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Representation de La Femme Égyptienne
Representation de La Femme Égyptienne
Nerval
Avant de faire son voyage vers l’orient, Nerval a montré de l'enthousiasme pour
les voyages et l'aventure en Europe : il avait déjà voyagé en Italie, en Belgique, en
Allemagne et en Autriche. De plus, cet écrivain-voyageur a souffert d'une crise de folie
en 1841, deux ans avant son départ vers l'Égypte, en raison de l'échec de sa relation
amoureuse avec l'actrice Jenny Colon. Cette crise a nécessité une hospitalisation.
Après son rétablissement, Nerval voulais montrer à tout le monde autour de lui qu'il a
raison. Dans une lettre adressée à son père le 25 décembre 1842, il justifie son voyage
vers l’Orient :
« L'hiver dernier (1841-1842), c'était triste, l'épuisement m'a cassé, l'ennui du peu que je
faisais me gagnait de plus en plus et le sentiment de ne pouvoir susciter la compassion qu'à la
suite de cette terrible maladie privaient moi-même du plaisir de la société. J'ai dû sortir de là par
une grande entreprise effaçant la mémoire de tout, et cela m'a donné aux yeux des gens une
nouvelle image personnelle. »
Comme la majorité des auteurs de son époque, Nerval s'attachait à l'Orient depuis
sa jeunesse. Il considère en fait que les régions orientales contiennent «les premières
traces de l'humanité ou du christianisme», qui représente à son tour un élément primordial
de la mission de Bonaparte en Égypte et la naissance de toutes les croyances du monde.
Jean Richter rappelle que l'idée religieuse fait un rôle fondamental dans le parcours de
Nerval : « Parmi les motifs profonds de son départ, il faut placer le désir de se libérer du
doute hérité du XVIIIe siècle et préférer son enseignement athée ». A partir de ce point-
là, Nerval ne se restreint pas à chercher uniquement une meilleure jeunesse, mais
également une nouvelle vérité. Compte tenu de sa curiosité à découvrir les religions,
Nerval voulait connaître également sa vraie origine. Ainsi, L'Égypte a été sa direction
préféré dans son parcours de l’Orient, et où il a déclaré : « [Ce pays], dur et pieux, est
toujours un pays d'énigmes. La beauté s'y entoure, comme par le passé […]. »
2) L’expérience de l’altérité
Le comportement des voyageurs français vis-à-vis l’autre culture est loin d'être
identique. Cependant, l'attitude de Nerval par rapport à l'autre se voit différente de celle
de ces prédécesseurs européens. Son comportement envers les Égyptiens est tolérant : «Je
trouve que ce pauvre peuple en Égypte en général est méprisé par les Européens».
Dans son histoire, il est clair que Nerval voulait s'intégrer aux peuples autochtones
en portant les mêmes vêtements et en essayant d'agir comme eux. A l’opposé d'autres
voyageurs qui gardent leurs coutumes et traditions européens habituelles. Ils «ne se
donnent pas le temps» de capturer la vie intime de la ville. Ils y passent très vite. Au
contraire, Nerval cherche à devenir citoyen de lui-même. La différence du voyageur
français réside donc dans son intégration dans la société égyptienne.
Venant à l'Orient, Nerval espère retrouver son identité au contact des autres. Il est
en quête d’une vérité et cherche à s’y intégrer malgré toutes les forces qui contraint son
chemin et qui menacent de changer son caractère. L'itinéraire comprend trois moments :
Nerval est d'abord et avant tout captivé par l'étrangeté, et la rencontre avec les autres
demeure un étonnement chez lui. Il se limite alors à réduire la distance entre celui-ci et la
recherche d'intégration avec l'autre. Mais loin de vouloir résoudre son identité dans un tel
processus, il veut au contraire en clarifier la nature profonde.
La fusion avec l'autre est idéale à Nerval, qui a une position de tolérance et
d'amitié envers la communauté musulmane. Contrairement à Volney ou Chateaubriand,
l'écriture de Nerval, est dans une sorte capable d’encourager la socialisation avec les
indigènes, de vivre avec eux et se conformer à leurs coutumes et traditions.
