édités par
Olivier B o u l n o is
Elizabeth K a r g e r
Jean-Luc S o l e r e
Gérard S o n d a g
BREPOLS
; :•
Le colloque «D uns Scot à Paris, 1302-2002» (2-4 septembre 2002) a
com m ém oré le sept centièm e anniversaire de l ’arrivée, à l ’Université de
Paris, de Jean Duns Scot, l’une des rares dates connues dans la vie du plus
grand philosophe et théologien du tournant des X IIIe et XIVe siècles. Il a
perm is de faire le point des dernières découvertes historiques et philolo
giques, et de donner un état des recherches scotistes en cours, qui ont connu
un essor rapide et même inattendu ces dernières années. Après une intro
duction de caractère historique ( ‘Paris, 1302’), l ’on trouvera dans ce volume
une succession d ’études portant sur la logique, l ’épistémologie et la séman
tique (2e partie), la m étaphysique (3e partie), l ’éthique et la psychologie
(4e partie), la théologie (5e partie). L a sixième partie enfin ( ‘Paris 2002’)
com pare les contributions de D uns Scot aux réflexions contem poraines
(sur le temps, autrui, le langage). Cet volume est un instantané des travaux
les plus récents : à la fois un bilan des connaissances sur la fin du X IIIe
siècle, une série d ’interprétations originales et une somme d ’analyses phi
losophiques.
ISBN 2-503-51810-9
9782503518107
9 7 8 2 5 0 3 518107"
Fédération Internationale des Instituts d ’Études Médiévales
TEXTES ET ÉTUDES DU MOYEN ÂGE, 26
BREPOLS
2004
FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES INSTITUTS
D’ÉTUDES MÉDIÉVALES
Présidents honoraires :
L. E. BOYLE (I) (Biblioteca Apostolica Vaticana e Commissio Leonina,
1987-1999)
L. HOLTZ (Institut de Recherche et d ’Histoire des Textes, Paris, 1999-
2003)
Président :
J. HAMESSE (Institut Supérieur de Philosophie, Louvain-la-Neuve)
Vice-Président :
O. MERISALO (University o f Jyvälskylä)
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Ch. BURNETT (The W arburg Institute, London)
M. C. PACHECO (Universidade do Porto, Gabinete de Filosofía Medieval,
Porto)
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America)
Secrétaire :
J. MEIRINHOS (Universidade do Porto)
Trésorier :
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Fédération Internationale des Instituts d ’Études Médiévales
TEXTES ET ÉTUDES DU MOYEN ÂGE, 26
É dités p ar
Olivier Boulnois
Elizabeth Karger
Jean-Luc Solére
Gérard Sondag
BREPOLS
2004
© 2004, Brepols Publishers n.v., Turnhout,
Belgium
All rights reserved. No part o f this publication
may be reproduced stored in a retrieval
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permission o f the publisher.
D/2004/0095/155
ISBN 2-503-51810-9
Printed in the E. U. on acid-free paper
TABLE DES MATIÈRES
Introduction............................................................................................. ix
I - P a r is , 1302
Sur la signification du terme forte dans le latin de Jean Duns Scot ..151
Jacques Chollet - Gérard Sondag
III - MÉTAPHYSIQUE
Substance, Accident, and Inherence. Scotus and the Paris Debate on the
Metaphysics of the Eucharist ..............................................................273
Giorgio Pini
IV - PSYCHOLOGIE ET ÉTHIQUE
Le lien entre la prudence et les vertus morales chez Duns S cot....... 469
Jean-Michel Counet
V - THÉOLOGIE
V I - PARIS, 2002
In d e x
Index scotisticum...................................................................................665
Index manuscriptorum...........................................................................675
Les Actes que nous publions ici sont ceux du colloque « Duns Scot
à Paris, 1302-2002 », qui s’est tenu du 2 au 4 septembre 2002 à l’Ecole
Pratique des Hautes Etudes, puis à l’Université de Paris IV-Sorbonne,
enfin à l’Institut Catholique de Paris. En organisant ce colloque, nous
poursuivions trois objectifs. En premier lieu, commémorer le sept
centième anniversaire de l’arrivée de Duns Scot à l’université de Paris,
où il devait poursuivre son œuvre commencée à Oxford, acquérir le
grade de maître en théologie, puis devenir maître régent pour un an,
avant de repartir définitivement en 1307 : ces six années d’activité en
France, en dépit d’une interruption forcée d’un an, expliquent pourquoi
Ernest Renan fit entrer Duns Scot dans son Histoire littéraire de la
France, pâme en 1869. En second lieu, faire le point des recherches
scotistes, qui ont connu un essor rapide et même inattendu ces dernières
années. Contribuer enfin au développement général des études de phi
losophie médiévale dans notre pays. Si les deux premiers de ces
objectifs ont été atteints par la seule réalisation du colloque, il est
évidemment plus hasardeux de se prononcer dès maintenant pour le
troisième. C’est que, comme l’observe Duns Scot, d’une libre initiative
ne suivent pas des conséquences nécessaires.
Avant de présenter le contenu de ce volume, il nous faut tout
d’abord nous acquitter de l’agréable tâche des remerciements, sans
formalité aucune mais avec une sincère reconnaissance. Soit pour
l’accueil amical qu’elles ont réservé aux conférenciers et leurs débats,
soit pour leur généreux soutien financier ou matériel, soit enfin parce
qu’elles ont procuré l’un et l’autre à la fois, nous exprimons chaleureu
sement notre gratitude aux institutions suivantes : le Haut Comité aux
Célébrations Nationales (Direction des Archives de France), le Centre
National de la Recherche Scientifique et le Groupement de Recherches
2522 « Philosophie de la connaissance et philosophie de la nature au
Moyen Age », l’Institut Catholique de Paris (Faculté de philosophie,
Laboratoire de philosophie patristique et médiévale), l’Université de
Paris IV-Sorbonne en la personne de M. R. Imbach (Centre Pierre
Abélard), l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (Section des Sciences
Religieuses), le couvent dominicain Saint-Jacques. La composition de
ces Actes a été réalisée au Centre d’Etudes des Religions du Livre
(UMR 8584 EPHE/CNRS) par Mme Dominique François, que nous
X INTRODUCTION
I. PARIS, 1302
IL T h é o r ie d e l ’e s p r i t , é p is t é m o l o g ie , s é m a n t iq u e
ni. M é t a p h y s iq u e
Ludger Honnefelder souligne le fait que « ce n’est pas la méta
physique de Thomas qui marque le point de départ de la métaphysique
des Temps Modernes et détermine sa forme mais, de Suárez et Wolff
jusqu’à Kant, l’approche de la métaphysique choisie par Scot déploie
son potentiel ». Pour le prouver, il expose le concept de la métaphy
sique comme « science transcendantale », qui se répand et communique
après Duns Scot. Il rejette ensuite le reproche de « théologisme »
qu’Étienne Gilson faisait au Docteur Subtil, parce que cet interprète
attribuait à Duns Scot ime conception de la métaphysique qui n’est pas
la sienne. Elle reflète en réalité F« augustinisme avicennisant » des
philosophi du Prologue de 1'Ordinatio (Texpression est de Camille
Bérubé), c’est-à-dire ce que l’on appellera plus tard « onto-théologie ».
Le reproche d’« essentialisme » est rejeté à son tour : Yens n’est ni une
quiddité ni une forme ou essence comparable à la natura d’Avicenne.
terminal, celui d’une histoire « avec laquelle il faut régler ses comptes,
par procuration, à travers la médiation essentielle d’Henri de Gand ».
L’étude signée d’Olivier Boulnois prend son départ dans une
comparaison que Duns Scot établit au livre I de la Lectura entre la terre
« centre pour les corps » et Dieu « centre pour les esprits » - avec des
accents pré-pascaliens. En substituant le théocentrisme au géocen
trisme, Duns Scot « inaugure une rupture radicale avec la détermination
cosmologique de l’humanité que l’on trouvait chez ses prédécesseurs
gréco-arabes et scolastiques latins ». C’est à la métaphysique qu’in
combe dorénavant la preuve rationnelle de Dieu. Cette science n ’a pas
pour vocation de considérer « ce qui est au-delà de la physique ». En
effet si, conformément à la signification originelle de ce mot, l’on
entend par là l’être tout entier, il n ’y a rien au-delà de la physique.
L’objet propre de la métaphysique est l’être en tant qu’être. Ce sont
aussi et surtout les « passions transcendantales ». A partir des passions
transcendantes convertibles de l’être (telles que l’un, le vrai et le bien)
et des passions disjointes (comme fini/infini, créé/incréé, etc.), le
métaphysicien remonte par voie inductive vers le Premier Principe de
toutes choses. La voie métaphysique est par conséquent toute différente
de la voie cosmologique, plus naturelle sans doute mais peut-être naïve,
qui croit pouvoir aller directement du monde à Dieu.
Bien que la contribution de Timothy B. Noone porte sur les Quaes
tiones super libros De anima, elle relève bien de la métaphysique car
elle examine avec une attention particulière la 21e question, qui porte
sur l’univocité du concept de Yens quand il se dit de la substance et de
l’accident. T. Noone relève que les principaux arguments en faveur de
l’univocité utilisé par Duns Scot dans ses écrits théologiques sont em
ployés ici, ce qui lui permet de plaider en faveur de l’authenticité de ces
Quaestiones, qui est depuis longtemps controversée.
C’est également au rapport entre substance et accident que se
consacre Giorgio Pini, dans le cadre particulier de la transsubstantia
tion, qui à la fois trouve sa meilleure expression à travers l’ontologie
aristotélicienne et y rencontre sa principale difficulté. Pour partie, la
position de Duns Scot n’est pas très éloignée du principe de celle de
Thomas d’Aquin, puisqu’elle repose elle aussi sur la possibilité de
l’existence séparée des accidents. Mais, dans la version la plus élaborée
de sa pensée, qu’il développe à Paris, Scot ne considère pas l’eucharis
tie comme une exception à laquelle il faut accommoder une ontologie
construite indépendamment d’elle, mais au contraire comme un aperçu
XVI INTRODUCTION
profond sur la façon dont les choses sont en réalité, et non telles
qu’elles apparaissent dans l’ordre contingent dont nous avons ordinai
rement l’expérience : en particulier, il s’avère qu’un accident est en lui-
même une essence absolue, indépendamment du fait qu’il inhère ou
non dans ime substance.
IV . É t h iq u e e t p s y c h o l o g ie
lition ne revient pas la dichotomie sans reste raison / liberté que posait
Henri. Ce que Duns Scot conceptualise maintenant, ce n ’est pas l’arbi
traire des volontaristes, mais le libre-arbitre. Il occupe alors cette « po
sition intermédiaire » entre intellectualisme et volontarisme, qu’il
cherchait dès le début. Dans la mesure où le libre-arbitre enveloppe à la
fois l’intellect et la volonté optative, il est exact de dire qu’il est cause
totale de son acte. L’on assiste ici à une étape importante dans l’histoire
de la notion de responsabilité.
Thomas d’Aquin sont encore de cet avis, du moins s’il s’agit de la vertu
accomplie. L’auteur en donne la raison, qui est la mystique de l’unité.
Afin que l’homme soit un, il faut qu’il réunisse en lui toutes les vertus
sans exception. Plus empirique, Duns Scot observe que celui qui de
vient courageux par des actes répétés de courage ne devient pas propor
tionnellement tempérant, et vice versa. Mais surtout, cause particulière
de l’action morale, la disposition acquise détermine la cause universel
le, qui est la volonté, et la particularise inévitablement. En outre, la pru
dence est pour Duns Scot un habitus de l’intellect pratique, non de la
volonté. Elle peut être engendrée dans l’intellect par la répétition
d’actes prudentiels sans qu’un habitus moral, de justice ou de force par
exemple, le soit nécessairement dans la volonté. Enfin, la volonté ne
suit pas toujours le dictamen de la raison droite. Faut-il voir pour finir
en Duns Scot un adversaire de l’unité ? Non, car à ses yeux toutes les
fins que l’homme peut se proposer sont subordonnées à la charité et en
dépendent, si ses actions doivent être non seulement bonnes mais aussi
méritoires, c’est-à-dire capables de gagner à l’homme la vie étemelle.
Etudier la question de Yakrasia chez Duns Scot est d’autant plus
difficile que le correspondant latin du mot grec, à savoir incontinentia,
ne figure pas une seule fois dans les écrits du docteur (l’on trouve ce
pendant infirmitas, impotentia). Tobias Hoffmann en donne la raison
essentielle. Dans une éthique de type aristotélicien, où la volonté (qui
n ’est pas encore clairement distinguée du désir naturel) est une faculté
d’exécution, si les conclusions pratiques de l’intellect ne sont pas
suivies d’effet (sachant que celui-ci choisit toujours ce qu’il y a de plus
excellent pour lui-même, selon Aristote), c’est à la faiblesse de la vo
lonté qu’il faudra l’attribuer. Au contraire, dans une éthique de type
scotiste, où la volonté est cause principale, voire cause totale de son
acte (sur cette hésitation, voir l’analyse de M. B. Ingham), la nolition,
c’est-à-dire le fait de ne pas vouloir ceci ou cela, est un acte positif. Ce
n’est donc pas une volition faible ou une volition en négatif. D ’un autre
côté, Scot ne peut pas ignorer que l’acte de vouloir a une intensité va
riable et des degrés inégaux, puisqu’il peut être résolu ou réticent, fort
ou faible. Il y a donc place pour la velléité, qui n’est pas autre chose
qu’une volonté amoindrie ou acratique. L’on pourrait évidemment met
tre toutes les conduites défectueuses au compte des passions et de la
force des passions. Mais cette explication, qui satisfait le psychologue,
est trop courte pour le moraliste. Pour ce dernier, les passions ne sont
pas imputables sans le consentement de la volonté. Il s’avère alors que
l’acrasie n’est pas tant une impuissance à vouloir qu’une mauvaise vo
XX INTRODUCTION
lonté (ce qui n’est pas la même chose qu’une volonté mauvaise). Quand
elle ne veut pas ce que l’entendement l’incite à vouloir, la volonté
rebelle a recours à des subterfuges de son invention : soit elle détourne
l’attention de l’esprit, visant à l’endormir; soit elle l’égare en suscitant
en lui des raisonnements sophistiques d’auto-persuasion et tromperie.
V . T h é o l o g ie
T it r e s l e s p l u s c o u r a n t s :
AUTRES ABRÉVIATIONS :
BA Bibliothèque Augustinienne
00 Opera omnia
I. INTRODUCTION
As in the case of Socrates and Jesus, the idea once put forward that
this John would never have existed, does not exist any more, although
Allan Wolter could rightly point out, in the wake of Ernest Renan, how
little biographical material is still available in the case of Duns Scotus.1
We know he was bom in Scotland, studied for years in Oxford and
sailed for France at the beginning of the fourteenth century, but why
did he sail for France? In order to study and teach in Paris, but what did
he look for in Paris?
Dordrecht, by then the major city of the Northem-Netherlands,
numbered a bit more than 5.000 inhabitants and Oxford some thou
sands more,2 while a population of about 25.000 persons inhabited
Rome - in sharp contrast to the half a million during her ancient
prosperity, but Paris numbered more than 100.000 inhabitants,
including over 20.000 students at the University of Europe, but I have
to concede that many Parisian mothers were not amused. Coming from
Oxford, intimate as it was, John Duns, soon sumamed Scotus, must
have felt impressed in the scholarly capital of Europe. John Duns was
II. PARIS
From the 1250s until the end of the 1320s, the Franciscan Minister
General was usually a former Parisian master of divinity. This acade
mic tradition of the Order’s leadership had started with the glorious
example of Bonaventure while several Ministers General before Bona-
venture had already been familiar with theological teaching. With
Roest, we may relegate the alleged anti-rational origins of the Francis
cans to the realm of fantasy.3 The triangle of the Cardinal Protector, the
Minister General and the Parisian Master of Theology formed the
power center with the Franciscans. Matthew of Acquasparta, John
Minio of Morrovalle - both former masters of divinity, both Cardinal
Protector on the Franciscan side, linked by Matthew Rubei, advising
the Pope and looking after the interests of the movement - and
Gonsalvo of Spain, the future minister general, must have paid
attention to the case of John Duns over the years. In the spring of 1301,
Iohannes Duns had satisfied almost all requirements for becoming a
magister at Oxford. Nothing stood in his way to incept except the
glorious plans the leadership of the Order had for Dims ahead by
sending him to the more prestigious university at Paris, Europe’s alma
4 Now I side with Courtenay that the hypothesis of a great number of bachelors
waiting for inception is a speculative one. In A. VOS - H. VELDHUIS - A. H.
LOOMAN-GRAASKAMP - E. DEKKER - N. W. DEN BOK, Johannes Duns Scotus.
Contingentie en vrijheid. Lectura I 39, Zoetermeer, Boekencentrum, 1992, pp. 14 ff,
and ID., John Duns Scotus. Contingency and Freedom. Lectura I 39, Dordrecht-
Boston, Kluwer, 1994, p. 6, we still adopted spontaneously the view of Brampton and
Wolter. See W. J. COURTENAY, « Scotus at Paris », in Via Scoti methodologica ad
mentem Joannis Duns Scoti, ed. L. Sileo, Rome, PAA-Ed. Antonianum, 1995, vol. I,
p. 152 (pp. 149-163).
5 See H. DEMELE - Fr. EHRLE, Archiv fü r Litteratur-und Kirchengeschichte des
Mittelalters VI, Berlin, 1892, p. 107: «De fratribus lecturis sententias et ad
magisterium praesentandis Parisius, minister provideat generalis » ; cf. DENIFLE -
EHRLE, Archiv, p. 55.
6 ANTONIE VOS
reading the Sentences twice. I agree with Wolter that it was a definite
honor for Duns to be sent to the more prestigious university, but to go
on for another series of years of acting as a bachelor is no small thing
and it complicated Duns’ career. However, Duns Scotus would spend
almost five years in Paris, altogether years extremely important for the
future impact of his work.
Duns probably enrolled at Paris in the Indian summer of 1301 (see
§ III). By 1298, there were about 140 Franciscans living in the Great
Convent of the Cordeliers.6 Since the days of Alexander of Hales
(f 1245), the role of the Franciscans within theology had changed.7 The
Friars Minor had already arrived at Paris in 1219, just two years after
the Dominicans had done so, and even as early as 1217 has been
assumed.8 In 1223 the Franciscans received full confirmation from
Honorius III (1216-1227) and in 1228 there were thirty Friars living on
grounds of the Benedictines of St. Denis, preaching and saving souls.
« Already in 1230, they received episcopal permission to start with a
new building program, now on a new site intra muros received from
the Abbey of Saint-Germain-des-Prés »,9 which itself was outside the
city, like Saint Victor.10 Their site, near the university quarter, was
enlarged in 1240 and the Grand Couvent des Cordeliers was built. The
church was consecrated in 1263 and became one of the academic
churches for preaching university sermons. Eventually, the street of
their convent was renamed Rue des Cordeliers, intersecting the Rue de
Saint Jacques at the Dominican Priory of Saint-Jacques.11 Both the
street and the gate of Saint Jacques owed their name to the many
pilgrims on their way to Compostella in Spanish Galicia.
10 At the beginning of the French Revolution, the Grand Couvent was suppressed.
The Church was destroyed in 1795 and the friary itself in 1877. Only the Réfectoire
has survived. A simple restoration is now going on.
11 See WEISHEIPL, Friar Thomas d ‘Aquino, pp. 64 f. Now, there is a plaquette at
the comer of Rue Soufflot and Rue Toullier (very near to Rue Saint Jacques) which
indicates the site of the former Dominican friary : « Emplacement du Couvent des
Jacobins 1217-1790».
12 See A. VOS, Studies in John Duns Scotus ’ Philosophy (DPMI), forthcoming,
§ 2.2.2. Cf. ID., Johannes Duns Scotus, Leiden, Groen, 1994 (Kerkhistorische
monografieën, 2), pp. 31-33.
8 ANTONIE VOS
enrolled there, because he had already become familiar with the text of
the Bible.1314
The arguments concerning dating the Collationes Parisienses are
stronger than this issue. In 1300 Duns had decided to compose a new
large-scale Sententiae Book, not only to improve on his Lectura.
During the summer of 1300 he was busy of revising the Prologue of his
Ordinatio.14 So, the terminus a quo of the period we have to get a better
grasp of is the summer of 1300. The size of Reportatio Parisiensis I
and of Reportatio Parisiensis IV leaves little doubt that the terminus ad
quern is the summer of 1302, but what point of Ordinatio I might he
have arrived at when he moved on to Paris? Thus, two questions arise:
first, what has John Duns achieved between the indicated terminus a
quo and terminus ad quern, and, second, what point might he have
arrived at in composing Ordinatio I?
