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ZONES COTIERES
EN TUNISIE
Note
ABREVIATIONS iii
PREFACE v
B / REPONSES ET PRATIQUES 21
1 CADRE INSTITUTIONNEL ET REGLEMENTAIRE 21
1.1 LE CADRE REGLEMENTAIRE 21
1.1.1 Principales lois et réglementations 21
1.1.2 Conventions internationales 22
1.2 LE CADRE INSTITUTIONNEL 23
1.2.1 Les ministères 23
1.2.2 La Commission Nationale du Développement Durable 24
1.2.3 APAL 24
1.2.4 L’ANPE 24
1.2.5 L’ONAS 24
1.2.6 Autres acteurs et agences 25
2 GESTION COTIERE EN PRATIQUE 25
2.1 PLANIFICATION PHYSIQUE 25
2.2 POLITIQUES SECTORIELLES 25
2.3 MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES ET PLANS DE GESTION 26
2.3.1 La gestion du Domaine Public Maritime 26
2.3.2 La surveillance et le contrôle 26
2.3.3 La maîtrise foncière 27
2.3.4 Contrôle de la pollution 27
2.3.5 La lu�e contre l’érosion marine et la réhabilitation des plages 29
2.4 OUTILS ET TECHNOLOGIES 29
2.4.1 Les observatoires 29
2.4.2 Indicateurs de développement durable 30
2.4.3 SIG 30
2.5 ACTEURS, PARTICIPATION DU PUBLIC ET ROLE DES ONG 30
2.6 EDUCATION ET ACCES A L’INFORMATION 30
2.7 COOPERATION INTERNATIONALE 30
i
2.7.1 Le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) 30
2.7.2 La coopération euro-méditerranéenne 31
2.7.3 Le programme METAP 31
2.7.4 Contribution du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) 31
2.7.5 Coopération bilatérale 31
3 EXEMPLES DE PROJETS DE GESTION COTIERE 32
3.1 PRESERVATION ET SUIVI DE L’ECOSYSTEME ICHKEUL 32
3.1.1 Présentation générale et problématique 32
3.1.2 Pour une gestion à long terme de l’Ichkeul 32
3.2 PROGRAMME D’AMENAGEMENT COTIER DE SFAX (PAC-SFAX) 33
3.2.1 Contexte et problématiques 33
3.2.2 Activités du programme 35
3.3 LACS NORD ET SUD DE TUNIS 36
3.4 PROJET DE CONSERVATION DES ZONES HUMIDES LITTORALES ET DES
ECOSYSTEMES COTIERS DANS LE BASSIN MEDITERRANEEN (MEDWETCOAST) 37
4 PERSPECTIVES DE LA GIZC 38
4.1 UN TERRAIN BIEN PREPARE POUR UNE GIZC 38
4.2 POUR DES POLITIQUES SECTORIELLES PLUS DURABLES 39
4.3 POUR UN CADRE REGLEMENTAIRE PLUS PROPICE A UNE GIZC 39
4.4 POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DES ZONES COTIERES 39
4.5 POUR UN CADRE INSTITUTIONNEL PLUS PROPICE A UNE GIZC 40
4.5.1 Pour une plus grande implication de la société civile 40
4.5.2 Besoin d’une locomotive pour la GIZC 40
Bibliographie 43
ii
Abréviations
iii
iv
PREFACE
La mer et le li�oral sont une richesse souhaitons répondre grâce à une série de rapports
exceptionnelle. En Méditerranée, les plus grandes établis par les Etats riverains sur les pratiques
civilisations ont fleuri dans les zones côtières, et les développements récents dans le domaine
considérées depuis les temps les plus anciens de l’aménagement et de la gestion de ce�e partie
comme un cadre idéal de vie, d’activité et de unique et précieuse de leur territoire national.
développement, comme un espace qui permet à
l’homme de satisfaire la plupart de ses besoins. Le présent rapport, établi par la Tunisie, a pour
Tout au long de l’histoire, ces zones étaient objet de présenter les caractéristiques des zones
aménagées, exploitées, voire convoitées par les côtières de ce pays à deux façades maritimes, les
populations qui les habitaient. pressions auxquelles celles-ci sont soumises, les
actions que le pays est en train de mener pour
Devant les avantages portés par le développement limiter les impacts associés à ces pressions et,
économique au cours des siècles passés, la sagesse enfin, les perspectives d’une GIZC performante.
et la conscience humaines se sont trop souvent
et trop facilement endormies, laissant l’homme Pays à orientation maritime, la Tunisie s’est fixée
abuser des ressources naturelles de ces milieux comme objectif de répondre aux exigences d’une
fragiles. Heureusement, avec le temps, il s’est gestion moderne de ses zones côtières qui, sur une
rendu compte qu’il était impératif de corriger les longueur de 1.400 Km, hébergent 63,5 pour cent
impacts négatifs de ses activités, de renverser les de la population totale et concentrent la plupart
processus conduisant à la dégradation des zones des activités économiques du pays. A ce titre,
côtières et d’agir avec modération et prudence afin la création, en 1995, de l’Agence Nationale de
de sauvegarder ce patrimoine pour les générations Protection et d’Aménagement du Li�oral (APAL)
qui doivent encore venir. en tant qu’agence chargée de mener une politique
cohérente de gestion et de protection des zones
Un des forums créés avec cet objectif est le côtières tunisiennes, a permis au pays de remplir
Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) avec plus d’efficacité les engagements pris aussi
qui rassemble les Etats riverains dans leur bien au niveau national que dans le cadre des
effort de protéger et d’améliorer le milieu différents accords internationaux visant à renforcer
méditerranéen, aussi bien marin que côtier. la solidarité et la coopération méditerranéennes
Une des préoccupations majeures du PAM, et pour faire de ce�e région une région de
plus particulièrement de son Centre d’Activités développement durable.
Régionales pour le Programme d’Actions
Prioritaires (CAR/PAP), est la gestion intégrée des
zones côtières (GIZC) qui, au cours des dernières
décennies, est devenue un des piliers de l’action
environnementale en région méditerranéenne.
v
vi
A / ZONES COTIERES: PERSPECTIVES ET DEFIS
1
Le Nord-Est est une région formée par une Forêts de Khroumirie et des Mogods: c’est la plus
mosaïque de sols: les plaines li�orales assez riches importante zone forestière du pays, composée
en sols fertiles du type rouge méditerranéen et d’un mélange de chênes-lièges et de chênes zen.
brun calcaire et les plaines alluviales à sols lourds Il s’agit de chênaies dans les hauteurs qui sont
(Grombalia) et à sols légers (Menzel Bou Zelfa parfois dégradées en maquis de clairières dans le
- Beni Khalled). Les sols ont une bonne capacité de Khroumirie. Le chêne-liège est dominant dans les
régénération et un faible taux de dégradation. Mogods, où des dégradations du paysage sylvicole
au profit de prairies artificielles sont également
Le Sahel, formé par les plaines li�orales de Sousse constatées. On remarque également la présence de
et de Sfax, est dominé par la présence de sols vastes dunes li�orales couvertes de chêne kermès.
isohumiques du type brun subaride, connus pour La région abrite aussi les derniers spécimens du
leur texture équilibrée à légère, leur perméabilité, cerf de Berbérie qui peuplait autrefois tout le
la distribution de la matière organique et Maghreb.
l’accumulation du calcaire en profondeur. Ils sont
exploités par l’arboriculture et ont été très fertiles Forêt de Rimel et Damous (Bizerte): située à l’est
pour le développement de périmètres irrigués. de la ville de Bizerte, elle constitue une importante
Par leur texture légère et leur épaisseur, ces sols composante de valorisation du paysage urbain et
résistent à l’aridité. d’amélioration du cadre de vie. Plus au nord, les
boisements de Damous sur les versants de collines
L’aridité et la présence de gypse marquent les assurent le maintien des sols fragiles et sensibles
sols de la Tunisie présaharienne. De même, la aux phénomènes de ravinement. Bien qu’éloignés
décomposition des roches, marquée surtout par la de la ville, ils sont peu à peu menacés par le mitage
désagrégation due à l’amplitude thermique et par urbain.
une faible altération due à la sécheresse, explique
l’existence d’éléments grossiers et la rareté relative Dar Chichou: située à l’est du Cap Bon, c’est une
d’éléments fins. forêt artificielle destinée à la fixation des dunes qui
traversent le Cap Bon de Kelibia à Tazoghrane. Elle
Les sols les plus dominants sont les sols minéraux couvre une centaine d’hectares et est protégée au
bruts qui couvrent tout le relief de l’Atlas saharien et titre des réserves depuis 1964.
de la chaîne des Matmatas. Ces sols superficiels sont
interrompus par des affleurements rocheux donnant Forêt de Ghedhabna au sud de Mahdia: ce�e forêt
aux Jebels l’apparence d’être complètement nus. qui couvre environ 600 ha, joue un rôle important
dans la préservation des terres agricoles contre
Au pied des Jebels, de vastes étendues ont évolué le processus d’ensablement et l’avancée de l’Erg
en glacis encroûtés, les uns calcaires, les autres Oriental. Elle subit une pression importante liée au
gypseux. La croûte limite la profondeur du sol et projet de développement touristique de ce secteur.
augmente son aridité. Les sols encroûtés gypseux Le SDA de Mahdia propose de l’inscrire comme
(Gabès) sont beaucoup moins fertiles que les sols site naturel classé.
encroûtés calcaires (plateau de Medenine). Les glacis
gypseux et calcaires dominent la Jeffara et l’Ouara. D’autres peuplements forestiers typiques des
Les plaines côtières faisant le prolongement de ces paysages du Sud sont à souligner, tels les oliveraies
glacis, sont couvertes par des sols sableux profonds de Sfax et l’oasis li�orale de Gabès. Ce dernier, de
exploités en grande partie par l’arboriculture et par son étendue et sa situation, est unique du point
soumis à une érosion éolienne importante. de vue écologique et culturel. Fortement dégradé
sous l’effet conjugué de l’urbanisation anarchique
et de la pollution industrielle, il fait actuellement
2.1.1.2 Les forêts l’objet d’un programme de protection.
2
Les eaux de surface sont principalement mobilisées
dans les grands bassins du Nord (Bassin de la
Medjerda, de l’extrême Nord et de l’Oued Miliane)
qui abritent la plupart des barrages. Dans le
Centre, trois barrages sont construits sur les oueds
Zeroud, Merguellil et Nebhana. Dans le Sud et le
Sahel, aucune mobilisation des eaux de surface
n’est possible.
Le li�oral tunisien est très riche en paysages Certains sites sub-aquatiques, tels que Tabarka,
sur ses deux façades maritimes, Nord et Est. Zembra et La Galite, sont reconnus pour être des
Les côtes occidentales, qui s’étendent de la sanctuaires pour les poissons et les herbiers.
