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T umeurs benignes du foie

Place de la biopsie
hépatique dans les tumeurs
bénignes du foie
Re sume 
Which indication for L’augmentation des explorations h epatiques par imagerie engendre un
biopsy in benign liver diagnostic croissant de tumeurs b enignes h epatiques qu’il est important de
Copyright © 2016 John Libbey Eurotext. Téléchargé par M. MAHMOUD NIZAR GHERBOUDJ le 02/07/2016.

tumors? bien identifier afin de proposer une prise en charge th erapeutique ad equate
(exer
ese, surveillance ou abstention). Du fait d’une meilleure connaissance
physiopathologique, l’imagerie permet de classer correctement les diff erentes
tumeurs b enignes h epatiques, reduisant la place de la biopsie h epatique  a vis
ee
Janick Selves(1)(2)
1
CHU Toulouse, Oncopole,
diagnostique. Ainsi, la biopsie est inutile pour  etablir le diagnostic de la majorit e
Institut Universitaire du Cancer Toulouse, des h emangiomes, hyperplasie nodulaire focale et ad enomes h epatocytaires.
Departement d’Anatomie Pathologique, Elle est limit
ee aux formes atypiques, ne pr esentant pas les caract eristiques
1 avenue Irene Joliot Curie, radiologiques suffisantes pour  etablir un diagnostic formel (h emangiome
31059 Toulouse, France
2
Centre de Recherche en Cancerologie scl
erose, hyperplasie nodulaire focale atypique, nodules h epatocytaires sans
de Toulouse, caracteristique) mais aussi tout nodule suspect de malignit e ou de nature
INSERM, Unit e Mixte de Recherche, indetermin ee. Elle est indispensable pour porter le diagnostic de tumeurs non
1037 – Universit e Toulouse III, France
hepatocytaires comme l’angiomyolipome et les pseudo-tumeurs inflamma-
e-mail : <selves.j@chu-toulouse.fr> toires. Elle permet d’ etablir le diagnostic d’hyperplasie nodulaire focale et des
diff
erents sous-types mol eculaires d’ad enomes (ad enome mut e HNF1a,
adenome inflammatoire, ad enome mut e b-catenine et ad enome non class e)
avec une grande fiabilit e gr^
ace a l’utilisation d’un panel restreint de marqueurs
en immunohistochimie : glutamine synth etase ( b-cat enine), CRP ( SAA) et
LFABP. Pour tout ad enome chez un homme, ou de taille > 5 cm chez la femme,
la biopsie n’est pas r ealis
ee car il existe une indication d’ex er
ese chirurgicale
d’embl ee compte tenu du risque  eleve de transformation maligne. La biopsie
d’un ad enome st eatosique > 5 cm permet d’affirmer formellement le
diagnostic d’ad enome HNF1a mut e et de proposer une surveillance. La place
de la biopsie pour les ad enomes < 5 cm chez la femme est moins
consensuelle : c’est le seul moyen d’identifier les formes mut ees b-cat enine,

a fort risque de transformation maligne mais avec une  evolution lente
autorisant pour certains auteurs une surveillance  etroite et une exerese en cas
de progression.
n Mots cle s : tumeurs hepatiques benignes, adenome hepatocellulaire, hyperplasie nodulaire
focale, hemangiome, angiomyolipome, pseudotumeur inflammatoire, biopsie, immunohisto-
chimie

Abstract
The widespread use of medical imaging has led to an increased diagnosis of
benign liver tumors. Accurate identification of various types of benign tumors is
important to propose adequate management: resection, surveillance or no
doi: 10.1684/hpg.2015.1196

treatment. Better knowledge of their physiopathology, radiological and


pathological characteristics has reduced the need for diagnostic biopsies. Biopsy
for the diagnosis of hepatocellular adenoma, focal nodular hyperplasia or
HEPATO GASTRO
y

et Oncologie digestive
Pour citer cet article : Selves J. Place de la biopsie hepatique dans les tumeurs benignes du foie.
Hepato Gastro 2015 ; 22 : 746-757. doi : 10.1684/hpg.2015.1196
Tir
es 
a part : J. Selves

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vol. 22 n8 8, octobre 2015
PBH et tumeurs benignes du foie

haemangioma is now required only for their atypical forms such as sclerosed
hemangioma. If diagnosis remains uncertain and if there is any doubt about
malignancy, a core needle biopsy is mandatory. Imaging diagnosis is less efficient
for inflammatory pseudotumours and angiomyolipoma that justifies the routine
use of liver biopsy. Using a limited panel of antibodies (glutamine synthetase, CRP
 SAA, b-catenin and LFABP), liver biopsy allows accurate diagnosis for focal
nodular hyperplasia and for the four subtypes of adenoma : HNF1a adenoma,
inflammatory adenoma, b-catenin adenoma and unclassified adenoma.
Hepatocellular adenoma in male patients, regardless of the size, and adenoma
> 5 cm in women, should be resected owing to the high risk of malignancy and
makes biopsy irrelevant. If a conservative management is considered, biopsy of
hepatocellular adenoma is useful to differentiate HNF1a steatotic adenoma, that
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are at very low risk of bleeding and malignancy, from b-catenin adenoma which
are at increased risk of transformation. However, biopsy of adenoma < 5 cm in
female is not consensual since some authors propose a radiological monitoring
and resection only for growing lesions.
n Key words: benign liver tumor, hepatocellular adenoma, focal nodular hyperplasia, hae-
mangioma, angiomyolipoma, inflammatory pseudotumour, biopsy, immunohistochemistry