Two communications found in Ordinatio I 5 and in Ordinatio 110,
respectively, are most revealing. There is a research note belonging to
Ordinatio I 5,118 which contains the phrase « in Collationibus
Oxoniensibus 1 ».15 It must have been added in Paris, for it does not
make any sense to write down « in Collationibus Oxoniensibus » in
Oxford. The huge collection of the Collationes Oxonienses is later than
Ordinatio I 5 and for this reason I place the Collationes Oxonienses in
the first half of 1301. The main text of Ordinatio I 10,36 advises to
IV . M e i s t e r E c k e h a r t a n d M a e s t r o G o n s a l v o
25 A. B. WOLTER, « Duns Scotus at Oxford », in Via Scoti, op. cit., voi. I, p. 185.
The Klibansky reference concerns R. KLIBANSKY, Commentarium de Eckardi
magisterio. Magistri Eckardi Opera Latina XIII, Leipzig, 1936, pp. XXX-XXXIH. See
also O. Boulnois’s prudent verdict in his excellent Duns Scot. La rigueur de la
charité, Paris, Cerf, 1998 (Initiations au Moyen Âge), p. 8.
26 E.-H. WÉBER, « Eckhart et l’ontothéologisme : histoire et conditions d’une
rupture », in Maître Eckhart à Paris. Une critique médiévale de l ’ontothéologie.
Etudes, textes et introductions, eds. E. Zum Brunn - Z. Kaluza - A. de Libera, Paris,
PUF, 1984 (Bibliothèque de l’Ecole des Hautes Etudes. Sciences Religieuses, 86), pp.
13-83. See also A. DE LIBERA, « Les Raisons d’Eckhart », ibid., pp. 109-140, and P.
VIGNAUX, « Pour situer dans l’école une question d’Eckhart », ibid., pp. 141-154.
27 Compare, e.g., Balliol College, Codex 205, ff. 1-185 and Codex 206, ff. 143-
269, respectively.
DUNS SCOTUS AT PARIS 13
V. 1303-1304
Duns Scotus did not spend the academic year 1303-1304 in Paris. I
offer two hypotheses: he spent the second half of 1303 in Oxford, his
home studium, where he wrote his Lectura Oxoniensis HI, his first
commentary on Sententiae III - this doublure text offers a complete
version - , and he spent the first half of 1304 in Cambridge, producing
his Lectura Cantabrigiensis I. Fortunately, he was able to return to
Paris in the summer of 1304.29
28 In terms of his thought, the thesis that God is essentially only knowledge is
incompatible with Trinitarian theology. Duns was eager to analyze this central topic.
29 See DPhil § 2.3: « Oxford : again at home and baccalaureus sententiarius at
Cambridge » and § 2.4 : « Baccalaureus at Paris II : 1304-1306 ».
14 ANTONIE VOS
V I. T h e d a t e o f D u n s S c o t u s ’ f o r m e d b a c c a l a u r e a t e
30 On Paris and Oxford graduation procedures, see G. LEFF, Paris and Oxford
Universities in the Thirteenth and Fourteenth Centuries. An Institutional and Intellec
tual History, New York, John Wiley & Sons, 1968, pp. 168 ff., on Bologna
procedures, see ROEST, A History o f Franciscan Education, op. cit., pp. 108-115.
DUNS SCOTUS AT PARIS 15
V II. G o d f r e y o f F o n t a in e s a n d D u n s S c o t u s
31 Pelster’s thesis implies dating the disputatio in aula in the early autumn of
1304, but his mistaken interpretation of the royal list does not endanger his
identification of the actors of the disputatio in aula.
32 See DPMI § 2.2.
16 ANTONIE VOS
VTIL D u n s S c o t u s ’ Q u o d l ib e t
In 1306 Duns Scotus must also have crossed swords with the
Dominican master Godin on individuation against the thesis that matter
IX . F in a l c o n s id e r a t io n s
Utrecht University
Dordrecht (Netherlands)
1 Voir en dernier lieu, JOHN DUNS SCOTUS, Political and Economie Philosophy,
ed. and transi, with an introduction by A. B. Wolter, St. Bonaventure (N.Y.),
Franciscan Institute, 2000 et l’analyse de R. LAMBERTINI, « Aspetti etico-politici del
pensiero di Duns Scoto », in Etica e persona. Giovanni Duns Scoto e suggestioni nel
moderno, Bologne, Edizione Francescane, 1994, pp. 35-86, repris in ID., La povertà
pensata. Evoluzione storica della definizione dell’identità minoritica da Bonaventura
ad Ockham, Modène, Mucchi Editore, 2000, pp. 111-139. Nous considérons par
22 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
ailleurs qu’il n’existe aucun motif valable de tenir le traité De perfectione statuum
pour une œuvre authentique de Duns Scot.
2 La plus récente édition de l’acte d’accusation figure in Boniface V ili en procès.
Articles d ’accusation et déposition des témoins (1303-1311), éd. critique, introduction
et notes par J. Coste, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1995, pp. 140-173.
DUNS SCOT ET LA POLITIQUE 23
cain s’exprime le plus clairement à ce propos, dans des termes que l’on
peut lire comme ceux d’une approbation de l’action d’Edouard Ier.
I. L a q u e s t io n d u b a p t ê m e f o r c é d e s e n f a n t s j u if s
1. D e s d é c r é t i s t e s à T h o m a s D’A q u in
Comme l’a montré en détail Gilbert Dahan dans les pages qu’il a
consacrées à cette question10, les premières discussions autour du
baptême forcé des enfants juifs ont été formulées par les canonistes, à
l’occasion de commentaires de textes d’époque wisigothique insérés
dans le Décret de Gratien. Le canon 61 du concile de Tolède IV (633)
stipulait que les enfants juifs, pour n’être pas davantage entraînés dans
les erreurs de leurs parents, devaient leur être enlevés pour être confiés
à un monastère ou à une famille chrétienne, où ils seraient élevés dans
le culte chrétien11. Le précédent wisigoth, on le verra, a une certaine
importance dans l’argumentation de Duns Scot. Mais pour leur part, les
décrétistes, à l’instar d’Huguccio à la fin des années 1180 ou de Jean le
Teutonique vers 1216, avaient donné de ce canon une interprétation
défavorable aux baptêmes forcés. Deux arguments étayaient cette prise
de position. Le premier prenait la forme de l’adage selon lequel il ne
fallait faire d’injustice à personne (Nemini facienda est iniuria), en
l’occurrence, ne pas porter préjudice aux parents juifs en leur enlevant
leurs enfants pour empêcher qu’ils ne les élèvent dans l’erreur à
laquelle le baptême était censé les arracher. Cet adage de droit naturel
pouvait être de plus renforcé par une référence à la très importante
bulle Sicut iudeis, publiée à de nombreuses reprises du XIIe au XIVe
siècle, qui accordait aux juifs la protection pontificale, en réclamant
qu’ils ne subissent aucun préjudice12. Le second argument était lié au
souci de ne pas faire obstacle, par l’assimilation complète des juifs à la
société chrétienne, à l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe, citée
13 Ro. 9, 27 : « Et pour ce qui est d’Israël, Isaïe s’écrie : Quand le nombre des en
fants d ’Israël serait égal à celui du sable de la mer, il n ’y en aura qu ’unpetit reste de
sauvés ».
14 HUGUCCIO, Summa super Decretorum, Biblioteca Apostolica Vaticana, Borgh.
272, f. 161ra (cité par R. A. GAUTHIER in THOMAS DE AQUINO, Quodlibeta, Leon.
XXV-2, 222) : « Quidam intelligunt hoc capitulum in eo casu cum ambo parentes
sunt iudei et habent filios parvulos, qui auferendi sunt ab ei, ut dicunt, et debent
baptizari. Set adulti non debent eis auferri, quia nullus cogendus est ad fidem, cum
nullus possit salvari invitus. Set dico quod nec filii parvuli sunt eis auferendi, quia
nulli est facienda iniuria. Ergo nec parentibus talium. Preterea, usque ad modicum
tempus nulli essent iudei si hoc fieret ; qualiter ergo reliquie Israel salve fierent in
ultimis temporibus ? Dico ergo quod hoc capitulum loquitur de filiis iudeorum
baptizatis sive parvulis sive adultis, et presertim de illis qui circumcisi sunt a parenti
bus ex quo facti erant Christiani ». Pour le second argument, voir également JOHAN
NES TEUTONICUS, Glossa ordinaria in Decretum, Rome, 1582, col. 2035.
15 THOMAS DE AQUINO, Quodlibet II, 7 : « Circa fidei sacramentum, utrum
parvuli Iudeorum sint baptizandi invitis parentibus » (Leon. XXV-2,221-224).
16 ID., ST Ila-IIae, q. 10, a. 12, où Thomas d’Aquin reprend littéralement le
contenu de sa détermination quodlibétique de 1269 (II, 7) ; ST, Ilia, q. 68, a. 10.
17 Ordonnance de 1269 traduite par G. NAHON, « Les ordonnances de Saint Louis
et les juifs », Les Nouveaux Cahiers 23 (1970), p. 29.
18 THOMAS DE AQUINO, Quodlibet II, 7 (Leon. XXV-2, 223).
28 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
comme dans un sein spirituel >>19. Cette norme fondée sur la justice
naturelle n’admettait, en tant que telle, aucune dérogation. Thomas
d’Aquin ajoutait qu’en soustrayant un enfant aux soins de son père, on
agissait autant contre la justice dans Tordre du droit naturel qu’en
dérobant à leur propriétaire légitime un bœuf ou un cheval - aussi
dépourvus de raison qu’un enfant - dans Tordre du droit civil20.
C’est également l’opinion soutenue par le franciscain Richard de
Mediavilla (de Menevyl, comme Ta récemment signalé le Père
Bataillon21), qui fut régent en théologie à Paris au milieu des années
128022. La solution qu’il propose s’inspire très manifestement des
textes de Thomas d’Aquin sur la même question. Les arguments pro et
contra exposés par les deux auteurs présentent en effet une large
similitude. L’axiome selon lequel « il ne faut faire d’injustice à
personne » est opposé, comme chez Thomas, au principe d’assistance
aux personnes en « danger de mort spirituelle »23. La responsio propre-
19 « Filius enim naturaliter est aliquid patris, et primo quidem a parente non
distinguitur secundum coipus, quandiu in matris utero continetur ; postmoderni vero,
postquam ex utero egreditur, ante quam usum liberi arbitrii habeat, continetur sub
parentum cura sicut sub quodam spirituali utero » {ibidi).
20 « Quandiu enim usum rationis non habet puer, non differt, quantum ad ea que
agit, ab animali irrationali ; unde, sicut bos vel equs hire gentium vel civili est
possessoris ut utatur eo cum voluerit sicut proprio instrumento, ita de hire naturali est
quod filius, ante quam habeat usum rationis, sit sub cura patris » {ibidi).
21 L.-J. BATAILLON, « Les nouvelles éditions critiques d’Henri de Gand et de
Gilles de Rome », Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques 78 (1994), p.
425, n. 2.
22 RICARDUS DE MEDIAVILLA, In IV Sent., d. 6, a. 3, q. 3, Brescia, apud
Vincentium Sabbium, 1591 (repr. Francfort/M., Minerva, 1963), pp. 78-79 : «Utrum
parvuli Iudaeorum et Paganorum sint invitis parentibus baptizandi ».
23 « Magis subveniendum est homini contra periculum spiritualis mortis quam
contra periculum mortis corporalis ; sed si aliquis non subveniret homini si posset
contra periculum mortis corporalis, peccaret ; cum ergo parvuli Iudaeorum et
Paganorum sint in periculo mortis spiritualis, nisi invitis parentibus baptizentur,
videtur quod sint invitis parentibus baptizandi, ut sic eis subveniatur contra periculum
mortis spiritualis [...] Contra : Nemini facienda est infuria ; sed Iudaeis et Paganis
fieret iniuria si parvuli eorum baptizarentur, quia quamdiu carent usu liberi arbitrii,
sunt quasi parentum possessio et de iure sub eorum cura ; ergo non sunt invitis
parentibus baptizandi » {ibidi).
DUNS SCOT ET LA POLITIQUE 29
ment dite, qui s’appuie elle aussi sur la « coutume de l’Église », arti
cule les deux arguments développés par Thomas, à savoir le periculum
fidei et la iusticia naturalis : les enfants juifs baptisés de force et rendus
à leurs parents seraient élevés, au péril de la foi, dans l’erreur et dans le
mépris du sacrement reçu dans l’enfance ; en outre, un tel baptême
bafouerait le droit que les parents exercent sur leurs enfants tant que
ceux-ci sont incapables de faire usage de leur libre arbitre.
Toutefois, au cours de son raisonnement, Richard de Mediavilla
introduit certaines idées et formulations spécifiques qui seront reprises
par Duns Scot, mais dans une perspective rigoureusement opposée. Il
en va ainsi de l’argument, mentionné mais non retenu par Richard,
selon lequel les enfants seraient davantage soumis au pouvoir de Dieu
qu’à celui de leurs parents :
L’enfant relève davantage du pouvoir de Dieu que de celui de ses parents
charnels ; il est donc juste qu’il soit soustrait à ses parents charnels pour
être consacré, par le baptême, à son seigneur supérieur24.
24 « Parvulus est magis sub dominio Dei quam parentum carnalibus. Ergo, iustum
est ut subtrahatur a carnalibus, ut superiori domino per baptismum consecretur»
(ibid.).
25 THOMAS DE AQUINO, Quodl. II, 7 (Leon. XXV-2, 222) : « Quilibet homo
magis est Dei, a quo habet animam, quam patris carnalis, a quo habet corpus. Non
ergo est iniustum si pueri Iudaeorum carnalibus parentibus auferantur et Deo per bap
tismum consecrentur ».
30 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
et que :
de même que les mêmes princes peuvent donner ou vendre les enfants [des
juifs] en tant qu’esclaves contre la volonté de leurs parents, ils peuvent les
offrir au baptême ; et cela serait méritoire, à condition toutefois qu’ils ne le
fassent pas pour contraindre les parents à [embrasser] la foi, mais pour
sauver leurs enfants par le sacrement de la foi qui est reçu pour autant qu’il
ne se heurte pas à l’obstacle d’une volonté contraire33.
2. D u n s S c o t e t l a c o n v e r s i o n f o r c é e d e s J u if s
quidem, sicut et is, qui ficte ad baptismum accedit, characterem suscipit Christiani
tatis impressum, et ipse, tanquam conditionaliter volens, licet absolute non velit,
cogendus est tamen ad observantiam fidei Christianae. In quo casu debet intelligi
decretum illud concilii Toletani, ubi dicitur, quod, qui iam pridem ad Christianitatem
coacti sunt, sicut factum est temporibus religiosissimi principis Sisebuti, quia iam
constat eos sacramentis divinis associatos, et baptismi gratiam suscepisse, et chris
mate unctos est, et corporis Domini exstitisse participes, oportet etiam, ut fidem,
quam necessitate susceperunt, tenere cogantur, ne nomen Domini blasphemetur, et
fides, quam susceperunt, vilis ac contemptibilis habeatur. Ille vero, qui nunquam con
sentit, sed penitus contradicit, nec rem, nec characterem suscipit sacramenti, quia plus
est expresse contradicere quam minime consentire ».
41 PETRUS DE PALUDE, In IV Sent., d. 4, q. 4, a. 1, Paris, 1514, ff. 19 ra-20 vb.
42 « Unde cum habeat plenitudinem potestatis in omni terra, et in omni homine
eam habet, et sic nec parentes, nec ipsi se subiiciant, Deus tamen subiicit sibi omnem
hominem. Unde non hoc facit defectus iuris, sed prohibitio superioris, unde et de aliis
36 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
pourraient être baptisés que dans le cas où tous les liens naturels
entretenus avec leur milieu d’origine seraient dénoués, par exemple si
leurs parents étaient morts, si aucun proche parent n ’avait pu les
recueillir et si ceux auxquels ils auraient été confiés voulaient les faire
baptiser43.
Dans un texte issu du commentaire du carme catalan Guido
Terreni sur le Décret de Gratien (1339), on trouve également une
position défavorable au baptême forcé d’enfants44. G. Dahan a observé
que ce commentaire marquait dans l’ensemble une plus vive hostilité
aux juifs que ceux des décrétistes des XIIe et XIIIe siècles. Cette
radicalisation sensible se traduit en particulier par la récurrence du
motif de la servitude des juifs, ainsi que par la position assez rigoureuse
adoptée par le carme catalan à propos des baptêmes forcés d’adultes :
seule la contrainte absolue (qui excluait la crainte de la mort, classée
parmi les contraintes relatives) invalidait le baptême. Guido Terreni
concluait toutefois qu’il ne fallait pas contraindre les juifs à recevoir le
baptême, même de cette manière. Compte tenu de la ligne générale du
commentaire, la position de son auteur quant aux baptêmes forcés
d’enfants prend un relief particulier. Fondée sur l’argument thomiste du
criminibus punit infideles, sed de isto non, quia Deus prohibet, cui coacta servitia non
placent. Et si ecclesia potest de his qui foris sunt iudicare, sicut potest arcere infideles
a communione fidelium propter peccatum in moribus, non propter peccatum in fide,
quod est in eorum ritu ». (éd. cit., f. 20 va).
43 « Et si quidem pater et mater iudei mortui essent, sicut aliquando pater moritur,
relicta uxore pregnante, que etiam moritur in partu vel moriuntur antequam puer
habeat usum rationis, tunc propinquiora de genere sunt tutores legitimi loco parentum.
Unde non deberet nec posset baptizari ipsis invitis, sicut nec parentibus invitis. Sed si
non apparent nec parentes, nec propinqui, loco parentum succedit quicumque vult. Et
ideo quicumque vellet, posset eum tunc baptismo offerre, quia naturalis ratio dictat, ut
cui parens deficit, alius parens sit, sicut una avis alios pullos nutrit quando mater
deficit ». (éd. cit., ff. 20 va-vb).
44 GUIDO TERRENI, Commentarius super Decreto Gratiani. De consecratione,
d. 4, c. 100, « Utrum parvuli Iudaeorum sint invitis parentibus baptizandi », ed. in
B. F. M. XIBERTA, Guiu Terrena carmelita de Perpinyà, Barcelone, Institució
Patxot, 1932 (Estudis universitaris catalans. Sèrie monogràfica, 2), pp. 315-318.
DUNS SCOT ET LA POLITIQUE 37
45 « Unde iure divino et naturali filii sunt sub cura parentum, donec usum rationis
habeant sic quod possint nolle et velle. Ita quod servitus inducta iure positivo non tol
lit ius divinum et naturale » (éd. cit., p. 316).
46 Ibid., p.317.
47 Ibid., p. 318.
38 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
séduction, et surtout sur leurs enfants, qui habitent avec eux, jusqu’à la
troisième ou la quatrième génération48.
Guido Terreni formulait donc, en termes inspirés de Thomas, une
critique vigoureuse de l’opinion de Duns Scot, dont il analysait tous les
arguments et qu’il rejetait comme « irrationnelle, insensée et contraire à
toute la coutume de l’Église universelle >>49. Le débat semble, dès lors,
s’être cristallisé dans l’opposition de deux opinions rigoureusement
contradictoires : celle de Thomas d’Aquin et celle de Duns Scot.
Ce dernier apparaît en définitive comme le seul théologien de son
époque qui ait préconisé la disparition presque complète des juifs par la
conversion forcée. Seule la prophétie d’Isaïe, dont on a vu qu’il
cherche à minorer le poids, lui inspire cette solution, à l’époque unique
en son genre, de l’expulsion et du cantonnement des juifs « dans une
île » où ils continueraient d’observer leur loi. De ce point de vue, il
s’agit bien d’un texte hors norme. Pour autant, sa ligne argumentative
centrale n’entre pas en dissonance aiguë avec d’autres passages de
Scot. Une précédente question, dans la même distinction, montre que le
baptême d’un non-consentant qui ne proteste pas explicitement produit
valablement son effet. Le cœur du raisonnement soutient que la volonté
contrainte reste une volonté dans l’absolu (simpliciter)50. C’est ainsi
que le marchand qui jette ses marchandises par-dessus bord pour sauver
sa vie a bien voulu, dans l’absolu, jeter ses marchandises par-dessus
bord, même s’il aurait préféré avoir la vie sauve sans perdre sa
fortune51. La formule qui justifie que le dissentiens soit contraint
d’observer la religion chrétienne correspond presque littéralement à
celle qui est utilisée pour justifier les baptêmes forcés d’adultes :
48 Ibid.
49 Ibid.
50 Dans cette exacte mesure, Duns Scot se situe dans la droite ligne de la décrétale
Maiores citée plus haut, note 40.
51 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 4, q. 4, Utrum non consentiens possit recipere
effectum baptismi (Wad. Vili, 237-238) : « Ille qui, ut fugiat aliquod incommodum,
vult aliquid, simpliciter vult illud : sicut proiiciens merces in mare, ut fugiat
submersionem, simpliciter vult proiicere merces. Nam potentiam suam motivam ad
proiiciendum, voluntas movet imperando et ipsa seipsam libere movet, qui cogi non
potest. Simpliciter ergo volens proiicit ; sed secundum quid nolens, hoc est sub
conditione nolens, quia nollet, si posset alio modo salvare vitam ».