3
Enfin, la Tunisie se distingue de tous les pays de la migrateurs la première escale après la traversée de
rive Sud de la Méditerranée par le nombre d’îles la mer et la dernière escale au printemps avant sa
et îlots qui avoisine la soixantaine, se présentant traversée.
généralement sous forme d’archipel. La majorité
de ces îles se regroupent dans six ensembles, les Le Jbel Korbous (400 m d’altitude) qui domine
plus importants par leur superficie, leur intérêt le Golfe de Tunis présente une côte rocheuse,
écologique et leur valeur socioculturelle, à savoir: dotée de sources d’eau minérale qui ont permis le
les îles de Djerba, Zembra Zamre�a, Kuriat, Kneiss développement de l’activité thermale et de sources
et les archipels de Kerkennah et de la Galite. chaudes (Aïn Atrous) qui se je�ent dans la mer.
L’archipel de Jemmour au large de Sidi Daoud,
Ci-après sont présentés quelques sites li�oraux Zembra (435 m), Zembre�a, La cathédrale et
remarquables du Nord vers le Sud du pays: Lantorcho forment l’archipel de Jemmour qui
constitue un élément marquant du paysage du
L’archipel de La Galite, Galiton, La Fauchelle et les Golfe de Tunis.
trois îlots de Chien est caractérisé par la présence de
roches plutoniques (granit) et volcaniques (dacite). Les paysages traditionnels de l’archipel de
Ile de petite dimension, La Galite marque le paysage Kerkennah qui comprend huit îles dont deux
par ses reliefs culminant à 391 m et ses versants à principales (île Gharbi: Mellita et île Chargui: el
pente abrupte au Sud et à l’Est. Les versants nord Jezira). Pays plat, orné de nombreuses sebkhas qui
moins raides sont colonisés par une garrigue dense. couvrent le tiers de la superficie, Kerkennah présente
un paysage de basses steppes clairsemé de palmiers.
Le lac de Bizerte, le lac Ichkeul et la lagune de Ghar
el Melh, trois dépressions qui forment des paysages L’oasis de Gabès est une des rares oasis côtières, un
remarquables. Le lac Ichkeul se distingue ne�ement site considéré comme régionalement exceptionnel
en raison du massif montagneux qui le surplombe. où les conditions climatiques liées à la proximité
de la mer et micro-climatiques résultant de la
Les lacs de Tunis, les sebkhas de l’Ariana et strate supérieure de palmier da�ier ont permis
de Sejoumi sont des plans d’eau d’une grande le développement d’une flore riche, cultivée
importance écologique sur les plans national et et naturelle. Mais ce�e île de verdure dans un
international. Ils font partie du système plus vaste paysage de steppes arides est menacée par de
des zones humides de la Tunisie où se regroupent multiples facteurs dont notamment l’urbanisation
près de 50% des oiseaux aquatiques hivernant anarchique, la salinisation des nappes et
en Méditerranée. Ils constituent pour les oiseaux l’appauvrissement des sols.
4
L’île de Djerba avec sa zone touristique qui occupe correspondent à d’anciennes vallées fluviatiles. Les
le li�oral Nord-Est de l’île, ensemble dunaire étendu fonds sont en quasi totalité recouverts par un vaste
et remarquable. Les paysages agricoles traditionnels herbier à Cymodocées.
articulés sur la culture de l’olivier à l’ombre de
palmiers, est caractérisés par les menzels aux allures
de forteresses. 2.1.4 La pêche
Le golfe de Bou Ghrara: située entre l’île de Djerba Le secteur de la pêche contribue à hauteur de 8%
et la presqu’île de Zarzis, la bahiret de Bou Ghrara à la production agricole tunisienne et représente
qui communique avec la mer, couvre 50.000 ainsi 1% du Produit Intérieur Brut2. La pêche
hectares. Ce�e lagune qui est un site d’exception joue également un rôle important au niveau des
tant pour la biodiversité terrestre que marine, exportations des produits de base (134,6 MDT en
héberge des quantités considérables de limicoles 2002), même si un certain fléchissement est constaté
et de jeunes flamants ainsi que des peuplements durant ces dernières années. Elle a aussi un poids
végétaux très variés. Le devenir écologique de la social et nutritionnel non négligeable en faisant
lagune est actuellement menacé par le manque de vivre près de 60.000 pêcheurs et leurs familles. La
renouvellement. production, tous modes de pêche confondus, a
avoisiné les 100 mille tonnes en 2002. Près de 12.500
Connue pour sa grande richesse halieutique, la unités de pêche dont environ 400 pêchant au chalut
lagune de Behiret el Bibane qui couvre 230 Km² opèrent sur les côtes tunisiennes3.
est la plus importante du pays. C’est une ancienne
cuve�e continentale envahie par la mer lors de la
remontée eustatique holocène. Profonde en certains 2 Source: Rapport BCT, 2000
endroits de plus de 5 m, elle communique avec 3 Source: Rapport national sur la biodiversité marine et
le Golfe de Gabès par plusieurs passes fixes qui côtière - (PAS/BIO), Juin 2002
5
Production halieutique (En mille tonnes)
Tableau 1
Source: Direction Générale de la Pêche et de
l’Aquaculture au MAERH
Différentes catégories de pêche sont pratiquées en Aussi, la protection des ressources halieutiques
Tunisie dont les principales sont: et la gestion raisonnée des stocks exploitables
figurent parmi les préoccupations et les défis
- la pêche côtière, pratiquée selon les régions actuels du secteur de la pêche.
jusqu’à une profondeur de 50 m ou une
distance de 3 miles du li�oral;
- la pêche au feu ciblant les ressources pélagiques 2.1.5 La biodiversité
de petite taille;
- la pêche au chalut ciblant les ressources L’Etude nationale de la diversité biologique,
demersales hors des limites de la pêche côtière; réalisée en 1998, a permis de dresser un premier
- la pêche aux thons ciblant les ressources inventaire, certes non exhaustif, des espèces
pélagiques de grande taille. végétales et animales et des écosystèmes terrestres
et marins. Ce�e étude a recensé 5.817 espèces
D’autres types de moindre importance sont aussi végétales et animales marines et terrestres et
pratiqués: pêche lagunaire, pratiquée dans certains a identifié plusieurs espèces rares et menacées
lacs et lagunes communiquant avec la mer; pêche à de disparition qui demandent protection et
pied pour la collecte des palourdes; et pêche dans intervention. Pour les zones humides et marines,
les barrages. les données d’inventaires se résument comme suit:
6
“sénégalienne”. A partir de Cap Blanc, près de entre les bassins occidental et oriental de la
Bizerte et jusqu’au fond du Golfe de Tunis, on Méditerranée et de leur position océanographique
observe une importante perturbation des biocénoses à la convergence des influences des courants
qui a tendance à s’accentuer depuis dix ans. atlantique et oriental.
L’écosystème Nord est caractérisé par la présence Avec seulement 164 espèces phytoplanctoniques
de nombreuses espèces sessiles rares et, dans de et 400 espèces de macrophytes benthiques
nombreux cas, endémiques du bassin occidental. Dans répertoriées, le milieu marin tunisien reste de ce
leur ensemble, exception faite des zones sous pression point de vue très peu étudié. Les microphytes
anthropique, les espèces présentes sont bio-indicatrices marins connus sont représentés essentiellement
d’un milieu environnemental bien préservé. par des Diatomées et des Dinoflagellées.
A l’Est, la pression urbaine très importante est La répartition des espèces macrophytes sur le
quasi ininterrompue, aussi bien sur le li�oral sud li�oral tunisien met en exergue la richesse du golfe
du Cap Bon que dans la zone sahélienne. Les de Tunis et de la côte Nord par rapport au golfe de
connaissances sur les écosystèmes de ce�e région Hammamet et au golfe de Gabès. Certains types de
restent malheureusement limitées. peuplements de macrophytes, de par leur sensibilité
et leurs valeurs écologiques et économiques, se
Au Sud, la pression urbaine est très forte dans la distinguent par plusieurs particularités:
partie concentrée autour des grands pôles d’activités
industrielles de Sfax et de Gabès. Plus au sud, ce�e - L’herbier à Posidonia oceanica: En plus de son
pression est, au contraire, ne�ement plus faible. caractère endémique en Méditerranée, il forme
près des côtes tunisiennes des peuplements et
L’écosystème du Golfe de Gabès a été relativement des paysages remarquables (“récifs barrières”,
mieux étudié. Il est sérieusement affecté par la “herbiers tigrés”, etc.). Les herbiers de
pollution qui a causé une grave détérioration des Posidonie constituent un abri et une nurserie
herbiers de Posidonie et de sa riche faune. pour un bon nombre de communautés
benthiques et un indicateur de la qualité des
eaux et des milieux li�oraux. Ils contribuent à la
2.1.5.2 La flore marine protection des zones côtières par amortissement
de la houle.
Les côtes tunisiennes constituent un habitat majeur - Les Cystoseira sont considérées comme un
de la flore marine en raison de leur position “indicateur biologique” très précis d’eaux pures.
7
Bioclimat représenté Nom Superficie en ha
li�oral Non li�oral
Parcs nationaux Etage humide El Feija 2.632
Etage sub-humide Ichkeul Zembra & 12.991
Zembre�a
Etage semi-aride Bou-Kornine, Chaambi 8.662
Etage aride Bou Hedma, Sidi 22.803
Toui
Etage saharien Jebil 150.000
Total parcs 197.088
nationaux:
Tableau 2
Source: Stratégie nationale de conservation et de
développement de la flore et de la faune sauvage et des
aires protégées - DGF Ministère de l’Agriculture (2001)
8
Trois sites sont classés Aires Spécialement 2.2.1 Patrimoine et sites culturels
Protégées d’Intérêt Méditerranéen (ASPIM):
Le li�oral tunisien abrite plusieurs sites reconnus
- le parc national de Zembra et Zembre�a (au internationalement. Sur les huit sites tunisiens
large d’El Haouaria); classés patrimoine mondial, cinq (5) sont dans les
- les îles Kneiss (au large de Sfax); villes côtières:
- l’archipel de La Galite.
- le Lac Ichkeul;
- le Parc de Carthage Sidi Bou Saïd;
2.2 Ressources côtières culturelles - Kerkouane;
- la Médina de Tunis;
La Tunisie a été touchée par des influences - la Médina de Sousse.
culturelles très variées qui ont marqué le territoire
et notamment le li�oral par des sites d’une grande D’autres sites sont également d’un grand intérêt
diversité: culturel tels que les médinas de Mahdia, de
Monastir, de Houmt Souk.
- héritage phénicien punique (Carthage,
Kerkouane);
- héritage romain et byzantin (El Jem…); 2.2.2 Sites archéologiques et historiques
- civilisation berbère (Matmata);
- patrimoine arabo-islamique (Tunis, Sousse, La Tunisie a été un carrefour de civilisations dont les
Mahdia, Sfax…); côtes ont largement gardé les empreintes. C’est ainsi
- héritage colonial français (Tunis). qu’on compte plus de 200 sites antiques le long de la
côte et au bord des lagunes, répartis en majorité sur
la façade maritime orientale qui est la plus accessible.