n dehors de la surveillance des patients atteints de ment la tumeur. Seule une minorit e, non caracteristique
E cirrhose, l’augmentation des explorations h epatiques en imagerie et/ou cliniquement, devra faire l’objet
par imagerie engendre un diagnostic croissant de tumeurs d’une biopsie diagnostique. Dans le cadre des tumeurs
hepatiques. La caract erisation de ces tumeurs h epatiques hepatocytaires, la place de la biopsie est guid
ee par le sous-
est un enjeu clinique majeur. Il est certes capital d’identifier type precis d’adenome, sa taille, le contexte clinique et
les lesions malignes et de les typer afin de proposer un l’objectif th
erapeutique.
traitement adapte mais il est aussi important de faire un
diagnostic precis et fiable d’une tumeur b enigne. Cela

‘‘
permet generalement de rassurer le patient quand il s’agit Seule une minorité de tumeurs bénignes
de tumeurs ne necessitant aucun traitement mais aussi de du foie, non caractéristiques en imagerie
proposer une surveillance ou une ex er
ese chirurgicale pour et /ou cliniquement, devra faire l’objet d’une

’’
biopsie diagnostique
d’autres. La conduite  a tenir devant une tumeur b enigne
depend avant tout de sa nature mais aussi du contexte
clinique dans lequel elle se d eveloppe. Il existe plusieurs
types de tumeurs b enignes d evelopp ees dans le foie
que l’on classe en fonction de leur origine cellulaire et Quels sont les hémangiomes
de leur presentation solide ou kystique (tableau 1) [1].
qui sont biopsiés ?
Une approche plus clinique permet de distinguer deux
groupes de tumeurs b enignes : celles ne n ecessitant
Les h emangiomes caverneux sont les tumeurs benignes
aucun traitement et celles pour lesquelles une surveillance
les plus fr
equentes, atteignant 7 % des individus dans les
ou une exerese chirurgicale est indiqu ee (tableau 2) [2, 3].
series autopsiques, plus fr
equents chez la femme que chez
Les tumeurs kystiques et les tumeurs de l’enfant ne
l’homme, g en
eralement unique [2, 3]. Il s’agit d’une l
esion
seront pas developp ees dans ce texte. Il faut simplement
savoir que les hemangiomes infantiles et les hamartomes
m esenchymateux sont des tumeurs presque exclusives
du tres jeune enfant (< 2 ans). Au-del a de deux ans,
tous les autres types de tumeurs b enignes peuvent e^tre
Abréviations
HNF1a hepatocyte nuclear factor 1a
observes et les tumeurs h epatocytaires (hyperplasie SAA serum amyloid A
nodulaire focale et ad enome) sont alors souvent li ees CRP C reactive protein

a un contexte sp ecifique (glycogenose type 1 et 3, LFABP liver fatty acid binding protein
tyrosinemie type 1) [1-3]. La caract erisation radiologique GS glutamine synthe tase
nine
b-cate be^ta-catenine
des tumeurs hepatiques est une  etape essentielle du HNF hyperplasie nodulaire focale
diagnostic, permettant le plus souvent de classer correcte-

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Tableau 1. Tumeurs bénignes hépatiques imagerie comme une masse solide dont la nature vasculaire
de présentation solide, en fonction ne peut pas ^
etre 
evoqu ee et qui conduit g en
eralement 
a
de leur origine cellulaire. une biopsie [4, 5]. Le diagnostic histologique est ais e,
montrant un nodule hyalin, tr es peu cellulaire dont les
Tumeurs hépatocytaires
vaisseaux sont occlus et fibreux (figure 1).
Adénome hépatocytaire

‘‘
Hyperplasie nodulaire focale L’hémangiome sclérosé est une variété
d’hémangiome avec une fibrose très
Tumeurs biliaires abondante, et qui se présente en imagerie comme
Adénome biliaire (hamartome péribiliaire et autres) une masse solide dont la nature vasculaire ne peut
pas e^ tre évoquée et qui conduit généralement

’’
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Adénofibrome biliaire à une biopsie