DUNS SCOT ET LA POLITIQUE 39
c’est un moindre mal qu’il observe la loi chrétienne contre son gré, plutôt
qu’il lui soit permis d’agir impunément contre elle, parce qu’il est moins
mauvais de bien agir et de fuir le mal sous la contrainte que de mal agir et
de fuir le bien librement et impunément52.
II. D u n s S c o t e t l ’e x p u l s io n d e s J u if s d ’A n g l e t e r r e
67 Le texte de ce statut est traduit par MUNDILL, England’s Jewish Solution, op.
cit., pp. 291-293.
68 Le décret est enregistré en avril 1276 par l’Échiquier de Normandie.
69 Cf. MUNDILL, England’s Jewish Solution, op. cit., p. 272.
DUNS SCOT ET LA POLITIQUE 45
70 Ibid., p. 273.
71 C’est la date retenue par les études les plus récentes. Voir notamment
R. C. STACEY, « Thirteenth Century Anglo-Jewry and the Problem of Expulsion », in
Exile and Return. Anglo-Jewry Through the Ages [en hébreu], eds. Y. Kaplan - D.
Katz, Jérusalem, Israel Historical Society, 1993, pp. 9-25 ; MUNDILL, England’s
Jewish Solution, op. cit., p. 276.
72 Cf. MUNDILL, England’s Jewish Solution, op. cit., p. 281.
73 Charles II se vit concéder une taxe de trois sous par feu par une assemblée de
prélats et de nobles. Cf. J. STRAYER, Studies in Early French Taxation, Westport
(Conn.), Greenwood, 1972, p. 19 ; R. CHAZAN, Medieval Jewry in Northern France.
A Political and Social History, Baltimore, The John Hopkins University Press, 1973,
p. 186.
74 Cf. Archives Historiques du Poitou 44 (1923), 1.1, CXLVII, p. 227.
46 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
pour l’expulsion des juifs parce qu’il savait pouvoir obtenir davantage
des subsides levés sur ses sujets que d’une taille imposée aux juifs.
L’expulsion serait intervenue à titre d’argument dans la négociation
entre le souverain et la « nation » qui s’est affirmée, comme telle, au
XIIIe siècle75. Dans le même ordre d’idée, R. Mundill a noté que les
difficultés rencontrées par Edouard Ier, surtout à partir de 1283, pour
obtenir que des décimes fussent levées à son profit, s’évanouirent juste
après l’expulsion des juifs. À la fin de l’année 1290, le clergé anglais
concéda ainsi une nouvelle décime au souverain qui la demandait76.
Mais R. Mundill plaide néanmoins en faveur d’une interprétation de
l’expulsion comme résultant d’une pluralité de facteurs, qui concourent
à une évolution résumée en ces termes par William Jordan :
In location after location on the borderlands of France, princes and their
consellors were abandoning the policy, dear to Saint Louis, of attempting
to coerce Jews to convert by means of economic and social disabilities and
were offering them instead a starker choice : convert or depart77.
ni. R e m a r q u e s s u r l a p o s t é r it é d u t e x t e
dans un royaume de France d’où les populations juives avaient été défi
nitivement chassées à la fin du XIVe siècle, il n ’en allait pas de même
dans la vallée du Rhin où l’on rencontre des partisans des baptêmes
forcés qui prennent appui sur Scot sans pour autant figurer au catalogue
de ses disciples. Il en va ainsi du plus fameux théologien de la région,
Gabriel Biel, qui, à Tübingen, se range aux arguments de Duns Scot
concernant les baptêmes forcés d’enfants, après avoir passé en revue
les principales opinions proposées sur ce point. Biel se montre en
revanche plus prudent en ce qui concerne les baptêmes forcés
d’adultes, notamment en raison des dangers que de faux convertis
pourraient faire courir aux vrais chrétiens86. Quelques années plus tard,
en 1508, Ulrich Zasius, professeur de droit à Fribourg, fit paraître à
Strasbourg un opuscule consacré au problème87. Rédigée à l’occasion
d’une controverse suscitée par le cas du baptême d’un enfant juif laissé
par son père en gage chez des chrétiens, dans l’attente du paiement
d’une rançon, cette dissertation récapitule la plupart des arguments
soulevés dans les discussions précédentes. Si l’autorité du Docteur
Subtil est invoquée en bonne place, ce n’est pourtant pas sa
démonstration qui sert de fil conducteur au propos de Zasius, et l’on ne
saurait imputer à la seule influence de Duns Scot la réponse qui est
donnée, dans une soudaine bouffée de haine, à la prophétie d’Isaïe. Les
juifs, dit en somme Zasius, sont assez nombreux dans les contrées
infidèles pour qu’il n ’y ait pas à craindre que «périsse la semence
d’Israël » si l’on baptisait de force tous ceux qui demeurent en terre
chrétienne88.
Parmi les auteurs sur lesquels s’appuie Zasius figurent un certain
nombre de franciscains italiens. Angelo Carletti (Angelus de Clavasio)
est l’un de ceux dont l’influence fut sans doute la plus forte, en raison
de la diffusion de sa Summa, imprimée pour la première fois en 1485 et
constamment rééditée dans les années suivantes. Dans son chapitre sur
le baptême, la question des enfants juifs est traitée suivant l’opinion de
Scot. Angelo se range également à son avis quant aux baptêmes forcés
d’adultes mais en introduisant une restriction très forte qui vient
répondre à la bulle de protection Sicut iudeis. La contrainte ne doit
s’exercer qu’indirectement, afin de susciter chez les juifs la volonté de
se convertir en rendant leur situation sociale intenable89. Il faudra sans
doute poursuivre l’enquête, en examinant notamment les argumentaires
des campagnes de prédication anti-juives des franciscains italiens au
XVe siècle. Pour lors, on trouve chez Cajétan un indice clair de l’impact
des propos de Duns Scot. On sait qu’à Padoue, le commentateur de
Thomas d’Aquin entretenait un débat constant avec des adversaires
scotistes. Ce débat porta aussi sur le point qui nous intéresse. Dans son
commentaire de la Somme de théologie, l’article concernant la
conversion forcée des infidèles est intégralement consacré à une
réfutation de la position de Duns Scot sur le baptême forcé des adultes,
quia videtur habere sequaces90. Mais la réponse la plus importante est
présentée un peu plus loin, à propos du cas des enfants. A la fameuse
hiérarchie des puissances qui subordonne, sans recours possible, le
droit des parents au droit du prince et de Dieu, Cajétan oppose une
dissociation des ordres de la nature et de la grâce. Le conflit n’oppose
pas deux instances inégales, mais deux aspects de la même puissance
divine, Dieu en tant qu’instituant d’une part la nature et d’autre part la
foi. Or puisque « Tordre de la grâce parachève et ne détruit pas Tordre
de la nature », c’est au moyen des lois de la nature que la loi de la foi
peut se réaliser. En l’occurrence, la nature requiert que l’adulte puisse
atteindre la foi par l’usage de la raison et de la volonté, et l’enfant par
l’intermédiaire des facultés de ses parents91. Comme on le constate,
fidei ; uterque enim ordo ab ipso et ipsius est. Apparet secundo quod Deus non sic
legem fidei instituit ut voluerit pro ea servanda legem naturae solvi, quamvis hoc
posset ; sed instituit ut per media secundum naturae ordinem instituta lex fidei
impleatur ; ut patet ex maxima allegata ; et in communi, quia divina sapientia disponit
omnia suaviter et infima per media reducit in summum ; et in proposito quia statuit ut
adultus media propria ratione ac voluntate legem fidei impleat, quia suae curae
naturaliter commissus est, puer autem media ratione et voluntate parentum, quorum
curae naturaliter commissus est ».
92 Voir par ex. F. SUÁREZ, Commentaria ac disputationes in tertiam partem
D. Thomae, in ID., Opera Omnia, Paris, Vivès, 1860, vol. XX, pp. 420-431 ; G.
VÁZQUEZ, Commentariorum ac disputationum in tertiam partem S. Thomae,
Ingolstadt, 1613, disp. 155, pp. 506-515.
93 D. DE SOTO, In quartum Sententiarum, Venise, I. M. Lenum, 1575, pp. 290-
299.
94 G. RUIZ, Controversiae theologicae in totum quartum Sententiarum Scoti,
Valladolid, Juan Godinez de Miliis, 1613, pp. 108-115.
54 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
libri : Si illud12 iubet potestas quod non debes13 facere, hic sane
contempne potestatem14 timendo potestatem maiorem, et declarat in
exemplo15 de curatore et proconsule, et imperatore et deo16. Igitur qui17
habet regere rem publicam, magis debet18 cogere unumquemque subdi
domino superiori quam inferiori, immo19 superiori contempto inferiori,
quando20 inferior in21 tali dominio resistit superiori22. Sicud si23
imperator deberet24 sentenciare25 aliquem obedire debere proconsuli,
contempto precepto curatoris, id est inferioris proconsule, si
contradiceret proconsuli. Ita etiam si essent sub eodem dominia26
ordinata, scilicet quod aliquis esset servus Ticii, et Ticius Petri, magis
deberet imperator cogere illum servum27 servire Petro, quia superior est
Ticio, quam Ticio, si Ticius vellet uti28 servo illo29 contra dominium
30 domino, C
31 et] oiti. ACDM+W
32 hoc cognoscentes in futurum] prius cognoscentes hoc futurum, ABCD ; hoc
cognoscentes futurum, W
33 parvulos] parvulos suos, B ; pueros suos, AC+W
34 facerent] faceret, CM ; facet, A
35 crederem] credo, D ; crederet, BM
36 et, add. C
37 conservandum, A+W
38 omnes] om. ABCDM + W
39 fideles veri] veri fideles, M ; vere fideles, ABCD+W
40 animo] anima, B
41 esset] est, CDM
42 illicite, D
43 si] et si, ABCDM+W
44 ad romanos] om. A
45 iudeus, B
DUNS SCOT ET LA POLITIQUE 61
46 cogere, A+W
47 sustinendum, C
48 meo, A
49 suscepientes, D
50 Christi, om. A
51 pro ita] pro tam, ABCDM+W
52 quia] quod, BCDM
53 et, om. A
54 quia modicus ... Christiana] om. C+W
55 oporteret] oportet, ACDM+W
56 sua] om. D
57 perstare] persistere, M+W ; quia finalis fructus de eis ecclesie erit (est et erit,
C+W) modicus, add. BCDM+W
58 sed] unde, ABCDM+W
59 sequestratos] sequestracionis, C
60 suam] om. M
61 cogendum, D
62 ELSA MARMURSZTEJN - SYLVAIN PIRON
Université de Reims -
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris
62 cogendi, B
63 principis] om. D
64 Assebuti, BD ; Assueri, A ; cf. Grat. 45, 5 (éd. Friedberg, 1 ,161-162)
65 quia] qui, A ; quod, B
66 coegit] cogeret, D ; cogit, M+W
II
THÉORIE DE L’ESPRIT,
ÉPISTÉMOLOGIE, SÉMANTIQUE
Peter King
I. T h e c r is is in A r i s t o t e l i a n p s y c h o l o g y
Henry called the process of rendering the clear and lively sensible species into the
vague and indefinite universal phantasm ‘abstraction.’ Henry’s theories underwent a
marked evolution during the course of his career. The account presented here is
largely drawn from Henry’s writings composed after 1279, when he rejected the
intelligible species. See the more detailed account of Henry’s development in
St. MARRONE, Truth and Scientific Knowledge in the Thought o f Henry o f Ghent,
Cambridge (Mass.), The Medieval Academy of America, 1985 (Speculum Anni
versary Monographs, 11).
9 Henry’s philosophical development tends toward this final simplification,
though not as directly as suggested here. Even in his mature phase represented by
Quodl. IX q. 15, for instance, Henry distinguished the possible intellect as material
(receptive of the exemplar) and the possible intellect as speculative (able to reflect on
its actualization and so gain deeper insight into the exemplar) : HENRY OF GHENT,
Quodl. IX, ed. R. Macken, Louvain, Leuven University Press, 1983 (Henrici de
Gandavo Opera Omnia, 13), pp. 258-269. Cf. St. MARRONE, Truth and Scientific
Knowledge, op. cit., pp. 136-137.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 71
10 Here and throughout, I give the text of Rep. par. I A, d. 3, q. 4, transcribed from
the two Oxford manuscripts : Merton College Library, Coxe lat. 59 ff. 35v-37v and
Balliol College lat. 205 ff. 34v-36v. For earlier parallels see Duns Scotus, QQ De
anima, q. 17, “Utrum in intellectu nostro sint species intelligibiles priores naturaliter
actu intelligendi”; Lect. I, d. 3, pa. 3, q. 1, “Utrum in parte intellectiua sit proprie
memoria habens speciem intelligibilem obiecti priorem actu intelligendi obiectum” ;
Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1, “Utrum in parte intellectiua proprie sumpta sit memoria
habens speciem intelligibilem priorem naturaliter actu intelligendi”.
11 “Praeterea, si esset species intelligibilis in intellectu, informaret eum sicut
accidens subiectum suum ; ergo intellectus patietur ab obiecto passione reali ; non
ergo passione intentionali, et sic sequitur quod intelligere non est motus rei ad
animam”. The argument is taken from HENRY OF GHENT, Quodl. V q. 14, Venice,
1613, f. 175F. Scotus raises it practically verbatim in Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 336
(Vat. Ill, 203), and again, though couched in different terms, in Lect. I, d. 3, pa. 3,
q. 1, n. 254 (Vat. XVI, 327).
72 PETER KING
12 In Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 336 (Vat. HI, 203), Scotus concludes his statement
of the objection by adding that then “every understanding will be an absolute action
of the intellect, like a form obtaining in it, not having any outside terminus” : “omnis
intellectio erit actio eius absoluta, sicut forma stans in se, non habens aliquem
terminum extra”. Hence an act of thinking would not be ‘directed’ at anything, and so
not have intentionality at all.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 73
d. 3, q. 4) :
I declare that the intellect bears a second attribute the way an organic
potency or organic sense does : at first in receiving the species, though it
isn’t real as an intentional attribute ; and once this has taken place, there
follows a cognizable or intentional attribute through which the intellect
bears the object in the species intentionally, and hence understanding
really is a “movement toward the soul,” since it derives from the object as
it is in the species. Thus the first attribute is in the intellect, the second
derives from the object as it shines forth once again {relucet) in the
species13.
13 “Dico quod intellectus patietur secunda passione, sicut potentia organica uel
sensus organicus : primo realiter recipiendo speciem, licet non sit realis sicut passio
materiae ; et, hac praemissa, sequitur passio cognoscibilis siue intentionalis qua
patitur ab obiecto in specie intentionaliter, et ideo intelligere est motus ad animam,
quia ab obiecto ut in specie. Prima ergo passio est in intellectu, secunda est ab obiecto
ut in specie relucente”. Cf. Lect. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 298 (Vat. XVI, 345) ; Ord. I,
d. 3, pa. 3, q. 1, nn. 386-387 (Vat. HI, 235).
14 Rep. par. I A, d. 27, q. 2 (Merton 59, f. 127r = Balliol 205, f. 1131) : “Sed nulla
productio intentionalis est esse obiectum, nisi prius sit aliqua forma producta realiter
aliqua productione reali in qua est obiectum productionis intentionalis ; de hoc dictum
est supra in isto libro d. 3”. In the corresponding passage in Ord. I, d. 27, qq. 1-3,
n. 54, Scotus tells us that the object has intentional being in the real attribute : “istae
actiones et passiones intentionales non conueniunt obiecto nisi propter aliquam
74 PETER KING
actionem uel passionem realem, quae conueniunt ei in quo obiectum habet esse
intentionale” (Vat. VI, 86).
15 Scotus conflates the first two of these features in Lect. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 298,
where he reasons that “an intentional attribute must presuppose a real attribute, for
otherwise it would be founded in nothing” : “oportet ut passio intentionalis
praesupponat passionem realem, aliter enim fundaretur in nihilo” (Vat. XVI, 345).
16 Rep. par. I A, d. 3, q. 4 : “Praesentia obiecti respectu potentiae causa est speciei
in potentia, et non e conuerso ; ergo non per speciem ut per causam obiectum est
praesens potentiae”. The argument is taken from HENRY OF GHENT, Quodl. V, q. 14,
ed. eit, f. 174Z. Scotus also mentions it in QQ De anima, q. 17, n. 2 ; Lect. I, d. 3,
pa. 3, q. 1, n. 250 (Vat. XVI, 325-326) ; Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 334 (Vat. III, 202).
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 75
object shines forth once again. Therefore, I say that (z) the real presence of
the object is the real cause of the species, and (z'zj the object is present in it.
Accordingly, in (z) the object is an efficient cause, whereas in (zz) there is
the formal presence of the species, for the species has the kind of nature
such that the object is cognizably present in it - not effectively or really,
but instead in the manner in which it shines forth once again17.
The real object is the agent cause, which, when present, triggers
the cognitive power’s ability to receive the species. The agent cause
therefore has presentness in sense (zj, which thus must be part of the
causal account of cognition integrating psychology with natural
philosophy. But presentness in sense (zz) is a matter of the object being
“cognizably present” in the species, that is, the object being contained
in the intelligible species as its sole and evident content. This is not real
presence, since the object is not really in the intelligible species (the
species of a cat does not include the real cat) ; nor is the object in the
intelligible species as a cause present in its effect (as we can ‘see’ the
cat from the shape of the indentation on the pillow). Instead, Scotus
tells us, the object is present “in the manner in which it shines forth
once again.” What does he mean by this dark saying ?
In part this is a logical precondition on thought. In order to think
about a cat, the intellect must be in potency, either essential or
accidental, to be thinking of a cat, and this in turn requires the object
(the cat) to be available to the intellect prior to the occurrent thought so
rather than the real presence of the object ; and it ‘shines forth’ because
the object transparently discloses itself in the act of thinking. It could
hardly do less, since it gives the mental act the character it has20.
Scotus’s idea - to distinguish acts of thinking from their content -
is new and startling. There is no room for it on the traditional account
of Aristotelian psychology, which takes both the occurrence of an act
of thinking and the content of that act to be given by one and the same
thing, namely the form’s presence or inherence in the soul. For Scotus,
while thinking initially appears to be ontologically simple, it turns out
to be really composite, consisting in a form that is present in the soul
subjectively in combination with another form that is present only
intentionally, existing in and depending on the first form ; the second
form is identifiable as the object of the thought, at least to the extent
that forms are identifiable with the objects of which they are the
(essential) forms21. The intelligible species is the vehicle for these
20 From the transparency of mental content Scotus deduces that each object in the
mind can have only a single representative character. This carries the weight of his
argument in Rep. par. I A, d. 3, q. 4 against Henry of Ghent’s theory of cognition,
since it is a key feature of Henry’s account that one and the same mental item, for
Henry the phantasm, can have distinct representative characters in distinct acts of
thinking - e. g the phantasm of Felix the Cat can at one time represent Felix, the
particular cat, and at another represent felinity. Scotus argues as follows : “Eadem
species et eiusdem rationis, non est per se repraesentatiua obiecti sub oppositis
rationibus repraesentabilis ; ratio singularis et ratio uniuersalis sunt oppositae rationes
in cognoscibili et repraesentabili ; igitur nulla eadem species et unius rationis potest
esse repraesentatiua alicuius obiecti sub uniuersalis et singularis. Species in
phantasmate repraesentat obiectum singulare sub ratione singularis, ergo non potest
repraesentare sub ratione uniuersalis idem obiectum. Maior probatur, quia species sub
illa ratione qua repraesentat obiectum, mensuratur ab obiecto. Sed idem non potest
mensurari duabus mensuris oppositis, nec e conuerso ; tunc enim idem bis diceretur,
secundum Philosophum. Igitur eadem species non potest repraesentare duo obiecta
opposita, nec idem obiectum sub oppositis rationibus obiectiuis”. Cf. QQ De anima,
q. 17, n. 8 ; Lect. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 268 (Vat. XVI, 332) ; Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1,
n. 352 (Vat. IE, 212, especially the textus interpolatus).
21 A delicate point is how the object exists in and through the act of thinking,
since that seems to make it an accident of an accident, something proscribed by
Aristotelian metaphysics. Scotus does not say, but one suggestion might be that the
two forms are a kind of composite entity with one part dependent on the other, but not
78 PETER KING
conversely - not unlike the way human beings are traditionally understood as
composites of body and soul, where the body depends on the soul for its continued
existence, but the soul can survive the body’s dissolution.
22 There are two joint co-causes responsible for impressing the intelligible species
on the possible intellect : (z) the object, either in itself or as present in the intelligible
species ; (zzj the intellect itself, perhaps only the agent intellect or perhaps the intellect
as a whole. Although they are joint causes they are not of equal rank, for Scotus
maintains that the causality of (z) is essentially ordered to that of (z'z) : Rep. par. I A,
d. 3, q. 6 (cf. Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 2).
