème évolution : CDF (charte des droits fondamentaux de l’UE) qui contient pour la 1 ère fois un catalogue de droits au niveau de
l’union, civils et politiques, économiques et sociaux, droits de l’homme.
Pour autant le traité de Nice aurait dû évoluer du fait du traité qui aurait instauré la constitution européenne. (TECE)

§2. L E TECE

Dès le traité de Nice est prévue une conférence intergouvernementale en 2004 qui devait avoir comme objectif la révision
des traités. Or précisément cette modification des traités a voulu être effectuée par une méthode particulière, qu’on retrouve sous
les conclusions du Conseil européen de Laeken, qui date des 14 et 15 déc. 2001 qui va mettre en place une convention sur l’avenir
de l’Europe, et c’est là la méthode particulièrement originale de l’établissement de ce TECE.
La convention sur l’avenir de l’Europe, très large, qui comprend 105 membres. On y trouve des représentants nationaux,
des représentants de futurs candidats à l’adhésion, des représentants des institutions européennes (du Parlement et de la
Commission) et aussi des représentants des institutions des États de l’UE.
La méthode suivie en 2001 a été exemplaire, d’une totale transparence. Les traités sont traditionnellement négociés à huis
clos, entre États. Cela n’écarte pas les contestations vis-à-vis du traité.

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Précision : on parle d’une convention, cette expression rappelle le droit constitutionnel, notamment l’élaboration de la constitution
américaine, élaborée par une convention qui se réunissait à Washington. On est face à une terminologie constitutionnelle.
Il faut insister sur la nature juridique du traité : le traité n’est pas une constitution et ce malgré cette dénomination
symbolique. C’en est pas une car formellement ce traité n’est qu’un traité, a une valeur juridique conventionnelle, et non pas une
constitution. D’ailleurs en 2004 le Conseil Constitutionnel ne s’y est pas trompé : il conserve le caractère d’un traité international.
C’est ce qui résulte d’une décision du 17 nov. 2004, 2004-505-DC.
Par ailleurs, en tout état de cause, ce traité n’aurait pas pu entrer en vigueur sans la ratification des États membres. A
l’inverse la volonté d’une assemblée constituante s’impose au peuple. La convention ne disposait d’aucun pouvoir constituant
lorsqu’elle a mis en place ces travaux. Ce texte ne peut enfin pas être une constitution : il ne peut y en avoir que s’il existe un État.
Or l’UE n’est pas un État.

Vendredi 7 octobre 2011

Il faut nuancer le fait que le TECE n’est pas une constitution formellement. Cependant c’est une constitution au plan
matériel. Définition matérielle de la constitution : elle a pour objet l’organisation des pouvoirs publics, mais elle traite aussi des
droits fondamentaux des individus, et précisément le TECE répondait largement à ces critères, il concernait l’organisation des
pouvoirs publics au sein de l’Union et comportait une Charte des droits fondamentaux, incluse dans cette convention. Par
conséquent ce traité était matériellement constitutionnel mais cela n’avait rien d’orignal dans le sens où l’ensemble des traités de
l’UE avait le même caractère. Aujourd’hui on peut dire que le droit de l’union n’est pas formellement constitutionnel mais
matériellement oui.
Les apports du TECE : il apportait des modifications profondes au droit de l’UE. Sur ce point il faut rappeler que le traité
prévoyait de doter l’UE de la personnalité juridique, plus encore il prévoyait de codifier l’acquis communautaire dans le traité,
dressé par une disposition phare qui prévoyait de codifier le principe de primauté du droit de l’UE. C’est une disposition
d’origine jurisprudentielle que les auteurs du traité ont souhaité inscrire dans la convention.
En outre le traité prévoyait de faire une référence plus large aux notions du droit constitutionnel, c'est-à-dire à des notions
purement internes, p. ex. la référence à la constitution ou encore il consacrait l’expression de « lois européennes ».
Le TECE prévoyait en outre l’instauration d’un ministre, plus précisément un ministre des affaires étrangères de l’UE.
Mais ça avait surtout un apport symbolique. Par ailleurs ce traité simplifiait le droit de l’UE, et regrouper dans un seul texte les
traités antérieurs.
Dernier rapport : le TECE prévoyait de modifier l’organisation de l’institution, qui visait à prévoir l’entrée de nouveaux
États. Il reste que ce traité ne faisait que rappeler des éléments antérieurs, en d’autre terme, il n’apportait pas d’innovation
majeure.
Ce traité a été rejeté par une partie des peuples européens. La ratification a cependant été rejetée le 29 mai 2005 par le
peuple français à une large majorité, et le 21 juin 2005 par le peuple néerlandais. Les raisons de ce rejet tendent pour partie à des
raisons purement internes, le mécontentement des populations. Ce rejet a eu lieu au moment où on discutait de l’intégration de la
Turquie, ce qui a faussé le débat.
Après ces rejets deux options se présentaient, de maintenir le statut quo et de ne pas ajouter de nouvelle convention, s’en
tenir au traité de Nice. C’aurait cependant été un échec pour la construction européenne. Par conséquent on a opté pour un
compromis qui passait par la signature d’un nouveau traité, le traité de Lisbonne.

§3. L E TRAITÉ DE L ISBONNE


Ce traité a été élaboré dans le cadre d’une conférence intergouvernementale, on parlait de «traité simplifié » ou « mini
traité » mais c’est trompeur, et cela va reprendre les éléments les plus importants de la Constitution européenne. Il est cependant
moins ambitieux que son prédécesseur, parce que d’une part le traité de Lisbonne ne vient pas se substituer aux traités existants, il
vient simplement les compléter. Par ailleurs les rédacteurs du traité n’ont pas totalement supprimé les anciennes communautés. Ils
ont substitué l’UE à la Communauté européenne, mais ça n’a pas englobé la communauté européenne de l’énergie atomique, qui
existe toujours.
Le traité de Lisbonne modifie le traité de Maastricht et surtout l’ancien traité établissant la communauté européenne
(TCE ou traité de Rome), qui a été renuméroté, renommé, on parle maintenant du TFUE (traité relatif au fonctionnement de
l’UE). On va maintenant s’intéresser aux apports de ce traité.

A) L A SIMPLIFICATION DES TRAITÉS EXISTANTS


Le traité de Lisbonne tend à simplifier les anciens traités, mais cette simplification n’est que relative. Cette simplification
tient à deux points : elle tend à l’absorption des anciennes communautés dans l’UE, et par ailleurs cette nouvelle union dispose de
la capacité juridique. C’est donc une simplification terminologique. Cela permet de répondre à la question : est-ce qu’on peut
parler de droit communautaire ?
La terminologie des traités communautaires a donc disparu aujourd’hui. On devrait alors parler de droit de l’UE et non
pas droit communautaire, droit de l’UE qui peut se définir comme l’ensemble des textes adoptés par les institutions de l’UE. 1 ère
simplification : on devra parler plutôt parler de juge de l’union européenne et institutions de l’union européenne et non pas
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simplement européen (et encore moins communautaire), car ça renvoie à d’autres concepts. En effet le droit européen enveloppe le
droit de la Conv. EDH.
Le traité de Lisbonne a supprimé la structure en piliers de l’UE, qui les a fusionnés. Il y a certes une suppression formelle
des piliers, mais sur le plan matériel les spécificités juridiques n’ont pas disparu. La simplification est de ce fait très limitée.

B) L E TRAITÉ CONSACRE LES DROITS FONDAMENTAUX DANS L ’UE

Le traité de Lisbonne donne une charge juridique à la charte des droits fondamentaux de l’UE, par ailleurs il permet
l’adhésion de l’UE à la Conv. EDH.

1) LA VALEUR JURIDIQUE DE LA CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX


La Charte a été signée en 2000, et n’avait qu’une portée politique, aucune portée contraignante. Le TECE le faisait aussi. Le traité
de Lisbonne va conférer une valeur juridique mais d’une manière différente : l’ensemble des dispositions ne se pas reprises dans le
traité, mais le traité y fera directement référence  Art. 6 TUE modifié : les principes énoncés par la Charte des droits
fondamentaux […] laquelle a la même valeur juridique que les traités.
On peut cependant formuler deux nuances à cette évolution : la consécration juridique n’en demeure pas moins limitée,
qui résulte d’une déclaration n°29 annexée au traité de Lisbonne par laquelle les États ont souhaité évoquer expressément du
fait que cette Charte ne modifie pas les compétences de l’UE. En d’autres termes : quand bien même l’UE préservait la nouvelle
faculté de préserver les droits fondamentaux, ça n’importe pas d’influence sur la répartition des compétences entre les institutions
de l’UE et les États membres.
Deuxième nuance : existence d’exemptions au profit de certains États, par la déclaration n°30 qui exempte le Royaume-
Unis et la Pologne du respect des dispositions de la Charte. La Pologne s’est réservé la possibilité de légiférer dans certains
domaines : la moralité publique, le droit de la famille, et la protection de la dignité de la personne humaine.
Le traité apporte une 2ème évolution par rapport aux droits fondamentaux : le traité prévoit 2) l’adhésion de l’UE à la
Conv. EDH.

2) L’ADHÉSION DE L’UE À LA CONV. EDH


L’adhésion de l’UE a la Conv. EDH est un projet ancien, prévu dès les années 1990. Cependant la Cour de justice avait
limité cette volonté. La Cour de justice avait considéré que l’adhésion ne serait pas possible tant que les traités ne la prévoiraient
pas expressément, ils devraient prévoir une base juridique à cette adhésion. C’était là un avis de la CJCE, 28 mars 1996, avis
n°2\94. La CJ avait fait pendant longtemps de ces principes des principes généraux de l’UE donc sur le plan substantiel l’adhésion
à la Conv. EDH ne changera pas grand-chose, sauf que les actes faits par l’UE pourront être contrôlés directement par la CEDH et
non plus seulement par la CJUE.

C) L ES ÉVOLUTIONS INSTITUTIONNELLES OPÉRÉES PAR LE TRAITÉ DE L ISBONNE


Ces évolutions reprennent en substance celles proposées par le TECE, elles concernent tout d’abord la Commission
européenne : dont il est prévu la réduction du nombre de membres à compter de 2014, à compter de cette date le nombre de
commissaires égal au 2/3 des États membres sera présent au sein de la Commission. On pourrait s’étonner d’une telle affirmation,
en effet le traité de Nice prévoyait une telle évolution pour 2009, cependant l’évolution prévue par le traité de Nice était
subordonnée à une décision du conseil qui n’a jamais eu lieu, et c’est pour cette raison que les traités ont été modifiés en ce sens.
Evolution aussi de la présidence de la Commission : il est prévu dans le traité de Lisbonne que le président proposé par le
Conseil doit tenir compte du résultat des élections européennes. C'est-à-dire qu’il doit appartenir au parti majoritaire du Parlement
européen, par ailleurs le Parlement européen devra élire ce candidat, élection qui se fera à la majorité des membres du Parlement.
L’idée est qu’un chef de gouvernement doit être investi formellement par le Parlement. C’est une procédure d’investiture du
président de la Commission.
En établissant une telle investiture, le traité établit nécessairement un lien direct entre le président de la Commission et la
majorité parlementaire du Parlement européen, en effet il est ici prévu expressément que le président doit être soutenu par une
majorité parlementaire. On a en d’autres termes ici l’émergence d’un fait majoritaire prévu par les traités, et plus encore si on s’en
tient à la terminologie constitutionnaliste, on a l’impression que les institutions de l’UE se rapprochent de plus en plus d’un régime
parlementaire.
La 2ème évolution concerne le Conseil européen qui se voit consacré par le traité de Lisbonne, il prévoit en outre le poste
de président du Conseil européen (et pas du président de l’UE, c’est une présidence tournante), élu à la majorité qualifiée au sein
du conseil, aujourd’hui c’est Herman van Rompuy.
La 3ème évolution : on crée un nouveau haut représentant, remplaçant l’ancien représentant pour la PESC, par un haut
représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Cette personnalité reprend les fonctions du ministre des affaires
étrangères, prévu par le TECE, et qui en outre aura le rôle de vice-président de la Commission. Cette personnalité est Mme Ashton
aujourd’hui.

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4ème évolution : elle concerne les parlements nationaux qui voient leur rôle renforcé, qui vont disposer le pouvoir de
s’opposer à un acte de l’UE, qui violerait le principe de subsidiarité. Il est prévu des procédures a priori et a posteriori en faveur
des États, en plus du fait que la CJUE puisse être saisie.

D) L ES MODIFICATIONS PROCÉDURALES
1ère évolution : on note qu’est étendue la procédure de codécision qui devient la procédure législative ordinaire qui
devient la procédure législative de principe, qui fait intervenir de manière égale le Parlement et le conseil, c’est pourquoi on parle
de codécision. Cette procédure implique une majorité qualifiée au conseil.
2ème évolution : concerne le calcul de la majorité qualifiée, d’après le traité de Bruxelles, de nouveaux seuils vont
s’appliquer à partir de 1914, et le traité de Lisbonne prévoit un double seuil, une double majorité: il faut que 55% des États
représentants l’adoptent, qui doivent représenter en outre 65% de la population. Des dérogations sont prévues, dans certaines
hypothèses.
3ème évolution procédurale : elle concerne l’instauration d’un droit d’initiative qui pourra être exercé par 1 million des
citoyens de l’UE, qui pourront demander à la Commission de faire une proposition d’acte normatif.

L ES RECULS DU TRAITÉ DE L ISBONNE


Le TECE avait prévu un hymne, devise, drapeau de l’UE. Toujours est-il que le traité de Lisbonne ne reprend plus ces
symboles. Par ailleurs le traité de Lisbonne ne se réfère plus explicitement à la sémantique constitutionnelle pour éviter la
confusion avec la constitution d’un État. Ensuite on a reculé devant codifier le principe de primauté du droit de l’UE, qui avait
valeur de symbole, qui est le 1er principe érigé par la CJUE.

PARTIE 1. LES INSTITUTIONS DE L’UNION EUROPÉENNE


Quatre thèmes : la nature juridique de l’UE, les compétences de l’UE, les institutions et leur organisation, l’exercice du
pouvoir dans l’UE donc les fonctions de l’UE.

CHAPITRE 1. LA NATURE JURIDIQUE DE L’UE


La nature juridique est ambivalente, qu’on retrouve dans l’ancien art. 1 er du TUE, suivant l’objectif d’organiser de façon
cohérente les relations entre les États membres et entre leurs peuples. L’UE est une union d’État mais aussi une union des peuples
européens. L’union entre États est achevée aujourd’hui alors que l’union entre les peuples ne marche pas aussi bien.

SECTION 1. L’UNION EUROPÉENNE  : UNE UNION D’ÉTATS

§1. L A QUALIFICATION DE L ’UE 


Qu’est-ce que l’UE aujourd’hui ? Peut-elle entrer dans une catégorie juridique déjà existante ? Le droit positif ne qualifie
par l’UE. C’est la doctrine qui a tenté de le faire, et ça fait l’objet d’une profonde controverse.

A) C E QUE N ’ EST PAS L ’UE


Ce n’est pas un État, ni une confédération ni une organisation internationale.

1) PAS UN ÉTAT
Les communautés se rapprochaient dans leur origine, dans l’esprit de certains auteurs, d’un État fédéral, c’est une
position soutenue dans les années 50, 60, qui s’appuyait sur la volonté des pères fondateurs. Le traité CECA était conçu comme
une 1ère étape d’un État européen. Cette position se fondait sur la définition de l’État, c'est-à-dire : c’est une personne morale qui
est doté de la souveraineté.
L’État s’identifie par trois éléments : un territoire, une population, une autorité, que semblait remplir la futur communauté
européenne.
Cette position doit être critiquée. Il n’est pas possible d’affirmer que l’UE est un État fédéral, et ce pour quatre raisons :
- l’UE ne dispose pas de la souveraineté, n’a pas la compétence de la compétence, ne peut pas déterminer elle-même ses
propres compétences. Elle dispose d’une compétence d’attribution, cf. art. 8 TUE.
- classiquement, l’État dispose du monopole de la contrainte physique légitime 1, qui permet de faire exécuter ses
décisions. Il n’existe pas aujourd’hui de police, ou d’armée européenne. L’UE ne dispose pas des moyens de la contrainte
physique légitime.
- l’UE n’est pas fondée dans une constitution mais sur une pluralité de traités, de conventions internationales, qui ne sont
formellement pas des textes constitutionnels.

Max Weber
7
- volonté des États membres : un État fédéral européen n’est pas une chose impossible mais il faudrait que l’ensemble des
États le souhaitent. Il y a aujourd’hui une hostilité de principe de certains pays de l’union à un État fédéral européen, qui s’est
présentée à l’occasion du traité de Maastricht. Ça a été la même chose lors de la rédaction de la constitution européenne.

2) PAS UNE CONFÉDÉRATION


Une confédération a pour objet d’associer plusieurs États sans la superposition d’un État fédéral.
Caractère des confédérations :
- pas un État (pas de PJ)
- prend sa source dans un traité international
- n’a qu’un domaine de compétences très limité, réduit aux affaires extérieures, aux relations avec les pays tiers. Il n’y a
généralement qu’un seul organe qui s’en occupe, qu’on appelle la Diète.

Dans l’UE, il y a des éléments de rapprochement, mais qui ne suffisent pas. Trois distinctions sont remarquables :
- l’UE dispose de la personnalité juridique
- l’UE n’est pas compétente uniquement en matière d’affaires extérieures (compétences internes)
- certains auteurs se demandaient si les 3ème et 2ème piliers n’avaient pas rapproché l’UE de la confédération. Suivant ce
raisonnement l’UE ne serait que partiellement une confédération : elle le serait uniquement concernant les affaires étrangères.

3) PAS UNE ORGANISATION INTERNATIONALE


(Prise de position du prof). En tout cas elle n’est pas une organisation internationale comme les autres, pour deux raisons
principales :
- contrairement aux organisations internationales traditionnelles, le pouvoir de décision n’appartient pas aux seuls États.
- nature des normes du droit de l’UE : les normes du droit de l’UE dispose pour la plupart d’un effet direct qui est
quasiment de principe en droit de l’UE alors que c’est presque l’exception en droit international.

Il existe un débat pour savoir si l’UE est une sorte d’organisation internationale : on peut considérer qu’il existe une différence de
degré ou on peut se dire que c’est une définition de nature.
-> Différence de degré. Ce serait une organisation différente des autres de manière mineure, c’est la position des internationalistes
les plus aguerris tels M. Pellet ou d’administrativiste comme M. Lebel. Cette position consiste à dire que le droit de l’UE est un
sous ensemble du droit international, et qu’il s’agit d’une différence d’intégration.
-> Différence de nature : différence qui tient de la spécificité de l’UE, où il existe un ordre juridique propre et autonome, et c’est
cela qui caractérise la spécificité de l’UE aujourd’hui.

B) C E QUE POURRAIT ÊTRE L ’UE

Ce sont des propositions doctrinales, non vérifiables en droit positif, parfois critiquables, mais pas totalement irréfutables.

1) PROFESSEUR OLIVIER BAUD  : LA FÉDÉRATION D’ÉTATS -NATION


C’est un intermédiaire entre la confédération et l’État fédéral. Ce serait un mode non étatique d’organisation sociale et politique.
Donc bien distinct d’un État fédéral.
Elle se présenterait sous la forme d’une juxtaposition d’unions fédérales et États. On trouverait une souveraineté duale, ou
départagée. L’idée n’est pas de savoir qui est souverain entre l’Union et les États mais plus simplement comment se répartissent
les compétences entre les deux niveaux. A ce niveau là on trouverait la spécificité, avec l’idée que certaines compétences
relèveraient du niveau inférieur ou supérieur, mais que chaque matière relèverait des deux niveaux.
Troisième caractère : cette fédération d’États nations se fonde dans un traité constitutionnel, il n’existerait qu’un seul
exemple : l’UE. L’intérêt est de voir qu’il peut y avoir un état intermédiaire entre État fédéral et confédération.
Elle demeure cependant contestable sur un plan théorique, puisqu’en lisant la théorie de M. Baud on a l’impression qu’il
existe deux puissances souveraines : d’une part l’UE et d’autre part les États, or la souveraineté ne peut pas se diviser.

Jeudi 13 octobre 2011

2) THÈSE DE L’UNION D’ÉTATS


Cette conception d’union d’États se retrouve idée dans le plan Fouchet, on trouve idée dans la doctrine du droit international, qui
évoque une union réelle d’États qui se caractérise par un fort degré d’intégration qui repose sur la mise en commun de
compétences externes. Une telle union d’État présenterait quatre caractères particuliers :
- contigüité des territoires des États membres
- son institution par un acte juridique
- des organes communs

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- maintien de la personnalité juridique des États qui s’accompagnerait de l’octroi de la personnalité juridique à l’UE elle-
même.
Or ces caractéristiques se retrouvent dans l’UE.
Or dans l’union réelle, les peuples ne sont pas associés au fonctionnement démocratique et cette union ne concernerait
que les relations internes. Or l’UE intègre les citoyens dans son fonctionnement, et a également un fonctionnement interne.
Cela reste la position soutenue par quelques Cours constitutionnelles européennes, notamment l’allemande située à
Karlsruhe, 2 oct. 1993, un arrêt qui a suivi le traité de Maastricht. Elle a qualifié l’UE de statenverbund. Cela a été confirmé le 30
juin 2009 à la suite du traité de Lisbonne. La Cour confirme cette idée d’association d’États, c'est-à-dire une structure qui irait
moins loin qu’un État fédéral mais plus poussée qu’une simple confédération.
Le juge constitutionnel français n’évoque pas explicitement l’idée d’association d’États. Dans les décisions suivantes :
CConst. 4 fév. 1992, décision relative au traité de Maastricht, réitéré le 13 déc. 1997 dans une décision relative au traité
d’Amsterdam, il définit l’UE comme une organisation internationale permanente dotée de la personnalité juridique investi du
pouvoir de décision par le transfert de compétences consenti par les États membres. Il voit donc dans l’UE une organisation
internationale spécifique.
L’objet de ces décisions n’était pas de définir ce qu’était l’UE, il devait se prononcer sur la constitutionalité d’un traité, et
n’a pas entendu prendre de positions théoriques affirmées dans ces décisions.
Cette définition a été reprise par le constituant en droit interne, qu’on retrouve dans l’article 88 de la constitution, dans
des termes similaires à ces décisions.

3) LA SPÉCIFICITÉ DE L ’ORDRE JURIDIQUE DE L ’UE


C’est peut être le droit européen qui caractérise la spécificité de l’UE. C’est précisément l’idée des anciens arrêts de la
cour de justice des communautés européennes, CJCE qui a dégagé l’idée d’un ordre juridique propre, notamment dans l’arrêt
Costa c. Enel où la Cour évoque un ordre juridique distinct des ordres juridiques nationaux et internationaux et un ordre juridique
intégré au système juridique des États membres.
Il existe bien un ordre juridique autonome, c'est-à-dire distinct des normes juridiques nationales et internationales, et cela
marque la spécificité de l’UE, qui ne s’approche pas d’une façon organique mais d’une spécificité juridique.

§2. L A PERSONNALITÉ JURIDIQUE DE L ’UE


Comment a-t-elle été octroyée ? Quelles sont les conséquences d’un tel octroi ?
Il faut revenir sur la distinction entre communauté et union, abandonnée par le traité de Lisbonne, car avant cette date les
communautés disposaient bien d’une personnalité juridique du fait de l’article 281 du TCE, mais parallèlement il n’existait aucune
disposition similaire concernant l’UE dans le TUE, il était simplement prévu que les parties instituent l’union entre elles, jusqu’au
traité de Lisbonne qui la lui a octroyée. Dans le TFUE, l’UE n’était pas considérée comme un sujet de droit autonome. Pour la
Cour de Karlsruhe en 1993 l’UE n’est pas un sujet de droit autonome mais elle est une dénomination des États membres agissant
en commun.
La personnalité juridique était déniée dans un premier à l’UE mais elle laissait l’UE la possibilité de s’affirmé sur la scène
internationale, c’est l’objectif qu’imposait le traité à l’UE : d’imposer son identité sur la scène internationale. C’est pourquoi des
tribunaux ont considéré que le simple silence des traités n’excluait cependant pas la personnalité juridique de l’UE.
On doit relever qu’avant l’attribution de la personnalité juridique à l’UE, il y a eu un élargissement progressif de la capacité
juridique. On a constaté plusieurs formes d’allongement de la capacité.
Les facteurs qui ont contribué à l’attribution de la personnalité juridique à l’UE :
- On peut relever que l’UE était tout d’abord compétente en matière de définition et de mise en œuvre de la PESC, qui, qui
a été attribuée à l’union seule depuis le traité d’Amsterdam et pas aux États membres, qu’on trouve à l’art.  11 §1 du TFUE.
- instauration symbolique d’un haut représentant pour la PESC
- l’UE concluait des accords internationaux, en pratique, avec des États tiers, qui ont été consacrés des traités, notamment
le traité de Nice, qui énonçait que ces traités liaient les institutions de l’union.

B) L A PERSONNALITÉ JURIDIQUE CONSACRÉE DE L ’U NION E UROPÉENNE


L’union a hérité cette personnalité des anciennes communautés dès lors que l’union succède aux communautés
européennes. Cette personnalité juridique ne pose plus de problèmes au plan théorique, elle a cependant des conséquences.
Les conséquences internes.
- L’UE peut voir sa responsabilité engagée : art. 340 TFUE.
- capacité juridique la plus large reconnue aux PM dans chaque État membre : art 335 TFUE
- l’UE peut acquérir des biens, ester en justice, peut être partie à un litige

Les conséquences externes.


- reconnaissance de la capacité de représentation internationale : arrêt Costa.
- capacité internationale
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§3. E NTRÉE ET SORTIE DE L ’UE

A) L’ ADHÉSION DES É TATS À L ’UE


1) RÉGIME D ’ADHÉSION À L’UE
 art 49 TFUE : « Tout État européen peut demander à être membre de l’Union ».

A) D ES CRITÈRES D ’ ADHÉSION
On trouve trois critères principaux.
- l’adhésion doit être demandée par un État (ni entité sous étatique telle que les collectivités territoriales, ni organisation
internationale)
- État européen. Quelle est la délimitation du territoire européen ? Est-ce une question géographique, culturelle ? En tout
cas la réponse est politique. Qu’en est-il des États qui ont une partie de leur État en Europe ? Cette difficulté s’intègre concerne la
Russie et la Turquie, la Russie étant par exemple membre du Conseil européen. La question s’est posée concernant le Maroc qui a
vu sa candidature rejetée, on sait donc que les pays au-delà de la méditerranée ne sont pas européens.
- conditionnalité politique : l’État s’engage à respecter certaines valeurs, énumérées à l’art. 2 TUE. L’État s’engage en
outre à les promouvoir : la liberté, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, démocratie, État de droit. C’est
ce que prévoyait le préambule du TUE, et cela a évolué à l’occasion du traité d’Amsterdam, qui indique que l’UE est fondée sur
ces valeurs, et sont des principes communs au États membres. Cela a aussi évolué à l’occasion du traité de Lisbonne qui y a
ajouté la dignité humaine, l’égalité ainsi que les droits des personnes appartenant à une minorité.

La déclaration de Copenhague, 22 juin 1993 a ajouté des critères à ceux-ci, dits « critères de Copenhague ». Ils ne sont pas
repris dans le traité, mais le traité de Lisbonne s’y réfère donc on peut penser qu’ils sont d’actualité. Ces critères sont juridiques et
économiques.
- l’existence d’une économie de marché stable : l’État doit avoir une économie libérale de marché
- l’État doit respecter l’acquis communautaire. Cette exigence n’est pas absolue : l’adhésion peut faire l’objet
d’aménagements. On peut faire des dérogations provisoires, des mesures de transition, pour permettre l’intégration progressive des
nouveaux entrants.
- Conseil de Bruxelles des 15 et 16 juin 2006 : « le rythme de l’élargissement doit tenir compte de la capacité
d’absorption de l’union ». Cela confère un pouvoir discrétionnaire à l’UE pour refuser les adhésions. L’adhésion dépend toujours
de la volonté des États membres car chaque fois qu’il y en a une nouvelle, il faut l’accord unanime de tous les États membres.

B)L A PROCÉDURE D ’ ADHÉSION


 art. 49 TFUE

Phase 1.
La demande sera formulée par le candidat à l’adhésion, proposée au Parlement de l’UE et aux parlements nationaux pour informer
ces organes, et surtout au Conseil qui pourra considérer la demande. Le Conseil de l’Union va recueillir l’avis consultatif de la
Commission. Il devra aussi recueillir l’approbation du Parlement européen (avis conforme). Le Conseil se prononce ensuite à
l’unanimité par le Conseil de l’UE, ce qui confère un droit de vote pour chaque membre de l’UE. La France l’a utilisé en 1963
pour le Royaume-Unis.

Phase 2. Phase intergouvernementale.


Vont s’ouvrir des négociations entre l’État candidat et les États membres, qui déboucheront sur un accord qui va prévoir
les conditions à l’adhésion du nouvel État, et en outre les adaptations que cette adhésion peut entrainer. Ce seront notamment des
aménagements institutionnels, qui permettront à l’UE de fonctionner avec un nouvel État : question de la pondération des voix,
composition des institutions…L’accord sera au final ratifié par chaque État membre.
L’article 88-5 de la Constitution : désormais pour tout traité d’élargissement devra se faire par voie référendaire. Ça a été
fait à propos de l’adhésion de la Turquie.

L’accord avec le nouvel État s’incorpore au droit primaire : il a la même valeur juridique que les traités. Par ailleurs cet
accord ne peut pas entrainer la révision des traités, et ne peut pas non plus porter atteinte à l’acquis communautaire.
L’élargissement ne se fera pas par le même acte juridique que l’approfondissement. Cela s’explique par le caractère exclusif des
procédures de révision au sein de l’union. Cela a pour conséquence que les États ne sauraient réviser par la voie informelle  :
CJCE, 8 avril 1976 DEFRENNE.
En pratique s’est développée une approbation du Parlement européen qui intervient après la conclusion de l’accord mais
avant sa ratification. Le Parlement se prononcera sur les conditions de cette adhésion. Cet élément ne se fonde pas sur les traités
mais sur la pratique.

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2) LA PRATIQUE DE L ’ADHÉSION

L’UE est en perpétuel élargissement.


 1ère vague : Irlande, Royaume-Unis, Danemark (1973)
 2ème vague : adhésion de la Grèce en 1981, adhésion de l’Espagne et du Portugal en 1986.
 3ème vague : Autriche, Finlande, Suède (1995)
 4ème vague : anciens pays du bloc de l’Est (2004) qui seront bientôt suivis de la Bulgarie et de la Roumanie en
2007.
 Perspectives d’élargissement : Croatie, Turquie, Macédoine, Islande, Albanie ?
Difficultés :
L’élargissement n’est pas système compatible avec l’approfondissement, car il se heurte souvent avec un seuil numérique.
La difficulté tient tout d’abord à la capacité d’absorption de l’UE. On a fait adhérer d’abord de manière progressive, par ailleurs
les États avaient un niveau économique comparable à ceux des États de l’UE. L’élargissement de 2004 a procédé de vraies
difficultés : difficulté économique du fait du retard de ces pays mais aussi du fait de l’absorption par les institutions, risque de la
paralysie des institutions qui a longtemps menacé l’UE.
La 2ème difficulté tient à la candidature turque, qui pose la question de l’identité européenne. Si on avance sur ce terrain on
va forcément exclure certains États. On tente de chercher des critères d’identité nationale, et essayer de se dégager de critères
objectifs et privilégier des critères subjectifs : volonté de vivre ensemble. C’est la position du philosophe Jacques Derrida.
La candidature turque a un triple spécificité :
- géographique (territoire en Asie principalement)
- confessionnelle : 90% des turques sont musulmans
- culturelle
Par ailleurs la Turquie occupe toujours une partie de Chypre, refuse de la reconnaitre sur le plan international, par ailleurs
la minorité kurde n’est pas protégée chez eux.
De plus : le cout de l’adhésion et des politiques communes applicables en Turquie serait très important, du fait de la
population importante.
Par ailleurs : paramètres géopolitiques. Avec l’adhésion de la Turquie, l’UE aurait des frontières communes avec des
voisins tels que l’Iran, l’Irak, la Syrie…

B) L A SORTIE DE L ’É TAT DE L ’UE


Pendant longtemps la question est restée ouverte. Le traité de Lisbonne a mis en place un droit de sorti des États,
consacrant le « droit au retrait ». Dans une telle hypothèse la sortie serait définitive.
Par ailleurs l’État peut être suspendu de manière provisoire.

1) LE DROIT AU RETRAIT
Si on reconnaissait un droit de retrait, on devait considérer que l’UE n’était qu’une organisation internationale comme
une autre. A l’inverse si on refusait un tel droit de retrait la situation ressemblerait à un État fédéré. La question du retrait
déterminait la question de la nature juridique de l’UE.
Pour certaines personnes le retrait de l’UE n’était pas envisageable. La plupart des traités ont été conclus pour une durée
illimitée. Dans une telle hypothèse en droit international le retrait est exclu. C’est ce que prévoit aujourd’hui l’art. 5 de la
convention de Vienne sur les traités du 23 mai 1969.
Il y avait ici un argument textuel : les traités en eux-mêmes ne prévoient pas l’hypothèse du traité. Ensuite le deuxième
argument tient à l’intention des parties.
Ainsi en droit international la volonté des parties ne peut pas fonder un droit implicite au retrait  art 1. TUE : es États
ont souhaité « une union sans cesse plus étroite entre les peuples » ce qui interdit la sortie d’un État. C’est ce que confirme la
jurisprudence européenne : arrêt Costa c. Enel : les transferts d’attribution qui ont limité de manière définitive la souveraineté des
États membres, il semble dire que la Cour refusait l’idée d’un retrait.
En pratique aucun retrait n’a eu lieu, et n’a eu lieu qu’un pseudo retrait en 1985, qui a concerné le Groenland qui n’était
pas un État et qui bénéficiait d’un nouveau statut d’autonomie par rapport au Danemark. Il s’agissait du statut d’une collectivité
d’un État qui a emporté son « retrait » de l’UE.

Les arguments du retrait possible sont moins nombreux mais plus efficaces. Dès lors que tous les États l’acceptent, rien
ne va s’opposer au retrait. Il était envisagé de procéder au retrait avec une simple révision des traités, ce qui réclame l’unanimité.
Le tribunal constitutionnel allemand a abondé dans ce sens par une décision en 1993 relatif au traité de Maastricht  : les États
seraient maitres des traités et pourraient donc décider de révoquer l’appartenance d’un État à l’Union.
Un autre argument purement politique est le suivant : comment forcer un État à forcer dans l’UE dès lors qu’il ne le
souhaite plus ?

11
Cela a conduit à l’évolution faite par le traité de Lisbonne qui énonce explicitement que tout État membre peut se retirer
de l’Union  art 50 TUE.
Ce droit pourra s’exercer de manière inconditionnée, en tout temps et en tout motif. Au-delà de ces conditions est prévue
une procédure de retrait, l’État doit notifier ses intentions au Conseil européen et l’UE va négocier avec lui un accord qui prévoit
les modalités du retrait et qui va tenir compte des relations futures de l’État avec l’UE.
La négociation porte uniquement sur les modalités du retrait et non pas de l’acte même. La négociation débouche sur un
accord, conclu au nom de l’union par le Conseil européen, à la majorité qualifiée et après l’approbation du Parlement européen.
Remarques :
- il pourrait s’envisager qu’aucun accord n’émerge. Le traité a prévu cette hypothèse. Le défaut d’accord
n’interdira pas la sortie de l’État. L’État pourra se retirer deux ans après la notification de l’intention de retrait.
- l’État qui s’est retiré pourra adhérer de nouveau si les États l’acceptent.
- cette nouvelle procédure pourrait permettre aux membres de l’union d’exclure un État membre, si 26 États
décident de se retirer de l’UE, à charge à ces États de créer une nouvelle union.

2) LA SUSPENSION DES DROITS D’UN ÉTAT MEMBRE


Vendredi 14 octobre 2011

C’est le traité d’Amsterdam qui a en 1 er lieu une telle procédure, une procédure répressive qui s’exerce à posteriori dont
l’instauration a été motivée par l’entrée de nouveaux États dans l’UE pour s’assurer qu’ils respectent les valeurs de l’UE. Nous
verrons cette procédure dans un 1er temps et dans un 2nd temps nous verrons que le traité de Nice a prévu une procédure préventive.

A)
L A PROCÉDURE RÉPRESSIVE
Cette procédure est évoquée à l’article 7 du TUE qui prévoit la sanction «  de toute violation grave et persistante par un
État membre des valeurs de l’UE ». Cette formulation appelle deux remarques : si on se tient au libellé, la violation ne doit pas être
nécessairement être commise dans la mise en œuvre du droit de l’UE, l’article 7 semble envisager même des violations dans le
cadre purement interne. Par ailleurs cet article ne concerne que la violation par un État membre et non pas, par exemple, de la
violation par les institutions elles-mêmes.

La procédure est très encadrée : elle commence par une invitation du Conseil européen dirigée vers l’État membre, invité
à présenter ses observations dans un premier temps (principe du contradictoire).
Le Conseil européen pourra ensuite constater la violation, il n’a cependant pas l’initiative de ce constat : il ne peut le faire
que sur saisine d’un tiers des membres ou de la Commission européenne. Il aura de plus le besoin de l’approbation du Parlement,
ainsi que d’un vote à la majorité qualifiée. Dans un premier temps on constate l’infraction et dans un second temps on sanctionne.
Cette sanctionne se fait par la suspension de droits : droits financiers, ou encore droits de vote. L’exclusion de l’État
membre n’est pas possible.
Remarque : le représentant de l’État membre tout au long de la procédure ne prend pas part au vote et sa voix n’est pas
décomptée. Cette pratique répressive n’a jamais dû être mise en œuvre.

B) LA PROCÉDURE PRÉVENTIVE ISSUE DU TRAITÉ DE N ICE


Cette procédure a été mise en œuvre suite à l’entrée de l’extrême droit au Parlement en Autriche au début du 21ème
siècle, ce qui a posé une double difficulté : ce gouvernement était issu d’une procédure démocratique, par ailleurs il n’y avait pas
d’atteinte grave et persistante aux droits défendus par l’Union.
L’Union a adopté certaines mesures d’isolement de l’Autriche, qui n’étaient pas fondées sur grand-chose, et ont dû être retirées
quelques temps après avoir été instituées.
Pour pallier ce genre de difficultés, la procédure préventive a été mise en place par le traité de Nice. Suivant cette
procédure, le Conseil de l’Union (et non pas européen) peut dire qu’il existe un risque clair de violation grave des valeurs de l’UE
par les États membres. Il faut une proposition d’un tiers des États membres ou de la Commission et le Parlement européen doit
approuver un tel constat.
Les conditions d’une telle procédure sont pour le moins ambigües. On parle de risque clair de violation grave.
Il est délicat de déterminer à partir de quel moment un risque de violation existe.
Cette procédure n’a jamais été mise en œuvre non plus. Le traité de Lisbonne autorise à faire précéder le constat d’une
recommandation à l’État membre. Le conseil pourra vérifier que les motifs ayant conduits à ce constata restent toujours valables.
C’est un contrôle permanent du Conseil.

C) LE CONTRÔLE DE LA C OUR DE JUSTICE SUR CES PROCÉDURES .


Le contrôle est prévu par les traités mais la portée est limitée.  art.269 TFUE. Ce contrôle ne peut porter que sur des
prescriptions de procédures : sur la procédure de sanction mais non un contrôle au fond. Par ailleurs le délai est stricte : saisine de
la Cour seulement un mois après le constat, et devra prononcer sa décision dans le mois suivant sa saisine.
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§4. L A DIVERSITÉ DANS L ’U NION E UROPÉENNE
L’Union est fondée sur un traité, ce qui pourrait donc induire l’égalité des États en matière de droits et obligations. Cette
impression est renforcée par des arrêtes de la CJCE, notamment l’arrêt Costa : « la force exécutoire du traité ne saurait varier d’un
État à un autre ». Pourtant cela ne correspond pas à la réalité.
Tout d’abord certains États membres sont liés à des États tiers par des accords d’association  Art. 217 TFUE. Le
traité de Lisbonne a introduit, à l’art. 8 TUE une nuance : des accords spécifiques sont des accords conclus par l’Union en vue de
développer des relations privilégiées fondées sur les valeurs de l’Union. Cette codification vise à valider une pratique qui avait
déjà été mise en œuvre auparavant, notamment avec l’UEM, Union pour la méditerranée, annoncée en 2008.
Des dérogations existent, par ailleurs il peut exister des relations privilégiées entre certains membres : les coopérations renforcées.

A) L ES DÉROGATIONS .

Des dérogations existent qui permettent aux États de se soustraire à certaines règles communes, elles peuvent être
provisoires ou permanentes.
Les dérogations provisoires sont mises en œuvre par des clauses de sauvegarde qui permettent à certains États
d’échapper à des mesures d’harmonisation des législations, de manière temporaire.  Art. 114 § 4 TFUE.
Les traités d’adhésions prévoient eux-mêmes souvent des régimes dérogatoires ou transitoires au profit des nouveaux membres.
Les dérogations permanentes : appelées aussi clauses d’opting out, qui permettent à certains États de ne pas participer
à certaines politiques communes, c’est l’idée d’une « Europe à la carte ». P. ex. échappent à la monnaie unique le Royaume-Uni et
le Danemark. Echappent à la politique d’immigration et d’asile le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark. Pour faciliter son
intégration des dérogations avaient été consentis au Royaume-Uni, à la Pologne et la Tchéquie : ils ne sont pas liés par l’ensemble
des dispositions de la Charte des droits fondamentaux.

B) M ISE EN ŒUVRE DE COOPÉRATIONS RENFORCÉES


Coopération renforcée : certains États membres vont souscrire entre eux des engagements supplémentaires et ce dans la
voie de la coopération ou de l’intégration.
Elles ont émergées de manière informelle, en marge des traités, et ont été mises en œuvre par le biais de traités
internationaux classiques, p. ex. le programme d’intégration industrielle (Airbus, Ariane), des programmes d’intégration
scientifiques, et même les accords de Schengen de 14 juin 1985 et de 10 juin 1990 qui ont supprimé les contrôles aux frontières,
ils concernaient au départ la France, la RFA et les États du Benelux, en dehors du cadre de l’Union Européenne. Ils ont depuis été
intégrés au droit de l’UE, mais en sont exclus le Royaume Unis, Chypre, l’Irlande, la Bulgarie, la Roumanie. «  Il vaut mieux que
quelques uns progressent plutôt que tout le monde stagne », cette coopération a le but implicite d’influencer les autres États et les
inciter à rejoindre la coopération renforcée.
Le traité d’Amsterdam dit explicitement que ces coopérations se font dans le cadre des institutions de l’UE, pour éviter
que cela s’effectue par des traités en dehors de l’UE et éviter un morcellement au sein de l’UE.
Le domaine de ces coopérations a été élargi par le traité de Nice, et actuellement ces coopérations sont évoquées à l’art.
20 du TUE, et aux articles 326 à 324 du TFUE.
Une seule coopération a été autorisée, en 2010, elle porte sur la matière des conflits de lois en matière de divorce, et elle
concerne 14 États membres.