Tumeurs mésenchymateuses

Angiomyolipome (PEComa)
Diagnostic des tumeurs bénignes
Hémangiome caverneux biliaires de présentation solide
Hémangiome infantile
L’adenome biliaire et l’hamartome des glandes p eribiliaires
Hamartome mésenchymateux presentent de grandes similitudes morphologiques et
ph enotypiques et repr esentent pour certains auteurs la
Italique : tumeurs développées essentiellement chez l’enfant.
m^ eme entite [1]. Ce sont de petites l esions souvent sous-
capsulaires et inf erieures a 1 cm, g en
eralement infrac-
liniques et non biopsi ees mais pluto ^t d
ecouvertes lors
d’explorations chirurgicales de la cavit e abdominale.
vasculaire congenitale, malformative. Histologiquement,
L’adenofibrome biliaire est une tumeur plus rare mais
ils sont constitues de cavit
es vasculaires bord
es par un
qui peut ^ etre de plus grande taille avec un risque de
endothelium aplati. La biopsie n’est pas indiqu
 ee compte
transformation maligne. Il s’agit de complexe biliaire
tenu du risque de saignement. Cependant, certains
tubulo-kystique m^ el
es 
a une abondante stroma-r eaction
hemangiomes peuvent ^ etre h
et
erog
enes et atypiques en
fibreuse. Le diagnostic diff erentiel sur biopsie peut ^ etre
imagerie du fait de thrombose, fibrose ou calcifications.
difficile avec un cholangiocarcinome bien diff erenci e.
L’hemangiome scl eros
e est une variet
e d’hemangiome
Compte tenu de l’indication de r esection chirurgicale de
avec une fibrose tr es abondante, et qui se pr esente en
cette tumeur et du risque d’un  echantillonnage peu
representatif des zones malignes, la place de la biopsie
hepatique est donc limit ee.
Tableau 2. Classification clinique des lésions/
masses hépatiques bénignes
Les tumeurs solides non hépatocytaires
Lésions/masses bénignes ne nécessitant pas
de traitement sions pseudo-tumorales (abc
Il s’agit de le es, pseudo-
Hémangiome tumeur inflammatoire) ou de n eoplasies m esenchy-
mateuses rares (angiomyolipome), se pr esentant sous la
Hyperplasie nodulaire focale forme de masses d evelopp ees au sein d’un foie non
Stéatose focale ou foyer dépourvu de stéatose cirrhotique, parfois dans un contexte clinique qui peut
orienter le diagnostic (fi
evre, syndrome inflammatoire pour
Lésions/masses bénignes nécessitant un traitement un abc es, ou scl
erose tub ereuse de Bourneville pour les
ou une surveillance angiomyolipomes). La biopsie est souvent n ecessaire pour
Adénome et adénomatose affirmer le diagnostic et  eliminer un diagnostic de tumeur
maligne [6].
Abcès hépatique

Angiomyolipome Pseudo-tumeurs inflammatoires

Pseudo-tumeur inflammatoire
Les pseudo-tumeurs inflammatoires sont des lesions
non n
eoplasiques composees d’un m
elange de cellules

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PBH et tumeurs benignes du foie

∗ ∗

B
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Figure 1. Hemangiome sclerose. A) Coloration HE : plage peu cellulaire faiblement coloree avec peu de lumiere vasculaire identifiable (*).
B) Trichrome du Masson : coloration bleue soulignant la hyalinose des parois vasculaires totalement sclerosees.

fibroblastiques ou myofibroblastiques, de fibrose et d’un L’angiomyolipome


infiltrat inflammatoire souvent riche en plasmocytes,
L’angiomyolipome est une tumeur constitu ee d’un
developpees dans un contexte de fi evre, douleurs
m elange de tissu adipeux mature, de cellules musculaires
abdominales et perte de poids [7]. L’^ age m edian de
lisses et de vaisseaux  a paroi 
epaisse [6]. Il est a l’heure
survenue est 50-65 ans avec une pr edominance
actuelle admis que cette tumeur d erive des cellules
masculine (sex-ratio 3/1). L’origine est inflammatoire
perivasculaires epith elioı̈des (PEComa) qui pr esentent
ou infectieuse mais il faut distinguer un sous-groupe
une double diff erenciation musculaire et adipeuse et
d’identification importante car sensible  a la corti-
une capacit e de synth ese de m elanine (figure 2). C’est une
cotherapie : les pseudo-tumeurs inflammatoires associ ees
tumeur de l’adulte, plus fr equente chez la femme que chez
aux maladies a Ig G4. Les plasmocytes sont nombreux,
l’homme, le plus souvent de r ev
elation fortuite. Dans 5  a
avec un taux de plasmocytes Ig G4+ > 40 % dans le tissu et
10 % des cas, cette tumeur est associ ee a la sclerose
des lesions de phl ebite oblit
erante. La pr esentation
tub ereuse de Bourneville avec des l esions h epatiques
clinique et la taille en imposent souvent pour une tumeur
multiples et des tumeurs du rein. Le risque de rupture
maligne. La biopsie permet de porter le diagnostic et
hemorragique est rare. Du fait d’une proportion tr es
d’eviter une chirurgie dans 75 % des cas. Celle-ci doit ^ etre
variable des diff
erents constituants cellulaires au sein de la
r
epetee jusqu’a elimination d’un autre diagnostic [8]. La
tumeur, le diagnostic sur biopsie peut ^ etre difficile.
principale difficult e diagnostique consiste  a 
eliminer un
L’el
ement-cle du diagnostic est la pr esence de cellules
authentique sarcome (sarcome  a cellules folliculaires
musculaires lisses qui expriment des marqueurs de
dendritiques associ e au virus d’Epstein-Barr, tumeur
m elanogenese en immunohistochimie (HMB45, Melan
myofibroblastique inflammatoire et autres sarcomes) en
A). Les formes pauvres en cellules adipeuses et avec cellules
s’aidant de marqueurs immunohistochimiques ou de la
musculaires  epithelioı̈des sont trompeuses et peuvent
mise en evidence de r earrangements chromosomiques
simuler un carcinome h epatocellulaire, seule l’immuno-
specifiques de sarcome (sonde EBER pour la d etection de
histochimie permettra de poser le diagnostic. Le diagnostic
virus d’Epstein-Barr, r e-arrangement ALK en hybridation
histologique est souvent incontournable car les l esions
in situ) [9].
<5 cm peuvent ^ etre surveillees et non resequees [6].