23 DUNS SCOTUS, Quodl. q. 15, n. 30, ed. F. Alluntis, Obras del Doctor Sutil
Juan Duns Escoto, edición bilingüe : Cuestiones Cuodlibetales, Madrid, BAC, 1968,
p. 552 : “The [intelligible] species also seems to be classified according to the object,
not as an intrinsic formal principle but instead as an extrinsic principle” : “Videtur
etiam sortiri speciem ab obiecto, licet non sicut a principio formali intrinseco, tamen
sicut a per se principio extrínseco”. Scotus here uses ‘sortiri’ as the deponent verb ‘to
sort or classify’ rather than in its classical sense ‘to select by lot.’
24 Scotus’s account might be taken as a sophisticated variant of the second
obvious reply to Henry, described above, in that according to Scotus the form of the
object is present in a special way, namely in the dependent secondary attribute. But
the burden of Scotus’s ontological multiplication of forms is precisely to give
structure and content to the way in which the form can be present in the mind, unlike
the second obvious reply. See further the discussion at the end of § 4.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 79
III. T h e b e i n g o f o b j e c t iv e b e in g
25 Scotus seems to have been the first to use this turn of phrase. It also shows up at
roughly the same time in the De intellectu et specie of Hervaeus Natalis : see the text
given by P. STELLA, “La prima critica di Hervaeus Natalis O.P. alla noetica di Enrico
di Gand : il De intellectu et specie del cosidetto De quattuor materiis”, Salesianum 21
(1959), pp. 125-170, especially pp. 162-164. However, the best date for this treatise is
sometime in the first decade of the fourteenth century, probably in the latter half,
which would likely put it after Scotus’s Paris lectures. (Scotus and Hervaeus began
lecturing on the Sententiae at Paris in the same year.) Hervaeus’s other references to
objective being are found in quodlibetal disputations that can be securely dated to
1307-1310 : HERVAEUS NATALIS, Quodl. Ill q. 1, Venice, 1513, f. 68rb. In each
case Hervaeus is writing about debates that had taken place earlier in Paris. It is
plausible to think that Scotus was the direct or indirect source of those debates ;
Scotus, after all, had a philosophical basis for introducing the new terminology.
80 PETER KING
26 “Domus enim in mente artificis est obiectiue in specie domus ; species autem
domus extra est in anima, quia aliter non potest domus extra esse praesens ipsi
animae, quia lapis non est in anima sed in species eius. Et ideo a domo ut est
obiectiue in sua specie in anima fit domus extra. Ergo domus obiectiue in anima
secundum quam fit domus extra est idea eius, quia domus intellecta” (text given by
T. NOONE, “Scotus on Divine Ideas”, art. d t , pp. 419.25-420.5). Everyone in the
Aristotelian tradition, including Aristotle, would on occasion talk this way ; Scotus
takes it literally and has a theory to back it up.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 81
27 “Uniuersale obiectum sub ratione uniuersalis’ non habet nisi esse deminutum,
ut esse cognitum (quemadmodum Hercules in statua non habet esse nisi deminutum,
quia repraesentatum in imagine) ; sed si aliquod esse reale habet, hoc est in quantum
est in aliquo ut repraesentante ipsum sub illa ratione, ita scilicet quod intellectus agens
facit aliquid repraesentatiuum uniuersalis de eo quod fuit repraesentatiuum singularis.
Ergo cum terminus actionis realis non sit obiectum habens esse deminutum ut esse
cognitum uel repraesentatum, sed aliquid reale, sequitur quod realis actio intellectus
agentis terminatur ad realem formam, in exsistentia, qua formaliter repraesentat
uniuersale ut uniuersale, quam formam realem concomitato terminus intentionalis, ut
obiectum uniuersale secundum esse repraesentatiuum quod habet in specie”. Cf.
Vat. Ill, App. A 363 ; QQDe anima, q. 17, n. 13.
82 PETER KING
28 Scotus’s way of putting his point might suggest that we are dealing with some
property of the real Hercules, but this would be a misunderstanding. Diminished
being is no more a property of the real Hercules than the objective being of the
‘internal’ house a property of the real (external) house.
29 Alternatively, diminished being is perhaps relative to the ontological status
something is ‘supposed’ to have. On this view, there need not be a single ontological
level where entia deminuta are to be found. Instead, anything shifted downwards from
its proper level will count as a diminution. For example, Hercules is a thing, but a
representation-of-Hercules is something less than Hercules, though still a thing in its
own right. Likewise human beings are an ‘image’ of God, who therefore has lesser
being in humans, although humans are on a higher ontological level than mere
representations of Hercules. Whether we construe diminished being as absolute or as
relative will affect the proper translation of esse deminutum, of course. Cf.
A. MAURER, “Ens diminutum : A Note on its Origin and Meaning”, Mediaeval
Studies 12 (1950), pp. 216-222.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 83
30 Cf. Ibid., n. 34. Note that Scotus doesn’t offer this explanation in the correspon
ding passage of his earlier Oxford lectures, namely Lect. I, d. 36, q. un., n. 26 (Vat.
XVII, 468-469).
31 See Ord. I, d. 36, q. un., n. 28. This is the reading favored by D. PERLER,
“What Am I Thinking About ?”, art. cit., p. 80 : “The intelligible being constitutes a
‘third realm’ of being located in God’s intellect”.
84 PETER KING
32 Text given by T. NOONE, “Scotus on Divine Ideas”, art. cit., p. 418,11. 16-17.
Scotus also seems to no longer suggest that human cognition is indebted to God’s
production of the Divine Ideas in intelligible being qua intelligible, although this
claim is less certain since Scotus also maintained that God has Ideas and that human
cognition ‘aspires’ toward Divine knowledge, at least in the sense that God’s act of
thinking of things is necessarily perfect in ways in which our cognitive acts could
only hope to be. Hence the suggestion that mental content is a third realm sustained
by God is tempered, if not jettisoned, in the Paris lectures.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 85
33 This is something Scotus retains from his earlier writings. In Ord. I, d. 36,
q. un., n. 45, right before introducing the analogy of the Ethiopian white in respect of
his teeth, Scotus describes diminished being by talking about a statue of Caesar.
Indeed, Scotus takes statues to be paradigm cases for semantic signification (another
form of intentionality) as early as his questions on Aristotle’s De interpretatione.
34 In contemporary terminology, Scotus’s view is that the intentional attribute
supervenes on, but is not reducible to, the real attribute on which it depends. Now
there is a Pickwickian sense in which one could maintain that the supervening item
does ‘exist,’ in that it is always and only present when the real item on which it
supervenes exists, but this sense clearly doesn’t attribute further ontological status to
the supervenient item and so poses no threat.
86 PETER KING
IV . T h e m e t a p h y s ic s o f c o g n it iv e p s y c h o l o g y
35 This is related to, but different from, the question of what kind of distinction
holds between the subjective and objective forms in the mind : a real distinction, a
distinction of reason, a formal distinction, a modal distinction, or something else ?
Scotus doesn’t address this question, but clearly it is neither a real distinction (since
the objective form is not a real thing) nor a distinction of reason (since this would
threaten regress). Nor does it fit the paradigm Scotus proposes for the modal
distinction, in which there is a single nature that ‘varies’ through each of the modes
(like shades of a given color). That leaves us with the formal distinction. In his later
works Scotus is concerned to deny that the formal distinction carries any ontological
baggage, and, if we allow one term of a formal distinction to be a real thing, then
perhaps that is the best answer we can supply on Scotus’s behalf, although it does
seem to be a case of obscurum per obscurius.
DUNS SCOTUS ON MENTAL CONTENT 87
36 For a description of how the early Scotists tried to carry on in their Master’s
footsteps, see : K. TACHAU, Vision and Certitude, op. cit. pp. 93-104, 157-179, 317-
335 ; L. SPRUIT, Species intelligibilis, op. cit. pp. 277-290 ; and D. PERLER, “What
Are Intentional Objects ? A Controversy Among Early Scotists” in Ancient and
Medieval Theories oflntentionality, op. cit., pp. 203-226.
37 WILLIAM OF ALNWICK, Quaestiones disputatae de esse intelligibili et de
quolibet, ed. A. Ledoux, Ad Claras Aquas, 1937.
38 I’d like to thank T. Noone for providing me with his working version of the
forthcoming critical edition of Scotus’s QQ De anima, q. 17. I would also like to
thank Drs. M. Stansfield and P. Bulloch, the archivists of Merton College (Oxford)
and of Balliol College (Oxford) respectively, for allowing me to examine the
Reinbold manuscripts of Dims Scotus they have in their charge.
DOMINIQUE DEMANGE
1 DUNS SCOTUS, Rep. par. ni, d. 14, q. 2, n. 15 (Wad. XI, 472). Cf. Ord. I, d. 3,
n. 188 (Vat. ÏÏI, 115).
2 ARISTOTE, An. post, I, c.2, 71b9-13.
90 DOMINIQUE DEMANGE
3 DUNS SCOTUS, Rep. par. III, d. 24, q. un., n. 16 (Wad. XI, 519-520). Cf. Rep.
par., Prol., q. 1, a. 1, n. 4 (Wad. XI, 2) ; Ord., Prol., pa. 4, qq. 1-2, n. 208 (Vat. I,
141).
« OBJET PREMIER D ’INCLUSION VIRTUELLE » 91
scitur. Et ideo quantumcunque sint aliqua diversa scibilia secundum suam naturam,
dummodo per eadem principia sciantur, pertinent ad unam scientiam; quia non erunt
iam diversa in quantum sunt scibilia. Sunt enim per sua principia scibilia. »
9 DUNS SCOTUS, In VIMet., q. 1, nn. 17-38 (St. Bon. IV, 9-15) ; HENRICUS DE
GANDAVO, Quodl. IX, q. 4 ( 0 0 XIII, 88-99). L’argumentation de Dims Scot, dans
ses grandes lignes comme sur certains points particuliers, sera reprise par
GUILLELMUS DE OCKHAM, In I Sent., Prol., q. 8 (OTh I, 211-217) ; In Phys., Prol.
(OPh IV, 6-10).
10 DUNS SCOTUS, In VIMet., q. 1, nn. 39-40 (St. Bon. IV, 15).
11 Cf. DUNS SCOTUS, In VI Met., q. 1, n. 43 (St. Bon. IV, 18) : « Ubi sciendum
est quod intelligendum est hic primo de scientia speculativa reali, quae scilicet
considerat intentiones primas abstractas a singularis realibus et dictas de illis in
quid. »
« OBJET PREMIER D’INCLUSION VIRTUELLE » 93
12 « Unicus habitus scientiae virtute continet omnia intelligibilia circa quae est
scientia, et tanto magis actualiter quanto simplicior est, ita quod intellectus capere non
possit id quod est scientia in re nisi accipiendo scibile cuius est. <...> Habitus unicus
est, non determinatum ad aliquod obiectum, virtute tamen in se habens singula, ita
quod si essent infinitae species et essentiae creaturarum, unico habitu sufficeret
intelligere singulas, - et in infinitum procedendo, unam post aliam. » (HENRICUS DE
GANDAVO, Quodl. V, q. 14, in corp. Ce texte est cité par DUNS SCOTUS, Ord. II, d.
3, pa. 2, q. 3, nn. 355-363, Vat. VII, 571-576).
13 DUNS SCOTUS, Ord. II, d. 3, pa. 2, q. 3, n. 367 (Vat. VII, 579) : «Non potest
una ratio creata esse principium cognoscendi infinitas quiditates, sive non tot quin
plures.»
14 DUNS SCOTUS, Ord. II, d. 3, pa. 2, q. 3, n. 370 (Vat. VII, 581) : « Omnis
autem ratio cognoscendi quae est in intellectu creato <...> se habet ad ipsum
cognitum sicut mensuratum ad mesuram, et ita sicut ‘posterius naturaliter’ ad prius;
quare unitas eius necessario dependet ab unitate obiecti mensurantis. Igitur necesse
est aliquod unum obiectum esse mensuram eius. Sed obiectum quod est mensura eius,
est ei adaequatum ; ergo non est ratio cognoscendi alia, nisi quia continentur
virtualiter in primo obiecto quod est mensura eius. »
94 DOMINIQUE DEMANGE
15 DUNS SCOTUS, Ord. II, d. 3, pa. 2, q. 3, nn. 369-370 (Vat. VII, 580-581).
16 « Illud ergo dicitur primum subjectum scientiae, quod primo continet in se
virtualiter notitiam pertinentium ad scientiam » (Rep. par., Prol., q. 1, a. 2, n. 5, Wad.
« OBJET PREMIER D’INCLUSION VIRTUELLE » 95
II. SUBIECTUMINCLUDITPREDICATUM :
LA STRUCTURE LOGIQUE DU SUJET
XI, 3 ; Ord., Prol., pa. 3, q. 3, nn. 141-145, Vat. I, 95-97 ; Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1, nn.
395-397, Vat. III, 241-242 ; Lect., Prol., pa. 2, qq. 1-3, n. 66, Vat. XVI, 26).
17 DUNS SCOTUS, Rep. par., Prol., q. 1, a. 2 (Wad. XI, 4) : «Habitai autem
scientiae semper adaequatur aliquid commime secundum virtualitem ad omnia, non
autem commune secundum praedicationem. »
18 GUILLELMUS DE OCKHAM, In I Sent, Prol., q. 8-9 (OTh I, 211-240).
19 DUNS SCOTUS, Rep. par., Prol., q. 1, a. 2 (Wad. XI, 3-6).
96 DOMINIQUE DEMANGE
pes et les conclusions d’un tel sujet sont contenues virtuellement, et ainsi
on tient toute la connaissance qui résulte de ce sujet même21.
24 DUNS SCOTUS, Ord, Prol, pa. 3, qq. 1-3, n. 191 (Vat. I, 128) : « Dico quod
non oportet principia scibilis esse principia ipsius subiecti in se, quia entis inquantum
ens, quod ponitur subiectum Metaphysicae, nulla sunt principia, quia tunc essent
cuiuslibet entis; sed oportet cuiuslibet subiecti esse principia per quae demonstrentur
eius passiones de eo, et ex quibus principiis tamquam ex mediis demonstrationis
formantur principia complexa, sicut propositiones per se notae. Hoc modo cuiuslibet
subiecti, quantumcumque imprincipiati respectu suarum passionum, possimi esse
principia. »
25 AVICENNE, Le livre de science, trad. M. Achena - H. Massé, Paris, Les Belles
Lettres-Unesco, 1986, p. 69.
« OBJET PREMIER D’INCLUSION VIRTUELLE » 99
Lorsque Duns Scot dit que toute propriété essentielle du sujet doit
s’exprimer in fine ‘au second mode’, la cause en est que lorsque je
saisis le prédicat au second mode « dans l ’intellect, dans la pensée et
dans la définition », je ne peux pas le saisir comme n’étant pas dans
son sujet. Lorsque je pense à curviligne ou à rectiligne, je ne peux pas
ne pas penser à une ligne ; lorsque je pense à pair ou impair, je ne peux
pas ne pas penser à un nombre, puisque dans le concept, et par
conséquent dans la définition du prédicat au second mode tombe la
‘note intentionnelle’ du sujet (« Subiectum cadit in ratione predicati »).
Si la prédication secundo modo est considérée ici par Duns Scot
comme directement constitutive, c’est en tant qu’elle saisit le prédicat
non pas sous le mode de la présence simple, formellement, mais sur le
mode de la nécessité, c’est-à-dire causalement. L ’antériorité du second
mode est cognitive, elle découle directement de l’antériorité du sujet
dans toute définition ou prédication essentielle, en tant qu’il est
considéré comme étant la cause en fonction de laquelle toutes les autres
choses sont dites (dicitur de quo).
La connaissance virtuelle produit l’évidence de l’inclusion, dans
un sujet, d’une propriété essentielle qui lui est formellement autre, au
sens de la non-identité formelle27. Une telle prédication, qui est dite
‘<denominative’ ou ‘in quale’, peut ainsi s’exprimer, de façon
logiquement équivalente, mais différente dans son aspect intentionnel
ou cognitif, comme relevant d’une distinction formelle, ou d’une
inclusion virtuelle. On trouvera, tout aussi bien, l’affirmation selon
laquelle la propriété (passio) est « virtuellement incluse » dans son
sujet, et celle selon laquelle les propriétés, en tant qu’elles se donnent
dans le sujet, y sont « formellement non-identiques », selon le modèle
de la contenance unitive. Cette conception scotienne de la ‘virtualité’ -
28 DUNS SCOTUS, In IXMet., q. 14, nn. 88-106 (St. Bon. IV, 660-667).
29 DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 2, nn. 515-517 (Vat. III, 305-307).
30 DUNS SCOTUS, Ord. II, d. 25, q. 1 (Wad. VI, 880-884).
31 DUNS SCOTUS, Rep. par. Il, d. 25, q. un., n. 13 (Wad. XI, 369) : « Non igitur
est hoc solum quia praehabet aliquid virtualiter, quod non habet suscipere illud
formaliter, quia nunquam impedit, quantum est ex se, quando praehabet talem
virtualiter limitate. Unde subiectum habet virtualiter et eminenter propriam passionem
effective, et tamen potest esse tale formaliter. »
32 DUNS SCOTUS, Rep.par., Proh, q. 1, a. 2, n. 10 (Wad. XI, 4) : « Quod continet
virtualiter notitiam aliquam intellectus, non habet esse in intellectu; obiectum scibile
« OBJET PREMIER D ’INCLUSION VIRTUELLE » 101
III. L a t h é o r ie
d e l a VÉRITÉ PROPOSITIONNELLE :
INCLUSION VIRTUELLE ET ÉVIDENCE OBJECTIVE
habet esse in intellectu; quia est universale, et universale non est in re, nec in sensu,
ergo etc. Maior probatur : quod continet virtualiter notitiam aliquam intellectus, est
motivum intellectus ad illam ; sed motivum est distinctum subiecto a mobili: ergo tale
continens non habet esse in intellectu. »
33 DUNS SCOTUS, Rep. par., Prol., q. 1, a. 2, n. 13, n. 15 (Wad. XI, 5) : « Anima
autem intellectiva est eadem subiecto virtuti phantasticae ; igitur etiam intellectus est
idem illi, et ergo etiam phantasmati, quod est in illa virtute. » « Dico ergo <.. .> quod
aliquid existons in intellectu, sive subiective, ut species intelligibilis, sive obiective, ut
illud quod relucet in tali, continet virtualiter notitiam intellectus. »
102 DOMINIQUE DEMANGE
34 DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 3, pa. 1, q. 3, n. 174 (Vat. XVI, 293). Cf. Ord. I, d. 3,
pa. 1, q. 4, nn. 230-234 (Vat. El, 138-141).
35 DUNS SCOTUS, In VIMet., q. 3, nn. 36-37 (St. Bon. IV, 69).
« OBJET PREMIER D’INCLUSION VIRTUELLE » 103
36 Ibid.
37 Ibid., n. 48 (St. Bon. IV, 73) : « Hoc ‘esse’ est habitudo inclusa virtualiter in
extremis ante naturaliter quam extrema comparentur a ratione ») ; ibid., n. 54 (St.
Bon. IV, 75) : « Quando ergo intellectus confert terminos illos componendo, statim
videt conformitatem actus sui ad illam habitudinem quam prius natura habuit notam
ex terminis. »
38 DUNS SCOTUS, In VI Met, q. 3, n. 63 (St. Bon. IV, 77-78) : « Iudicium de
veritate complexi non est nisi collatio notitiae conferentis ad notitiam incomplexam
extremi, si sibi est conformis. Et haec conformitas statim quandoque patet, quando
notitia simplex naturali necessitate statim includit notitiam collativam. »
104 DOMINIQUE DEMANGE
Comment par une réflexion (reflectendo) la vérité vient à être connue, cela
pose ime difficulté. Si dans la composition je connais la chose non pas
seulement en absolu (non tantum absolute) mais collativement et par
réflexion, je rapporte l’acte <de composer> à la chose, et ce sera alors à la
chose connue collativement, ainsi que le dit le troisième argument. Parce
que si je me tourne vers la chose sans rien {nude), sans rapporter, de cette
façon je ne pourrai pas juger de la vérité de la composition, qui est un acte
de recollection {actus collativus). C’est pourquoi on s’aperçoit que pour
juger de quelque chose, je retourne au même et de la même façon
{converto ad idem et eodem modo), dès lors que dans la première
composition et dans ce à quoi je retourne, je trouve la chose en tant que
connue collativement {habeo rem ut cognitam collative).
Apprend, comme cela a été dit, pourquoi un complexe {complexum) est
vrai : parce que l’identité des extrêmes, ou une autre disposition qui leur
est virtuellement incluse, précède naturellement la complexion produite
par la raison, et qu’être vrai pour cet acte de raison c’est se conformer <à
cette identité ou disposition> comme à sa mesure. {Quia complexionem,
quae est a ratione, praecedit naturaliter identitas extremorum, vel alia
habitudo virtualiter inclusa in ipsis, cui actum rationis conformari ut
mensurae est ipsum verum esse). C’est pourquoi je dis queje sais que cette
complexion est vraie lorsque je connais sa conformité à cette disposition
virtuellement incluse dans les extrêmes. {Ita dico quod illam
complexionem cognosco esse veram cognoscendo conformitatem eius ad
illam habitudinem virtualiter inclusam in extremis)39.