Sur la première page intitulée "Les femmes du Caire", Nerval recherche la femme
idéale en Orient, notamment en Egypte. Au cours de son adolescence, comme on a cité,
l’écrivain voyageur a vécu une grande histoire d'amour avec l’actrice Jenny Colon, cette
dernière qui s’est mariée ensuite à un fleuriste. En effet, il gardera ce genre de mémoire
jusqu'à sa mort, tant qu’il est le seul amour de sa vie. C'est la raison pour laquelle il a
toujours rêvé de trouver la femme parfaite même s'il savait déjà que sa première quête
avait déjà échoué.
« Je n'avais pas compris tout d'abord ce qu'a d'attrayant ce mystère dont s'enveloppe la plus
intéressante moitié du peuple d’Orient ; mais quelques jours ont suffi pour m'apprendre qu'une femme
qui se sent remarquée trouve généralement le moyen de se laisser voir, si elle est belle. Celles qui ne
le sont pas savent mieux maintenir leurs voiles, et l'on ne peut leur en vouloir. C'est bien là le pays
des rêves et des illusions ! La laideur est cachée comme un crime, et l'on peut toujours entrevoir
quelque chose de ce qui est forme, grâce, jeunesse et beauté. »
« —Vous pouvez, me disait-il, vous marier ici de quatre manières. La première, c'est d'épouser une
fille cophte devant le Turc. […] C'est un brave santon à qui vous donnez quelque argent, qui dit une
prière, vous assiste devant le cadi, et remplit les fonctions d'un prêtre: ces hommes-là sont saints dans
le pays, et tout ce qu'ils font est bien fait. Ils ne s'inquiètent pas de votre religion, si vous ne songez
pas à la leur; mais ce mariage-là n'est pas celui des filles très-honnêtes.
—Bon! Passons à un autre.
—Celui-là est un mariage sérieux. Vous êtes chrétien, et les Cophtes le sont aussi; il y a des prêtres
cophtes qui vous marieront, quoique schismatique, sous la condition de consigner un douaire à la
femme, pour le cas où vous divorceriez plus tard.
—C'est très-raisonnable […]
—Il y a encore une autre sorte de mariage pour les personnes très-scrupuleuses; ce sont les bonnes
familles. Vous êtes fiancé devant le prêtre cophte, il vous marie selon son rite, et ensuite vous ne
pouvez plus divorcer.
[…] —Celle-là, je ne vous conseille pas d'y penser. On vous marie deux fois: à l'église cophte et au
couvent des Franciscains.. […] »
Ce projet de mariage n’a pas pu être réalisé tant que le narrateur n'acceptait pas les
négociations de procuration en raison des coûts élevés du mariage en Égypte, chose qui le
poussait à penser d’acheter une esclave : « En calculant les coûts de plus longue résidence au
Caire et ceux que je peux encore faire dans d'autres villes, il est clair que j'atteins un objectif par
l'économie, mais par le mariage je ferais le contraire. En avançant ces réflexions, je dis à
Abdullah de m'emmener au marché des esclaves. »
Une autre illustration concernant la situation des femmes mérite d'être mentionné :
au moment que Gérard était sur le point de louer une maison, le chef voisin lui a demandé
soit de se marier ou de quitter la maison par l'intermédiaire du Drogman Abdallah. Tant
qu’il a était célibataire, il a menacé la sécurité de la femme de son voisin sous prétexte de
la jalousie et de la méfiance. En effet, selon les chefs de la région, il est de préférable que
les hommes épousent une femme ou, si la religion le permet, quelques-uns. Finalement, le
narrateur a demandé au chef d'attendre, moment de prendre des renseignements auprès
d'un ami français vivant au Caire. Il discute avec Soliman-Aga, un des personnages du
récit, qui affirme que selon les valeurs arabo-musulmanes, il n'existe de vie mixte entre
femmes et hommes qu'après le mariage parce que « la compagnie des femmes rend l'homme
avide, égoïste et cruel ; elle détruit la fraternité et la charité entre nous ; elle cause les querelles,
les injustices, et la tyrannie» tant qu’il n’existe pas une relation plus forte comme le
mariage. À la fin de leur discussion, Soliman-Aga lui proposa d'embrasser le
mahométisme ; une idée qui lui déplaît encore. Le narrateur nervalien préfère toujours
attendre afin de consulter l’avis de ses amis français.
