Vous êtes sur la page 1sur 6

Chapitre

5
Accueil du nouveau-né
normal
E. Saliba, C. Lionnet, F. Gold

PLAN DU CHAPITRE
Adaptation cardiorespiratoire à la vie Autres éléments de l'accueil en salle
extra-utérine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 de naissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Score d'Apgar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Premier examen pédiatrique . . . . . . . . . . . . . . 83
Gestes systématiques des premières
minutes de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

Déclenchement des mouvements respiratoires Il inter-


OBJECTIFS vient dans les 20 secondes qui suivent l'expulsion, souvent
L'interne ou la sage-femme doivent être capables : dès le dégagement du thorax. En réalité, le fœtus a déjà des
• de conduire l'examen d'un nouveau-né normal ; mouvements thoraciques de faible amplitude depuis les
• d'établir le score d'Apgar ; 12e–15e semaines : il s'agit d'une activité continue (en début
• d'assurer les soins d'un nouveau-né normal à la naissance. de grossesse) puis intermittente, qui s'interrompt pendant le
travail de l'accouchement.
L'accueil du nouveau-né à terme normal consiste à :
L'installation postnatale de mouvements respiratoires
• vérifier la bonne adaptation de l'enfant à la vie
efficaces est encore partiellement mystérieuse : rôle discuté
extra-utérine ;
de l'hypoxémie, de l'acidose, du froid et de l'émersion du
• s'assurer de l'absence de toute malformation congénitale milieu aquatique. Les premières respirations de l'enfant (ses
sévère ; premiers cris) développent dans les poumons une pression
• favoriser l'installation immédiate d'une relation qui varie entre –40 et + 80 cmH2O, ce qui aide à faire passer
mère(parents)-enfant de bonne qualité. le liquide alvéolaire vers l'espace interstitiel pulmonaire.
Les premiers cris du nouveau-né provoquent l'ouverture
(le déplissement) des alvéoles pulmonaires Ce déplisse-
Adaptation cardiorespiratoire ment est accompagné d'un déversement massif de surfactant
à la vie extra-utérine pulmonaire dans les voies respiratoires, à partir des cellules
alvéolaires (pneumocytes) de type II. Il en résulte la créa-
Les premières minutes de vie sont marquées par des modi- tion puis la stabilisation définitive d'une capacité résiduelle
fications respiratoires et circulatoires qui sont dominées fonctionnelle (CRF) qui est d'environ 30 ml/kg de poids à
par un fait primordial : la rapidité et la qualité de l'aération partir de la 10e–30e minute de vie. La présence de liquide
alvéolaire pulmonaire (voir Chapitre 1, « Système pulmo- pulmonaire dans les voies aériennes du fœtus joue un rôle
naire »). Il est maintenant établi que les modifications car- facilitant pour l'ouverture alvéolaire.
diopulmonaires qui marquent la période transitionnelle
débutent avant le clampage du cordon. Une adaptation Évacuation du liquide pulmonaire présent dans les voies
réussie à la vie extra-utérine commence avec la clearance du aériennes fœtales Elle est assurée essentiellement par
liquide alvéolaire, la production de cortisol endogène, qui une absorption active via des transporteurs et des canaux
joue un rôle important dans la maturation pulmonaire. sodiques : pompe Na +, canal sodique ENAC) qui font pas-
ser le liquide alvéolaire vers l'espace interstitiel pulmonaire
et, de là, vers la circulation sanguine et lymphatique pulmo-
Phénomènes respiratoires naires. La compression du thorax de l'enfant lors du passage
Trois faits principaux permettent un passage harmonieux de dans la filière génitale maternelle joue un rôle mineur dans
la vie liquidienne intra-utérine à l'autonomie aérienne. l'évacuation du liquide pulmonaire.

Pratique de l'accouchement
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 79
80 Partie I. Accouchement normal

