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Moussa

CAMARA


L’essentiel de l’audit comptable
et financier

Edition 2008


Préface de Jamal Khoumri


L’HARMATTAN



© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09158-0
EAN : 9782296091580


Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre

PREFACE

Le monde s’attendait à une révolution en matière de nouvelles technologies, il a été surpris par une
révolution en matière d’audit, de contrôle et de normes comptables.

En effet, après les grands scandales qui ont éclaboussé la profession comptable à l’internationale (cas
d’ENRON et de WORLD-COM par exemple) ; on a assisté à une avalanche de lois et de règlements pour
contrecarrer toute velléité de fraude ou d’opacité. La loi Sarbanes Oxley s’inscrit dans l’élargissement du
champ de la transparence et l’assainissement de la profession comptable.

Par ailleurs, les normes comptables ont connu une évolution vertigineuse. Il en est ainsi de la migration
vers les référentiels mondialement reconnus au détriment des référentiels locaux.

Les pays africains ont besoin de drainer des investissements extérieurs pour pouvoir développer leur
économie et faire face au chômage de leur jeunesse. Pour réussir à attirer cet investissement étranger,
l’environnement de l’entreprise et plus largement l’environnement économique doit être transparent.

Or, l’audit est l’une des techniques les plus efficace pour contribuer à la transparence.

L’ouvrage de Monsieur CAMARA MOUSSA s’inscrit dans la simplification de l’audit, afin de la mettre à
la portée des professionnels, des chercheurs et des étudiants.

Cet ouvrage présente les normes, les règles ou les préceptes de la discipline. Il expose aussi la démarche
pouvant conduire à un exercice de la mission de qualité donnant sa crédibilité à la certification.

Toutes ces techniques, sont mises à la disposition des professionnels du Commissariat aux Comptes, de
l’Audit financier, constituant ainsi un vaste domaine de connaissances et de références qu’il convient
d’exploiter et d’adapter à chaque cas particulier. Mais au même titre que pour une terre fertile, il convient
de rechercher et d’utiliser les outils nécessaires à sa mise en valeur.

Le présent ouvrage, après avoir rappelé les normes, traite des méthodes et techniques à mettre en œuvre
pour réaliser un audit financier, et présente une gamme d’outils que l’auditeur peut utiliser de façon
concrète et directe dans le cadre de ses missions.

C’est donc avec intérêt que je salue la sortie de cet ouvrage qui constitue un départ en Guinée, pour
l’Audit financier, contribuant ainsi à son évolution et à son adaptation, car, à la vérité, ce sont les
techniciens eux-mêmes, c’est-à-dire ceux qui le pratiquent, qui peuvent le mieux en parler.

Il contribuera, d’une part, à faciliter la tâche des praticiens eux-mêmes et, d’autre part, à expliciter les
mécanismes techniques de cette super discipline qu’est l’Audit financier, à l’ensemble des partenaires
économiques, financiers et sociaux, car, tous sont concernés ou intéressés par l’information financière.

Enfin, espérant que cet ouvrage ne soit qu’une pierre dans l’élaboration de l’édifice de l’audit et
certification des comptes en Guinée, mon souhait est qu’il ne soit également pas le dernier ouvrage édité
par l’auteur.


Jamal KHOUMRI

Expert-Comptable DPLE

Enseignant à l’ISCAE Casablanca, Maroc


******
REMERCIEMENTS

Je voudrais avant tout remercier la Direction et le corps professoral (enseignants) de l’ISCAE Guinée
pour la rigueur et la qualité de l’enseignement. Ce qui garantie aux lauréats de cette école une formation
solide et polyvalente.

Je remercie particulièrement Monsieur Fofana Luceny et Monsieur Lahlou Mohamed respectivement
Associé-Gérant de Fiduciaire de Guinée (membre de PricewaterhouseCoopers) et Gérant de
PricewaterhouseCoopers Conseil.

Aussi je tiens à remercier tous mes collègues de PricewaterhouseCoopers pour m’avoir aidé à mettre en
pratique cette fascinante discipline et je remercie singulièrement M. Kourouma Ibrahima (cadre à
ECOBANK), Mme Camara M’Mah, M. Diakité Mamadi et M. Diallo Saifoulaye (Auditeurs chez
PricewaterhouseCoopers).

Mes sincères remerciements à mes parents (mon père, ma mère, mes frères et sœurs…), mes amis et à
tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. Ce livre est le témoin du
respect et de la fraternité que j’éprouve pour eux.

Enfin mes remerciements vont à Monsieur Jamal Khoumry qui a eu l’amabilité de préfacer ce livre.

INTRODUCTION GÉNÉRALE :

Ce livre est non seulement intéressant pour les professionnels (qui sont tout au long de leur
mission en situation très délicate face aux problèmes de fraude), mais aussi pour les étudiants qui suivent
des cours d’audit comptable et financier (leur permettant ainsi d’appréhender plus en profondeur la
notion d’audit et de fraude).