1) LE PRINCIPE DES COOPÉRATIONS RENFORCÉES


A) LE DOMAINE DE CES COOPÉRATIONS RENFORCÉES
Le domaine des coopérations renforcées a augmenté depuis le traité d’Amsterdam, auparavant elles pouvaient relever de
tous les éléments dans les piliers communautaires, avec pour seule limite dans le traité de Nice qu’elles ne devaient pas empiéter
sur les domaines de compétence exclusive de l’UE => ancien art. 43d TUE.
Cette disposition visait à éviter une révision informelle des traités par le biais de la coopération renforcée. Reste que ces
domaines n’étaient pas énumérés par les traités d’Amsterdam et de Nice, alors qu’aujourd’hui ces compétences le sont. La
disposition pertinente est l’art. 20 TUE qui n’admet la coopération renforcée que dans le cadre des compétences non exclusives
de l’UE. Les coopération renforcée ont dès l’origine pu porter sur le 2 ème pilier : la coopération judiciaire et policière en matière
pénale, avec comme limite que ces coopérations renforcées ne peuvent pas concerner l’acquis de Schengen, qui constitue en lui-
même une coopération renforcée. Si on devait le limiter ça conduirait à une sous coopération renforcée.
Ces coopérations ont été étendues par le traité de Nice à la PESC et à cette époque le traité de Nice avait contribué à cette
extension sous deux réserves : il interdisait les coopérations renforcées dans le domaine de la défense et des opérations militaires.
La deuxième réserve concernait que la coopération renforcée ne pouvait porter que sur la mise en œuvre d’une action commune et
non pas sur la définition même de l’action en question. Les restrictions ont été depuis lors levées par le traité de Lisbonne qui
prévoit au demeurant une procédure particulière pour les opérations militaires qui peut faire l’objet d’une coopération structurée
permanente (CSP) Art. 42 §6 TUE.
13
Cette coopération structurée permanente ne concerne que les États qui ont les compétences les plus élevées en matière
militaire. Par ailleurs il existe une spécificité procédurale : ce devra être une décision prise par le Conseil à la majorité qualifiée au
lieu de l’unanimité.

B) L ES CONDITIONS AUXQUELLES SONT SUBORDONNÉES CES COOPÉRATIONS RENFORCÉES


Il est nécessaire d’obtenir une autorisation du Conseil pour l’engager et à condition que les objectifs de la coopération
renforcée ne puissent pas être atteints par l’UE dans un délai raisonnable.  Art. 20 TUE.
Le traité pose aussi comme condition le respect du droit de l’union européenne => Art 326 TUE : la coopération
renforcée doit respecter les traités et plus généralement le droit de l’UE. Cela renvoie au fait que la coopération renforcée ne doit
pas modifier la répartition de compétence entre l’Union et ses membres.
Ensuite les traités prévoient qu’un nombre minimal d’États y participent. Traité d’Amsterdam : 8 États sur 15. Traité de
Nice : 9 États sur 15. Aujourd’hui : 9 États sur 27.
Le traité rappelle que ces coopérations renforcées sont ouvertes à tous les États membres (Art. 20 TUE), les États
pourront participer à la coopération renforcée à tout moment, soit à l’instauration celle-ci, soit plus tard, à condition de respecter
les actes qui auraient été déjà édictés dans le cadre de cette coopération  Art. 328 TFUE.
L’article 20 du TUE, dans son paragraphe 1 : la coopération renforcée doit nécessairement favoriser la réalisation des
objectifs de l’UE, elle doit en outre renforcer son processus d’intégration. En d’autres termes, la coopération renforcée doit aller
dans le sens des objectifs de l’UE. La coopération renforcée implique que les États participants promeuvent cette dernière aux
autres États membres.  Art. 328 TFUE. Cela rejoint que la coopération renforcée vise à être promue par l’ensemble des États
de l’UE.

2) M ISE EN ŒUVRE DES COOPÉRATIONS RENFORCÉES


A) L ES PROCÉDURES DE CRÉATION DES COOPÉRATIONS RENFORCÉES
Il existe deux séries de procédure : de droit commun (Art. 329 §1) qui concerne la plupart des coopérations renforcées,
alors que le paragraphe 2 de cet article prévoit une procédure spécifique dans le cadre de la PESC.

LA PROCÉDURE DE DROIT COMMUN


Il faut une initiative qui doit émaner de la Commission européenne, et qui sera demandée par les États qui souhaitent
coopérer de manière renforcée. La Commission a un pouvoir discrétionnaire pour bloquer une telle coopération renforcée. Suite à
cette initiative le Conseil va se prononcer à la majorité qualifiée sur l’autorisation ou non de la coopération renforcée, après
approbation du Parlement.

LA PROCÉDURE SPÉCIFIQUE
Elle a été instituée par le traité de Lisbonne, art. 329 §2. En matière de PESC ce sont les États membres qui ont
l’initiative de la coopération renforcée, qui saisissent le Conseil.
Le haut représentant sur les affaires étrangères va donner son avis sur la coopération. La Commission aussi devra donner
son avis, afin de vérifier la cohérence de la coopération avec les politiques communes. Le Parlement européen doit être informé
d’une telle coopération. Enfin, le Conseil devra se prononcer à l’unanimité.

B) L EUR DÉROULEMENT DES COOPÉRATIONS RENFORCÉES


Les coopérations renforcées s’effectuent dans le cadre exclusif des institutions européennes. Elles sont encadrées par
l’UE même si ce sont les États membres qui vont les financer. Cela emporte comme conséquence principale que les actes adoptés
en cas de coopération seront adoptés conformément aux procédures des traités, et les règles de délibération au sein du Conseil et
de la Commission seront les mêmes que lors des délibérations renforcées, avec la nuance que seuls les États qui participent à la
coopération renforcée pourront voter. C’est une application pure et simple des traités en termes de coopération renforcée.
Une mission particulière dans le cadre de ces coopérations renforcées incombe au Conseil et à la Commission : ils
doivent veiller à la cohérence de ces coopérations renforcées notamment avec les autres politiques de l’UE => art. 334 TFUE.
Les actes adoptés au terme de la coopération renforcée ne feront pas partie du droit de l’UE, ils ne font effet qu’entre les États qui
participent à la coopération renforcée, les autres membres ne seront astreints qu’à l’obligation négative de ne pas entraver les
coopérations renforcées existantes  Art. 327 TFUE.

LE CONTRÔLE JURIDICTIONNEL DES COOPÉRATIONS RENFORCÉES.


Aujourd’hui on doit constater une compétence générale de la CJUE, qui s’étend à l’ensemble des actes adoptés dans le
cadre d’une coopération renforcée, compétence générale qui trouve une limite importante dans le cadre de la PESC, qui échappe
presque totalement au juge de l’UE.

SECTION 2. L’U NION EUROPÉENNE  : UNE UNION DE PEUPLES


14
Nous parlerons ici du caractère démocratique de l’UE. La construction européenne est le fruit d’États démocratiques. Il
est pourtant possible de constater que l’UE souffre d’un déficit démocratique, souvent causé par la faible importance du Parlement
européen. Il a longtemps été effacé. La plupart des décisions au sein de l’UE étaient prises par les États eux-mêmes, au sein du
Conseil, et pendant longtemps sans aucune intervention du Parlement européen.
La démocratie ne caractérisait pas l’UE à ses débuts. Mais du fait du renforcement du Parlement européen les choses ont
évolué. On a progressivement renforcé ses pouvoirs, et à partir des années 1970 le Parlement européen était élu au suffrage
universel ce qui renforçait la démocratie au sein de l’UE. Des progrès ont été faits, aujourd’hui insuffisants, et le déficit
démocratique de l’UE n’a jamais été résorbé.
Déjà le Parlement ne dispose jamais seul du pouvoir normatif et parfois il ne participe pas du tout. Si le Parlement peut
contrôler la Commission, il ne dispose en revanche d’aucun contrôle sur le Conseil, il n’y a pas de responsabilité devant le
Parlement.
L’Europe souffre de ce déficit démocratique. Le tribunal constitutionnel allemand a révélé ce déficit dans une décision du
30 juin 2009, décision relative au traité de Lisbonne, où il met l’accent sur la mauvaise représentation des citoyens de l’UE, qui
n’est souvent pas proportionnelle à la population.
Au sein du Parlement européen, la participation des petits États est sous évaluée, ils sont mieux représentés que les
grands. On trouve aussi ce décalage au sein du Conseil : chaque État dispose d’une voie, or chaque État ne dispose pas de la même
population.
Il existe depuis quelques années une crise de la représentation qui a conduit à une véritable défiance des citoyens envers
leurs représentants.
Le droit de l’UE a fort heureusement tenté de résoudre ces difficultés au travers de deux biais :
- l’octroi d’une citoyenneté européenne
- développement de la démocratie au sein de l’UE

§1. L A CITOYENNETÉ EUROPÉENNE


Le droit de l’UE ne qualifiait pas les administrés de citoyens mais de ressortissants communautaires, ou ressortissants
d’un État membre, c'est-à-dire que le droit communautaire n’envisageait ces personnes que comme des acteurs économiques, dû à
la dimension économique du traité de l’époque. Les choses ont bien changé depuis le traité de Maastricht qui a rompu avec cette
logique, qui a tendu à renforcer les droits des ressortissants qui passe évidemment par l’octroi d’une citoyenneté européenne
(ancien art. 2 TUE).
Les articles actuels sont évoqués aux articles 20 à 25 du TFUE. Une citoyenneté européenne a été reconnue alors même
qu’il n’existe pas encore de conscience politique au niveau européen. Cette citoyenneté vise à en favoriser l’émergence. En 1992
c’est un symbole qui vise à achever l’union politique.
Il existe au sein de l’UE une citoyenneté sans État, alors qu’elle était traditionnellement rattachée à l’existence de celui-ci.

A) C ITOYENNE EUROPÉENNE  : DÉFINITION


Art 20 TFUE : est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre. La citoyenneté européenne est
dérivée de la citoyenneté nationale, ce qu’expliquaient les anciens articles 17 du TCE, qui disaient que la citoyenneté européenne
ne faisait que compléter la citoyenneté nationale sans la remplacer.

Remarque : l’attribution de cette citoyenneté échappe aux institutions de l’Union mais relève de la souveraineté des États
membres.
Dès lors, il est évident que la perte de la nationalité a des conséquences sur la citoyenneté européenne. Le droit national a
une influence directe sur l’attribution d’une citoyenneté européenne. C’est pourquoi le droit de l’UE n’est pas indifférent aux
règles nationales de retrait de nationalité, la CJUE effectue un contrôle, et elle exige que ces retraits soient proportionnés au fait
commis par l’intéressé.  CJUE, gde ch. 2 mars 2010, JANKO ROTTMANN.

B) L ES DROITS ATTACHÉS À LA CITOYENNETÉ EUROPÉENNE .

 art 20 §2 TUE : ces droits y sont listés de manière non exhaustive, et peuvent être élargis. On peut compléter la liste par une
décision du Conseil sur proposition de la Commission après approbation du Parlement européen, décision prise à la majorité
qualifiée (art 25 TFUE).

Cependant la liste de l’article 20 n’est pas exacte. On trouve des droits rattachés au citoyen européen, mais d’autres, dont
pourront bénéficier d’autres personnes au sein de l’UE.

jeudi 20 octobre 2011

§2. L ES DROITS DE TOUT INDIVIDU AU SEIN DE L ’UE


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=> §20 TUE
La citoyenneté européenne rattache le citoyen à l’UE, or certains des droits vont concerner d’autres
personnes que les citoyens européens: les résidents de l’UE ou les personnes morales qui ont leur siège statutaire
dans un État de l’Union.

1) LES DROITS NON RÉSERVÉS AUX CITOYENS DE L’UE


- droit pour toute personne de recourir au médiateur européen évoqué à l’art. 23 al 3 TFUE, et l’article 228
TFUE qui étend ce droit non seulement aux personnes physiques résidentes en UE et les personnes morales dont le
siège social est dans l’UE.
Le médiateur européen est une autorité indépendante dans l’UE ce qui évoque l’absence de soumission au
pouvoir hiérarchique : il ne peut recevoir aucune instruction d’aucune institution. Il ressemble à l’ancien médiateur
qu’on trouvait en France, remplacé par le Défenseur des droits qui reprend sa mission.
Son autorité émane du Parlement européen, qui élit ce médiateur, au début de la législature pour cinq ans. Ce
médiateur ne peut pas révoqué (condition d’indépendance) sauf en cas de faute grave ou d’incapacité.
Le mandat du médiateur est renouvelable, ce qui n’est pas une garantie de son indépendance. Il est habilité à
recevoir des plaintes concernant la mauvaise administration (mal administration en droit français), notion très large, ce
qui dépasse la simple illégalité. Toute personne peut se plaindre soit directement soit par l’intermédiaire d’un
parlementaire, concernant toutes les institutions de l’UE à l’exception de la Cour de justice, nécessairement
indépendante au regard des autres institutions.
La mission du médiateur s’accompagne cependant de pouvoirs très limités : il n’a un pouvoir que consultatif. Il
ne pourra qu’émettre un avis sur la situation de la personne concernée, avis accompagné d’un rapport transmis au
Parlement européen : il n’a qu’un pouvoir d’influence.
Selon la Cour de justice, il ne peut pas saisir le juge de l’Union ni prendre de décision contraignante  CJCE
25 oct. 2007, KOMNINOU c. Commission.

Droits conférés aux administrés de l’UE :


- droit de s’adresser à toutes les institutions de l’UE dans une langue officielle, avec le droit de recevoir une
réponse. Ce droit appartient aux citoyens de l’UE  => art 20 §2 TUE, §24 TFUE
Mais la Charte des droits fondamentaux de l’UE à l’article 41§4 prévoit que ce droit s’applique en réalité à
tout administré de l’UE.
- droit d’accès aux documents administratifs de l’UE  art. 15§3 TFUE, confirmé par l’art 42 de la Charte des
droits fondamentaux. \\ au droit interne : loi du 17 juil. 1978.
- droit de pétition : art ; 24 TFUE étendu à toute autre personne  art 227 TFUE ce que conforme l’art. 44 de
la Charte des droits fondamentaux : toute personne pourra présenter une pétition au parlement européen, cette
pétition devra concerner un sujet qui intéresse directement l’intéressé et devra relever des activités de l’UE.
- droits et libertés fondamentaux : le droit de circuler et de séjourner librement dans un État membre qui
appartient à tout citoyen  art. 20§2 TUE, et appartient aussi à toute personne tiers possédant un visa, ce qui permet
de reprendre la formule de la CJCE pour laquelle la libre de circulation s’applique à toute personne « citoyen ou non
de l’Union », CJCE 21 sept. 1999, FLORUS ARIEL WIJSENBEEK.

Pour autant le principe de non discrimination est fondé sur la nationalité, est rattaché à la citoyenneté
européenne, seuls les citoyens peuvent en disposer  CJCE 12 mai 1998, MARTINEZ SALA.

2) LES DROITS EXCLUSIVEMENT RÉSERVÉS AUX CITOYENS DE L’UE


- protection diplomatique
- droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et européennes
- droit d’initiative « citoyenne »

A) L A PROTECTION DIPLOMATIQUE ET CONSULAIRE


 art. 20 §3 TUE, droit qui recoupe l’hypothèse dans laquelle un citoyen se trouve sur le territoire d’un État alors que
l’État dont il est le ressortissant n’est pas représenté dans cet État.
Ce citoyen pourra bénéficier selon le traité de la protection diplomatique de tout État membre dans les mêmes
conditions que les nationaux de cet État.
 art. 46 de la charte des droits fondamentaux

16
Cela marque une rupture avec la conception internationaliste de la protection diplomatique: la protection
diplomatique ne devient plus exclusive à chaque État mais cela devient comme un droit subjectif, opposable à
l’ensemble des États membres.
Selon la conception internationale un État ne peut accorder cette protection qu’à ses nationaux alors que
selon la conception européenne, chaque État peut l’accorder à qui il souhaite.

B)D ROIT DE VOTE ET D ’ ÉLIGIBILITÉ CONCERNANT LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET EUROPÉENNES


 Droit posé par le traité de Maastricht

Il permet au citoyen de bénéficier de ce droit dans l’État de résidence du citoyen, dans les mêmes conditions que les
nationaux.  Art. 20§2 TUE, Art. 22 TFUE, Art. 39 et 30 de la Charte des droits fondamentaux.

Cependant la CJUE semble avoir rompu le lien entre nationalité européenne et droit de vote et semble avoir étendu ce
droit.  CJCE 12 sept. 2006 :
-> Espagne c. Royaume Uni
-> MG Eman

Dans ces deux décisions la Cour précise que la citoyenneté n’est pas une condition suffisante à l’exercice de
droit de vote, il faut des conditions supplémentaires, notamment une condition de résidence (ne doit pas être
discriminatoire), élément qu’on retrouve dans l’arrêt MG Eman.
Mais surtout selon la Cour ces droits peuvent être accordés à des non citoyens européens, et précisément à
des « personnes déterminées ayant des liens étroits avec ces États ».
On peut justifier cette décision par les lacunes du traité, c’est la justification de la décision : selon la Cour, le
traité n’identifie par explicitement les bénéficiaires de ces droits alors l’État membre est déclaré compétent pour établir
leurs titulaires.
Solution quelque peu curieuse qui aboutit à un résultat curieux dans l’affaire Espagne c. Royaume-Uni le R-
U où le juge admet que l’État du Royaume-Uni puisse accorder ce droit à des personnes de la Common Wealth, plus
précisément ceux qui habitait au Gibraltar, personnes qui n’avaient pas de liens directs avec la citoyenneté
européenne, ce qui s’explique par l’emploi de la notion de « tradition institutionnelle » : la Cour ménage la marge de
manœuvre de l’État membre.
La reconnaissance de ces droits s’est heurtée à des difficultés constitutionnelles en France ; CConst. 9 avril
1992, MAASTRICHT 1. Le conseil nous rappelle que la qualité d’électeur est réservée théoriquement aux nationaux
en droit interne dès lors que le scrutin engage la souveraineté nationale. Le Conseil nous rappelle aussi que l’élection
des conseillers municipaux a une influence à l’élection des sénateurs. En d’autre terme, l’élection de conseillers
municipaux a une incidence indirecte sur l’exercice de la souveraineté nationale. Le Conseil Constitutionnel en déduit
que seuls les Français peuvent voter aux municipales.
Révision de 1992 qui a introduit un article 88-1 Const.
Concernant le Parlement européen ça a moins posé de problèmes : il est prévu par les traités européens et
n’est pas un organe national, décision 92-308 aux considérants 31 et 32, le Conseil constitutionnel a validé le droit de
vote des ressortissants étrangers.
Concernant les normes européennes, il existe deux directives du Conseil de l’Union :
- directive du 6 déc. 1996 qui concerne les élections européennes
- directive du 19 déc. 1994

La loi du 5 fév. 1994 transpose la 1ère directive et la loi organique du 25 mai 1998 transpose la seconde.

 Exercice commun du droit de vote. Ces droits vont être exercés dans les mêmes conditions que les
nationaux. Ces textes précisent en outre que le citoyen a librement le choix de son lieu de vote et d’éligibilité (entre
son État de résidence et l’État d’où il est ressortissant). Par ailleurs il existe des dispositions dérogatoires pour
certains États, notamment ceux où il existe une grande proportion de non nationaux, p. ex. le Luxembourg qui
comprend 1\5 de non nationaux. On y a autorisé alors de subordonner le droit de vote à une durée de résidence de
cinq ans.
En France : un citoyen non national ne serait ni maire ni adjoint au maire car cela donne des prérogatives de
puissance publique. Il ne saurait non plus élire les conseillers municipaux qui vont voter pour les sénateurs.

C ) DROIT D ’ INITIATIVE CITOYENNE

17
 art. 11 §4 TUE, qui résulte des innovations apportées par le traité de Lisbonne. Le droit appartient à un million de
citoyens européens, et va leur permettre d’invite la commission à exercer son initiative législative.
Ce droit est très encadré : il faut un million de citoyens et il faut qu’ils soient issus d’un nombre significatif
d’États membres  règlement du 16 fév. 2011, n° 211/2011, qui fixe à 1\4 des États membres.
Ce droit ne permet que d’inviter la commission à exercer son initiative : elle dispose d’un pouvoir
discrétionnaire pour refuser d’y donner suite. On peut enfin s’interroger sur l’articulation entre cette initiative et le droit
de pétition étant donné que dans les deux cas l’exercice de ces deux droits tend à initier un processus législatif. Pour
certains auteurs le droit de pétition serait un droit faisant valoir des intérêts subjectifs  : ce droit doit concerner un sujet
qui touche directement l’administré, qu’on ne retrouve pas dans l’initiative citoyenne.
A l’inverse le droit d’initiative serait un droit objectif qui concrétise la participation des citoyens aux institutions
de l’Union, distinction proposée par le professeur Raux.

§2. L A VIE DÉMOCRATIQUE DANS L ’UE


Cette démocratie n’est pas pleinement satisfaisante aujourd’hui. Il faut une conscience politique européenne
qui n’existe pas à l’heure actuelle. Le droit pourra simplement favoriser le développement d’une telle conscience. Des
efforts sont encore à faire sur ce point.

A. L A DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE

=> Art. 10 TUE : le droit de l’Union est fondé sur la démocratie représentative.
On peut le constater à travers la composition de certaines institutions : cela implique l’élection du Parlement
européen au suffrage universel direct.
De plus les citoyens doivent être représentés indirectement à travers le Conseil de l’UE et du Conseil
européen : cela représente les États membres, qui représentent les peuples.
Cette représentation est insuffisante aujourd’hui, on va concerner ces insuffisances concernant le rôle des
Parlement nationaux, et le rôle des collectivités territoriales et plus précisément de leur représentation au sein des
institutions.

1) LES PARLEMENTS NATIONAUX


La représentation des parlements nationaux a évolué dans le temps. Au départ les parlements nationaux
étaient représentés au sein du Conseil européen. C’était logique dès lors que les parlementaires européens étaient
élus par les parlementaires nationaux.
L’élection au suffrage universel n’a pas bouleversé la situation. Les parlements nationaux représentaient
toujours les peuples, les États membres. Un parlementaire européen représentait une fraction de la population
nationale qui l’avait élue. Depuis le traité de Maastricht les choses sont plus délicates du fait du droit de vote et
d’éligibilité aux élections européennes.
N’importe quel citoyen peut voter dans n’importe quel pays membre. Les parlementaires européens
représentent aujourd’hui les peuples nationaux de manière indistincte.
Cela accroît la participation des parlements nationaux à l’UE.
Qu’a fait le droit interne ? Quelles dispositions le droit de l’UE a mis en place ? Puis cas de l’Allemagne.

A) LE DROIT FRANÇAIS  
Le droit français a évolué sous l’influence du législateur, qui a mis en place des délégations pour les
communautés européennes qui ont été mises en place dans chaque assemblée : loi du 6 juil. 1979 modifiée par une
loi de 10 mai 1990. La fonction de ces délégations : elles étaient chargées de suivre l’activité normative des
institutions afin d’en informer le parlement français.
Depuis lors (23 juil. 2008) ces dispositions ont été constitutionnalisées et on parle des « commissions chargées des
affaires européennes » qui disposent le pouvoir d’initier une résolution.

La modification du 25 juin 1992 consacre une nouvelle évolution avec l’article 88-4 Const. qui apporte des
éléments nouveaux :
- les assemblées peuvent voter les résolutions européennes qui vont porter sur le projet d’acte ou tout
document émanent des institutions. On parle de résolution du parlement, cette résolution permet uniquement au
parlement d’exprimer son point de vue et d’informer le gouvernement sur le point de vue. Les résolutions consistent
en de simples avis comme l’a jugé le conseil constitutionnel dans sa décision du 17 déc. 1992, MAASTRICHT 1.
Le 2ème apport tient à l’amélioration de l’information du parlement national qui a été étendu successivement.
Dans un 1er temps le gouvernement devait transmettre certains textes. Il devait transmettre les projets d’acte qui
portaient sur les domaines de compétence du législateur, donc relevant de l’art. 34 Const.
18
Le gouvernement n’avait que la faculté de transmettre l’info pour les autres sujets, quoique la révision de 2008
a généralisé cette obligation de transmission à tous les projets ou propositions d’actes, seulement ceux qui relèvent
du domaine de la loi.

B ) EN DROIT DE L ’UE
Le traité d’Amsterdam a fait un premier pas concernant les parlements nationaux mais il a fallu attendre le
traité de Lisbonne pour voir engager un véritable statut des parlements nationaux. Il y a eu deux formes d’évolution :
Le traité d’Amsterdam : le protocole n°9 relatif au rôle des parlements nationaux dans l’UE. Il prévoit deux séries
d’apport :
- transmission rapide des documents de consultation mais aussi les propositions législatives formulées par la
commission.
- COSAC : le protocole le crée, il s’agit d’une conférence des organes spécialisés dans les affaires
communautaires, composé de représentants de parlements nationaux, avec un pouvoir d’initiative assez large car elle
pourra soumettre toute proposition à toutes les institutions sauf la Cour de justice.
Le traité de Lisbonne a modifié l’article 12 du TUE. Il établit que les parlements nationaux contribuent au bon
fonctionnement de l’UE. Cela se poursuit par l’octroi de nouveaux droits aux parlements nationaux. Ceux-ci sont
désormais compétents pour contrôler le principe de subsidiarité 2 : ils peuvent émettre des avis motivés, et depuis
Lisbonne, ils pourront saisir la CJUE.  art. 88-6 Const qui reprend les articulations, et en France la saisine motivée
de la Cour de justice sera mise en œuvre par des résolutions du parlement.

Cela passe par le droit de contrôler le principe de subsidiarité, une association en outre à la mise en œuvre
des principes de l’ancien 2ème pilier, qui passe essentiellement par un droit à l’information, dans ce cadre, qui évoqué
aux articles 70 et 71 du TFUE.
Ces parlements nationaux prennent désormais part à la révision des traités dès lors qu’ils sont représentés au
sein de la convention.  art. 48§2 TUE.

C ) CAS ALLEMAND
L’évolution opérée par le droit de l’UE n’a pas suffit au juge constitutionnel allemand : 30 juin 2009, Cour de
Karlsruhe, relative au traité de Lisbonne. Dans cette décision la Cour allemande a décidé que le parlement national
ne disposait pas d’assez de pouvoir pour contrôler les transferts de compétences opérés au profit de l’UE. Le juge a
exigé le renforcement des pouvoirs, notamment celui du contrôle des transferts de compétences.
Le juge allemand fonde cette décision sur le fonctionnement démocratique, consubstantiel à l’identité
constitutionnelle de l’Allemagne.

2) LA REPRÉSENTATION DES COLLECTIVITÉS INFRA ÉTATIQUE


L’UE comporte aussi une dimension régionale. Mise en place dans les années 70 d’un FEDER, institué pour
favoriser le développement de certaines régions de l’UE, ce qui a nécessité la représentation des collectivités au sein
de l’UE.
=> Création d’un comité consultatif des collectivités, d’abord informel, mis en place en pratique. Il a été officialisé par
le traité de Maastricht qui en a fait un comité des régions.  art 300 TFUE.
- fonction similaire du comité économique et social
- pour y appartenir il faut être titulaire d’un mandat local : si on le perd on n’y siège plus.
- dans certains cas, il doit être obligatoirement consulté
- consultation facultative du comité
- auto-saisine du comité, si deux conditions sont réunies : le conseil économique et social doit avoir été saisi de
la question. Il faut en outre que la question mette en jeu des intérêts régionaux spécifiques.  art. 307 TFUE.

B) L A DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
=> Notion de bonne gouvernance au sein de l’UE, qu’on retrouve aujourd’hui dans le traité, art. 15§1 TFUE.
Il s’agit de participation des citoyens de l’UE à la vie de l’UE.
Nous parlerons plutôt que de gouvernance, de démocratie participative, évoquée à l’art. 10§3 du TUE qui indique que
tout citoyen a le droit de participer à la vie démocratique de l’UE.

Le principe de subsidiarité vise à privilégier le niveau inférieur d'un pouvoir de décision aussi longtemps que le niveau
supérieur n'est pas capable d'agir plus efficacement.
19
Vendredi 21 octobre 2011

Cet article se contente de proclamer certains droits, et il proclame principalement un principe d’ouverture :
suivant ce principe les décisions doivent être prises au plus près des citoyens de l’union, de manière ouverte  art.
15 TFUE. Cela implique la transparence des actes de l’UE ainsi que la publicité des débats. L’article 11 du TUE
évoque la mise en avant de la participation des citoyens. L’alinéa 1 dit que les institutions ont l’obligation de recueillir
les opinions des citoyens de l’UE, jusqu’à ouvrir un débat (§2) mentionné par la formule « dialogue ouvert,
transparent, et régulier avec la société civile ».
On relève que l’article 11 évoque le rôle de la commission, et le 3 ème paragraphe propose de « consulter les
acteurs économiques et sociaux », cela existait déjà en pratique.

1) LA PARTICIPATION DE LA VIE POLITIQUE


Le statut est évoqué à l’art. 10§4 TUE : « les partis politiques au niveau européen » de manière ambiguë. La
formule désigne la réalité actuelle : les partis nationaux participent à la vie européenne, ils forment des groupes
politiques et se réunissent au sein du parlement. Mais la formule semble évoquer des partis politiques proprement
européens, qui n’existent pas encore. Cet article énonce que ces partis concourent à la formation d’une conscience
politique européenne et contribuent à l’expression de la volonté politique des citoyens de l’UE, conscience politique
qui n’existe donc pas.
Règlement du 4 nov. 2003 et règlement du 18 nov. 2007 : ces dispositions précisent et définissent les
critères d’attribution de la qualité de partis politiques. Il faut que le parti jouisse d’une audience dans au moins quatre
États de l’Union. Cela implique un régime juridique particulier :
- financement européen des partis (en fonction du nombre d’élus au parlement)
* financement contrôlé
-> par le parlement européen
-> par la cour des comptes
- les financements peuvent être privés (dons…)

2) LA PARTICIPATION À LA VIE CIVILE


Le TFUE vient encourager le dialogue social par l’art. 154 TFUE. : la commission doit promouvoir un tel
dialogue au sein de l’UE. Elle doit en outre étendre un tel dialogue à l’occasion du traité de Lisbonne  : il est élargi aux
relations avec les églises, et aux « organisations philosophiques non confessionnelles », qui doit être transparent,
ouvert et régulier.  art 17§3 TFUE. Les traités ont institutionnalisé cette participation : le Comité économique et
social (CES) a été crée, évoqué aux articles 300 à 304 TFUE, composé de représentants de la société civile (\\
Conseil économique, social et environnemental en France).
Les représentants sont nommés pour cinq ans, répartis selon le poids des États membres. Le CES a pour rôle
similaire au comité des régions : il peut être consulté par les institutions européennes, soit de manière obligatoire soit
de manière facultative, selon ce que prévoient les textes. Le comité peut en outre s’autosaisir et pourra émettre un
avis de sa propre initiative. Il n’a pas de pouvoir décisionnel, il n’émet que des avis qui ne vont pas lier les
destinataires.

CHAPITRE 2. LES COMPÉTENCES DE L’UNION EUROPÉENNE


SECTION 1. LA RÉPARTITION DES COMPÉTENCES DANS L’UE

§1. L’ ATTRIBUTION DES COMPÉTENCES À L ’U NION


C’est une question sensible parce que si l’État transfère une compétence exclusive à l’UE, il ne l’aura plus
Cependant l’État n’est pas dépossédé d’une compétence qu’il attribut à l’UE parce que
- l’État membre participe à l’exercice de cette compétence, au processus décisionnel. Il perd l’exercice de cette
compétence par lui même, de plus si la décision est prise à la majorité, il ne peut pas s’y opposer.
- l’exercice d’une compétence par l’UE n’interdira pas forcément à l’État membre d’agir.

Le principe qui régit le transfert des compétences est le principe d’attribution  : il a vocation à limiter les
pouvoirs de l’UE. Depuis lors on a cependant constaté une extension des pouvoirs de l’UE. Cela n’exclue donc pas un
certain dynamisme des compétences.

A) L’ ATTRIBUTION LIMITATIVE DES COMPÉTENCES À L ’UE

20
On distingue compétence d’attribution à la compétence de principe des États membres. Cf. attributions de
l’art. 34 et 37 Const.: le législateur a une compétence d’attribution, il ne dispose des compétences qu’expressément
attribuées. Cela rejoint le principe de spécialité en droit international. Ce principe permet de distinguer l’Union d’un
État : l’État a la compétence souveraine de la compétence. L’UE dépend des compétences que lui auront transférées
les États membres.
Les institutions doivent dès lors fonder leurs décisions sur une base juridique particulière : sur le fondement
des traités. Cette base juridique permet de savoir quelle procédure choisir pour adopter l’acte.

Le principe d’attribution n’était pas formulé dans le CEE mais a été consacré par le traité de Maastricht puis a
été modifié dans sa formulation par le traité de Lisbonne : art. 4. TUE.
Le corollaire est que l’État membre a une compétence de droit commun : il est compétent dans toutes les
matières qui ne sont pas attribuées à l’UE.

La garantie contre l’empiètement sur les compétences des États membres revient à la Cour de justice, avec
pour sanction la mention d’incompétence et donc l’annulation de l’acte juridique qui empiétait. La CJUE pourrait même
contrôler un tel acte par une exception d’illégalité.
Certains décisions récentes laissent penser que ce contrôle pourrait peut être revenir aux tribunaux nationaux.
Par exemple la Cour de Karlsruhe a décidé dans une décision Maastricht de 1993 qu’elle était compétente pour
juger de cela.
En revanche le Conseil constitutionnel s’est déjà refusé à contrôler la répartition des compétences à l’égard de
l’UE : décision du C.Const. 10 juin 2004, ECONOMIE NUMERIQUE. Il refuse de contrôler si la directive
communautaire a respecté la répartition des compétences telle que prévue par les traités. Pour lui seule la CJUE est
compétente.

Le Conseil d’État n’a pas la même approche : il a accepté de contrôler un acte de droit dérivé, on peut se
demander donc s’il n’acceptera pas plus tard de contrôler une directive communautaire, au regard du traité lui même,
ce n’est pas encore le cas, mais une grande partie de la doctrine y est favorable aujourd’hui. CE Sect. 2008,
CONSEIL NATIONAL DES BARREAUX.

B) D YNAMISME DES COMPÉTENCES AU SEIN DE L ’UE


Les compétences de l’UE peuvent évoluer selon l’évolution des traités. En outre elles sont amenées à évoluer
sur le fondement de l’art. 352 TFUE, et en raison de l’interprétation de la CJUE et de la jurisprudence européenne.

Art. 352 TFUE


Si une action de l'Union paraît nécessaire, dans le cadre des politiques définies par les traités, pour atteindre l'un des objectifs
visés par les traités, sans que ceux-ci n'aient prévu les pouvoirs d'action requis à cet effet, le Conseil, statuant à l'unanimité sur
proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen, adopte les dispositions appropriées. Lorsque les
dispositions en question sont adoptées par le Conseil conformément à une procédure législative spéciale, il statue également à
l'unanimité, sur proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen.

2. La Commission, dans le cadre de la procédure de contrôle du principe de subsidiarité visée à l'article 5, paragraphe 3, du traité
sur l'Union européenne, attire l'attention des parlements nationaux sur les propositions fondées sur le présent article.

3. Les mesures fondées sur le présent article ne peuvent pas comporter d'harmonisation des dispositions législatives et
réglementaires des États membres dans les cas où les traités excluent une telle harmonisation.

4. Le présent article ne peut servir de fondement pour atteindre un objectif relevant de la politique étrangère et de sécurité
commune et tout acte adopté conformément au présent article respecte les limites fixées par l'article 40, second alinéa, du traité
sur l'Union européenne.

1) ART. 352 TFUE


C’est l’ancien article 308 du TCE. Il permet à l’UE d’exercer certaines compétences nouvelles en l’absence de
révision des traités afin de combler une lacune des traités dans l’hypothèse où les traités n’auraient pas envisagé la
situation en cause.
Cette situation est très encadrée et cet article pose des conditions strictes. La révision doit être
- nécessaire
- dans le cadre des politiques définies par le traité
- doit tendre à la réalisation d’un objectif visé par l’UE
- le traité ne doit pas avoir reconnu de pouvoir d’action à l’UE dans ce domaine
21
- décision prise à l’unanimité sur proposition de la commission du avec l’approbation du parlement
européen
La CJUE a assoupli ces conditions dans sa jurisprudence. Elle a apprécié une intervention subsidiaire du
conseil et l’a facilitée dans certains cas.
Cette évolution résulte aussi de la jurisprudence européenne, de l’interprétation du traité par le juge européen.

On constate que le juge européen interprète les compétences d’attribution de l’UE de manière extensive, qui
résulte de méthodes d’interprétation particulières.
La méthode d’interprétation la plus usitée est une méthode téléologique : elle fait référence aux finalités
visées par le traité. La Cour a préféré atteindre cette finalité plutôt que respecter la lettre des stipulations qu’elle doit
interpréter. En outre la Cour peut se fonder sur l’effet utile du droit de l’UE, et va donner un sens maximal aux
dispositions relatives à la compétence. La méthode systémique est également utilisée : elle permet de replacer les
dispositions dans l’ensemble du traité et retenir l’interprétation la plus cohérente au regard du reste du traité. Ces
méthodes ont permis à la Cour de développer une théorie des compétences implicites : la Cour va accorder à l’UE
les compétences qui lui sont nécessaires pour atteindre les objectifs visés par les traités.
Ces compétences implicites concernent surtout le domaine de relations extérieures et de libre circulation des
marchandises.

§2. L ES CATÉGORIES DE COMPÉTENCES RÉPARTIES


On distingue les actes de base et les actes d’exécution.
L’organe qui a édicté l’organe de base ne peut pas faire l’acte d’exécution : cela résulte de la jurisprudence
CJCE, 17 déc. 1970, KÔSTER. L’acte de base peut se contenter de contenir les éléments essentiels de la matière à
régler sans régler pour le reste l’ensemble des détails de cette matière. On distingue l’acte de base et l’acte
d’exécution (\\ différence entre norme législative et décret d’application).

A) L A RÉPARTITION DES COMPÉTENCES DE BASE


1) COMPÉTENCES INTERNES
Ces compétences internes ont changé depuis le traité de Lisbonne. Avant le traité on distinguait deux
catégories de compétence : les compétences exclusives de la communauté, et la compétence concurrente de la
communauté des États. Ces distinctions ont été celles que l’on trouvait dans les traités. On trouvait déjà à l’époque
une 3ème catégorie de compétences dévolues à l’UE. Le traité de Lisbonne a clarifié cette répartition des compétences
entre l’UE et les États membres.

Aujourd’hui on distingue donc trois catégories de compétences.


- compétences exclusives de l’UE => art.2§1 TFUE. Dans ces matières, seule l’UE est compétente. Les États
membres ne sauraient intervenir sauf si l’UE les habilite à intervenir. Sauf pour exécuter un acte de l’UE.
- les compétences partagées qu’on dénomme parfois les « compétences concurrentes », qu’on trouve à
l’art. 2§2 TFUE. Cette idée signifie qu’un État membre pourra intervenir tant que l’UE n’est pas encore intervenue.
- les compétences d’appui qui sont aussi qualifiées de « compétences complémentaires » de l’UE.

Dans ces hypothèses là l’action de l’UE vient compléter l’intervention des États membres, mais ne la remplace
pas. L’UE ne se substitue jamais aux États dans une telle hypothèse. C’est la situation inverse de la situation
précédente : pour que l’UE intervienne il faudra que les États soient intervenus au préalable.

A) L ES COMPÉTENCES EXCLUSIVES DE L ’UE


Art. 3-1 TFUE
- union douanière, politique commerciale commune
- définition et mise en œuvre des règles de concurrence
- une partie de la politique agricole commune. Mais cela se limite à la « conservation des ressources
biologiques et de la mer ». C’est la seule partie de la PAC qui relève de la compétence exclusive. Avant Lisbonne
relevaient la règlementation des marchés agricoles, ce qui incluse la fixation du prix des denrées agricoles, mais le
traité de Lisbonne les a exclus.
- politique monétaire

Les États membres ne devraient plus pouvoir agir, mais en réalité, ce n’est pas absolu. La CJUE admet que
l’État puisse intervenir dans ce domaine en cas de défaut d’exercice de sa compétence par l’UE. Il est admis que les
États agissent spontanément, face à l’urgence p. ex. avec la vache folle.

22
En outre en cas d’habilitation de l’UE, spécifique, les États membres pourront intervenir, admise par la CJCE
15 déc. 1976, DONCKER WOLCKE. Mais l’État doit agir « en gestionnaire de l’intérêt commun » : CJCE, 5 mai 1981,
commission c. R-U. La CJCE a pu admettre qu’une telle habilitation pourra être implicite : CJCE 18 fév. 1986,
BULK OIL.

Deux remarques : l’action des États est contrôlée par la CJUE. La cour va vérifier : l’existence de l’habilitation et si
l’État n’agit pas dans son intérêt propre.
Que signifie alors le silence de l’UE ? A-t-elle souhaité déléguer sa compétence ou alors, quelle n’a pas
souhaité intervenir dans un domaine de compétence ?

B ) LES COMPÉTENCES EUROPÉENNES PARTAGÉES


Les États pourront intervenir tant que l’UE n’est pas intervenue. Il existe un principe de coopération loyale
qui interdit à l’État de compromettre l’action future de l’UE. Il devra aussi respecter les interventions déjà effectuées
par l’UE dans ce domaine.
Art 4. TFUE : les compétences partagées
- le marché intérieur à l’exclusion des règles de concurrence
- certains aspects de la politique sociale sauf l’exclusion et l’éducation
- cohésion économique et sociale
- reste de la PAC (à l’exclusion des ressources de la mer)
- pêche
- environnement
- protection des consommateurs
- politique des transports
- réseaux transeuropéens
- certains aspects de la santé publique notamment les questions de sécurité qui relèvent des compétences
partagées.

Le traité de Lisbonne a ajouté :


- l’énergie
- les compétences qui relevaient de l’ancien 2ème pilier
Et deux séries de compétences particulières :
- recherche et développement technologique
- aide humanitaire
Qui sont entre des compétences partagées et des compétences d’appui.

L’UE peut intervenir dans cette hypothèse mais cela n’empêchera pas les États membres d’intervenir par la
suite. Il s’agit là donc d’une hypothèse différente de la compétence partagée. C’est une catégorie hybride.
Ces compétences partagées ont vocation à évoluer dans l’avenir. Jusqu’alors l’évolution ne s’est fait que dans
un sens : transformation de compétences partagées en compétences exclusives, mais l’inverse n’est pas improbable.
A terme certaines compétences exclusives pourraient redevenir des compétences partagées.