L'évacuation du liquide pulmonaire s'accompagne d'un (en 2 à 3 semaines au moins), les deux shunts qui les reliaient,
d'arrêt de sa production sous l'action de l'adrénaline (rôle du le trou de Botal (ou foramen ovale) et le canal artériel, et
« stress » néonatal physiologique). place désormais les deux ventricules cardiaques en série (cir-
culation de type adulte). Ces phénomènes se réalisent pro-
Phénomènes circulatoires (Figure 5.1) gressivement pendant une période dite transitionnelle qui
précède l'établissement définitif de la circulation sanguine
À la naissance se produisent deux faits essentiels : de type adulte. Pendant cette période, il est important d'éva-
■ le démarrage de la circulation pulmonaire fonctionnelle, luer en salle de naissance la saturation en oxygène par les
phénomène principalement mécanique, secondaire à mesures de la SpO2 (saturation du sang mesurée par oxymé-
l'aération alvéolaire ; trie pulsée) posée à la main droite du nouveau-né (position
■ le clampage du cordon ombilical dans la minute qui suit préductale avant le canal artériel qui reflète l'oxygénation du
l'expulsion, qui sépare définitivement l'enfant du placenta sang vascularisant le cerveau. Les valeurs de la SpO2 recon-
(avant la naissance, le placenta reçoit 50 % du débit car- nues actuellement comme acceptables dans les dix minutes
diaque fœtal) ; il provoque directement la fermeture du suivant la naissance chez les nouveau-nés s'adaptant norma-
canal d'Arantius, fonctionnelle en quelques heures, puis lement à l'air ambiant sont de 60 % à deux minutes de vie et
anatomique en trois semaines environ. n'atteignent 90 % qu'à dix minutes de vie [7].
Ces deux phénomènes ont des conséquences concor-
dantes au niveau cardiaque : diminution des pressions dans
les cavités droites (oreillette droite, ventricule droit, artère
pulmonaire), élévation des pressions dans les cavités gauches
Score d'Apgar
(oreillette gauche, ventricule gauche, aorte). La création de En pratique courante, on vérifie dans les dix premières minutes
ces deux systèmes à basse et haute pressions ferme, physiolo- de vie la bonne adaptation de l'enfant à la vie extra-utérine par
giquement (en 6 à 12 heures environ) puis anatomiquement la cotation du score proposé par Virginia Apgar en 1953 [4].

Aorte ascendante: SaO2 = 65%

Poumon: résistances pulmonaires


Avant la élevées

naissance

Canal artériel perméable (SaO2 = 50 %)

Foramen ovale ouvert

Veine cave inférieure


SaO2 = 70 %
Aorte descendante: SaO2 = 60 %

Canal d’Arantius

L’oxygénation du sang fœtal se


fait au niveau du placenta
La circulation de retour
vers le placenta:
résistances vasculaires basses
Sang riche en oxygène
Sang pauvre en oxygène

Veine ombilicale
a SaO2 = 80 %

Après la poumon
naissance Oxygénation du sang au
niveau pulmonaire
Résistances vasculaires
pilmonaires faibles
Canal artériel fermeture
progressive

Foramen ovale obturé

Canal d’Arantius
non perfusé

Sang riche en oxygène


Sang pauvre en oxygène

b Clampage du cordon
ombilical

Fig. 5.1. Phénomène circulatoire (a, b). À la naissance, le déclenchement de la respiration et le clampage du cordon aboutissent à des modifi-
cations des shunts physiologiques et à l'établissement progressive de la circulation postnatale définitive.
Chapitre 5. Accueil du nouveau-né normal 81