En effet la fraude est un phénomène complexe dont les caractères varient sans cesse dans le temps
et dans l’espace, et son éventail s’élargit avec l’ingéniosité humaine. En outre, le fraudeur fournit tous les
efforts pour dissimuler son acte et rester ainsi à l’abri de tout soupçon. Il serait donc illusoire de croire
que l’auditeur externe serait en mesure de détecter toutes les fraudes perpétrées contre l’entreprise.

Avec le développement de la technique et de la technologie, l’auditeur est de plus en plus
confronté à de sérieux problèmes de fraude (fausses factures, signatures scannées…), qui le pousse à être
de plus en plus prudent. En effet, l’auditeur est conduit lors de ses missions à faire preuve de vigilance et
à appliquer la déontologie appropriée afin de détecter les défaillances de l’organisation de l’entreprise,
permettant la réalisation de détournement et en mesurer l’impact sur les comptes annuels.

Concrètement l’auditeur doit relever toutes les fraudes que son action lui fait découvrir, mais il ne
doit en aucun cas aborder ces contrôles en présumant la malhonnêteté ou la mauvaise foi des différentes
personnes participant à l’élaboration de ces documents. L’objectif souverainement reconnu à l’audit
financier est de déterminer si, de l’avis de l’auditeur indépendant, les états de synthèse sont exempts
d’anomalies significatives. Ces dernières pouvant provenir d’agissements frauduleux.

Plan du Livre
Le présent livre est articulé autour de trois (3) grandes parties :

Première partie : Introduction à l’audit.

Cette partie présente l’audit de façon générale (définition, historique,


étapes d’une mission d’audit, risque d’audit…), tout en expliquant les
obligations et responsabilités du Commissaire aux Comptes.

Deuxième partie : La fraude au sein des entreprises et le rôle de la direction et des salariés dans la
prévention et la détection de la fraude et les outils utilisés.

Cette partie parle de façon générale de la fraude dans les entreprises,
et met l’accent sur les outils de contrôle et de prévention, utilisés par
les entreprises afin de diminuer au maximum le risque de fraude ou de
détournement. Il s’agit principalement de l’audit interne, du contrôle
interne et du comité d’audit.
INTRODUCTION A
L’AUDIT
COMPTABLE ET
FINANCIER







Chapitre I: Notion
d’audit
SECTION 1 : Évolution et définition de l’audit.

1.1 – ÉVOLUTION DE LA NOTION D’AUDIT


L’audit a commencé avec les grands cabinets d’audit anglo-saxons, appelés de nos jours les “Big four”.
On appelle Big Four ou Fat Four (les « quatre grosses entreprises ») les quatre groupes d’audit les plus
importants au niveau mondial : Deloitte (anciennement Deloitte Touche Tohmatsu), Emst & Young,
KPMG, PricewaterhouseCoopers.

Les Big Four succèdent aux Big Five, qui comprenaient, outre les entreprises citées ci-dessus, la firme
Arthur Andersen, qui a disparu en 2002 suite à l’affaire Enron. Elles-mêmes ont succédé aux Big Six
après la fusion de Coopers & Lybrand et de Price Waterhouse en 1998.

S’il apparaît aujourd’hui que les Big Four sont très puissants dans le domaine de l’audit financier et
comptable, des problèmes de manque de concurrence font débat et notamment se pose la question des
conséquences d’une hypothétique "nouvelle affaire Enron". Toutefois, les observateurs du secteur
s’accordent à dire que l’émergence d’un cinquième réseau global est fantaisiste.

1.1.1 – Historique

Depuis 1989, des fusions ont réduit le nombre des principaux cabinets d’audit comptable de huit à quatre.

Big 8 (années 1970 à 1989)
Ces sociétés étaient appelées le Big 8 dans les années 1970, ce qui reflétait la domination internationale
des huit plus grosses firmes. Ces Big 8 étaient eux-mêmes le résultat de fusions antérieures.

Ce sont :

1. Arthur Andersen
2. Arthur Young & Company
3. Coopers & Lybrand
4. Emst & Whinney (fusionné avec Ernst & Ernst)
5. Haskins & Sells (fusionné avec la firme européenne pour devenir Deloitte, Haskins and Sells)
6. KPMG (formé par la fusion de Peat Marwick International avec KMG Group)
7. Price Waterhouse
8. Touche Ross

Big 6 (1989-1998)
Les Big Eight deviennent les Big 6 en 1989 quand Ernst & Whinney fusionnent avec Arthur Young pour
former Ernst & Young en juin, et Deloitte, Haskins & Sells fusionnent avec Touche Ross pour former
Deloitte & Touche en août.