C ) LES COMPÉTENCES D ’ APPUI


On les retrouve aux articles 5 et 6 du TFUE. Il s’agit tout d’abord de l’action en matière d’emploi (art 5§2),
ensuite l’éducation, la formation professionnelle, la culture, la santé publique et le tourisme. Cela comprend en outre le
sport, la protection civile et la coopération administrative. L’article 5 du traité évoque la politique économique.
Particularité en matière de politique économique : l’UE devrait coordonner l’action des États membres. Or à l’art. 5.
L’hypothèse inverse est écrite : les États membres coordonnent les politiques économiques.
Cela appuie l’idée que les États restent souverains, ils ont un pouvoir discrétionnaire.
En matière de compétence d’appui l’harmonisation des droits nationaux est exclu => art 2§5 TFUE.

2) LES COMPÉTENCES EXTERNES DE L’UE.


Jeudi 27 octobre 2011

Les compétences externes de l’UE sont plutôt limitées si on se réfère aux traités. Mais ce champ est devenu plus large grâce aux
compétences implicites.

A) C OMPÉTENCES EXTERNES EXPLICITES

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La compétence de l’UE ne préjuge pas de celle des États membres : l’UE ne possède pas une compétence exclusive dans
les autres domaines. Les traités n’accordent qu’une compétence limitée à l’UE à ces domaines : ( ??? pour ces matières là ou pour les
autres ? Exclusives ou pas ? aux environs de 5 min)
- union douanière et politique commerciale
* accords tarifaires, => 207 TFUE
- accords d’association avec des États tiers => 217 TFUE
- recherche et développement technologique => 286 TFUE ( ?)
- 191 TFUE environnement
- coopération au développement 209 TFUE
- coopération économique et technique avec les États tiers => 212 TFUE
- accords en matière de définition de taux de change entre l’€ et les monnaies tierces => 219 TFUE.
Il est prévu concernant les compétences qui viennent d’être citées que les compétences de l’UE ne préjugent pas de celle des États
membres.

B) C OMPÉTENCES EXTERNES IMPLICITES


 CJCE 31 mars 1971, COMMISSION c. CONSEIL (AETR)
La communauté souhaitait conclure un accord en matière de transport alors qu’aucune stipulation du traité ne lui
accordait cette compétence. La CJCE le lui reconnait en se fondant sur le système général du droit communautaire.
Une telle compétence externe peut résulter d’autres dispositions du traité soit d’actes pris dans le cadre de ces
dispositions. La Cour va dégager une compétence externe implicite en la dégageant d’une compétence interne de l’UE, qui lui est
liée.
Il importe peu que cette compétence interne ait déjà été utilisée.  CJCE 14 juil. 1976, Kramer.
Est-ce que ce sont des compétences exclusives de l’UE ?
 Avis n°1-94, du 15 nov. 1994, accord relatif à l’OMC
- Oui si la compétence interne a déjà été utilisée.
- Non si l’UE n’a pas exercé sa compétence interne.
Dès lors que la compétence de l’UE est exclusive les États n’ont pas le droit de contracter dans ces domaines. Pour le
reste la CJCE a apporté plusieurs précisions. Elle a expliqué comment reconnaitre une compétence exclusive : il convient en effet
d’analyser la relation qui existe entre l’accord et le droit de l’UE.  avis CJCE, 16 avril 2006, relatif à la nouvelle convention
de l’Ougadou mais aussi dans CJCE 5 nov. 2002, COMMISSION c. DANEMARK dans cette décision elle assouplit la
reconnaissance des compétences implicites : elle n’exige plus qu’un acte interne ait été adopté avant la conclusion de l’accord, elle
admet qu’un tel acte puisse être adopté au moment de la conclusion de l’accord, ou même suite à cet accord et ce afin de le mettre
en œuvre.
Cette jurisprudence de 2002 a été codifiée par le traité de Lisbonne: art. 3§2 TFUE qui indique les compétences
exclusives pour la conclusion d’un accord international. Cette compétence existe dès lord que c’est prévu dans un acte interne ou
quand ces conclusions sont nécessaires pour exercer une compétence interne.

B) L A RÉPARTITION DES COMPÉTENCES D ’ EXÉCUTION


(17 min : p-e contresens)

Elle est prévue à l’article 291 du TFUE, elle est similaire à ce qui s’applique en matière de compétences de base.
Les États ont une compétence de principe pour ce qui est de l’exécution des décisions de l’UE, cela octroi à l’UE une compétence
d’attribution. Parfois seules les institutions de l’UE ne pourront exercer les actes de base.

1) L’EXÉCUTION EN PRINCIPE PAR LES ÉTATS MEMBRES


 art 4§3 TUE.
Les États membres -> compétence d’exécution de droit commun, reconnu par la Cour de justice.  CJCE 21 sept. 1983,
DEUTSCHE MILCHKONTOR GmbH
On se souvient que les décisions de l’UE doivent être prises plus près des citoyens (art. 1. TUE) et les compétences des
États membres satisfont une telle exigence. Cela justifie donc cette compétence. Par ailleurs seuls les États membres ont les
institutions nécessaires : le tissu institutionnel de l’UE n’est pas assez développé pour permettre d’appliquer les décisions dans
chaque État.
Conséquence : dédoublement fonctionnel des États membres. Les organes sont en effet des organes constitutionnels, qui
ont une fonction constitutionnelle interne. Par ailleurs ces organes participeront à l’exécution du droit de l’UE. L’organe
constitutionnel interne est donc aussi un organe de l’UE.
Les États membres ont une large autonomie dans l’exécution des compétences, liberté d’action avec quelques limites.

A) P RINCIPE DE L ’ AUTONOMIE INSTITUTIONNELLE ET PROCÉDURALE DES É TATS MEMBRES

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Ce principe signifie que l’État membre est libre de déterminer l’organe d’exécution du droit de l’UE et de déterminer la
procédure d’adoption de ces actes d’exécution. Selon la Cour la détermination des organes relèvent uniquement du système
constitutionnel des États membres  CJCE 15 déc. 1971, INTERNATIONAL FRUIT COMPANY.

La liberté est presque totale : l’organe pourra être soit central soit décentralisé, une entité fédérée ou non etc. à condition
que la mise en œuvre du droit de l’UE soit effective : elle doit être correcte.  CJCE 10 nov. 1992, HANSA FLEISCH.

En France la constitution détermine l’organe d’exécution (art. 34 et 37 Const.). Le législateur sera compétence si l’acte
d’exécution relève du domaine de la loi, sinon ce sera de la compétence du pouvoir règlementaire. En pratique l’exécutif intervient
souvent, ce sur habilitation du législateur par biais d’ordonnance (art. 38 Const.).

B) L ES LIMITES DE L ’ AUTONOMIE INSTITUTIONNELLE ET PROCÉDURALE


Ces principes doivent permettre l’application uniforme du droit communautaire, CJCE affaire quelque chose.
Ce sont surtout des limites procédurales. Elles ne sont pas forcément institutionnelles.

Le droit de l’UE a fait créer de nouveaux organes : les commissions parlementaires, le secrétariat général pour l’UE, des
autorités de régulation interne dans le domaine économique qui fait écho à une intervention de l’UE dans ces domaines.
Certains organes sont apparus mais dans la plupart des cas la création de nouveaux organes ne sont pas imposée par le
droit de l’Union. Par conséquent il n’y a pas de limites institutionnelles : à l’État membre de décider librement de l’organe en
question.
Cependant il y a deux limites procédurales du fait de la Commission et du Conseil. L’autonomie procédurale est en effet
encadrée par la Commission car c’est le rôle de la Commission de veiller à l’application du droit de l’UE (art. 17 TUE).
La Commission va disposer d’une palette de pouvoirs plus ou moins contraignants pour les États membres.
On constate dans certaines manières que la Commission a le pouvoir d’approuver l’acte d’exécution qui est la forme
de contrôle la plus contraignante. Il y a aussi la possibilité pour la Commission d’adresser des instructions à l’État
membre pour le guider. Ensuite la Commission peut exercer un contrôle a posteriori sur les actes d’exécution,
notamment sur les aides d’État.
Dans le cadre de ce pouvoir de contrôle la Commission va être plus ou moins exigeante avec l’État membre.

Le Cour de justice peut aussi exercer un tel contrôle. La CJUE a dégagé deux principes qui guident cette exécution  : un
principe d’équivalence et un principe d’effectivité, principes dégagés par la décision CJCE, 21 sept. 1989, COMMISSION c.
GRECE.
Principe d’équivalence : il faut que la violation du droit de l’UE doit être sanctionné de la même manière que la
violation de droits internes : selon les mêmes conditions de fond et de procédure dès lors que les deux violations seraient d’une
importance similaire. Le droit interne doit protéger autant les règles européennes que le droit national.
Principe d’effectivité : la violation du droit de l’UE doit être sanctionnée de manière « effective, proportionnée et
dissuasive ». il faut une sanction véritable qui permette d’éviter de nouvelles violations. Illustration : la CJCE déclare que la
procédure de sanction doit être effectuée le plus tôt possible même si les délais de prescription ne sont pas écoulés  CJCE 22
déc. 2008, COMMISSION c. Espagne. Parfois la violation pourra être sanctionnée plus sévèrement que la sanction de la
violation du droit national : le principe d’effectivité le commande.
Parfois c’est l’UE qui a de telles compétences.

2) L’EXÉCUTION PAR LES INSTITUTIONS DE L’UE


C’est l’œuvre surtout de la Commission et parfois du Conseil mais seulement dans des cas spécifiques.

A) LA COMPÉTENCE EXÉCUTIVE DE LA C OMMISSION


Evolution : l’ancien TCE disait que la compétence exécutive de la commission était déléguée et encadrée par le Conseil,
qui avait un pouvoir discrétionnaire dans cette délégation.
Il déterminait quelles seraient les compétences exécutives déléguées à la Commission.
Depuis l’acte unique européen le Conseil a l’obligation de déléguer sa compétence d’exécution, avec peu d’exceptions.
 CJCE 24 oct. 1989, COMMISSION c. CONSEIL.
Le Conseil maitrise les conditions de la délégation. Il pourra aussi contrôler l’étendu de la délégation : c’est lui qui édicte
l’acte de base à exécuter. Il contrôle aussi les modalités de l’exécution à travers une procédure de comitologie.

LA CONSÉCRATION DE LA COMITOLOGIE.

25
Cela désigne la création de comités au sein de la commission. Fonction : assister la Commission dans sa compétence
d’exécution. Ils sont institués par le Conseil de l’UE donc ils ont aussi une fonction de contrôle. Ils suivent en leur sein les mêmes
procédures qu’au sein du Conseil.
Ces comités permettent de contrôler l’exercice de la compétence exécutive par la Commission.

Origines : années 1970, CJCE, 17 déc. 1970, AFFAIRE KÔSTER. Depuis le Conseil a recours à la comitologie pour
contrôler l’exercice de tout type de compétences. P. ex. en matière de budget : les comités peuvent être institués dans cette
matière, ce qui a été admis en 1989 par la Cour de justice, CJCE 24 oct. 1989, COMMISSION c. CONSEIL. La Commission
admet qu’un comité puisse être créé en matière budgétaire, malgré l’attribution de cette compétence de budget comme
principalement incombée à la Commission, sur sa « propre responsabilité »  art. 317 TFUE.
L’acte unique européen a conféré une base textuelle à cette pratique  ancien article 302 TCE. Cette base textuelle a
permis d’encadrer ces pratiques de comitologie. A l’époque cet article disait que la comitologie était encadrée par des principes et
des règles fixées par le Conseil.
Le Traité déterminait la procédure : le conseil statuait à l’unanimité sur proposition de la Commission après avis du
Parlement européen.
Traité de Lisbonne : change la procédure d’adoption de ces principes et de ces règles. C’est toujours le Conseil qui les
adopte, en codécision avec le Parlement. Il faut à présent une majorité qualifiée. Enfin la Commission n’a plus l’initiative dans les
principes et les règles pour encadrer ces comités.  Art. 291 TFUE.

Les principes et règles ont été établis :


- 13 juil. 1987
- 28 juin 1999 remplace la 1ère.
- 17 juil. 2006 : modifie la 2ème.
Ces décisions fixent deux principes importants en matière de comitologie. Elles déterminent la procédure d’adoption des
actes d’exécution. On détermine aussi le contenu de l’acte de base à exécuter. L’acte de base doit déterminer les éléments
essentiels des compétences d’exécution attribuée à la Commission. Cette solution est plus rigoureuse que ce que proposait la
jurisprudence, notamment que cela puisse être rédigé en termes généraux et que la délégation pouvait être générale, d’autre part
l’acte de base n’a pas à indiquer les éléments essentiels de la comitologie.  CJCE 27 nov. 1992, ALLEMAGNE c.
COMMISSION.

LES PROCÉDURES DE COMITOLOGIE.


Il en existe quatre, plus ou moins contraignantes pour la Commission. La 1ère procédure est consultative. Il est indiqué que
la procédure consultative est la procédure de comitologie ordinaire mais en pratique cette procédure est peu utilisée par la Conseil
dès lors que cette procédure est très peu contraignante pour la Commission.
La procédure implique que la Commission doit consulter le comité et doit tenir le plus grand compte de son avis, qui pour
autant ne s’impose pas à la Commission.

Procédure de gestion des politiques communes qui concerne la PAC, elle concerne en outre des programmes ayant des
incidences budgétaires de table. Cette procédure va impliquer que le comité émette un avis sur l’acte de procédure. Difficultés si
l’avis est négatif et si le comité a émis cet avis à la majorité qualifiée  : alors la Commission va être dessaisie au profit du Conseil,
qui disposera de trois mois pour édicter l’acte d’exécution.
C’est à défaut d’acte produit par le Conseil que l’acte de la Commission pourra s’appliquer.

Procédure pour les matières sensibles à savoir la santé ou la sécurité alimentaire : encore plus rigoureuse pour la
Commission qui risque de perdre son pouvoir d’exécution, si le comité émet un avis négatif à la majorité qualifiée ou si le comité
n’émet aucun avis. Dans ce cas le Conseil devra statuer sur la composition de la Commission dans un délai de trois mois. Dans
l’hypothèse la plus optimiste le Conseil peut approuver la position de la Commission, dans ce cas, le Conseil devient l’auteur de
l’acte d’exécution. Si le Conseil rejette la proposition de la Commission alors celle-ci devra à nouveau lui faire une proposition.

Procédure de règlementation avec contrôle. Issue de la décision comitologie de 2006, procédure d’une « insondable
complexité » selon la doctrine. Quel champ d’application ?
Mesure de portée générale qui a pour objet de modifier des éléments non essentiels de l’acte. On sait que la Commission
ne dispose pas du pouvoir de modifier les éléments essentiels de l’acte de base. Elle détermine surtout le déroulement de la
procédure de comitologie. Suivant cette procédure le conseil et le Parlement pourront s’opposer à la décision d’exécution la
Commission si
- l’acte d’exécution dépasse les compétences d’exécution prévues dans l’acte de base
- l’acte d’exécution n’est pas compatible avec l’objectif de l’acte de base
- l’acte d’exécution ne respecte pas le principe de subsidiarité ou de proportionnalité

26
Il faut distinguer deux hypothèses suivant le sens de l’avis émis par le Comité :
- avis positif sur l’acte d’exécution prévu par la Commission, dans ce cas les deux organes pourront s’y opposer : non
seulement le Parlement européen (majorité) mais aussi le Conseil (majorité qualifiée)
- avis négatif : seul le parlement européen pourra s’opposer à l’acte d’exécution

Remarques : la question du choix de la procédure ne se pose pas sur la 4 ème car elle est déterminée par la décision comitologie
2006. Pour les autres le champ d’application est plutôt vague. La 1 ère, selon la décision comitologie est applicable « chaque fois
qu’elle est constatée comme la plus appropriée », on doit en conclure que le Conseil reste libre pour la procédure qu’il souhaite
appliquer. A l’unanimité le Conseil peut déterminer librement la procédure qu’il souhaite sans être lié par les décisions
comitologiques.

Remarque sur le rôle du Parlement européen : le Parlement définit la plupart du temps le contenu de l’acte de base et il va
participer à l’édiction des modalités d’exécution à l’occasion des actes de base. Le Parlement intervient de manière indirecte.
Pendant longtemps le parlement n’était pas associé à la participation de la comitologie et il a revendiqué cette participation, qui a
été reconnue. Il n’est pas dans la logique de l’action d’un parlement de contrôler l’action de l’exécutif pour autant. Le Parlement
est tout d’abord informé par la Commission des actes d’exécution projetés. Il est informé en outre sur les travaux du comité qui se
seraient prononcés sur l’acte en question. Plus encore le Parlement peut désormais adopter des résolutions édictées si la mesure
envisagée empiète sur la codécision -> volonté de garantir les pouvoirs du Parlement. Enfin dans le cadre de la 4 ème procédure le
Parlement peut parfois s’opposer à l’acte d’exécution : c’est la prérogative la plus importante qu’il ait.

2) LA COMPÉTENCE EXÉCUTIVE DU CONSEIL


Il s’agit d’une compétence dérogatoire. Le Conseil ne sera compétent dans ces matières que dans des circonstances
particulières  Art. 291 TFUE. Mais il n’y a pas la liste de ces cas spécifiques : le Conseil est libre de les déterminer. Mais en
pratique le Conseil n’a pas abusé de ses prérogatives car il doit motiver la décision de prendre lui-même la décision d’exécution.
Obligation posée par la CJCE, CJCE 24 oct. 1989, COMMISSION c. CONSEIL, codifiée par le traité de Lisbonne : art. 291§2
TFUE : « Le conseil doit dument justifier la décision de prendre lui-même les décisions d’exécution ».

Remarque qui concerne le domaine des 2ème et 3ème piliers : la compétence relevait pendant un certain temps
exclusivement au Conseil car la Commission ne dispose que de peu de pouvoirs dans ces domaines, et les traités ne lui confèrent
aucune compétence d’exécution dans ces matières. C’était le Conseil qui prenait les actes en matière de PESC. Mais plus depuis le
traité de Lisbonne. Maintenant la PESC est la compétence du haut représentant aux affaires étrangères évoqué à l’article 24 §1
TUE.
Remarque sur la procédure d’adoption des mesures d’exécution adoptées par le Conseil : aucune stipulation des Traités
sur ce point : ils ne prévoient que la procédure d’adoption de l’acte de base. Est-ce qu’il faut une procédure similaire pour l’acte
d’exécution. Réponse : non par la CJCE. Elle a admis que le Conseil peut adopter un acte d’exécution selon une procédure
simplifiée qui pourra faire l’impasse sur le Parlement européen  KOSTER, CJCE.

SECTION 2. LES PRINCIPES RÉGISSANT LES COMPÉTENCES DANS L’UE


Vendredi 28 octobre 2011

§1. L E PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ


Ce principe se retrouve dans d’autres ordres juridiques. Il permet de déterminer si une compétence doit bien être exercée par l’UE.

A) L A SIGNIFICATION DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ


 art. 5 §3 TUE.
La subsidiarité permet à l’UE d’intervenir si l’action envisagée ne peut être poursuivie par les États membres. Il faut que
l’action envisagée soit plus efficace si entreprise au niveau de l’UE. Ce principe implique de vérifier que l’intervention de l’UE
présente une valeur ajoutée par rapport à celle des États membres.
Ce principe ne s’applique pas en matière de compétences exclusives de l’UE. Seule l’UE peut intervenir. Il n’y a pas de
répartition de compétences.

1) L’ORIGINE DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ


Ce principe n’est pas propre au droit de l’UE, surtout, il est antérieur à l’émergence de la construction européenne. On le
retrouve chez Aristote, dans la pensée de St Thomas d’Acquin, les manuels se réfèrent à l’encyclique  du Pape Pie XI qui évoquait
ce principe en disant que la communauté n’a pas à intervenir quand l’individu peut agir.

27
Il faut également que l’action au niveau supérieur soit plus efficace que l’action au niveau inférieur. Ce niveau supérieur
n’est qu’une force d’appui du niveau inférieur, en complément de celui-ci.

On rencontre en outre ce principe dans certains régimes politiques, p. ex. l’État fédéral dans lequel le principe de
subsidiarité régit aussi la répartition des compétences entre l’État fédéral et les entités fédérées.

En droit de l’UE le principe de subsidiarité a d’abord été consacré par rapport à l’environnement (ancien art. 174 TCE).
Il va être étendu à d’autres États de l’Union par le traité de Maastricht. Il vient de la crainte des États membres de voir les
compétences de l’UE s’accroitre progressivement, et crainte de la perte implicite de souveraineté.
On constate qu’au sein des États membres contestataires on retrouve plusieurs organes institutionnels qui peuvent se
plaindre de l’extension des compétences continues de l’Union et c’est précisément la revendication de ces organes nationaux qui a
conduit à l’émergence d’une solidarité ( ?). Les organes visés par ces évolutions : on pense par exemple aux Parlement nationaux
qui ont perdu une grande part de leurs prérogatives suite à l’expansion des compétences de l’UE, qui ont l’impression d’être des
chambres d’enregistrement des directives faites au niveau européen.
Les entités fédérées ont aussi craint la perte d’autonomie du fait de l’intervention continue des institutions européennes.
La réaction a été accélérée par l’opinion publique qui connait mal les institutions européennes, qui refuse parfois de se voir
appliquer des mesures lointaines, on rejoint ici la question du déficit démocratique de l’UE. Cette réaction des pouvoirs publics a
aussi poussé à inscrire le principe de subsidiarité.

On a l’impression qu’il s’agit d’un principe protecteur de la compétence des États membres et c’est dans cette idée qu’il a
été intégré au traité, mais en réalité ce n’est pas tout à fait le cas.

2) LE CONTENU DE CE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ


Trois hypothèses peuvent se présenter.
- Dans une 1ère hypothèse, le principe pourra impliquer que l’action n’est exercée que par les États quand ils sont mieux
placés pour réaliser l’objectif. Ici la protection est réelle.
- 2ème hypothèse : l’action est conduite par les États sur certains points, et sur d’autres aspects par l’UE. Ici c’est encore
protecteur.
- 3ème hypothèse : action exercée uniquement au niveau de l’UE. Le principe ne vient pas protéger la compétence des États
membres, il vient légitimer l’action de l’UE. Il favorise l’intervention de l’UE.

Ce principe est tout à la fois un frein et un moteur de la construction européenne.

B) L E CONTRÔLE DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ


Le principe de subsidiarité fait l’objet depuis quelques années d’un contrôle renforcé. Il a évolué depuis le traité de
Lisbonne.

1) SITUATION AVANT LISBONNE  : CONTRÔLE ÉTROIT


Le contrôle était insatisfaisant. Il y avait un contrôle politique en amont, et du juge de l’UE en aval. Dans les deux cas, le
contrôle était très limité.
Contrôle politique : du fait des institutions de l’UE. Elles se sont engagées à veiller au respect de ce principe, d’après un
accord interinstitutionnel du 25 oct. 1993.
Dans cet accord la commission s’était engagée à ne présenter que des propositions qui respectaient le principe de
subsidiarité. Cela implique que la commission fasse à chaque fois un bilan des avantages et inconvénients d’une intervention
européenne. C’est ce qu’on appelle un test d’efficacité comparative.
Contrôle, ensuite, par le Parlement européen et par le Conseil européen.

Un tel dispositif n’a rien d’efficace : il prévoit un autocontrôle de la Commission. L’accord ne va pas plus loin que les
stipulations du traité. Ensuite sont prévus des contrôles internes aux institutions européennes. Ça n’a jamais été efficace, car le
Conseil ou le Parlement n’ont pas intérêt à censurer les propositions de la Commission.

Le contrôle du principe de subsidiarité est effectué parfois par des juges internes et dans certains cas par la Cour de
Justice. Parfois c’est le juge constitutionnel qui va contrôler le respect du principe, p. ex. en droit allemand, au Danemark, et n’a
quasiment aucun intérêt : car le juge constitutionnel ne peut pas censurer les décisions européennes et un tel contrôle n’emportera
pas remise en cause de l’acte qui ne respecte pas le principe de subsidiarité.

En droit de l’UE, l’acte peut être annulé par la CJCE si l’acte viole le principe de subsidiarité. Cependant le contrôle n’a
qu’une portée que platonique car la CJCE n’est pas souvent saisie en faveur de ce principe, très peu de décisions y font références.
28
1ère décisions qui fait application de ce principe : CJCE, 13 mai 1997, Allemagne c. PARLEMENT ET CONSEIL. La
doctrine s’interrogeait sur l’effectivité de ce principe et la Cour ici le mettait en œuvre de manière concrète. La difficulté
cependant réside dans la saisine peu fréquente de la Cour sur ce principe. Explication : cela tient à la restriction dans la saisine de
la Cour. La Commission peut saisir la Cour mais elle ne va pas le faire sur un acte qu’elle a elle-même proposé.
D’autres institutions nt ce pouvoir : le Parlement, le Conseil, mais ce sont eux qui ont adopté l’acte litigieux.

Les seules institutions susceptibles de saisir la Cour n’ont pas ce pouvoir, notamment les Parlements nationaux, en outre
les entités infra-étatiques (collectivités territoriales) ne l’avaient pas non plus.

2) LE CONTRÔLE DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ RENFORCÉ PAR LE TRAITÉ DE LISBONNE


Renforcement du contrôle

- politique : nouveaux pouvoirs des Parlements nationaux. Aujourd’hui ils sont chargés de veiller au respect du principe de
subsidiarité.
Nouveaux pouvoirs :
-> Les parlements sont informés des projets d’acte de la Communauté. Mais aussi de l’ensemble des actes de l’UE  , y
compris les normes molles3
-> Droit d’émettre un avis motivé par le parlement national dans les huit semaines de la constitution de l’acte. Cet avis
pourra avoir des conséquences si 1\3 (réduit dans le domaine de l’ancien 3ème pilier à 1\4) des parlements nationaux l’émette en
même temps. Dans une telle hypothèse le projet devra être réexaminé par la Commission.
-> Suite au réexamen de l’acte, la Commission pourrait maintenir sa position initiale. Dans ce cas, si les avis défavorables
ont été exprimés à la majorité des Parlements alors ces avis seront transmis au Conseil et au Parlement. Précisément le Conseil et
le Parlement pourront abandonner le projet à 55% des membres du Conseil mais seulement une majorité simple au Parlement pour
abandonner le projet.

- juridictionnel : les tribunaux nationaux pourront saisir la CJUE sur ce point.  Art. 88-6 Const. Cet article indique que
chaque chambre du parlement peut exercer un recours, qui est transmis à la Cour de Justice par l’intermédiaire du gouvernement,
de plus le recours peut être décidé par une résolution parlementaire. Ce recours est de droit s’il est demandé par 60 parlementaires.

Le traité de Lisbonne permet aux comités des régions de saisir la Cour mais seulement concernant certains actes : les
actes par rapport auxquels ils sont seulement consultés (lorsque la consultation est nécessaire pour adopter un texte).
Jusqu’à présent ce contrôle était plutôt limité. La CJUE se contentait jusqu’alors de contrôler l’erreur manifeste des
institutions européennes. On peut attendre une évolution de la jurisprudence, d’autant plus que parfois la Cour confond
subsidiarité et conventionalité : CJCE 10 déc. 2002, arrêt BAT. Dans cette décision la Cour se fonde sur la subsidiarité et la
définit comme étant un principe de proportionnalité.

§2. L E PRINCIPE DE PROPORTIONNALITÉ .


Ce principe est dégagé par la CJCE : CJCE 16 juil. 1966, FEDERATION CHARBONNIERE DE Belgique c.
HAUTE AUTORITE, décision rendue dans le cadre du traité CECA. La CJCE en a fait plus tard un principe du droit de l’UE.
Une décision du 20 fév. 1979, BUITONI, ce principe a été depuis lors dans le traité TUE, 5§4. En vertu de ce principe le
contenu et la forme de l’action de l’UE ne doit pas excéder ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif visé par le traité.
Le principe de subsidiarité est opposable à l’action de l’UE mais plus encore, ce principe est opposable aux États membres 
CJCE, 29 oct. 1975, RUTILI.
Ce principe et celui de subsidiarité sont souvent confondus alors qu’ils sont distincts.
- Subsidiarité : niveau de l’exercice d’une compétence (échelle nationale ou de l’UE ?)
- Proportionnalité : quel type d’acte va devoir être adopté. Il faut adopter l’acte le moins contraignant pour les États
membres, p. ex. préférer une directive à un règlement.
Par ailleurs ces principes n’ont pas le même champ d’application. Ce principe n’est pas exclu des compétences exclusives
des compétences de l’UE.
Le principe de coopération loyale.

Contrôle par la CJCE : contrôle limité à l’erreur manifeste d’appréciation des institutions de l’UE  CJCE 5 oct. 1994,
Allemagne c. CONSEIL.

Normes molles: pas de force juridique contraignante, p. ex. les lignes directrices, livres verts et blanc, recommandation.
29
La CJCE ne souhaite pas limiter la marge de manœuvre des institutions mais leur accorder le pouvoir le plus
discrétionnaire possible.
La cour va d’abord vérifier la nécessité de l’acte au regard de l’objectif poursuivi par l’UE. La Cour va vérifier si les
institutions n’ont pas dépassé ce qui était approprié. Par ailleurs la Cour va vérifier que les institutions ont adopté la mesure la
moins contraignante  CJCE 10 janv. 2006, INTERNATIONAL AIR TRANSPORT.

§3. L A COOPÉRATION LOYALE


 art. 3§4 TUE. Ce principe a évolué, il ne concernait au départ que les relations entre l’UE et les États membres. Il concerne
désormais aussi les rapports entre institutions de l’UE.

A) L E PRINCIPE DE COOPÉRATION LOYALE ADRESSÉ AUX É TATS MEMBRES


On parle aussi de principe de fidélité communautaire, principe de loyauté communautaire. Ce principe va s’appliquer à
l’ensemble des organes d’un État qui sont aussi visés par ce principe. Ce principe a une double conséquence : il implique que
l’État soit loyal envers l’UE elle-même.
La loyauté à l’égard de l’UE implique trois obligations pour un État membre :
- obligation positive d’exécuter le droit de l’UE et d’adopter des mesures nationales nécessaires à cette exécution. Ce qui
implique le fait de transposer les directives dans un délai raisonnable.
- obligation négative : les États doivent s’abstenir de prendre des mesures contraires aux objectifs de l’UE, de mettre en
péril la réalisation de ces objectifs, et enfin on en déduit une 3ème obligation.
- obligation de moyen : l’État membre devra faciliter l’accomplissement de sa mission par l’UE.

Ce principe avant Lisbonne s’imposait dans le cadre du 1 er pilier. Mais on s’est demandé s’il pouvait s’appliquer dans le
cadre des deux autres piliers. La CJCE avait répondu par la positive et elle avait appliqué ce principe dans le cadre du 2 ème pilier 
CJCE 16 juin 2005, MARIA PUPINO. Aujourd’hui cela s’implique à toutes les matières de l’UE.
Cela demande aussi de la loyauté envers les autres États membres et la Cour de justice a étendu ce principe  CJCE 27
mars 1990, Italie c. Commission. La cour va considérer que la qualité des relations entre États membres va conditionner
l’efficacité de l’action de l’UE.
Ce principe s’applique aussi aux institutions de l’UE.

B) P RINCIPE DE LOYAUTÉ APPLIQUÉ AUX INSTITUTIONS DE L ’UE


Cela implique une loyauté des institutions envers les États membres. C’est ce qu’a jugé le TPICE dans un jugement du 6
juillet 2000, ALSACE INTERNATIONALE CAR SERVICE.
Le TPICE considère que ce principe interdit à l’UE de pousser les opérateurs économiques et tout administré à violer le
droit national. Il existe en outre une loyauté des institutions entre elles : la loyauté interinstitutionnelle. Elle n’a pas été consacrée
immédiatement par les traités, c’est la Cour de justice qui en a étendu la portée  CJCE 27 sept. 1988, affaire Parlement
européen c. Conseil. Ce principe est depuis le traité de Lisbonne consacré dans le TUE  art. 13§2 TUE.

Portée : le principe interdit aux institutions de bloquer le processus décisionnel. Il se peut dans certaines procédures
législatives que le parlement ne peut être consulté que sur certains projets, si celui-ci n’émet pas un tel avis, alors il bloquerait le
processus décisionnel et violerait la loyauté interinstitutionnelle : comportement d’une institution au détriment des autres
institutions.

Jeudi 3 novembre 2011

CHAPITRE 3. LES FONCTIONS NORMATIVES DANS L’UNION EUROPÉENNE


SECTION 1. LA FONCTION LÉGISLATIVE

§1. L’ EXISTENCE DE LA FONCTION LÉGISLATIVE


La fonction législative s’est progressivement formée et a été consacrée par le traité de Lisbonne. Elle n’était pas évoquée
de cette manière auparavant. L’expression de « loi européenne » est récente. On la retrouve dans le défunt TECE (constitution
européenne). Mais auparavant aucun texte ne parlait de texte législatif européen.
Pour autant les institutions se sont rapidement montrées audacieuses. La Cour de Justice parlait d’ « actes quasi
législatifs » dans un premier temps, dans une affaire CJCE 20 mars 1959, NON c. Haute autorité qu’on retrouve sous l’empire
du traité CECA, qu’on retrouve sous l’ancienne Haute Autorité.

30
La CJCE a parlé également de « pouvoir législatif de la communauté, qu’on retrouve dans l’arrêt SIMMENTHAL de
1978, ou encore de « législateur communautaire » dans un arrêt Allemagne c. Commission, CJCE, 27 oct. 1992.
La CJCE considérait qu’il existait un « mode de législation indirecte », formule utilisée dans un arrêt CJCE 29 juin
1993, GIBRALTAR c. CONSEIL.
Le parlement a eu la même attitude, il s’est baptisé « législateur communautaire », alors qu’il n’était qualifié que
d’ « assemblée » par les traités.
Le conseil l’a adoptée aussi dans son règlement intérieur : il évoque les hypothèses où il agit « en sa qualité de
législateur ».
Cette fonction législative a émergé dans la pratique des institutions et a été consacrée depuis par le traité de Lisbonne.
Le traité de Lisbonne évoque en effet « les actes législatifs » de l’Union, à l’article 289 §3 TFUE. Plus encore le traité
vient définir les actes législatifs, dans cette même disposition : « les actes adoptés suivant la procédure législative ». C’est donc
une définition procédurale ou formelle, tandis qu’en droit interne c’est un critère matériel, du fait du domaine de la loi.
Cet article indique en outre que deux types de procédure législative coexistent : une procédure ordinaire, c'est-à-dire la
procédure de codécision, qui place sur un pied d’égalité le parlement et le Conseil, elle s’applique en principe, et parallèlement des
procédures spéciales, nombreuses et variées.

Un acte non législatif est un acte qui n’est pas adopté par une procédure législative. Quel intérêt de la distinction entre
actes législatifs et non législatifs ? Il existe un intérêt procédural.
Cette distinction permet de consacrer la séparation organique des pouvoirs au sein de l’UE. Elle permet de montrer que la
Commission est exclue de ce pouvoir législatif, tandis que le parlement sera exclu de la conception d’actes non législatifs. (La
Commission peut tout de même intervenir dans la procédure législative).
Sur le plan contentieux cette distinction n’a aucun intérêt dès lors que tous les actes peuvent faire l’objet d’un recours en
annulation devant la Cour de Justice, à une nuance près qui concerne le recours du comité des régions ou des parlements nationaux
qui visent à garantir le principe de subsidiarité, qui n’est ouvert qu’à l’encontre des actes législatifs de l’Union.
Les actes législatifs sont en réalité très divers. Il existe une certaine hétérogénéité de ces actes législatifs aujourd’hui.

§2. L A PROCÉDURE LÉGISLATIVE


Seul le Conseil disposait d’un pouvoir de décision à l’origine lorsque la construction européenne se fait quasiment
exclusivement de manière interétatique. Le Parlement s’est progressivement affirmé et est monté en puissance, et a presque le
même rôle que le Conseil aujourd’hui dans la procédure ordinaire.
Nous examinerons la procédure ordinaire, puis les procédures spéciales, le rôle de la Commission européenne.
Dans le cadre de la PESC la notion d’acte législatif est exclu, e que nous rappelle l’article 31§1 TUE. On peut rappeler
que le Conseil européen ne dispose pas d’un tel pouvoir législatif (TUE art. 15§1 tel que modifié par le traité de Lisbonne).
Le traité de Lisbonne a mis en place des clauses passerelles qu’on évoquera la semaine prochaine, qui vont permettre au
Conseil européen de passer d’une procédure spéciale à une procédure ordinaire.

A) L E MONOPOLE D ’ INITIATIVE DE LA C OMMISSION


 art. 17§2 TUE
Suivant ce texte le législateur ne peut adopter un acte qu’en cas de disposition formelle de la Commission. C’est le
principe et il connait des dérogations car cet article dit que la commission dispose de l’initiative « sauf dans les cas où les Traités
en disposent autrement ». Donc des fois elle partage ou perd l’initiative (rarement).
Cette initiative confère le pouvoir discrétionnaire concernant les initiatives par la Commission, elle est totalement libre, et
n’est liée que =par le principe de transparence, qui lui impose de procéder à des consultations publiques avant d’adopter un acte.
Cette initiative peut dans certains cas être provoquée soit par un autre organe soit par les citoyens de l’Union. Elle doit
exercer l’initiative sur demande du Conseil, étant évoquée à l’article 241 TFUE, à la majorité simple du Conseil, plus encore c’est
le Parlement européen qui le pourra en demandant à la Commission d’exercer son initiative, prévu à l’artcile 225 du TFUE +
art. 11§4 TUE pour l’initiative citoyenne (1 million).
La Commission peut cependant refuser d’exercer l’initiative dans ces cas là mais elle dot motiver son refus.

1) LES EFFETS DE L ’INITIATIVE DE LA COMMISSION


-> Protection importante, plus précisément double protection de la Commission.  293 TFUE
En cas de proposition de la Commission l’acte ne pourra être modifié qu’à l’unanimité du Conseil. Remarque  : règle
importante dans les hypothèses où le Conseil se prononce à la majorité qualifiée car il faudra un consensus pour revenir sur la
proposition de la Commission. La protection est peut-être trop importante car la Commission n’exerce pas le pouvoir législatif,
elle y participe seulement.
Fort heureusement cette protection disparait au 3ème stade de la procédure ordinaire : le stade de la conciliation.
nde
2 protection : la Commission pourra modifier son initiative tout au long de la procédure tant que le Conseil n’a pas adopté sa
décision, le plus souvent pour opérer un compromis.
31
Son pouvoir va jusqu’au retrait de l’initiative. Là encore on constate que la Commission dispose d’un pouvoir
fondamental : elle peut retirer une de ses propositions et alors même que la proposition aura déjà été amendée par d’autres
institutions. Certes cela permet à la Commission d’éviter de faire adopter un texte qui aurait été dénaturé par des amendements
mais ici la Commission peut stopper un processus législatif, ce qui est curieux car elle ne devrait pas avoir de pouvoir de décision
en matière législative. Ce pouvoir fait largement débat au sein des institutions. Il est certain que ce droit de retrait peut s’exercer en
1ère lecture, et toutes les institutions s’accordent, mais le Conseil et le Parlement ne son t pas d’accord pour l’exercice de ce
pouvoir après la 1ère lecture, c'est-à-dire après que le Conseil ait adopté sa position commune. Dès lors qu’il a pris position, ce
n’est plus la proposition initiale qui sera proposée mais la proposition modifiée.

2) LES EFFETS DÉROGATOIRES


La Commission ne dispose pas d’un monopole absolu, et il reste des initiatives dérogatoires  art. 289 § 4 TFUE. Cela concerne
tout d’abord les actes relatifs à l’élection des parlementaires européens, ils seront forcément initiés par le parlement européen
comme le prévoit l’article 223 du TFUE .
Initiative de la politique monétaire : la Commission partage son pouvoir d’initiative : la BCE pourra reconnaitre une
proposition mais seulement après avoir contacté la Commission.
Il en va de même en matière de justice européenne : la Commission partage l’initiative avec la Cour de justice, et la CJCE
sera aussi tenue de consulter la commission.
Un autre domaine dérogatoire concerne le statut de la banque européenne d’investissement, avec laquelle la Commission
doit partager l’initiative.

L’initiative est forcément dérogatoire dans le cadre des deux anciens piliers :
- la PESC, avant Lisbonne la Commission partageait son initiative avec les États membres, mais depuis Lisbonne la
Commission a perdu son pouvoir d’initiative au profit du Haut représentant pour la PESC.
- \\ ancien 2ème pilier : la Commission partage son pouvoir d’initiative avec 1\4 des États membres  art 76 TFUE.

B) L A PROCÉDURE LÉGISLATIVE ORDINAIRE


C’est la procédure de codécision  294 TFUE. Cette procédure va aboutir à un acte adopté dans les mêmes termes par le
Conseil et le Parlement européen. Cela implique que le parlement dispose d’un droit de véto. Le parlement pourra rejeter le texte
présenté. Le Conseil de l’Union ne maitrise plus ce pouvoir décisionnel.

1) LA PREMIÈRE LECTURE
Le Parlement va arrêter sa position en 1ère lecture, qu’il va transmettre au Conseil. Deux options :
- approuver la position du Parlement, à la majorité qualifiée ou unanimité
-> L’acte est considéré comme étant adopté définitivement
- le Conseil adopte sa position en 1ère lecture s’il désapprouve tout ou partie de l’acte, et transmet sa position au Parlement

Remarques :
- le Conseil doit motiver sa position en 1ère lecture : quelle sont les raisons qui l’ont conduit à adopter cette position ?
- la proposition de la Commission qui a initié la procédure pourra être amendée en 2 ème lecture par le Parlement européen (à
la majorité des suffrages exprimés) ou par le Conseil (unanimité)
- la Commission peut amender sa position, et elle peut le faire en 1 ère lecture pour chercher un compromis entre les
institutions
- cette 1ère lecture n’est soumise à aucun délai au contraire de phases suivantes de la procédure

2) LA DEUXIÈME LECTURE
Elle est soumise à un délai de trois mois suivant la transmission de la proposition du Conseil. Il peut être prolongé d’un
mois si cela est nécessaire. Le Parlement aura alors droit d’option. Il peut :
- approuver la proposition du Conseil -> l’acte sera adopté et la procédure prendra fin
- ne se prononce pas dans les délais -> silence du Parlement vaut approbation de l’acte et il sera adopté.
- rejet de la proposition du Conseil (à la majorité absolue de ses membres) -> l’acte sera considéré comme n’étant pas
adopté, et mettra fin à la procédure législative. Il faudra une nouvelle initiative de la Commission pour que l’acte soit à nouveau
examiné.
- amendement de la décision du Conseil (majorité des membres du Parlement)
 Examen des amendements par la Commission
=> Émission d’un avis
32
 Le Conseil aura trois mois pour se prononcer sur ces amendements
=> peut approuver les amendements -> l’acte est adopté
* si avis positif de la Commission alors majorité qualifiée du Conseil pour adopter le texte.
* si avis négatif de la Commission alors unanimité au sein du Conseil pour adopter le texte.
=> Le Conseil n’approuve pas l’amendement -> sera réuni un Comité de consultation dans les six semaines
suivant la décision du Conseil, réuni par le Président du Conseil avec l’accord du président du Parlement.