9
Ces sites témoignent des différentes civilisations Epoque punique:
qui se sont succédées (lithique, punique, romaine,
byzantine et arabe). Carthage en demeure le - les ports: le port de guerre, circulaire, avec sa
symbole le plus célèbre et qui bénéficie de la plus petite île dite l’île de l’amirauté, pouvait abriter
grande notoriété internationale. jusqu’à 180 navires; le port commercial, lui, est
rectangulaire. Tous deux communiquaient par
On cite ci-après quelques uns des sites les plus l’intermédiaire d’un chenal encore visible de
remarquables, en allant du Nord au Sud: nos jours.
- le tophet;
UTICA / UTIQUE: c’est la plus ancienne fondation - le quartier “ Hannibal “ avec ses maisons, sur la
phénicienne établie en Tunisie avant Carthage. colline de Byrsa...
Elle devint assez vite un port d’envergure et
une cité prospère jusqu’à l’ensablement de son Epoque romaine:
port au 3ème siècle. Le site compte plusieurs
monuments dont des thermes, des villas ornées de - les thermes d’Antonin où on remarque
belles mosaïques, une basilique chrétienne et des l’élévation impressionnante du monument, soit
installations hydrauliques. plus de trente mètres de hauteur;
- l’aqueduc qui depuis la région de Zaghouan
CARTHAGE: fondée en 814 av. J.-C. par Elissa- alimentait la cité en eau de source au moyen
Didon et ses compagnons Phéniciens de Tyr, d’une canalisation longue de 132 km;
Carthage fut successivement phénicienne, - le théâtre, l’amphithéâtre, les villas et les temples.
punique, romaine puis vandale et byzantine. Parmi
les vestiges qui témoignent aujourd’hui de ce�e KERKOUANE: cité punique du Cap Bon, à 12 Km
longue histoire, on peut citer notamment: au nord de Kélibia, elle abrite des vestiges variés et
originaux: un vaste sanctuaire et des habitations.
10
ASPIS / CLUPEA / KLIBIA: c’est un port punique 2.2.3 Archéologie marine
stratégique. Il connut son apogée aux 2ème et
3ème siècles sous les Romains puis devenu une En Tunisie, ce sont les ports submergés qui
place forte byzantine puis hafside. constituent les principaux vestiges sous-marins.
A signaler également, les produits d’un naufrage
HADRUMETUM: aujourd’hui Sousse, survenu vers la fin du 1er siècle av. J.-C. au large
Hadrumetum, fut créée par les Phéniciens et de Mahdia et qui ont fait l’objet de fouilles sous-
devint au 1er siècle av. J.C. la seconde ville de marines, effectuées en 1908 et 1913 puis en 1948, et
l’Africa romaine après Utique. qui livrèrent une importante collection de marbres
et de bronzes d’origine grecque. Parmi les ports
MAHDIA: c’est un ancien port phénicien. De submergés, on cite notamment: Utique, Thapsus
l’époque punique, Mahdia a gardé un port taillé (actuel Ras Dimass), Acholla/Botria (au sud de
de main d’homme, qui, par la suite fut réemployé Sfax), Gighthis / Bou Ghrara, Thynisa.
à l’époque fatimide. De ce�e dernière, Mahdia
a conservé plusieurs vestiges (le palais d’El-
Quaim; la skiffa el-Kahla, sorte de grand porche 3 PRESSION DE DEVELOPPEMENT
qui permet l’accès à la ville; la Grande mosquée,
sanctuaire construit entre 916 et 921; la forteresse 3.1 Données démographiques
dite Bordj Erras ou El-Bordj El-Kébir).
La Tunisie est découpée administrativement
D’autres sites sur le li�oral sont également à en 24 gouvernorats. Treize (13) parmi ces
signaler, tels que: gouvernorats sont ouverts sur le li�oral. Deux
de ces gouvernorats (Béja et Jendouba) ont
- LEPTI MINUS (Leptis Minor) / Lamta (punique, des poids relativement faibles du fait que la
romaine et islamique); majorité de la population et les chefs-lieux des
- THAPSUS (actuel Ras Dimass) (punique); deux gouvernorats ne sont pas sur le li�oral.
- ACHOLLA / BOTRIA: (romaine); C’est pourquoi ils n’ont pas été intégrés dans les
- THAENAE / HENCHIR THYNA (romaine); statistiques démographiques présentées ci-après.
- GIGTHIS / BOU GHRARA: (phénicienne, Par ailleurs, le 4ème gouvernorat du Grand Tunis
berbère et romaine); (Manouba) qui a été créé récemment (en 2000)
- THYNISA (punique). et qui n’a pas d’ouverture sur le li�oral a été
maintenu dans les statistiques pour garder la
cohérence avec les années précédentes.
11
Selon les données de l’Institut National de la On constate la prédominance du Grand Tunis
Statistique, la population des gouvernorats li�oraux et du Centre-est qui totalisent plus des 2/3 de la
totalise 6,2 millions d’habitants en 2002, soit environ population vivant sur le li�oral.
63,5% de la population totale qui est d’environ 9,78
millions d’habitants. Ce pourcentage était de 62,4%
en 1996. Les projections de l’INS pour l’horizon 3.2 Développement urbain
2015 conduisent à un pourcentage de 64% environ,
donc avec une très légère augmentation du poids Le li�oral abrite tous les grands centres urbains
démographique du li�oral qui hébergerait alors avec du Nord au Sud : Bizerte (130.000 hab.), le
près des 2/3 de la population totale. Grand Tunis (1.600.000 hab.), le Grand Sousse
(186.000 hab.), le Grand Sfax (510.000 hab.) et
Il convient de relativiser la signification des Gabès (140.000 hab.). On constate, cependant, une
projections à l’horizon 2015 car si les deux tendance récente vers une certaine stabilisation de
composantes de la croissance naturelle de la croissance urbaine sur le li�oral. En effet, parmi
la population (natalité et mortalité) varient les gouvernorats côtiers, seuls les gouvernorats
généralement d’une façon régulière à moyen et de Sousse et de Gabès s’illustrent par des taux de
long terme, ce n’est pas le cas de la composante croissance urbaine supérieurs à 3% entre 1984 et
migratoire qui garde un caractère conjoncturel car 1994. Ce�e modération de la croissance urbaine
fortement dépendant de l’évolution des conditions est constatée au niveau des grandes villes li�orales
socio-économiques de chaque gouvernorat. telles que Tunis (2,7%), Sfax (2,2%), Nabeul (2,3%)
et Mahdia (1,9%).
La répartition spatiale de la population sur le
li�oral est relatée dans le tableau suivant:
3.3 L’agriculture
Région 2002
(1.000 hab) % Favorisée par la présence de ressources en sols
Grand Tunis 2.110,70 34,0% appréciables, l’agriculture li�orale témoigne de la
Nord Est 1.178,20 19,0% culture tunisienne autant liée à la terre qu’à la mer.
Centre Est 2.148,40 34,6% Elle contribue non seulement à la préservation
Sud Est 769,60 12,4% du li�oral mais aussi à la diversité des paysages
Total 6.206,90 100,0% li�oraux. En effet, les terroirs li�oraux présentent
non seulement un intérêt paysager mais aussi
écologique, en contribuant à l’équilibre de milieux
12
particulièrement sensibles à l’érosion et aux mesures agri-environnementales et d’incitations).
pollutions. Les eaux de lessivage des terrains agricoles et leur
drainage vers le li�oral véhiculent des nutriments
L’agriculture li�orale exerce aussi des pressions qui finissent par favoriser des phénomènes
sur l’espace côtier. Elle envahit parfois des terres d’eutrophisation dans les eaux faiblement
marginales au détriment des végétations naturelles. renouvelées au niveau des golfe et des baies.
Il en est ainsi sur certaines parties du li�oral de la
basse vallée de la Medjerda et du Cap Bon.
3.4 Industrie et exploitation minière
L’agriculture sollicite les ressources en eau
souterraines au delà de leur capacité de Sur les 55 zones industrielles aménagées que
renouvellement, comme cela est relaté ci-dessus compte le pays, 37 sont localisées sur le li�oral
(ressources en eaux). En outre, même s’il n’y a ce qui représente environ 80% des superficies. Le
pas eu, jusque là, d’évaluation précise des impacts li�oral abrite aussi les principaux pôles industriels
des pratiques agricoles, leur évolution récente et notamment à Bizerte, Tunis Sud, Sousse, Sfax, La
favorise l’intensification qui suppose l’utilisation Skhira, Gabès.
de plus en plus généralisée d’engrais chimiques
et organiques et des traitements phytosanitaires. L’implantation des zones et des unités industrielles
En effet, l’utilisation des engrais chimiques par au niveau du li�oral génère une pollution
hectare labourable est passée de 5 kg au début industrielle qui affecte principalement la région
des années soixante à près de 22 kg en 20014. de Sfax et le Golfe de Gabès, où les complexes
L’apport d’engrais n’est, d’ailleurs, soumis à aucune chimiques sont la cause d’une pollution notable
restriction d’ordre environnemental (absence de (rejets de phosphogypse, métaux lourds…). Dans les
autres régions, la pollution provient principalement
4 Source: Rapport National sur l’Etat de l’Environnement 2001 des industries agro-alimentaires et textiles.
13
une trentaine d’années, ont été estimées à près de
90 millions de tonnes. Un projet de stockage à terre
de phosphogypse est actuellement en cours.
3.5 Infrastructures
L’industrie lourde à Sfax est essentiellement
consacrée à la valorisation du minerai de phosphate Comparativement au reste du pays, le li�oral
de Gafsa par transformation en acide phosphorique tunisien est bien loti en infrastructures. C’est
et engrais. Les rejets liquides présentent des teneurs surtout le tourisme qui a été l’élément moteur
élevées pour un certain nombre d’éléments (acides pour la mise en place des infrastructures et leur
sulfurique et phosphorique, éléments traces F, Cd, intensification. Ce qui a eu un effet catalyseur sur
P…). Il existerait, cependant, un recyclage des eaux l’accélération de l’urbanisation. Le développement
après traitement. Les déchets solides sous forme de ces infrastructures s’est fait parfois au prix
de phosphogypses totalisent un volume de 30 d’impacts négatifs sur l’environnement (exemple:
millions de tonnes et sont stockés en terril à coté l’aéroport de Tabarka).
de l’usine depuis sa mise en service. Une autre
décharge de phosphogypse qui se trouve près du La frange côtière est desservie par un réseau
centre ville au droit de l’emplacement de l’ancienne routier dense qui longe tout le li�oral. Le réseau
usine maintenant arrêtée, fait l’objet d’un projet de autoroutier qui va du Nord (Bizerte) jusqu’au
remblaiement (projet “Taparura”) pour assainir et Centre (M’saken) est opérationnel et le tronçon
aménager ce�e zone. allant au Sud (Sfax) soit environ 100 Km, est
programmé pour être mis en service en 2006.