Big 5 (1998-2002)
Les Big 6 deviennent les Big 5 en juillet 1998 quand Pricewaterhouse fusionne avec Coopers & Lybrand
pour former PricewaterhouseCoopers.

Big 4
Arthur Andersen, renommé entre-temps Andersen, et plus spécifiquement son bureau de Houston, étant
impliqué dans le retentissant scandale Enron, le réseau est démantelé et les cabinets sont vendus et
répartis auprès des concurrents. Ainsi le cabinet français est par exemple racheté par Ernst&Young, alors
que Andersen Espagne passe sous l’enseigne Deloitte. De fait, les grands groupes d’audit comptable et
financier ne se retrouvent plus qu’à quatre.


PricewaterhouseCoopers (PwC, prononcé "à l’anglaise" [pi-wi-ci] est le plus grand cabinet mondial
d’audit, de conseil et de service né en 1998 des fusions successives des acteurs anglo-saxons historiques
de ce secteur (Pricewaterhouse et Coopers and Lybrand). Au niveau mondial, c’est le plus important des
Big Four qui comporte aussi Deloitte, Ernst & Young et KPMG. PwC France est troisième sur le marché
français. En juillet 2002, il a vendu sa branche Consulting à IBM. PricewaterhouseCoopers engendre un
revenu à l’échelle mondiale de 20.3 milliards de dollars pour l’exercice fiscal de 2005 et emploie plus
de 130,000 personnes dans 148 pays.


KPMG est un réseau mondial de prestations de services d’audit (Audit), fiscaux (Tax) et de conseil
(Advisory) dédiés aux entreprises du monde entier. Il est le quatrième réseau mondial en terme de CA
après respectivement PwC, Deloitte et EY. En 2006, KPMG emploie près de 104 000 personnes dans 144
pays et génère 16,9 milliards de dollars de revenus. KPMG est n°l sur le marché français et japonais et n
° 2 sur le marché chinois. Il occupe une position de leader sur le marché de l’audit des établissements de
crédit. Il compte par exemple Citigroup, HSBC, Deutsche Bank comme clients.

Quatre lettres pour un nom :
K est l’initiale de Klynveld. Le cabinet d’expertise comptable Klynveld Kraayenhof & Co. fut fondé
par Piet Klynveld à Amsterdam en 1917.
P est l’initiale de Peat, du nom du cabinet d’expertise comptable William Barclay Peat & Co., fondé
par William Barclay Peat à Londres in 1870.
M est l’initiale de Marwick : James Marwick s’associa avec Roger Mitchell pour créer à New York le
cabinet d’expertise comptable Marwick, Mitchell & Co. en 1897.
G est l’initiale de Gœrdeler. Dr. Reinhard Gœrdeler sera longtemps à la tête de la Deutsche Treuhand-
Gesellschaft (DTG) puis de KPMG.


Ernst & Young est un des principaux cabinets d’audit, l’un des Big Four, et le troisième réseau
mondial en terme de chiffre d’affaires (après PricewaterhouseCoopers et Deloitte). Ernst & Young est
aussi nommé par son acronyme EY, ou également E&Y (prononcé en anglais [i-ouaï]).
Ernst & Young France regroupe près de 5 000 experts de l’Audit, du Droit, de la Fiscalité et de la
Finance. Ses 15 bureaux, à Paris et en régions, garantissent une relation de proximité et l’appui de son
réseau international lui procure une présence dans 140 pays.


Deloitte est l’un des quatre Big Four avec PricewaterhouseCoopers, Ernst & Young et KPMG, c’est-
à-dire l’un des grands cabinets d’audit et de conseil né des fusions successives des acteurs anglo-saxons
historiques de ce secteur. Noter qu’en France on le prononce "à la française", mais on le prononce "à
l’anglaise" [dilo-ïte] à l’étranger.

Le cabinet Deloitte est issu du rapprochement en 1989 de deux grands cabinets : Deloitte Haskins &
Sells et Touche Ross international. Le premier est créé en 1845 par William Deloitte à Londres qui
s’associe en 1925 à Charles Haskins et E. Sells.


1.1. 2 – Le classement des BIG four en 2006

En France :


Au niveau mondial :


Source : La profession comptable de mars 2006
Voir WIKIPEDIA (Encyclopédie libre)
1.2-DÉFINITION DE LA NOTION D’AUDIT

La révision est un examen critique qui permet de vérifier les informations données par
l’entreprise. La révision comptable est l’examen auquel procède un professionnel indépendant et externe
à l’entreprise en vue d’exprimer une opinion motivée sur la sincérité et la régularité des comptes annuels.
Ceux-ci doivent refléter une image fidèle des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation
financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice.