Il ne faut donc pas se méprendre sur le concept de « réflexion »
qu’introduit ici Duns Scot : ce n’est ni une opération de l’intellect sur
les termes de la proposition pour en faire sortir une vérité, ni une
comparaison recherchant une adéquation formelle entre la proposition
et son objet, mais bien l’acte de conférer à l’opération de composition
propositionnelle une signification objective, qui fait comprendre alors
qu’il y a conformité ou non-conformité de cette opération avec les
entités qui sont en jeu : « intellectus componens statim percipit actum
componendi esse conformem entitati compositorum. »40 Dès lors, que
devons-nous entendre par « connaissance objective » chez Duns Scot ?
L’objet n’est pas tant la chose formellement appréhendée, que ce qui en
42 Cf. DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 17, pa. 2, q. 4, n. 238 (Vat. XVII, 257). Sur la
théorie de l’unité intégrative, cf. R. CROSS, The Physics o f Duns Scotus, Oxford,
Clarendon Press, 1998, pp. 141-150.
43 DUNS SCOTUS, Quodl. VI, n. 1 (Wad. XII, 144) : «Quantitas aliquo modo
convenit omni enti cuiuscumque generis, et per consequens licet magnum et parvum
secundum eum sint passiones proprie quantitatis, tamen translative accepta sunt
transcendentia et passiones totius entis. »
44 DUNS SCOTUS, Quodl. VI, n. 2 (Wad. XII, 144) : « Infinitas intensiva non dicit
proprietatem, vel passionem eius, cuius est, sed modum intrinsecum eius.
Circumscripta etiam quacumque proprietate, nulli ergo potest convenire, nisi cui ex
natura rei intrinsece convenit. Probatio minoris : quia entitati quiditatis absolutae,
quae nata est habere rationem mensurae vel mensurabilis, vel convenit finitum, vel
infinitum ; cui ergo repugnat finitum, ei convenit infinitum : talis est essentia divina. »
« OBJET PREMIER D’INCLUSION VIRTUELLE » 107
45 DUNS SCOTUS, Rep. par. I, d. 2, n. 9 (Wad. XI, 30). Cf. AVICENNA LATINUS,
Liber de philosophia prima, V, c. 2 (ed. Van Riet, 244-245).
46 Cf. DUNS SCOTUS, Rep. par., Prol., q. 1, a. 4, n. 40 (Wad. XI, 12) : « Cognitio
‘quid est’ est omnino prima <...> et sicut absolute cognitio ‘quid est’ est prior
cognitione aliorum ; ita in eodem cognitio ‘quid est’ eiusdem est cognitio eius prima
et omnino perfectissima, ergo illa maxime veritatis contentiva omnium cognoscibi
lium de illo cuius est. Consequentia patet, quia continere virtualiter obiecta cognosci
bilia competit perfectissime cognoscibili. »
47 DUNS SCOTUS, Quodl. VI, n. 4 (Wad. XII, 143) ; HENRICUS DE GANDAVO,
Quodl. IX, q. 2 ( 0 0 XIII, 29).
108 DOMINIQUE DEMANGE
blanc, mais similitude par imitation, comme ce qui participe d’une idée à
son idée (sicut est ideati ad ideam)50.
B . O b j e t e t in c l u s io n v ir t u e l l e : in t e l l ig ib il it é e t
INTELLECTUALITÉ
55 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 49, q. 11, n. 4 (Wad. X, 545-546) : « Dico quod
inter obiectum et potentiam, non oportet esse aequalitatem, sed quandam
proportionem ; talia autem, inter quae requiritur sola proportionalitas, possunt esse
maxime dissimilia, ut patet de materia et forma, similiter de activo et passivo. Sic est
hic : non enim requiritur inter obiectum et intellectum nisi proportio motivi ad mobile.
Obiectum enim se habet per modum moventis potentiam, et inter talia magis
requiritur dissimilitudo, quam similitudo. Potentia enim capax est operationis tantum
respectu huius obiecti, et ideo proportionatur si potentia est ex se elicitiva, sicut
terminus operationis et operatio, non sicut proportione quantitativa aequalia. Hoc
similiter patet in aliis : ens ordinatum ad finem suum proximum habet proportionem
immediatam ad illum, et tamen distat in infinitum ad fine, nec tamen impedit hoc
proportionem eius, quod est ad finem. Ad illud genus proportionis pertinet proportio
obiecti et actus. » Cf. Ord. II, d. 3, pa. 2, q. 2, nn. 333-334 (Vat. VII, 561-562).
56 DUNS SCOTUS, Quodl. V, n. 10 (Wad. XII, 126) : «Una primitas obiecti
dicitur esse primitas adaequationis quando scilicet potentia non excedit illud
obiectum, quomodo coloratum vel luminosum dicitur esse primum obiectum visus.
Alio modo primum potest dici virtute cuius omne aliud intelligitur vel cognoscitur a
tali intellectu, quomodo lux est primum obiectum visus. Tertio primum potest dici
perfectionis, quod continet in summo perfectionem omnium obiectorum et virtutem
perficiendi potentiam. »
112 DOMINIQUE DEMANGE
57 DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 3, pa. 1, qq. 1-2, n. 130 (Vat. XVI, 276) : « Sed ubi
est primum obiectum secundum adaequationem tantum et secundum communitatem,
et non secundum perfectionem, ibi est maior falsa, sicut visio quae est circa coloris
absolute, non est perfectissima visio, sed illa visio quae est circa colorem
perfectissimum, ut circa album intensissimum. »
58 DUNS SCOTUS, In VI Met., q. 3, n. 22 (St. Bon. IV, 64) : « Hic autem modus
videtur abuti termino isto ‘obiectum’. Nam quod respectus ad potentiam sit formalis
ratio obiecti, non invenitur a philosophis communiter, sed illud quod movet potentiam
passivam. Unde Aristoteles 11 De anima : ‘cuius quidem est visus, hoc est visibile’,
sic quod in ratione praedicati cadit subiectum : ‘cuius est visus, est obiectum visus’.
« OBJET PREMIER D’INCLUSION VIRTUELLE » 113
De isto, secundum ipsum ibi, praedicatur per se secundo modo - non primo -
‘visibile’ quod dicit respectum ad potentiam. Sed si talis respectus esset ratio formalis
obiecti, esset per se primo modo. » Cf. Ord. I, d. 3, pa. 1, q. 3, n. 183 (Vat. Ili, 111) ;
Lect. I, d. 3, pa. 1, qq. 1-2, n. 183 (Vat. XVI, 281).
59 Cf. DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 3, pa. 3, q. 1, n. 386 (Vat. III, 235).
60 Cf. déjà R. GROSSETESTE, I n i Anal. Post, c. 11, p. 187.
61 La noétique de la vision béatifique est étroitement liée à la question de la nature
de la quantitas virtualis. Cf. en particulier THOMAS DE AQUINO, In IV Sent, d. 49,
q. 2, a. 3. Pour un historique sur cette question, voir A. CÔTÉ, L ’infinité divine dans
114 DOMINIQUE DEMANGE
V . C o n c l u s io n
Nous nous sommes efforcés de montrer que pour Jean Duns Scot,
l ’objet a une structure, qui est à la fois logique, noétique, cognitive.
Cette structure est logique en tant qu’elle articule, autour de l’objet
comme sujet logique, les modes de la prédication essentielle (per se
primo modo, per se secundo modo) en vertu desquels il reçoit son unité
logique, c’est-à-dire son univocité pour la démonstration. Elle est
tamen a nullo movetur ad actum intelligendi nisi a primo obiecto suo. Nullum etiam
obiectum secundarium primo terminat per rationem propriam actum ipsius, sed
tantum ex consequenti virtute illius primi ; et ideo illud per se adaequatum obiectum
intellectui non est aliquid commune omnibus per se intelligibilibus, sed aliquid
primum intelligibile per se continens omnia. » Cf. Quodl. V, nn. 11-12 (Wad. XII,
126-127).
66 DUNS SCOTUS, Rep. par., Prol., q. 1, a. 4, n. 40 (Wad. XI, 12).
67 DUNS SCOTUS, Rep. par. IH, d. 14, q. 2, n. 20 (Wad. XI, 473).
116 DOMINIQUE DEMANGE
I. T h e p r o b l e m f o r m u l a t e d
2 For the authors I will consider here nothing seems to turn on whether the
conditional is indicative or subjunctive.
3 The question is formulated in terms of their being really distinct and the nature
of real distinction is part of what is at issue. Real distinction must be distinguished
from existential distinction, where A is existentially distinct from B if A may exist
without B existing. See the discussion of the Scotist notions of real, formal, and
existential distinction and its application to the Trinity in C. J. MARTIN, “Logics for
Distinctions : Peter of Navarre and the Scotistic Treatment of Impossible
Hypotheses”, in Medieval and Renaissance Logic in Spain. Acts of the 12th European
Symposium on Medieval Logic and Semantics, held at the University of Navarre
(Pamplona, 26-30 May 1997), eds. I. Angelelli - P. Pérez-Ilzarbe, Hildesheim, Olms,
2000 (Philosophische Texte und Studien, 54), pp. 439-463.
4 Peter Lombard simply sets out the authorities on either side and rejects the
anathematization of the Latins implied by his Greek sources. He argues that the Latins
would be heretically in error only if they denied the principles affirmed by the Church
Councils whereas, in fact, they simply add to these principles a truth to be found in
Scripture and the writings of the Church Fathers.
5 Aquinas gives the same answer in his most explicit and extensive discussion of
the question in De potentia, q. 10, a. 5 (Busa III, 237-239).
6 So GUILLELMUS DE OCKHAM, In I Sent., d. 11, q. 2 (OTh III, 368). See part II
below.
7 THOMAS DE AQUINO, In I Sent., d. 11, q. 1, a. 1 (Busa I, 31). Cf. ST la, q. 36,
a. 2 (Busa H, 238). Aquinas asserts other counter-possible conditionals in his
Sentences commentary : “if the Father and the Son were distinct in essence, they
FORMAL CONSEQUENCE IN SCOTUS AND OCKHAM 119
it is to be said without qualification that the Holy Spirit proceeds from the
Son. For if this (procession) is removed, the distinction between the Son
and the Holy Spirit is inevitably removed. For since the divine persons are
distinguished by nothing absolute, it is necessary that every distinction
between them is according to relations of origin. Whence if the Holy Spirit
and the Son were not distinguished by the fact that one is from the other,
they would both be one person.
Aquinas has nothing to say about what principles of inference
might in general guarantee the correctness of claims about the
consequences of acknowledged impossibilities. The hypothesis that the
Holy Spirit does not proceed from the Son must be held to be such an
impossibility, however, since it is the opposite of a truth about the
persons of the Trinity which is held as a matter of faith, and all such
truths are necessary. The beginnings of an analysis of the reasoning
under an impossible hypothesis which must be considered in evaluating
this counter-possible conditional8 are found in Henry of Ghent’s
discussion of the same question.
The authority that is crucial for all discussions of our counter
possible question is Boethius’ observation in his de Trinitate9 that in
the Godhead “substance preserves unity while relation multiplies the
Trinity”. Aquinas construes Boethius as requiring that the persons of
the Trinity are distinguished pairwise only by their standing in opposed
relations to one another. If this opposition is removed, then so is the
distinction. Henry of Ghent holds, to the contrary, that the conditional
at issue is false since the Son and Holy Spirit would in the situation
corresponding to the antecedent continue to be really distinguished by
the different but not opposed relations in which each stands to the
Father.
would still love one another” (In I Sent., d. 11, q. 1, a. 2, Busa I, 32); “with the
distinction of the persons removed by the intellect, creation would still remain” (In I
Sent., d. 11, q. 1, a. 4, Busa I, 32). The procedure of mental separation which Aquinas
appeals to here is one of the sources of the logical device of positio impossibilis to be
discussed below.
8 HENRICUS DE GANDAVO, Quodl. V, q. 9, in Quodlibeta Magistri Henrici
Goethals a Gandavo, Paris, 1518 (repr. Louvain, 1961), ff. CLXVÏÏ[0]-CLXVIII[Z]
(dating from Christmas 1280).
9 BOETHIUS, De Trinitate VI (Loeb, 28).
120 CHRISTOPHER J. MARTIN
When, as it in fact does, the Holy Spirit proceeds from the Father
and the Son together it uniquely possesses the relational property of
being passively spirated by the Father which constitutes it as the person
which it is. The Father and the Son on the other hand each possess the
relational property of actively spirating the Holy Spirit and so this is a
common property which thus does not constitute a person. The Son and
the Holy Spirit consequently possess opposed, contrary, or as we would
say, converse, relational properties, the properties of actively spirating
and of being passively spirated.
Opposed relational properties cannot exist in the same subject but
different active relational properties may, and they do so in the case of
the Father who has the properties both of generating the Son and of
spirating the Holy Spirit. Henry insists, on other hand, that different
passive relational properties cannot exist in the same subject since each
emanation is both necessary and sufficient for the production of the
complete being which is its terminus.
As an objection to his position Henry argues that the second and
third persons of the Trinity would not in the situation hypothesised be
distinct10 :
Because, as Boethius seems to say, relations distinguish only if they are
opposed, so that in this case an impossibility would follow, that is, that the
Holy Spirit and the Son would both be distinguished and not distinguished
if the Holy Spirit did not proceed from the Son. And with this it is clearly
shown that something impossible is posited, that is, that the Holy Spirit
does not proceed from the Son.
In response Henry maintains, in effect, that the argument commits
the fallacy of conflating what is true secundum quid with what is true
simpliciter. Since, he argues, the Son and the Holy Spirit are the
termini of distinct emanations from the Father and would remain so
under the hypothesis, they would thus remain distinct from one another
when compared in terms of their relation to the Father. This, according
to Henry, is the appropriate comparison to make since each emanation
is constitutive of the being of the corresponding person. The Son and
Holy Spirit would therefore be distinct simpliciter if the latter did not
proceed from the former.
If, on the other hand, they are compared to one another in terms of
their relations to one another they would not under the impossible
hypothesis be distinct. However, according to Henry, this failure to be
distinct is only a relative failure {secundum quid) since the comparison
to one another with respect to one another is not the proper one11. Thus
the claimed contradiction does not follow from the hypothesis.
Henry apparently presents the rejected argument as a reductio ad
impossibile but does not explain further why it might be embarrassing
to be shown that an impossibility follows from something already
known to be impossible. Godfrey of Fontaines writing on the problem
perhaps a decade later and at much greater length provides a more
detailed analysis of the argument12.
Godfrey holds, contrary to, and arguing directly against Henry,
that the conditional is true since the real distinction of the Holy Spirit
from the Son requires that it proceed from both the Father and the Son
as the result of their mutual love. If, Godfrey argues, the Holy Spirit did
not proceed from the Son as well as from the Father, the two remaining
emanations from the Father, generation and active spiration, and their
termini, the Son and the Holy Spirit, would be distinct only by a
distinction of reason. Like Aquinas, Godfrey holds that only opposed
relations can serve to really distinguish persons. The real distinction
between the passive generation of the Son and the passive spiration of
the Holy Spirit is supervenient, he claims, on the real distinction
between the active spiration of the Son and the passive spiration of the
Holy Spirit.
Godfrey thus argues that two contradictions, that the Holy Spirit is
both distinct and not distinct from the Father and that the Holy Spirit
both proceeds in the mode of will and does not so proceed, do indeed
follow from supposing that the Holy Spirit does not proceed from the
Son but nevertheless still proceeds from the Father, in the mode of will,
and so remains distinct from the Son, which proceeds in the mode of
nature. Though he does not say so, Godfrey like Henry thus offers an
argument with the structure of a reductio ad impossibile. It is of course
not the usual kind of reductio since the hypothesis is known to be
impossible at the beginning of the argument but what it shows, if
Godfrey’s analysis is correct, is that a formal contradiction, both a
proposition and its negation, follows from assuming both the
antecedent of our conditional and the opposite of its consequent and so
that the conditional is true in that it is impossible, in the sense of
contradictory, for the antecedent to be true and the consequent false.
Godfrey rejects Henry’s claim that the argument to a contradiction
conflates unqualified and relative distinction and insists that persons
are distinguished really only by opposed relations of origin. That is to
say, persons P j and P2, differ really only if P2 originates from P i or
vice versa. He then goes on to discuss a further response which is not
found in Henry’s discussion but which will be crucial in Scotus’
treatment of the problem.
According to Godfrey, some proponents of the view that the Holy
Spirit would remain distinct from the Son even if it did not proceed
from the Son, claimed that the hypothesis that it does not so proceed
does not imply contradictories. They argued that while the hypothesis
that the Son and the Holy Spirit are not distinguished by the opposed
relations of active and passive spiration is posited per impossible it is
not posited per incompossible where13 :
something is posited per incompossibile only when along with that which
is principally (principaliter) posited its contradiction is implied
(implicatur), that is, when something is removed which belongs to its
signification and essence. As, for example, if I were to say “if a human
being were to be a non-rational animal, it would <not> differ from a
brute”; because with rational removed there remains only that in which it
agrees with a brute. When <the hypothesis» does not imply the
contradictory of that which belongs to the signification and essence of
what is posited, but there is posited, nevertheless, something which is
repugnant (repugnans) to something connected (pertinens) to the principle
positum, then the contradiction of it is not principally posited but only in a
n . D u n s S c o t u s a n d t h e l o g ic o f c o n s e q u e n c e s
sides appeal to the authority of Anselm and that there is much disagreement over
Anselm’s intention. For this reason he declines to consider it.
19 GODEFRIDUS DE FONTIBUS, Quodl. VII, q. 4, ed. cit., p. 294.
20 F. WETTER, Die Trinitätslehre des Johannes Duns Scotus, Münster, Aschen-
dorff, 1967 (Beiträge zur Geschichte der Philosophie und Theologie des Mittelalters,
41), pp. 64, 69, citing C. BALIO, Les Commentaires de Jean Duns Scotus sur les
quatre livres des Sentences, Louvain, 1927, pp. 161-198. Wetter is followed by H.
GELBER, Logic and the Trinity. A Clash o f Values in Scholastic Thought, 1300-1335,
PhD thesis, University of Wisconsin at Madison, 1974, p. 71. Gelber (op. cit. p. 72)
suggests that Scotus suppressed discussion of the formal distinction while his dispute
with Godfrey continued and claims to find the end of the dispute precisely with the
difference between Scotus’ treatment of the formal distinction in questions 2 and 3 of
distinction 33 of Book I.
21 Cf. J. F. WIPPEL, The Metaphysical Thought o f Godfrey o f Fontaines. A Study
in Late Thirteenth Century Philosophy, Washington D. C., Catholic University of
America Press, 1981, p. XVI. For the refutation of Balic’s suggestion that Godfrey
was Chancellor of the University see P. GLORIEUX, “Duns Scot et les ‘notabilia
Cancellarii”’, Archivum Franciscanum Historicum 24 (1931), pp. 3-14 ; A. MAEER,
“Literarhistorisch Notizen über P. Aurioli, Durandus und den “Cancellarius” nach der
Handschrift Ripoll 77bis in Barcelona”, Gregorianum 29 (1948), pp. 213-51.
126 CHRISTOPHER J. MARTIN
22 Curiously the editors of the Vatican edition of the Ordinatio do not cite
Godfrey at this point but note rather that the argument is mentioned by Richard
Middleton and extensively discussed and rejected by William of Ware. They also note
that William of Nottingham attributes the argument to John of Berwick and William
of Macclesfield. Cf. DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 11, q. 2 (Vat. V, 10).
23 “Fuga”, Rep. par. (Wad. XI/1, 87) ; “fuga quaestionis” Ord. (Vat. V, 10). In the
Lectura Scotus simply remarks that Godfrey’s objection is faulty (peccat) (feet. Vat.
XVII, 136).
24 DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 11, q. 2 (Vat. XVII, 135-137).
25 Cf. “The treatises on obligationes by William of Sherwood (?) and Walter
Burley”, in R. GREEN, The Logical Treatise ‘De Obligationibus ’. An Introduction
With Critical Texts o f William o f Sherwood and Walter Burley, unpublished thesis,
Louvain, 1963.
FORMAL CONSEQUENCE IN SCOTUS AND OCKHAM 127
original positum taken together with anything which has already been
conceded and the opposite of anything which has already been denied.
Positio falsa has two forms, positio possibilis in which the original
positum is something known to be false but which might possibly be
true, and positio impossibilis in which the positum is an acknowledged
impossibility.
The problem according to the objector is that the hypothesis of our
question includes opposites and so the respondent will be forced either
(i) to conceded opposites, and so “there will be no end to the
disputation” or (ii) to deny something which follows from the positum,
and so it will not be possible to prove anything “because nothing
follows”26. In reply Scotus makes more precise the distinction between
consequences invoked by the proponent of the argument to show that
both of these claims are false. It will be possible to prove something but
it will not be possible to prove everything.