Tableau 5.1. Le score d'Apgar. Gestes systématiques des


Paramètres 0 1 2 premières minutes de vie
Battements Absents < 100/min > 100/min Tout nouveau-né bénéficie dans les dix premières minutes de
cardiaques vie de cinq mesures principales [6]. La crainte d'une contamina-
Mouvements Absents Lents, Vigoureux, tion iatrogène de l'enfant par faute d'asepsie doit être un souci
respiratoires irréguliers avec cri permanent du personnel qui prend en charge le nouveau-né.
Tonus Nul Faible : légère Fort :
musculaire flexion des quadriflexion, Vérification du cordon ombilical
extrémités mouvements
actifs
L'enfant étant né, le cordon est clampé avec deux pinces,
30 à 40 secondes en moyenne après qu'il ait été déposé sur
Réactivité à la Nulle Faible : Vive : cri, toux
le ventre de sa mère. La masse sanguine d'un nouveau-né
stimulation grimace
dépend du délai mis à clamper le cordon ombilical : la volé-
Coloration Globalement Corps rose, Totalement mie de l'enfant (sa valeur moyenne normale est de 80 ml/
bleue ou pâle extrémités rose kg) peut augmenter de 15 % en une minute par transfusion
bleues
placentofœtale. De façon courante, un clamp de Barr est
ensuite appliqué à environ 3  cm de l'implantation cuta-
Établissement du score née du cordon (le clampage du cordon à proximité de son
implantation abdominale risque d'intéresser une anse intes-
Le score d'Apgar comprend cinq paramètres « aisément tinale faisant hernie dans la base du cordon), et celui-ci est
appréciables sans interférer sur les soins éventuels à l'en- sectionné 1 cm au-dessus du clamp à l'aide d'une paire de
fant » (tableau 5.1). Chacun des cinq critères est coté de 0 à ciseaux stérile (ne pas utiliser ceux de l'épisiotomie !), après
2. Il faut réserver le score de 2 aux états strictement nor- désinfection de la zone de section à Biseptine®.
maux, le score de 0 aux anomalies majeures, et coter 1 tous Il faut systématiquement vérifier que la tranche de section
les états intermédiaires. Le score d'Apgar est un score de du cordon comporte bien deux artères et une veine ombili-
physiologie : le nouveau-né « parfait » a un score de 10/10. cales. Un demi à 1 % environ des nouveau-nés sont porteurs
Les paramètres 1 et 5 reflètent la fonction circulatoire, les d'une artère ombilicale unique : cette anomalie s'associe
paramètres 2 et 5 la fonction respiratoire, et les paramètres dans 25 à 30 % des cas à une malformation squelettique ou
3 et 4 l'état neurologique de l'enfant. C'est le premier para- viscérale (digestive, urogénitale, cardiaque, nerveuse), qu'il
mètre (la fréquence cardiaque) qui est le plus important ; le conviendra de rechercher.
cinquième paramètre (la coloration) est le moins crucial [5]. Après cette vérification, un pansement avec une com-
La cotation est systématiquement pratiquée au bout d'une presse stérile et une bande légère (Micropore®, Surgifix®)
minute et au bout de cinq minutes de vie. Dans certains cas, peuvent être ensuite appliqués. Ce pansement devra être
pour juger de l'évolution de la situation de l'enfant, elle est refaite refait plusieurs fois par jour jusqu'à la chute du cordon.
à dix minutes de vie, puis éventuellement toutes les dix minutes.

Interprétation du score Prévention de l'hypothermie


Dès la naissance, le nouveau-né tend à se refroidir rapide-
Le nouveau-né normal a un score d'Apgar supérieur à 7 à
ment, notamment par évaporation : sa température centrale
une et à cinq minutes de vie. Un score inférieur à 7 et, a
s'abaisse en moyenne de 0,1 °C par minute.
fortiori, inférieur à 3, à un moment quelconque des dix pre-
Pour prévenir tout refroidissement excessif, trois mesures
mières minutes de vie, traduit des difficultés d'adaptation à
doivent être conjuguées :
la vie extra-utérine : un score < 3 à une minute de vie défi-
■ dans la salle d'accouchement, la température doit être main-
nit l'état de mort apparente ; un score < 3 à cinq minutes de
tenue voisine de 24 °C, et tout courant d'air doit être évité ;
vie est prédictif d'un pronostic vital péjoratif [10]. Le score
■ dès les premières secondes de vie, le nouveau-né doit être
d'Apgar n'est toutefois plus utilisé pour guider la réanima-
séché, à l'aide d'un lange chaud et stérile ;
tion en salle de naissance (voir Chapitre 32).
■ il faut ensuite l'envelopper dans un autre lange sec, chaud
L'ordre d'altération des paramètres du score d'Apgar est
et stérile, et le laisser se réchauffer en peau à peau sur la
en général le suivant :
poitrine de sa mère.
1. couleur ;
2. respiration ;
3. tonus ; Désobstruction buccopharyngée
4. réflexes ; Elle n'est pas toujours pratiquée chez le nouveau-né normal
5. cœur. car celui-ci est, en règle, parfaitement susceptible d'éliminer
L'ordre de restauration (sous traitement) des paramètres tout seul, en criant et en déglutissant, le liquide contenu dans
du score d'Apgar est en général le suivant : ses voies respiratoires supérieures. Si elle est effectuée, l'aspi-
1. cœur ; ration des fosses nasales et du pharynx doit être brève (risque
2. réflexes ; d'apnée réflexe) et non traumatisante pour les muqueuses (il
3. couleur ; ne faut aspirer que lors du retrait de la sonde). L'aspiration
4. respiration ; gastrique n'est pas systématique chez un nouveau-né qui
5. tonus. s'adapte normalement et sans antécédents particuliers.
82 Partie I. Accouchement normal