1.2.1 – Notion de régularité, sincérité et image fidèle

a) Régularité :
La régularité est la conformité à la réglementation ou en son absence aux principes généralement
admis. La réglementation se compose de textes législatifs ou réglementaires mais aussi des règles fixées
par la jurisprudence et des normes élaborées par les organisations professionnelles compétentes.

b) Sincérité :
La sincérité est l’application de bonne foi des règles et procédures en fonction de la connaissance
que les responsables ont de la réalité et de l’importance des opérations, événements et situations.

c) Image fidèle :
Pour présenter des états reflétant une image fidèle de la situation et des opérations de l’entreprise,
la comptabilité doit satisfaire, dans le respect de la règle de prudence aux obligations de régularité et de
sincérité. La notion d’image fidèle fait appel au principe de l’importance significative et implique le
respect des règles comptables.
SECTION 2 : Mission d’audit et de Commissariat aux comptes.

2.1 – NATURE D’UNE MISSION D’AUDIT


Une mission d’audit des états de synthèse a pour objectif de permettre à l’auditeur d’exprimer une
opinion selon laquelle les états de synthèse ont été établis, dans tous leurs aspects significatifs,
conformément à un référentiel comptable identifié et qu’ils traduisent d’une manière régulière et sincère,
la situation financière de la société, ainsi que le résultat de ses opérations et le flux de sa trésorerie.

Pour ce faire, l’auditeur met en œuvre un référentiel de travail à même de lui permettre de
rassembler des éléments probants nécessaires pour tirer des conclusions sur lesquelles se fonde son
opinion.

L’opinion de l’auditeur renforce la crédibilité des états de synthèse, en fournissant une assurance
élevée, mais non absolue. L’assurance absolue en audit ne peut exister, en raison de nombreux facteurs,
tels que l’utilisation de la technique des sondages, les limites inhérentes à tout système comptable et de
contrôle interne, le recours au jugement et le fait que la plupart des informations probantes à la
disposition de l’auditeur conduisent, par nature, davantage à des déductions qu’à des convictions.

Dans son rapport, l’auditeur donne son avis et :
- certifie sans réserve,
- certifie avec réserve,
- refuse de certifier.

2.2 – NATURE D’UNE MISSION DE COMMISSARIAT AUX


COMPTES

Le Commissariat aux comptes est une mission d’audit à caractère légal dans la mesure où elle est
imposée par les lois sur les sociétés. Le Commissaire aux comptes nommé par l’assemblée générale des
associés, et en cas de carence par voie de justice, a pour mission permanente de vérifier les comptes de
la société, en vue d’émettre une opinion sur leur régularité, sincérité et image fidèle. Il est également
chargé par la loi de certaines vérifications spécifiques et certaines missions connexes. Le Commissaire
aux comptes a ainsi une mission d’information, de prévention et de protection, son rapport est d’une
diffusion très large (sa mission est d’intérêt public).

2.3 – QUALITÉS REQUISES DE L’AUDITEUR


De la grande portée de la mission d’audit découle un certain nombre d’exigences :

• Compétence : (Monopole de l’expert-comptable)
L’appartenance à un corps professionnel, l’ordre des experts comptables, chargé de la mise en
place des normes de travail et de rapport, du contrôle de la qualité, du respect de l’éthique, apporte une
garantie d’exécution de la mission avec professionnalisme et responsabilité.

• Indépendance :
L’auditeur ne doit pas s’immiscer dans la gestion et doit respecter les règles d’incompatibilité qui
risqueraient d’altérer son objectivité. L’auditeur ne peut être chargé d’élaborer les comptes, lesquels
relèvent de la responsabilité des organes de gestion. C’est en effet le conseil d’administration qui arrête
les comptes, lesquels sont tenus et élaborés par les services comptables et financiers sous la supervision
générale du Directeur général. La responsabilité de l’auditeur est d’émettre une opinion sur la base de
l’audit de ces comptes, il fait donc un constat.

2.4 – L’OBLIGATION DE MOYENS


L’auditeur est tenu de mettre en œuvre les diligences nécessaires et de procéder aux vérifications
qu’il juge opportunes pour motiver son avis. Cette obligation de moyen s’apprécie au regard de la mise
en place des normes professionnelles, du degré d’implication de l’auditeur, l’implication du
collaborateur de qualité de son cabinet et le recours, lorsque les circonstances le nécessitent, à d’autres
experts dans le domaine concerné.

Sa responsabilité civile mais également pénale peut être engagée en cas de négligence ou
manquement à ses devoirs ou à l’éthique. L’auditeur ou le commissaire aux comptes a une obligation de
moyens et non de résultat. Le commissaire aux comptes n’a donc pas à vérifier toutes les opérations qui
relèvent du champ de ses missions, ni à rechercher systématiquement toutes les erreurs et irrégularités
qu’elles pourraient comporter. Son devoir est d’exécuter la mission avec toute la compétence et le soin
que l’on est en droit d’attendre d’un professionnel diligent. Par conséquent, l’objectif de l’auditeur ou du
commissaire aux comptes est d’acquérir un degré raisonnable d’assurance quant à l’opinion qu’il est
appelé à formuler.