The positum in an impossible positio cannot be an explicit self-
contradiction, “A & not A”, but, Scotus points out27 :
some consequences are natural, in which the consequent is understood per
se of the antecedent, and some consequences are accidental, which hold in
virtue of an extrinsic locus, in which the antecedent cannot be true without
the consequent but the consequent is not understood per se of the antece
dent, as when the antecedent is the cause of the consequent (as the subject
is the cause of a passion), or by the locus “from something similar”.
26 Scotus does not explain why these consequences would follow. In support of (i)
he might appeal to the Lewis argument to prove anything from a contradiction. But if
this is so, then (ii) does not make a distinct point. Granted that if the positum is “p &
not p ” if “p ” is contingent and “p ” implies “q” then the only way to force the
respondent to deny “q” is to prove “not q” by the Lewis argument. For the history of
the Lewis argument see C. J. MARTIN, “William’s Machine”, Journal o f Philosophy
83 (1986), pp. 564-572.
27 DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 11, q. 2 (Vat. XVII, 136).
28 DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 11, q. 2 (Vat. XVII, 137).
128 CHRISTOPHER J. MARTIN
Scotus uses the expression “in virtue of form” in the Reportata just
where in the Lectura and Ordinatio he uses “formally” or “essentially”.
That is to say, a consequence holds in virtue of form, in this sense, if
and only if it is a natural consequence. The antecedent is thus
inseparable from the consequent and in addition the consequent is
“included in the per se understanding of the antecedent”. A paradig
matic example is “if Socrates is human, then Socrates is an animal”
since the definition of human includes being an animal.
The consequence “if Socrates is human, then Socrates is an
animal” is obviously not formally true in the modem sense of holding
for every uniform substitution of terms. Formal truth in this sense had
already been precisely characterised by Abaelard in the early twelfth
century but it had not been referred to in terms of “forma” and its
cognates38. The first writer known to do so seems to be Simon of
Faversham commenting on the Sophistici Elenchi in Paris around 1280.
Simon also provides us with the first known division of consequences
into formal or material rather than natural or accidental. Discussing
putative objections to the claim that one cannot validly argue by
affirming the consequent, Simon notes that39 :
when it is said that “an animal is a substance; therefore a man is a
substance is a good consequence” I reply that this consequence does not
hold in virtue of form (ratione formae), but rather in virtue of matter.
Because according to the Commentator on the first book of the Physics40
an argument which is valid (concludens) in virtue of form must hold in all
matter. This consequence, however, holds only for features which are
essential... and so this consequence is not formal (formalis).
Having insisted in his description of the workings of impossible
positio that no positum is to be admitted which immediately includes
opposites, Scotus goes on to claim that in certain cases even such
incompossibilia are legitimately posited. He describes a procedure
which I will call radical circumscription with the aid of which, he
GREEN, op. cit., “... only natural consequence is to be maintained here, and not every
natural consequence but only that which is such that it is manifestly the case that its
opposite cannot be believed. Such a consequence, that is, as “if this is a whole, then it
has parts” and “if this is a whole, then it is greater than its parts.”
46 As for example in the use of reductions to impossibility in the proof of
syllogisms.
FORMAL CONSEQUENCE IN SCOTUS AND OCKHAM 139
from the essence both in quiddity and being but they are also both the
same as the essence.
The relations according to Scotus are, on the one hand, the same
“by identity” as the divine essence, that is, there is here only
numerically one thing. On the other hand they are formally distinct
beings. As he puts it in the Lectura49 :
relation passes away <into the essence> with respect to identity but it
nevertheless remains with respect to its formal notion (ratio formalis).
and in the Ordinatio50 :
Both the quiddity and the being remain, because the relation is not
formally the divine essence ... both, however, pass away cinto the
essence> because, while formally not the same, they are truly (veré) the
same <as the essence>.
Scotus replies :
I say that where a predicate is concluded of a predicate the conclusion with
“per se” or “in so far as” never follows in virtue of the form (ex forma)
<of the arguments. Because “in so far as” indicates that the cause lies in
the subject in respect of the predicate and there may be a cause in the
subject with respect to different predicates even though in no predicate is
there the per se the cause of another predicate.
That Scotus intends here to deny the consequence is formally true
in Simon of Faversham’s sense is clear from what follows - counter
instances obtained by the uniform substitution of terms.
So within a couple of paragraphs in the Reportata we find Scotus
appealing to quite distinct notions of formality to characterise
consequence. In Ockham we will find yet another.
would still be distinct from the Holy Spirit53 in accordance with the
principle that if some x has a real feature F, as a part, or a constituent,
that is really distinct from y, then x is really distinct from y. Since
filiation is really distinct from passive spiration and so from the Holy
Spirit, the divine essence with filiation is really distinct from the divine
essence with passive spiration, independently of the conjunction of
filiation and active spiration in the Son54.
While Ockham agrees with Scotus that Aquinas is wrong,
however, though he does not mention him by name, he disagrees with
Scotus over the solution to the problem. Ockham maintains that the
question is not in the first place, as Scotus supposed it to be, about the
truth or falsity of a conditional. Rather what we are asked is whether
there is something other than the relational property of active spiration
which really distinguishes the Son from the Holy Spirit55. As we have
just seen, Ockham thinks that there is, the property of filiation. Thus if
it is posited that the Son does not actively spirate the Holy Spirit and
then asked whether the Son and the Holy Spirit are still distinct, the
answer is that they are. They are distinguished by their disparate
relations to the Father56.
Much more importantly, however, Ockham disagrees with Scotus
over the status of the conditional “if the Holy Spirit were not to proceed
from the Son, then it would not be distinct from the Son.” Ockham
maintains that, “on account of the Greeks”, Distinction 11, question 2,
has a secondary interest in whether the procession of the Holy Spirit
from the Son follows, as he says, in an evident consequence from the
existence of three persons with a single essence. He maintains that it
does not, since it does not follow evidently57 from the fact that there are
three persons that two of those persons have opposed relations. They
might alternatively be distinguished by absolute attributes or non-
opposed, i.e. disparate, relational properties. Likewise, the
contrapositive of this consequence, the conditional that we are
interested in, is not evidently true58.
Ockham, as I said, makes no reference here to Scotus or to the
formal distinction. His next claim, however, makes it perfectly clear
that it is Scotus and his metaphysics that are his target and that the
ammunition he proposes to use against them is a new account of what it
is to follow formally and so a new account of the logic of
consequences.
Scotus had claimed that it does not follow formally that if the Holy
Spirit were not to proceed from the Son, then it would not be distinct
from the Son, but it does follow concomitantly or accidentally. Ockham
insists to the contrary that the consequent does indeed follow formally
from the antecedent. His argument, however, reveals that for formal
consequence he requires no more than that concomitance is guaranteed
in a particular way59 :
I maintain that this follows formally and necessarily : the Holy Spirit does
not proceed from the Son, therefore it is not distinguished from the Son,
because this follows : (a) the Holy Spirit does not proceed from the Son;
therefore active spiration is not in the Son. And this follows : (b) active
spiration is not in the Son, therefore filiation is not in the Son. And further,
therefore the Son is not distinguished really from the Holy Spirit. The first
consequence [(a)] is manifestly <valid>. The second consequence [(b)] is
proved because (1) when two items are really the same of which one, or
both, is proper to that in which it is, in whatever the other is not found,
there is not found that which is proper to that which it is in. But (2) active
spiration and filiation are really the same, and filiation is proper to that
which it is in <etc> ... The major [(1)] is m anifestly true> : when two
items are proper <to what they are in> and are really (realiter) one
<thing>, it is m anifestly true> that in whatever one of them occurs the
other also occurs. Because if not, - since neither of them may be in several
things, since each is proper to what it is in, - it follows that if one of these
can be in something with the other not existing in the same, then those two
do not exist in one thing, and consequently are not really the same.
Ockham argues in the same way for the case in which one of the
items is proper to what it is in and the other common60. His example
here is the divine essence and paternity. Without the divine essence
paternity cannot be present but the essence can occur without paternity.
The same holds for common spiration - common to the Father and the
Son - and filiation - proper to the Son.
Scotus would accept Ockham’s argument as an application of the
extrinsic locus that with the removal of a quasi-passion the quasi
subject is removed. What he would not accept is that this proves that
the consequent of the conditional that we are interested in follows
formally from the antecedent. Rather all that is proved is that the
consequence holds concomitantly.
Just as Ockham allows no distinction on the side of reality other
than the real distinction, so, it seems to me, he allows no logical
relation of following other than that of accidental consequence.
Ockham’s often repeated appeal against Scotus to the indiscemibility
of real identicals61 is, in another form, a dogmatic insistence that there
is only one kind of consequence relation, and that this requires merely
60 Ockham thus appeals to the extrinsic middle (M) ‘when two items are really the
same of which one, or both, is proper to that in which it occurs, in whatever the other
is not found, that is not found which is proper to that in which it occurs’ to warrant
the inference of the conditional ‘if active spiration is not in the Son, then filiation is
not in the Son’ from the premisses (pi) ‘active spiration and filiation are really the
same’ and (p2 ) ‘filiation is proper to what it is in’. The consequence is formal but it is
not evident since (pi) is not evidently true.
61 See M. M. ADAMS, “Ockham on Identity and Distinction”, Franciscan Studies
36 (1976), pp. 5-74, and EAD., William Ockham, Notre Dame, Indiana University
Press, 1987 (Publications in Medieval Studies, 26), ch. 16.
FORMAL CONSEQUENCE IN SCOTUS AND OCKHAM 145
Unlike Scotus, however, his reason is not that a logical condition for
consequence fails to be met but rather that the epistemological
requirement of evidence is not satisfied.
Ockham begins his account of impossible positio by noticing like
Scotus that there is a difference between accepting a consequence with
an impossible antecedent and consequent and posting a categorical
impossibility. Like Scotus, too, Ockham notes that in the case of
impossible positio one may on occasion admit as positum the
antecedent of a good consequence but not be required to concede its
consequent. Unlike Scotus, however, he does not explain this
possibility in terms of the difference between accidental and natural
necessity but rather introduces into the characterisation of impossible
positio the requirement that the positum does not evidently entail
contradictories. As far as the positum is concerned70 :
not every impossible proposition is to be admitted, because that impossible
proposition is not to be admitted which manifestly for every understanding
entails contradictories. Whence only that proposition is to be accepted
from which contradictories may not be inferred by means of mies known
per se which no understanding may doubt.
Department o f Philosophy,
Auckland University (New Zealand)
I. ÉTUDE PHILOLOGIQUE
3 OVIDE, Pontiques, texte établi et traduit par J. André, Paris, Les Belles Lettres,
1968.
4 OVIDE, Les Métamorphoses, texte établi et traduit par G. Lafaye, Paris, Les
Belles Lettres, 1928.
5 Même perplexité chez le rédacteur du Thesaurus Linguae Latinae VI 1165, 81.
SUR LA SIGNIFICATION DU TERME FORTE 153
6 Sur ce sens de fortiter et sur ses divers emplois, cf. Thesaurus Linguae Latinae
VI 1165, 80-1166, 48 et J. B. HOFMANN, Lateinische Umgangssprache, Heidelberg,
Winter, 1951, § 71, p. 76.
7 F. CUPAIUOLO, La formazione degli avverbi in latino, Naples, Libreria
Scientifica Editrice, 1967, pp. 29-38 et 42-47, qui propose davantage un relevé de
formes que l’évolution des différentes formations.
8 L. CALLEBAT, Sermo cotidianus dans les « Métamorphoses » d ’Apulée, Caen,
Pubi, de la Faculté des Sciences Humaines de Caen, 1968, p. 518.
9 P. MARACHE, Mots nouveaux et mots archaïques chez Fronton et Aulu-Gelle,
Paris, PUF, 1957, pp. 209-211.
154 JACQUES CHOLLET - GÉRARD SONDAG
II. A n a l y s e p h il o s o p h iq u e
A . F o r t e a u s e n s d e « p e u t -ê t r e »
C’est-à-dire :
A ce propos, il affirme que ce n’est peut-être pas toute l’ame <qui survit>,
mais une partie qui reste après le corps. Donc, en tout état de cause, il
s’exprime de façon imprécise et qui laisse un doute sur la survie <de
l’âme>.
B. F o r t Èa u sen s d e « c e r t a in e m e n t »
Prima opinio enim de reditu omnium est omnino improbabilis, saltem quia
est contra fidem29 ; nec pro ea est ratio efficax, quia illa de reditu coeli et
dubium antecedens supponit et dubia est illatio30.
C’est-à-dire :
A [la raison] que ‘rien n ’est univoque à l’être et au non-être’, [je réponds
que] que si [cette proposition] est entendue au sens où elle porte sur l’être
et le non-être en tant que [ces termes] expriment des notions
contradictoires, à cette condition sans aucun doute (forte) rien n’est
univoque à l’un et à l’autre.
29 On sait que la thèse des retours cycliques est condamnée par E. Tempier en
1277 : « Quod redeuntibus corporibus coelestibus omnibus in idem punctum quod fit
in 36.000 annorum redibunt idem effectus qui sunt modo » (DENIFLE - CHÂTELAIN,
Chartularium Universitatis Parisiensis, Paris, 1889-1897, I, p. 544). Observons, à
l’occasion de la citation de Scotus, que le terme improbabilis, ainsi que son opposé
probabilis, ne peuvent pas être traduits, comme on le fait fréquemment, par ‘impro
bable’ et resp. ‘probable’, en prenant ces deux termes au sens statistique : est pro
bable, en ce sens, ce qui a plus de chances d’être vrai que d’être faux. En réalité, pro
babilis doit être rendu par ‘digne d’être approuvé’ et son contraire, improbabilis, par
‘non-digne d’être approuvé’.
30 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 43, q. 3 (Wad. X, 45).
31 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 43, q. 3 (Wad. X, 41).
32 DUNS SCOTUS, Quaestiones in Primum Librum Perihermeneias - Opus pri
mum, q. 8 (Wad. 1 ,196).
SUR LA SIGNIFICATION DU TERME FORTE 161
Dico quod forma corporis humani forte posset redire eadem numero, si
eadem materia eius esset aeque approximata potentiae activae, ut si
materia seminis, de qua generatur corpus hominis, postea rediret eadem
praecise et sub omnimoda dispositione (...)• De facto tamen nunquam
redit materia aequaliter disposita respectu illius virtutis ; si tamen Deus
faceret quod sic rediret, non est aliqua impossibilitas vel impedimentum ex
parte illius virtutis naturalis aequalis, quin modo posset in illam, sicut
prius potuit33.
Ce texte ne peut pas être interprété, comme on l’a fait quelquefois,
comme signifiant que, selon l’auteur, la forme d’un corps humain
pourrait peut-être revenir numériquement identique, et que donc, peut-
être, la nature pourrait être cause suffisante (ou active) de la
résurrection. En effet, nul théologien ne peut soutenir cette opinion. Il
faut donc comprendre le texte comme suit : si la matière de la semence
pouvait revenir la même exactement, alors, sans nul doute (forte), le
corps humain engendré par cette semence reviendrait numériquement
identique. Or, de facto, jamais une matière séminale ne revient la même
exactement. Plus précisément, nulle matière séminale ne revient
disposée exactement de la même manière à l’égard de son pouvoir
d’engendrement. Donc, la nature ne peut être cause suffisante (ou
active) de la résurrection. Mais si, par une action surnaturelle, Dieu
faisait que telle matière séminale revienne la même exactement, alors le
corps humain qu’elle engendrerait serait numériquement identique à
celui engendré auparavant.
C’est une doctrine centrale dans le scotisme que les sens ne sont
pas capables de réfléchir sur l’espèce sensible qu’ils reçoivent et/ou sur
l’acte de sentir. Dans l’incapacité des sens à réfléchir sur leur acte, et la
capacité de l’intellect à réfléchir sur le sien, Scotus va jusqu’à voir la
marque distincte que l’intellect n’est pas une faculté matérielle, puisque
« nul quantum ne réfléchit sur soi35 ». Il est donc impossible de
comprendre : ‘il faut répondre que le sens ne réfléchit peut-être pas sur
l’espèce’.
35 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 43, q. 2, n. 9 : « Quantum autem non est super se
reflexivum».
36 II Cor. 12, 2-4. Cf. DUNS SCOTUS, Lect, Prol, q. 1, n. 33 (Vat. XVI, 14) ;
cette édition imprime toujours forte sans accent (« Je réponds que Dieu peut causer
sumaturellement la connaissance de termes simples, comme c’est assurément le cas
de celle que Paul reçut dans son ravissement »).
37 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., pa. 2, n. 105 (Vat. I, 66).
SUR LA SIGNIFICATION DU TERME FORTE 163
Notre théologie, quant à elle, n’est pas toute connaissance, ni n’inclut toute
connaissance, puisque la révélation commune ne le permet pas, bien que,
par une révélation spéciale, Dieu puisse faire que cela soit ; ainsi de Paul,
quand il vit l’essence divine38.
6. Sur la lumière :
um eiusdem causae, et tamen non ordo causae ad effectum, quia pars illu
minata nihil agit in partem opacam remotam40.
40 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., n. 200 (Vat. I, 135). Exemple : si le soleil éclairait
une région qui lui est proche, une autre région, plus éloignée du soleil, ne pourrait être
éclairée que par le soleil à cause de son obscurité : c’est le soleil qui éclairerait cette
région éloignée, et non celle d’abord éclairée ; il y aurait cependant un ordre entre la
région proche et la région éloignée, à savoir un ordre entre les effets d’une même
cause, puisque la région éclairée n ’agit en rien sur la région obscure éloignée ».
41 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., n. 56 (Vat I, 34-35) : « Ce qui vaut dans le cas
précédent, vaut proportionnellement de l’habitus de la théologie, lequel, lorsqu’il est
parfait, comprend la foi infuse et la foi acquise en les articles de foi et les autres
révélations de Dieu dans l’Écriture, de sorte que, dans cet habitus parfait, il n’y a pas
la foi infuse seule, ou la foi acquise seule, mais l’une et l’autre en même temps. Par
conséquent, dire que la théologie est nécessaire est vrai si Ton se place au plan de la
puissance ordonnée et si Ton parle de l’habitus théologique principal ou premier, à
savoir la foi infuse, et ceci est universellement vrai, pour tous les hommes ; il en va
différemment du second habitus compris dans le premier, à savoir la foi acquise, bien
qu’au plan de la nécessité ordonnée, la foi acquise soit assurément nécessaire chez un
adulte ayant un docteur pour l’instruire et capable de comprendre ce qu’il dit ; c’est
nécessaire pour la foi acquise en des vérités générales ».
SUR LA SIGNIFICATION DU TERME FORTE 165
Et ista forte est ratio quare non possumus scire de intellectu creato quod
ordinatur ad hunc finem ut hic est, quia non possumus cognoscere respec
tum fundatum in natura intellectuali ad istam essentiam tanquam ad pro
prium finem, quia nec extremum ad quod est respectus, et ideo nec ratio
nem imaginis respectu istius naturae in se, sicut sancti loquuntur de ima
gine42.
Dans le paragraphe dont cette phrase est la conclusion, Scotus
explique qu’il ne nous est pas impossible de connaître l’essence divine
« sous la raison d’un attribut naturellement connaissable de nous ».
Ainsi, dirons-nous, nous pouvons savoir que Dieu est sage, puisque la
sagesse est divine en sa pureté (c’est une ‘perfection pure’, comme
disait Anselme, c’est-à-dire telle qu’elle peut être conçue sans aucun
42 DUNS SCOTUS, Ord, Prol., n. 206 (Vat. I, 139) : « Telle est assurément la
raison qui fait que nous ne pouvons savoir que l’intellect créé est ordonné à cette fin
en tant qu’elle est ‘celle-ci’, parce que nous ne pouvons connaître le rapport, fondé
dans la nature intellectuelle, à cette essence comme à sa fin propre, puisque nous ne
pouvons pas connaître le terme de ce rapport, ni par conséquent savoir ce qu’est
l’image de cette nature en soi, à la façon dont les saints parlent de cette image ».
166 JACQUES CHOLLET - GÉRARD SONDAG
Homo enim forte est subiectum tam moralis scientiae quam medicinae -
non autem felicitas vel sanitas - quia utriusque finis ratio includitur in
ratione illius circa quod est praxis43.
Il n’est pas possible de comprendre ici que le sujet tant de la
science des mœurs que de la médecine est peut-être l’homme, et non
pas la félicité ou la santé. D ’une part, Scotus explique pourquoi il en est
ainsi : c’est que la fin de l’une et l’autre sciences est contenue dans la
connaissance de l’homme, sujet premier de ces deux sciences. D ’autre
part, au paragraphe 185 de ce même Prologue de Y Ordinatio, il se
montre affirmatif :
Il est admis que l’homme est le sujet de la science morale et de la
médecine en ceci qu’il contient à l’état virtuellement connu toutes les
vérités de l’une et l’autre de ces sciences44.
Theologia ergo est habitus unus simpliciter, licet forte cum ipsa possit in
Scriptura esse aliqua notitia quae sit de alio subiecto45.