A Gabès, le problème principal est lié aux rejets
en mer du complexe chimique de production Cinq sur les sept aéroports du pays sont sur le
d’engrais. Ces rejets liquides et solides sont à la fois li�oral (Tunis-Carthage, Monastir-Skanes, Tabarka,
acides, très chargés en phosphogypse (de l’ordre Sfax et Djerba-Zarzis). Ce nombre d’aéroports
de 600 à 650 t/h) et en autres éléments polluants qui paraît élevé compte tenu de la taille du pays,
(Cadmium, Fluor). A partir de la mise en service se justifie par le nombre d’entreprises étrangères
des premières unités en 1972, les quantités totales installées en Tunisie (environ 2.500) et par l’activité
de phosphogypse déversées en mer, cumulées sur touristique. En effet, plus des deux tiers des visiteurs
14
Evolution de la capacité d’hébergement disponible par zone touristique sur le li�oral entre 1997 et
2001 - 2002
nombre de lits structure en % de la capacité
nationale
Zones 1997 2001 2002 1997 2001 2002
Nabeul-Hammamet 43.219 44.225 44.458 24,2 21,5 20,7
Yasmine-Hammamet5 10.088 12.157 4,9 5,7
Djerba-Zarzis 37.352 45.307 47.153 21,0 22,0 22,0
Sousse-Kairouan 36.102 36.518 37.780 20,3 17,8 17,6
Tunis-Zaghouan 17.540 20.078 20.746 9,8 9,8 9,7
Monastir-Skanès 28.252 21.909 21.871 15,9 10,7 10,2
Mahdia-Sfax 10.135 11.553 4,9 5,4
Tabarka-Aïn Draham 3.720 3.988 5.070 2,1 1,9 2,4
Bizerte-Béjà 2.205 2.647 2.649 1,2 1,3 1,2
Total 168.390 199.417 203.437 94,5 94,8 94,9
Tableau 3
Source: Office National du Tourisme Tunisien
voyagent par avion. Un huitième aéroport important Marina Monastir) auxquels viendra s’ajouter
est projeté à 70 Km au sud de Tunis, à Enfidha. prochainement Houmt Souk.
Les infrastructures portuaires comptent sept ports En terme d’infrastructure de pêche, la Tunisie
de commerce (Bizerte, La Goule�e, Radès, Sousse, dispose de 40 ports de pêche dont 10 ports
Sfax, Gabès, Zarzis) soit environ un tous les 100 hauturiers (Tabarka, Bizerte, La Goule�e, Kélibia,
Km de côte, par où passent 95% des échanges Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax, Gabès et Zarzis).
internationaux de la Tunisie. Un projet de port Mais certains de ces ports ont eu des impacts
en eaux profondes est également prévu mais négatifs sur l’équilibre sédimentaire du li�oral
le site n’est pas encore défini. Le li�oral abrite qu’il convient d’évaluer en vue d’engager les
aussi six ports de plaisance (Tabarka, Bizerte, actions correctives nécessaires.
Sidi Bou Said, Yasmine Hammamet, El Kantaoui,
15
assisté à des extensions urbaines en périphérie des
zones touristiques, soit pour abriter les populations
qui y travaillent directement ou indirectement, soit
pour de l’habitat secondaire.
3.7 Energie
16
- la forte pression de la pêche sous-marine dans ce qui constitue un danger réel pour ces espèces
l’archipel de Zembra; et menace leur existence.
- la pression d’un parc de loisir sur le site des - Les tortues marines: ces espèces figurent parmi
salines de Thyna (au sud de Sfax); celles qui sont les plus menacées de disparition
- la pression induite par les visites d’une ancienne pour divers facteurs, dont la pêche accidentelle,
forteresse à proximité de Bordj Kastil (Djerba). le nombre important des prédateurs et la
pollution.
- Le phoque moine: c’est une espèce endémique
4.2 Impacts de la pêche disparue en Tunisie.
17
des îles basses de la côte orientale du pays (îles marines, d’autant plus que la pression anthropique
de Kerkennah, île de Djerba, Kuriates et Kneiss). sur ces nappes est très forte.
Les milieux humides les plus vulnérables seront
les lagunes, les sebkhas et les marécages côtiers
de faible profondeur qui seront dans leur grande 4.4 Impacts des rejets telluriques
majorité annexés au domaine marin. Selon les
indications des vestiges archéologiques, l’élévation Il n’existe pas de système de suivi régulier des
constatée au cours des temps historiques a�eint 20 rejets telluriques sur le li�oral tunisien. Selon
à 40 cm. La Communication initiale de la Tunisie les données de l’année 2001, pour l’ensemble du
a estimé que l’élévation moyenne du niveau de la territoire, environ 14% des eaux usées collectées
mer sur les côtes tunisiennes seraient entre 0,37 et d’origine urbaine sont rejetées sans traitement.
0,66 m à l’horizon 2100. Mais ces rejets sont très dispersés sur l’ensemble
du territoire et leur impact est généralement
Les ressources en eau côtières subiront des effets localisé et temporaire. Ces rejets sont générés par
directs par suite au réchauffement du climat et des villes de taille petite et moyenne.
indirects par suite à l’élévation accélérée du niveau
de la mer; ce�e dernière me�rait en péril les La plupart des stations d’épuration reje�ent des
formations aquifères côtières par intrusion d’eaux effluents conformes ou presque aux normes de
18
rejet sauf pour le phos¬phore et les paramètres rejets reste faible. Cet impact est encore plus
bactériolo¬giques. La concentration en germes a�énué pour deux de ces stations qui reje�ent
pathogènes est faible mais les concentrations en par un émissaire ce qui permet de disperser
azote et phosphore sont relativement fortes. l’effluent.
- Le Golfe de Tunis reçoit les effluents de dix - Le li�oral du Sahel, où sont construites huit
stations d’épuration totalisant une volume de stations qui ont traité en 2000 un volume total
près 80 millions de m3 en 2000 ce qui représente de 20,45 millions de m³.
environ 51% des volu¬mes de rejets totaux
d’eau épurée. Ce golfe est particulière¬ment - Le Golfe de Gabès est peu profond avec des
sensible à l’effet d’accumulation du fait de la courants lents. Il reçoit les eaux traitées de 11
géo¬morphologie de la baie et des conditions de stations dont 6 à Djerba et Zarzis avec un total
vents et de courants. On y constate de plus en évalué à 19,45 millions de m3. Il est l’objet d’une
plus l’apparition de signes d’eutrophisation qui lourde pollution émanant de plusieurs sources
se manifestent par une coloration, une turbidité notamment industrielles; si bien que les eaux
de l’eau, une régression des herbiers de usées trai¬tées n’ont, pour le moment, qu’un
posidonie et l’apparition d’algues nitrophiles. impact supplémentaire relativement mi¬nime.
Durant les jours de très haute température, des
- Le Golfe de Hammamet reçoit les effluents développements d’algues monocellulaires a été
de cinq stations d’épuration du pôle Nabeul observé au niveau des plages de Rejiche, Gabès,
- Hammamet, dont le volume est d’environ Djerba et Zarzis.
7,92 millions de m3 en 2000, représentant 5% du
volume total des eaux épurées de l’année 2000.
Il est plus ouvert que le Golfe de Tunis; si bien
que malgré les faibles courants, l’impact des
19
4.5 L’érosion
20
B / REPONSES ET PRATIQUES
21
d’irrigation et d’assainissement agricole, les Code). Ce code définit entre autres les principes
zones d’épandage, les nappes et les retenues sur généraux de conservation et de protection de
les cours d’eau. Il fixe les conditions générales la nature, de la flore et de la faune sauvage.
des rejets et celles d’octroi des autorisations Il prévoit et définit quelques règles pour la
de rejet. Il prescrit également l’obligation d’un protection de la faune et de la flore et instaure des
traitement ou pré-traitement pour satisfaire les plans d’aménagement pour les forêts classées;
normes; - la loi n° 94-35 du 24/02/1994 relative au Code
- l’arrêté du Ministre de l’Economie Nationale du du patrimoine archéologique, historique et des
20/07/1989 portant homologation de la norme arts traditionnels;
tunisienne relative aux rejets d’effluents dans le - la loi n° 95-70 du 17/07/1995 relative au Conseil
milieu hydrique. Il s’agit de la norme tunisienne National de la Conservation des Eaux et du Sol;
NT 106002. - les décrets de création des différents parcs
nationaux promulgués à partir de 1977 (parc
Il convient de souligner que les normes de qualité national de Chambi, parc national de l’lchkeul,
actuelles ne tiennent pas compte des différents etc.);
degrés de vulnérabilité des milieux récepteurs. - les arrêtés ministériels du 6/07/1984 portant
Aussi il serait opportun d’établir un système de réglementation générale des parcs nationaux de
classification des milieux récepteurs selon leur l’lchkeul, de Bouhedma et des îles Zembra et
vulnérabilité et de différencier les normes de rejet Zembre�a;
et les objectifs de qualité selon la vulnérabilité des - les arrêtés ministériels relatifs à la création des
milieux. réserves naturelles.