2.5– DÉTECTION DE LA FRAUDE


La mission première de l’auditeur n’est pas orientée vers la détection de la fraude. L’objectif
fondamental du réviseur est de s’assurer de la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes : la
détection de la fraude est une conséquence de cet objectif et en aucun cas une finalité spécifique.
Concrètement l’auditeur doit relever les fraudes que son action lui fait découvrir : il ne doit en aucun cas
aborder ses contrôles en présumant la mauvaise foi ou la malhonnêteté des différentes personnes
contribuant à l’élaboration des états financiers. En cas de faiblesse de l’organisation de l’entreprise,
susceptible de permettre la réalisation de certaines fraudes, l’auditeur doit mettre en place des contrôles
spécifiques pour s’assurer qu’aucune fraude n’a été commise ou en mesurer l’impact sur les comptes
annuels.

2.6 – AMÉLIORATION DE LA GESTION

Le rôle de l’auditeur n’est pas d’orienter ni de guider les décisions relatives à la gestion des
entreprises. Si le praticien participait activement à la prise de décision incombant à la direction et à elle
seule, il mettrait en péril son indépendance : le respect de son autonomie impose cependant qu’il dissocie
le rôle d’audit et le rôle de conseil, particulièrement dans le cas du mandat légal de Commissariat aux
comptes.
SECTION 3 : Le risque d’audit.

La révision comptable se définissant comme étant l’examen critique auquel procède un


professionnel indépendant et externe à l’entreprise, en vue d’exprimer une opinion motivée sur la fidélité
de l’image donnée par les documents financiers de l’entreprise, l’objectif essentiel du réviseur est donc
bien de se forger une intime conviction, et d’émettre une opinion sur les documents qui lui sont présentés.

On peut donc dire que, de par ses objectifs et ses contraintes, la mission de révision comptable comporte
des risques dont l’importance relève de l’organisation et de l’esprit existant dans l’entreprise mais aussi
et surtout des moyens mis en œuvre par le réviseur pour assurer la réalisation complète de la mission.

Ce risque, appelé risque d’audit, correspond à la possibilité pour le réviseur de formuler une opinion
inappropriée eu égard aux circonstances : par exemple, formuler une opinion sans réserve alors que les
comptes présentent une anomalie significative.

Le risque d’audit peut être analysé en trois composantes :
- le risque « inhérent » (risque qu’une erreur ou qu’une inexactitude significative puisse survenir) ;
- le risque de « contrôle » (risque que le système de contrôle interne de l’entreprise ne prévienne pas
ou ne détecte pas de telles erreurs) ;
- le risque de « détection » (risque que les erreurs ou inexactitudes significatives ne soient pas
décelées par le réviseur) ;
Il peut être aussi analysé (selon les parties intervenant dans la révision) en :
- risque du réviseur ;
- risque de l’entreprise.

3.1 – LE RISQUE DU RÉVISEUR

Le risque du réviseur trouve son existence dans la définition même de la mission de révision. Le
réviseur ne recherche pas l’exactitude ou une certitude, mais la sincérité et une intime conviction.

Ce risque s’exprime notamment par :
- le niveau de confiance, c’est-à-dire le degré de certitude avec lequel le réviseur souhaite exprimer
son opinion ;
- le seuil de signification.

La notion de seuil de signification concerne les éléments qui, soit individuellement, soit pris dans leur
ensemble, ont une incidence sur la fidélité de l’image donnée par les états financiers.

Le seuil de signification est atteint lorsque l’importance d’une omission ou d’une inexactitude est telle
qu’elle aurait pour conséquence probable, compte tenu des circonstances, d’influencer le jugement d’un
utilisateur des états financiers ou de modifier sa décision.

3.2 – LE RISQUE DE L’ENTREPRISE

Le risque de l’entreprise est beaucoup plus objectif et représente l’évaluation de tous les risques
qui peuvent être observés dans l’entreprise.
On peut décomposer en trois zones les risques qui apparaissent dans l’entreprise :

les risques liés à l’activité : tels que le secteur professionnel, la taille de l’entreprise, le
marché, les produits de l’entreprise, les approvisionnements, la structure du capital, la structure de
l’entreprise, l’organisation, le management, la structure financière, l’aspect juridique et fiscal.

Les risques liés aux systèmes d’information : c’est-à-dire le système comptable, le système
informatique, le système de gestion commerciale, de production, de personnel… ils recouvrent tous les
aspects du Contrôle Interne.

Les risques liés aux éléments financiers : c’est-à-dire les risques liés à l’importance et aux
variations des postes des comptes annuels.

Ces risques qui constituent des faiblesses de l’entreprise, peuvent amener des erreurs (accidentelles,
voire volontaires) dans les comptes.