Malgré les pressions exercées sur lui pour se marier, le narrateur nervalien a
refusé radicalement toutes les propositions. Ce sujet lui a poussé sérieusement alors de
chercher une alternative qui pourrait relâcher sa liberté, et réduira les coûts et les règles
appliquées. Il décida alors de se renoncer aux services de son drogman (Abdallah) ainsi
que de son cuisinier. Il va au marché des esclaves pour en acheter une et choisit une
Javanaise qu'il appela Zeynab dans son récit. Son aventure avec cette dernière est
imaginaire, mais elle est une figure et une projection de la réalité alternative souhaitée :
en effet, ce n'est pas Nerval, mais son compagnon de voyage, Josèphe de Fonfrède, qui l'a
achetée, comme l'affirme Jean-Marie Carré:
« Une chose est seulement certaine, c'est que Zeynab ne fut pas, comme il le dit […].
"Proie de M. de Fonfrède", c'est ainsi qu'il l'appella dans une lettre à Théophile Gautier que
nous avons plutôt lieu de consulter. C'est son compagnon, le jeune égyptologue, qui acheta la
fameuse esclave javanaise. Et pourtant c'est Nerval qui, pour lui faire un sort honnête en Syrie, la
remit plus tard entre les mains de Mme Carlès, la maîtresse de pension de Beyrouth. »
Dans cette histoire, l'expérience de cet esclave est une relation d'engagement
social, mais se conduit à l'échec dû au manque de communication et aux malentendus
ainsi qu'au choc culturel entre les deux personnages. De plus, Zeynab préférait être traitée
comme une femme avec une bonne position sociale, et non pas telle une bonne. Une fois
de plus, la relation de Nerval avec les femmes est un signe d'échec. Et ce dernier échec
relève cette fois-ci d’une incapacité à communiquer en raison des difficultés de la langue
et du langage.
Malgré la grande place que le narrateur accorde à son serviteur, la division entre eux se
poursuit. À cet égard, Nerval écrit : « J'ai senti qu'il valait mieux parler, même en veillant à
ne pas comprendre, que de se livrer à un geste stupide. [Le serviteur] a répondu quelques mots
qui pourraient signifier qu'ils n'avaient pas été compris, et j'ai répondu : Bien. »
En outre, l’auteur discute les questionnements du harem, qui, dit-il, « est un type
de monastère qui contrôle une règle très bornée. Il traite principalement l’éducation des
enfants, […] et de guider des esclaves dans les travaux ménagers. » Il se permet
également de corriger une idée largement répandue sur le Harem, et de représenter alors
la valeur de leur personnalité, tout en défendant l'image de la femme musulmane. Par ce
fait, le voyageur français, est a réussi de corriger des représentations préconçues sur le
Harem à travers ses lignes.
« Je n'avais pas compris tout d'abord ce qu'a d'attrayant ce mystère dont s'enveloppe la
plus intéressante moitié du peuple d’Orient ; mais quelques jours ont suffi pour m'apprendre
qu'une femme qui se sent remarquée trouve généralement le moyen de se laisser voir, si elle est
belle. Celles qui ne le sont pas savent mieux maintenir leurs voiles, et l'on ne peut leur en vouloir.
C'est bien là le pays des rêves et des illusions ! La laideur est cachée comme un crime, et l'on
peut toujours entrevoir quelque chose de ce qui est forme, grâce, jeunesse et beauté.»
Selon le voyageur français, les femmes esclaves sont bien traitées dans les pays
musulmans par rapport à celles en Amérique, à l'époque. Dans le monde islamique, ils
sont très attachés à leur maître car ils les considèrent comme des membres de la famille :
« […] chez mes femmes, ils [Les maîtres] sont traités comme les membres de mon pays, comme
une famille ; ma femme les fait manger avec eux. » D'un autre côté, les femmes esclaves ont
le droit d'être traités comme des femmes honnêtes et non comme des bonnes. Par
exemple, lorsque le narrateur demande à Zeynab de nettoyer la salle, cette dernière refuse
en déclarant qu'elle a "le droit de se revendre et donc de changer de maître ; qu'elle est de
religion musulmane, et qu'elle ne cèdera jamais pour occuper des emplois méprisables. ".
