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Travail réalisé par 

:
EL MARJANI El Mokhtar
S1 TR AR-FR-ANG

Commentaire Composé
« Désert »
(Jean-Marie Gustave Le Clézio)

La ville est une notion distinctement romanesque depuis le boom urbain du XIXe siècle,
c'est le cadre de romans réalistes et naturalistes pendant la révolution industrielle, mais c'est
aussi dans les romans du XXe siècle pour son côté tentaculaire et effrayant.
Dans son roman fictif Désert, Le Clézio oppose deux milieux : le milieu naturel du désert
marocain où est née Lalla, l'héroïne, et la ville de Marseille où la jeune fille doit se réfugier et
que le lecteur découvre à travers les yeux de Lalla en errance. En effet, dans cet extrait
l’auteur relate un paradoxe où le désert est étranger à l’homme, pourtant les hommes bleus
(Les Touaregs) en ont fait leur monde.
Comment alors l'auteur représente-t-il ce mouvement perpétuel et mêle-t-il la description
extérieure du cadre et l’étrangeté des lieux ? Quelles idées révélatrices dégagés permettant au
lecteur de s'imaginer ce lieu hostile et en rendant compte, à travers cette description, des
sentiments de malaise ou de liberté ?

La description met le lecteur « en condition » en précisant le cadre spatiotemporel de


l'énigme à travers une progression étudiée, dépendante en grande partie du personnage et de
l’espace.
L'impression d'espace est donnée par une vue globale sur « les pistes » (repris plus loin par «.
Les hommes bleus avançaient sur la piste invisible, vers Smara»), le dilemme de l’espace face
à l’humain agrandit les perspectives, et le gros plan qui progresse en zoom sur des espaces
spécifiques infinies : « Mais c’était une route qui n'avait pas de fin, car elle était plus longue
que la vie humaine » , et l’étrangeté de l’homme qui ne cesse de se reproduire : « Les
hommes, les femmes vivaient ainsi, en marchant, sans trouver de repos. Ils mouraient un jour,
surpris par la lumière du soleil, frappés par une balle ennemie », « Les hommes bleus ». On
déduit par ce biais la perspective comparative de l’auteur à travers l’absence de vie humaine :
«Les pieds nus des femmes et des enfants se posaient sur le sable, laissant une trace légère
que le vent effaçait aussitôt »/« Dès la première minute de leur vie, les hommes appartenaient
à l'étendue sans limites, au sable, aux chardons, aux serpents, aux rats, au vent surtout, car
c'était leur véritable famille »), mais aussi l’infinité de l’espace qui appartient à un monde
étrange.
Puis l'auteur effectue un « balayage » de l’élément humain dans la ville, toujours en zoomant
sur le terme : « hommes » afin de représenter une source de vie sur un espace étranger mais
qui représente une source de liberté comme cité « libres comme nul être au monde ne pouvait
l’être », ceci met en évidence la joie des hommes demeurant à ce lieu en comparaison à autre.
Tous ces critères révélateurs annoncent le déclenchement d’un paradoxe et une vie mis à part
exceptionnelle.
En effet, tous ces éléments sont mentionnés au pluriel, qui n'individualise pas le lieu, mais
agrandit l'espace et donne une impression de multiplicité.

Le lecteur découvre la ville de façon dynamique. En effet, La progression est liée aux
mouvements et déplacements des hommes et des femmes, fil conducteur : Les hommes sont le
sujet de nombreux verbes de mouvement (« venaient de l’est », « vivaient en marchant », «
avançaient dans la piste… »).
Ce passage descriptive qui s’allonge tout au long de l’extrait suit une continuité dans les
mouvements, souvent dans l’imparfait qui met souvent l’accent sur l’habitude et le mode de
vie des hommes à bord de cet espace fictif : « Les hommes, les femmes vivaient ainsi, en
marchant, sans trouver de repos Ils mouraient un jour, surpris par la lumière du soleil »,
« Dès la première minute de leur vie, les hommes appartenaient à l'étendue sans limites »
Cette pause permet le passage à un autre fil conducteur, celui la vie extra-terrestre que vit
l’homme à bord de cette ville fictif (champ lexical du désert : « faim », « soif », « sable »)
Cela vient en parallèle du champs lexical de la mort : « mourir sur le sable », « sa propre
mort » , le champs lexical de l’infini : « sans fin de la vie », « plus longue que la vie
humaine » , ainsi que le champ lexical de l’étrange : « qu’on ne pouvait connaître » , « sans
ombre » , « piste invisible ». Tous ces champs lexicaux mettent le point sur la comparaison
profonde du désert à la vie que mène l’homme à bord. Les indications spatiales précisent alors
où se dirige la vie extra-terrestre (« sur la piste », « au loin.. » et concrétisent l’idée du
comment vit l’homme sur ce monde.
La pause (comme un arrêt sur image) permet aussi à la description de se faire rêverie poétique
: Les mirages sont comparés à « l’homme » vivant dans ce monde (ouverture sur une
comparaison plus large) ; l'auteur mentionne la faim et la soif, pistes infinies et l’homme
marchait sans arrêt  soif infini, pistes infinies… et pourtant il est libre ce qui signifie
l’exceptionnalité du lieu.
On conclut que cette description a une double fonction : mettre le lecteur en situation, lui
faire imaginer les lieux, mais aussi le faire entrer dans l'univers du personnage.
Ainsi, le milieu et le personnage sont indissociablement liés. La description n'est donc pas «
inutile » dans un roman mais révélatrice. Alors à quelle profondeur pourrait la description
comparée rapporté des idées concrètes sur les personnages et les lieux dans les textes
littéraires ?

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