La loi n° 96-29 du 3/04/1996 a institué un Plan La Tunisie est partie à plusieurs conventions,
national d’intervention d’urgence pour la lu�e protocoles et accords internationaux touchant à
contre les événements de pollution marine. Son l’environnement côtier et marin parmi lesquels on
article 4 prévoit la mise en place d’une commission peut citer:
nationale pour la prévention et la lu�e contre les
évènements de pollution marine en vue d’assurer - la Convention africaine pour la conservation de
la célérité et l’efficacité des interventions et la mise la nature et des ressources naturelles, ratifiée
en œuvre coordonnée des moyens de lu�e contre par la loi n° 76-91 du 4/11/1976;
les accidents de pollution marine. Elle oblige, par - la Convention de Ramsar relative aux zones
son article 22, les gestionnaires des terminaux humides d’importance internationale comme
pétroliers et des plates-formes de prospection habitats de la sauvagine, ratifiée par la loi n°
et de production pétrolière à me�re au point 80-9 du 3/03/1980, ainsi que les protocoles
des plans spécifiques d’intervention en cas de amendant ce�e Convention qui ont été ratifiés
pollution de faible ampleur. Ces plans sont soumis par la loi n° 86-64 du 16/07/1986 et loi n° 92-98
à l’approbation du ministère de tutelle et du du 2/11/1992;
ministère chargé de l’environnement. - la Convention de Barcelone relative à la
protection de la mer Méditerranée contre
Autres textes d’intérêt pour la gestion du li�oral la pollution et deux protocoles y afférents,
ratifiés par la loi n° 77-29 du 25/05/1977. Ce�e
Le cadre juridique tunisien comporte plusieurs Convention constitue un accord-cadre qui
textes de portée générale intéressant la gestion des définit un engagement général de prendre
zones côtières et dont on peut citer notamment: “toutes mesures appropriées… pour prévenir,
réduire et comba�re la pollution dans la zone
- la loi n° 94-13 du 31/01/1994 relative à l’exercice de la mer Méditerranée et pour protéger et
de la pêche et arrêtés y afférant, modifiée par la améliorer le milieu marin dans ce�e zone”. La
loi n° 97-34 du 26/05/1997 et par la loi n° 99-74 Convention ne fixe pas de normes spécifiques
du 26/07/1999 venues renforcer et actualiser la pour la qualité des rejets;
législation existante en la matière; - le Protocole relatif à la protection de la mer
- la loi n° 96-41 relative aux déchets et au contrôle Méditerranée contre la pollution d’origine
de leur gestion et de leur élimination; tellurique, ratifiée le 29/10/1981;
- la loi n° 83-87 du 11/11/1983 relative à la - le Protocole relatif aux aires spécialement
protection des terres agricoles; protégées de la Méditerranée (de la Convention
- la loi n° 88-20 du 13/4/1988 portant Code des de Barcelone, Genève, 1982), ratifié par la loi n°
forêts. Ce�e loi portant refonte du Code des 83-44 du 22/04/1983. Le 17 novembre 2001, trois
forêts soumet au régime forestier les parcs sites tunisiens ont été classés aires spécialement
nationaux et les réserves naturelles (article 2 du protégées de la Méditerranée: l’île de La Galite,
22
l’île de Zembra et l’île de Kneiss qui se trouve 1.2 Le cadre institutionnel
dans le Golfe de Gabès;
- la Convention internationale de 1990 sur la 1.2.1 Les ministères
préparation, la lu�e et la coopération en matière
de pollution par les hydrocarbures, ratifiée par Au niveau ministériel, deux ministères sont
la loi n° 95-51 du 19/06/1995; particulièrement concernés par le li�oral et les
- le Protocole de 1992 modifiant la Convention écosystèmes côtiers, à savoir:
internationale de 1969 sur la responsabilité
civile pour les dommages dus à la pollution par Le Ministère de l’Agriculture, de l’Environnement
les hydrocarbures, ratifié par la loi n° 96-97 du et des Ressources Hydrauliques qui comprend
18/11/1996; plusieurs unités concernées par le li�oral et les
- le Protocole de 1992 modifiant la Convention zones côtières, telles que: la Direction Générale
internationale de 1971 portant création d’un des Forêts, la Direction Générale des Ressources
fonds international d’indemnisation pour en Eaux, la Direction Générale des Etudes et
les dommages dus à la pollution par les des Grands Travaux Hydrauliques, la Direction
hydrocarbures, ratifié par la loi n° 96-98 du Générale de la Pêche et de l’Aquaculture, la
18/11/1996; Direction Générale de l’Environnement et de la
- la Convention de Paris sur la protection du Qualité de la Vie. Ce ministère élabore la politique
patrimoine mondial culturel et naturel, ratifiée générale en matière d’environnement.
par la loi n° 74-89 du 11/12/1974 et dans laquelle
le parc national de l’Ichkeul a été inscrit en 1980. Le Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et
de l’Aménagement du Territoire qui établit la
La Tunisie a ratifié, par la loi n° 76/15 du 21/01/1976, politique générale en matière d’équipement et
la convention internationale MARPOL de 1973 pour d’aménagement du territoire. Il assure la tutelle de
prévenir la pollution par les navires et a ratifié son l’APAL. Il a la charge de la gestion du DPM et des
protocole de 1978 par la loi n° 56/80 du 1/08/1980. travaux portuaires et de protection contre l’érosion.
23
1.2.2 La Commission Nationale du - d’élaborer des études relatives à la protection
Développement Durable du li�oral et à la mise en valeur des zones
naturelles et entreprendre toutes les recherches,
La Commission Nationale du Développement études et expertises à ce�e fin.
Durable (CNDD) a été créée en octobre
1993. Elle est investie des missions devant
conduire au réajustement des programmes de 1.2.4 L’ANPE
développement nationaux et à leur harmonisation
dans l’objectif du développement durable. L’Agence Nationale de Protection de
Elle assure la coordination entre les différents l’Environnement (ANPE) a été créée en août
acteurs nationaux du développement en vue de 1988. C’est le premier organisme autonome à
concilier développement économique et social et compétence générale et intersectorielle. Il est
préservation des ressources naturelles. Elle veille à sous tutelle du Ministère de l’Agriculture, de
l’intégration des préoccupations à long terme dans l’Environnement et des Ressources Hydrauliques
les actions de développement. Elle réunit et fait et a notamment pour missions:
coopérer toutes les parties gouvernementales et
non gouvernementales concernées par la mise en - la lu�e contre toutes sources de pollution et de
œuvre d’une politique de développement durable. nuisance et contre toutes formes de dégradation
La CNDD est présidée par le Premier Ministre. de l’environnement;
Son secrétariat est assuré par le ministère chargé - le contrôle et le suivi des rejets polluants et les
de l’environnement. Elle est assistée par un Comité installations de traitement desdits rejets;
technique présidé par ce même ministère. - la promotion de toute action de formation,
d’éducation, d’étude et de recherche en matière
de lu�e contre la pollution et de protection de
1.2.3 APAL l’environnement.
24
1.2.6 Autres acteurs et agences peut encourir;
- identifier les évolutions tendancielles et les
D’autres acteurs et agences sont actives sur le li�oral mesures de conservation;
parmi lesquels on peut citer les collectivités locales, - évaluer les potentialités du site et son aptitude
l’Agence Foncière d’Habitation, l’Agence Foncière à l’aménagement et à la réhabilitation, dans un
Touristique et l’Agence Foncière Industrielle. contexte de développement durable;
- définir les actions de protection et de
valorisation nécessaires.
2 GESTION COTIERE EN PRATIQUE
Mais ces plans de gestion ne sont pas opposables
2.1 Planification physique aux tiers.
25
d’un équilibre entre la promotion du tourisme et 2.3.1.2 Gestion des concessions et des occupations
la préservation de l’environnement en diversifiant temporaires
les activités touristiques du balnéaire vers des
activités telles que les sports, la thalassothérapie, La réglementation prévoit que l’occupation du
les activités culturelles et l’écotourisme, en vue de DPM ne peut être que précaire et révocable. Elle
réduire la pression sur les ressources li�orales. est a�ribuée sous forme d’occupation annuelle
et temporaire. Si une construction en dure est
En vue de protéger le li�oral, les problématiques nécessaire, l’occupation est alors accordée sous
suivantes ont été soulignées par le gouvernement forme de concession sur une période maximum de
comme nécessitant une a�ention particulière 30 ans.
dans les années à venir: a) améliorer la gestion
des zones sensibles; b) renforcer les capacités de Au nombre de 17, les concessions sur le DPM
l’observatoire du li�oral; c) lu�er contre l’érosion concernent notamment des ports de plaisance, des
des plages; d) améliorer les évaluations des salines, des lagunes pour les activités aquacoles et
impacts environnementaux en zones côtières. une centrale électrique. Ces concessions font l’objet
d’un cahier des charges qui prévoit le paiement
Le secteur de la pêche a fait l’objet, à partir de de redevances domaniales. C’est le Ministère de
1993, d’un programme de mise à niveau axé sur l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement
la formation et le recyclage du capital humain, du Territoire qui gère ces concessions.
la mise en conformité des différents maillons de
la production (pêche, congélation, conservation,
transport, transformation commercialisation) aux 2.3.1.3 Gestion des Occupations Temporaires (OT)
normes internationales de qualité, ainsi que sur
l’information et la sensibilisation de la population Les occupations temporaires (OT) sont plus
maritime. nombreuses10 et intéressent principalement les
installations légères (les parasols, les buve�es
et les cases à voile). Elles sont octroyées après
2.3 Mise en œuvre des politiques et plans de gestion concertation entre les différents opérateurs.
Un recensement des infractions sur le DPM a été En outre, des campagnes annuelles sont menées
effectué en 1994 et a montré que la majorité des cas en coordination entre les différents opérateurs
(64%) sont mineurs. Les infractions importantes sur le DPM, à savoir les communes, les directions
concernent en majorité des établissements privés et régionales de l’équipement, de l’habitat et de
touristiques. l’aménagement du territoire et les gouvernorats,
pour me�re en place une démarche concertée
Une procédure amiable a permis de corriger perme�ant d’éradiquer les infractions sur le DPM.
certaines infractions. Les cas restants ont fait l’objet
d’une procédure réglementaire et sont traités au Pour assurer une gestion durable de cet espace
sein d’une commission interdépartementale créée fragile, l’APAL élabore des plans d’occupation des
à cet effet et qui prend en compte des critères plages (POP) qui visent à trouver un compromis
environnementaux, économiques et sociaux.
10 En 2000, le nombre d’OT était de 727 (Rapport sur l’état de
l’environnement, 2000)
26
entre son exploitation et sa conservation. Les POP - de déceler les zones d’extension à fort potentiel
définissent un plan d’occupation et un schéma environnemental;
de gestion rationnelle ainsi que les différents - de repérer les utilisations anarchiques par
équipements de base nécessaires, les accès et les rapport aux plans existants;
potentialités d’exploitation. - d’identifier les terrains soumis à une pression
foncière importante.
- d’évaluer les tendances d’urbanisation et les La surveillance des eaux côtières est assurée par le
risques associés; concours de différents services de l’aviation civile
27
et militaire, de la marine nationale, de la marine Une Commission nationale de prévention et de
marchande, de la douane et des services de la lu�e contre la pollution marine a été mise en place
pêche en coordination avec les services de l’ANPE et est composée de 23 membres répartis sur 11
et de l’APAL. ministères (arrêté n° 1250 du 15/07/1996).
Un programme de suivi de la qualité des eaux L’ANPE veille à l’actualisation des plan régionaux
côtières et des eaux de baignade est mis en œuvre pour les 13 gouvernorats li�oraux ainsi qu’à
par les laboratoires du Ministère de la Santé l’approbation des plans spécifiques relatifs aux
Publique (Direction de l’Hygiène du Milieu et de la ports commerciaux, ports de pêche, ports de
Protection de l’Environnement et Institut Pasteur), plaisance, terminaux pétroliers, plates-formes
de l’APAL, du CITET et de l’INSTM. pétrolières, ainsi qu’à celle des plans spécifiques
des sociétés pétrolières.
Le réseau de surveillance couvre une longueur
totale de 1.300 Km du li�oral tunisien et comporte Par ailleurs, plusieurs opérations blanches
525 points, en particulier autour des pôles d’entraînement et de perfectionnement ont été
industriels et urbains, dans les zones de rejet en menées, la dernière à laquelle ont été associés
mer des eaux épurées et dans les lagunes côtières. des pays méditerranéens et les instances
internationales concernées, a été organisée en 2000.
28
Sites concernés Linéaire de côte Protection et réhabilitation
préconisée
Tableau 4
Source: Office National du Tourisme Tunisien
2.3.5 La lu�e contre l’érosion marine et la cadre du plan national de lu�e contre la pollution
réhabilitation des plages accidentelle), la pression urbaine sur les zones
sensibles, l’occupation du sol sur le li�oral, le
Une étude générale pour la protection du li�oral couvert végétal marin, etc.
contre l’érosion marine a été menée et a permis
l’actualisation des données naturelles agissant sur le Il a établi des partenariats avec d’autres acteurs
comportement de la ligne de côte. Elle a aussi révélé qui l’alimentent en données, tels que l’Institut
que sur les 1.300 Km de linéaire côtier, environ National des Technologies de la Mer, le CAR/ASP,
une centaine de kilomètres répartis sur l’ensemble
du li�oral nécessiteraient une intervention
urgente pour leur protection et leur réhabilitation.