Chapitre II: Les étapes


d’une mission d’audit


1) ACCEPTATION DU MANDAT

Avant d’accepter un mandat, le Commissaire aux Comptes doit apprécier la possibilité
d’effectuer la mission. Il doit avoir une connaissance suffisante des particularités de l’Entreprise, de ses
risques généraux, pour évaluer les moyens nécessaires au bon déroulement de la mission.

Il doit pouvoir décider si la mission est possible en appréciant la situation de l’entreprise et en
tenant compte des contraintes qui relèvent de sa propre organisation :

La mission est-elle réalisable compte tenu des possibilités de personnel, des délais, des compétences
techniques particulières ?

Les risques sont-ils acceptables pour le Commissaire aux comptes compte tenu de certains éléments :
refus de la Direction de l’application de certaines diligences jugées nécessaires, paiement d’honoraires
insuffisants, confrère ayant démissionné pour entrave à sa mission, désaccord sur des options prises par
la Direction.

Pour accepter une mission, le Commissaire aux comptes doit, dans le respect des diligences
d’acceptation d’un mandat, suivre la démarche suivante :

a) Prise de connaissance globale de l’entreprise dans le cadre de l’acceptation :

Elle est très allégée, son objectif étant de détecter les particularités et les risques importants de
l’Entreprise et d’établir les grandes lignes du budget. Le Commissaire aux comptes doit recueillir le
maximum d’informations dans un minimum de temps. Elle peut se limiter à un simple entretien (petite
entreprise) pour apprécier l’existence des risques les plus importants. L’existence de risques n’implique
pas que le Commissaire aux comptes refuse le mandat, mais il en mesure les conséquences.

Critères à considérer pour prendre sa décision :
• Contrôle interne très insuffisant ;
• Comptabilité mal tenue ;
• Rotation du personnel élevée et anormale ;
• Risques fiscaux anormalement élevés ;
• Attitude des Dirigeants ;
• Personnels incompétents ;
• Conflits sociaux importants ;
• Activités spéculatives ;
• Continuité de l’exploitation compromise (situation financière très déséquilibrée) ;
• Situation conflictuelle entre Dirigeants et actionnaires ;
• Indépendance des exercices non respectés …

b) Appréciation de l’indépendance et de l’absence d’incompatibilités :

L’indépendance est la capacité d’agir avec intégrité et objectivité. L’objectivité est la capacité de
conserver une attitude impartiale en face de tout fait ou situation, en pression éventuelle. Il s’agit pour le
Commissaire aux comptes d’examiner la possibilité d’exécuter la mission sans aucune pression.

c) Examen de la compétence disponible pour ce type de mission :

Le Commissaire aux comptes doit s’assurer qu’il dispose de connaissance, de l’expérience et des
moyens lui permettant d’effectuer cette mission avec toute la compétence et le soin que l’on est en droit
d’attendre d’un professionnel diligent.

d) Contact avec le précédent Commissaire aux Comptes :

Le Commissaire aux comptes avant d’accepter une nouvelle mission de Commissariat aux
Comptes, doit obligatoirement prendre contact avec le précédent Commissaire aux comptes (par lettre ou
entretien) afin de savoir pourquoi l’ex-Commissaire aux comptes a cessé ses fonctions et pourquoi son
mandat n’a pas été renouvelé.

e) Acceptation du mandat :

Après avoir analysé les facteurs de risques, le Commissaire aux comptes décide soit d’accepter
le dossier sans risques, soit d’accepter avec risques, soit refuser. En outre il doit examiner
périodiquement si des événements ne remettent pas en cause l’objet de sa mission.

f) Respect des autres obligations professionnelles découlant de l’acceptation du Mandat :

Il s’agit entre autre d’appliquer les différentes phases de l’exécution d’une mission d’audit.

2) LA DÉMARCHE GÉNÉRALE DE L’AUDITEUR DANS LA MISSION DE RÉVISION

Pour réaliser une mission d’audit dont l’aboutissement est la rédaction d’un rapport exprimant la
certification, l’auditeur doit suivre une démarche qui peut être formalisée par le schéma suivant :


SECTION 1 : Prise de connaissance générale de l’entreprise après
acceptation.

Le réviseur doit acquérir une connaissance générale de l’entreprise, de ces particularités et de


son environnement économique et social, afin de mieux comprendre les événements pouvant avoir une
influence significative sur les comptes faisant l’objet de vérification et de mieux tenir compte de ces
éléments pour planifier sa mission, identifier les secteurs qui nécessiteront une attention particulière et
choisir en conséquence les techniques de vérification les plus appropriées.