Établissement d'une bonne relation Tableau 5.2. Niveaux raisonnés d'intervention


d'hypoglycémie selon la catégorie de nouveau-né
mère-enfant [6].
Dès son dégagement, le nouveau-né peut être placé sur le
ventre de sa mère, pour qu'elle puisse immédiatement le Catégorie de nouveau-nés Niveaux raisonnés
d'intervention
prendre dans ses bras et le caresser. On peut favoriser une
première tétée immédiate, car elle déclenche la sécrétion du Nouveau-nés asymptomatiques < 30–35 mg/dl (2,0 mmol/l)
colostrum et encourage l'allaitement. Une ambiance calme Nouveau-nés symptomatiques < 45 mg/dl (2,5 mmol/l) en
et la présence du père, quand elle a été souhaitée, participent vérifiant la disparition des
à un accueil serein du nouveau-né. symptômes après élévation du
Deux mesures paraissent ensuite importantes pour l'éta- taux de la glycémie
blissement d'une relation initiale de bonne qualité : non- Nouveau-nés malades à < 45–60 mg/dl (2,5–3,3 mmol/l)
séparation mère-enfant pendant les une à deux premières cerveau fragilisé (asphyxie,
heures de vie, au mieux sous forme d'un peau à peau, infection, etc.)
respectant toutefois les conditions de sécurité destinées Nouveau-nés après 24 heures < 40–50 mg/dl (2,2–2,8 mmol/l)
à prévenir la mort subite du nouveau-né en salle de nais- Dans tous les cas Glycémie < 20–25 mg/dl
sance (enfant à terme ayant eu une bonne adaptation à la (1,1–1,4 mmol/l)
vie extra-utérine, position de la tête sur le côté dégageant → apport intraveineux urgent
bien le nez de l'enfant et permettant le regard entre sa mère de glucose pour élever la
et lui, surveillance régulière par le personnel de la salle glycémie au-dessus de 45 mg/dl
d'accouchement) ; report des manœuvres de routine quand (2,5 mmol/l)
elles ne sont pas urgentes : administration de collyre et de
vitamine K1.
Une photographie du nouveau-né prise dès les premières
minutes de vie, à l'aide par exemple d'un appareil numé- poids de naissance, ou un contexte maternel ou périnatal
rique, qui sera ensuite collée dans l'album de l'enfant, est un particulier (notamment diabète maternel, asphyxie péri-
joli souvenir dont il ne faut pas se priver. natale, infection maternofœtale [IMF]) ;
■ que les nouveau-nés allaités au sein ont un taux élevé de
corps cétoniques dans le sang et qu'ils tolèrent de ce fait
Identification de l'enfant des taux bas de glycémie.
Le nom et le prénom de l'enfant sont inscrits sur deux éti-
quettes qui sont glissées dans des bracelets en plastique
transparent. On fixe ensuite un bracelet à chacun des deux Dépistage des malformations
poignets de l'enfant, après avoir fait vérifier par les parents la congénitales graves
bonne identification du nouveau-né. Avant d'être habillé, le nouveau-né doit bénéficier, dès la
salle de naissance, d'un premier examen clinique rapide
Autres éléments de l'accueil destiné à s'assurer de l'absence de toute malformation
congénitale immédiatement préoccupante.
en salle de naissance On vérifie par l'inspection l'absence d'anomalie visible :
Une fois passées les premières minutes de vie, et alors que au niveau du visage, des membres, du tronc (face anté-
le nouveau-né est encore en salle de travail avec sa mère, rieure et face postérieure), des organes génitaux externes
d'autres mesures doivent compléter l'accueil néonatal. et du palais.
On s'assure par des gestes simples de la bonne perméabi-
lité des orifices naturels :
Pesée ■ le dépistage de l'atrésie des choanes peut être effectué à
Selon les données de l'AUDIPOG [9], le nouveau-né normal à l'aide d'un miroir ou du dos d'une cuillère refroidie au
terme plein pèse entre 2 675 g (10e percentile pour les filles de préalable et placés devant la narine (présence de buée =
39 SA) et 4 130 g (90e percentile pour les garçons de 41 SA). choane perméable). La désobstruction rhinopharyngée
Les enfants dont le poids de naissance s'inscrit en dehors de n'est pas nécessaire en l'absence de détresse respiratoire
la fourchette comprise entre le 10e et le 90e percentile pour le ou d'encombrement. En cas de suspicion, une petite
terme sont plus exposés que les autres à une hypoglycémie des sonde n° 4 introduite par chacune des deux narines et
premières heures (qu'il s'agisse d'une hypo- ou d'une hyper- progressant sans obstacle jusqu'au pharynx vérifie la per-
trophie fœtale), ce qui impose l'évaluation de la glycémie par méabilité des choanes ;
bandelette (Dextrostix®, BM Test®, Glucostix®) à une heure ■ le test à la seringue, qui consiste à injecter rapidement de
de vie et une alimentation précoce dès la deuxième/troisième l'air dans une sonde orogastrique ou nasogastrique n° 6 à
heure. Le taux de glycémie doit être interprété par rapport la recherche d'un bruit aréique au niveau épigastrique
aux niveaux raisonnés d'intervention définis par Cornblath et et qui permet d'éliminer une atrésie de l'œsophage n'est
Ichor [6] (tableau 5.2). Il faut, de plus, souligner : plus systématique mais effectué uniquement sur signes
■ qu'il n'y a pas d'indication à pratiquer une évaluation sys- d'appel (hydramnios notamment) ;
tématique de la glycémie chez un nouveau-né asympto- ■ la perméabilité anale est vérifiée par l'inspection et l'émis-
matique sans risques particuliers tenant à son terme, son sion due méconium dans un délai normal.
Chapitre 5. Accueil du nouveau-né normal 83