‘‘ ‘‘
La biopsie permet de porter le diagnostic L’élément-clé du diagnostic d’angiomyoli-
de pseudo-tumeurs inflammatoires pome est la présence de cellules
et d’éviter une chirurgie dans 75 % des cas. musculaires lisses qui expriment des marqueurs
Celle-ci doit e^ tre répétée jusqu’à élimination d’un de mélanogenèse en immunohistochimie (HMB45,

’’ ’’
autre diagnostic Melan A)

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A

B C
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Figure 2. Angiomyolipome. A) Coloration HE  10. Proliferation de cellules epithelioı̈des avec arteres et cellules adipeuses (*). B) Immunomarquage
anti-actine avec cellules epithelioı̈des positives. C) Marquage des m^emes cellules avec HMB45 (marqueur de melanogenese).

‘‘
Le diagnostic histologique est souvent de bien distinguer les hyperplasies nodulaires focales des
incontournable car les lésions <5 cm peu- ad
enomes h epatocellulaires.
^ tre surveillées et non réséquées

’’
vent e

‘‘
Les adénomes sont d’authentiques néopla-
sies avec un risque de transformation
Diagnostic anatomo-pathologique et en carcinome hépatocellulaire possible mais

’’
moléculaire des tumeurs hépatocytaires faible (< 5 %)
bénignes
Il s’agit de l’hyperplasie nodulaire focale et des ad enomes
L’hyperplasie nodulaire focale
hepatocytaires. Le d emembrement mol eculaire recent de
ces tumeurs a consid erablement  eclair
e le champ des C’est la tumeur b enigne la plus fr equente apr es
connaissances de ces prolif erations h epatocytaires. Il a l’h
emangiome, avec une pr evalence estim ee d’environ
abouti a une nouvelle classification pathomol eculaire 1 %, bien plus fr equente que l’ad enome h epatocytaire
(classification de Bordeaux puis classification OMS 2010) [2, 3, 6]. Il s’agit d’une l
esion hyperplasique constitu ee de
basee sur l’aspect morphologique des l esions et la nodules h epatocytaires s epares par des bandes fibreuses
detection de marqueurs mol eculaires et immunohisto- avec prolif eration ductulaire et une cicatrice fibreuse
chimiques qui constitue aujourd’hui un puissant outil centrale renfermant des vaisseaux art eriels dystrophiques.
diagnostique [10-12]. Les ad enomes sont d’authentiques C’est une prolif eration polyclonale d’hepatocytes r esultant
neoplasies avec un risque de transformation en carcinome de l’
el
evation locale du flux sanguin du ^a une malformation
hepatocellulaire possible mais faible (< 5 %) [6]. Il existe vasculaire [13]. Le marqueur immunohistochimique est

egalement un risque de saignement et d’h emorragie rare l’expression de la glutamine synth etase (GS) en nappes
mais qui peut ^etre fatal (grossesse). La place de la biopsie irr
eguli
eres (pattern « map-like »), c’est- a-dire en larges
hepatique doit donc prendre en compte la n ecessit
e bandes ramifi ees surtout en p eripherie de la l esion qui
diagnostique, le risque  evolutif, les possibilit
es d’exer
ese traduit une activation de la b-cat enine sans mutation [13].
chirurgicale ou de surveillance et le contexte clinique Elle est g en eralement caract eristique en imagerie et la
(grossesse, tumeurs multiples. . .). A l’inverse, l’hyperplasie biopsie n’est indiqu ee que dans les cas ou  celle-ci ne
nodulaire focale n’est pas une n eoplasie mais un processus permet pas une identification formelle apres examens
hyperplasique, sans aucun risque de transformation et peu radiologiques ad equats, en particulier en l’absence de
de risque de saignement pour lequel il n’y a pas cicatrice fibreuse centrale ou pour les formes atypiques qui
d’indication d’exerese ni de surveillance. Il est donc capital peuvent simuler un ad enome (HNF riche en st eatose vs.

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PBH et tumeurs benignes du foie

adenome steatosique, HNF avec dilatation sinusoı̈dale vs. Les adénomes hépatocytaires
adenome inflammatoire). Les  el
ements diagnostiques culaire distingue quatre types
La classification patho-mole
histologiques peuvent aussi manquer sur biopsie (peu de
d’adenomes h epatocellulaires : l’adenome inactive HNF1a
bandes fibreuses, absence ou peu de ductules), les plus
(hepatocyte nuclear factor 1 apha), l’ad enome inflamma-
sensibles pour le diagnostic 
etant l’architecture nodulaire
toire, l’ad enome mut e b-cat enine et les ad enomes
et les vaisseaux dystrophiques. L’immuno-histochimie est  chaque type d’ad
inclasses. A enome correspond un aspect
alors d’une grande aide diagnostique : CK7 pour la mise
histologique plus ou moins caract eristique, des marqueurs
en evidence des ductules, marqueurs n egatifs des
immunohistochimiques et/ou mol eculaires, un contexte
adenomes (SAA et CRP n egatifs, marquage LFABP) et
clinique (tableau 3). Le risque de complication (h emorragie
surtout marquage en nappes irr egulieres de la GS qui ne
ou transformation maligne) est  egalement li e au sous-type
s’observe pas dans les adenomes (figure 3). Le marquage
d’adenome. Sur mat eriel biopsique, l’immunohistochimie
GS ameliore sensiblement le diagnostic d’HNF sur
am eliore le diagnostic d’ad
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enome et permet surtout


biopsie (86 % de diagnostic formel d’HNF apr es
d’identifier les diff
erents sous-types [14].
marquage GS vs. 53 % avec examen morphologique
seul) [14].