L’acquisition de la connaissance générale de l’entreprise doit être préalable aux autres phases de
la mission puisqu’elle conditionne leur bonne exécution. Elle commencera le plus tôt possible, parfois
avec l’acceptation de la mission. Compte tenu de la masse d’information à obtenir et à maîtriser, cette
étape de la démarche sera particulièrement importante la première année de la mission. Toutes les
informations recueillies au cours de la connaissance permettront de constituer le dossier permanent. La
connaissance de l’entreprise se prolongera et se complétera tout au long de l’exécution de la mission
annuelle. Elle doit régulièrement être mise à jour.

1.1 – PRISE DE CONNAISSANCE DE L’ACTIVITÉ DE


L’ENTREPRISE
La connaissance des activités de l’entité constitue un cadre de référence permettant à l’auditeur
d’exercer son jugement professionnel. La compréhension des activités de l’entité et son utilisation
adéquate aident l’auditeur à :
• Évaluer les risques et identifier les problèmes, planifier et conduire efficacement l’audit.
• Évaluer la validité des éléments probants.
• Fournir un meilleur service au client.
Ainsi, il devra chercher entre autre les éléments suivants :

√ La nature de l’entreprise ;
√ Le secteur d’activité ;
√ La structure de l’entreprise ;
√ L’organisation de l’entreprise ;
√ Les politiques commerciales, financières, sociales, perspectives de développement ;
√ Organisation administrative et comptable : existence de procédures, contrôle budgétaire, existence
d’un service d’audit interne, méthode de traitement et de saisie des informations financières (systèmes
manuels et informatisés) et analyse des données ;
√ Pratiques comptables : politiques d’investissement et d’amortissement, traitement des frais de
recherche et développement, évaluation des stocks, des opérations à long terme, politique en matière de
provision, méthode de consolidation ;
√ Délai : en matière de production de l’information financière et des informations de gestion ;
√ Existence de contrôles internes fondamentaux : séparation des fonctions, système d’approbation et
d’autorisation, contrôles physiques, rapprochements, périodicité des balances, comptes collectifs.
√ Intervention d’un expert-comptable : nature des travaux.

1.1.1 – Les moyens :
Pour acquérir ces informations, le réviseur dispose des moyens suivants :

La prise de contact avec le prédécesseur (Commissaire aux Comptes) ;

La relation directe avec les Dirigeants auprès desquels il cherchera les informations nécessaires sur
les décisions qui peuvent avoir une incidence sur les comptes ;

Le contact avec les cadres et responsables des différents services, afin d’avoir une vue d’ensemble de
l’entreprise et s’assurer que les comptes sont le reflet fidèle de son activité ;

L’analyse globale des comptes annuels des exercices précédents permettant d’avoir une opinion sur la
cohérence des comptes dans le temps avec le secteur économique ainsi que sur la situation de l’entreprise
du point de vue de son équilibre et de sa rentabilité.

1.1.2 – Les sources d’information internes et externes :

Les sources d’information internes à la société que pourra utiliser le commissaire aux comptes dans
sa prise de connaissance de l’entreprise sont :
La visite des lieux d’exploitation ;
Les rapports antérieurs du conseil d’administration et du commissaire aux comptes ;
Les budgets, plan de développement, plan de financement ;
Les situations intermédiaires ;
Les diverses publications internes ;
Les rapports d’autres réviseurs ou vérificateurs et des auditeurs internes.

Parmi les sources externes, le réviseur pourra consulter :
Les rapports financiers d’entreprises similaires exerçant dans le même secteur d’activité ;
La presse financière et les revues spécialisées du secteur d’activité ;
Les publications des organismes professionnels.

1.2 – APPRÉCIATION DE LA SENSIBILITÉ DES DIRIGEANTS


AUX RISQUES DE FRAUDE
Le commissaire aux comptes doit mener les travaux nécessaires pour connaître le degré de
sensibilité des Dirigeants aux risques de fraude et d’erreurs, et leur maîtrise du système comptable et de
contrôle interne en place dans l’entreprise.

En effet, Le Commissaire aux comptes doit à l’aide d’un questionnaire :
• Comprendre le passé des Dirigeants ;
• Comprendre leurs motivations ;
• Comprendre le degré d’influence des membres clés de la direction ;
• Les relations des Dirigeants avec les institutions financières ;
• Leurs relations avec les parties liées ;
• Leurs relations avec les avocats ;
• Leurs relations avec les auditeurs ;
• Leurs relations avec les investisseurs ;
• Leurs relations avec les autorités de régulation.
SECTION 2 : Évaluation du contrôle interne.

Dans cette phase, qui vient après la planification de la mission, l’auditeur va chercher à acquérir
une meilleure compréhension de l’entreprise et de ses systèmes. Il va donc mieux connaître la nature des
activités de l’entreprise, les lieux de production, les processus fabrication. Il va mieux cerner les circuits
de traitement des informations et l’élaboration des données qui permettent des prises de décision. En fin,
il va mieux situer les zones de risque pouvant affecter la fiabilité des comptes annuels.