Le programme opérationnel de lu�e contre
l’érosion et de réhabilitation par des techniques
respectueuses de l’environnement comprend une
première tranche relative à six zones prioritaires
qui est présentée dans le tableau ci-après:
29
le CITET, le Ministère de la Santé Publique. Il aura trois domaines d’intervention stratégiques:
à alimenter à son tour l’Observatoire Tunisien
du Développement Durable (OTEDD) par des - forêt - conservation et développement;
informations sur les indicateurs de suivi du li�oral - zones humides et gestion des ressources en eau;
et à contribuer au rapport national sur l’état de - côtes et ressources marines.
l’environnement.
L’association “Les amis des oiseaux”, section
Un Observatoire de la Mer a été également mis du Cap-Bon, est basée à El Haouaria. Elle a
en place par l’Institut National des Sciences commencé ses activités en 1990. Au début, elle
et Technologies de la Mer. Il a pour objectif s’intéressait seulement aux oiseaux; ensuite elle
principal le suivi des ressources biologiques et des a élargi son champ d’activité à la protection de
paramètres hydrologiques et hydro-biologiques l’environnement.
des eaux tunisiennes.
L’APAL a initié un partenariat avec certaines ONG
et serait ouverte à une coopération avec les ONG
2.4.2 Indicateurs de développement durable dans la mise en œuvre des plans de gestion des
zones sensibles.
L’OTEDD est en train de me�re en place un
système d’information sur les indicateurs de
développement durable avec une base de données 2.6 Education et accès à l’information
baptisée SINED. Ce système prévoit le suivi d’un
certain nombre d’indicateurs qui intéressent le Depuis 2001, l’APAL mène, en collaboration avec
li�oral et les zones côtières. Certains caractérisent les scouts, tous les ans, en saison estivale, des
les pressions des activités économiques activités de sensibilisation et d’animation autour
(agriculture, tourisme, industrie, énergie, etc.), de l’environnement li�oral, axées principalement
d’autres vont perme�re le suivi de la conservation sur la propreté des plages. Ces opérations résident
de la biodiversité et des milieux. dans l’installation d’une quinzaine de tentes sur
tout le territoire dans les plages les plus populaires.
Les concertations sont actuellement en cours pour
finaliser la liste des indicateurs pertinents et la liste Des émissions de sensibilisation sont diffusées à la
des indicateurs prioritaires. radio et à la télévision pendant la saison estivale.
Il s’agit d’émissions hebdomadaires qui traitent du
li�oral pour chaque gouvernorat. Elles présentent
2.4.3 SIG les caractéristiques du li�oral, le DPM, les activités
de ne�oyage de la plage et font connaître les
L’APAL dispose de beaucoup d’informations et projets dans la zone.
données sur le li�oral et proje�e d’organiser et de
gérer ces données moyennant un SIG qui sera mis
en place et doté en moyens humains et matériels 2.7 Coopération internationale
dans le cadre de l’Observatoire du Li�oral.
La coopération internationale a joué un grand rôle
catalytique et d’appui dans la gestion des zones
2.5 Acteurs, participation du public et rôle des ONG côtières, et ce à travers des programmes bilatéraux
et multilatéraux. Parmi ces programmes, on peut
Outre les ministères, plusieurs agences publiques citer, à titre non limitatif, les suivants:
sont actives sur le li�oral: APAL, ANPE (contrôle),
ONAS (protection du milieu hydrique), AFT
(aménagements touristiques), CRDA (gestion 2.7.1 Le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM)
des ressources naturelles et agricoles). Mais
ces acteurs interviennent surtout à un niveau Le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) est
national. En effet, on relève la faible participation le premier programme régional du PNUE établi
des collectivités locales dans la gestion des dans le cadre de la Convention de Barcelone sur
problématiques des zones côtières. la protection de la mer Méditerranée contre la
pollution. Le Programme d’Actions Prioritaires
Selon le rapport sur l’état de l’environnement de (PAP), qui est un des centres régionaux du
l’année 2002, il y aurait 102 ONG actives dans PAM, est chargé de la réalisation de plusieurs
le domaine environnemental, parmi lesquelles actions prioritaires, dont la plus importante est la
certaines focalisent leur domaine d’intervention gestion intégrée des régions li�orales. Le Centre
sur le li�oral. Tel est le cas par exemple de l’ONG d’Activités Régionales pour les Aires Spécialement
internationale WWF (World Wildlife Fund) qui est Protégées (CAR/ASP) est un autre centre du
présente en Tunisie à travers Panda Services. Elle a PAM qui a été établi en 1985 et à travers lequel
30
la Tunisie a apporté une importante contribution et le Programme des Nations Unies pour le
au PAM. Le PAM a appuyé l’élaboration du Plan Développement (PNUD). La mission du METAP
d’Aménagement Côtier (PAC) pour Sfax, qui a été est de générer des fonds pour l’aide aux pays
initié en 1994 et qui s’est achevé en 1998. méditerranéens, en premier lieu ceux des rives Sud
et Est, et d’élaborer des politiques, programmes et
Le programme MED POL est opérationnel projets d’investissement susceptibles de faire face
depuis 1975. Sa phase 1 a couvert la période aux contraintes de développement durable dans
1975-1980 et a comporté sept études de base la région méditerranéenne. Le METAP traite de la
répondant aux grands problèmes de la pollution GIZC, assurant des fonds d’environ 5,4 millions de
marine en Méditerranée. La phase II (1981- dollars E.U. pour la mise en oeuvre de 18 projets
1990), prorogée jusqu’en 1995, a comporté deux de GIZC dans 10 pays méditerranéens. Un projet a
grandes composantes: la surveillance continue intéressé le Golfe de Hammamet en Tunisie.
et la recherche. L’ANPE est le point focal et le
coordinateur national du programme MED POL.
L’INSTM et l’Institut Pasteur de Tunis (IPT) ont 2.7.4 Contribution du Fonds pour
contribué respectivement au suivi de la pollution l’Environnement Mondial (FEM)
chimique dans la région Nord-Est et au suivi de
la qualité microbiologique des eaux de baignade Un projet de protection des ressources marines et
dans le Golfe de Tunis. La phase III (1995-2005) côtières du Golfe de Gabès a été monté en 2003,
vise l’élimination de la pollution en s’appuyant avec le concours financier du FEM dans le cadre
sur les protocoles “tellurique”, “immersions” et de la Stratégie opérationnelle du FEM relative à la
“déchets dangereux”. Sept institutions collaborent conservation de la biodiversité, et plus précisément
dans la mise en œuvre: ANPE, APAL, CITET, dans le Programme opérationnel du FEM no 2
DHMPE, INSTM, IPT et ONAS. relatif aux écosystèmes côtiers, marins et d’eau
douce.
31
- les programmes de réhabilitation et de lu�e A partir de 1989, une écluse a été construite à
contre l’érosion qui seront réalisés notamment l’embouchure de l’oued Tinja au lac pour réguler
avec l’appui de la coopération espagnole; les apports d’eau douce et les échanges d’eau avec
- l’assistance technique française pour la création le lac de Bizerte.
d’un réseau d’aires protégées marines et
côtières en Tunisie (préparation d’une stratégie
en matière de création d’APMC, amélioration 3.1.2 Pour une gestion à long terme de l’Ichkeul
du cadre juridique, préparation d’un projet
pilote “Création du parc national de La Galite”). La gestion de l’écosystème du Parc de l’Ichkeul se
présente comme une situation classique d’arbitrage
entre environnement et développement. Une étude
3 EXEMPLES DE PROJETS DE GESTION a été élaborée pour améliorer la connaissance
CÔTIÈRE de l’écosystème et des implications écologiques
des différents aménagements et actions de
3.1 Préservation et suivi de l’écosystème Ichkeul développement de la région et pour rechercher
un mode de gestion du parc qui facilite l’arbitrage
3.1.1 Présentation générale et problématique entre les besoins évolutifs du développement
socio-économique régional et national avec les
Situé à 50 Km au nord de Tunis, dans le exigences des principaux écosystèmes.
Gouvernorat de Bizerte, le Parc national de
l’Ichkeul comprend trois sous-ensembles: La modélisation des différents phénomènes
physiques et biologiques régissant le
- un lac d’environ 90 Km² qui est surtout connu comportement du système lac-marais a fourni
pour sa végétation de potamogéton pectinatus, des outils de gestion, de prévision et d’aide à la
principale source d’alimentation des oiseaux décision en matière de choix relatifs au mode
d’eau venant hiverner à l’Ichkeul. Le lac abrite de gestion durable du lac et à la procédure de
également une importante population de manœuvre de l’écluse de Tinja perme�ant de
poissons d’eaux saumâtres; satisfaire les conditions de sauvegarde écologique
- des marais d’un peu moins de 30 Km² connus du système lac-marais.
pour leur végétation de scirpes, principale
nourriture des oies cendrées. Ils sont inondés L’étude a ainsi abouti à deux résultats principaux:
une partie de l’année, alimentés par les oueds se
déversant dans le lac et en liaison avec le niveau - un Programme de Développement Economique
du lac; et Social (PDES) pour la région de Bizerte
- une montagne de 13 Km² qui contribue à à l’horizon 2015 pour satisfaire à la fois
la beauté des paysages et a une végétation ses fonctions dans le cadre de la politique
caractéristique d’un climat humide économique et sociale du pays et la sauvegarde
méditerranéen où dominent oliviers et de ses potentialités et milieux naturels dont
lentisques. La faune et la flore y sont très l’Ichkeul;
diversifiées. - un plan de gestion écologique optimale du
Parc National de l’Ichkeul qui comporte trois
En hiver, le lac est alimenté en eau douce par composantes interdépendantes:
six oueds alors qu’en été, lorsque son niveau - une procédure de gestion de l’écluse de
baisse, l’eau de mer y pénètre par l’oued Tinja, Tinja, pour recréer dans le lac et les marais
via le lac de Bizerte. La variation saisonnière de des conditions favorables à la reconstitution
sa salinité et de son niveau d’eau conditionne la des écosystèmes,
végétation aquatique qui alimente les oiseaux - un plan de gestion optimal des écosystèmes
d’eaux migrateurs, faisant ainsi du Parc national de du parc avec des mesures de sauvegarde et
l’Ichkeul un des principaux sites d’hivernage des des actions éventuelles de restauration,
oiseaux d’eau du paléarctique occidental. - un programme de mesures
d’accompagnement socio-économiques.
La construction de barrages dans le haut bassin
versant (Joumine-Ghezala et Sejnane) va réduire Les orientations du PDES sont actuellement prises
les apports d’eau douce vers l’Ichkeul. Le risque en compte dans les actions de développement de
de salinisation croissante des eaux surtout suite à la région. Il en est ainsi du développement rural
des années sèches consécutives et de disparition intégré des zones amont du bassin versant ainsi
progressive de la végétation spécifique qui que de l’assainissement des eaux usées des villes,
alimente les populations d’oiseaux d’eau va mais surtout des programmations de la gestion des
entraîner un déséquilibre du fonctionnement eaux dans la zone.
hydrologique du système lac-marais.