‘‘
Sur matériel biopsique, l’immunohistochi-
mie améliore le diagnostic d’adénome

‘‘
L’hyperplasie nodulaire focale est et permet surtout d’identifier les différents
généralement caractéristique en imagerie

’’
sous-types
et la biopsie n’est indiquée que dans les cas où
celle-ci ne permet pas une identification formelle
 Adénome inactivé HNF1a (30-40 %)

’’
après examens radiologiques adéquats
Ces ad sultent le plus souvent d’une mutation
enomes re
bi-all
elique somatique, uniquement trouv

‘‘
Le marquage glutamine synthétase ee dans les
améliore sensiblement le diagnostic cellules tumorales, du g ene HNFa, plus rarement d’une
mutation germinale h er
editaire dans le cadre du diab

’’
de l’hyperplasie nodulaire focale sur biopsie ete

Figure 3. Hyperplasie nodulaire focale (HNF). Biopsie d’un nodule atypique en imagerie. A) HE  5 : proliferation hepatocytaire nodulaire avec
larges bandes fibreuses inflammatoires (*foie non tumoral, avec steatose). B) Immunomarquage caracteristique en nappes irregulieres de la GS,
contrastant avec le marquage periveineux du foie non tumoral (*).

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Tableau 3. Critères diagnostiques des tumeurs hépatocytaires bénignes
Histologie Marqueurs Marqueurs Contexte clinique
immunohistochimiques moléculaires

Hyperplasie nodulaire Nodules hépatocytaires, Expression GS en Augmentation ratio


focale cicatrice fibreuse centrale nappes irrégulières angiopoiétine
avec artères dystrophiques, (pattern « map-like ») 1/angipoiétine 2
prolifération ductulaire

Adénome inactivé Stéatose Perte d’expression Mutation somatique


HNF1a LFABP bi-allélique de HNF1a
30-40 % Mutation germinale Diabète MODY3,
héréditaire + mutation adénomatose
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somatique mono-allélique
de HNF1a

Adénome Inflammation, dilatation Surexpression CRP Mutations activatrices Surcharge pondérale,


inflammatoire sinusoı̈dale et congestion et SAA IL6ST (65 %), STAT3 (5 %), syndrome métabolique,
40-50 % GNAS (5 %), autres. . . alcool

10 % sont aussi Le plus souvent sans Association des 2 types Association avec
mutés b-caténine atypie d’immunomarquages mutation b-caténine
positifs : inflammatoire
et b-caténine

Adénome muté Atypies cytologiques Expression forte et Mutation exon 3 gène Glycogénose type 1
b-caténine diffuse ou hétérogène CTNNB1 (b-caténine) ou 3, prise d’androgène
(10-15 %) de la GS
Marquage aberrant
nucléaire ou
cytoplasmique de la
b-caténine
(souvent focal)

Adénome inclassé Le plus souvent sans Non déterminé À identifier


(10 %) atypie, sans particularité
morphologqiue

Carcinome Dysplasie, pseudo-glandes, Expression forte Mutation exon 3 gène


hépatocellulaire épaississement des et diffuse de la GS CTNNB1 + mutation
travées hépatocytaires, Marquage aberrant promoteur TERT + autres
perte de la trame nucléaire ou anomalies moléculaires
réticulinique cytoplasmique de la
b-caténine
Expression glypican 3,
HSP70

En gras : marqueurs disponibles en routine dans les laboratoires d’anatomie pathologique (avec expertise en hépatologie). En gras et en italique :
marqueurs nécessitant un laboratoire de biologie moléculaire mais réalisable dans certaines plateformes régionales de génétique des tumeurs.

non-insulino-dependant de type 3 (MODY3) et se pr esente alpha). Le risque de transformation maligne est tr es faible,
alors souvent sous la forme d’ad
enomatose. Le g ene HNF1a justifiant une surveillance radiologique quelle que soit la
est implique dans la glucogen ese et le m etabolisme taille. L’IRM permet generalement d’identifier les ad
enomes
lipidique. Son inactivation entraı̂ne une stimulation de la HNF1a (st eatosique) et la biopsie est r
eserv
ee uniquement
synthese des acides gras responsable de la st
eatose et une aux lesions > 5 cm pour confirmer ce diagnostic [14].
perte d’expression de LFABP, prot eine cytoplasmique
impliquee dans le trafic cytoplasmique des acides gras.
Histologiquement, les h

‘‘
epatocytes tumoraux sont Pour les adénomes inactivés HNF1a, les
steatosiques avec une perte d’expression constante de la hépatocytes tumoraux sont stéatosiques
LFABP en immunohistochimie (100 % de sp ecificit
e et de avec une perte d’expression constante de la LFABP
sensibilite pour le diagnostic d’ad enome inactiv

’’
e HNF1 en immunohistochimie

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PBH et tumeurs benignes du foie

‘‘
L’IRM permet généralement d’identifier les classer correctement ces ade nomes [16]. Enfin, environ
adénomes HNF1a (stéatosique) et la biopsie 10 % des ad enomes inflammatoires pr esentent egalement
est réservée uniquement aux lésions > 5 cm une mutation de la b-cat enine, sans atypies cytologiques