3) LE COMITÉ DE CONCILIATION
(\\ Commission mixte paritaire). Le comité sera composé de représentants du Conseil et de représentants du Parlement
européen (autant l’un que l’autre. Ce comité aura pour mission de trouver un texte de compromis dans un délai de six semaines.
Les représentants du Conseil adopteront ce compromis à la majorité qualifiée alors qu’il suffira de la majorité simple pour
le Parlement pour qu’il soit adopté.
La Commission intervient en participant aux travaux du Comité, va essayer de rapprocher les positions du Conseil et du
Parlement, mais elle participe sans pouvoir décisionnel.
Q° en jp : le Comité peut-il modifier certaines dispositions alors qu’elles n’avaient pas fait l’objet d’amendement en 2 ème
lecture ? La CJCE a admis cela, dans un arrêt CJCE 10 janv. 2006, IATA (international air transport association). On peut
s’interroger sur la pérennité de la solution après Lisbonne car le traité a été modifié et remet en cause cette solution.
Si un projet commun est adopté, une 3 ème lecture va avoir lieu. Mais il est possible qu’il n’y ait pas de projet commun
dans le délai imparti, alors l’acte ne sera pas adopté.

Les institutions auront un délai ensuite de six semaines pour adopter le projet commun issu du Comité. Parlement  : majorité.
Conseil : majorité qualifiée.

Si l’une des institutions ne se prononcent pas l’acte sera réputé non adopté.

Remarques :
- à ce stade, les amendements ne sont plus possibles
- le délai de 6 semaines peut être prolongé de 2 semaines.
- dans certains domaines le Conseil se prononcera à l’unanimité (environnement, sécurité sociale des travailleurs migrants,
toute législation qui a une incidence sur le marché intérieur...)
- on a évoqué le fait que des fois ce n’est pas la Commission qui a l’initiative. En cas de procédure dérogatoire la procédure
sera aménagée  art. 294 §15 vient modifier certains aspects. Quand la Commission n’a pas l’initiative elle a un rôle moindre :
elle ne donne pas son avis sur la position du Conseil et ne participera pas au Comité de conciliation. Cependant la Commission
peut toujours donner son avis même si on ne lui demande pas et de plus la plupart du temps les institutions demandent son avis à
la Commission même si ce n’est pas prévu par les traités.

Faire un schéma-résumé.

C) P ROCÉDURES SPÉCIALES
Ces procédures sont variables. On peut en distinguer deux catégories énoncées à l’article 282 §2 TFUEDans certains cas
l’acte sera adopté par le Parlement avec la participation du Conseil et dans certains cas à l’inverse l’acte législatif ça sera adopté
par le Conseil avec la participation du Parlement.
Cela peut aller de la simple consultation à une véritable approbation du Parlement.

1) LA CONSULTATION DU PARLEMENT EUROPÉEN


Elle ne sera obligatoire que lorsque les traités la prévoient. Mais cette consultation s’est imposée, elle a été systématiquement
effectuée et l’acte unique européen a entériné cette pratique en accroissement les hypothèses de consultation du Parlement. Elle
constitue une formalité substantielle pour la Cour de justice dont le non respect conduira à l’annulation de l’acte par la Cour de
Justice.  CJCE 29 oct. 1980, ROQUETTE FRERES c. CONSEIL.
Cette décision a donné l’occasion à la Cour de dire : cette règle est « un élément essentiel de l’équilibre institutionnel », et
c’est le « reflet du principe démocratique ». Il indique aussi dans quels cas la consultation sera régulière, selon la CJCE le Conseil
devra pas se contenter de transmettre mais « puiser toutes les possibilités pour obtenir l’avis favorable du Parlement européen ».
Ce rôle est encadré, et le Parlement est soumis au principe de coopération loyale : l’avis doit être donné dans un délai
raisonnable. Ici ce principe de délai est sanctionné par la Cour de justice : le Conseil pourra passer outre lavis du parlement
européen si les délais son dépassés. CJCE 30 mars 1995, Parlement c. Conseil. Si le projet a été amendé après l’avis du
Parlement, celui-ci devra être consulté à nouveau  CJCE 16 juil. 1992, Parlement c. Conseil.
33
Le Parlement peut en garantir le respect lui-même : il peut introduire lui-même un recours devant la Cour de Justice
CJCE 22 mai 1990, Parlement c. Conseil.
L’avis du Parlement européen ne lie pas le Conseil, mais s’il décide de passer outre cet avis le Conseil devra motiver sa
décisions et s’en expliquer auprès du parlement.
Cette consultation se fait pour les décisions maitrises quand le Conseil décide de garder la maitrise du processus
décisionnel, dans ces cas le Parlement européen n’a qu’un rôle très limité.
Le Parlement doit parfois approuver la décision du Conseil.

2) LA PROCÉDURE D’APPROBATION
C’est la procédure d’avis conforme d’avant Lisbonne qui confère au Parlement européen un véritable droit de véto, le
Parlement doit approuver le projet du Conseil. Le Parlement ne pourra pas amender le projet du Conseil  : il l’approuve ou non
mais ne peut pas le modifier.

Cette procédure d’approbation concerne principalement l’approbation de Traités internationaux, c’est d’ailleurs son
domaine initial. Ça a été étendu à l’approbation d’actes internes de l’Union.

SECTION 2. LA FONCTION BUDGÉTAIRE AU SEIN DE L’U NION EUROPÉENNE


Jeudi 10 novembre 2011

Rôle particulier du Parlement européen : le Parlement adopte le budget et intervient dans l’exécution du budget (≠ au droit
interne).
Le traité de Lisbonne a modifié cette procédure budgétaire.

§1. L’ ÉTAT DU DROIT AVANT L ISBONNE .


Pouvoirs différents du parlement selon que les dépenses étaient des dépenses obligatoires ou des dépenses non obligatoires.
Dépenses obligatoires : découlent du traité ou d’un acte pris en exécution du traité. Elles étaient arrêtées par le Conseil de
l’Union, pas de dernier mot au Parlement. Possibilité pour le Conseil de passer outre les amendements du Parlement.
Dépenses non obligatoires : arrêtées par le Parlement, dans la limite d’un taux maximal d’augmentation annuel

Le Parlement pouvait rejeter le budget a la majorité qualifiée de 2\3 de ses membres.

§2. R ENFORCEMENT DU RÔLE DU PARLEMENT PAR LE TRAITÉ DE L ISBONNE


Unification du régime budgétaire. Plus de ≠ en dépenses obligatoires et non obligatoires.
Procédure évoquée à l’article 314 TFUE.
D’abord, projet de budget, adoption du budget puis exécution du budget.

A) L’ INITIATIVE DU BUDGET
Initiative : par la Commission européenne, qui présente un projet de budget avant le 1er septembre au Parlement et au
Conseil.
Le Parlement se prononce sur le budget, possibilité d’amendement. Le budget est adopté à la majorité des membres du
Parlement.
Si amendement, le Conseil va devoir adopter ce texte amendé, sous un délai de 120 jours, si le délai est clos, un comité de
conciliation va se réunir pour tenter de rapprocher les positions du Parlement et du Conseil.

Deux situations possibles :


- le comité de conciliation aboutit à un projet commun, dans les 21 jours, à la majorité qualifiée des membres du Conseil et
à la majorité simple des membres du parlement.
- le comité ne s’accorde pas sur le projet de budget  la Commission doit présenter un nouveau projet de budget.

B) A DOPTION DU BUDGET
En 1er lieu, adoption du projet si approuvé dans les 14 jours par le Conseil et le Parlement après délibération du comité de
conciliation.
Ou les institutions ne parviennent pas à statuer, le budget sera aussi considéré comme adopté.
Si une institution l’adopte le projet du comité et pas l’autre : on distingue selon qui refuse d’adopter le budget.

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- le Parlement refuse et le Conseil adopte le projet  un nouveau projet doit être adopté par la Commission
- Le Conseil refuse et le Parlement adopte le projet  le Parlement peut quand même faire adopter le projet à 3\5 des
suffrages exprimés. Le Parlement a le dernier mot.

Le Parlement peut désormais intervenir dans n’importe quel type de dépense et décider si in fine le projet sera adopté ou
non : son rôle s’est accru, il a maintenant le rôle prépondérant.

C) L’ EXÉCUTION DU BUDGET
Exécution appartient à la Commission. De plus l’exécution requière un acte de base. Surtout l’exécution est contrôlée par
la Cour des comptes, et aussi par le Parlement européen qui pourra entendre les membres de la Commission.

CHAPITRE 4. LES INSTITUTIONS DE L’UNION EUROPÉENNE


Le Traité parle d’institutions, d’organes et d’organismes.

Les institutions sont au nombre de 7.


- le triangle institutionnel
* Conseil
* Commission
* Parlement européen
- Conseil européen, depuis Lisbonne
- La Cour de Justice
- BCE depuis Lisbonne

Nous ne parlerons que du triangle.


Organes de l’Union :
- Comité des régions
- Comité économique et social

Organismes (organes crées par le droit dérivé)


- Agences

Cette organisation ne correspond pas à un système constitutionnel préétabli. Organisation de l’UE ≠ organisation
politique d’un État. Explication :
 Le Parlement ne participe pas seul à la fonction législative, il ne l’exerce pas seul, le Conseil intervient largement.
 La Commission européenne ≠ exécutif même si elle ressemble à un « gouvernement ». En effet elle a un pouvoir d’initiative en
matière législative. De plus elle est responsable devant le Parlement européen ce qui marque une autre similitude avec le régime
parlementaire.

Pour autant il existe au sein de l’UE une collaboration des pouvoirs et une séparation qui n’est pas stricte  : il n’y a pas de
spécialisation au sein des organes de l’UE. A l’inverse chaque organe participe à plusieurs fonctions de l’UE, ce qui montre l’idée
de collaboration des pouvoirs.

SECTION 1. LE CONSEIL DE L’UNION


Dans le TUE et TFUE on ne parle que de « Conseil ». Composition : représentants des exécutifs nationaux

§1. C OMPOSITION DU C ONSEIL DE L ’U NION


 art. 16 TUE
Composé d’un représentant de chaque État membre au niveau ministériel habilité à engager cet État. En principe il se
composera des chefs de gouvernements. Dans ses principales formations il est composé de ministres.
Il peut être composé des gouvernements des entités fédérées qui devront être habilitées à engager l’État fédéral.
Il peut siéger en 2 formations principales évoquées au §1 de l’article 16 TUE.

- le conseil d’affaires générales composées des ministres des affaires étrangères.


Fonctions :
* préparer les travaux du Conseil européen
* assurer la cohérence entre les différentes formations du Conseil de l’Union
- Conseil des affaires étrangères
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* élaborer la politique de l’UE
* action extérieure de l’UE
* présidence par le Haut représentant aux affaires étrangères et à la PESC
Une multitude de formations sont envisageables également, auxquelles siègeront les ministres compétents.

Remarque sur l’Euro groupe : se réunit souvent ces derniers temps. Représentants des États membres qui participent à l’Euro. Le
Traité de Lisbonne a formalisé cette formation  art. 137 TFUE. Il existe une annexe sur l’euro groupe.

B) L A PRÉSIDENCE DU C ONSEIL DE L ’U NION


Avant Lisbonne : la présidence du conseil était tournante, par un président de l’État membre. Elle s’exerçait selon un
ordre déterminé par le Conseil. Ordre de rotation adopté le 1er juil. 2007 qui prévoit la rotation jusqu’en 2020.
Précision de certains aspects par le traité de Lisbonne :
Concerne le conseil des affaires étrangères qui est présidé par le Haut représentant (art. 10§3 TUE) et non plus par le
président du Conseil. Depuis Lisbonne la durée de la présidence n’est plus fixée dans les traités. Elle pourra être modifiée par le
Conseil européen.
Enfin Lisbonne a apporté une 3ème modification qui concerne l’ordre de rotation. Il est était déterminé par le Conseil.
Reste qu’il pourra modifier cet ordre, à la majorité qualifiée alors que l’unanimité était exigée auparavant.
Cette présidence est très brève et ne permet pas de construire une politique. Système de Troïka  : pour y remédier, on fait
assister à la présidence celui qui précède et celui qui suit qui vont travailler de concert pendant six mois.

C) F ONCTIONNEMENT DU C ONSEIL
Le Conseil est assisté d’un secrétaire général, qui ne permet pas de pallier la difficulté qui tient du fonctionnement du
Conseil. Celui-ci est un organe non permanent du Conseil, il faut garantir la continuité de ses travaux, elle est assurée par le
COREPER (comité des représentants permanents des États membres).
Consacré successivement d’abord en 1965 et plus explicitement par le traité de Maastricht en 1992.
Il va préparer les travaux du Conseil de l’Union en assurant la liaison entre les États membres et l’UE elle-même. Il peut siéger
lui-même en deux formations : COREPER 1 et COREPER 2.

COREPER 1 : se charge des questions techniques. COREPER 2 : se charge des questions plus générales, politiques.

Les projets de la commission sont étudiés par le COREPER avant d’être transmis au Conseil. L’avis du COREPER va déterminer
la décision du Conseil. 3 situations :
- il approuve le projet de la Commission  adoption du projet par le Conseil sans discussions.
- désapprobation  le Conseil devra débattre du projet avant de passer au vote.
- procédure de silence, le Conseil ne se prononce pas dans un certain délai et dans certains cas les traités prévoient que le
silence du Conseil vaut adoption, cela concerne surtout la PESC et les questions des parlementaires.

§2. L ES RÈGLES DE VOTE AU SEIN DU C ONSEIL


Règles ont évolué avec Lisbonne.
Avant Lisbonne : il y avait 3 systèmes de vote (à la majorité, à la majorité qualifiée, à l’unanimité). C’était la 1 ère procédure qui
était de droit commun alors qu’en pratique quantitativement ce n’était pas la plus pratiquée.
Depuis Lisbonne : il faut la majorité qualifiée pour la règle de droit commun. Le calcul de la majorité a évolué, on va abandonner
l’ancien système de pondération des voix.

A) L A DÉFINITION DE LA MAJORITÉ QUALIFIÉE


Avant Lisbonne : système de pondération des voies en fonction de leur importance, ce système a constamment évolué
depuis la construction européenne en raison de l’élargissement de l’UE. Le traité de Lisbonne prévoit son abandon (non immédiat)
qui pourra avoir lieu à compter de 2014  art. 16 §4 TUE.
On l’abandonne au profit d’une majorité qualifiée qui s’identifie par 2 conditions cumulatives :
- majorité étatique : elle implique l’adoption d’un acte par 55% des membres du Conseil qui comprennent 15 au moins de
ses membres.
Précisions :
* l’existence d’une majorité qualifiée = existence d’une minorité de blocage, mais elle est encadrée par le traité car
elle doit comprendre au moins 4 membres des États membres.
* seuil de la majorité étatique : 55% en principe mais peut être modifié dans certains domaines. P. ex ; seuil de
72% dans les hypothèses quand le Conseil ne statue pas sur proposition de la Commission.
- majorité démographique : adoption par des États qui représentent au moins 65% de la population de l’UE.
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Rappel : cette condition ne sera pas absolue dès lors qu’un État pourra demander un vote à l’actuel système de majorité
qualifiée, jusqu’en 2017, c’est ce que prévoit le protocole annexé au traité de Lisbonne.
Période entre aujourd’hui et 2017 : il peut se produire que des États membres représentants 3\4 de la population de l’UE
s’opposent à un acte à la majorité qualifiée. Le traité dit que le Conseil va délibérer pour adopter une solution satisfaisante dans un
délai raisonnable.
On ne sait pas ce qui se passe si on n’aboutit pas à de solutions satisfaisantes. Probablement les règles de majorité
traditionnelle devront être appliquées.

B) L ISBONNE A MODIFIÉ L ’ ÉTENDUE , LE DOMAINE DE LA MAJORITÉ QUALIFIÉE .

Majorité qualifiée = règle de droit commun applicable sauf dispositions contraires du traité. Cette règle pourra être
étendue par le conseil, précisément par le Conseil européen, c’est l’objet des clauses parcelles, pour faire passer la règle de
majorité à la majorité qualifiée. Le Conseil doit statuer pour ça à l’unanimité. (S11, 50 min, flou).

SECTION 2. LE CONSEIL EUROPÉEN


Lisbonne : le consacre comme une institution de l’UE. Il existait déjà en pratique avant Lisbonne. Dès lors qu’il n’était pas une
institution de l’UE, il n’adoptait pas de décisions contraignantes. En en faisant une institution de l’UE, on lui confère un pouvoir
de décision.  art. 13 TUE
L’article 15§1 interdit au Conseil d’adopter des dispositions législatives.

§1. L A COMPOSITION DU C ONSEIL EUROPÉEN


Il comprend les chefs d’État ou de gouvernement des États membres dont le président de la Commission depuis 1986.
Cette proposition n’a pas varié. Lisbonne a apporté des modifications mineures  art 15 § 1 et §2. On peut en relever trois :
- les chefs d’État ou de gouvernement peuvent ê assistés d’un ministre. Ce n’est plus une assistance automatique comme
c’était le cas auparavant. Plus encore le ministre pue t être n’importe quel ministre et non plus seulement celui des affaires
étrangères.
- participe aussi au Conseil européen le haut représentant des affaires étrangères et à la PESC.
- le Traité de Lisbonne a opéré une évolution symbolique du Conseil européen. Il a doté l’UE d’un visage  : la présidence
du Conseil européen a changé, le Conseil européen élit sont président tous les 2 ans et demi. Ce n’est plus le président du conseil
de l’UE mais LM. Von Rompuy. Très symbolique.

Le mandat de président de conseil européen est incompatible avec un mandat national. Si un chef d’État est élu il devra
démissionner. Cela a pas aidé à la crise en Belgique.

§2. L ES FONCTIONS DE C ONSEIL EUROPÉEN


Le conseil a trois fonctions principales :
- fonction d’impulsion : il définit les orientations générales de l’Union  art. 15§1 TUE. Cela signifie que le Conseil
européen a un pouvoir d’intervention illimité.
- le conseil européen a parfois pour fonction de débloquer la situation au Conseil de l’Union, si un blocage apparait, le
conseil européen sera amené à donner son avis.
- le Traité de Lisbonne a codifié cette fonction. Il permet désormais au Conseil de l’Union de faire saisir le conseil
européen, dans l’hypothèse où un projet d’acte porterait atteinte à des aspects importants de son système interne. Relatif tout
d’abord à la sécurité sociale ou à la Justice pénale interne, alors l’État membre pourra demander à ce que le conseil européen soit
saisi, qui tranchera cette question.

Deux situations vont se produire à partir de là : le conseil pourra décider de renvoyer à la question au conseil de l’Union, et dans
ce cas la procédure normative reprendra son cours.
2ème option : il pourra demander l’élaboration d’un nouveau projet normatif à la Commission, au cas le projet porterait
attente au système de sécurité sociale de l’UE.
3ème situation : si un blocage persiste, la solution sera celle de la coopération renforcée.

On peut relever une 3ème fonction du Conseil européen : le Conseil européen participe à la révision des traités. Il intervient dans la
nomination de certains membres. Il ne dispose pas de pouvoirs législatifs.

§3. LE FONCTIONNEMENT DU C ONSEIL EUROPÉEN


Périodes (ap. Lisbonne) : deux fois par semestre, mais aussi de manière extraordinaire (art. 15 TUE §2).

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Les modalités d’adoption des décisions du conseil :
En principe par consensus (art. 15§4 TUE) sauf si les traités prévoient un vote effectué soit à la majorité qualifiée soit à
l’unanimité. Précisions (art. 235 TFUE) :
- vote de la majorité qualifiée : dans quels cas ? L4abstention d’un État membre n’empêche pas l’adoption de l’acte.
- en cas de vote à l’unanimité le président du conseil européen et le président de la Commission ne participent pas à
l’opération de vote. (art. 235 §1, al. 1 et 2 TUE).

SECTION 3. L’ ÉTUDE DU PARLEMENT EUROPÉEN .

§1. C OMPOSITION DU P ARLEMENT


Avant Lisbonne : composition des « peuples des États membres » (art. 189 TCE). Depuis le Parlement représentent les citoyens
de l’UE (art. 14§2 TUE).

A) L’ ÉLECTION
Au départ : suffrage universel indirect. Ils étaient élus par les parlements nationaux (ancien art. 138 TCE). Mais le traité de Rome
avait prévu le passage au suffrage universel direct. Il exigeait une décision du Conseil prise à l’unanimité. Adoptée le 20 sept.
1976, par l’article 14 TUE. Le Conseil constitutionnel français a validé ce suffrage universel direct.  CConst 30 sept. 1976,
décision où le Conseil vient préciser deux aspects importants :
- parlement européen composé des peuples des États membres (ancienne formule du TCE). Il semble indiquer qu’il
n’existe pas de peuples européens. Le Conseil considère que ce mode d’élection ne contrevient pas au principe de souveraineté
nationale : logique car il participe pas à l’exercice de la souveraineté nationale.

Pour le reste ces élections ont lieu depuis 99, avec une très forte abstention.
55% des votants se sont abstenus en 99, cela montre le problème de légitimité démocratique de l’UE, si les électeurs pensent qu’il
est inutile d’aller voter les institutions en perdent de leur légitimité.

La démocratie n’est pas immanente à l’Union ça dépend de la volonté des personnes. La Commission européenne, représentant
des États membres désignés par les États. Il faut en référer au peuple.

Remarque sur la procédure électorale : la procédure d’élection des membres n’est pas définie intégralement par les textes
européens, d’ailleurs on peut relever qu’il y a quelque temps les traités ne prévoyaient aucune règle. Les premières règlent
viennent du traité d’Amsterdam où le Conseil à l’unanimité qui pourrait adopter des principes communs aux États membres. C’est
précisément ce que le Conseil de l’UE a fait dans une décision du 23 sept. 2002, qui prévoit des principes communs à l’élection
des membres du parlement européen :
- à la proportionnelle (meilleure représentation de la population)
- incompatibilité entre le statut de parlementaire européen et européen, déjà prévu en France par une loi organique de 2000
- l’élection se fera dans un cadre régional, qui sera défini par l’État membre au niveau national

Au-delà de ces principes communs ce sont les États membres qui déterminent les modalités de vote pour l’élection des
parlementaires européens, qui implique des procédures variables. Par exemple la proportionnelle peut connaitre des modalités…
L’élection n’est pas uniforme au sein de l’UE.

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B) L E NOMBRE DE PARLEMENTAIRES EUROPÉENS

Jeudi 17 novembre 2011

Le nombre de sièges varient en fonction du poids démographique. Mais il n'y a pas de rapport de proportionnalité entre le
nombre de parlementaire et le nombre d'habitants. Les 4 plus grands pays démographique ne représentent même pas la majorité. Il
y a eu évolution dans le sens de l'augmentation. Il n'y a plus de parité entre les 4 plus grands états.
Le nombre de représentants depuis Lisbonne (modifie la répartition des sièges)

Le traité prévoit la modification. Il a été ensuite déterminé par le Conseil européen qui statue à l'unanimité sur initiative
du Parlement (l’approbation du Parlement sera ici nécessaire). Le traité se consente d'encadrer la composition :
- il limite le nombre de 750 parlementaires plus le Parlement
- le nombre de représentants ne peut être inférieur à 6 ou supérieur à 97.
Le Conseil n'a pas attendu l'entrée en vigueur. Décision 11 et 12 décembre 2008 : c'est une décision d'effet immédiat,
appliqué en cours de législature après la ratification du traité de Lisbonne. Il y a eu des difficultés. Il y avait trois députés
allemands en trop qui ont pu siégé même si leur nombre dépassait. Pour remédier à cette situation, un protocole est intervenu le 23
juin 2010 pour permettre aux députés allemands de siéger en l'attente de la ratification du protocole. Ils sont désormais des
observateurs.
Pour le Parlement français, les 3 députés ont été désignés parmi les parlementaires mais suite au vive critique cette
décision a été ajournée.

§2. L ES FONCTIONS DU PARLEMENT EUROPÉEN


Le parlement européen n’a pas les mêmes fonctions qu’un parlement national. Il a certes une fonction de contrôle de
l’exécutif européen, et participe à la procédure législative, mais ces fonctions diffèrent largement du droit interne, notamment le
parlement n’a pas d’initiative législative, et surtout ce n’est pas le seul organe compétent au niveau législatif.
Il a également une fonction budgétaire.

Mais on va insister sur la fonction de contrôle, on va rappeler que le parlement exerce un contrôle politique sur d’autres
institutions de l’Union qui peut prendre plusieurs formes : soit informel soit sanctionnateur.
Le parlement européen peut à travers cette fonction s’informer, notamment en posant des questions orales ou écrites soit à
la Commission soit au Conseil.
Il peut adopter des résolutions, comme le parlement français, qui expriment le point de vue du parlement. Et enfin le
Parlement est informé par la Commission de son rapport annuel sur l’activité de l’Union.
Le parlement exerce un contrôle politique sur la Commission qui est responsable devant lui.

Le parlement européen intervient dans la désignation du président de la commission et de la Commission elle-même. Le


Parlement peut révoquer la Commission par le vote d’une motion de censure.

Comme en droit national le Parlement peut désigner une commission d’enquête qui peut se prononcer sur des faits
déterminés et qui peut se prononcer et intervenir à condition qu’aucun juge ne s’occupe de la question (art. 226 TFUE).

SECTION 3. LA COMMISSION EUROPÉENNE


Il s’agit de l’organe exécutif de l’Union. Elle défend l’intérêt de l’Union et représente ses intérêts. En outre cette
commission est issue de la fusion des trois exécutifs des trois anciennes communautés, cela date de 1965. Cette Commission a des
fonctions d’exécution des décisions européennes mais aussi des fonctions du contrôle de l’application du droit de l’Union.
Il faut distinguer l’organisation de la Commission de ses fonctions.

§1. L’ ORGANISATION DES FONCTIONS DE LA C OMMISSION


Le traité de Lisbonne a fait évoluer cette organisation, notamment la composition de la Commission et le mode de
désignation des ordres.

Composition. 27 membres. Siège à Bruxelles. Elle compte un commissaire par État membre. Au sein de la Commission
sont nommés des vice-présidents au rôle purement honorifique.
Jusqu’en 2004 chaque État avait deux commissaires, mais le traité de Nice l’a diminué à un seul à partir de juillet 2005.
En pratique cette réduction a été avancée au 1 er novembre 2004. Cela visait à permettre l’élargissement de l’UE. Mais cela va
évoluer, grâce au traité de Lisbonne. Il prévoit la réduction de nombre de commissaires à compter de 2014, à un nombre qui
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correspond à 2\3 des États membres soit aujourd’hui 18 commissaires  art. 17 TUE. Il sera possible de modifier ce nombre par
traité. Mais cette évolution a été modifiée en 2008 puisqu’il a été décidé que l’Irlande conserverait son commissaire européen
[chantage : elle gardait son commissaire en échange d’un nouveau référendum].

Désignation des membres de la Commission. Le parlement européen intervient depuis Maastricht, et le traité de
Lisbonne a encore renforcé les pouvoirs du Parlement dans cette désignation. Concrètement elle intervient en deux temps. La
procédure commence par l’élection du Président de la commission et se poursuit par l’élection des membres de la commission.
1) élection du président de la Commission
Ce président sera tout d’abord désigné par le Conseil, qui devra « tenir compte des élections au Parlement européen ». Cela
implique de choisir un candidat de la majorité parlementaire : le traité garantit le fait majoritaire.
Le président est élu à la majorité des membres du Parlement européen (17§7 TUE). Il s’agit d’une double investiture car cela se
poursuit par la désignation des membres de la Commission.
2) Désignation des membres
Ils seront proposés par le Conseil qui s’accordera avec le Président de la Commission pour adopter cette liste des
commissaires. Il est prévu un système de rotation égalitaire. Il permet à certains États de ne pas être privilégiés par rapport à
d’autres. Suite à cette proposition du Conseil en accord avec le président de la Commission, le Président ainsi que les membres de
la commission seront soumis à un vote du parlement européen. On peut donc parler de double investiture car le Parlement devra
se prononcer dans un 2ème temps sur la composition mais en approuvant à nouveau la présidence de la Commission. sur les
membres mais en approuvant à nouveau le Président. D’ailleurs dans le cadre de ce 2 nd vote, le Parlement devra aussi approuver le
Haut représentant aux affaires étrangères, soumis au vote du Parlement européen.

Résumé :
- proposition du Conseil
- vote du parlement
Si vote positif : la Commission sera nommée par le Conseil européen qui statuera à la majorité qualifiée (art. 17 TUE).
Remarque 1 : on parle d’investiture, mais cette procédure a posé des difficultés sous la 3 ème république, elle a pu
contribuer à la désignation du président du conseil avec un refus de désigner les membres du gouvernement. Reste, le fait
majoritaire garantie, et la politique n’est pas aussi éclatée que sous la 4 ème république, les craintes ne sont donc p-e pas fondées sur
ce point.

Remarque 2 : la procédure n’a pas été mise en œuvre pour désigner le Président et la composition actuelle. Le président
Barroso n’a pas été élu par le Parlement européen mais le Conseil européen a consulté le Parlement européen sur son choix en
anticipant le traité de Lisbonne. Donc il a été investit par le parlement européen le 1er septembre 2009.

Le statut des membres de la Commission. Le commissaire européen ne représente pas son pays d’origine mais est
censé défendre l’intérêt de l’UE. Le traité interdit aux États membres d’influencer le Commissaire dans ses fonctions (art 245 al 1
TFUE). Le mandat des commissaires européens a été aligné sur 5 ans avec celui de la législature par le traité de Maastricht (4 ans
avant). Il est incompatible avec toute fonction nationale ou européenne. Ce mandat peut prendre fin, en cas de décès, démission
volontaire, ou démission d’office qui est prononcée par la Cour de justice, sur demande du Conseil ou de la Commission
européenne. Il faut des justifications, il y en a deux : si le Commissaire ne remplit plus les conditions nécessaires à ses fonctions
ou en cas de faute grave (art. 247 TFUE).
Le mandat des commissaires prend également fin en cas de vote d’une motion de censure qui entraine une démission
collective des commissaires (art. 240 TFUE). Cette procédure n’a jamais aboutie jusqu’à présent. La menace de la motion de
censure a déjà entrainé la démission d’une commission à la fin des années 1990, de nombreuses irrégularités avaient été constatée,
une motion de censure déposée et rejetée par le Parlement mais suite à ce rejet le Parlement a mis en place un comité d’experts
indépendants, censés analyser les dysfonctionnements de la Commission qui a rendu un rapport accablant pour la Commission en
1999, menacée de motion de censure, elle a démissionné.
Les commissaires ont une obligation de probité, il doit s’abstenir de tout acte incompatible avec ses fonctions, et ils sont
soumis à des devoirs « d’honnêteté et de délicatesse » qui s’appliquent à l’acceptation de certains avantages, que ce soit dans
l’exercice de leurs fonctions ou mêmes après l’exercice de leurs fonctions  CJCE 11 juil. 2006, COMMISSION c. Mme
EDITH CRESSON. Le commissaire doit faire prévaloir l’intérêt de l’UE sur celui de son État mais également sur son intérêt
personnel. La commission a depuis lors fixé des règles d’éthique.

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§2. L ES FONCTIONS DE LA C OMMISSION

A) L E FONCTIONNEMENT DE LA C OMMISSION EUROPÉENNE


Les membres de la Commission sont placés sous l’autorité du Président  art. 248 TFUE. Il joue un rôle centrale :
- définit les orientations politiques générales de la Commission
- l’organisation interne de la Commission
- désigne les vice-présidents

Pour le reste la Commission prend des décisions collégiales sauf en matière d’exécution, car la CJCE a admis qu’une
mesure d’exécution peut être exécutée par un seul membre de la Commission s’il a bénéficié d’une délégation, qui peut être
implicite.  CJCE 13 juin 1958, MERONI.

B) L ES ATTRIBUTIONS DE LA C OMMISSION EUROPÉENNE


La Commission dispose d’un pouvoir d’initiative en matière législative, d’un pouvoir d’exécution délégué (cf. Chapitre
2.)
La Commission est principalement la gardienne des traités, dont elle veille au respect, et elle dispose d’une palette de
pouvoir pour ce faire :
- pouvoir de sanction
- dans certains cas d’un pouvoir d’instruction qui lui permet d’enquêter sur pièce et sur place (cela concerne surtout les
enquêtes en matière de concurrence)

Elle exerce ce contrôle sur les États membres mais également sur les opérateurs économiques. La commission veille au
respect des règles de concurrence prévues par les traités, à savoir le contrôle des pratiques des concentrations, des pratiques
anticoncurrentielles.
La Commission dispose d’un pouvoir de surveillance, mais elle ne sanctionne pas un État membre négligeant. La
Commission pourra en cas de difficultés saisir la Cour de justice.

Elle a également un rôle de représentation extérieure. Elle est chargée de négocier les accords externes de l’UE, sous
l’avis et contrôle du Conseil  art. 207 et 218 TFUE. Cette mission ne s’exerce pas en matière de PESC car c’est le haut
représentant qui est compétent.

41
PARTIE 2. L’ORDRE JURIDIQUE DE L’UNION EUROPÉENNE
L’ordre juridique de l’UE est propre, distinct du droit national  CJCE 5 fév. 1963 Van gend en loos et CJCE 15 juil. 1964,
Costa c. Enel. Dans cette affaire Costa la Cour insiste sur le caractère spécifique de l’ordre juridique communautaire, on doit
constater une double spécificité : 1) Spécificité des sources, 2) Spécificité des effets du droit de l’UE qui est d’effet direct.

CHAPITRE 1. LES SOURCES DU DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE


On étudiera les sources formelles (prévues dans le traité) d’une part, et on les distinguera des sources informelles de plus en plus
nombreuses qui résultent de la pratique des institutions.

SECTION 1. LES SOURCES FORMELLES DU DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE


- les traités (droit primaire)
- accords conclus par la communauté puis par l’Union (droit conventionnel)
- droit dérivé des traités : actes adoptés par les institutions de l’UE

§1. L E DROIT PRIMAIRE  : LES TRAITÉS


Les traités sont au sommet de la hiérarchie du droit de l’UE  CJCE 23 avril 1986, LEVERT c. PARLEMENT
EUROPEEN, elle avait qualifié le traité TCE de « charte constitutionnelle de l’Union européenne » qui évoque le rang le plus
élevé dans la hiérarchie du droit de l’Union.
L’unité n’est qu’apparente, elle masque une grande diversité des traités (1) ce qui va soulever la question des relations
réciproques entre les traités (2), nous reviendrons sur l’autorité de ces traités (3), puis nous aborderons la question de la révision
des traités (4).

A) L A DIVERSITÉ DES TRAITÉS


On peut relever trois catégories de traités.
- traités constitutifs, à savoir ceux qui ont institué les 3 communautés mais aussi le traité sur l’UE. Le traité CECA n’est
plus en vigueur depuis 2002 donc il n’existe plus que 3 traités de base.
* traité EURATOM
* TUE
* TFUE
Remarque \\ à l’ancien TECE : il avait une démarche différente des autres traités. L’ancienne constitution européenne se proposait
d’abroger et de remplacer les traités antérieurs. Mais cette vision des choses ne sera sans doute pas reprise dans l’avenir. La
constitution prévoyait également le maintien des actes et de leurs fondements pour maintenir l’acquis communautaire.

Les traités de base comportent également certains protocoles additionnels qui ont des objets variés mais qui concernent
surtout le statut de certaines institutions. Ces protocoles font partie des traités et ont la même valeur juridique que les traités de
base. Il n’en va pas de même des déclarations, qui n’ont pas portée juridique, elles ne permettent que l’interprétation des traités par
les juridictions.

- les traités de révision


Ils sont de plus en plus nombreux. Rappel des principaux :
* acte unique européen, révision générale en 1986.
* Amsterdam
* Nice
*...
Dans certains cas c’est une révision générale, dans d’autres cas c’est plus restreint, p. ex. traité de 1996 qui prévoit l’élection des
parlementaires au suffrage universel direct.

- les traités d’adhésion


Ils permettent l’entrée d’un nouvel État au sein de l’UE. Mais ils comportent également souvent des éléments normatifs et donc
complètent le droit de l’Union.

42
B) L ES RELATIONS ENTRE LES TRAITÉS
Cette question s’est posée pendant longtemps et on a pu se demander s’il existait une hiérarchie entre les différents traités,
question qui a été relancée par le traité de Lisbonne, à cause de l’intitulé de l’ancien traité, par sa terminologie le TFUE a l’air
secondaire par rapport au TUE, plus technique.
Il n’en est rien : le traité de Lisbonne indique qu’il n’existe pas de hiérarchie entre ces deux traités. C’est ce qu’indique
aujourd’hui non seulement l’article 1er du TUE mais aussi l’article 1er du TFUE, comme quoi ils ont la même valeur juridique.
Il en va de même concernant le traité EURATOM, article 106 b) du traité euratom qui indique que les dispositions du
TUE et du TFUE ne dérogent pas aux dispositions du présent traité. Il n’y a donc aucune hiérarchie formelle entre les catégories
des différents traités. D’ailleurs on sait que dans le TUE on ne trouve pas seulement de dispositions fondamentales, il comporte p.
ex. des dispositions relatives à la PESC.

C) L’ AUTORITÉ DES TRAITÉS SUR LES AUTRES ACTES DES DISPOSITIONS DE L ’UE
1) L’AUTORITÉ DES TRAITÉS SUR LE DROIT DÉRIVÉ
Les traités sont sans difficulté supérieurs au droit dérivé, et la violation de ceux-là par ceux-ci es sanctionné par la CJUE.
Autorité des traités de base également sur les accords conclus par l’UE, ce qui se révèle par l’existence de certaines procédures qui
permet de garantir la conformité des accords de l’UE avec ces traités.

Il existe principalement une procédure de contrôle a priori de la compatibilité d’un accord de l’UE avec les traités de
base, c’est la procédure prévue par l’article 218 §11 TFUE. Suivant cette procédure la CJUE peut émettre un avis sur cela, mais
elle devra être saisie par le Parlement européen, le Conseil, la Commission ou même un État membre.
(cf. art. 54 Const. contrôle similaire par le C. const.) Mais en droit de l’UE c’est très peu utilisé et la CJUE ne donne pas
souvent sou avis.
Les procédures juridictionnelles de droit commun permettent également cette garantie, notamment le recours en
annulation. La Cour est en effet compétente pour se prononcer sur la décision de conclure l’accord. Elle pourra aussi contrôler les
actes pris en exécution de cet accord ce qui permettra un contrôle indirect de l’accord conclu au regard du traité de base. On
comprend que ces recours pourraient conduire à une remise en cause de l’accord conclu qui impliquerait une renégociation de
l’accord par la communauté.
Cet effet est particulièrement contraignant. En réalité la plupart du temps la CJUE essaie d’avoir une interprétation
conforme de l’accord conclu par rapport aux effets de base plutôt que d’annuler la décision de conclure l’accord. L’interprétation
conforme n’est pas l’apanage des juridictions internes.

2) L’AUTORITÉ DES TRAITÉS DE BASE SUR LES ACCORDS CONCLUS PAR LES ÉTATS MEMBRES
L’hypothèse la plus simple : l’accord est conclu après l’adhésion à l’Union, alors cet accord doit être conforme au traité.
La situation inverse est plus complexe : l’accord conclu par l’État membre a été conclu avant l’adhésion à l’UE, résolue par
l’article 351 TFUE dont les termes ne sont pas forcément clairs à la 1ère lecture : « les accords déjà conclus ne sont pas affectés
par les dispositions des traités ». Il ajoute que « dans l’hypothèse où l’accord serait incompatible avec les traités, les États
membres devront mettre tous les moyens appropriés pour éliminer ces incompatibilités ». L’État membre est obligé de se
préoccuper de cet accord. C’est arrivé en France \\ à la convention OIT dénoncée par la France qui interdisait le travail des
femmes, or le drit de l’UE est contraire au principe d’égalité entre hommes et femmes, cela permet aujourd’hui aux femmes de
travailler la nuit.
Exception \\ à l’ONU : les juridictions européennes ont considéré que les États membres devront laisser inappliquée toute
disposition du droit de l’Union contraire à la Charte des Nations-Unies.  TPICE 21 sept. 2005, YUSUF AL BARAKAAT.

Cela laisse penser que l’autorité des traités de base est entamée par cette décision, qui semble indiquer que la Charte des N-U a
une valeur supérieure aux traités de base.

D) R ÉVISION DES TRAITÉS


On distingue la procédure classique de révision (art. 48 TUE), mais il y en a d’autres, voire des procédures informelles.

1) LA PROCÉDURE ORDINAIRE DE RÉVISION


La décision de révision appartient aux seuls États, et théoriquement la procédure de révision est exclusive. Il ne devrait
pas être possible de passer par autre chose que l’article 48  CJCE 8 Avril 1976, DEFRENNE. On constate donc une certaine
rigidité procédurale.
Le traité de Lisbonne a ajouté une procédure supplémentaire : il prévoit l’intervention d’une convention dans cette
révision.

A) LA PROCÉDURE CLASSIQUE DE RÉVISION ( ART . 48 TUE)


43
Il y a trois phases :
- phases d’initiative (proposition de révision) qui appartient à la Commission européenne, aux États membres et depuis le
Traité de Lisbonne au Parlement européen (art. 48 §2 TUE)
L’initiative sera transmise au Conseil, qui le transmettra au parlement européen, cela requière l’information des Parlements
nationaux
- ouverture des négociations prise par le Conseil, depuis le traité de Lisbonne c’est le Conseil européen qui prendra cette
décision (Conseil des ministres).
- phase intergouvernementale de négociation. Une conférence intergouvernementale aura lieu, chargée de rédiger le
nouveau traité. Théoriquement les institutions de l’UE ne sont pas présentes, au moins leur présence n’est pas prévue par les
traités, mais en pratique elles sont largement associées aux négociations. Ça a toujours été le cas de la Commission européenne,
également le Parlement européen depuis le traité d’Amsterdam. Cette conférence va aboutir à la rédaction d’un projet de traité
signé par les États membres et ensuite ratifié par chacun de ces États.

Il faut retenir que les États membres maitrisent totalement la maitrise de cette procédure.