43 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., n. 262 (Vat. I, 204) : « Assurément, en effet, c’est
rhomme - non la félicité ou la santé - qui est le sujet tant de la science des mœurs
que de la médecine, parce que la raison de l’une et l’autre fins est incluse dans la
raison de ce sur quoi porte l’acte pratique ».
44 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., n. 185 (Vat. 1 ,123).
SUR LA SIGNIFICATION DU TERME FORTE 167
C . I n t e r p r é t a t io n s e t t r a d u c t io n s e r r o n é e s
45 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., n. 308 (Vat. I, 204) : « Donc, la théologie est un
habitus absolument un, ce qui n’empêche assurément pas qu’il puisse y avoir dans
l’Écriture une connaissance qui porte sur un autre sujet ».
46 DUNS SCOTUS, Ord., Prol., n. 179 (Vat. I, 121).
47 DUNS SCOTUS, Ord, Prol., n. 308 (Vat. I, 204).
168 JACQUES CHOLLET - GÉRARD SONDAG
... J’accepte les conclusions de ces arguments : bien que certains d’entre
eux ne convaincraient assurément pas les philosophes, qu’ils ne puissent y
répondre, ils sont cependant plus dignes d’être approuvés que ceux
avancés en faveur des philosophes, et certains sont assurément nécessaires.
51 ‘Il est sans doute malade’ = ‘il est peut-être malade’ ; ‘il n’est pas là, sans doute
est-il malade’ = ‘s’il n’est pas là, c’est très probablement parce qu’il est malade’. Le
sens assertorique de cette expression (sine dubio) a précédé le sens hypothétique.
Cf. A. REY, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1994, s.
V. ‘doute’.
Ita concedo quod quidquid est in hoc lapide, est unum numero, - vel
primo, vel per se, vel denominative : ‘primo ’forte, ut illud per quod unitas
talis convenit huic composito ; ‘per se’ hic lapis, cuius illud quod est
primo unum hac unitate, est per se pars ; ‘denominative’ tantum, illud
potentiale quod perficitur isto actuali, quod quasi denominative recipit
actualitatem eius54.
And so I concede that whatever is in this stone is one numerically - either
primarily or per se or derivatively. That [individuating difference or
haecceity] through which such unity pertains to this composite would
perhaps be such primarily55.
54 DUNS SCOTUS, Ord. Il, d. 3, pa. 1, qq. 5-6, n. 175 («De principio indivi-
duationis ») (Vat. VII, 477) : « J’admets donc que tout ce qui est chez cette pierre-ci
est numériquement un, soit au principe, soit par soi, soit par appellation : ‘au principe’
assurément, s’agissant de ce par quoi l’unité numérique convient au composé qu’est
cette pierre-ci ; ‘par soi’, s’agissant de cette pierre-ci, dont ce qui est au principe un de
Limité numérique constitue une partie par soi ; ‘par dénomination’ seulement,
s’agissant de quelque chose de potentiel qui est déterminé par le sujet actuel qu’est
cette pierre-ci, et qui reçoit, par appellation en quelque sorte, l’actualité de celui-ci ».
55 W. A. FRANK - A. B. WOLTER, Duns Scotus, Metaphysician, West Lafayette
(Indiana), Purdue University Press (Series in the History of Philosophy), 1995, p. 185.
56 DUNS SCOTUS, Ord. II, d. 3, pa. 1, qq. 5-6, n. 173 (Vat. VII, 477) .
57 Comme l’expliquent FRANK - WOLTER, Duns Scotus, Metaphysician, op. cit.,
p. 161 : « We can distinguish several types of ultimate differences : an individuating
difference, which Scotus refers to also as an individual’s haecceity, or ‘thisness’ ; the
ultimate specific difference of anything; and the generic and transcendantal
differences that qualify ‘being’ where it can be predicated univocally ».
SUR LA SIGNIFICATION DU TERME FORTE 173
D . C o n c l u s io n
tique entre forte peut-être et forte assurément. Par ailleurs, comme les
occurrences de forte sont nettement plus nombreuses que celles de
forte, les commentateurs et interprètes devraient, quant à eux, consi
dérer que les propositions scotistes contenant un forte sont le plus
souvent assertoriques et non pas hypothétiques. Il se peut que cela
entraîne des révisions concernant un certain nombre de doctrines de
Scotus, soit en théologie soit en philosophie et en logique.
MÉTAPHYSIQUE
LUDGER HONNEFELDER
« L’ÊTRE ET L’ESSENCE »
ET L’HISTOIRE DE LA MÉTAPHYSIQUE
II. L a m é t a p h y s iq u e m é d ié v a l e c o m m e p l u r a l it é
DE PERSPECTIVES D’APRÈS GILSON
8 Cf. GILSON, L 'Être et l ’essence, op. cit. ; ID., Being and some Philosophers, op.
cit., pp. 84-153.
9 Cf. en détail L. HONNEFELDER, La métaphysique comme science transcenden-
tale entre le Moyen Age et les Temps modernes, trad. I. Mandrella - O. Boulnois - J.
Greisch - Ph. Capelle, Paris, PUF, 2002 (Chaire Etienne Gilson) ; ID., Scientia trans
cendens. Die formale Bestimmung der Seiendheit und Realität in der Metaphysik des
Mittelalters und der Neuzeit (Duns Scotus - Suárez — W oljf- Kant - Peirce), Ham
bourg, Meiner, 1990 (Paradeigmata).
184 LUDGER HONNEFELDER
10 I. KANT, Kritik der reinen Vernunft, B 113 sqq. ; cf. L. HONNEFELDER, « Die
‘Transzendentalphilosophie der Alten’: Zur mittelalterlichen Vorgeschichte von
Kants Begriff der Transzendentalphilosophie », in Proceedings o f the Eighth
International Kant Congress, Memphis 1995, eds. H. Robinson - G. G. Brittan,
Milwaukee (Wis.), Marquette University Press, 1995, vol. I, 394-407.
11 Cf. en détail L. HONNEFELDER, Ens inquantum ens. Der Begriff des Seienden
als solchen als Gegenstand der Metaphysik nach der Lehre des Johannes Duns
Scotus, Münster, Aschendorff, 1979, pp. 144-168, 268-365.
12 Cf. L. HONNEFELDER, « Der zweite Anfang der Metaphysik. Vorausset
zungen, Ansätze und Folgen der Wiederbegründung der Metaphysik im 13./14.
Jahrhundert », in Philosophie im Mittelalter. Entwicklungslinien und Paradigmen,
ÉTIENNE GILSON ET JEAN DUNS SCOT 185
Scot, par contre, suppose une unité du sens d’« étant » en séparant,
d’un côté, l’unité significative d’un concept quidditatif et, de l’autre,
l’unité d’un état de choses catégoriel, qui est liée par les concepts de
genre et d’espèce à l’unité significative du concept de 1’« étant ». Seule
l’extrapolation du caractère transcendantal de la prédication des
concepts les plus universels comme « étant », que Scot réalise par sa
thèse de Vunivocatio entis13, est capable de fournir les conditions
nécessaires pour la conception d’une philosophie première comme
ontologie, et démontre en même temps que la question
traditionnellement attribuée à la philosophie première, c’est-à-dire la
question du premier étant excellent ne peut être posée également et
résolue que dans ce cadre. C’est ce concept-là de scientia transcendens
qui permet à Kant - par intermédiaire de Suarez et Wolff - de réaliser
le projet d’une métaphysique comme science transcendantale, et
précisément sous les conditions d’une critique de la connaissance
formulées par lui, non seulement en ce qui concerne l’exigence de
principe, mais aussi suivant certains traits structurels caractéristiques14.
Parmi ces traits caractéristiques, l’on compte la détermination
formelle du sens d’« étant » (ratio entis), selon laquelle ens est
considéré comme le concept le plus universel et le plus simple, par
lequel seul une chose peut être comprise sous la ratio subiecti,
c’est-à-dire sous la forme d’une détermination capable d’être le sujet de
prédicats quidditatifs15. Par rapport à toute autre détermination, le
concept de Yens reste indéterminé. En ce sens, chaque étant déterminé
de façon quidditative peut être nommé « étant » in quid. Chaque étant
qui est seulement qualitatif peut être nommé « étant » en tant qu’il
apparaît en rapport avec un « étant » au sens quidditatif. Pris en ce sens
double et complémentaire, « étant » peut être dit de tout étant de façon
eds. J. P. Beckmann et al., Hambourg, Meiner, 1987, pp. 165-186 ; ID., « Möglichkeit
und Formen der Metaphysik », in Metaphysik und Ontologie eds. L. Honnefeider - G.
Krieger, Paderborn, Schöningh, 2001 (Philosophische Propädeutik, 3), pp. 9-60.
13 Cf. en détail HONNEFELDER, Ens inquantum ens, op. eit, pp. 268-395 ; ID., La
métaphysique, op. eit, pp. 30-34.
14 Cf. en détail HONNEFELDER, Scientia transcendens, op. eit, pp. 403-486,
passim ; TD., La métaphysique, op. eit, pp. 69-110.
15 Cf. note 11 supra.
186 LUDGER HONNEFELDER
16 Cf. en détail HONNEFELDER, Scientia transcendens, op. eit, pp. 200-381, 282
sq. ; ID., La métaphysique, op. eit, pp. 79-98.
17 I. KANT, Kritik der reinen Vernunft, A 109 ; cf. L. HONNEFELDER, Scientia
transcendens, op. eit, pp. 453-454 ; cf. aussi ID., La Métaphysique, op. eit, pp. 104
sqq.
18 DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 2, pa. 1, qq. 1-2, n. 132 (Vat. II, 207).
19 DUNS SCOTUS, Quodl. III, n. 2 (Viv. XXV, 113-114) ; cf. HONNEFELDER,
Scientia transcendens, op. eit, p. 6 sqq. ; ID., La métaphysique, op. eit, pp. 43 sqq.
ÉTIENNE GILSON ET JEAN DUNS SCOT 187
IV . L a c r it iq u e d e G il s o n I :
LE POINT DE DÉPART DE LA MÉTAPHYSIQUE DE DUNS SCOT
33 Cf. GILSON, Jean Duns Scot, op. eit, pp. 625-669, 661 sqq.
34 Cf. E. GILSON, Le thomisme. Introduction à la philosophie de Saint Thomas
d ’Aquin, Paris, Vrin, 61997, pp. 120-136.
35 Cf. GILSON, Jean Duns Scot, op. eit, pp. 208 sqq.
ÉTIENNE GILSON ET JEAN DUNS SCOT 191
V . L a c r it iq u e d e G i l s o n II :
L’ « ESSENTIALISME » DE DUNS SCOT
39 Cf. en détail HONNEFELDER, Ens inquantum ens, op. cit., pp. 212-218.
40 Cf. HONNEFELDER, « Natura communis », in Historisches Wörterbuch der
Philosophie, ed. J. Ritter - K. Gründer, vol. VI, Bâle, Schwabe & Co., 1984, coli.
494-504.
41 Cf. GILSON, Jean Duns Scot, op. cit, pp. 109 sqq. ; cf. HONNEFELDER, Ens
inquantum ens, op. cit., pp. 426 sqq.
42 Cf. DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 8, pa. 1, q. 3, n. 129 (Vat. XVII, 46-47) ; cf
HONNEFELDER, Ens inquantum ens, op. cit, pp. 365-395, 375.
43 C f en détail HONNEFELDER, Scientia transcendens, op. cit, pp. 22-56.
ÉTIENNE GILSON ET JEAN DUNS SCOT 193
V I. C o n c l u s io n
Universität Bonn
Pa sq u a le P orro
1. Il est bien connu que Scot formule une bonne partie de ses
positions les plus originales et significatives à partir d’une rencontre,
souvent très critique, avec les thèses d’Henri de Gand.
Je voudrais commencer justement par ce point, c’est-à-dire par la
façon dont Scot utilise, interprète, critique, et parfois se méprend sur
quelques positions d’Henri de Gand, afin de remonter jusqu’à
Avicenne. Ce double pas en arrière (de Scot à Henri, et d’Henri à
Avicenne) - j ’en suis conscient - s’oppose à la tendance
historiographique qui me semble dominante, une tendance dont le but
est justement de vérifier l’influence de Scot sur la métaphysique
postérieure, suivant une lignée qui, à travers Suárez, décide de
l’ontologie moderne au sens strict. Mais il s’agit d’abord ici de réparer
un tort historiographique qui me semble déjà impliqué par la
déclaration programmatique de Gilson :
Chercher à comprendre les positions fondamentales du Docteur Subtil
n ’est aucunement le situer dans son temps. L’intérêt du philosophe ne peut
pas ne pas faire tort ici à la vérité de l’histoire. Duns Scot a dialogué avec
plusieurs autres théologiens, entre lesquels on peut dire qu’Henri de Gand
est son interlocuteur de prédilection. Pour lui, Henri était plus important
que Thomas ;pour nous, et en soi, le contraire est vrai1.
nous en avons le temps, nous aimerions suivre de près, dans un autre livre, la
conversation entre Duns Scot et Henri de Gand... » (p. 10).
2 Cf. C. BALIO, « Circa positiones fundamentales Ioannis Duns Scoti », Anto
nianum 28 (1953), pp. 261-306 ; J.-M. COUNET, « Avicenne et son influence sur la
pensée de Jean Duns Scot », in Avicenna and His Heritage. Acts of the International
Colloquium, Leuven - Louvain-la-Neuve, September 8 - September 11, 1999, eds. J.
Janssens - D. De Smet, Leuven, Leuven University Press, 2002, pp. 225-252.
3 Cf. É. GILSON, « Avicenne et le point de départ de Dims Scot », Archives d ’his
toire doctrinale et littéraire du moyen âge 2 (1927), pp. 89-149.
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 197
gner sur la position la plus commune au XIIIe s., représentée par exem
ple par Thomas d’Aquin. Selon le lexique spécifique d’Henri, on peut
énoncer cette thèse en ces termes : ce qui est constitué comme res rata
ou res a ratitudine - c’est à dire l’essence qui est effectivement pour
vue d’une solide constitution formelle, si bien qu’elle peut accéder à
l’existence actuelle - est tel parce qu’il existe dans l’entendement divin
une idée correspondante. Quant à ce qui n’est ni une res a ratitudine ni
une res a reor reris - c’est à dire toute chose simplement concevable
en tant que telle, y compris les figmenta - c’est le contraire qui vaut :
l’impossible n ’est pas impossible parce qu’aucune idée ne lui corres
pond, mais plutôt, au contraire, parce qu’il n ’est pas du tout une ress.
Deux années plus tard, comme je l’ai déjà dit, Henri semble
renverser cette conclusion. Dans la q. 3 de son Quodlibet V ili (« Utrum
aliquis possit agere quod impossibile est fieri ») on lit en effet que :
Non est verum dicere de impossibili simpliciter quod Deus non potest illud
facere quia non potest fieri, sed potius non potest fieri quia Deus non
potest facere, sicut et in affirmativa non dicitur Deum possibile aliquid
facere quia illud possibile est fieri, sed e converso quia Deus potest illud
facere, ideo possibile est fieri9.
ex se ipso, secundum quod malum et non ens privativum non habet nisi causam
privativam ».
8 Cf. HENRICUS DE GANDAVO, Quodl. VI, q. 3 { 0 0 X, 49, 10-15) : « Licet enim
res a ratitudine dicta ex hoc est res et natura vel essentia aliqua, quod habet ideam in
Deo, illud tamen quod non est res a ratitudine dicta, et maxime nec a reor reris dicta,
non ex hoc non est res quod non habet ideam in Deo, sed potius < ex hoc > non habet
ideam in Deo quod secundum se non est res ».
9 HENRICUS DE GANDAVO, Quodl. Vili, q. 3 (Badius, 304vQ).
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 201
fait pas, c’est parce que c’est impossible en soi. Au contraire il faut dire
que Dieu n ’a pas la puissance de le faire - de même qu’il n ’a pas la
puissance de pécher - et que ce type d’incapacité, selon une tradition
qui remonte au moins à Anselme de Cantorbéry, n ’indique pas un
défaut en Dieu, mais une perfection. De là découle la conclusion déjà
rappelée: il ne faut pas dire que Dieu ne peut pas faire l’impossible
simpliciter parce que ce dernier ne peut pas se réaliser, mais qu’il ne
peut pas se réaliser parce que Dieu ne peut pas le faire.
Ce qui a changé par rapport au Quodlibet VI, c’est donc la thèse
selon laquelle l’impossibilité, étant une privation, doit être attribuée
toujours et premièrement aux créatures secundum se : mais puisque
toute forme d’impossibilité subjective n’est nullement une impossibilité
(au moins elle ne l’est pas pour Dieu), il ne reste que l’impossibilité
objective, qui est en elle-même relative. Mais l’origine des relations -
c’est là la clef de voûte de la métaphysique exemplariste d’Henri - ne
peut être ailleurs qu’en Dieu : dans le cas contraire, la même puissance
de Dieu se heurterait à une limite extérieure, représentée par le fait qu’il
y aurait des choses que Dieu non plus ne pourrait pas faire. Mais tout
au contraire, c’est Dieu qui ne peut pas le faire, et cette limite est
purement intrinsèque : comme nous l’avons déjà vu, cela n ’indique pas
un défaut, mais une perfection, et cela permet de contourner la règle
qui, dans le Quodlibet VI, empêchait d’attribuer en premier à Dieu
quelque chose d’apparemment privatif. Quant à la solution précédente,
d’un côté le principe selon lequel en Dieu il n’y a aucune impuissance
subjective ou absolue s’avère respecté, mais de l’autre, on attribue à
Dieu une impuissance objective ou relative, ce qui dénote en réalité une
puissance (« nec est propter impotentiam aut defectum potentiae, sed
propter potentiae abundantiam, ut de talibus bene dicatur quod Deus
potenter non possit ea facere »). Dans cet oxymore (potenter non
potest) on reconnaît donc le propre de l’entreprise d’Henri, qui
demeure identique aussi bien dans le Quodlibet VI que dans le
Quodlibet V ili : c’est Dieu qui décide de ce qui est possible et de ce qui
ne l’est pas, de ce qui peut être constitué dans Vesse essentiae en tant
que res rata et de ce qui va demeurer au contraire impossible
simpliciter, absence totale d’une constitution formelle, pur néant. Pour
le dire encore autrement, c’est Dieu lui-même qui fonde positivement
un ordre au moyen des relations, et par conséquent il n ’y a aucun ordre
qui s’impose à lui en le contraignant à entrer dans une relation.
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 203
13 Cf. DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 43, q. un., n. 16 (Vat. VI, 359,8-360,8) : « Quod
intelligo sic : ‘impossibile simpliciter’ includit incompossibilia, quae ex rationibus
suis formalibus sunt incompossibilia, et ab eo sunt principiative incompossibilia, a
quo principiative habent suas rationes formales. Est ergo ibi iste processus, quod sicut
Deus suo intellectu producit possibile in esse possibili, ita producit duo entia
formaliter (utrumque in esse possibili), et illa ‘producta’ se ipsis formaliter sunt
incompossibilia, ut non possint simul esse unum, neque aliquid tertium ex eis, hanc
autem incompossibilitatem, quam habent, formaliter ex se habent, et principiative ab
eo - aliquo modo - qui ea produxit. Et istam incompossibilitatem eorum sequitur
incompossibilitas totius figmenti, includentis ea, et ex ista impossibilitate figmenti in
se et ex incompossibilitate partium suarum est incompossibilitas eius espectu
cuiuscumque agentis ; et ex hoc habet compleri totus processus impossibilitatis rei,
quasi ultimus gradus incompossibilitatis vel impossibilitatis sit negatio respectus ad
quodcumque agens. Nec oportet habere aliquem respectum negativum ex parte Dei,
nec ex parte cuiuscumque alterius (nec est aliquis, forte, in natura rei), licet intellectus
possit comparare Deum - vel aliud agens - ad istud sub negatione respectus ».
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 205
16 Cf. HENRICUS DE GANDAVO, Quodl. IX, q. 2 ( 0 0 XIII, 31, 44-52) : « ... Ista
eadem entia respecta entis quod Deus est, sunt diminuta entia, non tamen sic diminuta
sicut sunt entia operata ab intellecta nostro, quia illa nullo modo nata sunt habere
aliquod esse verum extra intellectum praeter esse cognitum quod habent in intellecta.
Ista autem non sunt sic diminuta respectu entis quod Deus est, et existentia in esse
cognito, quin in illo esse sint aliquid ad se per essentiam, quod natum est, Deo
efficiente, etiam existere extra divinum intellectum praeter esse cognitam, in esse
existentiae quod est esse verum et perfectum ».
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 207
19 Cf. DUNS SCOTUS, Rep. par. I A, d. 36, n. 41 (ed. Noone, 411-412) : « Quando
enim cognosco album per speciem albedinis, non oportet prius illam speciem referri
respectu rationis ad album quam cognoscam album per talem speciem. Quia tunc
numquam possem cognoscere albedinem nisi prius compararem speciem eius ad
ipsam, quod est inconveniens. Quia tunc actus reflexus praecederet actum rectum et
prius compararem ad absolutum quam illud cognoscerem. Species igitur albi ducit in
cognitionem eius sine omni respectu praecedente vel sequente ad talem actum. Sive
igitur aliquid intelligatur per aliud ut per obiectum cognitum sive per rationem
cognoscendi sive per actum intelligendi, non oportet prius ad aliud comparari quam
illud secundum se intelligatur ».