’’
pour confirmer ce diagnostic mais avec le m^eme profil de marquage de la GS et de la b-
cat
enine que les ad
enomes mut es b-cat
enine (cf. infra) et le
^  
meme risque eleve de transformation maligne (figure 4).
 Adénome inflammatoire (40-50 %)
L’anomalie moleculaire commune de ces ade nomes est

‘‘
Pour les adénomes inflammatoires, il existe
l’activation de la voie JAK/STAT (par mutation de diff erents une surexpression dans les hépatocytes
genes : IL6ST, STAT3, GNAS...) responsable du ph enotype tumoraux des protéines de l’inflammation
inflammatoire clinique ( el
evation de la CRP s erique, plus CRP et SAA facilement détectable
rarement anemie inflammatoire) et tumoral. Ce sont
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’’
en immunohistochimie
des tumeurs developp ees essentiellement chez les femmes
et souvent associees  a une surcharge pond erale, un

‘‘
syndrome metabolique ou une consommation excessive Environ 10 % des adénomes
d’alcool. Histologiquement, il s’agit d’une prolif eration inflammatoires présentent une

’’
mutation de la b-caténine
d’hepatocytes en fines trav ees parcourue d’arteres isol
ees
avec typiquement une inflammation focale ou diffuse, des
dilatations sinusoı̈dales et une congestion expliquant le  Adénome muté b-caténine (10 à 15 %)
risque accru d’hemorragie de ce type d’ad enome et ses
caracteristiques en IRM. Il existe une surexpression dans les Definis par une mutation activatrice (exon 3) du ge ne
hepatocytes tumoraux des prot eines de l’inflammation CTNNB1, codant pour la b-cat enine. Ces ad
enomes sont le
CRP et SAA facilement d etectable en immunohistochimie. plus souvent observes chez l’homme ou dans un contexte
Le plus souvent caract eristique, la pr
esentation histolo- clinique particulier (glycogenose type 1 ou 3, prise
gique peut ^etre variable, simulant un ad enome HNF1a pour d’androg ene anabolisant...) et presentent un risque de
les formes riches en st eatose ou une HNF pour les formes transformation maligne plus important que les autres types
avec bandes fibreuses, art eres dystrophiques et ductules. d’adenomes (jusqu’ a 50 %). Morphologiquement, des
L’immunohistochimie en utilisant les diff erents marqueurs atypies cytologiques et architecturales (pseudo-glandes,
proteiques (LFABP, CRP et SAA) permet le plus souvent de 
epaississement des travees h epatocytaires) sont souvent

A D

B
E

C F

Figure 4. Exemple de l’inter^et de la biologie moleculaire pour le diagnostic d’adenome inflammatoire mute b-catenine. A) Foie non tumoral, HE 
30. B) Foie non tumoral : immunomarquage SAA negatif. C) Immunomarquage GS periveineux du foie non tumoral. D) Foie tumoral : proliferation
d’h
epatocytes r eguliers, sans atypies, avec dilatation sinusoı̈dale, steatose et inflammation, HE  30. E) Foie tumoral : immunomarquage SAA
positif, diffus. F) Foie tumoral avec marquage focal de la GS, peu different du foie non tumoral. Detection dans ce cas d’une mutation c. 133T>C ;
p S45P de l’exon 3 CTNNB1.

HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive 753


vol. 22 n8 8, octobre 2015
observees et la distinction avec un carcinome e : h
varie emangiome, HNF, nodules r egeneratifs de type
hepatocellulaire bien differencie peut ^ etre tres difficile. HNF (FNH-like), ad enomes h epatocytaires et nodules
La GS, cible de la b-cat enine est surexprim ee avec en hepatocytaires plus difficiles  a classer [20]. Dans ce
immunohistochimie un marquage intense et souvent contexte, les nodules sont volontiers multiples, associant
diffus, mais parfois plus focal. La translocation nucl eaire ces differents types histologiques. Le risque de trans-
de la forme mutee de la b-catenine etant accrue, il existe un formation maligne  etait connu mais moins bien  evalue que
marquage aberrant nucl eaire ou cytoplasmique en immu- dans les ad enomes d evelopp es sur foie sain. Une  etude
nohistochime contrastant avec le marquage membranaire r
ecente sugg ere que le risque de transformation des
des hepatocytes du foie non tumoral. Cependant, ce type adenomes serait plus  elev
e que sur foie sain et montre la
de marquage est souvent focal, ne concernant que valeur des marqueurs immunohistochimiques pour identi-
quelques hepatocytes tumoraux et de faible sensibilit e fier et classer les authentiques ad enomes [21]. Les
surtout sur materiel biopsique [17]. Une  etude r ecente adenomes identifies correspondaient aux m^ emes sous-
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montre que la presence d’autres mutations telles que les types que ceux d evelopp es sur foie sain (HNF1a mut e,
mutations du promoteur de TERT (telomerase reverse inflammatoire et mut e b-cat enine). La place de la biopsie
transcriptase), est fortement associ ee 
a la transformation hepatique est probablement plus importante dans ce
maligne, mais ce marqueur n’est pas encore disponible en contexte car les l esions sont plus difficiles  a classer
routine [18]. Les crit eres en faveur d’un carcinome radiologiquement, sans seuil de taille d efini pour le risque
hepatocellulaire sont la presence d’anomalies architectu- de transformation. Son int er^et majeur est l’
elimination du
rales plus marquees, la perte de la trame reticulinique et en diagnostic de malignit e.
immunohistochimie l’expression du glypican 3 et de HSP70
(Heat Shock Protein 70) [19].