32
Le Plan directeur des eaux du Nord et de l’Extrême Les outils d’aide à la gestion développés durant
Nord a été réactualisé de façon à intégrer le Parc l’étude en intégrant la dimension pluriannuelle
national de l’Ichkeul comme un consommateur de l’état des écosystèmes (effet de “mémoire” des
d’eau à part entière. écosystèmes) devraient perme�re de faire face à
ce�e dimension et ce�e complexité des exigences
Une partie des actions prévues dans le Plan de qu’implique l’équilibre écologique d’écosystèmes
gestion du parc et jugées prioritaires ont été comme celui de l’Ichkeul.
entamées; il s’agit en particulier:
Ces outils ont fait preuve jusqu’à présent d’une
- de la gestion de l’écluse qui est manœuvrée précision suffisante pour pouvoir gérer au mieux
annuellement et dont les périodes d’ouverture l’écluse de Tinja. Ils restent cependant perfectibles
et de fermeture sont définies sur la base des au fur et à mesure du développement des
résultats d’un modèle de prévision qui s’appuie connaissances scientifiques mais aussi en rapport
sur le suivi des paramètres du milieu; avec l’évolution des réponses des écosystèmes
- d’actions de sauvegarde de la végétation des aux différentes options d’aménagement et de
marais par une mise en défens intégrale des gestion. Ainsi, s’il est primordial de gérer l’écluse
parties basses pour éviter que le surpâturage pour garantir des conditions de hauteur d’eau et
ne vienne aggraver les conditions difficiles aux de salinité favorables aux écosystèmes, il est tout
quelles sont soumis les marais; aussi important d’effectuer un suivi des milieux
- du programme de suivi minimum des et des programmes de recherche plus spécifiques
principaux paramètres physico-chimiques pour mieux suivre et comprendre l’évolution et le
des eaux du lac et de son bassin versant qui comportement des différents compartiments afin
permet d’alimenter une base de données d’en optimiser la gestion.
continue nécessaire au suivi de l’évolution des
écosystèmes. Il est également indispensable à
la mise en œuvre du modèle de prévision qui 3.2 Programme d’Aménagement Côtier de Sfax
permet d’établir annuellement les règles de (PAC-Sfax)
gestion de l’écluse de Tinja.
3.2.1 Contexte et problématiques
La mise en service des barrages et la réduction
conséquente des apports d’eau douce et les Située sur le rivage nord du Golfe de Gabès, Située
sécheresses observées à la fin des années 80 et sur le rivage Nord du Golfe de Gabès, Sfax est la
au début des années 90 ont montré les risques plus importante ville industrielle et commerciale
auxquels il fallait s’a�endre en dérivant encore du Sud tunisien. Elle s’étend sur une superficie
plus d’eau du bassin de l’Ichkeul. Ce�e fragilité de 55 Km², tandis que le Grand Sfax couvre une
du parc a conduit dans la période 1993-1995 à un superficie de 140 Km². La zone marine entre la côte
écroulement conséquent des écosystèmes. Certes, et les îles Kerkennah constitue une plate-forme
une évolution irréversible des écosystèmes du parc légèrement inclinée et peu profonde. Le courant
vers le stade ultime de sebkha n’a pas eu lieu, mais de marée ramène les polluants rejetés vers la
l’alerte est donnée pour reconnaître et satisfaire la côte, rendant ce�e zone extrêmement vulnérable
demande écologique en eau de l’Ichkeul. à la pollution. La population de ce�e zone est en
constante croissance à un taux de 2,1% par an. En
Avec la mise en fonction du barrage de 1994, la ville de Sfax comptait 230.000 et le Grand
Sidi El Barrak, les apports supplémentaires Sfax 400.000 habitants.
devraient perme�re de satisfaire durablement
les besoins minimums en eau douce du lac La zone est caractérisée par une importante activité
évalués à 280 millions de m3 en moyenne par industrielle. Elle abrite la plus grande industrie
an, qui correspondent aux volumes d’eau douce de phosphates (SIAPE)11 et d’autres industries:
nécessaires pour la conservation de l’ensemble des production d’engrais chimiques, industrie
compartiments biologiques du parc et notamment chimique, industrie textile, tanneries, salines,
les oiseaux et les poissons. production d’huile d’olive et industrie alimentaire,
production de matériaux de construction, industrie
Pour la gestion d’un système tel que l’Ichkeul, de la céramique et du verre, savonneries, fonderie,
l’objectif recherché pour la sauvegarde des etc. Elle est aussi caractérisée par une agriculture
écosystèmes n’est pas la satisfaction systématique bien développée (35% de la production nationale
chaque année des besoins biologiques de chacun d’amandes). Le port de Sfax reçoit 4,1 millions de
de ses compartiments mais plutôt une certaine tonnes de marchandises par an dont 1,6 million de
probabilité de les satisfaire sur une longue durée. tonnes de phosphates.
En effet, les zones humides ont des capacités
d’adaptation aux variations climatiques et physico- 11 La deuxième plus grande, NPK, a été fermée en 1987 en
chimiques. raison de la forte pollution.
33
34
Le milieu marin est fortement pollué et connaît des de la Tunisie (en nature). L’élaboration de ce
phénomènes d’eutrophisation. Une forte pollution programme a été largement inspirée du processus
hydrique et atmosphérique d’origine industrielle suivi par le PAM dans d’autres cas réalisés dans des
émane aussi bien des grandes unités que des PME. pays de la rive Nord de la Méditerranée.
20% des déchets solides sont déposés dans des
décharges sauvages. Le réseau d’assainissement Une série d’activités individuelles a été mise en
urbain ne reçoit qu’environ 40% de la quantité œuvre dans le cadre du projet et intégrée dans
générée. Les systèmes d’assainissement un plan de gestion des ressources en eau et des
individuels sont inadéquats et polluent les eaux déchets solides et liquides, ainsi que dans un
souterraines. Les résidus de la production d’huile plan de gestion intégrée de l’ensemble de la
d’olive (margines) sont rejetés dans des bassins zone de Sfax et un plan particulier de sa partie
d’épandage à proximité de la ville. Sud. Ces activités consistaient en ce qui suit:
préparation d’un inventaire des pollutions,
Les résidus de la production des engrais étude de l’impact des changements climatiques
phosphatés sont déchargés dans deux énormes prévus, élaboration d’un plan d’urgence et mise
dépôts de phosphogypse couvrant près de 100 ha en place d’installations de réception portuaires,
et situés sur la frange li�orale de la zone urbaine. préparation d’un programme concernant les zones
Ils déchargent en mer les particules solides spécialement protégées, élaboration d’une étude
transportées par le vent, ainsi que les acides et les sur la protection et la gestion de la médina de Sfax,
particules lessivées. élaboration d’études prospectives comportant des
scénarios environnement/développement, création
d’une base de données SIG, préparation d’un plan
3.2.2 Activités du programme de gestion intégrée des ressources en eau et des
déchets solides et liquides, et préparation d’un
Dans le cadre du Plan d’Action pour la plan de gestion intégrée du Grand Sfax et d’un
Méditerranée, un Programme d’Aménagement plan de détail de Sfax Sud. Au CAR/PAP ont été
Côtier pour la ville de Sfax a été développé en confiées les trois dernières activités, alors que les
application des recommandations des Parties autres étaient mises en œuvre par les autres centres
contractantes pour l’élaboration d’études de cas sur du PAM, suivant leurs compétences.
la planification pour la gestion intégrée des zones
côtières (GIZC). Le montant alloué est de 805.000 Certes, le projet avait dépassé la période qui
$EU dont 435.000 $EU représentent la contribution lui a été fixée de deux années et a rencontré
du PAM et 370.000 $EU représentent la participation quelques difficultés liées à la fois à l’adaptation
35
des méthodes proposées au contexte national et Un vaste programme d’assainissement a été
à l’application de celles-ci mais demeure une très entrepris pour dévier les rejets d’eaux usées brutes
bonne expérience locale et nationale considérée moyennant la mise en place d’une importante
comme première pour la Tunisie. L’expérience chaîne d’ouvrages primaires (stations de pompage,
vécue a permis de développer une nouvelle réseaux de transfert, stations d’épuration, réseaux
méthode d’approcher les problèmes liés au de réutilisation des eaux épurées, ouvrages de
développement de zones côtières et delà à former rejet). Un canal de ceinture du lac a été réalisé pour
des gestionnaires et des experts locaux capables recevoir les eaux des déversoirs d’orage de la ville
de mesurer et d’appréhender les problèmes de Tunis et limiter les déversements vers le lac. Il
d’aménagement côtier. permet aussi d’aider au renouvellement des eaux
du lac.
Un groupe de réflexion composé de consultants
de la région de Sfax a été mis en place au début de Le programme d’assainissement des eaux usées a
l’année 2002 pour assurer la continuité du PAC- été suivi par des travaux d’assainissement du plan
Sfax. Il s’agit principalement de réfléchir sur les d’eau qui ont porté notamment sur la rectification
recommandations qui n’ont pas encore eu de suite des berges, le dragages des boues et vases
par les autorités régionales et nationales. Le travail déposées, et la circulation des eaux.
de ce groupe rentrera dans le cadre du projet PAS
MED réservé à la Tunisie. Préalablement au lancement de ces programmes
d’assainissement, l’Etat a sécurisé la maîtrise
foncière des berges moyennant l’acquisition
3.3 Lacs Nord et Sud de Tunis des terrains qui allaient prendre une plus-value
importante. C’est d’ailleurs ce�e dernière qui a
Le lac Nord était pendant très longtemps avant justifié la faisabilité des projets d’assainissement et
les années 80 l’exutoire des eaux usées brutes de d’aménagement du plan d’eau.
la ville de Tunis. Ces rejets ont fini par avoir des
impacts considérables sur la pêche et la qualité des Aujourd’hui, une ville nouvelle a vu le jour sur les
eaux du lac (eutrophisation avancée) et entraîner berges du lac jouissant d’un plan d’eau assaini. Le
des nuisances très gênantes pour la ville (odeurs projet a eu un effet sur toute la région et a éliminé
nauséabondes). Les berges servaient de dépotoirs les nuisances olfactives. Il a aussi contribué à
de déchets. protéger la ville basse contre les inondations.
36
Une démarche similaire d’assainissement et 3.4 Projet de conservation des zones humides
d’aménagement a été adoptée pour le lac Sud. En li�orales et des écosystèmes côtiers dans le
effet, ce lac était l’exutoire des eaux usées brutes bassin méditerranéen (MedWetCoast)
surtout d’origine industrielle.