B) LA CONVENTION ( APPORT DU TRAITÉ DE L ISBONNE )


Vendredi 18 novembre 2011

La convention a été élaborée par le traité de Lisbonne de manière formelle et intervient entre les 2 ème et 3ème phases de la procédure
classique. Son intervention sera décidée par le Conseil européen. Cette convention a principalement pour fonction de préparer les
travaux de la conférence intergouvernementale. Elle sera composée de gouvernements nationaux mais elle comprendra également
des représentants des parlements nationaux et également des représentants des institutions de l’UE, de la commission et du
parlement européen (art. 48§3 TUE).
Cette convention est facultative et n’interviendra pas en cas de révision mineure des traités, et il pourra décider de ne pas
réunir cette convention, dans une telle hypothèse, et ce à la majorité simple du Conseil européen.
Est-ce que l’intervention de cette convention vient modifier en profondeur la procédure de révision ? Ce sont les États qui
détiennent ce pouvoir de révision, et la conférence intergouvernementale pourra modifier le projet élaboré par la convention. Il
faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une assemblée constituante. Certes elle est composée de manière formelle. On peut aller plus
loin : les représentants ne sont pas des représentants élus.

Ce nouvel organe est-il véritablement une innovation du traité de Lisbonne. Non car deux autre actes de droit primaire ont
été élaborés par la voie de la convention et ce même avant qu’il n’uy ait consécration par le traité de Lisbonne (méthode suivie
pour le TECE : premier traité qui n’a pas été élaboré par un comité d’experts mais bien par une convention.) Rappel : a été mis en
place en 2001 lors du sommet de Laeken une convention sur l’avenir de l’Europe, doublement justifiée  : on a pensé qu’il serait
plus intéressant de mettre en place une convention car plus d’audace dans l’élaboration d’un nouveau traité, car la méthode de
révision telle qu’on la connait conduit à l’intervention des États membres et donc à des compromis auxquels ne sont pas forcément
soumis les membres de la Convention.
C’était la 1ère justification, et le sommet de Laeken a fait justifier cette convention d’une 2 ème façon : on prévoyait de faire
une constitution européenne, or généralement l’établissement d’une nouvelle constitution doit faire intervenir le peuple. Mais la
volonté de faire intervenir le peuple est louable, reste que les membres représentants de la convention n’étaient pas des
représentants du peuple européen, et donc, même en 2001 la convention n’était en tout état de cause pas une assemblée
constituante ; Il faut également rappeler qu’une convention avait été mise en place pour l’élaboration de la Charte des droits
fondamentaux de l’UE , une convention qui était composée de la même façon que la convention actuelle telle qu’elle est prévue
par Lisbonne, et à cette époque la mise en place d’une convention avait pour principal objectif de légitimer la Charte des droits
fondamentaux de l’UE.

2) D’ AUTRES PROCÉDURES DE RÉVISION


Il existe des procédures simplifiées de révision, mais également il y a des possibilités informelles de révision.

A) P ROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RÉVISION


Elles permettent l’intervention d’un seul conseil sans intervention des États, ils sont certes associés au processus de révision, mais
l’intérêt principal est de gagner du temps et d’accélérer les processus de révision.
Il existe deux mesures simplifiées de révision : art. 48 §6 et §7 du TUE.

Procédure art. 48§6. Elle concerne uniquement les politiques de l’Union, autrement dit la 3 ème partie du TFUE. Elle a également
un objet limité dans le sens où cette procédure ne peut pas conduire à l’accroissement des pouvoirs de l’UE.

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Après la 1ère phase c’est directement le Conseil européen qui va se prononcer sur la révision, à l’unanimité et après avoir recueilli
l’avis de la Commission européenne et du parlement européen. Pour le reste l’accord devra être ratifié par l’ensemble des États
membres.
Le champ d’application est très limité car il ne concerne que les modalités de vote, ils permettent au Conseil de
transformer l’exigence d’unanimité à majorité qualifiée concernant les décisions qu’il prend lui-même, sous approbation et
validation par le Parlement européen.

Le conseil européen peut également décider de changer la procédure d’adoption de certains actes législatifs. Il peut
transformer une procédure spéciale en procédure ordinaire. Dans une telle hypothèse, la proposition de décision sera transmise aux
parlements nationaux qui pourront s’opposer à cette évolution dans les six mois.

B ) LES PROCÉDURES DE RÉVISION SUBREPTICES


la révision peut parfois avoir lieu en dehors des formes de l’article 48 même si c’est formellement interdit par le traité.
Cependant certains articles tels l’article 352 TFUE semblent permettre d’étendre les compétences de l’UE lorsque cela est
nécessaire. Par exemple pour accomplir un objectif de l’UE, ce sera le Conseil qui pourra procéder à une telle extension de
compétences, il se prononcera à l’unanimité, et recueillera l’avis de la commission et devra voir cette extension approuvée par le
Parlement européen.
La CJCE a fortement encadré cette possibilité dans un avis de 1996, qui concerne l’adhésion de l’UE à la Conv. EDH.
Plus encore cette procédure sera sans doute abandonnée en pratique : les États membres sont défavorables à l’usage d’une telle
procédure qui limite leurs compétences au profit de celles de l’UE.

Le juge de l’UE peut également procéder à une évolution de traités, p. ex. la création de principes généraux du droit de
l’UE, ils ont la même valeur que le traité, donc le juge modifie ainsi le contenu des traités.

§2. L ES ACCORDS INTERNATIONAUX DE L ’UE


Le traité de Lisbonne a largement simplifié la situation antérieure. Avant il restait plusieurs mesures de conclusion de ces
accords qui variaient selon le pilier en cause, ce qui causait une première difficulté de multiplication de procédures. De plus avant
Lisbonne l’UE ne disposait pas de la personnalité juridique et on se posait la question de la valeur juridique des actes conclus par
l’UE.
Le traité de Lisbonne a clarifié ces difficultés : l’UE dispose de la personnalité juridique depuis Lisbonne et donc de la
compétence pour conclure des accords avec des pays tiers. 2 ème évolution : le Traité de Lisbonne a simplifié et unifié la procédure
de conclusion d’accords internationaux. Il n’y a guère que deux catégories d’accords avec une procédure spécifique :
- accord \\ à la politique commerciale de l’UE  art. 207 TFUE
- accords \\ à la politique monétaire de l’UE  art. 219 TFUE
Ceux là sont soumis à une procédure particulière.

On peut relever que c’est le Conseil qui va diriger cette procédure. Il autorise l’ouverture des négociations à condition
d’avoir été invité à le faire, par une recommandation de la Commission ou du haut représentant si ça concerne la PESC.
Le conseil va encadrer ces négociations, il va fixer des directives qui vont s’imposer lors de la négociation. Le Conseil en
outre autorise la signature des accords, et c’est le Conseil qui conclue ces accords.  art. 218 §2 TFUE.
Ces stipulations ont été complétées par le traité de Lisbonne, qui tient à l’intervention d’un négociateur qui est chargé de
conduire les négociations, et qui sera la plupart du temps la Commission européenne elle-même sauf pour les accords relatifs à la
PESC (haut représentant aux affaires étrangères = négociateur).

Modalités de vote au sein du Conseil : il devrait statuer à la majorité qualifiée, ce qu’il fera pour l’ensemble des
décisions qu’il prendra le long de la procédure. La règle de principe connait quelques exceptions dans certains domaines,
notamment les accords d’association, l’éventuelle adhésion de l’UE à la Conv. EDH, dans ces hypothèses le vote du conseil
s’effectuera à l’unanimité.

La procédure fait aussi intervenir le Parlement européen qui devra approuver certains accords. Cela concernera de
manière plus générale els accords qui ont un impact budgétaire pour l’UE. Egalement les accords qui interviennent dans le
domaine d’actes législatifs dans le cas où l’acte législatif nécessite une approbation du Parlement européen.
Concernant tous les autres accords il suffira d’une consultation du Parlement. La seule innovation du traité de Lisbonne
sera en matière d’accords relatifs à la PESC où le Parlement devra être consulté  art. 218 §6 TFUE.
Les parlements nationaux n’interviennent plus depuis Lisbonne dans cette procédure, avant ils y étaient associés, dans
deux domaines : les 2ème et 3ème piliers. Cette disposition n’a pas été reprise par le traité de Lisbonne. Aujourd’hui ça va lier
automatiquement les institutions de l’UE ainsi que les États membres (pas besoin d’accord d’un État membre)  art. 216§ 2.

§3. L E DROIT DÉRIVÉ


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Il s’agit des actes adoptés par les institutions de l’UE. Il constitue une particularité du droit de l’UE. Il va s’imposer aux États
membres du fait d’un transfert de compétence qui a été consenti. La CJCE a tôt considéré qu’il s’agissait d’un pouvoir législatif au
sein de l’UE, que l’on retrouve dans l’arrêt SIMMENTHAL.

La encore le traité de Lisbonne a fait évoluer la nomenclature de ces actes. Avant Lisbonne la situation était complexe,
pas tant dans le cadre de l’ex premier pilier mais en raison d’actes particuliers qui existaient dans les 2 ème et 3ème piliers, édictés
selon une procédure particulière.

Le traité établissant une constitution européenne avait souhaité clarifier la situation, l’ex TECE évoquait des lois cadres
européennes. Le traité de Lisbonne n’est pas allé aussi loin \\ à cette terminologie symbolique. On reprend la distinction entre
directives \ règlements \ décisions.
Le traité de Lisbonne n’a pas été révolutionnaire mais il a été très utile, il a en effet unifié cette classification.

A) L A NOMENCLATURE DES ACTES AVANT L ISBONNE ET CE QUE LE TECE PRÉVOYAIT .


Avant Lisbonne les actes différaient selon les piliers qui étaient en cause. On distinguera entre les actes de l’ancien 1 er
pilier et les actes des anciens 2èmes et 3ème pilier.

Même au sein du 1er pilier les actes qui pouvaient être édifiés étaient très divers. Concernant les anciens 2 èmes et 3èmes
piliers se posait une autre difficulté qui est celle de la valeur juridique des actes adoptés dans ce cadre.

1) LA DIVERSITÉ DES ACTES DE L’ANCIEN 1ER PILIER


Il était identifié par l’ancien article 249 du TCE. Le traité de Lisbonne n’a pas fait évoluer cette classification. On
retrouve les mêmes actes que ceux adoptés à l’article 288 TFUE. Ce n’est pas la dénomination de l’acte mais ses caractéristiques.
En effet la CJCE peut requalifier ces actes afin qu’ils correspondent à la réalité.
Deux exemples du droit interne : le juge administratif peut requalifier certains actes, mais les actes législatifs ne peuvent
pas être requalifiés. En droit interne une loi reste une loi même si elle contient des dispositions règlementaires.

A) L ES RÈGLEMENTS EUROPÉENS
Trois critères :
- portée générale
- acte obligatoire dans tous ses éléments
- acte directement applicable dans les États membres

Acte de portée générale. C’est un acte qui vise les personnes de manière abstraite, c'est-à-dire qu’il ne nomme pas expressément
certaines personne, peu importe le nombre de personnes soumises à l’acte, dès lors qu’elles sont décrites en terme généraux.

Acte obligatoire dans tous ses éléments. C’est un critère qui permet de distinguer le règlement de la directive européenne. La
directive n’est obligatoire que quant çà l’objectif à atteindre mais non pas aux moyens pris pour atteindre cet objectif. Le
règlement s’impose quant aux objectifs et quant aux moyens pour les atteindre.

Acte directement applicable dans les États membres. Le règlement est d’effet direct. 4

Quelle est la nature juridique du règlement ? En droit de l’UE il s’agit d’un acte normatif. On s’est demandé à une époque
si il s’agissait d’un acte législatif ou si c’était un acte purement administratif. La CJCE a apporté des éléments de réponses, CJCE
Köster, 17 déc. 1970, la CJCE va distinguer les règlements de base qui sont fondés directement dans les traités et les règlements
d’exécution, qui sont pris pour application d’autres règlements.
Cette distinction permet de construire une hiérarchie : acte de base > acte d’exécution  CJCE 10 mars 1971,
TRADAX.

Le juge semble distinguer entre l’acte d’exécution qui est un acte administratif et l’acte de base qui est un acte législatif.
Depuis Koster l’acte législatif est celui édicté par une procédure législative.

B) L ES DIRECTIVES

Effet direct vertical : l’acte est opposable aux États membres. Le particulier peut l’invoquer devant l’administration nationale,
devant le juge national. Effet direct horizontal : acte opposable également aux simples particuliers, effet direct dans les relations
individuelles.
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Les directives interviennent dans des domaines où l’action des États membres est simplement coordonnée, c’est un instrument plus
souple que le règlement, qui laisserait une plus large autonomie aux États membres. Elle peut s’identifier au regard de trois
critères :
- acte de portée obligatoire dans certains de ses éléments
Elle n’est obligatoire que quant à l’objectif à atteindre. Seul le résultat est obligatoire pour l’État membre. Certains auteurs
évoquent une « méthode législative à double détente » car elle fait intervenir un acte européen puis un acte interne de
transposition. . La CJCE nous parle de mode de règlementation « indirect » posé dans une décision du 29 juin 1993,
GIRBALTAR c. CONSEIL.
Remarque : la directive ne lie que quant à l’objectif mais ce n’est pas ce qui ressort de la pratique, parfois des directives
laissent peu de marge de manœuvre aux États qui doivent les transposer. Cette tendance est liée aux États membres eux-mêmes.
En effet ils interviennent dans le cadre du Conseil et souhaitent voir les directives biens détaillées, des précisions au sein des
directives.

Depuis Maastricht les directives sont moins précises en raison du principe de subsidiarité qui va limiter l’intervention de
l’UE et donc la précision des directives. Ce principe est cependant rarement sanctionné.

Une directive est un acte de portée générale ou individuelle. Ce n’est pas le traité qui permet d’identifier ce second
critère. La plupart du temps dès lors que la directive concerne tous les États membres alors elle sera de portée générale. Cependant
il faut faire attention : ce n’est pas le nombre de destinataires qui permet de distinguer un acte général d’un acte individuel.
Dans le silence des textes une directive devrait pouvoir être de nature individuelle.

La directive doit être transposée. La transposition est enfermée dans un certain délai. Qui varie entre 6 mois et 2 ans. En
outre le délai présente un caractère impératif. L’État membre engage sa responsabilité en cas d’absence de transposition dans les
délais, ou de mauvaises transpositions dans les délais. Tant que le délai n’est pas expiré l’État membre peut ne pas transposer la
directive mais il a un devoir de coopération loyale qui lui interdit de prendre des mesures contraires à l’objectif de la directive. 
CJCE 18 déc. 1997, INTER-ENVIRONNEMENT WALLONIE.

Les États sont soumis à une obligation de résultat : ils doivent atteindre les objectifs et ceux dans le délai de transposition.
Ça pose aujourd’hui quelques questions : si un État membre doit édicter un acte de transposition alors que sa législation interne est
conforme avec les objectifs de la directive. Dans ce cas la directive n’exige pas d’édiction d’acte de transposition, en revanche elle
vient contrôler et encadrer l’absence de mesures de transposition  CJCE 23 mai 1985, COMMISSION c. Allemagne  : les
États membres devront justifier l’absence de transposition. LA Cour va vérifier que :
- la situation juridique est parfaitement claire pour les individus
- si les mesures nationales sont contraignantes
- s’il existe des recours juridictionnels permettant de garantir le respect du droit de l’UE.

Dès lors que la CJCE exige une mesure contraignante : une simple pratique ne peut pas servir de fondement à la transposition.
Dans le même sens une simple interprétation jurisprudentielle ne suffit pas non plus, car elles ne présentent pas les critères de
clarté nécessaires pour satisfaire la Cour.

Les États ont le libre choix des moyens pour transposer la directive, avec pour seule limite du caractère contraignant de
l’acte.  CJCE, 13 oct. 1987, COMMISSION c. PAYS-BAS. Cet arrêt fait suite à une décision de l’année précédante qui
apporte quelque chose d’important : l’acte contraignant doit être équivalente à un acte interne qui aurait été édicté pour poursuivre
un objectif analogue à celui de la directive. C’est ce qu’on appelle un principe d’équipollence du CJCE 2 déc. 1986,
COMMISSION c. Belgique.

Concernant le cas français l’acte de transposition va varier selon le domaine de la directive : art. 34 transposition par la
loi, art. 37, acte règlementaire pour transposer la directive.

Jeudi 24 novembre 2011

Sanction de l’absence de transposition des directives. Dans certains cas la directive non transposée aura pour conséquences
d’être directement applicable. L’effet direct est vertical, cela signifie qu’un particulier peut l’invoquer à l’encontre de l’État qui ne
l’aurait pas transposée (absence de transposition ou mauvaise transposition par l’État membre). D’ailleurs cet effet vertical joue à
l’encontre de toutes les entités étatiques : à l’encontre de l’État ou à l’encontre de toutes les collectivités ou de tout autre
organisme qui agit au nom de l’État.
Cependant ne peut pas être admis l’effet direct vertical ascendant. L’État membre ne saurait se prévaloir de la non transposition à
l’encontre d’un particulier.
47
En revanche il n’y a pas d’effet direct horizontal : un particulier ne peut pas s’en prévaloir à l’encontre d’un autre
particulier.  CJCE 14 juill. 1994, FACCINI DORI.
Nuance : une directive pourrait être utilisée dans un litige entre deux particuliers. En effet le juge national doit interpréter le droit
national à la lumière du droit de l’UE.
Le CE a été très réticent à mettre en œuvre ces jurisprudences, d’ailleurs il y a une trentaine d’années le CE considérait
que ces jurisprudences étaient contraires à la lettre du traité. Mais en l’absence de révision par le traité de Lisbonne, le CE revient
sur sa jurisprudence.
Dans un 1er temps il considérait par principe que les directives n’avaient pas d’effet direct : CE Ass. 22 déc. 1978, Cohn
Bendit. Au fil des années cette jurisprudence a été atténuée. Depuis 2008 le CE reconnait un effet direct aux directives de l’UE, et
admet que l’individu puisse se prévaloir d’une directive à l’occasion d’un litige (non transposée seulement)  CE sect. 30 oct.
2009, Mme Perreux.

C) L ES DÉCISIONS
La nature juridique des décisions a évolué depuis Lisbonne.
État du droit avant Lisbonne. Une décision comme un règlement était obligatoire dans tous ses éléments mais seulement qu’à
l’égard de ses destinataires, désignés par la décision. Elle était nécessairement un acte individuel qui identifiait nommément ses
destinataires.
Les dispositions avaient d’autre part un effet direct si adressées à des personnes privées. Par conséquent elles n’étaient
pas systématiquement d’effet direct à l’encontre des États membres.

Après le traité de Lisbonne. Les décisions sont toujours obligatoires dans tous leurs éléments, la nouveauté tient à ce que ces
décisions puissent être individuelles ou de portée générale. Le traité de Lisbonne vient mettre en place une nouvelle catégorie
d’actes de portée générale. Cela va impliquer des difficultés pour distinguer cette décision du règlement, qui est aussi un acte de
portée générale.

D) A UTRES ACTES  : LES RECOMMANDATIONS ET LES AVIS


La portée de ces actes est incertaine. Ce sont des sources formelles du droit de l’UE, sont prévus par le traité (288 TFUE)
mais ne sont clairement pas obligatoires pour leurs destinataires, car ces actes « ne lient pas leur destinataire ».
En effet une recommandation n’est qu’un acte d’incitation. On les appelle les normes molles, normes dépourvues d’effet
juridique. Pour autant ces actes sont la plupart du temps respecté par les destinataires en vertu d’une théorie sociologique : la
théorie des actes de langage5.
En doctrine on a distingué les recommandations et avis de la commission : les avis n’exprimeraient qu’une opinion de
cette dernière, alors que les recommandations seraient une invitation à respecter leur contenu. Cette distinction n’a pas été reprise
par la CJUE, qui dénie toute force obligatoire à ces actes.
Cela n’exclue pas que ces actes puissent avoir dans certains cas des effets juridiques. En effet le juge national doit
interpréter le droit national à la lumière du droit de l’UE, et pour la CJUE le juge national est tenu de prendre en compte ces actes
dans le cadre de l’interprétation. La Cour de justice confirme cette position par la création d’un renvoi en interprétation concernant
ces actes : elle consacre la possibilité de poser une question préjudicielle à leur propos  CJCE 9 juin 1977, Ameyde.

2) LES INCERTITUDES AFFECTANT LES ACTES DES ANCIENS 2ÈME ET 3ÈME PILLIER
On se situe ici avant Lisbonne, qui a supprimé ces actes.
Il y avait trois catégories d’actes \\ au 2ème pilier et également 3 catégories \\ au 3ème.
2ème pilier :  art. 12 TUE, évoquait tour à tour
- les stratégies communes
- les actions communes
- les positions communes.
3ème pilier, ex art. 34 TUE :
- positions communes
- décisions cadres
- décisions
Actes de l’ancien 2ème pilier 
Art. 13§2 (ancien) TUE \\ aux stratégies communes : elles précisent leurs objectifs, leur durée, et les moyens que devront
fournir l’UE et les États membres. La formulation laisse penser que c’était obligatoire.
 art. 14§3 TUE \\ aux actions communes : elles engagent les États membres dans leur prise de position et dans la conduite de
leur action.

Acte de langage : on respecte quelque chose en vertu de l’auteur qui l’a proclamé. Si ces actes étaient suivis, c’est possible que ça
soit du fait que leur auteur soit des institutions.
48
 art. 15 TUE \\ aux positions communes : les États membres doivent veiller à la conformité de leur politique nationale avec ces
positions communes.

On pourrait penser à la lecture de ces textes qu’ils sont contraignants, d’ailleurs la terminologie parle d’  « engagement »,
de veiller à la « conformité ».
Une contrainte est prévue par le traité mais elle ne s’exerce que sur des « prises de position », sur la « conduite de leurs
actes », leur « politique nationale ».
Le CE a tenté de clarifier la situation dans un arrêt CE 11 déc. 2006, DISPANS. Le CE vient reconnaître le caractère
contraignant d’une action commune. Il considère qu’elle a un caractère contraignant en précisant qu’elle ne fait d’obligations qu’à
l’égard de l’État membre.
Depuis Lisbonne ces actes ont été remplacés par des décisions dont l’article 288 affirme le caractère obligatoire. Il n’y a
plus d’interrogations quant à la valeur contraignante de ces textes. Pour autant il ne peut pas forcément y avoir de recours
juridictionnel (nuance au caractère obligatoire).

Actes de l’ancien 3ème pilier.


L’article 34 se prononçait sur les décisions cadres et sur les décisions elles mêmes. Ces décisions cadres devaient être
mises en parallèle avec les directives de l’UE car elle ne liait les États membres que quant à un résultat à atteindre, à l’inverse les
décisions étaient pour leur part obligatoire, mais n’avaient pas d’effet direct.
La valeur juridique des anciennes positions communes dans le traité, qui se contentait de préciser qu’elles définissaient
l’approche de l’UE sur une question déterminée. Sans se prononcer sur leur éventuelle valeur contraignante. Le CE a pris position
dans une décision CE 23 fév. 2001, TAT, le CE se prononce par rapport à une position commune prise sur le fondement de
l’ancien article 4-3, art 34 (TUE ?) et a considéré que les positions communes ne constituent que de simples orientations
communiquées aux organes administratifs.
Désormais les actes de ce pilier reprennent le cadre de l’ancien 1er pilier.

B) S ITUATION GÉNÉRALE APRÈS L ISBONNE  : UNE NOMENCLATURE RÉORGANISÉE


Rappels : le traité de Lisbonne a supprimé les différents piliers. Il a en outre abandonné la nomenclature spécifique qui
s’appliquait dans les anciens piliers. En outre ce traité distingue entre les actes législatifs de l’UE (c'est-à-dire les actes adoptés
suivant une procédure législative) des actes non législatives.
Cette distinction présente des limites et malgré la simplification opérée ne rend pas compte de la diversité des actes de
l’UE. On doit constater que la diversité caractérise les actes non législatifs de l’UE. C’est en réalité une catégorie «  fourre-tout ».
On y trouve en effet des actes d’exécution, des actes délégués et enfin des actes non législatifs pris directement sur le fondement
des traités.

1) LES ACTES D’EXÉCUTION


Ces actes ne sont pas des actes législatifs, évoqués à l’art. 291 §2 TFUE, qui précise que l’exécution peut incomber à la
Commission ou au Conseil dans certains cas, quand des conditions uniformes d’exécution sont nécessaires au sein de l’UE. Cf.
examen des compétences de l’UE

2) LES ACTES DÉLÉGUÉS


Ils sont mis en place part l’article 290 TFUE : les actes délégués sont des actes non législatifs de portée générale, qui
complètent ou modifient certains éléments non essentiels d’un acte législatif. Ce sont des actes hybrides. Ils ne sont pas
formellement législatifs, le traité l’indique explicitement. Ils peuvent cependant être matériellement législatifs dès lors qu’ils
peuvent modifier un acte législatif. Comparaison : entre les actes délégués avec les ordonnances (art. 38 Const.) qui permettent au
pouvoir législatif de déléguer sa compétence au gouvernement. Il convient cependant de les distinguer, par trois éléments :
- l’acte délégué ne permet de modifier que des éléments non essentiels, le pouvoir de la Commission est contraint, tandis
qu’en droit interne le gouvernement ne serait pas limité.
- une ordonnance peut être ratifiée par le parlement, qui va conférer à l’ordonnance une valeur législative. Une telle
procédure n’est pas possible concernant l’acte délégué qui va conserver la qualité d’acte non législatif.
- le parlement comme le conseil peuvent révoquer leur délégation. Ils pourront également s’opposer à l’entrée en vigueur
de l’acte.

Quelle est la distinction entre les actes délégués et les actes d’exécution ? Un acte délégué pourra modifier un acte
législatif tandis que l’autre non. Les actes délégués complètent l’acte législatif alors qu’un acte d’exécution  le met en œuvre.

3) LES ACTES NON LÉGISLATIFS PRIS DIRECTEMENT SUR LE FONDEMENT DES TRAITÉS
Il s’agit des actes adoptés par la Commission elle-même dans certains domaines, il y en a quatre :
- art 44 TFUE : les actes édictés par la Commission \\ à la politique agricole commune, par laquelle on pouvait établir une
taxe compensatoire pour rétablir l’équilibre des échanges.
49
2ème série d’actes : la libre circulation des travailleurs notamment les mesures qui permettent d’autoriser un ressortissant d’un État
membre de demeurer sur le territoire d’un autre État membre.

Il s’agit de l’hypothèse dans laquelle ce ressortissant aurait été employé dans l’autre État membre, la commission va édicter l’acte
directement sur la stipulation du traité.

Deux catégories encore relèvent de cette catégorie :


- décisions \\ aux transports, notamment sur les décisions des États membres qui soutient les entreprises de transport
- toutes les décisions de la commission \\ à la concurrence, sur le fondement de l’article 106 §3 TFUE : La commission
veille à l’application des dispositions relatives à la concurrence.

La nature et valeur juridique : ces actes ne sont pas législatifs car pas pris selon la procédure législative. Mais il faut les distinguer
des actes délégués et des actes d’exécution. Ces actes sont systématiquement en dehors de tout acte législatif. Ce n’est pas le cas
pour les autres décisions qu’on vient d’évoquer. On peut les comparer aux règlements autonomes en droit français, qui sont eux
aussi adoptés en dehors de tout acte législatif.

SECTION 2. LES SOURCES INFORMELLES DU DROIT DE L’UE


Ces sources ne sont pas mentionnées dans les traités, dans l’art. 288 TFUE, c’est d’ailleurs leur seul point commun, elles
se caractérisent sinon par leur diversité. D’une manière générale on peut relever que ces sources peuvent varier quant à leur forme
(écrire, non écrite), quant à leur valeur juridique (obligatoires, non obligatoires).

§1. L ES SOURCES QUI NE SONT PAS PRÉVUES PAR LES TRAITÉS


Ce sont des actes atypiques du droit de l’UE, ou encore des actes « hors nomenclature ». Ces sources sont formellement
écrites mais le contenu et la présentation peuvent varier. On évoque les résolutions ou les déclarations du Conseil, on parle aussi
des communications de la Commission européenne. On évoque parfois les accords interinstitutionnels.

On va distinguer les accords atypiques unilatéraux et ceux multilatéraux.

A) L ES ACCORDS ATYPIQUES UNILATÉRAUX


Ces accords émanant principalement de la Commission et du Conseil de l’UE. On parle de
- résolution
- de conclusions
- de délibérations
- des lignes directrices
- des codes de conduite

Elles peuvent également émaner du Parlement mais c’est plus rare.

Quelle force obligatoire ? Réponse de la Cour : est variable. Tout va dépendre de l’intention de l’auteur de l’acte. Si l’auteur de
l’acte a souhaité faire produire des effets de droit à l’acte, la cour va considéré qu’l produit des effets de droit.

1) LES ACTES ATYPIQUES DU CONSEIL


A des dénominations variables (résolution du Conseil de l’UE, délibération, conclusion...). Objet des actes : fixer un
cadre \ fixer les objectifs des politiques de l’UE. Le contenu est en effet imprécis, et une absence de base juridique, car non
mentionné dans les traités. Par conséquent ces actes sont dépourvues de valeur obligatoire. C’est ce qu’a pu juger la CJCE, 24
oct. 1973, SCHLÜTER. La position est nuancée par la Cour, car même s’il n’y a pas d’effet obligatoire, parfois ils en ont quand
même. Ces actes peuvent être obligatoires s’ils camouflent un règlement ou une directive ou plus généralement si l’acte fait grief
selon la Cour. Méthode pour le déterminer : elle utilisera la même méthode que le CE, elle va s’intéresser à la formulation de
l’acte. En substance la méthode est similaire à celle du CE (DUVIGNIERE), est-ce que l’acte est impératif dans sa formulation,
qui manifeste clairement la volonté de son auteur de faire produire des effets de droit à l’acte.

On peut considérer que ces actes peuvent produire des effets juridiques dans d’autres hypothèses. La Cour a considéré
que ces actes pouvaient engager la responsabilité de l’UE si l’acte avait un contenu erroné ou trompeur pour son destinataire, qui
violerait le principe général du droit de l’UE de confiance légitime.

Donc les actes ne sont pas obligatoires sauf s’ils


- font grief (impératifs)
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- leur contenu est erroné

2) LES ACTES ATYPIQUES DE LA COMMISSION


Elle a recours aux procédés selon une liste très variable. Ces communications s’adressent aux États membres mais aussi
aux particuliers. Les communications peuvent avoir un double objet, tout d’abord un objet préparatoire. Elles peuvent constituer
une préproposition législative. Pour d’autres et la plupart elles ont une fonction d’encadrement. On doit relever qu’elles sont
édictées dans le domaine de la concurrence, dans un domaine où la commission dispose de larges pouvoirs de décisions, et par une
communication la Commission va encadrer son propre pouvoir de décision : dans quelles conditions elle prendra ou ne prendra
pas telle ou telle décision. On en trouve en matière d’aides d’États, d’ententes...

Une directive en droit interne a également pour objet d’encadrer un pouvoir discrétionnaire de direction. On peut les
comparer.
Quelle est la valeur juridique de ces communications ? cf. les actes atypiques : elles sont en principe dépourvues de force
obligatoire. Mais cela pourrait être révéler par la formulation.
Le nombre et la variété a suscité des inquiétudes.

3) LES TENTATIVES D’ENCADREMENT PAR LE TRAITÉ DE LISBONNE


Les actes atypiques ainsi que leur multiplication sont préoccupants. En principe ils sont dépourvus d’effet juridique et par
conséquence en principe exclus d’un éventuel recours contentieux. Au travers de ces actes une institution pourrait s’affranchir des
règles du droit de l’UE sans contestation possible.
De plus même quand ils ne sont pas contraignants ils sont souvent respectés. On peut donc s’inquiéter d’actes non
contrôlés et permettant aux institutions de dépasser leurs compétences.
Ça a été relayé par le traité de Lisbonne qui tente d’encadrer le recours à ces actes, prévu à l’article 296 al. 2.TFUE, une
disposition qui vient interdire l’adoption de tels actes dès lors qu’ils sont saisis d’un projet d’acte législatif (dans un même
domaine). Cependant c’est limité. L’apport du traité de Lisbonne est mineur sur la question. D’ailleurs, on peut relever qu’il est
paradoxal d’encadrer de tels actes dès lors que dans certains domaines ces actes sont favorisés par le droit de l’UE. Notamment
dans le domaine de la politique sociale, la méthode  ouverte de coordination a été mise en place, c’est un nouveau mode
d’élaboration des normes, ce que certains appellent « une nouvelle gouvernance ».
Cela consiste non pas à adopter des actes contraignants mais des lignes directrices qui seront mises en œuvre par les États
membres. C’est une incitation à édicter des normes molles, des actes atypiques. Le traité ne vient pas aujourd’hui limiter en
profondeur le recours à de tels actes.

B) L ES ACTES ATYPIQUES CONCERTÉS ( MULTILATÉRAUX )

Vendredi 25 novembre 2011

1) L’OBJET DE CES ACCORDS


Les accords se sont multipliés et ont été conclus selon des modalités variables. Certains sont informels. Certains ont convenu de
déclaration commune, elles ont pu dans certains cas signer des accords interinstitutionnels sur le plan formel. État précisé qu’en
cas de déclaration commune ou accord interinstitutionnel, l’acte doit être signé par chacun des présidents.

1975 : accord du 4 mars 1975 \\ procédure de concertation en matière législative. Depuis cet accord de 1975 les accords
interinstitutionnels se sont multipliés. Ils peuvent avoir deux objets bien distincts :
- encadrer le fonctionnement des institutions
Dans le plus souvent dans le cadre de la procédure législative ou de la procédure budgétaire. Exemple : accord du 29 oct. 1993, par
lequel les institutions mettent en place un code de bonne conduite qui va s’appliquer à l’ensemble des pouvoirs exercés par ces
institutions.
- les droits fondamentaux de la personne humaine, p. ex. la déclaration commune du 5 avril 1977 \\ protection des droits
fondamentaux dans la communauté. C’est aussi le cas de la Charte des droits fondamentaux de l’UE, proclamée le 7 déc. 2000.
Elle avait pris la forme au départ d’un accord interinstitutionnel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, elle a acquis une valeur juridique
depuis le traité de Lisbonne.
La plupart des accords permettent aux institutions d’envisager leur organisation en commun mais aussi à certaines
institutions les accords leur permettent d’accroitre leur compétence au sein de l’UE, notamment le Parlement européen qui a
constamment renforcé son pouvoir au sein de l’UE à travers d’accords institutionnels. P. ex. un accord cadre du 5 juil. 2000, qui
concerne les relations entre le Parlement et la Commission, cet accord dépasse largement les stipulations du traité. La commission
s’engage ne pas retirer une proposition législative qui n’aurait pas été voulue par le Parlement. Le Conseil de l’union a rejeté la
portée de cet accord à l’époque, il a considéré que cela remettait en cause l’équilibre institutionnel au sein de l’UE.

51
2) LA VALEUR JURIDIQUE CONTROVERSÉE DES ACCORDS INTERINSTITUTIONNELS
La valeur juridique a évolué. En effet au départ de tels accords n’avaient qu’une valeur politique, donc aucune valeur
contraignante, ce qui rejoignait l’idée que les institutions ne pouvaient pas s’arranger sur l’exercice de leur pouvoir. C’était la
position initiale du droit de l’UE, mais la solution a évolué depuis lors. Aujourd’hui les institutions peuvent conclure des accords
interinstitutionnels. La CJCE a reconnu la compétence et la valeur juridique de tels accords.  CJCE 19 mars 1996,
COMMISSION c. CONSEIL. La CJCE considère que cet accord permet de remplir l’obligation de coopération entre institutions.
Plus encore selon la Cour cet accord, les institutions ont entendu se lier l’une vis-à-vis de l’autre. En d’autres termes ces accords
produisent des effets juridiques à l’égard de leurs signataires. La Cour a sanctionné dans cette décision la violation de ces
obligations.
Cette solution est certaine aujourd’hui, et donc il est certain que ce type d’accord à d’effets juridiques entre les
institutions, cependant il n’en a aucun envers les tiers ni sur les États membres, mais la Cour peut quand même se référer à de tels
accords dans ses décisions, et parfois elle a même interpréter certaines dispositions du traité à la lumière de ces accords. Ils
peuvent donc avoir des effets juridiques indirects envers les tiers.

Si un État membre a accepté un tel accord, l’accord s’imposera à lui.


Les institutions peuvent conclure des accords interinstitutionnels (confirmation de leur compétence), selon l’art. 295
TFUE, et ces accords peuvent revêtir un caractère contraignant.
Les auteurs du traité ont voulu généralisé cette solution à l’ensemble des accords, et c’est au cas par cas que sera
appréciée la portée juridique de tel ou tel accord.

§2. L ES SOURCES NON ÉCRITES  : LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT DE L ’UE


[Rappel : les sources non écrites ne se limitent pas aux principes généraux du droit. La coutume : il existe des pratiques
institutionnelles en droit de l’UE, répétées, constantes, mais ne peuvent pas avoir de valeur juridique, car la coutume n’est pas
reconnue comme source du droit de l’UE. En revanche la coutume internationale peut avoir des effets juridiques.]
La jurisprudence ne devrait pas être une source de droit objectif mais le juge européen a un pouvoir d’appréciation
important, dont on peut se demander s’il ne constitue pas un pouvoir de création. En principe le juge ne crée pas du droit. Le juge
ne peut qu’interpréter le droit positif. Mais des fois cela va le conduire à révéler des normes qui n’existaient pas auparavant.
Pourquoi ce pouvoir d’interprétation peut s’exercer ? Il peut s’exercer du fait des carences des traités, e l’absence de normes
européennes le juge est conduit à révéler certains principes.
Une première raison explique le rôle du juge de l’UE en matière de création de droit. Une 2 ème tient aux méthodes
d’interprétations du juge de l’UE :
- méthode téléologique qui s’appuie sur les buts d’une norme
- méthode systémique : à la lumière de l’ensemble du droit de l’UE, définie dans un arrêt  CJCE, 6 oct. 1982, CILFIT.

A) O RIGINE DES PRINCIPES DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT


Il existe des principes généraux du droit en droit international, qui sont explicitement prévus par les statuts de la Cour de
justice (art. 38 des statuts de la CIJ). Le juge de l’UE a réceptionné cette technique, de son propre chef sans en être contraint par
les traités. On doit relever que les traités ne mentionnent qu’indirectement cette technique (ancien art. 288 TECE qui concernait la
responsabilité de l’ancienne communauté, régie par des principes généraux communs aux États membres.). La Cour a agit d’elle-
même mais inspirée par ce qui se passait dans d’autres ordres juridiques, du droit international mais aussi inspirée du droit interne
des États membre. L’ordre juridique européen a aussi été une source d’inspiration.

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1) LE DROIT INTERNATIONAL
Certains principes du Le droit international ont pénétré le droit communautaire. La Cour opère un tri : elle ne conserve
que les principes qui viennent conforter l’ordre juridique européen. Elle refuse de consacrer des principes qui viendraient affaiblir
cet ordre juridique. Ex : CJCE 27 sept. 1988, OSAKEYTIO, La Cour dégage un principe de territorialité, qu’elle consacre en
droit de l’UE.

Ex. 2. Jugement du TPICE 22 janv. 1997, jugement OPEL AUSTRIA c. CONSEIL. La Cour dégage un principe de
bonne foi. Ça interdit aux États membres d’édicter des actes contraires au principe du traité avant l’entrée de ce dernier. Le TPICE
va même tenter de l’autonomiser en en faisant le corollaire du principe de la confiance légitime.
En revanche la CJCE va refuser de consacrer des principes contraires aux objectifs de l’UE, p. ex. un principe de
réciprocité  CJCE 26 fév. 1976, COMMISSION c. Italie.
La CJCE a refusé d’accord le droit d’émettre des réserves \\ à des actes pris sur le fondement de traités  CJCE 17 fév.
1970, COMMISSION c. Belgique.

2) LA CJCE S’INSPIRE DE DROITS NATIONAUX


Le relève un arrêt du 12 fév. 1957 de la CJCE, ALGERA. Dans cette décision la Cour dit qu’elle s’inspire de la législation, de la
doctrine et de la jurisprudence des pays membres.
Est-ce qu’une principe doit être consacré dans tous les États membres avant d’être consacré par l’UE. Non, souvent la
CJCE va s’inspirer d’un seul pays. Exemples :
- la Cour s’est inspirée du droit français en dégageant un principe relatif à l’enrichissement sans cause, dégagé par la
CJCE le 11 juill. 1968, DAUSSIN.
- principe de sécurité juridique + le principe de protection et de protection légitimé, issu quasiment exclusivement du droit
allemand.

D’ailleurs le contraire est vrai aussi : si tout le monde a un principe identique ; la CJCE ne vas pas forcément en faire une
principes généraux du droit.

3) L’INSPIRÉE TIRÉE DE L ’ORDRE JURIDIQUE EUROPÉEN


Ces principes trouvent les fondements souvent dans les articles des traités ou des articles liminaires qui posent des objectifs
généraux qui peuvent permettre de fonder certains principes jurisprudentiels.
- principe de coopération loyale déduit de l’ancien article 10 TCE.
- principe d’égalité institutionnelle, déduit dans un 1er temps du principe d’égalité : CJCE 13 juin 1958, Meroni.

Depuis lors la Cour ne se fonde plus sur une disposition des traités mais sur l’ensemble des traités. Elle considère que le
principe d’équilibre institutionnel se fonde sur l’ensemble des traités, CJCE 23 mars 2004, FRANCE c. COMMISSION.
En outre dans le même sens la Cour a étendu le principe du mot « discrimination » en effet au début ça ne concernait que
les travailleurs, la Cour en a fait un principe général de l’UE pour étendre son champ d’application. mais là elle l’a généralisé. Des
fois un principe jurisprudentiel ne permet que l’extension de certains principes qu’on trouve dans les traités.

B) L E CONTENU DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT DE L ’UE


On peut découper ces principes en deux catégories, certains de ces principes concernent le bon fonctionnement de l’UE,
c’est le cas du principe de coopération loyale, de l’équilibre institutionnel, également celui de sécurité juridique qui a plusieurs
corollaires. On a dégagé en corollaires en effet 1) un principe de non rétroactivité en droit de l’UE, ainsi que 2) le principe de la
confiance légitime mais également 3) le principe de transparence.
Dernière précision : le principe de proportionnalité est désormais consacré dans les traités, or avant la consécration la
Cour l’avait consacré en principes généraux du droit du dt de l’UE - CJCE 16 juil. 1956, FEDERATION CHARBONNIERE
DE BELGIQUE, confirmée dans une affaire Buitoni.
Les principes généraux du droit peuvent concerner en outre des droits fondamentaux. Il n’existait pas à l’origine de listes
de droits fondamentaux dans les traités. Pendant longtemps seules certaines libertés étaient consacrées par les traités, notamment
les libertés économiques, la liberté de circulation (travailleurs, capitaux…) à la libre prestation de services, à la libre concurrence
ou encore à l’égale rémunération entre hommes et femmes. Ces libertés étaient pendant longtemps les seules inscrites dans les
traités. La CJCE a dû en consacrer de nouveaux du fait de cette lacune, par l’intermédiaire de principes généraux du droit.
Illustration : CJCE 12 nov. 1969, STAUDER. Dans cet arrêt la Cour évoque les droits fondamentaux de la personne, elle a
considéré que ces droits sont compris dans les principes généraux du droit communautaire. Elle vient en outre affirmer la valeur
juridique de ce principe puisque la Cour vient contrôler une norme du droit de l’UE au regard d’un tel principe. C’est la 1 ère affaire
dans la quelle la Cour ajoute des droits fondamentaux, mais rien ne laisse penser que la Cour va augmenter sa jurisprudence sur ce
point.