‘‘
En cas de maladie vasculaire du foie,
la place de la biopsie hépatique

‘‘ ’’
La glutamine synthétase, cible est probablement plus importante
de la b-caténine est surexprimée avec,
en immunohistochimie, un marquage intense

’’
et souvent diffus, mais parfois plus focal
Cas particulier des tumeurs multiples
Il convient de connaı̂tre le nombre exact de nodules,
 Adénomes inclassés et de classer au mieux radiologiquement chaque nodule
afin de distinguer clairement les nodules sans risque
Environ 10 % des ade nomes ne pr esentent aucune 
evolutif (hemangiome et HNF) des nodules n eoplasiques
caracteristique histologique ni moleculaire. Leur risque
hepatocytaires potentiellement  evolutifs. Ainsi la prise en
de transformation maligne paraı̂t faible [18].
charge des nodules h epatocytaire, qu’il y ait moins de
10 ad enomes (ad enomes multiples) ou plus de 10
Autres tumeurs hépatocytaires bénignes (adenomatose), est identique  a celle des tumeurs solitaires
 Nodules stéatosiques ou dépourvus de stéatose [22]. La place de la biopsie h epatique sera determin ee en
fonction du contexte clinique et de la taille des nodules :
Il s’agit de plages de parenchyme h epatique avec une charge generalement non indiqu ee pour les adenomatoses fami-
steatosique differente du parenchyme adjacent (plus de liales MODY3 car tr es faible risque de transformation
steatose ou moins de st eatose) observees dans un contexte maligne, a discuter si moins de 5 cm pour les autres formes
de steatopathie. Ces l esions sont souvent sous-capsulaires, genetiques (glycog
enose et syndrome de McCune-Albright)
bien connues des radiologues et font rarement l’objet d’une ou non g enetique (maladie vasculaire) et pour toutes les
biopsie. Le principal diagnostic diff erentiel pour le patho- l
esions non classees ou class
ees adenomes inflammatoires.
logiste est l’adenome h epatocellulaire, en particulier
l’adenome HNF1a. Elles s’en distinguent par la pr esence
d’espaces portes dans les plages st

‘‘
eatosiques et une En cas de tumeurs multiples, la place
expression normale de LFABP en immunohistochimie [2]. de la biopsie hépatique sera déterminée
en fonction du contexte clinique et de la taille
 Nodules hépatocytaires et maladie vasculaire

’’
des nodules
(syndrome de Budd-Chiari, malformations,
shunt porto-systémique. . .) culaire est robuste, reproduc-
La classification patho-mole
Les anomalies de la circulation h
epatiques peuvent tible et d’un int
er^
et clinique majeur [23, 24]. Malgre tout,
s’accompagner de la formation de nodules d’origine on estime qu’environ 10 % des tumeurs h epatocytaires

754 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive


vol. 22 n8 8, octobre 2015
PBH et tumeurs benignes du foie

restent inclasses particulie


rement par analyse sur biopsie r
eduit la place de la biopsie [15]. Celle-ci est indispen-
[2]. Ces limites sont en partie li
ees aux difficult
es d’analyse sable pour toute tumeur h epatique non class ee en
de certains marquages qui demandent une interpr etation imagerie (ou avec un doute avec une tumeur maligne).
rigoureuse, voire le recours  a la biologie moleculaire, et 
a Dans les autres cas, elle doit ^etre discut
ee en fonction du
son application a des nodules h epatocytaires d eveloppes contexte clinique, du sexe, de la taille et du nombre de
hors foie normal [17, 20, 25, 26]. tumeur ainsi que de l’objectif th erapeutique. Pour tout
adenome chez un homme, ou de taille > 5 cm quel que
soit le sexe, la biopsie n’est en pratique pas realis
ee car il

‘‘ ’’
Malgré tout, on estime qu’environ 10 % existe une indication d’ex er
ese chirurgicale d’embl ee
des tumeurs hépatocytaires restent compte tenu du risque  elev
e de transformation maligne
inclassés [6, 28]. La biopsie d’un ad enome st eatosique > 5 cm
permet d’affirmer formellement le diagnostic d’adenome
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HNF1a mut e et de proposer une surveillance. La place


de la biopsie pour les ad enomes < 5 cm est moins
En 2015, quelle est la place consensuelle : c’est le seul moyen d’identifier les formes
de la biopsie dans la prise en charge mut es b-cat enine,  a fort risque de transformation
des tumeurs bénignes ? maligne mais avec une  evolution lente autorisant pour
certains auteurs une surveillance  etroite et une ex er
ese
L’IRM ( l’echographie de contraste) permet le diag- en cas de modifications radiologiques (figure 5)
nostic de la majorit
e des tumeurs h
epatiques b
enignes et [6, 27, 28].

Suspicion de tumeur bénigne


Tumeur solide, hémangiome exclu
(absence de cirrhose, de contexte de cancer, marqueurs tumoraux négatifs)

Caractérisation en imagerie (IRM/écho de contraste)

Diagnostic formel d’HNF Lésion non classée, atypique : Suspicion


HNF ? adénome ?, autre ? d’adénome
Femme Homme
Pas de biopsie Biopsie

Adénome Adénome Adénome


HNF1a inflammatoire inclassé ou
doute CHC
< 5 cm
Pas de biopsie

> 5 cm < 5 cm > 5 cm


Biopsie
Autres tumeurs
Diagnostic formel d’HNF Pas de biopsie
hépatiques Biopsie

Adénome Adénome Adénome muté


HNF1a inflammatoire β-caténine
Hémangiome sclérosé Abcès
Foyer de stéatose β-caténine non muté
Angiomyolipome
Pseudo-tumeur
inflammatoire...