Tableau 5.3. Critères anamnestiques de risque 1 ampoule = 0,2 ml = 2 mg) en cas d'allaitement maternel
d'infection maternofœtale selon l'ANAES [1]. exclusif, une troisième dose est recommandée un mois après
Critères anamnestiques majeurs la naissance [3].
Tableau de chorioamniotite
Infection maternofœtale chez le jumeau Prélèvements périphériques
Température maternelle avant ou en début de travail ≥ 38 °C Ils seront effectués :
■ chez tout nouveau-né asymptomatique ayant un critère
Prématurité spontanée < 35 SA
anamnestique de suspicion d'IMF (tableau 5.3) ;
Durée d'ouverture de la poche des eaux ≥ 18 heures ■ chez tout nouveau-né symptomatique : aucun signe cli-
Rupture prématurée des membranes avant 37 SA nique n'est spécifique de l'IMF ni n'exclut une IMF ;
■ chez tout nouveau-né qui va mal, surtout sans raison appa-
En dehors d'une antibioprophylaxie maternelle complète :
– antécédent d'infection maternofœtale à streptocoque du
rente, et qui est de ce fait a priori suspect d'infection [2].
groupe B (SGB) De telles indications conduisent à prélever en moyenne
– portage vaginal de SGB chez la mère 40 % des nouveau-nés. L'indication des autres prélèvements
– bactériurie à SGB chez la mère pendant la grossesse (frottis et culture placentaire, hémoculture, ponction lom-
Critères anamnestiques mineurs (peu liés à une infection baire, etc.) et la stratégie thérapeutique doivent suivre les
néonatale mais relativement fréquents et pour lesquels recommandations de l'ANAES [1].
une surveillance rapprochée du nouveau-né est nécessaire
pendant les 24–48 premières heures)
Établissement du carnet de santé
Durée prolongée d'ouverture de la poche des eaux supérieure à
12 heures mais inférieure à 18 heures L'ensemble des constatations effectuées dans les premières
minutes de vie et les gestes pratiqués doivent être consignés
Prématurité spontanée < 37 SA mais ≥ 35 SA
dans le carnet de santé qui est attribué à l'enfant, pour ne
Anomalies du rythme cardiaque fœtal plus le quitter ultérieurement (figure 5.2).
Asphyxie fœtale non expliquée
Liquide amniotique teinté ou méconial Premier examen pédiatrique
Le nouveau-né bénéficie de deux examens à la maternité :
■ un examen dans les deux heures suivant sa naissance,
Lorsqu'il existe au moins un critère anamnestique de
réalisé par une sage-femme ou un pédiatre ;
risque d'infection bactérienne par contamination materno-
■ un examen avant toute sortie de la maternité : il est recom-
fœtale (tableau 5.3), un prélèvement du liquide gastrique
mandé que le nouveau-né soit examiné par un pédiatre et
et du placenta doit être fait : il n'y a pas lieu de prélever
que cet examen soit réalisé impérativement avant la sor-
les oreilles. Ce sont des éléments importants pour une
tie et après 48 heures, voire le jour de la sortie en cas de
éventuelle décision précoce d'antibiothérapie chez un
sortie précoce. Compte tenu du raccourcissement de la
nouveau-né asymptomatique (voir chapitre 18, p. 283).
durée des séjours en maternité, il est recommandé qu'un
nouvel examen soit réalisé entre le sixième et le dixième
Désinfection oculaire jour postnatal, de préférence par un pédiatre ou par un
■ D'une manière générale, il n'existe pas de donnée mon- médecin généraliste ayant l'expérience des pathologies
trant l'efficacité d'une antibioprophylaxie conjonctivale du nouveau-né. Cet examen correspond généralement à
néonatale systématique. Cependant, par mesure de pré- la visite à faire dans les huit premiers jours de vie : il est
caution, une antibioprophylaxie conjonctivale néonatale rappelé que le premier certificat de santé « à établir obli-
est recommandée en cas d'antécédents et/ou de facteurs gatoirement dans les huit premiers jours de vie » ne peut
de risque d'infections sexuellement transmissibles (IST) être rempli que par un médecin (généraliste ou pédiatre).
chez les parents. Si celui-ci est rempli à la sortie de maternité (donc avant
■ Dans ces situations, il est recommandé d'instiller une le 6e jour), l'examen du nouveau-né recommandé entre j6
goutte de collyre à base de rifamycine dans chaque œil du et j10 reste nécessaire. Au cours de la deuxième semaine
nouveau-né à la naissance. de vie, l'examen du nouveau-né peut être complété par
Il est à noter que les grossesses non ou mal suivies sont la visite du professionnel référent du suivi (sage-femme
considérées comme un facteur de risque d'IST [2]. libérale ou de PMI, puéricultrice) [8].
Effectué en présence de la mère, cet examen pédiatrique
s'assurera de l'absence de tout symptôme anormal, pouvant
Administration de vitamine K1 correspondre :
Elle est destinée à prévenir la forme classique de la maladie ■ à une anomalie retardée de l'adaptation à la vie
hémorragique du nouveau-né due à une hypovitaminose K extra-utérine ;
qui se manifeste par des hémorragies (surtout digestives) ■ au début d'une pathologie postnatale, notamment
vers la 36e–48e  heure de vie. On doit administrer au nou- infectieuse ;
veau-né 2 mg de vitamine K1 par voie orale à la naissance et ■ à la révélation précoce d'une malformation congénitale
entre j4 et j7, ou avant la sortie en cas de sortie précoce (au non spectaculairement apparente dans les premières
moment du dépistage au buvard par exemple) (vitamine K1 : minutes.
84 Partie I. Accouchement normal