53
C’est certainement l’influence étrangère qui a conduit la Cour a développé sa jurisprudence étrangère. La CJCE aurait dû
tenir compte de certaines jurisprudences nationales rendues dans les années 1970, certaines décisions où certaines Cour
constitutionnelles ont contrôlé le droit communautaire aux regards de principe fondamentaux de leur ordre juridique interne, p. ex.
la Cour constitutionnelle allemande, Karsruhe, 29 mai 1974, internationale Handelgeselltschaft, arrêt plus connu sous
l’expression de Solange I.
Elle a connu des évolutions récentes (2011). Autre exemple : Cour constitutionnelle italienne qui a contrôlé une norme
communautaire au regard de normes internes : 27 déc. 1976, Frontini et Pozzani.
Difficultés du fait de ces décisions : remise en cause de l’application uniforme du droit communautaire. A laquelle s’est ajoutée
une 2ème difficulté : dans une telle hypothèse on a l’impression que c’est le droit national qui garantie les droits fondamentaux
tandis que le droit communautaire intente à ces droits fondamentaux. Il y a une certaine suspicion contre le droit communautaire.

Evolution 1. La CJCE a développé une jurisprudence pour palier ces difficultés, à partir des années 1970.  CJCE 17 déc. 1970,
HANDELGESELLTSCHAFT. La Cour affirme s’inspirer des traditions constitutionnelles communes des États membres. Elle
concerne en 2ème lieu, la Cour affirme que le respect des droits fondamentaux « fait partie intégrante des principes généraux dont la
Cour assure le respect ».

Evolution 2. La Cour se réfère explicitement à certains droits fondamentaux posés par la CEDH CJCE 14 mai 1974.
- La Cour a dégagé un principe de liberté religieuse (CJCE 28 oct. 1975, RUTILI).
- liberté d’association (CJCE, 15 déc. 1995 BOSMAN)
- respect des droits de la défense (CJCE 13 fév. 1979, HOFFMAN LAROCHE) \\ sanction d’atteintes à la concurrence
- consécration d’un principe d’égalité H\F (CJCE 15 juin 1978, DEFRENNE)
- principe de dignité de la personne humaine (CJCE 29 oct. 2001, COMMISSION c. PAYS-BAS).

On peut s’interroger sur la pérennité de ces principes généraux depuis le traité de Lisbonne pour deux raisons, déjà la
Conv. EDH a acquis une valeur juridique depuis, et le traité de Lisbonne envisage l’adhésion de l’UE à la Conv. EDH, par une
décision à l’unanimité au sein du Conseil de l’UE.
La Cour va-t-elle continuer à dégager des principes généraux ? En tout cas si l’UE adhère à la Conv. EDH la Cour n’aura
plus besoin des principes généraux et appliquera directement la Conv. EDH.
Art. 6§3 TUE : indique désormais que les droits fonda tels que garantis par la Conv. EDH font partie intégrante du droit
de l’UE en tant que principes généraux. Le traité de Lisbonne a codifié ce que la jurisprudence avait dégagé, et pour le reste il n’y
a pas d’indication sur l’attitude de la Cour \\ aux principes généraux. En droit interne la même question s’est posée, du fait de la
jurisprudence du CE et le préambule de la Constitution.

C) L A PORTÉE DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT DE L ’UE


Ils s’imposent à l’ensemble des actes du droit dérivé, ils ont la même valeur juridique que le traité. Certains auteurs
allaient dans le sens du caractère conventionnel de ces principes généraux du droit, et certains pensaient que ces principes
généraux du droit auraient une valeur inférieure infra conventionnelle. Elle a été infirmée par la CJCE. On doit considérer cela à la
lecture d’un arrêt Schmid Berger du 13 juin 2003 \\ à la libre circulation des travailleurs et à la liberté d’expression et de réunion
consacrée en tant que principe général de l’UE. Face à ce conflit lib. Issue du traité et principes généraux du droit le juge a
considéré qu’il fallait concilier ces impératifs, aboutir à un juste équilibre entre ces intérêts. Cela signifie que pour la CJUE ces
dispositions ont la même valeur juridique, que les principes généraux du droit sont placés au niveau des traités, ce qui implique
qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les normes, de valeur égale mais opposées.
Confirmation : CJCE 14 oct. 2004, OMEGA \\ à la commercialisation de simulation d’actes d’homicide. Conflit entre
principe de libre circulation des marchandises issue du traité vs principes généraux du droit de l’UE, c'est-à-dire le principe de
dignité de la personne humaine. Ici on dit que le principe de dignité peut limiter la liberté garantie par le traité. Le juge national
n’a pas une position différente : le CE considère que les principes généraux du droit de l’UE ont la même valeur que les traités 
CE 3 déc. 2001, SNIP (syndicat national de l’industrie pharmaceutique). Précision : le champ d’application de ces principes en
droit national les États membres doivent respecter les principes mais seulement si la condition qu’ils édictent entre dans le champ
d’application du droit de l’UE.  CJCE 30 sept. 1987 DEMIREL.
On parle souvent de l’impact du principe de confiance légitime, et il est impossible d’opposer ce principe à l’État quand il
intervient dans d’autres domaines que celui régi par le droit communautaire.

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Jeudi 01 décembre 2011

CHAPITRE 2. PRINCIPE DE PRIMAUTÉ ET EFFET DIRECT


INTRODUCTION
Autours deux points : un rappel et ensuite une question.

I. RAPPEL
Le juge national est le juge de droit commun de l’application du droit de l’Union. Certes les juridictions européennes
garantissent le droit de l’UE, mais en 1er lieu cette fonction incombe au juge national.
« Le juge national est la juridiction communautaire de droit commun ». CJCE , 10 juil. 1990, TETRAPAK
Le juge national a une formule à peu près identique, pour le CE « le juge national est le juge de droit commun de
l’application du droit communautaire »  CE 14 mai 2010, RUJOVIC
Une telle compétence de droit commun impose aux États membres de mettre en place des voies de droit propres à garantir
l’effectivité du droit de l’UE  L’art. 19 §1 TUE. Position déjà affirmée par la Cour de justice.

Les juridictions nationales bénéficient par ailleurs d’une autonomie procédurale, elle tient à ce que le droit de l’UE est garanti dans
le cadre des règles nationales, et plus précisément suivant les voies de droit prévues en droit interne  CJCE 03 avril 1986,
MOLKEREI ZENTRALE.

Le juge avait précisé dans le même sens que le droit de l’UE n’impose pas la création de voies de droits spécifiques, seules les
voies de droit nationales sont suffisantes pour garantir l’effectivité du droit de l’UE  CJCE, 7 juil. 1981, REWE.

La Cour de justice ne fixe qu’une petite limite : il faut que la garantie soit effective des normes du droit de l’Union, peu importe
que la garantie se fasse par la voie de l’action ou par la voie de l’exception. En d’autres termes le droit de l’UE n’exige pas la
création d’une voie de droit qui permet de contester les normes par la voie de l’action tant que ça existe par voie de l’exception. La
voie de l’exception suffit à garantir le droit de l’UE. CJCE, grande chambre, 13 mars 2007, UNIBET

Cette autonomie connait deux limites importantes. Elle est encadrée par le droit de l’Union, qui tend à éviter les distorsions qui
pourraient exister d’un État à un autre.
- Principe d’équivalence des procédures : implique que les voies de droit nationale puissent être utilisées pour garantir le
respect de droit de l’UE. Plus encore, la garantie de droit de l’UE ne doit pas être plus difficile à mettre en œuvre pour le
requérant. Ces voies de droit doivent donc s’exercer dans les mêmes conditions suivant que le requérant tend à voir protéger un
droit national ou un droit de l’UE.  CJCE, 7 juil. 1981, REWE.
- Principe d’effectivité : il a la portée suivante. Une règle processuelle nationale ne saurait rendre impossible ou
excessivement difficile la garantie du droit de l’UE. De telles règles doivent être écartées par le juge national. A ce titre, la Cour a
donné plusieurs exemples :
* CJCE, 26 sept. 1996, DATA DELECTA. Une règle nationale subordonnait le recours au dépôt d’une caution.
* Règle nationale qui ferait peser trop lourd la charge de la preuve sur le requérant  CJCE 24 mars 1988,
commission c. Italie
* Dernier exemple qui mérite d’être évoqué, il s’agit d’un ex interne à propos d’une règle interne au droit français,
qui rend suspensif le recours dirigée contre un type de perception, le juge considère qu’une telle règle viole le principe
d’effectivité, mais dans une hypothèse particulière, quand c’est fait pour récupérer une aide d’État qui n’aurait pas dû être versée.
 CJCE 5 oct. 2006, commission c. France

Il faut noter cependant un contre exemple récent tiré de la CJUE, 18 mars 2010, ALSSINI. Était en cause dans cette
affaire une règle nationale qui subordonnait le recours à une procédure de règlement amiable du différend. Le juge considère
qu'une telle règle ne viole pas le principe d'effectivité dès lors qu'une telle règle processuelle n'interdit pas aux parties d'exercer le
recours. En effet dans une telle hypothèse les délais d’action sont suspendus par la procédure non juridictionnelle ce qui
permettrait aux requérants d’exercer le recours suite à un échec de la procédure juridictionnelle. En d’autres termes cette règle
n’est pas systématiquement contraire au principe d’effectivité de droit de l’UE.

Il se pose cependant une dernière question dans le cadre de ce rappel.


Le droit de l'UE est-il aujourd'hui un moyen d'OP ? Est-ce que le juge national est obligé de soulever d'office la violation
du droit de l'UE ? Le juge national considère que ce n'est pas un moyen d'OP => CE, Ass. 6 déc. 2002, MACIONAK, Cette
décision a été rendue à propos de la violation de la CEDH mais on doit considérer que c’est général du fait que ça soit l’assemblée
qui l’ait rendue.
Il faut préciser que le Conseil d'État avait déjà refusé de soulever d'office un règlement communautaire => CE, 10 juil. 1970,
SYNACOMEX.
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Il avait dans le même sens refuser de soulever d'office une directive européenne => CE Sect. 11 janv. 1991, SA MORGANE.

Un tel état du droit est-il compatible avec le principe d'effectivité ? Est-ce que le droit de l’UE n’impose pas le relevé
d’office ? Réponse fluctuante de la CJCE : elle a commencé par dire qu’elle ne s’opposait pas à ce qu’un tel moyen puisse être
relevé d’office, elle résulte d’un arrêt CJCE, 11 juil. 1991, Verholen.
Cette décision n’apporte pas grand-chose de nouveau. Mais plus tard, la CJCE a semblé l’imposer au nom du principe
d’effectivité, c’est ce qu’on peut déduire de deux arrêts de la CJCE,  CJCE 14 déc. 1995, affaire PETERBROECK et
confirmé dans un arrêt CJCE 26 oct. 2006, affaire MOSTAZA CLARO.
Reste que ces décisions ne sont pas tout à fait claires, notamment celle de 1995, on va constater en effet que le même jour
que la décision PETERBROECK la Cour a rendu une autre décision qui ne va pas dans le même sens,  CJCE 14 déc. 1995,
VAN SCHIJNDEM.

La CJCE semble être revenue sur les solutions de 1984 et 2006 et semble adopter une démarche au cas par cas.
La Cour de justice a considéré récemment que le juge n’avait pas l’obligation de soulever un tel moyen, dès lors que les parties
peuvent soulever un tel moyen, c'est ce qui résulte d'un arrêt du CJCE 7 juin 2007, VANDERWEERD.

La solution paraît plus claire depuis 2007, elle a été encore clarifiée dans une importante jurisprudence de 2008 CJCE 25 nov.
2008, HEEMSKERK.

- Note pour plus tard : on est à 27 min de cours ici –

Quelle est la portée de cette décision ? La CJCE vient interdire au juge national de relever d'office un tel moyen dès lors que ce
moyen est défavorable au requérant et que ce requérant s'est abstenu de l'invoquer devant le juge. C'est la règle nationale qui va
s'imposer. Le juge n'est pas tenu de relever d'office le droit de l'UE.

L'autonomie procédurale des États prime sur le principe de primauté.

Remise en cause du principe de primauté.

Quel est le rapport entre l’ordre juridique de l’UE et les ordres juridiques nationaux ?
Cette question n'est pas résolue par les traités. Par conséquent la CJCE a dû trancher cette question. Elle a eu pour souci de
préserver l'unité du droit de l'UE. Elle a dégagé deux principes : le principe de primauté et d'effet direct. Ces principes sont des
principes importants, ils sont des caractéristiques essentielles de l'ordre juridique communautaire.
C'est la formule employée par la CJCE, le 14 déc. 1991, dans un avis de la CJCE, avis 1\ 91.

Est-ce que ça trouve à s'appliquer dans le cadre des deuxième et 3ème pilier ? On pouvait en douter dès lors que les actes adoptés
dans ce cadre ne sont pas systématiquement contraignants, d'ailleurs la plupart des actes adoptés dans le cadre de ces piliers n'avait
aucun effet contraignant.
La Cour de justice l'avait quand même admis, elle avait affirmé la primauté de ces autres actes de l'UE, elle l'avait affirmé à propos
de décision cadre, c'est ce qui résulte d'un arrêt du 16 juin 2005 de la CJCE, affaire MARIA POUPINO . Cette question n'a
plus aucun intérêt aujourd'hui vu que les piliers ont été supprimés.

SECTION 1. LE PRINCIPE DE PRIMAUTÉ DU DROIT DE L'UE

§1. L A CONSÉCRATION DU PRINCIPE DE PRIMAUTÉ


La consécration du principe de primauté vient de la jurisprudence, mais les traités ont pu également affirmé ce traité.

A) L A CONSÉCRATION JURISPRUDENTIELLE DU PRINCIPE DE PRIMAUTÉ


 CJCE, 15 juil. 1964, COSTA c. ENEL
Dans cette décision la Cour évoque le caractère spécial du traité, une nature spécifique et originale, qui interdit d'opposer au droit
de l'Union toute norme interne. « Si on opposait un txt interne au dt de l'UE ça serait la base juridique de …. »

Ce principe de primauté a été réaffirmé à de nombreuses reprises. CJCE : la violation d'un tel principe conduirait à vider la
communauté de toute substance → CJCE 22 juin 1965, ACIERIE ST MICHELE.
Ce principe a été réaffirmé dans l'arrêt Solange I, CJCE 17 déc. 1990.
Et surtout l'arrêt Simmenthal vient réaffirmer ce principe, 9 mars 1978.

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Revenir sur le raisonnement du juge dans Costa :le juge rappelle la prééminence du droit communautaire sur celui des États
membres. Pour la CJCE cette prééminence résulte de l'esprit des traités et de leurs termes.

Elle rappelle que la création des communautés avait pour effet la limitation de la souveraineté et la création d'un corps de droits
applicables aux ressortissants de l'État mais également aux États eux mêmes.

Selon la Cour l'intégration du droit communautaire a une conséquence importante : elle interdit à l'État membre de faire prévaloir
une norme interne sur une norme de l'UE.

La CJCE insiste sur la nécessaire application uniforme du droit communautaire, considérée comme une exigence fondamentale du
droit communautaire. Si cette application variait d'un État à un autre, cela mettrait en péril les buts du traité.

C'est donc le juge qui a construit ce principe de primauté mais les États membres ont souhaité inscrire ce principe dans les traités.

B) C ONSÉCRATION DU PRINCIPE DE PRIMAUTÉ DANS LES TRAITÉS


Il a été mentionné dans le traité de Maastricht.
Il a été consacré dans le traité de TECE.
Mais le traité de Lisbonne n’est pas revenu dessus.

Traité Maastricht.
Il est fait référence à la notion d’acquis communautaire (anciens art. 2 et 3 TUE).
Ce faisant les auteurs du traité ont donc entériné le principe de primauté qui est une caractéristique du droit communautaire.
On peut relever au demeurant que le traité d'Amsterdam va aussi dans ce sens : un protocole annexé au Traité d'Amsterdam, relatif
aux principes de proportionnalité et de subsidiarité fait à nouveau référence au principe de primauté.

TECE, art. 1-6


Le principe de primauté était affirmé fortement dans cet article, avec clarté. Ceci étant ce traité n'est jamais entré en vigueur, ainsi
le traité de Lisbonne ne le consacre pas.
Le traité de Lisbonne ne fait plus référence à l’acquis communautaire.

Le protocole qu’on a mentionné a été abrogé et remplacé par un autre qui n’y fait pas référence. Les auteurs du traité ont renoncé
explicitement à consacrer un tel principe.

Cette absence de consécration de ce principe remet-elle en cause la jurisprudence en la matière  ? On va considérer que ce principe
n’a pas été abandonné  Avis du service juridique du Conseil de l’UE, 22 juin 2007.
Au demeurant la CJCE a réaffirmé ce principe à plusieurs reprises  CJUE, 8 sept. 2010, WINNER WETTEN.
Donc ce principe existe et sa source reste une source jurisprudentielle. Plus importante est la question de la portée du principe de
primauté.

§2. L A PORTÉE DU PRINCIPE DE PRIMAUTÉ ( EN DROIT DE L ’UE)


On va montrer que la primauté est plus large que celle qui résulte du droit international, c’est une primauté externe et
interne, elle est en outre générale et absolue, elle concerne tout le droit de l’UE qui prime sur l’ensemble des dispositions
nationales.

A) P RIMAUTÉ EXTERNE ET INTERNE


- 53 min -
Ce principe dépasse largement l’idée de primauté en droit international. Rappel : en droit international la primauté ne se
conçoit que de façon externe. On doit rappeler à ce titre que le juge n'a pu dégager un tel principe de primauté. Il s’agit selon la
CIJ « un principe généralement reconnu du droit des gens » et suivant ce principe généralement reconnu du droit des gens, une loi
interne ne saurait prévaloir sur celle d’un traité, c’est ce qu’a jugé la CIJ dans un avis
du 31 juil.1930, relatif aux communautés gréco-bulgares.

La convention de Vienne elle-même vient également affirmer ce principe de primauté, à l'art. 27, qui dit qu'un État ne
saurait invoquer aucune disposition nationale pour justifier de la non exécution d'un traité.

Cette primauté n'a d'effet que dans l'ordre juridique international, il n'a pas nécessairement vocation à être appliqué en
droit interne. Ce n'est pas la conception de l'UE. En effet en droit de l'UE, il y a un volet interne et externe.

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Le droit de l'UE est intégré aux ordres juridiques des États membres, cette intégration a une conséquence évidente  : la
primauté vaut non seulement dans l'ordre juridique de l'UE mais également dans l'ordre juridique interne. D'ailleurs dans l'esprit de
l'UE cela ne forme qu'un seul tout : il y a une logique moniste qui va permettre une telle intégration.

C'est ce qu'a considéré la CJCE dans l'arrêt Simmenthal. La Cour rappelle que les États membres doivent faire primer le droit de
l'UE sur toute norme nationale et la Cour vient en déduire deux séries d'obligation à la charge des États membres  : une obligation
positive et une obligation négative.

Obligation négative : la Cour considère qu'un État membre doit s'abstenir d'édicter une norme contraire au droit de l'UE. Cela
s'accompagne d'une obligation positive à la charge de l'État membre : il va être contraint d'éliminer les dispositions contraires au
droit de l'UE dans son ordre interne.

Voilà pour la portée du principe de primauté qui impose ces deux séries d’obligation.

B) L A PRIMAUTÉ EST GÉNÉRALE ET ABSOLUE


- 59 min 35 -

C’est une primauté générale et absolue dès lors que c’est l’ensemble du droit de l’UE qui prime sur le droit national et que plus
encore le droit de l’UE prime sur l’ensemble des dispositions nationales. Deux idées à développer en commençant par la primauté
de tout le droit de l’UE.

1) PRIMAUTÉ DE TOUT LE DROIT DE L'UE

L'ensemble des normes du droit de l'UE prime sur les règles nationales.
C'est le cas du droit primaire, ce qui résulte de l’affaire Costa contre Enel, et c'est le cas des principes généraux du droit de l'UE →
CJCE 13 juil 1989, affaire Wachauf
Il en va de même du droit dérivé, précisément des règlements → CJCE 14 déc. 1991, affaire Politi.
En outre il en va de même pour les décisions adressées par l'UE aux États membres → CJCE 8 mars 1979,
SAMUMIFICIO DI CORNUDA.
Pour les directives : 19 janv. 1982, BECKER
Les accords internationaux : CJCE 19 nov. 1975, affaire Netherlands Spoor Wegen
L'effet direct du droit de l'UE serait-il une condition de sa primauté ?

L'effet direct n'est pas une condition de la primauté et certaines normes du droit interne peuvent primer le droit interne alors
qu'elles n'ont pas d'effet direct.

2) PRIMAUTÉ SUR TOUT LE DROIT INTERNES


ça résulte de la formulation de l'arrêt Costa de 1964, le juge considère qu'aucune norme communautaire ne pourrait se voir opposer
un texte interne quel qu'il soit.
Le juge devra laisser inappliqué les dispositions contraires au droit de l'UE, même si ce sont des dispositions législatives, mêmes
postérieures au droit de l'UE → Simmenthal. Le juge rappelle que le droit de l'UE prime sur tout le droit interne et sur toute
pratique nationale, qui aurait pour effet de diminuer l'efficacité du droit de l'UE.
1) Questions qu'on se pose :est-ce que le droit de l'UE prime sur une décision de justice ayant autorité de chose jugée ?
2) LE droit de l'UE prime-t-il sur une norme constitutionnelle nationale ?

A) P RIMAUTÉ SUR UNE DÉCISION DE JUSTICE AYANT AUTORITÉ DE CHOSE JUGÉE  ?


La question s'est posée suite à un arrêt de la CJCE, 18 janv. 2007, Lucchini. Une norme nationale est tenue de remédier à une
violation du droit de l'UE, quitte pour cela à vider une décision de justice ayant autorité de chose jugée.
En d'autres termes la primauté implique de remettre en cause l'autorité de chose jugée, la primauté incitait à ne pas respecter les
décisions du juge national.
Cette décision a été très critiquée et le juge est revenu sur cette décision → CJCE 3 sept. 2009, affaire Administration de
l'économie et des finances italiennes.
L'affaire de 2007 est une situation particulière, considère la Cour, elle tenait à la compétence de la commission en matière
d'aides d'état.
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Le juge vient insister sur l'importance de respecter la chose jugée. Plus précisément il importe qu'une décision ayant portée de
chose jugée ne puisse pas être remise en cause dès lors qu'elle est devenue définitive.
Conclusion du juge de l'UE : 1h 12, 50 le juge communautaire ne remet pas en cause les décisions ayant force de chose jugée.

Elle fixe tout de même une limite : le droit communautaire ne saurait être respecté que si cette décision ayant autorité de
chose jugée devienne un arrêt de principe en substance. La Cour n'admet pas que la décision ayant autorité de chose jugée fasse
jurisprudence.
Le juge national ne saurait violer à nouveau le droit de l'UE dans des décisions ultérieures, cependant.

B) P RIMAUTÉ DU DROIT DE L 'U NION SUR LE DROIT CONSTITUTIONNEL NATIONAL  ?

En principe la réponse est certaine : le droit de l'Union prime sur le droit constitutionnel national. C'est l'affirmation de la CJCE
dans l'afffaire Solange de 1970 (Internationale HandelGesellschaft) quel que soit l'objet des règles constitutionnelles. Le droit de
l'UE prime même sur les règles relatives à l'organisation des pouvoirs publics, et même sur les droits fondamentaux, c'est ce qui
résulte d'un arrêt CJCE 11 avril 1978, commission c. Italie.

Précision : la CJCE a rappelé récemment la primauté du droit de l'UE sur les normes constitutionnelles dans un arrêt CJUE 8 sept.
2010, WINNER WETTEN.
Le principe semble clair mais il pose une difficulté, en droit interne, qui tient au caractère prioritaire de la QPC.

Cette procédure est prioritaire cela veut dire qu'elle doit être mise en œuvre par le juge avant que ce dernier ne tranche
pour toute autre question. Théoriquement le juge national devra faire la QPC avant le contrôle de conventionalité. Est-ce
compatible avec le principe de primauté ? Q° de la Cour de cassation dans une décision du 16 avril 2010 Melki et Atali. La Cour
dit que le droit de l'UE a une valeur constitutionnelle et qu'en outre le conseil constitutionnel devrait garantir le respect du droit de
l'UE et surtout elle a posé une question préjudicielle à la CJUE : le caractère prioritaire de la QPC viole-t-il le principe de
primauté ?

Elle s'appuyait sur deux affaires communautaires :


- affaire simmenthal qui évoque la décision suivante : un juge national est soumis à une double obligation, l'obligation de poser
une question préjudicielle à une cour constitutionnelle et une obligation de poser une question préjudicielle à la Cour de justice de
l'UE. Dans l'affaire simmenthal, le juge doit faire primer la 2nde obligation sur la 1ère.
Une question de constitutionnalité ne pourrait pas, d'après cet arrêt, être prioritaire mais secondaire. C'est un 1er élément de
réflexion qui permettrait d'aller dans le sens de la Cour.

Un 2ème argument permettait à la Cour de cassation de justifier sa décision : on pourrait penser que la priorité de la QPC violerait
les principes d'effectivité de la norme communautaire mais également du principe d'équivalence, et que le droit constitutionnel
serait mieux protégé en droit national.

Suite à cette question ce sont les juridictions nationales qui ont répondu en 1er.

Vendredi 2 décembre 2011

Ce sont d’abord les juridictions nationales qui ont d’abord répondu à cette question, ce qu’on peut constater à la décision
DC 12 mai 2010, \\ loi portant sur l’ouverture à la concurrence du secteur des jeux de hasard. Cette décision n’avait rien à voir
avec la QPC, c’était un contrôle classique exercé dans le cadre de l’article 61 Const. mais le Conseil a profité de cette décision
pour recadrer la Cour de cassation, et plus généralement il en a profité pour apporter sa propre réponse à la question posée, à
l’occasion d’un obiter dictum (considérant surabondant). Il rappelle tout d’abord les dispositions de la loi organique de décembre
2009 qui autorise les juridictions internes à prendre des mesures provisoires et conservatoires dans l’attente de la réponse du
Conseil constitutionnel. Précisément il va considérer que ces mesures permettent de garantir l’effectivité du droit de l’UE.
Raisonnement en deux temps : il va considérer que le juge national peut à tout moment suspendre une loi incompatible
avec le droit de l’UE (cela semble impliquer que cela peut se faire avant la réponse du CConst et même avant la transmission de la
QPC). La QPC n’est donc plus prioritaire pour le Conseil constitutionnel.
Dans un 2ème temps de son raisonnement le CConst va considérer que la QPC n’empêche pas le juge national de poser la
question préjudicielle à la CJUE, cette question préjudicielle peut être posée à tout instant et donc avant même la transmission de
la question au CConst. La Cour de justice a donné une interprétation dans un arrêt du 24 juin 1991, MECANARTE. Pour le
CConst cette procédure de QPC est bien compatible avec le droit de l’UE. C’est précisé par le CConst le 12 mai 2010, et le CE a
confirmé cette analyse deux jours plus tard, dans un arrêt le 14 mai 2010, RUJODIC a entériné la solution.

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La CJCE a répondu pour sa part un mois plus tard, dans un arrêt CJCE 22 juin 2010, MELKI, En substance, elle
répond, elle va reprendre le raisonnement du CConst. Elle reprend les deux idées évoquées par lui, donc qu’à tout moment le juge
national peut suspendre l’application d’une loi contraire au droit de l’UE.

Remarque sur le rapport des juges et sur l’évolution des rapports de juridictions  : il est surprenant que la CJUE reprenne
une décision du juge interne. Par ailleurs depuis cette affaire les rapports entre juridictions ont changé. Le CConst a accru son
pouvoir, notamment grâce à la QPC également. Parallèlement la Cour de cassation avait des positions hétérodoxes envers les
juridictions, on a pu parler de solution frondeuse de la Cour d cassation. A l’occasion d’une loi des amendements ont été pris pour
retirer des pouvoirs de la Cour de cassation. Le gouvernement a indirectement sanctionné la Cour de cassation. On constate donc
une mise à l’écart de la Cour de cassation, qui a une attitude particulière \\ à la QPC.

C) LA QUESTION DE L ’ ASSOUPLISSEMENT ÉVENTUEL DU PRINCIPE DE PRIMAUTÉ  ?


Au regard de 2 décisions de la CJCE on peut se poser la question.
En 1er lieu : CJCE 14 oct. 2004, OMEGA. Dans cette décision la CJCE va admettre une dérogation à la libre prestation
de service, et elle l’admet en la fondant sur une valeur fondamentale consacrée par la constitution nationale qui était en l’espèce
le principe de dignité de la personne humaine. Cette décision a fait réagir : est-ce que la CJCE faisait primer le droit
constitutionnel interne sur la liberté communautaire ? Avait-elle assoupli la portée du principe de primauté ?
En réalité la Cour n’est pas allée jusqu’à là. Il faut remarquer que le principe de la dignité de la personne humaine est un
principe général de l’Union européenne. Elle a simplement concilié deux principes communautaires divergents.
Cette décision peut se justifier pour une autre raison. On parle ici de libre prestation de services, donc des dérogations son
prévues par le traité lui-même. Le traité admet des dérogations à l’AMPS pour des motifs d’ordre public.
En 2nd lieu : CJCE 12 sept. 2006, Espagne c. Royaume-Uni. Dans cette décision la CJCE admet que le R-U puisse
accorder un droit de vote aux élections européennes aux résidents de Gibraltar, c'est-à-dire des citoyens du common wealth et non
pas à des citoyens du R-U et donc de l’UE. Intérêt : la Cour admet ce droit de vote en se fondant sur la tradition nationale qui n’a
pourtant aucun équivalent en droit de l’UE. Donc, est-ce un assouplissement de la primauté ? Non, car on peut l’expliquer. La
CJCE rappelle que les communautés, et l’UE, ne disposent d’aucune compétence dans le domaine de la détermination du droit de
vote et de l’éligibilité, cela justifie que l’État membre puisse octroyer le droit de vote aux citoyens du common wealth. Cette
décision est plus une q° de répartition des compétences que de hiérarchie des normes, par conséquent cette décision ne constitue
pas un assouplissement du principe de primauté.
2ème lieu : le traité de Lisbonne n’a-t-il pas lui-même assoupli le principe de primauté ? Il reprenait des dispositions de
l’ancien TECE. Par exemple 4§2 du TUE modifié par le traité de lisbonne, on trouve la stipulation  : « l’UE respecte les identités
nationales des États membres ».
On a pu se demander dans quelle mesure cela aurait un impact sur le principe de primauté ? Et bien aucun.
Preuve : l'affaire Winner Wetten qui vient réaffirmer la primauté du droit de l'UE. En conclusion le droit de l'UE prime sur la
constitution donc sur l'intégralité du droit des États membres.

§3. L A RÉCEPTION DU PRINCIPE DE PRIMAUTÉ EN DROIT FRANÇAIS


Pendant longtemps la constitution a été lacunaire \\ aux relations entre droit national et droit de l’UE. Seul l’article 55
l’évoquait, qui parlait des traités en général.
Il a fallu attendre 92, une révision du 25 juin 1992, préalable à la ratification de Maastricht, complétée par une révision
du 4 fév. 2008 qui permet d’introduire le traité de Lisbonne. Ces deux révisions ont introduit et modifié un nouvel article 88-1, qui
indique que la république française participe à l’UE. Mais cette disposition est largement lacunaire. Elle ne nous renseigne pas sur
la place du droit de l’UE au sein de la hiérarchie des normes. Cette disposition n’implique pas que le droit de l’UE ait une valeur
constitutionnelle. Cette question ce sont les juridictions internes qui l’ont tranché. Le droit de l’UE prime sur le droit interne mais
ne prime pas sur l’intégralité des dispositions constitutionnelles.

A) L A PRIMAUTÉ DU DROIT DE L ’UE SUR LA LOI


C’est garanti par les juridictions, par le juge ordinaire qui est compétent pour contrôler la conventionalité d’une loi. Le
juge constitutionnel pour sa part refuse d’effectuer un tel contrôle.

1) I NCOMPÉTENCE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL POUR CONTRÔLER LA CONVENTIONALITÉ D’UNE LOI


Le CConst a refusé de contrôler la conventionalité d’une loi, DC 15 janv. 1975, IVG. C’était \\ à la CEDH. Mais il a
refusé encore \\ à un traité communautaire, 23 juillet 1991. Récemment : dans le cadre de la QPC également, il n’effectuerait pas
ce contrôle (DC 12 mai 2010).
Cela ne s’applique que dans le rôle de l’article 61 et 61-1. En revanche quand le CConst est juge électoral alors il peut
appliquer le droit conventionnel.
Les fondements de la solution.
Le CConst justifie son incompétence : la Constitution ne lui a pas explicitement conféré une telle compétence. 2 nde justification : le
contrôle de conventionalité n’a pas la même nature que le contrôle de constitutionnalité.
60
Le contrôle de constitutionnalité serait un contrôle absolu et définitif alors qu'à l'inverse le contrôle de conventionalité
serait simplement relatif et contingent. Suivant l'article 65 les traités ne sont supérieurs aux lois qu'à condition de réciprocité, qui
peut varier dans le temps. Ce n’est pas convainquant, surtout depuis 2010 car on peut remettre en question plus tard avec 61-1. De
plus, la réciprocité ne s’applique pas aux traités relatifs aux droits de l’homme.

De ce fait le CConst ne relève plus la différence de nature entre les deux types de contrôle.

Evolution de cette incompétence.


A terme, le CConst ne pourrait-il pas faire évoluer sa compétence et admettre le contrôle de conventionalité ? Certaines
personnes se fondent sur 88-1 pour dire qu’il aurait constitutionnalisé le droit de l’UE. D’ailleurs certaines décisions du conseil
semblent aller dans ce sens. Le Conseil a en effet fondé une de ses décisions sur 88-3 et il a pu contrôler la conformité d’une loi
organique \\ au traité et à une directive de l’UE  DC 20 mai 1998, n°98-400 DC.
Le CConst a dégagé une obligation constitutionnelle de transposition des directives  DC 10 juin 2004 loi pour la
confiance dans l’économie numérique.
Suivant cette obligation, vérification de la compatibilité d’une loi \\ directive de l’UE.  DC 27 juil. 2006, DADDSI.
Le CConst n’a-t-il pas rehausser le droit de l’UE ? On a pu se demander si en contrôlant une loi \\ à une directive le Conseil ne
faisait-il pas là un contrôle de conventionalité ?

Il faut rejeter ces deux positions. En 1 er lieu le CConst n’a pas constitutionalisé le droit de l’UE mais le respect du droit de l’UE,
d’ailleurs du droit dérivé et uniquement le respect des directives de l’UE. Le droit de l’UE n’a pas valeur constitutionnelle.
On doit rejeter le contrôle de conventionalité. Certes il en a toutes les apparences. Il va vérifier que le droit interne est compatible
avec une directive de l’UE. Pourtant cela demeure un contrôle de constitutionnalité.
Il est en effet fondé sur l’article 88-1.
Il a réaffirmé dans un arrêt du 12 mai 2010 de contrôler la conventionalité de la loi. Il refuse un tel contrôle
« nonobstant la mention dans la constitution du traité conclu à Lisbonne…. ».

B) C OMPÉTENCE DE LA JURIDICTION ORDINAIRE POUR CONTRÔLER LA CONVENTIONALITÉ DE LA LOI


Rappel : le juge judiciaire accepte d’effectuer un tel contrôle. Le CE a mis plus de temps, mais il l’a finalement admis.

1) COMPÉTENCE DU JUGE JUDICIAIRE


 Ch. Mixte, 24 mai 1975, JACQUE VABRES. Lq Cour se fonde sur l’article 55 et sur la jurisprudence, notamment l’arrêt
Costa.
Mise en œuvre : le juge judiciaire, théoriquement, n’est pas compétent pour contrôler la conventionalité d’un règlement
administratif ni pour apprécier la légalité d’un règlement administratif. Dans une telle hypothèse il doit poser une question
préjudicielle au juge administratif, c’est la portée de la jurisprudence Septfonds. Il doit renvoyer la question au juge administratif.
Cette jurisprudence a évolué ces dernières années sous la pression de la Cour de cassation. On peut constater que depuis
une dizaine d’années la Cour de cassation se reconnait compétente pour contrôler un règlement administratif au regard du droit de
l’UE. C’est en contradiction avec la jurisprudence Septfonds. Le TC est très récemment revenu sur l’arrêt Septfonds sur la
pression du droit de l’UE TC 17 oct. 2011, Scea du Chéneau. Le juge de conflit admet que le JJ puisse lui-même contrôler un
règlement administratif au regard du droit de l’UE sans saisir le JA d’une Q° préjudicielle. Cela a permis une remise en cause
d’une des jurisprudences traditionnelles du contentieux administratif.

B) LA POSITION DU JUGE ADMINISTRATIF


Cette position a évolué dans le temps. Le JA avait admis la supériorité des traités sur les lois antérieures.  Sect. CE, 1
er mars 1968, arrêt des Semoules. En 1er lieu le juge ne souhaitait pas remettre en cause le principe de la souveraineté nationale
par conséquent le juge interne faisait primer le dernier acte adopté par le parlement c'est-à-dire soit la loi par rapport au traité, soit
le traité par rapport à la loi antérieure, étant précisé dans ce 2 nd cas que c’est la loi de ratification parlementaire qui est le dernier
acte adopté par le parlement. C’était la 1 ère justification de cette jurisprudence des semoules, il y en avait une 2 nde tirée d’un
raisonnement audacieux : le plus le juge considérait qu’une loi est contraire à un traité c’est vérifié si la loi est conforme à la
constitution, art. 55, ce pour quoi le juge administratif n’est pas compétent pour effectuer un contrôle de constitutionnalité de la
loi.
Cette jurisprudence des semoules a duré très longtemps, trop longtemps. Le juge administratif abandonne la solution des
semoules en 1989.
 CE Ass. 20 nov. 1989, Nicolo, le CE a abandonné cette jurisprudence. Suivant cette décision le CE a pu juger une règle interne
\\ au droit communautaire, et cela résulte d’un arrêt  CE 24 sept. 1990, BOISDET relatif au contrôle de la loi \\ règlement
communautaire.

61
Dans le même sens, le CE fait primer une directive communautaire sur la loi interne  CE Ass. 28 fév. 1992, Rothmans
international.

Dans le même sens, le CE a fait primer les principes généraux du droit communautaire sur la loi, c’est la portée de l’arrêt
CE, 3 déc. 2001 SNIP, (syndicat national de l’industrie pharmaceutique).
Donc le CE a couvert le contrôle de constitutionnalité et suite à Nicolo des décisions importantes en droit de l’UE ont été
rendues, en effet suivant le CE une autorité nationale ne peut pas prendre des mesures contraires au droit de l’UE, plus
précisément contraire aux objectifs d’une directive communautaire.  CE 24 fév. 1999 ou encore de plusieurs décisions de ce
même jour, on peut citer  association ornithologique et mammalogique de Saône & Loire ou  Association de la médecine
anthroposophique.

En outre, concernant le contrôle de conventionalité, ce contrôle n’est qu’un contrôle restreint, il se limite à la compati du
droit interne avec le droit de l’UE, un contrôle de compatibilité et non pas un contrôle de conformité. Une norme nationale peut
être dans une certaine mesure différente du droit de l’Union.
Pk ? Le juge souhaite conserver une marge de manœuvre dans la mise en œuvre du droit de l’UE et le Juge national a tendance à
interpréter le droit national conformément au droit de l’UE afin de montrer qu’il n’existe pas d’incompatibilité.

Ce droit est concurrencé par la procédure de QPC. La procédure de QPC permet d’adopter des positions très nationalistes. le
CConst a tendance à considérer qu’une loi n’est pas contraire à la constitution dans le cadre de la QPC alors qu’un juge européen
aurait pu constater son inconventionnalité.

B) A BSENCE DE PRIMAUTÉ DU DT DE L ’UE SUR LA CONSTITUTION ( VRAI B)


Cette question de la primauté du droit de l’UE sur la constitution est discutée notamment en Allemagne. KArsruhue
évoque la notion d’identité constitutionnelle de l’État qui constitue une limite à l’intégration européenne (déc. 30 juin 2009).
Pour le droit interne : l’État du droit est assez clair, car en droit interne la Const prime sur les autres normes. Les
juridictions internes devront concilier le principe de primauté de la Constitution de l’ordre interne et le principe de primauté du dt
de l’UE en droit international.

1) LA PRIMAUTÉ DE LA CONSTITUTION DANS L ’ORDRE INTERNE


Cette primauté a été affirmée par l’ensemble des juridictions internes.

A )P RIMAUTÉ AFFIRMÉE PAR LE C ONSEIL D ’É TAT


Cela résulte tout d’abord d’un arrêt du Ass. CE 3 juil. 1996, Koné. Dans cette décision le juge interprète un traité
international au regard d’une disposition constitutionnelle, un principe fondamental reconnu par les lois de la république en
l’occurrence. En interprétant un traité \\ à la constitution, le CE fait implicitement primer la constitution sur le traité.
La solution est pour autant devenue explicite dans l’arrêt Ass. 30 oct. 1998, SARRAN-LEVACHER, il dit que pour le
JA la suprématie conférée par l’art. 55 ne s’applique pas dans l’ordre interne aux dispositions de matière constitutionnelle donc le
traité ne prime pas sur la constitution. Il prime pour autant sur la loi.
Ambigüité de cette décision : le CE ne nous dit pas explicitement que la constitution prime sur le traité, on aurait pu
penser que suivant cette solution les traités auraient la même valeur que la constitution. Le CE ne l’a pas consacré.
Dans un 3ème arrêt CE 3 déc. 2001, SNIP, le CE évoque explicitement la suprématie de la constitution. Aujourd’hui les
choses sont claires : la constitution est la règle suprême dans l’ordre interne.
Cette solution a été réaffirmée récemment dans une décision Ass. 8 fév. 2007, ARCELOR ATLANTIQUE
LORRAINE. Cet arrêt reprend le considérant de principe de Sarran, er rappelle la suprématie de la constitution dans l’ordre
interne. Cette décision est importante pour une autre raison aussi, car le CE nous explique comment contrôler la constitutionnalité
d’un règlement de transposition d’une directive.
Le CE va rappeler dans cette décision l’obligation constitutionnelle de transposition des directives, qui résulte on l’a dit,
d’une décision de 2004 du CConst. Après ce rappel, le CConst va considérer que le contrôle de constitutionnalité de l’acte de
transposition est appelé à s’exercer « suivant des modalités particulières ».