Sur la côte Sud-Est de la péninsule du Cap Bon
Le lac Sud de Tunis fait l’objet depuis entre le Sud de Kélibia et le Nord de Nabeul, existe
quelques années d’un ambitieux programme un chapelet de lagunes allongées parallèlement
d’aménagement, d’assainissement et de au rivage. Ces dernières ont quelques
dépollution du plan d’eau dont une des communications temporaires avec la mer dont
composantes porte sur l’élimination des rejets elles sont séparées par un cordon dunaire.
d’eaux usées industrielles. La solution retenue
est basée sur l’interception des rejets hydriques Ces lagunes subissent plusieurs agressions:
d’origine industrielle et leur traitement dans expansion urbaine, dépôts de déchets solides,
une station d’épuration (dite station grappée) rejets d’eaux usées urbaines et industrielles,
répondant spécifiquement aux effluents industriels pollution diffuse par les engrais. Mais le
de la zone. dysfonctionnement hydrologique est sans doute la
principale menace qui pèse sur ces plans d’eau.
Au niveau de l’investissement, le principe qui a été
retenu prévoit que les industriels co-financent les La Tunisie a obtenu un financement du Fonds
ouvrages au prorata de leurs débits journaliers. Le pour l’Environnement Mondial (FEM) pour
montage du financement est le suivant: la composante nationale d’un projet portant
sur la conservation des zones humides
30% autofinancement des bénéficiaires et des écosystèmes côtiers dans la région
20% subvention FODEP (Fonds de dépollution) méditerranéenne. Il s’agit d’une initiative qui
50% emprunt à la charge des bénéficiaires (crédit vise à assurer la gestion durable de la diversité
commercial) biologique des zones côtières et notamment des
zones humides. Le projet prévoit la mise en place
L’unité industrielle doit présenter un dossier d’un plan de gestion intégrée pour chaque site ou
technique à l’Agence Nationale de Protection de groupe de sites.
l’Environnement afin de bénéficier du concours du
FODEP. Il a été initié par le MedWet et le Conservatoire du
Li�oral et des Espaces Lacustres français, et couvre
six (6) pays méditerranéens, à savoir: le Maroc,
37
la Tunisie, l’Egypte, l’Autorité Palestinienne, le - la réalisation des premiers travaux de
Liban et l’Albanie. La réalisation de la composante protection des sites contre les agressions
nationale a été confiée à l’APAL. (clôtures en bois, haies vives, enlèvements des
déchets, panneaux de sensibilisation, travaux
Le projet est en cours de réalisation depuis 1999 et de rectifications des berges).
a pour objectif de:
38
Mais pour asseoir une GIZC sur des bases pérennes, des préoccupations environnementales dans
plusieurs contraintes sont encore là et nécessitent la politique de développement et dans la
des mesures aux niveaux des politiques de gestion, planification à long terme du secteur touristique
du cadre institutionnel et réglementaire. est de prime importance pour l’instauration des
bases d’une GIZC.
4.2 Pour des politiques sectorielles plus durables 4.3 Pour un cadre réglementaire plus propice à
une GIZC
Face à la complexité des problématiques du li�oral,
l’approche sectorielle qui a prédominé a montré Malgré l’arsenal réglementaire et législatif en place,
ses limites. Aussi, l’intégration et la matérialisation plusieurs compléments et amendements sont à
des concepts de développement durable dans faire aux textes en vigueur et notamment sur:
les politiques, stratégies et programmes de
développement sectoriels représentent l’un des - l’introduction de l’évaluation environnementale
défis majeurs auxquels le pays aura à faire face. stratégique (EES) comme nouvel instrument
d’évaluation environnementale des politiques et
L’évolution de l’approche sectorielle vers une programmes au niveau sectoriel. Le secteur du
approche intégrée a été initiée en Tunisie car les tourisme est sans doute le premier secteur où
préoccupations environnementales sont déjà une EES s’avère urgente à mener;
prises en compte, à des degrés divers, selon - l’introduction de la participation du public
les secteurs. Le rapport national sur l’état de dans le processus des EIE;
l’environnement pour l’année 2002 a relaté le - la modulation des normes de rejet en fonction
niveau d’intégration de l’environnement dans les de la fragilité du milieu récepteur;
secteurs de développement (agriculture, tourisme, - la gestion des impacts cumulés des projets de
industrie, énergie, transport). Mais le renforcement développement.
de ce�e évolution nécessitera probablement
un effort de longue haleine car il appelle un
changement radical et en profondeur au niveau 4.4 Pour une meilleure connaissance des zones
des planifications sectorielles. côtières
En Tunisie, le tourisme est un secteur-clé Les zones côtières, les systèmes insulaires et
par son poids économique et ses impacts les milieux humides li�oraux, les golfes, la
environnementaux potentiels. L’intégration biodiversité des zones côtières, les phénomènes
39
d’eutrophisation et leur évolution, les impacts des associations et le secteur privé ont des domaines
changements climatiques, etc. sont peu étudiés, de performances qui complètent celles du secteur
sinon à l’occasion d’études de portée limitée dans public et qui gagnent à être mobilisées. En outre,
le temps et dans l’espace. les problématiques se posent aussi bien au niveau
national qu’au niveau local, ce qui appelle une
Or, pour mieux gérer les zones côtières, il est implication des acteurs locaux.
besoin d’asseoir les prises de décisions sur des
bases scientifiques et une bonne connaissance Mais une contribution efficace de certaines franges
des milieux et des phénomènes dont ils sont de la société civile, notamment les associations et
siège. Aussi, il est besoin de renforcer le système les collectivités locales, suppose un renforcement
d’acquisition et de gestion des connaissances préalable de leurs capacités dans les activités
relatives aux zones côtières tunisiennes. concourant à la GIZC.
4.5 Pour un cadre institutionnel plus propice à 4.5.2 Besoin d’une locomotive pour la GIZC
une GIZC
La planification et la mise en œuvre de la
4.5.1 Pour une plus grande implication de la GIZC nécessitent la désignation d’un acteur
société civile institutionnel chef de file qui aura notamment
comme missions:
L’Etat demeure l’initiateur et l’acteur prépondérant
de toute action de développement. Il est aussi - la formalisation d’une stratégie nationale de
(avec les agences publiques) l’unique planificateur GIZC;
de l’action environnementale et de la gestion des - la coordination des programmes et des agences
zones côtières ainsi que le principal opérateur au impliquées dans la gestion des zones côtières;
niveau de la mise en œuvre. Ce�e prépondérance - la facilitation de l’arbitrage des conflits
du rôle de l’Etat s’explique en partie par les d’utilisations des ressources;
capacités limitées de certains acteurs tels que les - le suivi et l’évaluation des projets et
collectivités locales et les associations. programmes concourant à la GIZC.
Mais le secteur public n’a pas toutes les Cet organisme aura un rôle de fédérateur de
compétences pour être performant dans les l’ensemble des acteurs autour des concepts de la
différentes problématiques touchant la GIZC. Les GIZC. Il est appelé à les solidariser en se plaçant
40
du point de vue des zones côtières. C’est-à-dire en
privilégiant une approche écosystémique.
41
42
Bibliographie SOGREAH/IDC (2002). “Protection des ressources
marines et côtières du Golfe de Gabès – Rapport de
Abdelkafi, J. (1999). “Etude d’inventaire des phase 1: Diagnostic”.
paysages naturels de la Tunisie.
UNEP (1999). “Identification des points chauds
ANPE (2000). “Rapport sur l’état de et zones sensibles de pollution prioritaires en
l’environnement en Tunisie. Méditerranée - MAP Technical Reports Series No.
124”.
ANPE (2001). “Rapport sur l’état de
l’environnement en Tunisie”.
43
Principales publications du du PAM et du CAR/ Le présent rapport offre une multitude de données
PAP sur la GIZC et d’informations sur les caractéristiques des zones
côtières de la Tunisie, les pressions auxquelles
PNUE. 1995. Directives concernant la gestion intégrée celles-ci sont soumises, les actions que le pays est
des régions li�orales, avec une référence particulière au en train de mener pour limiter les impacts associés
bassin méditerranéen. PNUE Rapports et études des à ces pressions et, enfin, les perspectives d’une
Mers régionales No. 161. Split, Croatie, PAP/CAR GIZC performante.
(PAM-PNUE).
La première partie du rapport s’articule en quatre
PNUE/PAM/PAP. 1999. Cadre conceptuel et directives chapitres traitant en détail des ressources côtières
pour la gestion intégrée du li�oral et des bassins naturelles et culturelles, ainsi que des pressions
fluviaux. Split, Programme d’Actions Prioritaires. de développement exercées par l’urbanisation,
l’agriculture, l’industrie et l’exploitation minière,
PAM/PNUE. 2000. Formulation et mise en œuvre des les infrastructures, le tourisme et l’énergie. Par
projets du PAC: Guide pratique. Split, PAP/CAR. ailleurs, une a�ention particulière est accordée
aux impacts environnementaux dans les zones
PNUE/PAM/PAP. 2001. Livre blanc: Gestion des zones côtières tunisiennes, causés en premier lieu par
côtières en Méditerranée. Split, Programme d’Actions le développement urbain et touristique, la pêche,
Prioritaires. les changements climatiques, l’érosion. Dans
la seconde partie du rapport sont détaillées les
PNUE/PAM/PAP. 2001. Principes de meilleures mesures prises pour faire face à ces pressions
pratiques pour la gestion intégrée des zones côtières et impacts, notamment dans les domaines
en Méditerranée. Split, Programme d’Actions réglementaire et institutionnel de la gestion côtière.
Prioritaires. Sont également présentés plusieurs exemples de
projets de gestion côtière ainsi que les fondements
PNUE/PAM. 2002. Programme d’Aménagement et les mesures qui restent encore à prendre en vue
Côtier (PAC) de la “Zone côtière de Sfax”: Synthèse de renforcer la GIZC en Tunisie.
des études du projet, rapport de la réunion de
clôture et autres documents choisis. No. 135 de Le Centre d’Activités Régionales pour le
la Série des rapports techniques du PAM. PNUE/ Programme d’Actions Prioritaires (CAR/PAP)
PAM, Athènes, 2002. fait partie du Plan d’Action pour la Méditerranée
(PAM) du Programme des Nations Unies pour
l’Environnement (PNUE). Le CAR/PAP est centré
sur les actions concrètes, susceptibles de donner
Programme des Nations Unies pour des résultats immédiats et de contribuer à la
l’Environnement protection et l’amélioration de l’environnement
Unité de Coordination du Plan d’Action pour la li�oral en Méditerranée, ainsi qu’au renforcement
Méditerranée des capacités nationales et locales dans la
B.P. 18019 gestion intégrée des zones côtières. Le CAR/PAP
48, avenue Vassileos Konstantinou collabore avec un grand nombre d’organisations
11610 Athènes spécialisées du système de l’ONU (PNUE, FAO,
Grèce OMI, UNESCO, COI, OMS, AIEA, OMT, PNUD),
d’institutions financières (Banque Mondiale,
Tél: (30) (210) 72.73.100 Banque Européenne d’Investissement) et d’autres
Fax: (30) (210) 72.53.196-7 organisations internationales (Union Européenne,
E-mail: unepmedu@unepmap.gr Conseil de l’Europe), ainsi que d’autorités
h�p://www.unepmap.org nationales et locales de la région méditerranéenne.
44