Fig. 5.2. Carnet de santé.

On doit profiter de cet examen pour apprécier la qualité [5] Casey BM, McIntire DD, Leveno KJ. The continuing value of the
de l'attachement naissant entre la mère et son enfant : une Apgar score for the assessment of the new born infant. N Engl J Med
mère indifférente ou au contraire angoissée de façon exces- 2001 ; 344 : 467–71.
[6] Cornblath M, Ichor R. Hypoglycemia in neonate. Semin Perinatol
sive et inappropriée peut probablement bénéficier d'un sou-
2000 ; 24 : 136–49.
tien psychologique dès son séjour à la maternité. [7] Dawson JA, Vento M, Wong C, et al. Defining the reference range
for oxygen saturation for infants after birth. Pediatrics 2010 ; 125 :
Références e1340–7.
[8] HAS. Sortie de maternité après accouchement  : conditions et organi-
[1] ANAES. Diagnostic et traitement curatif de l'infection bactérienne sation du retour à domicile des mères et de leurs nouveau-nés : HAS.
précoce du nouveau-né ; 2002. www.has-sante.fr. Mars 2014.
[2] ANSM. Prophylaxie des infections conjonctivales du nouveau-né. [9] Mamelle  N, Munoz  F, Granjean  H. Croissance fœtale à partir de
04-01-2011. Mise au point. l'étude de l'AUDIPOG. I. Établissement des courbes de référence.
[3] ANSM-SFN. Instructions administration vitamine K 1, septembre J Obstet Gynecol Biol Reprod 1996 ; 25 : 61–70.
2014 . mai 2015. [10] Papile LA. The Apgar score in the 21st century. N Engl J Med 2001 ;
[4] Apgar V. Proposal for new method of evaluation of newborn infant. 344 : 519–20.
Curr Res Anesth Analg 1953 ; 32 : 260–7.

Vous aimerez peut-être aussi