Rappel : le juge a distingué 2 hypothèses.


- Dans une 1ère hypothèse le juge peut constater qu’il existe un principe européen équivalent au principe constitutionnel
invoqué. S’il existe un tel principe du droit de l’UE équivalent, le juge interne va vérifier que la directive est compatible vis-à-vis
de ce principe. Il ne confrontera donc pas directement la directive à la constitution.
- Dans une 2ème hypothèse : il n’y a pas de principe équivalent au principe constitutionnel. S’il n’en existe pas, alors le juge
administratif contrôle directement l’acte administratif de transposition au regard de la constitution.

62
Cette solution appelle plusieurs remarques. Tout d’abord c’est une solution de compromis qui permet de concilier la
primauté de la Constitution et la primauté du droit de l’UE.

2ème remarque, dans la 2ème hypothèse, s’il n’existe pas de principe communautaire équivalent, le juge interne fera primer la
constitution sur le droit de l’UE.
3ème remarque : dans la 2ère hypothèse, c’est important que le juge interne va s’autoriser à contrôler une directive de l’UE au
regard du droit de l’UE. Le juge national se fait contrôleur du droit dérivé ainsi. Il faut se rappeler que le Conseil d’État a
réaffirmé cette solution dans un arrêt de section de 2008  CE Section. 2008, Conseil national des barreaux, une affaire dans
laquelle le juge de l’état va contrôler une directive de l’UE \\ à la CEDH.
Le CConst avait refusé d’effectuer un tel contrôle, car il considérait que seul le juge de l’UE pouvait contrôle une
directive à l’égard des traités.
4ème remarque : dans l’affaire Arcelor le CE avait posé une question préjudicielle : la directive est-elle contraire au principe
d’égalité garanti par le droit de l’UE ? la CJCE a répondu non  Grande chambre, 16 déc. 2008, ARCELOR.
Le CE a tranché le litige le 3 juin 2009 et le CE a eu une formule malheureuse  : la directive ne méconnait pas le principe
constitutionnel d’égalité. Reste que cette rédaction laisse planer un doute sur l’étendu du contrôle du JA.

B) LA POSITION DE LA C OUR DE CASSATION


La Cour de cassation a confirmé l’arrêt Sarran  Ass. plén. 2 juin 2000, Mlle FRAISSE. La Cour de cassation reprend
la même formule que dans l’arrêt Sarran. Il apparaissait certain que la constitution primait sur l’ensemble du droit interne. Reste
que la Cour de cassation a semblé faire évoluer sa position, suite à la décision du 16 avril 2010, dans laquelle elle semblait
considérer que le droit de l’UE avait une valeur constitutionnelle. Cette décision n’aura aucune postériorité, le CConst a largement
censuré une telle décision dans cet arrêt de 2010.

C) LA POSITION DU CC ONST
Cette position est claire et récente. Le CConst a rappelé récemment la place de la constitution au sommet de l’ordre
juridique  DC 3 déc. 2009 où il examinait la loi organique relative à la QPC.
Rappel d’une position doctrinale minoritaire : pour certains auteurs l’article 54 impliquerait une primauté des T sur la Const. En
effet si le Traité n’est pas conforme à la Constitution il faudra révise la constitution. LE traité primerait alors sur la constitution
qu’il faudrait réviser. Ce raisonnement n’est pas acceptable pour deux raisons.
1er lieu : la révision de la Constitution n’est pas une obligation pour le constituant qui reste souverain qui peut refuser la
modification.
2nd lieu : l’article 54 ne définit pas la place de ces normes dans la hiérarchie des normes. En effet lors du contrôle de l’article 54 (le
T n’a pas été ratifié), le traité n’est pas encore une norme en droit interne. Une norme qui n’en est pas une ne peut pas primer sur
la Constitution.

Au final il est certain qu’en droit interne la Const prime sur les autres normes, donc il faut une conciliation.

Jeudi 8 décembre 2011

2) CONCILIATION DE LA PRIMAUTÉ DU DROIT DE L’UE AVEC LA PRIMAUTÉ DE LA CONSTITUTION


Elle résulte des décisions du Conseil constitutionnel, qui a concilié ces primautés de la manière suivante : il a
constitutionnalisé le respect du droit dérivé. Dans le même temps il a posé une limite à cette constitutionnalisation, qu’on peut
qualifier de réserve constitutionnelle, que sont l’ensemble des principes inhérents à l’identité constitutionnelle de la France 5PIIC).
On va revenir sur ces points.

A) CONSTITUTIONNALISATION DU RESPECT DU DROIT DÉRIVÉ


Le Juge constitutionnel a dégagé une oblig const de transposition des directives, dégagée dans la décision loi pour la
confiance dans l’économie numérique. Le CConst peut selon cette jurisprudence contrôler une loi \\ à la directive qu’elle
transpose, c’est un contrôle de constitutionnalité car fondement = art. 88-1 Const.
Cela permet de concilier la primauté du droit de l’UE avec la primauté de la Constitution, en effet généralement le
Conseil Const va faire primer le droit de l’UE, car il va contrôler le plus souvent la loi \\ à la directive plutôt que \\ à la Const.
De plus le CConst ne met pas frontalement en cause la primauté de la Const. on a remarqué que l’obligation
constitutionnelle de transposition est dans la constitution, donc c’est la constitution elle-même qui consent à sa propre
subordination. Dans un telle hypothèse le CConst arrive à garantir la primauté du droit dérivé et de la Constitution.

Le contrôle de la loi \\ à la directive est un contrôle limité, il est restreint à l’erreur manifeste d’appréciation, et c’est
limité à l’incompatibilité manifeste. Donc c’est un contrôle de compatibilité et non pas de conformité.

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Justification ; le CConst n’a pas le temps de poser une question préjudicielle à la CJUE. Il se prononce en effet dans les un mois,
qui ne permet pas de renvoyer la question à la CJUE.

2ème précision : le contrôle de la loi de transposition \\ à la directive connaît une limite, le contrôle ne sera pas effectué si ce
principe est contraire à un principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France.

2) PRINCIPE INHÉRENT À L ’IDENTITÉ CONSTITUTIONNELLE DE LA FRANCE


C’est une limite constitutionnelle à l’intégration européenne car dès lors que la directive est contraire à un de ces
principes, le juge ne contrôlera pas la transposition \\ directive qu’elle transpose.
Conséquences : le principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France sont dont supérieurs aux directives. C’est
une attaque frontale au principe de primauté de droit de l’UE.
Précisions.
Fondement de cette réserve : selon la plupart des commentateurs de cette décision, le CConst aurait fondé ces réserves dans le
traité, notamment ex art. 1-5 de l’ex. TECE, stipulation envisagée qui prévoyait que l’UE respectait l’identité nationale des États
membres.
Cela indiquait que l’Europe avait envisagé et souhaitait préserver l’identité nationale, constitutionnelle des pays.
Le prof n’est pas favorable à cette proposition, il dit que c’est contestable, car dans cette disposition il est écrit que l’Europe ne fait
que « respecter » l’identité nationale, et non pas qu’elle prime sur le droit de l’UE.
Par conséquent ce fondement théorique à la décision du CConst est critiquable.
Ce qu’on doit critiquer c’est la notion de principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France. Certains, dont le prof
Rollin, dit que cette notion est scandaleuse. On peut dire qu’elle est critiquable, pour trois raisons.
- La formulation de cette notion est largement orientée. F. Rollin dit que cette notion serait le support de tous les
nationalismes. On peut dire que cette formulation est ambiguë et déplacée ;
- Dans ces décisions du CConst le locuteur n’est pas le constituant de l’UE, ni une institution de l’UE, mais qu’un organe
des États membres. Encore une fois il y a une différence entre l’ex article 3-5 qui vient poser des garanties aux États membres et la
formulation des décisions du Conseil, où il s’approprie lui-même cette limite, alors qu’il n’y était pas forcément invité.
- Critique du contenu, qui paraît, aussi clos que menaçant (selon la doctrine). En effet qu’est-ce que l’identité
constitutionnelle de la France ? Quel consensus sur les principes qui relèveraient de cette identité constitutionnelle ? Ce qui est
rassurant c’est que le Conseil évoque des règles ou des principes, le juge semble indiquer que des principes jurisprudentiels
pourraient très bien y figurer. On ne sait donc pas exactement quelles dispositions y inclure. On peut donc en avoir plusieurs
conceptions.
On peut en avoir une conception stricte, de ces principes inhérents à l’identité constitutionnelle de la France, comme quoi
on y trouve que les dispositions anciennes de la Constitution notamment des PPRLR.
On peut en avoir une conception plus large qui inclurait les principes plus récents, et c’est a priori la conception qu’aurait
adopté& le CConst et même le CE dans l’arrêt Arcelor. On considère aujourd’hui en doctrine qu’un principe inhérent à l’identité
constitutionnelle de la France est un principe national qui n’a aucun équivalent en droit de l’UE.

Cela implique donc deux critères :


* spécificité \\ au droit de l’UE
* essentialité : on ne trouvera pas de règle subalterne mais seulement des principes fondamentaux, ou « essentiels ».

Cela permet de considérer aujourd’hui qu’il n’existe que deux principes (évoqués par la doctrine et pas par la
jurisprudence), c'est-à-dire le principe de laïcité, et les principes relatifs aux SP : principe de continuité du SP, et le principe
d’égalité, qui n’a pas la même signification en droit interne et en droit de l’UE. Le juge national pourraient faire usage de ces
principes inhérents à l’identité constitutionnelle de la France pour protéger le SP à la française.

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3) LA PORTÉE PRATIQUE D’UNE TELLE RÉSERVE
Il y a peu de chance que le CConst se serve de cette réserve, l’idée était de quasiment jamais ne s’en servir. Ça ne joue
qu’en cas de contrôle de constitutionnalité d’un acte de transposition de directive, donc une hypothèse très particulière, très rare,
selon lequel une directive de l’UE violerait un tel principe.
Il faut aller plus loin, la réserve ne sera pas activée en raison de l’encadrement d’un tel contrôle. Le juge ne contrôlera la
loi de transposition qu’en ce qui concerne les dispositions claires et inconditionnelles de la directive. Mais dès lors que la directive
n’aurait pas ces caractères, le contrôle n’aurait pas lieu, l’État va disposer d’une marge d’appréciation pour la transposition, dans
une telle hypothèse le contrôle ne peut pas avoir lieu.

4) PROBLÈME DE LA SANCTION DE CES RÉSERVES


Que se passerait-il si une directive était contraire à un principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France, le juge
va devoir déclarer la loi de transposition contraire à ces principes, il devrait constater implicitement que la directive elle-même
viole ces principes. Vraie difficulté : le juge de la Constitution va refuser de faire primer le droit de l’UE. La France serait dans
une situation de manquement sanctionné par la Cour de justice. Que faire pour éviter le constat d’un tel manquement ?
Il peut y avoir une issue pour éviter de confronter le droit de l’UE, c’est de réviser la Constitution pour la rendre
conforme au droit de l’UE.

Le juge national pourrait envisager d’interpréter la constitution conformément à un principe inhérent à l’identité
constitutionnelle de la France. Technique de l’interprétation conforme, qui permettra au Conseil d’éviter d’annuler la loi de
transposition.
Mais dans ce cas le juge va sans doute affecter le sens de la directive. Dans une telle hypothèse le problème se reporterait
sur les juges de droit commun, qui ne pourront que soit respecter la directive soit respecter la décision du CConst avec le risque du
constat d’un manquement à ses obligations.

CONCLUSION  :
Deux remarques, pour indiquer comment pourrait-on concilier de manière appropriée la primauté de la constitution et la primauté
du droit de l’UE.
1ère remarque
Il y aurait une solution simple qui consisterait à abandonner le principe de primauté de la constitution en droit interne, qui
se justifierait par rapport à la jurisprudence européenne, et au regard de la volonté des auteurs des traités de respecter le droit de
l’UE. Cette solution ne sera clairement pas adoptée par les juges nationaux dans l’avenir.
On pourrait également envisager les rapports entre ces normes non pas en établissant une hiérarchie mais en établissant
des « conflits de norme ». Il suffirait de constitutionnaliser le droit de l’UE. Le juge national pourrait concilier deux normes de
valeur égale.
Il pourrait être difficilement reproché au juge national de violer la primauté du droit de l’UE, qui primerait sur l’ensemble
des normes nationales.

La question est bien technique aujourd’hui, elle est plus complexe qu’elle en a l’air.
2ème remarque
TC 17 oct. 2011, SCEA du Cheneau. Décision très importante : technique pour éviter de confronter la Constitution avec
le droit de l’UE. Développement de cette décision : la jurisprudence Septfonds était en cause, qui interdit au juge judiciaire de
juger de la légalité d’un acte administratif, il doit poser une question préjudicielle au juge administratif. Et si l’acte administratif
est contraire au droit de l’UE ? Face à cette difficulté la Cour de cassation s’est autorisée à contrôler la conventionalité d’un acte
administratif au regard des normes européennes. Cette position de la Cour de cassation a été en substance validée par le TC. Il
vient poser une dérogation à la jurisprudence SEPTFONDS et admet que le JJ puisse examiner la légalité d’un acte administratif.
Ce qui est étonnant c’est le 1 er considérant de l’arrêt CHENEAU, il rappelle la compétence du JA pour réformer ou
annuler un acte administratif, c’est une compétence constitutionnelle, qui découle d’un PFRLR, posé par le CConst en 1987,
CONSEIL DE LA CONCURRENCE. Mais dans cette décision le juge des conflits va déconstitutionnaliser cette compétence. Au
lieu de considérer que cette compétence est un PFRLR dégagé en 1987 mais fondé sur une norme législative, loi des 16 et 24 aout
1790. Cette approche peut s’expliquer. Pourquoi le juge déconstitutionnalise cette norme ? Pour ne pas la confronter au droit de
l’UE.
C’est une dérogation qui permet d’apprécier directement la légalité d’un acte administratif au regard du droit de l’UE.

65
SECTION II. L’ EFFET DIRECT DU DROIT DE L’UE
Définition de l’effet direct. Une norme est d’effet directe dès lors qu’elle créée des droits et obligations pour les particuliers.
Précision : indépendamment de toute mesure nationale d’application. Il faut la distinguer de l’invocabilité.
Définition de l’invocabilité. C’est le fait de pouvoir se prévaloir d’une norme devant le juge. Toutes les normes d’effet direct sont
invocables devant le juge. Mais certaines normes sont invocables alors qu’elles n’ont pas d’effet direct.

§1.L E PRINCIPE DE L ’ EFFET DIRECT


Rappel des éléments essentiels : 1) Comment ce principe s’identifie 2) Quel est son champ d’applicaiton.

A) I DENTIFICATION DU PRINCIPE D ’ EFFET DIRECT


Consécration de l’effet direct. Critères d’application.

1) CONSÉCRATION DU PRINCIPE DE L ’EFFET DIRECT


 CJCE 5 fév. 1963, Van Gend En Loos
Le principe affirmé est le suivant : l’ordre juridique communautaire a pour destinataire non seulement les États membres
mais les autres destinataires sont les ressortissants de l’UE.
« Le droit communautaire est destiné à engendrer des droits qui entrent dans le patrimoine juridique des particuliers  »,
selon le juge communautaire.
La CJCE va justifier ce principe. Elle identifie les éléments qui permettent de dégager un tel principe, qui permettent de
montrer que ce sont les ressortissants de l’UE qui sont les sujets de ce droit.
Elle se réfère à l’objectif du traité, qui était à l’époque principalement d’instaurer un marché commun, dont le
fonctionnement concernait directement les justiciables.
Elle évoque le préambule également des traités, qui vise les peuples.
Elle évoque les organes de l’UE, précisément les pouvoirs de ces organes, qui affectent autant les États membres que les
citoyens selon la Cour.
La CJCE se fonde sur la participation des ressortissants des États membres au fonctionnement de la communauté par le
truchement du Parlement européen, malgré l’élection indirecte à l’époque.
La CJCE se fonde aussi sur la compétence préjudicielle de la CJCE, qui a pour objet d’unifier l’interprétation du droit
communautaire. Selon elle cette compétence « confirme » l’autorité supérieure du droit communautaire, elle confirme le fait en
outre que les ressortissants puissent se prévaloir du droit communautaire devant les juridictions nationales. La motivation est ici
exemplaire.
La CJCE affirme dans le même temps sa spécificité. En effet le principe d’effet direct en droit de l’UE est différent de
l’effet direct en droit international. Cela s’explique par deux raisons. En droit de l’UE l’effet direct est présumé alors qu’en droit
international l’effet direct est exceptionnel.
En droit de l’UE, l’effet direct provient des critères dégagés par la Cour. Alors qu’en droit international la CIJ se fonde
sur l’intention des parties à la convention (CIJ, avis 13 mars 1928, sur la compétence des tribunaux de Danzig).
L’effet direct s’apparente à un instrument d’intégration juridique. il favorise l’intégration dès lors qu’une norme
internationale produira son effet sur les particuliers sans norme d’application.
Les autorités nationales ne peuvent théoriquement pas faire échec à l’application d’un tel effet. Par ailleurs dès lors
qu’une norme de l’UE a un effet sur les particuliers, les particuliers vont devenir les gardiens du droit de l’UE car ils vont pouvoir
invoquer la violation de ces normes devant les tribunaux nationaux et assurer le respect du droit de l’UE. Le professeur Roux parle
ici de particuliers qui jouent les sentinelles.
Ils peuvent cependant varier. En effet la norme ne sera d’effet direct que si elle donne aux particuliers des droit s
subjectifs. Une norme qui ne régit que les relations entre États ne peut pas viser directement les particuliers.
Quelles normes peuvent relever de l’effet direct.

Deux catégories de normes, formulées par le professeur Simon.

Effet direct complet : Effet direct partiel


Effet vertical : norme qui peut OUI Cet effet découle d’une obligation
être invoquée à l’encontre de la Une norme attribue explicitement des imposée tant aux particuliers qu’aux
puissance publique. droits aux particuliers, comme Van Gend États membres. Cette obligation n’est
En Loos. Il est complet s’il est à la fois que la contrepartie d’un droit accordé
horizontal et vertical. soit à l’État soit au particulier. dans une
Effet Horizontal : invocabilité de la OUI telle hypothèse le professeur Simon dit
norme contre un autre particulier. que le titulaire de ce droit ne pourra
l’invoquer que contre son débiteur.
L’effet ne sera que vertical ou horizontal,
selon que le débiteur est un État ou un
particulier.
66
2) LES CRITÈRES D’APPLICATION DU PRINCIPE DE L ’EFFET DIRECT
Dans un arrêt du CJCE 5 avril 1979, RATTI, la CJCE évoque parfois des règles claires et inconditionnelles, qu’on retrouve
dans l’affaire Van Gend En Loss. On parle aussi de règles complètes et juridiquement parfaites (CJCE, 16 juin 1966,
LUTTICKE).

3 critères donc :
- clarté de la norme donc son caractère précis
- La norme est inconditionnelle, elle s’appliquera sans condition suspensive.
- Complétude de la norme, qui régit de manière complète le domaine considéré.

CJCE, 8 avril 1976, DEFRENNE. Si une norme n’est pas assez claire, elle peut être d’effet direct si elle est clarifiée par le juge
européen.

Même si la norme est conditionnelle, elle peut être d’effet direct. La Cour considère qu’une norme conditionnelle ne se voit pas
exclure de l’effet direct. L’effet direct n’est que différé jusqu’à la réalisation de la condition  CJCE 21 juin 1974 REYNERS.

La norme nécessite des mesures nationales d’application est-elle d’effet direct ? Elle peut l’être. L’exigence de mesures nationales
d’application n’exclue pas l’effet direct, quand le contenu de ces mesures est prédéterminé. Quand la compétence des juridictions
nationales est liée par un acte préalable.  CJCE, 16 juin 1966, LUTTICKE

B) D OMAINE DE L ’ EFFET DIRECT


Les normes de l’UE ont un effet direct qui varie. On va revenir sur chacune des normes pour voir quel est son effet direct.
Puis on va se consacrer aux directives, plus spécifiquement.

1) L’EFFET DIRECT VARIABLE DES NORMES DU DROIT DE L’UE


Normes Type d’effet direct
Par exemple les dispositions qui prohibent les comportements
anticoncurrentiels  art. 101, 102, TFUE.
Les normes qui bénéficient de l’effet Normes opposables aux États membres.
direct le plus total : vertical et Normes invocables c. des particuliers (opérateurs éco, ici).
horizontal.  CJCE 30 janv. 1974 , BRT c. SABAM
Les normes qui visent les personnes en particulier ont également
un effet direct : les libertés de circulation
Normes Liberté d’établissement, libre prestation de service.
primaires D’autres ont un effet direct vertical. Il s’agit des règles relatives au marché intérieur. D’autres,
concernant les droits de douane.
Les dispositions relatives aux aides d’État (art. 107, 108 TFUE),
qui viennent interdire à un État d’aider un opérateur éco sans
contrepartie.
Certaines normes primaires n’ont aucun C’est p-e la catégorie la plus importante. Ex : celles qui régissent
effet direct les relations entre institutions de l’UE, ou même celles qui régissent
les relations entre les institutions et les États.
On peut Mesures qui nécessitent une mesure L’État a une marge d’appréciation pour les mettre en œuvre 
distinguer nationale d’application. CJCE, 3 avril 1968, MOLKEREI ZENTRALE.
selon trois On peut citer enfin les normes issues de
catégories de l’art. 3 du TUE. A savoir les buts de
stipulation. l’UE.

67
Jeudi 15 Ont été reconnus ayant l’effet direct : Pas de présomption d’effet direct, mais peuvent être d’effet direct,
décembre - accords d’association (DEMIREL, suivant les critères du droit international.
2011 avec la Turquie) Critères du droit international : disposition inconditionnelle et
N’ont pas été reconnus d’effet direct : précise.
Les accords l’accord du GATT, qui n’est pas - les parties n’ont pas exclu un tel effet direct
internationaux suffisamment précis selon la CJCE : gde * explicitement
de l’UE. souplesse du GATT  12 déc. 1972, * ou intention des parties à la convention ou sur l’objet même de
INTERNATIONAL FRUIT l’accord (démarche de la CJCE, 30 sept. 1987, DEMIREL).
COMPANY
- convention OMC : les ÉTATS ont
exclus un tel effet direct, exclusion
explicite des accords OMC  CJCE,
23 nov. 1999, Portugal c. Conseil
Les règlements Règlements Complets Effet direct
de l’UE Art. 288 TFUE
CJCE, 4 déc. 1974, VAN DUYN
Un règlement a de plein droit un effet direct dans son ensemble.
Règlements incomplets  - acte d’exécution
- mesures nationales qui viennent compléter ce règlement

Le juge leur avait reconnu un effet direct mais il est revenu sur cette
solution, il ne le leur reconnait plus, du fait de la marge de
manœuvre de l’État membre dans l’application de ce règlement 
CJCE, 11 janv. 2011, MONTEARCOSU
Les décisions Décisions à destination des particuliers Elles peuvent être d’effet direct dès lors qu’elles créent des droits et
de l’UE obligations au profit de leurs destinataires.
L’effet direct, sera à la fois horizontal et vertical : la décision peut
être invoquée à la fois à l’encontre d’un État membre mais aussi à
la fois à l’encontre d’un particulier.
Décisions destinées aux États membres L’effet direct ne sera que vertical si les conditions d’effet direct
sont remplies :
- mesure précise
- mesure inconditionnelle
 CJCE, 20 nov. 2008, FOSLEV SUD OUEST SARL

2) L’EFFET DIRECT DISCUTÉ DES DIRECTIVES DE L’UE


On pourrait a priori dénié un tel effet direct aux directives. Elles n’imposent après tout qu’un objectif à atteindre. En
outre les États membres sont libres de choisir les objectifs pour atteindre un tel moyen. Cette marge de maneouvre devrait
conduire à dénier un tel effet direct aux directives. D’ailleurs le traité ne reconnait pas explicitement un tel effet directif alors qu’il
le fait concernant les règlements de l’UE.

A) LA CONSÉCRATION DE L ’ EFFET DIRECT DES DIRECTIVES EN DROIT DE L ’UE


Effet direct des directives reconnu à condition qu’elle soit précise et inconditionnelle  CJCE, 1974, VAN  DUYN

Pourquoi la CJCE a-t-elle reconnu un tel effet direct ? Cette solution a un intérêt dans l’hypothèse où l’État n’a pas
transposé la directive dans les délais, ou qu’il l’aurait mal transposée. Cela va permettre aux particuliers de contester la mauvaise
transposition devant la juridiction nationale.
Ces deux hypothèses permettent au particulier de contester la mauvaise transposition devant la juridiction nationale.
Selon l’arrêt VAN DUYN : le principe de sécurité juridique vient justifier cette solution.
Le juge interne a mis plus de temps à reconnaitre un tel effet direct.

B) LA RECONNAISSANCE DES DIRECTIVES EN DROIT INTERNE


Elle a été progressive. Rappel des étapes de l’évolution de la jurisprudence en droit interne :
- le juge interne a dénié l’effet direct aux directives, en raison de la marge de manœuvre des États dans la transposition 
CE Ass. 22 déc. 1978, Cohn Bendit. Le juge refuse qu’un particulier puisse invoquer une directive à l’encontre d’un acte
individuel de la puissance publique (en l’espèce : le refus d’abroger la décision d’expulsion de M. C. B.)
- Le juge a admis qu’il était possible d’invoquer l’application d’une directive à l’encontre d’un acte règlementaire de la
puissance publique  CE 7 déc. 1984, FFSPN (fédération française des sociétés de protection de la nature). Cela va jouer alors
même que le règlement soit un acte de transposition ou non, il est logique qu’une telle solution joue alors même que le règlement
n’ait pas d’acte de transposition. C’était une 1ère évolution de Cohn Bendit.
- Admission qu’on puisse invoquer la violation d’une directive à l’encontre d’un acte individuel à condition que l’acte
individuel soit fondé sur une norme interne : dès lors qu’une norme nationale s’intercale entre la directive et l’acte individuel 

68
CE 8 juil. 1991, PALAZZI. L’acte qui s’intercalait en l’espèce était un règlement interne, le juge a étendu cette solution lorsque
c’est une loi qui s’intercale entre la directive et l’acte individuel  CE Ass. 30 oct. 1996, SOCIETE REVERT ET BADELON.
Il l’a reconnu lorsque c’est un principe général du droit  CE Sect. 6 fév. 1998, TETE.
- Le CE revient sur Cohn Bendit, et a reconnu l’effet direct des directives  CE Sect. 30 oct. 2009, MME PERREUX.
L’effet direct peut être reconnu à la directive lorsqu’elle est précise et inconditionnelle. On peut l’invoquer même, suite à cette
décision, à l’encontre d’un acte individuel de la puissance publique. Remarque sur PERREUX : largement commenté car c’était
une évolution importante, mais on l’attend depuis trop longtemps. Par ailleurs en l’espèce le juge dénie un tel effet direct à la
directive : il considère qu’elle n’est pas suffisamment précise et inconditionnelle, ce qui revenait à écarter le bénéfice de la non
discrimination.

Justification de l’évolution de la jurisprudence administrative  :


- Inspirée par la jurisprudence constitutionnelle, précisément la nouvelle obligation constitutionnelle de transposition des
directives.
- Considération stratégique : à savoir la nécessité de mettre fin à l’isolement du juge interne
- Le traité de Lisbonne n’a pas remis en cause l’effet direct des directives, alors que ça aurait pu être fait, p. ex. il avait été
inscrit longtemps auparavant que les actes du 3 ème pilier n’avaient pas d’effet direct : le CE se fonde ici sur l’intention des auteurs
du traité, c'est-à-dire de reconnaitre un tel effet direct.

Deux effets particuliers de cet effet direct : subsidiaire et partiel.

- Caractère subsidiaire.
Cet effet direct ne joue qu’en l’absence de mesures de transposition, ou de transposition incorrecte, en cas de mauvaise
application de la directive : elle a été transposée correctement mais mal appliquée par les autorités nationales. Cette dernière a été
révélée  CJCE 11 juil. 2002, MAX AND SPENCER.
En dehors de cette hypothèse l’effet direct d’une directive est inutile  CJCE, 19 janv. 1982, BECKER. Cela révèle donc le
caractère subsidiaire.
Par ailleurs l’effet direct ne joue pas dès l’entrée en vigueur de la directive mais à l’échéance du délai de transposition. On doit
considérer qu’avant l’expiration de ce délai la directive n’est pas suffisamment inconditionnelle.

- Caractère partiel.
L’effet direct des directives ne peut être que vertical : l’effet direct ne peut être invoqué qu’à l’encontre d’un État. C’est par
ailleurs un effet direct vertical ascendant : un particulier peut s’en prévaloir vis-à-vis d’un État mais l’État qui ne l’a pas
transposée ne peut s’en prévaloir vis-à-vis d’un particulier  CJCE, 5 avril 1979, RATTI.
CE 23 juin 1995, SA LILLY FRANCE : cet arrêt adopte le même principe que la CJCE.

Il convient de distinguer la notion d’effet direct et l’invocabilité ;

§2. L A DISTINCTION ENTRE EFFET DIRECT ET INVOCABILITÉ .


Effet direct : la norme est invocable devant les juridictions nationales.
Pas d’effet direct : la norme peut être invocable tout de même.

L’invocabilité permet à un particulier de s’en prévaloir envers le juge national : il permet de faire garantir le droit de l’UE
devant le juge national. Dans le cas contraire seul un recours en manquement permettrait de faire garantir le droit de l’UE. C’est
donc un impératif d’efficacité juridictionnelle qui commande cette solution. Les particuliers sont les gardiens de l’égalité
européenne.
La doctrine a fait cette distinction en 1 er, notamment le professeur SIMON, en outre le professeur ISAAC et
BLANQUET. Ils distinguent deux hypothèses d’invocabilité :
- Invocabilité de mise en application (ISAAC et BLANQUET), ou de justiciabilité renforcée (SIMON), qui concernent les
normes qui sont d’effet direct.
A l’inverse les normes qui ne sont pas d’effet direct bénéficient de ce que le professeur SIMON appelle une justiciabilité
minimale, ou une invocabilité minimale de prise en considération qui va bénéficier à l’ensemble des normes du droit de l’UE,
qu’elles soient d’effet direct ou non. Cette invocabilité remplit aujourd’hui deux fonctions :
- conforter le droit national aux prescriptions du droit de l’UE : c’est ce qu’on appelle l’invocabilité de configuration.
- L’invocabilité de réparation : qui va obliger l’État membre à réparer les conséquences dommageables de la violation du
droit de l’UE.

69
A) L’ INVOCABILITÉ DE CONFIGURATION
Elle revient à conformer le droit interne au droit de l’UE. Cette invocabilité de configuration se dédouble, on en distingue
deux catégories : on peut isoler en 1 er lieu ce que SIMON nomme l’invocabilité d’interprétation conforme, cela oblige le juge
national à interpréter le droit national conformément au droit de l’UE. A côté de cela, on parle une invocabilité d’exclusion qui
conduit le juge national à exclure la norme contraire du droit de l’UE.

1) L’INVOCABILITÉ D’INTERPRÉTATION CONFORME


Le juge national doit interpréter les normes nationales conformément au droit de l’UE. c’est ce qu’a décidé la CJCE \\ aux
directives du droit de l’UE : une directive doit être interprétée à la lumière de son texte et de sa finalité  CJCE 10 avril 1984,
VON COLSON.
Cela se fonde sur le principe de primauté du droit de l’UE, et le principe de coopération loyale entre l’État membre et le
droit de l’UE.
Cela concerne toutes les normes de l’UE, pas seulement celles d’effet direct.
Cette obligation d’interprétation s’imposera même en ce qui concerne les directives, avant même l’échéance du délai de
transposition  CJCE, 9 oct. 1987, KOLPINGHUIS.

Le juge a mis en œuvre une telle solution \\ à des décisions du 3 ème pilier, qui ne sont pas d’effet direct dans
l’interprétation et leur mise en œuvre  CJCE, 16 juin 2005, MARIA POUPINO.
Le juge interne applique un tel principe d’interprétation conforme  CE Ass. 22 déc. 1989, CERCLE MILITAIRE
MIXTE DE LA CASERNE MORTIER.
S’est posée une question : si un texte législatif n’est pas compatible avec une norme du droit de l’UE ? Le gouvernement
doit-il faire délégaliser le texte législatif (art. 37 al. 2 Const.) afin de la remplacer par un règlement compatible avec le droit de
l’UE ?
Réponse nuancée du CE : il considère qu’en principe le gouvernement doit tirer toutes les conséquences de
l’incompatibilité de la loi avec le droit de l’UE : il devrait adopter une interprétation conforme au droit de l’UE malgré la loi
nationale. Cependant le CE n’impose pas au gouvernement de passer par la procédure de délégalisation. Cette procédure n’est que
facultative pour le gouvernement. Le CE en déduit que le gouvernement dispose d’une marge d’appréciation pour rendre le droit
interne compatible avec le droit de l’UE  CE 3 déc. 1999 Association ornithologique et mammalogique de Saöne et Loire.

2) L’INVOCABILITÉ D’EXCLUSION
Selon cette invocabilité d’exclusion, le juge interne doit laisser une norme interne contraire au droit de l’UE non
appliquée  CJCE, 1978, Simmenthal. Il doit la laisser inappliquée et sans atteindre la radiation de cette norme.
C’est fondé sur le principe de primauté du droit de l’UE. Elle ne bénéficie pas seulement aux normes d’effet direct.

Remarques :
Dans l’affaire Simmental le juge de l’UE a dit que le juge interne ne saurait exclure l’application d’une norme du droit de
l’UE au seul motif qu’il ne serait pas compétent pour juger de la conventionalité d’une norme interne. Dans l’affaire Simmenthal
la CJCE considère que ça ne doit pas empêcher le juge de ne pas appliquer la norme contraire au droit de l’UE.
Conséquence : le juge interne doit pouvoir suspendre l’application d’une norme interne contraire au droit de l’UE alors
même que le droit processuel national ne lui confère pas un tel pouvoir de suspension.
 CJCE, 19 juin 1990, FACTOR TAME.

Suivant cette solution une juridiction pourra suspendre une norme avant même de poser une QPC, même sans un tel
pouvoir de suspension.

Hypothèse : une juridiction modulerait dans le temps une décision d’annulation, p. ex. d’une disposition législative non
conforme à la constitution.
Difficulté : si la norme est en outre contraire au droit de l’UE ? Cette solution serait propre au principe d’effectivité du
droit de l’UE.
Dans une telle hypothèse le juge national ordinaire devra laisser inappliquée la disposition en cause alors même qu’elle n’aurait
pas encore été annulée par le juge constitutionnel.  CJCE, 19 nov. 2009, FILIPAK.

Que pense le CE d’une telle solution ? Il abonde dans le sens de la Cour de justice. En droit interne un règlement ne peut
être contraire au droit de l’UE. en effet en droit interne l’administration a l’obligation d’abroger un règlement illégal, donc
inconventionnel, qui s’impose à l’administration d’office. Elle n’a pas à attendre la demande d’un administré.  loi du 20 déc.
2007, art. 1er.

70
Se pose une difficulté : ce n’est pas le juge constitutionnel qui module dans le temps sa décision mais le juge
administratif. La modulation dans le temps d’une décision d’annulation d’un acte incompatible avec le droit de l’UE viole le
principe d’effectivité du droit de l’UE : difficulté théorique. Toujours pas tranchée en droit interne.

B) L’ INVOCABILITÉ DE RÉPARATION
Responsabilité de l’État du fait de la violation du droit de l’UE, consacrée par la CJCE (1). Le régime d’engagement de la
responsabilité de l’État (2).

1) PRINCIPE DE LA RESPONSABILITÉ DE L ’ÉTAT DU FAIT DE LA VIOLATION DU DROIT DE L ’UE


Cette responsabilité a été consacrée par la CJCE  CJCE, 19 nov. 1991, FRANCOVICH et BONIFACE .
Pour la Cour le principe de cette responsabilité est inhérent au système du traité. Plus précisément cette invocabilité se
fonde sur le principe de coopération loyale, sur le principe d’effectivité du droit de l’UE. Cette invocabilité ne concerne pas
uniquement les normes d’effet direct mais la violation de toute norme du droit de l’UE, qu’elle soit d’effet direct ou non.
Plus encore cette responsabilité est générale aujourd’hui car elle sera engagée quel que sera l’organe interne à l’origine de
la violation. Une indifférence \\ à l’organe à l’origine de la violation  CJCE, 5 mars 1996, BRASSERIE DU PËCHER +
FACTOR TAME 3.

Cette responsabilité peut découler d’un acte unilatéral de la puissance publique, d’une décision du juge.

A) LA RESPONSABILITÉ DE L ’É TAT DU FAIT D ’ UN ACTE LÉGISLATIF OU RÈGLEMENTAIRE


Responsabilité d’ordre générale : une loi peut être à l’origine de cette responsabilité (FRANCOVICH), un organisme
public autonome peut être la source de cette responsabilité (CJCE, 4 juil. 2000, HAIM).
La Cour a considéré aussi que la violation pouvait être imputée à une entité fédérée  CJCE 1er juin 1999 KONLE.
Les choses sont claires en droit de l’UE, les choses n’ont pas été aussi claires en droit interne pendant longtemps. On considère en
droit interne que violer le droit de l’UE rend l’acte inconventionnel. Et en droit conventionnel toute illégalité constitue une faute :
ça devrait être une responsabilité pour faute de la puissance publique qui devrait être mis en place. Difficulté  : le CE n’a jamais
consacré une telle responsabilité pour faute. Surtout quand c’est une loi qui viole le droit de l’UE. Suivant l’idée que le législateur
ne saurait commettre de faute. Le CE n’est jamais revenu sur cette décision : aujourd’hui encore en cas de violation d’un texte
communautaire, l’État français est responsable mais pas sur le fondement de la faute.
Le CE a fait évoluer pourtant sa position sur la question. Dans un 1 er temps le juge interne considérait que la violation du
droit de l’UE n’était pas une faute, la violation par un règlement interne : une telle violation engageait la responsabilité sans faute
de la puissance publique. C’était une solution intolérable qui résulte d’un arrêt CE ass. 23 mars 1984, SOCIETE ANIVAR. Il
faut mesurer la portée d’une telle décision : la violation du droit de l’UE ne constituait pas une faute.

Dans un arrêt CE ass. 28 fév. 1992, ARIZONA TOBACCO PRODUCTS le CE tempère sa jurisprudence. Etait en
cause une loi contraire à une directive de l’UE. avait été édicté un règlement administratif sur le fondement de cette loi, contesté
devant le CE. Dans cette affaire le juge va considérer que la violation du droit de l’UE engage la responsabilité pour faute de l’État
français. Mais pour le JA interne la faute ne résulte pas du législateur mais de l’acte administratif pris en application de la loi  :
c’est une faute du pouvoir règlementaire. On a appelé ça la théorie de l’acte administratif écran.
Evolution plus récente : important arrêt du CE 8 fév. 2007, GARDEDIEU. Le juge admet pour la 1 ère fois qu’une loi
inconventionnelle puisse engager la responsabilité de la puissance publique. Mais le CE ne va pas au bout de son raisonnement.
Cette responsabilité devrait être une responsabilité pour faute. Quel régime de responsabilité sera-t-il appliqué  ? Pas de
responsabilité sans faute. Pas de responsabilité pour faute. C’est une responsabilité du 3 ème type consacré par le CE en 2007, d’un
genre nouveau.
Hypothèse : la responsabilité de l’État résulterait d’un acte interne d’application d’une décision de la Commission. Le CE
considère que cette décision de la Commission ne laisse aucune marge à l’État membre : il est lié. Pour le CE l’acte administratif
appliquant une telle décision, ne saurait engager la responsabilité pour faute de l’État français.  CE 12 mai 2004, JILLOT.

Vendredi 16 décembre 2011

B) R ESPONSABILITÉ DE L ’É TAT DU FAIT D ’ UN ACTE JURIDICTIONNEL


 CJCE, 30 sept. 2003, KÖBLER : la décision avait été rendue en dernier ressort. Une violation du droit européen par une de
ses juridictions engage la responsabilité de l’État.
Précision : la responsabilité de l’État ne remet pas en cause l’autorité de la chose jugée.
2ème précision : la CJCE précise les conditions d’engagement de cette responsabilité. Elle indique que cette responsabilité sera
exceptionnelle. Qui se limitera à l’hypothèse d’une violation manifeste du droit de l’UE. La CJCE précise que l’appréciation du
caractère manifeste variera selon les affaires. Elle va varier selon plusieurs critères.
En 1er lieu elle variera selon la clarté et la précision de la règle qui a été violée.

71
En outre, le juge prendra en compte le caractère délibéré de la violation. Par ailleurs, il prendra en compte le caractère excusable
ou non de la règle de droit.
Certaines erreurs de droit sont inexcusables.
Sera prise en compte la prise de position d’une institution de l’UE sur la question. En outre la CJCE prendra en compte
l’obligation de poser une question préjudicielle. Si la juridiction ne l’a pas prise, c’est un facteur aggravant.

Le juge administratif interne a mis plus de temps à la reconnaitre.


Pendant longtemps il a refusé d’engager la responsabilité du fait du contenu de la décision de justice.
Quelques années plus tard le CE a admis une telle responsabilité. Mais dans des conditions très encadrées. Normalement c’est le
juge judiciaire qui devra se prononcer.
Le juge administratif veut une faute lourde pour engager une telle responsabilité.  CE Ass. 29 déc. 1978, DARMONT
L’exigence d’une faute lourde n’est pas en accord avec la décision de la Cour de justice.
Le CE s’est conformé à KOBLER : CE 18 juin 2008, GESTAS.
Ça concerne les décisions de justice manifestement contraire au droit de l’UE. Le CE admet alors l’engagement de cette
responsabilité pour une faute simple et non plus une faute lourde.
Il a fallu attendre quelques années pour arriver à cette évolution.

2) RÉGIME DE LA RESPONSABILITÉ DE L ’ÉTAT


Posé par la Cour de justice. Il a été complété par le droit national.

A) L ES RÈGLES EUROPÉENNES
Elles ne découlent pas des traités, silencieux sur la question. Elles découlent de la CJCE.
 CJCE, 5 mars 1996, BRASSERIE DU PËCHEUR
Fondement du raisonnement :
Les principes généraux du système juridique communautaire. Mais aussi les principes généraux communs aux systèmes
juridiques des États membres.
Inspiration de l’ancien art. 288 TCE (responsabilité extracontractuelle de la communauté). => « Cette disposition n’est
que la transposition d’un principe général connu dans l’ordre juridique des États membres, suivant lequel l’État doit réparer le
préjudice causé par la violation du droit de l’UE ».