Pas de traitement Traitement Surveillance (+ arrêt CO) Chirurgie

Figure 5. Proposition d’algorithme d’indication de la biopsie hepatique pour suspicion de tumeur benigne solide.

HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive 755


vol. 22 n8 8, octobre 2015
‘‘
La biopsie hépatique est indispensable bit devrait permettre biento
de ^t la recherche en routine de
pour toute tumeur hépatique non classée mutations oncog eniques additionnelles.
en imagerie (ou avec un doute avec une tumeur
maligne). Dans les autres cas, elle doit e^ tre

‘‘
La qualité du diagnostic dépend de l’exper-
discutée en fonction du contexte clinique,
tise du pathologiste en hépatologie et de
du sexe, de la taille et du nombre de tumeur

’’
l’utilisation d’un nombre restreint d’anticorps

’’
ainsi que de l’objectif thérapeutique

T ake home messages


Quelles sont les bonnes conditions
pour un diagnostic optimal sur biopsie ? & Les tumeurs hepatiques benignes les plus fr
equentes
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sont non neoplasiques, sans risque de complication, ni
Lorsqu’une indication de biopsie he patique est retenue, il de transformation (h
emangiome, hyperplasie nodulaire
est important de communiquer au pathologiste le contexte focale). Leur diagnostic est radiologique et la biopsie
clinique de la decouverte de la l esion (fortuite, bilan est inutile.
d’extension d’une maladie canc ereuse, m edicaments,
contexte genetique. . .) et les donn
ees radiologiques. & L’aspect en imagerie de l’h
emangiome sclerose peut
La taille de la zone tumorale examin ee sur la biopsie doit ^
etre trompeur mais son diagnostic sur biopsie est ais
e.
^
etre suffisante.
& La biopsie est indiqu
ee en cas de doute en imagerie
L’analyse concomitante d’une biopsie de foie non tumoral
entre ad
enome et h epatocarcinome et pour toute
est essentielle car elle permet une comparaison des aspects
tumeur non classee.
morphologiques et des immunomarquages entre foie
tumoral et non tumoral. Ceci est particulierement important & Le diagnostic d’HNF peut e ^tre difficile sur biopsie,
pour distinguer un carcinome h epatocellulaire bien mais facilit
e par le marquage caract
eristique, en nappes
differencie d’un ad enome, pour  evaluer une diff erence irr
eguli
eres, de la GS en immunohistochimie.
d’expression des marqueurs immunohistochimiques et pour
& Sur biopsie, l’immunohistochimie permet d’identifier
chercher des signes d’h epatopathie associee (steatose,
les 4 sous-types d’ade nomes (HNF1a inactiv e, inflam-
fibrose, etc.).
matoire, mut e b-cat
enine et inclass
e) avec une bonne
fiabilit
e, 
a l’aide d’un panel limit
e d’anticorps : anti-GS,
anti-CRP ( anti SAA), anti-LFABP et b-cat

‘‘
L’analyse concomitante d’une biopsie enine.

’’
de foie non tumoral est essentielle nomes > 5 cm
& La seule indication de biopsie d’ade
concerne les adenomes mut es HNF1a pour confirmer le
Les biopsies doivent ^ etre fixees dans du formol 4 % diagnostic et permettre un traitement conservateur. Les
tamponne neutre pour une analyse en immunohistochimie autres types d’ad
enomes doivent ^etre r
es
equ
es d’embl
ee
optimale et en biologie mol eculaire. En effet, la recherche compte tenu de leur risque eleve de complications.
de mutations simples telles que les mutations de l’exon & Il n’existe pas de consensus sur l’inter^
et de la biopsie
3 de la b-catenine est realisable sur du mat eriel biopsique des adenomes < 5 cm. Elle n’est g eneralement pas utile
fixe formol. Dans la mesure du possible, une biopsie pour les adenomes HNF1a (tr es faible risque evolutif).
tumorale congelee doit ^ etre faite pour recherches Pour les autres sous-types histologiques, seule la biopsie
moleculaires plus extensives. permet d’identifier les mutations de la b-cat enine,
La qualite du diagnostic d epend de l’expertise du v
eritable marqueur de risque de transformation maligne.
pathologiste en h epatologie et de l’utilisation d’un
nombre restreint d’anticorps : anti-GS ( b-cat enine),
anti-CRP ( anti-SAA) et anti-LFABP. En cas de difficult e
diagnostique, le prel
evement peut ^ etre adressea un centre Liens d’inte re
^ts : interventions ponctuelles pour les
de reference en hepatolologie qui dispose  egalement des laboratoires Merck Serono et Roche. &
outils moleculaires. La recherche de la mutation de l’exon
3 de la b-catenine (mutation concog enique) est realisable Références
dans la majorite des plateformes r egionales de gen etique Les r
ef
erences importantes apparaissent en gras.
somatique des tumeurs (plateformes labellis ees INCa) mais
1. Bosman FT, Carneiro F, Hruban RH, Theise ND. WHO classification of tumours
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