20 BOULNOIS, Être et représentation, op. eit, p. 415.
21 DUNS SCOTUS, Rep. par. I A, d. 36, n. 49 (ed. Noone, 415, 21-22). La non
existence de relations de raison comme fondement de la constitution des essences est
démontrée par Scot même par un argument plus complexe : pour le Docteur Subtil
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 209
cela est déterminé par le fait que Henri lui-même semble comprendre les rapports
entre les créatures et Dieu (même) dans le domaine de la troisième classe
aristotélicienne des relations (c’est-à-dire, cette classe de relations selon laquelle l’un
des deux termes ne se réfère à l’autre qu’en tant que le premier se réfère à lui, et
fonde la possibilité même de son être relatif). Une telle relation est celle qui s’instaure
entre la mesure et ce qui est mesuré ou entre l’activité noétique et son objet. Mais du
fait que, dans ce cas, la relation n’est pas vraiment réciproque il est inévitable que ce
qui constitue le terme de la relation elle-même soit quelque chose d’absolu (en effet,
la connaissance dépend réellement de la présence de l’objet, mais ce dernier - pour
Aristote et les médiévaux - ne dépend pas de la présence de l’entendement). Quant à
la relation qui est entre l’entendement divin et les essences, l’ordre se renverse parce
que ce sont les objets qui dépendent de la science divine : ainsi, c’est la science de
Dieu qui s’institue en terme absolu, et nullement en terme relatif (cf. Ord. I, d. 35, q.
un., n. 27, Vat. VI ; Rep. I A, d. 36, n. 10, ed. Noone, 416).
210 PASQUALE PORRO
22 D’ailleurs, Henri lui-même concède sans difficulté le même principe (cf. Quodl.
IX, q. 1).
23 DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 36, q. un., n. 53 (Vat. VI, 292, 6-8).
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 211
24 Cf. St. SOUSEDÍK, « Der Streit um den wahren Sinn der scotischen Possibilien-
lehre », in John Duns Scotus. Metaphysics and Ethics, eds. L. Honnefelder - R. Wood
-M . Dreyer, Leiden, Brill, 1996 (STGMA, 53), pp. 191-204 ; HOFFMANN, Creatura
intellecta, op. cit.
25 Cf. A. DE LIBERA, L ’art des généralités. Théories de l ’abstraction, Paris,
Aubier, 1999, pp. 499-607.
212 PASQUALE PORRO
34 Cf. AVICENNA LATINUS, Liber de philosophia prima sive scientia divina, V-X,
ed. S. Van Riet, Introduction doctrinale par G. Verbeke, Louvain-Leiden, Peeters-
Brill, 1980, Vm, c. 4, pp. 402,11. 48-60 : « Primus igitur non habet quidditatem, sed
super habentia quidditates fluit esse ab eo ; ipse igitur est esse exspoliatum,
condicione negandi privationes et ceteras proprietates ab eo. Deinde cetera alia quae
habent quidditates sunt possibilia, quia habent esse per ipsum. Intentio autem de hoc
quod dicimus quod ipse est esse exspoliatum condicione negandi ceteras additiones
ab eo, non est quod ipse sit esse exspoliatum in quo communicet aliquid aliud esse, si
fuerit esse cuius haec sit proprietas : ipse enim non est illud ens exspoliatum condi
cione negandi, sed est ens non condicione affirmandi, scilicet de primo, quod est ens
cum condicione non addendi compositionem, sed hoc aliud est ens non condicione
additionis, et, quia illud fuit universale quod praedicatur de omni re, istud vero non
praedicatur de eo in quo est additio, ideo in omni quod est praeter illud est additio ».
35 Sur ce sujet, je me permet de renvoyer à P. PORRO, « Tommaso, Avicenna e la
struttura della metafisica », à paraître dans les Actes du Colloque Tommaso d ’Aquino
e l'oggetto della metafisica. Approfondimenti e dibattiti (Pontificia Università della
Santa Croce, Roma, 27-28 février 2003).
DUNS SCOT ET LE POINT DE RUPTURE AVEC AVICENNE 217
Università di Bari
O l iv ie r B o u l n o is
AU-DELÀ DE LA PHYSIQUE ?
I. U n e p a r a b o l e c o s m o l o g iq u e
[§. 171] [2] Et un autre corps adhère au centre de manière immobile et par
soi, mais non immédiatement, puisqu’il y adhère par une gravité et par une
adhérence qui lui sont participées par la terre. Il y adhère cependant par
soi, parce qu’il y adhère par une forme intrinsèque, et de manière fixe
(firmiter), c’est-à-dire immobile, parce qu’il est pour ainsi dire intrinsèque
à la terre (qui est immédiatement en repos) : c’est la [masse] des pierres et
des métaux dans les entrailles de la terre. Et de telles choses, même si elles
ne reposent pas immédiatement, le font pourtant parfaitement, puisqu’elles
sont parfaitement unies au centre par l’intermédiaire de ce qui repose
immédiatement, [la terre] à laquelle elles sont comme parfaitement unies.
[§.172] [3] D’une troisième manière, un autre corps adhère au centre par
l’intermédiaire de la terre à laquelle il est uni, mais de manière mobile et
non fixe (firmiter), comme le grave qui existe sur la surface de la terre. Et
un tel [corps], même s’il repose véritablement pour un temps, n’est
AU-DELA DE LA PHYSIQUE ? 221
[§. 178] De tout cela, je tire, pour les questions posées, que la jouissance
(fruí), soit signifie le plaisir (delectatio), soit signifie l’acte d’adhérer
(inhaerendi) à l’objet pour lui-même, qui accompagne le repos dans le
plaisir, ou bien qui est le plaisir ou le repos lui-même, c’est-à-dire l’acte
qui termine ultimement la puissance en tant que la puissance se termine
elle-même par son propre acte ; de telle sorte que, si la notion de
jouissance signifie un acte, cela ne semble pas être parce qu’elle donne le
repos à la puissance en tant qu’elle est du côté de l’objet, mais en tant
qu’elle est du côté de la puissance qui adhère (inhaerentis) à un objet pour
lui-même : de sorte que la volonté divine jouit absolument,
nécessairement, par soi et d’emblée ; que la volonté créée bienheureuse
jouit absolument, perpétuellement, par soi, mais non d’emblée ; que la
volonté juste du pèlerin jouit absolument, par soi, mais non de manière
immobile, ni d’emblée. La volonté de celui qui pèche mortellement jouit
absolument, parce que, pour ce qui relève de la volonté, elle se repose,
autant qu’elle le peut, dans l’objet qu’elle aime pour lui-même ; pourtant,
elle n’[y] repose pas absolument du point de vue de l’objet, et elle ne
cherche pas à en jouir ; mais, puisque son objet n’est pas [principe] de
repos autant que la puissance se repose en lui par son acte, cette jouissance
est désordonnée ».
terme de leur désir, sans le référer à rien d’autre4. Enfin, les autres
créatures, dépourvues de connaissance, n ’ont aucune béatitude, parce
que, faute de connaissance, elles n ’établissent jamais quelque chose
pour centre5.
L ’analyse de l’état des pécheurs rappelle une célèbre Pensée de
Pascal : « Ceux qui sont dans le dérèglement disent à ceux qui sont
dans l’ordre que ce sont eux qui s’éloignent de la nature, et ils la
croient suivre ; comme ceux qui sont dans un vaisseau croient que ceux
qui sont au bord fuient. [ ...] // faut avoir un point fixe pour en juger. Le
port juge ceux qui sont dans un vaisseau : mais où prendrons-nous un
port dans la morale ? »6. Pascal énonce clairement le désarroi qui est le
sien à partir du moment où l’ordre de la morale ne peut plus, après la
révolution copemicienne, se référer à un centre naturel et universel. Le
désordre, traduit ici par « dérèglement », correspond précisément à
l’acte de prendre pour centre un point qui n’est pas immobile, et donc à
s’ « éloigner de la nature » sans le savoir. Car Scot, avant Pascal, se
référait au Livre des vingt-quatre philosophes, et à l’idée que le centre
est partout et la circonférence nulle part. Chez Pascal, l’absence de
fondement cosmologique de la morale, désormais dépourvue de centre,
illustre parfaitement les analyses de R. Brague sur les conséquences
éthiques de la rupture copemicienne. - Pourtant, chez Scot, la métapho
re se distingue de cette Pensée de Pascal sur deux points : I o) Scot
n ’adopte pas le point de vue polémique selon lequel l’homme déréglé
accuserait l’homme fidèle à l’ordre de désordre, ce qui constitue chez
Pascal le nerf de l’argument ; 2°) chose plus importante, le comparant
(le monde), est bien pourvu d’un centre ; le problème de Scot n’est pas
celui de la situation de l’homme dans la cosmologie moderne (c’est-à-
dire sans point de référence absolue). S’ensuit-il nécessairement que la
structure du monde dicte à l’homme la structure de son éthique, comme
le pensait nostalgiquement Pascal ?
II. L a d é t e r m i n a t i o n c o s m o l o g iq u e
DE LA MÉTAPHYSIQUE ET DE L’ÉTHIQUE CHEZ THOMAS D’AQUIN
27 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 50, n. 2277 (ed. Pera, 68a). Scot cite ce texte
dans la Lect. I, d. 1, n. 14 (Vat. XVI, 66).
28 Thomas d’Aquin s’éloigne ainsi déjà du modèle cosmologique de l’éthique : ce
n’est pas seulement « l’ordre du monde supérieur » qui est pour lui « le modèle de la
conduite correcte de la vie » (R. BRAGHE, La sagesse, op. cit., p. 153).
29 AVICENNA LATINUS, Liber de Philosophia prima IX, ch. 4, ed. S. Van Riet,
Louvain, Peeters - Leiden, Brill, 1980, vol. II, p. 481, 50-51. Cf. A. DE LIBERA, « Ex
uno non fit nisi unum. La Lettre sur le Principe de l ’univers et les condamnations
parisiennes de 1277 », Historia Philosophiae Medii Aevi, Studien zur Geschichte der
Philosophie des Mittelalters. Festschrift fü r Kurt Flasch zu seinem 60. Geburtstag,
eds. B. Mojsisch - O. Pluta, Amsterdam - Philadelphie, Grüner, 1991, pp. 543-560.
30 DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 1, n. 9 (Vat. XVI, 65).
230 OLIVIER BOULNOIS
31 AVICENNA LATINUS, Liber de Philosophia prima IX, ch. 3 (ed. Van Riet II,
474-475,11. 97 - 12).
32 THOMAS DE AQUINO, ScG HI, 25, n. 2060 (ed. Pera, 32b ; trad Aubin, 114).
33 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 25, n. 2065 (ed. Pera, 33b) ; cf. ARISTOTE,
Met. A 3, 983a25-26.
34 THOMAS DE AQUINO, ScG II, 2 (ed. Pera, 115a-116a) ; c’est ce que dit R.
Brague à propos d’Albert le Grand.
35 ALBERTUS MAGNUS, In Mattheum, 13, 35 (ed. Borgnet XX, 571a) ; cité par
R. BRAGUE, La sagesse, op. cit., p. 202.
36 R. BRAGUE, La sagesse, op. cit., p. 202.
AU-DELA DE LA PHYSIQUE ? 231
ni. S c o t , c r it iq u e d e s a in t T h o m a s
37 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 26, n. 2078 (ed. Pera, 34b-35a) ; V. Aubin
traduit felicitas par « bonheur » (p. 118), ce qui est tout aussi défendable.
38 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 41, n. 2184 (ed. Pera, 49a).
39 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 42, n. 2201 (ed. Pera, 52b).
40 THOMAS DE AQUINO, ScG IH, 53 (ed. Pera, 71b-73a).
41 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 82 (ed. Pera, 117-118).
42 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 86 (ed. Pera, 124b-126b).
43 THOMAS DE AQUINO, ScG III, 85 (ed. Pera, 121b-124b).
232 OLIVIER BOULNOIS
recevoir la disposition qui lui permettra d’être amenée à l’acte par Dieu
ou par une cause surnaturelle51.
Une fois cette précaution prise, Scot analyse les caractéristiques de
la science suprême : elle est la science la plus haute et la plus désirable
parce qu’elle est la science des conditions sine qua non de la connais
sance et la science des objets les plus certains. Sont les conditions sine
qua non de la connaissance les transcendantaux, (com-munissima), et
sont les objets les plus certains les premiers principes et les premières
causes52. Si l’on excepte le vocabulaire des conditions sine qua non,
cette position reprend le prologue de la Métaphysique selon Thomas
d’Aquin.
Malgré un dédoublement essentiel entre l’objet abstrait, naturelle
ment connaissable, et l’objet d’intuition suprême, invisible et incon
naissable naturellement, Scot reprend donc le même dispositif que
Thomas : il existe un désir naturel d’intellection du divin, et il ne peut
être comblé par la seule nature.
IV . C o n t r e l a f é l ic it é p h il o s o p h a l e :
LES DEUX SENS DU MOT « NATUREL »
53 ARISTOTE, Met. a 1 993b9-ll (AL XXV/3, 43) ; cité dans DUNS SCOTUS, In
IIM e t, q. 3, n. 5 (St. Bon. III, 201).
54 AVERROES CORDUBENSIS, In IIM e t, comm. 1 (ed. Iantina, Vili, 29 rC) ; cité
par DUNS SCOTUS, In IIM et, q. 3, n. 6 (St. Bon. III, 201).
55 ARISTOTE, Met A 1, 980a21 (AL XXV/2, 7) ; cité par DUNS SCOTUS, In II
M et, q. 3, n. 27 (St. Bon. III, 208).
56 ARISTOTE, Met A, 2 ,982a32-b2 (AL XXV/2,10) ; cité au même n. 27.
57 ARISTOTE, Met A, 2, 982a32-b2 (AL XXV/2, 10) ; cité au même n. 27 : « Les
réalités les plus connaissables sont les réalités premières et les causes, car c’est par
elles que les autres sont connues ».
58 AVERROES CORDUBENSIS, In IIM e t, comm. 1 (ed. Iuntina VTH, 28vl) ; cité
par DUNS SCOTUS, In IIM et, q. 3, n. 27 (St. Bon. III, 208).
236 OLIVIER BOULNOIS
agent surnaturel. Ainsi, notre nature est plus digne que ne le supposent
les philosophes : « En cela , la nature reçoit davantage de dignité que si
l’on soutenait que la plus haute félicité qui lui est accessible soit la
félicité naturelle ; et il n’est pas étonnant qu’il y ait dans une nature une
capacité passive de recevoir une plus grande perfection que celle à quoi
sa causalité active peut s’étendre »86.
V . C o n t r e T h o m a s d ’A q u in : a u t r e m e n t q u e l ’i n t e l l e c t
102 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 49, q. 4, n. 5 (Viv. XXI, 98) ; cf. d. 49, q. ex
latere, n. 20 (Viv. XXI, 163a).
103 DUNS SCOTUS, Op. ox. IV, d. 48, q. 1, n. 16 (Viv. XX, 515b).
104 ARISTOTE, Éthique à Nicomaque X 4, 1174b31-33 ; cité dans DUNS SCOTUS,
Ord. I, d. 1, n. 62 (Vat. II, 47).
105 DUNS SCOTUS, Ord. I, d. 1, nn. 67-68 (Vat. II, 51).
AU-DELA DE LA PHYSIQUE ? 245
V I. LA LIBÉRATION DE LA MÉTAPHYSIQUE
À L’ÉGARD DE LA COSMOLOGIE
b. La question de la substance
3. LA p h y s iq u e e s t e l l e -m ê m e u n e s c i e n c e q u i d d it a t iv e
120 ARISTOTE, Met. E 1, 1026al4-17, dans la citation qu’en donne DUNS SCO-
TUS, I n i M et, q. 1, n. 14 (St. Bon. IH, 20).
121 DUNS SCOTUS, I n i Met., q. 1, n. 70 (St. Bon. IH, 39).
122 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, n. 18 (St. Bon. EU, 169). L’analyse évoque
AVERROES CORDUBENSIS, In IVMet., comm. 1 (ed. Iuntina, 64) ; In IPhys., conm.
83 (ed. Iuntina, 47).
250 OLIVIER BOULNOIS
123 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, nn. 18, 20 (St. Bon. El, 170), renvoyant à
ARISTOTE, Met. E 2, 1027a20-21 et 1026a34-b 4.
124 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, n. 19 (St. Bon. El, 170), qui fait allusion à
ALBERTOS MAGNUS, Physica I, tr. 1, c. 3 (K IV/1, 5b) : « Non corpus tantum, sed
corpus mobile est subiectum scientiae naturalis ».
125 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, nn. 24-25 (St. Bon. IE, 171).
126 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, n. 38 (St. Bon. IE, 174).
127 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, n. 39 (St. Bon. IE, 175).
128 DUNS SCOTUS, In I Met., q. 9, n. 31 (St. Bon. IE, 173).
129 DUNS SCOTUS, In I M et, q. 9, n. 40 (St. Bon. IE, 176).
AU-DELA DE LA PHYSIQUE ? 251
Scholastic Debate and Its Reception in Early Modem Philosophy, ed. P. Porro,
Leiden-Boston-Köln, Brill, 2001 (STGMA, 75), pp. 161-188 .
137 Voir J. COLEMAN, « Jean de Ripa and the Oxford Calculators », Medieval
Studies 37 (1975), pp. 130-189.
T im o t h y b . n o o n e
1 Pour des doutes, voir G. SONDAG, « Note sur les œuvres de Jean Duns Scot et la
littérature scotiste récente », in DUNS SCOTUS, Prologue de I’Ordinatio, trad. G.
Sondag, Paris, PUF, 1999 (Epiméthée), p. 10 ; C. BÉRUBÉ, La connaissance de
l ’individuel au Moyen-Age, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1964, p.
224 ; C. BÉRUBÉ, « Antoine André, témoin et interprète de Scot », Antonianum 54
(1979), pp. 386-389. Dans ce qui suit, je citerai les Quaestiones super libros De
anima Aristotelis par l’expression QQ De anima, et je me référerai à l’édition de
Vivès, ainsi qu’à l’édition à paraître de notre Projet Scotiste de l’Université
Catholique de Washington.
256 TIMOTHY B. NOONE
I. L ’a r r i è r e -p l a n d e l a d i s c u s s i o n d e l ’u n iv o c it é
DANS LES Q Q D E ANIMA
2 IOANNES DUNS SCOTUS, Lect. I, d. 3, pa. 1, qq. 1-2, n. 97 (Vat. XVI, 261).
3 IOANNES DUNS SCOTUS, In VI Met., q. 3, nn. 7-14 (St. Bon. IV, 58-61). Cf.
QQ De anima, q. 20, nn. 5-13 (Viv. q. 20 n. 1-3, 608a-609a). Les textes d’Henri sont
les suivants : HENRICUS DE GANDAVO, Quodlïbeta III q. 14, Paris, 1520, f. 70rC ;
258 TIMOTHY B. NOONE
II. A n a l y s e d e s q u e s t io n s p r é l im in a ir e s
apprehendimus quiditates sensibilium, quia pro statu naturae lapsae nihil intelligimus
nisi cum ministerio sensibilium ; tamen illa non sunt proprium et adaequatum
obiectum intellectus nostri ; sed etiam possumus intelligere substantias separatas. Et
tale obiectum est prius via perfectionis et simpliciter, quia per talem cognitionem
attingitur obiectum perfectissimum quod est Deus et substantiae separatae aliae, etiam
pro statu viae ; et licet talis cognitio sit aenigmatica, tamen perfectior est omni alia
cognitione nostra respectu inferioris creaturae ».
8 DUNS SCOTUS, QQ De anima, q. 19, nn. 20-26 (Viv., q. 19, nn. 5-7, 60 la-
602b).
L’UNIVOCITE DANS LES QQ DE ANIMA 261
prendre dans un seul acte (unico actu), mais l’étant n’est pas un
concept univoque parce qu’il ne se dit pas d’une seule manière des
choses qui tombent sous sa notion. Enfin, selon le principe que les
choses ont des degrés proportionnels à leur propre entité et
cognoscibilité, Dieu doit être le premier objet de l’intellect, puisqu’il
est l’Étant Premier, et que toutes les autres choses sont seulement par
participation12. Dans le Sed contra, l’on trouve une version du dictum
praeclarum d’Avicenne : l’étant et l’un sont les premières notions
imprimées dans notre intelligence. Comme argument selon la raison,
l’on a l’affirmation que l’étant est prédiqué essentiellement de toutes
les choses que nous pouvons connaître13.
Il faut remarquer ici que la dimension théologique de la discussion
est introduite par la nécessité de répondre à l’objection suivant laquelle,
si l’étant est l’objet de l’intellect humain, Dieu doit être pleinement
connaissable pour nous. Dans les QQ De anima, la discussion vise à
expliquer comme