Conditions de l’engagement de la responsabilité de l’État :


 l’État doit avoir violé une règle européenne.
* cette règle doit conférer des droits aux communautés (est-ce que seules les normes d’effet direct engagent la
responsabilité de l’État ? ) entreprise en jurisprudence : ce n’est pas nécessaire pour engager la responsabilité.
 violation suffisamment caractérisée (cf. « manifeste » dans l’arrêt KOBLER). Cela renvoie à une violation évidente, mais
qui présente un certain caractère de gravité. Il est apprécié par la CJCE, notamment dans l’affaire BRASSERIE DU PECHEUR.
Exemples de violation caractérisée :
- dans cette affaire brasserie du pêcheur, la violation a perduré même après un arrêt de manquement de la CJCE. C’est donc
l’hypothèse la plus grave de violation du droit de l’UE.
- hypothèse de violation du droit de l’UE, faite en dépit de la jurisprudence de la CJCE : dans l’affaire BRASSERIE DU
PECHEUR, la CJCE dit « en dépit de la jurisprudence bien établie ».
- est caractérisée l’hypothèse dans laquelle il n’existe aucune mesure nationale de transposition d’une directive, cela
constitue une violation manifeste et donc caractérisée.

 Décision CJCE 5 mars 1996, DILLEM KOFER.

Pour le reste il appartiendra au juge national d’apprécier la gravité de ces violations.


Le juge national va se référer aux critères de l’arrêt KÖBLER.

 3ème condition : lien de causalité entre la violation et entre le préjudice subi par l’administré

B) L ES RÈGLES NATIONALES D ’ ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITÉ


Les États membres disposent de l’autonomie procédurale et institutionnelle. Donc la responsabilité de l’État sera engagée
dans le cadre du droit national. Chaque État membre déterminera la juridiction compétente, les règles de procédure applicables à
une telle action. Il reviendra également de déterminer l’étendue du droit en réparation.
La réparation, précise la CJCE, doit être adéquate (réparation intégrale du préjudice).  CJCE 2 aout 1993,
MARSHALL
72
Principe d’équivalence : impliquera d’avoir des règles de responsabilités plus contraignantes qu’en droit interne.
La responsabilité de l’État ne doit pas être encadrée par des règles plus contraignantes que celles d’autres engagements en
responsabilité.

Mise en œuvre de cette solution :


La CJCE a interdit de subordonner l’action en responsabilité à l’épuisement de toutes les voies de recours internes (elle ne
s’applique pas.
 CJCE, grande chambre, 26 janv. 2010. Arrêt : TRANSPORTES URBANES SERVICIOS GENERALES

Principe d’effectivité : limite la durée du litige. Implique que l’action en responsabilité soit jugée dans un délai raisonnable et que
les règles de délai soient suffisamment sécurisantes pour les administrés, les règles de délai ne doivent pas créer d’incertitude
juridique.
Rappel de ce principe : CJCE 24 mars 2009, DANSKE

73
CHAPITRE 3: LES DROITS FONDAMENTAUX DANS L'UE

À l'origine les traités étaient silencieux sur les droits fondamentaux: sur l'affirmation de ces droits mais aussi sur leur
garantie. Au départ le traité européen n’évoquait que les principes du marché intérieur, à savoir le principe de libre circulation, il
n'y avait que les principes de non discrimination en raison de la nationalité (art. 12 ancien TCE).
Au départ: les droits fondamentaux étaient absents de la constitution européenne pendant très longtemps. Reste que cette
absence a rapidement été considérée comme une lacune importante. Dès lorsque les droits fondamentaux ne sont pas incorporés au
droit dérivé alors les actes du droit dérivé n’ont pas à les respecter. La Cour ne pouvait pas les contrôler au regard de ces droits.
Même les États ne pouvaient pas contrôler les actes du droit dérivé au regard des droits fondamentaux.

La situation a évolué sous l'influence de plusieurs facteurs:


- la CJCE a consacré certains droits en principes généraux du droit de l'UE
- les traités eux mêmes ont commencé à évoquer ces droits fondamentaux: consécration de la charte de l'UE
- aujourd'hui: volonté de faire adhérer l'UE à la CEDH.

SECTION 1. L'AFFIRMATION DES DROITS FONDAMENTAUX DANS L'UE.

Cette consécration des droits fondamentaux s'est faite sous l'influence, pression des juridictions nationales.
Elles en effet souligné les lacunes du droit européen:
Cour constitutionnelle italienne, 27 déc. 1965, ST MICHELE
Cour De Karlsruhe, 18 oct. 1967

Les deux relèvent les lacunes de l'ordre juridique européen. Suite à ces décisions, c'est tout d'abord la CJCE qui a décidé de
combler ces lacunes en consacrant des principes généraux du droit de l'UE.
Ensuite ce sont les traités qui ont évolué. Cela permettra de distinguer la consécration jurisprudentielle de la consécration
dans les traités.

§1. L A CONSÉCRATION JURISPRUDENTIELLE DES DROITS FONDAMENTAUX


Dès les années 60 la CJCE a développé la technique des droits par les principes généraux du droit de l'UE.
STAUDER: dès cette décision la CJCE accepte de contrôler un acte de l'UE au regard des droits fondamentaux garantis par les
principes généraux du droit de l'UE.

Articulation de ces principes avec d'autres sources du droit.


- avec les jurisprudences constitutionnelles internes?
- Avec les jurisprudences européennes, notamment de la CEDH?

A) L' ARTICULATION DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT DE L 'UE AVEC LES JURISPRUDENCES
CONSTITUTIONNELLES NATIONALES

1er temps: attitude nationaliste des Cours constitutionnelles


→ Solange 1, 29 mai 1974, par la Cour de KARLSRUHE
Elle accepte de contrôler dans cette jurisprudence un acte du droit dérivé au regard des normes consacrées par la constitution
nationale « tant que l'UE ne garantie pas une protection des droits fondamentaux équivalents ».

Dans un même temps la CJCE a développé des principes généraux du droit de l'UE.

Cette évolution de la CJCE a conduit à l'évolution des jurisprudences nationales.


→ Cour italienne, revient sur l'arrêt FRONTINI dans une décision du 8 juin 1985, GRANITAL.
→ Karlsruhe, 10 oct. 1986 SOLANGE 2, qui vient inverser le principe posé en 1974: la cour dit ne plus contrôler un acte de
l'UE au regard du droit constitutionnel national, tant que l'UE garantie les droits fondamentaux de manière équivalente.

On peut relever que la Cour allemande apprécie plutôt souplement l'idée de protection équivalente. Elle exige une
protection comparable pour l'essentiel à la garantie interne, cela veut dire que la protection européenne peut ne pas être totalement
identique à la protection interne. Il peut y avoir une certaine marge d'appréciation.

74
Confirmation de SOLANGE 2 → ordonnance du 4 oct. 2011, de la cour de Karlsruhe. Elle rappelle la jurisprudence
Solange 2. Par ailleurs elle semble s'inspirer du droit français. Elle adopte le même schéma de pensée que dans un arrêt du Conseil
constitutionnel français. Elle vient rappeler qu'elle ne contrôlera pas une loi de transposition d'une directive sauf si un elle
contredit un principe inhérent à l'identité constitutionnelle allemande.

B) A RTICULATION DES PGDUE AVEC LA CEDH

Le fait de se conformer à la CEDH n'a pas empêcher des divergences d'appréciation. On a pu constater que la
jurisprudence de Luxembourg pouvait parfois refuser d'appliquer la CEDH. Ex: l'inviolabilité du domicile.
Pour la CEDH ça s'étendait aux locaux professionnels (CEDH 30 mars 1989, CHAPPEL). La CJCE avait une position
contraire, position qui résulte d'un arrêt CJCE 21 sept. 1989, HOECHST.

Finalement la CJCE s'est rangée à l'interprétation de la CEDH, mais il a fallu attendre CJCE 22 oct. 2002, ROCKET
FRERE.

Reste que parfois c'est la situation inverse. Parfois c'est la CEDH qui va s'inspirer des solutions dégagées par la CJCE.
Ex: l'interprétation de la règle non bis in idem, CJCE, 9 mars 2006, VAN ESBROECK. La CEDH a repris la même
interprétation: CEDH 10 fév. 2009, ZOLOTOUKHINE.

Il y a un accord aujourd'hui entre les deux cours. On voit que la CJCE se conforme plus ou moins à la jurisprudence
européenne.
On s'est interrogé sur cela à l'occasion d'une décision importante: CJCE 17 février 2009, EPOUX ELGAFAJI.
La Cour considère qu'elle doit interpréter de manière autonome une disposition d'une directive. Volonté de s'émanciper
des décisions de la CEDH? Il n'en est rien, le juge dit que ça serait une interprétation qui respecterait les droits fondamentaux tels
que garantie par la CEDH.
Que signifie autonome alors? On peut considérer que la protection accordée par le droit de l'UE n'avait aucun équivalent
en droit européen, dans cette affaire. Par conséquent, la disposition du droit de l'UE ne pouvait qu’être interprétée de manière
autonome. C'était donc complémentaire à la protection garantie par la CEDH.

Question de la consécration des droits fondamentaux par les traités eux mêmes :

§2. L A CONSÉCRATION CONVENTIONNELLE DES DROITS FONDAMENTAUX


Ils ont été consacrés dans les traités et au travers de la Charte des droits fondamentaux de l'UE.

A) L A RECONNAISSANCE PROGRESSIVE DES DROITS FONDAMENTAUX DANS LES TRAITÉS


Elle a débuté avec l'acte unique européen en 1986 dans lequel on trouve une référence symbolique à ces droits
fondamentaux: il évoque les droits fondamentaux reconnus par les États membres et garantis par la CEDH.
On ne parle donc pas de droits fondamentaux reconnus au sein de l'UE.

Par la suite ils ont été inscrits dans les traités.


- Traité de Maastricht: qui consacre la jurisprudence de la Cour. À l'époque le traité dit que l'UE respecte les droits
fondamentaux, tels que garantis par la CEDH et tels qu'ils résultent des traditions des États membres : «  en tant que principes
généraux du droit de l'UE ».
Cette disposition ne change pas le droit positif, elle ne fait que consacrée la jurisprudence de la Cour.

Autre évolution: à mettre à l'actif du traité d'Amsterdam, qui vient conférer un titre de compétence à la Cour de justice, pour
intervenir en matière de garantie des droits fondamentaux.
Ce n'était pas nécessaire, la Cour l'avait déjà fait. Mais l'intérêt est d'étendre la compétence de la Cour à l'ensemble des
piliers: les trois anciens piliers seront alors concernés.

- Le traité de Lisbonne.
Ces droits fondamentaux, font partie de l'UE, ils appartiennent à l'ordre juridique de l'UE.
Pour le reste, ce sont toujours des principes généraux du droit de l'UE qui garantissent les droits fondamentaux.

Les traités font référence dans d'autres stipulations à ces droits sans que cela apparaisse comme des consécrations.
Rappel:

75
→ Protection des droits fondamentaux = objectif de la politique de l'UE, notamment de la politique de développement et de
coopération. → Article 208 TFUE

→ le respect des droits fondamentaux constitue un des fondements de l'UE → art. 2 TUE
Donc les nouveaux adhérents doivent respecter ces droits (cf. chapitre 1: les sanctions en cas de violation).

Agence des droits fondamentaux de l'UE (ADFUE) créée par un règlement du 15 fév. 2007 par le Conseil. Fonction surtout
consultative: rapports, avis... Compétence d'autant plus limitée que limitée à l'ancien 1er pilier.

B) L A C HARTE DES DROITS FONDAMENTAUX (CDFUE)

Cette charte vient instituer un catalogue de droits. Elle a été envisagée dès le conseil européen de Cologne en 1999. à
cette époque en 1999, les États membres avaient rejeté l'idée d'intégrer la CEDH mais souhaitaient une contrepartie: ne pas limiter
les droits fondamentaux à des principes jurisprudentiels, ils voulaient que la CDFUE rende ces principes plus visibles.
Elle a été adoptée suivant la formule de la convention. On parlait d'une enceinte à l'époque dirigée par un présidium, avec
des représentants des parlements nationaux, et elle s'est autoproclamée comme étant une convention.
La Charte a été signée le 7 déc. 2000, au Conseil européen de Nice. Précision: cette proclamation n'a conféré aucune
valeur juridique à la Charte.

1) LA VALEUR JURIDIQUE DE LA CHARTE


Elle n'a pas été immédiatement intégrée au traité. Elle a pris la forme d'un accord interinstitutionnel qui était dépourvu de
portée juridique. Ceci étant cette charte a été utilisée par plusieurs catégories de juridiction. Elle a été évoquée dans plusieurs
décisions de justice. Elle a pu servir d'instrument d'interprétation dans ces litiges. C'est ce qu'on peut relever dans des conclusions
d'avocats généraux, et ce qu'a fait le TPICE, première juridiction à se référer à cette charte: TPICE 3 mai 2002, JEGO QUERE
La Charte évoquée par le TPICE est évoquée également au sein de la CEDH, on en trouve des traces dans des opinions
séparées de juge de la Cour. Ils ont fait référence à cette charte, p. ex. dans un arrêt Frété c/ France du 21 juillet 2002, c’était
une opinion séparée mentionnée à l’occasion de cet arrêt. C’est ensuite la CEDH qui s’est elle-même exprimée sur la Charte,
notamment par un arrêt CJCE CROODWIN, 11 juil. 2002 et également dans un arrêt CEDH 11 janv. 2006, SORENSEN.

Certaines Cours constitutionnelles y ont fait référence, la Cour constitutionnelle italienne, mais également la Cour espagnole: 30
nov. 2000, avant même que la Charte soit proclamée.
On peut relever que le CE a pu s'y référer, mais il s’y est référé pour lui denier sa valeur juridique  CE 5 janv. 2005, DEPREZ
ET BAILLARD, arrêt confirmé dans un arrêt CE Sect. de 2008, conseil national des barreaux.

On peut donc voir que la plupart des États reconnaissent l’existence de cette charte, et même s’en inspirent. Il reste à voir
ce qu’en pense la CJCE. Dans cette matière, elle a été dans un 1 ère temps plus réservée, elle s'est abstenue de s’appuyer sur des
dispositions de la Charte, malgré les recommandations des avocats dans leurs mmoyens, c’est une 1 ère attitude de la Cour qu’on
retrouve dans une ordonnance de la Cour. → ord. CJCE du 18 oct. 2002, TECHNISCHE GLASVERKE ILLMENAU

La CJCE a fini par reconnaître l'existence de la Charte, et elle considère que le législateur communautaire a accordé de
l’importance à cette Charte, alors même qu’elle n’a pas de valeur juridique. Cela résulte d’un arrêt → CJCE grande Chambre 27
juin 2006, parlement c\ conseil.

Elle a été encore plus loin dans une affaire ADVOCATEN VOOR WEREND. Dans cette décision la Cour considère
que la Charte constitue la source 1ère d’un principe fondamental, en l'occurrence la Charte est la source 1ère du principe de
légalité des délits et des peines.

Le traité de Lisbonne a conféré valeur juridique à cette Charte, même s'il ne l'a pas intégrée dans ses dispositions. → art.
6 §1 TFUE. La Cour a rapidement pris acte de cette valeur juridique → CJUE, grande chambre, 19 janv. 2010, SEDA
KUCUDEVECI.

Ce n'est cependant pas une valeur commune: la Pologne, le Royaume-Unis, la république Tchèque ont refusé de se plier à
cette Charte.

2) LE CONTENU DE CETTE CHARTE

Jeudi 5 janvier 2012


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§1. L E CONTENU DE LA C HARTE
Ce contenu est double, car la Charte contient un catalogue de droits et libertés, et en outre, des dispositions générales, qui
concernent les modalités d’application de ces droits et libertés. Ensuite, ce contenu a évolué en 2004 de façon limitée.

A) L ES DROITS ET LIBERTÉS GARANTIES PAR LA C HARTE

Les droits et libertés étaient déjà garantis auparavant. La Charte se contente de codifier certains droits existants. Elle les
codifie, et va plus loin, elle vient en outre consacrer des droits nouveaux au sein de l’UE. Ils sont regroupés en six catégories, six
chapitres.

1Les droits consacrés par la Charte :


 Le premier chapitre : de la dignité (art. 1 à 5 de la Charte)
Le principe de la dignité de la personne humaine, mais également des corollaires qui étaient déjà garantis par d'autres normes
(notamment le droit à la vie, le droit à l'intégrité de la personne, à l'interdiction de la torture, des traitements inhumains et
dégradants, l'interdiction de l'esclavage et du travail forcé. Ce sont des normes qui étaient déjà garanties auparavant.

 Le 2ème chapitre consacre des libertés. Sûreté, vie privée et familiale, liberté de conscience, d'opinion, de religion...
Elle consacre également des libertés économiques : une liberté professionnelle, ainsi que la liberté d'entreprise.

 Le 3ème chapitre : principe d'égalité, de non discrimination, qui était déjà garanti par le traité initial.

Elle prohibe les discriminations fondées sur les origines sociales, les caractéristiques génétiques, sur la langue. Elle prohibe
également la discrimination fondée sur l'appartenance à une minorité nationale (1ère consécration d'un droit des minorités ? Si oui
c'est totalement novateur par rapport au droit antérieur).

Elle vient en outre imposer le respect de certaines idées. Le respect de la diversité (culturelle, religieuse, linguistique).

Elle consacre par ailleurs les droits de l'enfant, mais également le droit des personnes âgées, ainsi que ceux des handicapés.

Il y a également des dispositions sur la citoyenneté, qui reprennent les dispositions du TUE.

Dans le chapitre consacré à la justice, on retrouve des droits déjà protégés auparavant.
- droit à un recours effectif
- droit à un tribunal impartial et indépendant
- ensemble des principes régissant la procédure pénal (droits de la défense)
- égalité des délits et des peines
- présomption d'innocence

À propos de la solidarité, la charte consacre :


- des droits sociaux (notamment sur les conditions de travail au sein de l'UE)
- participation des salariés à la gestion de l'entreprise
- protection contre les licenciements injustifiés
- « droit à des conditions de travail justes et équitables »
- proclamation d'un droit à la sécurité sociale (qui aura besoin de mesures de transposition)
- droit d'accès aux SIEG (service d'intérêt économique général), et sur ce point la Charte ne peut rien faire juridiquement,
elle dit qu'elle « reconnaît et respecte l'accès à ces services », et elle ne peut les garantir.

B) L A C HARTE CONTIENT DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES


Cela détermine les modalités d'application de la Charte et on peut en relever quatre principales. D'une part elle rappelle
qu'elle s'adresse aux institutions de l'UE mais aussi aux États membres. Dans la mesure où ceux-ci mettent en œuvre le droit de
l'UE.
La 2ème disposition énonce qu'elle ne crée aucune compétence nouvelle pour l'UE, ne modifie pas la répartition des
compétences entre l'UE et les États membres (reprise de l'art. 6§1 TFUE).
Les droits énoncés par la Charte ne sont pas absolus, ils peuvent être restreints, mais d'une manière encadrée.

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La restriction doit être à la fois nécessaire, proportionnée, en d'autres termes elle doit être adaptée à ces objectifs. Les
restrictions ne pourront pas annihilés les droits et libertés. Les restrictions ne peuvent porter atteintes au contenu, le cœur, de ces
droits et libertés.

4ème série de dispositions générales qui permettent l'articulation de la Charte avec les droits fondamentaux.
- avec les droits et libertés déjà garantis par le traité
La charte indique : les droits déjà protégés par les traités sont appliqués de la même manière (dans les conditions et limites fixées
par ces traités.

- avec les droits et libertés garantis par la Conv. EDH


La Charte dit : le sens et la portée de ce droit sont les mêmes. Elle reprend donc les mêmes conditions que la Conv. EDH.
Pour autant la Charte peut renforcer la protection de ces droits, quoiqu'il ne puisse pas limiter cette protection. → art. 52§3 de la
Charte.

Les évolutions de la Charte : développée à l'occasion des réflexions sur l'ex TECE, en 2004. Ces évolutions viennent limiter la
portée de la Charte, elles sont d'ailleurs apparues à ce titre comme des concessions faites à certains États.

Trois évolutions :
- Les modalités d'interprétation de la Charte, elle impose d'interpréter ce texte à la lumière des explications prévues,
formulées par le présidium de la convention qui l'a rédigée.
Ces explications n'ont pas en elles-mêmes de valeur juridique. En revanche l’obligation de respecter ces explications a, elle, une
valeur juridique. En tout état de cause, on peut se demander quelle sera l’application de cette disposition par la CJCE, qui vient
limiter le pouvoir d’interprétation de la Cour, et il n’est pas certain qu’elle se laisse enfermer dans un tel carcan.
- Est établie une nouvelle distinction par la Charte, naissante en droit interne, la distinction entre les droits subjectifs des
citoyens européens que l'UE et les États membres doivent respecter, des principes que les États membres doivent non seulement
respecter mais également promouvoir. Cette distinction a une importance fondamentale, car cela signifie que les principes ne sont
pas directement applicables, et qu'ils devront être mis en œuvre par une disposition de droit dérivé, voire par des dispositions
internes de chaque État membre. Il faudra s'interroger sur la question de l'effet direct de ces principes. Si un tel effet direct était
reconnu, il ne pourrait être que vertical, et ne pourraient pas être invoqués à l'encontre d'un particulier.
- Concession faite à certains États, pour respecter leur tradition constitutionnelle. Il est dit dans la charte que ces droits
fondamentaux doivent être appliqués conformément à traditions constitutionnelles des États membres (« le droit national doit être
pris en compte dans la mise en œuvre de la Charte »). La Cour prend acte et reconnaît la diversité des droits fondamentaux dans
l'UE.

SECTION 2. L'ADHÉSION DE L'UE À LA CONV . EDH


La CEDH a toujours été une source d'inspiration pour l'UE. En témoignent les principes généraux de l'UE, et même la
référence directe à la CEDH par la Cour de justice (CJCE 17 fév. 1998, GRANT).
Il reste que formellement la CEDH n'est toujours pas une source de l'UE. Elle apparaît à travers l'application des PGDUE,
mais ce n'est pas une référence formelle.
Les choses pourraient évoluer rapidement dans l'avenir, du fait de l'adhésion de l'UE à la conv. EDH. Cette adhésion a
tout d'abord été écartée par la CJCE, elle est aujourd'hui envisagée par le traité de Lisbonne.

§1. U NE ADHÉSION ÉCARTÉE PAR LA CJCE


Cela résulte d'un avis, CJCE, avis du 28 mars 1996, dans lequel la Cour a un raisonnement en deux temps.
Celle que l'UE n'a aucune compétence pour édicter des compétences en matière des droits de l'homme, ni pour conclure
un accord dans ce domaine.
Elle montre ensuite que l'adhésion de l'UE à la Conv. EDH entrainerait un changement substantiel dans la protection des
droits de l'homme, qui ne pourrait résulter que d'une modification des traités.
Explications : la CJCE a craint la remise en cause de son statut de Cour suprême au sein de l'UE. En effet en cas
d'adhésion la CEDH serait compétente pour contrôler les actes de l'UE par rapport à la Conv. EDH, c'est ce qui résulte de
l'interprétation a contrario d'un arrêt CEDH,18 fév. 1999, Matthews.
Certaines requêtes ont attaqué, comme palliatif, non pas l'UE mais l'ensemble des États membres devant la CEDH, car ils
sont tous partis à la Conv. EDH. La CEDH ne s'est jamais prononcée sur sa compétence à ce propos, CJCE 10 mars 2004 Senator
Lights.

§2. L' ADHÉSION ENVISAGÉE PAR LE TRAITÉ DE L ISBONNE


Protocole 14 annexé à la CEDH.

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Disposition qu'on peut voir dans le traité de Lisbonne.

L'adhésion est donc possible mais n'est pas automatique, mais sera subordonnée à la conclusion d'un accord international, qui sera
décidé par le Conseil avec l'accord du Parlement. La procédure de conclusion de l'accord est modifiée par rapport au droit
commun, sur deux points :
La décision du Conseil d'adhérer à la Conv. EDH sera adoptée à l'unanimité (art. 218, TUE), et les États membres devront eux-
mêmes approuver cet accord, et ce suivant leur règle constitutionnelle nationale (art. 8 TFUE).

Conditions de l'accord (dans le protocole annexé au traité) :


- pas de modification des compétences de l'UE du fait de l'adhésion
- les recours dirigés par la CEDH contre un acte de l'UE devront respecter les règles de répartition des compétences entre
l'UE et les États membres, ce qui implique la mise en place de certains mécanismes afin de déterminer qui, de l'UE ou d'un État
membre, sera attaqué devant la CEDH.
Conséquences de l'adhésion :
La CEDH sera compétente pour juger des actes de l'UE.
Ensuite on devra se demander quels seront les effets sur la jurisprudence de la CJUE. Est-ce qu'elle va continuer à se
référer aux PGD ? À la CEDH comme source d'inspiration ? Ou va-t-elle directement appliquer a CEDH ?

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TABLE DES MATIÈRES
Introduction...........................................................................................................................................................................................1
Section 1. Les communautés européennes....................................................................................................................................1
§1. L’institution des communautés européennes.......................................................................................................................1
A) la CECA (communauté européenne du charbon et de l’acier).........................................................................................1
B) La communauté économique européenne et l’EURATOM.............................................................................................1
§2. L’évolution des communautés européennes........................................................................................................................2
A) La réalisation de l’Union économique.............................................................................................................................2
B) La volonté d’une union politique.....................................................................................................................................2
Section 2. L’union européenne......................................................................................................................................................3
§1. le TUE.................................................................................................................................................................................3
A) La structure de l’UE.........................................................................................................................................................3
B) Les autres apports du TUE...............................................................................................................................................4
C) La révision du TUE..........................................................................................................................................................4
§2. Le TECE..............................................................................................................................................................................4
§3. Le traité de Lisbonne...........................................................................................................................................................5
A) La simplification des traités existants..............................................................................................................................6
B) Le traité consacre les droits fondamentaux dans l’UE.....................................................................................................6
1) La valeur juridique de la Charte des droits fondamentaux...........................................................................................6
2) L’adhésion de l’UE à la Conv. EDH.............................................................................................................................6
C) Les évolutions institutionnelles opérées par le traité de Lisbonne...................................................................................6
D) Les modifications procédurales........................................................................................................................................7
Les reculs du traité de Lisbonne................................................................................................................................................7
Partie 1. Les institutions de l’Union Européenne..................................................................................................................................7
Chapitre 1. La nature juridique de l’UE............................................................................................................................................7
Section 1. L’Union Européenne : une union d’États.....................................................................................................................7
§1. La qualification de l’UE......................................................................................................................................................7
A) Ce que n’est pas l’UE.......................................................................................................................................................7
1) Pas un État.....................................................................................................................................................................7
2) Pas une confédération...................................................................................................................................................8
3) Pas une organisation internationale...............................................................................................................................8
B) Ce que pourrait être l’UE.................................................................................................................................................8
1) Professeur Olivier Baud : la fédération d’États-nation.................................................................................................8
2) Thèse de l’union d’États................................................................................................................................................9
3) La spécificité de l’ordre juridique de l’UE...................................................................................................................9
§2. La personnalité juridique de l’UE.......................................................................................................................................9
B) La personnalité juridique consacrée de l’Union Européenne.........................................................................................10
§3. Entrée et sortie de l’UE.....................................................................................................................................................10
A) L’adhésion des États à l’UE...........................................................................................................................................10
1) régime d’adhésion à l’UE............................................................................................................................................10
a) Des critères d’adhésion...........................................................................................................................................10
b) La procédure d’adhésion.........................................................................................................................................10
2) La pratique de l’adhésion............................................................................................................................................11
B) La sortie de l’État de l’UE..............................................................................................................................................11

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1) Le droit au retrait.........................................................................................................................................................12
2) La suspension des droits d’un État membre................................................................................................................12
a) La procédure répressive...........................................................................................................................................12
b) La procédure préventive issue du traité de Nice.....................................................................................................13
c) Le contrôle de la Cour de justice sur ces procédures..............................................................................................13
§4. La diversité dans l’Union Européenne..............................................................................................................................13
A) Les dérogations..............................................................................................................................................................13
B) Mise en œuvre de coopérations renforcées....................................................................................................................13
1) Le principe des coopérations renforcées.....................................................................................................................14
a) Le domaine de ces coopérations renforcées............................................................................................................14
b) Les conditions auxquelles sont subordonnées ces coopérations renforcées...........................................................14
2) Mise en œuvre des coopérations renforcées................................................................................................................14
a) Les procédures de création des coopérations renforcées.........................................................................................14
La procédure de droit commun................................................................................................................................15
La procédure spécifique..........................................................................................................................................15
b) Leur déroulement des coopérations renforcées.......................................................................................................15
Le contrôle juridictionnel des coopérations renforcées...........................................................................................15
Section 2. L’Union Européenne : une union de peuples.............................................................................................................15
§1. La citoyenneté européenne................................................................................................................................................15
A) Citoyenne européenne : définition.................................................................................................................................16
B) Les droits attachés à la citoyenneté européenne.............................................................................................................16
§2. Les droits de tout individu au sein de l’UE................................................................................................................16
1) Les droits non réservés aux citoyens de l’UE......................................................................................................16
2) Les droits exclusivement réservés aux citoyens de l’UE...................................................................................17
a) La protection diplomatique et consulaire..........................................................................................................17
b) Droit de vote et d’éligibilité concernant les élections municipales et européennes...................................17
c) droit d’initiative citoyenne....................................................................................................................................18
§2. La vie démocratique dans l’UE....................................................................................................................................18
A. La démocratie représentative....................................................................................................................................18
1) Les parlements nationaux.......................................................................................................................................19
a) Le droit français....................................................................................................................................................19
b) en droit de l’UE.....................................................................................................................................................19
c) cas allemand.........................................................................................................................................................20
2) La représentation des collectivités infra étatique................................................................................................20
B) La démocratie participative........................................................................................................................................20
1) La participation de la vie politique.........................................................................................................................20
2) La participation à la vie civile..................................................................................................................................21
Chapitre 3. Les compétences de l’Union européenne............................................................................................................21
Section 1. La répartition des compétences dans l’UE........................................................................................................21
§1. L’attribution des compétences à l’Union.....................................................................................................................21
A) L’attribution limitative des compétences à l’UE......................................................................................................21
B) Dynamisme des compétences au sein de l’UE......................................................................................................22
1) art. 352 TFUE...........................................................................................................................................................22
§2. Les catégories de compétences réparties.................................................................................................................23
A) La répartition des compétences de base.................................................................................................................23
1) Compétences internes............................................................................................................................................23

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a) Les compétences exclusives de l’UE................................................................................................................23
b) les compétences européennes partagées.......................................................................................................23
c) les compétences d’appui.....................................................................................................................................24
2) Les compétences externes de l’UE.......................................................................................................................24
a) Compétences externes explicites.............................................................................................................................24
b) Compétences externes implicites............................................................................................................................24
B) La répartition des compétences d’exécution..................................................................................................................25
1) L’exécution en principe par les États membres..........................................................................................................25
a) Principe de l’autonomie institutionnelle et procédurale des États membres...........................................................25
b) Les limites de l’autonomie institutionnelle et procédurale.....................................................................................25
2) L’exécution par les institutions de l’UE......................................................................................................................26
a) La compétence exécutive de la Commission..........................................................................................................26
La consécration de la comitologie...........................................................................................................................26
Les procédures de comitologie................................................................................................................................27
2) La compétence exécutive du Conseil..........................................................................................................................28
Section 2. Les principes régissant les compétences dans l’UE...................................................................................................28
§1. Le principe de subsidiarité.................................................................................................................................................28
A) La signification du principe de subsidiarité...................................................................................................................28
1) L’origine du principe de subsidiarité..........................................................................................................................28
2) Le contenu de ce principe de subsidiarité...................................................................................................................29
B) Le contrôle du principe de subsidiarité..........................................................................................................................29
1) Situation avant Lisbonne : contrôle étroit...................................................................................................................29
2) Le contrôle du principe de subsidiarité renforcé par le traité de Lisbonne.................................................................29
§2. Le principe de proportionnalité.........................................................................................................................................30
§3. La coopération loyale........................................................................................................................................................30
A) Le principe de coopération loyale adressé aux États membres......................................................................................31
B) Principe de loyauté appliqué aux institutions de l’UE...................................................................................................31
Chapitre 3. Les fonctions normatives dans l’Union européenne.....................................................................................................31
Section 1. La fonction législative................................................................................................................................................31
§1. L’existence de la fonction législative................................................................................................................................31
§2. La procédure législative....................................................................................................................................................32
A) Le monopole d’initiative de la Commission..................................................................................................................32
1) Les effets de l’initiative de la Commission.................................................................................................................32
2) Les effets dérogatoires................................................................................................................................................33
B) La procédure législative ordinaire..................................................................................................................................33
1) La première lecture.....................................................................................................................................................33
2) La Deuxième lecture...................................................................................................................................................33
3) Le comité de conciliation............................................................................................................................................34
C) Procédures spéciales.......................................................................................................................................................34
1) La consultation du Parlement européen......................................................................................................................34
2) La procédure d’approbation........................................................................................................................................35
Section 2. La fonction budgétaire au sein de l’Union européenne..............................................................................................35
§1. L’état du droit avant Lisbonne..........................................................................................................................................35
§2. Renforcement du rôle du parlement par le traité de Lisbonne.........................................................................................35
A) L’initiative du budget.....................................................................................................................................................35
B) Adoption du budget........................................................................................................................................................35
C) L’exécution du budget....................................................................................................................................................36

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Chapitre 4. Les institutions de l’Union européenne........................................................................................................................36
Section 1. Le Conseil de l’Union................................................................................................................................................36
§1. Composition du Conseil de l’Union..................................................................................................................................36
B) La présidence du Conseil de l’Union.............................................................................................................................37
C) Fonctionnement du Conseil............................................................................................................................................37
§2. Les règles de vote au sein du Conseil...............................................................................................................................37
A) La définition de la majorité qualifiée.............................................................................................................................37
B) Lisbonne a modifié l’étendue, le domaine de la majorité qualifiée...............................................................................38
Section 2. Le Conseil européen...................................................................................................................................................38
§1. La composition du Conseil européen................................................................................................................................38
§2. Les fonctions de Conseil européen....................................................................................................................................38
§3. LE fonctionnement du Conseil européen......................................................................................................................38
Section 3. L’étude du parlement européen..................................................................................................................................39
§1. Composition du Parlement................................................................................................................................................39
A) L’élection.......................................................................................................................................................................39
B) Le nombre de parlementaires européens........................................................................................................................40
§2. Les fonctions du parlement européen................................................................................................................................40
Section 3. La Commission européenne.......................................................................................................................................40
§1. L’organisation des fonctions de la Commission...............................................................................................................40
§2. Les fonctions de la Commission........................................................................................................................................42
A) Le fonctionnement de la Commission européenne........................................................................................................42
B) Les attributions de la Commission européenne..............................................................................................................42
Partie 2. L’ordre juridique de l’Union européenne.............................................................................................................................43
Chapitre 1. Les sources du droit de l’Union européenne................................................................................................................43
Section 1. Les sources formelles du droit de l’Union européenne..............................................................................................43
§1. Le droit primaire : les traités.............................................................................................................................................43
A) La diversité des traités....................................................................................................................................................43
B) Les relations entre les traités..........................................................................................................................................44
C) L’autorité des traités sur les autres actes des dispositions de l’UE................................................................................44
1) L’autorité des traités sur le droit dérivé......................................................................................................................44
2) L’autorité des traités de base sur les accords conclus par les États membres.............................................................44
D) Révision des traités.........................................................................................................................................................44
1) La procédure ordinaire de révision.............................................................................................................................44
a) La procédure classique de révision (art. 48 TUE)...................................................................................................45
b) La convention (apport du traité de Lisbonne).........................................................................................................45
2) D’autres procédures de révision..................................................................................................................................45
a) Procédures simplifiées de révision..........................................................................................................................45
b) les procédures de révision subreptices....................................................................................................................46
§2. Les accords internationaux de l’UE..................................................................................................................................46
§3. Le droit dérivé...................................................................................................................................................................47
A) La nomenclature des actes avant Lisbonne et ce que le TECE prévoyait......................................................................47
1) La diversité des actes de l’ancien 1er pilier..................................................................................................................47
a) Les règlements européens.......................................................................................................................................47
b) Les directives..........................................................................................................................................................48
c) Les décisions...........................................................................................................................................................49
d) Autres actes : les recommandations et les avis.......................................................................................................49
2) Les incertitudes affectant les actes des anciens 2ème et 3ème pillier..............................................................................49
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b) Situation générale après Lisbonne : une nomenclature réorganisée...............................................................................50
1) Les actes d’exécution..................................................................................................................................................50
2) Les actes délégués.......................................................................................................................................................50
3) les actes non législatifs pris directement sur le fondement des traités........................................................................51
Section 2. Les sources informelles du droit de l’UE...................................................................................................................51
§1. Les sources qui ne sont pas prévues par les traités............................................................................................................51
A) Les accords atypiques unilatéraux..................................................................................................................................51
1) Les actes atypiques du Conseil...................................................................................................................................51
2) Les actes atypiques de la commission.........................................................................................................................52
3) Les tentatives d’encadrement par le traité de Lisbonne..............................................................................................52
B) Les actes atypiques concertés (multilatéraux)................................................................................................................52
1) L’objet de ces accords.................................................................................................................................................52
2) La valeur juridique controversée des accords interinstitutionnels..............................................................................53
§2. Les sources non écrites : les principes généraux du droit de l’UE....................................................................................53
A) Origine des principes des principes généraux du droit..................................................................................................53
1) Le droit international...................................................................................................................................................54
2) La CJCE s’inspire de droits nationaux........................................................................................................................54
3) L’inspirée tirée de l’ordre juridique européen............................................................................................................54
B) Le contenu des principes généraux du droit de l’UE.....................................................................................................54
C) La portée des principes généraux du droit de l’UE........................................................................................................55
Chapitre 2. Principe de primauté et effet direct...............................................................................................................................56
Introduction.................................................................................................................................................................................56
I. Rappel......................................................................................................................................................................................56
Section 1. Le principe de primauté du droit de l'UE...................................................................................................................57
§1. La consécration du principe de primauté...........................................................................................................................57
A) La consécration jurisprudentielle du principe de primauté............................................................................................57
B) Consécration du principe de primauté dans les traités...................................................................................................58
§2. La portée du principe de primauté (en droit de l’UE).......................................................................................................58
A) Primauté externe et interne.............................................................................................................................................58
B) La primauté est générale et absolue................................................................................................................................59
1) primauté de tout le droit de l'UE.................................................................................................................................59
2) Primauté sur tout le droit internes...............................................................................................................................59
a) Primauté sur une décision de justice ayant autorité de chose jugée ?.....................................................................59
b) Primauté du droit de l'Union sur le droit constitutionnel national ?.......................................................................60
c) La question de l’assouplissement éventuel du principe de primauté ?....................................................................61
§3. La réception du principe de primauté en droit français.....................................................................................................61
A) La primauté du droit de l’UE sur la loi..........................................................................................................................61
1) Incompétence du conseil constitutionnel pour contrôler la conventionalité d’une loi................................................61
B) Compétence de la juridiction ordinaire pour contrôler la conventionalité de la loi.......................................................62
1) Compétence du juge judiciaire....................................................................................................................................62
b) La position du juge administratif............................................................................................................................62
B) Absence de primauté du dt de l’UE sur la constitution (vrai B)....................................................................................63
1) La primauté de la constitution dans l’ordre interne....................................................................................................63
a)Primauté affirmée par le Conseil d’État...................................................................................................................63
b) La position de la Cour de cassation.........................................................................................................................64
c) La position du CConst.............................................................................................................................................64
2) Conciliation de la primauté du droit de l’UE avec la primauté de la Constitution.....................................................64

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a) constitutionnalisation du respect du droit dérivé.........................................................................................................64
2) principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France.......................................................................................65
3) La portée pratique d’une telle réserve.........................................................................................................................66
4) Problème de la sanction de ces réserves.....................................................................................................................66
Conclusion :.....................................................................................................................................................................66
Section II. L’effet direct du droit de l’UE...................................................................................................................................67
§1.Le principe de l’effet direct................................................................................................................................................67
A) Identification du principe d’effet direct.........................................................................................................................67
1) Consécration du principe de l’effet direct...................................................................................................................67
2) Les critères d’application du principe de l’effet direct...............................................................................................68
B) Domaine de l’effet direct................................................................................................................................................68
1) L’effet direct variable des normes du droit de l’UE...................................................................................................68
2) L’effet direct discuté des directives de l’UE...............................................................................................................69
a) La consécration de l’effet direct des directives en droit de l’UE............................................................................69
b) La reconnaissance des directives en droit interne...................................................................................................69
§2. La distinction entre effet direct et invocabilité..................................................................................................................70
A) L’invocabilité de configuration......................................................................................................................................71
1) L’invocabilité d’interprétation conforme....................................................................................................................71
2) L’invocabilité d’exclusion..........................................................................................................................................71
B) L’invocabilité de réparation...........................................................................................................................................72
1) Principe de la responsabilité de l’État du fait de la violation du droit de l’UE...........................................................72
a) La responsabilité de l’État du fait d’un acte législatif ou règlementaire.................................................................72
b) Responsabilité de l’État du fait d’un acte juridictionnel.........................................................................................72
2) Régime de la responsabilité de l’État..........................................................................................................................73
a) Les règles européennes............................................................................................................................................73
b) Les règles nationales d’engagement de la responsabilité........................................................................................74
Chapitre 3: les droits fondamentaux dans l'UE...............................................................................................................................75
Section 1. L'affirmation des droits fondamentaux dans l'UE......................................................................................................75
§1. La consécration jurisprudentielle des droits fondamentaux..............................................................................................75
A) L'articulation des principes généraux du droit de l'UE avec les jurisprudences constitutionnelles nationales..............75
B) Articulation des PGDUE avec la CEDH........................................................................................................................76
§2. La consécration conventionnelle des droits fondamentaux...............................................................................................76
A) La reconnaissance progressive des droits fondamentaux dans les traités......................................................................76
B) La Charte des droits fondamentaux (CDFUE)...............................................................................................................77
1) La valeur juridique de la Charte..................................................................................................................................77
2) Le contenu de cette Charte..........................................................................................................................................77
§1. Le contenu de la Charte.....................................................................................................................................................78
A) Les droits et libertés garanties par la Charte..................................................................................................................78
B) La Charte contient des dispositions générales................................................................................................................78
Section 2. L'adhésion de l'UE à la Conv. EDH...........................................................................................................................79
§1. Une adhésion écartée par la CJCE.....................................................................................................................................79
§2. L'adhésion envisagée par le traité de Lisbonne.................................................................................................................80

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