De plus, les esclaves jouissaient de plus de privilèges que les paysannes. À cet égard,
Nerval écrit :
Cela indique que les esclaves dans les pays islamiques et surtout à l’Egypte ne sont pas
insultants, comme le croient quelques voyageurs européens.
4-iii) Nerval et la représentation du voile et des limites des femmes égyptiennes
Dans ce contexte, on peut ajouter que le voile dans certains passages ne constitue
pas un obstacle fondamental à la liberté des femmes égyptiennes. En effet, elles sont
placées sur un pied d'égalité avec les femmes européennes. Selon les voyageurs français,
ils sont libres de sortir, même sous certaines conditions :
« D'ailleurs, n'est-il pas encourageant de voir qu'en des pays où les femmes passent pour
être prisonnières, les bazars, les rues et les jardins nous les présentent par milliers, marchant
seules à l'aventure, ou deux ensemble, ou accompagnées d'un enfant? Réellement, les
Européennes n'ont pas autant de liberté : les femmes de distinction sortent, il est vrai, juchées sur
des ânes et dans une position inaccessible ; mais, chez nous, les femmes du même rang ne sortent
guère qu'en voiture. Reste le voile ... qui, peut-être, n'établit pas une barrière aussi farouche que
l'on croit.»
En avançant les rapports entre hommes et femmes en Egypte, Nerval veut corriger
un certain nombre de préjugés admises par d’autres voyageurs européens envers la
société musulmane. Selon lui, les valeurs islamiques contrôlent les relations entre
hommes et femmes dans ces pays, ce qui montre que la religion est au maintien du
système social et moral. Par ailleurs, Nerval note qu'en Égypte, les paysans ainsi que les
jeunes filles collaborent aux travaux de terrain côte à côte aux hommes :
« Cette transformation annuelle d'une place publique en lac d'agrément n'empêche pas
qu'on n'y trace des jardins et qu'on n'y creuse des canaux dans les temps ordinaires. Je vis là un
grand nombre de fellahs qui travaillaient à une tranchée; les hommes piochaient la terre, et les
femmes en emportaient de lourdes charges dans des couffes de paille de riz. Parmi ces dernières,
il y avait plusieurs jeunes filles, les unes en chemise bleue, et celles de moins de huit ans
entièrement nues, comme on les voit du reste dans les villages aux bords du Nil.»
Nerval prouve dans ces passages que les femmes égyptiennes jouent un rôle très
important au secteur agricole, malgré les circonstances difficiles qu'elles traversent. En
fait, elles représentent le soutien de leurs maris dans les champs et participent également à
la vente des produits agricoles. Les femmes égyptiennes conservent par cet effet un style
exceptionnel pour Nerval ; il demeure captivé par leurs scènes impressionnantes ainsi que
par leur participation active. Cependant, le voyageur français ne discute pas le rôle des
femmes égyptiennes dans la vie culturelle, comme ce que la femme française ou
européenne fait aux domaines commerciaux, culturels, ou artistiques. Mais, de retour
dans son pays d'origine, le voyageur égyptien exigera le droit des femmes à travailler non
seulement dans l'agriculture, mais aussi dans d'autres domaines scientifiques, culturels et
littéraires, cela s’il montre une chose il ne fera que renverser l’effet de son vécu et son
concept de libérer encore la femme en générale.
4-iv) L’échec de Nerval vis-à-vis la femme égyptienne et la quête continue de la femme idéale
Selon Claude Pichois, «Ces Isis sont définitivement très différentes de ceux
connus des égyptologues actuels. » De plus, dans Voyage en Orient, Isis représente la
déesse du soleil et de la lune dans l'Égypte ancienne, elle est la divine mère des
Egyptiens. Par ce biais, les chrétiens du pays se sont inspirés de sa statue. Elle est adorée
non seulement par les Égyptiens, mais également par les Romains et les Ptoléméens.