Comme le précise la norme ISA 400 de l’IFAC, « l’auditeur ne s’intéresse qu’aux politiques et
procédures concernant les systèmes comptables et de contrôle interne ayant une incidence sur
l’établissement des états financiers ».

Cela va lui permettre :

D’identifier les risques d’anomalies significatives potentielles qui peuvent se produire dans les états de
synthèse,
De prendre en considération les facteurs qui aggravent le risque d’anomalies significatives,
D’élaborer des procédures d’audit appropriées.

Pour cela, il va mettre en place des tests de procédures afin d’obtenir des éléments probants sur
l’efficacité :

Des systèmes comptables et de contrôle interne, c’est-à-dire pour déterminer si leur conception permet
de prévenir ou de détecter et corriger les anomalies significatives,

Du fonctionnement du contrôle interne durant l’exercice.

2.1 – RÉSULTAT DE L’APPRÉCIATION DU CONTRÔLE


INTERNE

Le commissaire aux comptes ne doit pas s’appuyer sur les contrôles internes s’il conclut qu’ils ne
sont pas efficaces. Il doit réviser son plan d’audit en conséquence.

Si les résultats des tests de fonctionnement des contrôles internes indiquent l’existence d’une
fraude ou d’une erreur, il doit en apprécier l’incidence potentielle sur les comptes. S’il pense que la
fraude ou l’erreur éventuelle pourrait avoir une incidence sur les comptes, il doit modifier ses procédures
en conséquence ou mettre en œuvre des procédures supplémentaires et adéquates.
SECTION 3 : Contrôle des comptes.

3.1 – CHOIX DES PROCÉDURES DE VALIDATION


Le Commissaire aux comptes doit déterminer les types de procédures pouvant être appliqués à
des comptes spécifiques et aux erreurs potentielles correspondantes. Il doit concevoir un examen
analytique de validation, des tests des éléments probants ou une combinaison de ces deux techniques, afin
de retirer de ses procédures un niveau de confiance approprié pour chaque compte et erreur potentielle.

3.2 – DÉTERMINATION DES PROCÉDURES D’AUDIT


SUPPLÉMENTAIRES
L’expérience montre que tous les postes des états financiers peuvent faire l’objet de fraude. Nous
allons examiner les différents risques au niveau des principales composantes afin de définir les
techniques d’audit à mettre en œuvre. Nous rappelons pour chaque composante les risques de fraude ainsi
que les procédés d’audit à mettre en place.

Nous traiterons dans l’ordre les composantes suivantes :
Trésorerie,
Stocks,
Clients – ventes,
Achats – fournisseurs,
Charges de personnel et autres rémunérations,
Dotations et reprises,
Autres.

3.2.1 – Trésorerie :

Risque de fraude :
- Vols/ détournement des espèces (caisse),
- Détournement d’encaissements et de décaissements,
- Utilisation non autorisée de moyen de paiement,
- Surévaluation fictive des comptes de trésorerie.

Approche d’audit :
Pour chaque risque de fraude identifié, l’auditeur peut mettre en œuvre les procédures suivantes :

• Détournement au niveau de la caisse :
L’auditeur doit assister au comptage des espèces dans la caisse à la date de clôture, ou bien procéder à un
inventaire inopiné à une date proche de la clôture de l’exercice. Si la société dispose de plusieurs caisses
gérées par une même personne, chaque caisse doit être traitée à part et ses espèces conservées à l’écart
pour ne pas permettre au caissier, en cas de fraude, de compléter le manquant dans une caisse par des
espèces « empruntées » des caisses déjà comptées.

L’existence physique doit correspondre au solde inscrit dans le registre de la caisse et à la
comptabilité. En cas d’écart, le caissier doit le justifier par des opérations autorisées par la société.

Le test sur un échantillon de pièces de caisse viendra compléter ce travail préliminaire. Une
revue de vraisemblance du journal de la caisse devrait aussi être effectuée, en accordant une attention
particulière aux périodes qui enregistrent des soldes cumulés négatifs. La taille de l’échantillon testé sera
augmentée dans ces périodes, et celui-ci sera accompagné d’une explication cohérente de la part du
caissier.

• Vols au niveau de la caisse :
Le caissier, s’il n’est pas l’auteur du vol, fait un constat et informe la Direction. Dans le cas contraire, les
procédures mises en œuvre pour les détournements seront applicables. Pour ce risque particulier,
l’apport de l’auditeur consiste en des recommandations pour sécuriser les accès à la caisse qu’en des
travaux d’audit supplémentaires par rapport à ceux proposés pour le détournement.

• Détournement d’encaissements :
L’auditeur doit accorder une attention particulière aux créances clients anciennes non encaissées, surtout
si le client a payé des factures émises postérieurement. Il doit aussi exploiter les confirmations de solde
reçu des clients et investiguer les écarts relevés. Toutefois, les créances anciennes peuvent ne pas
apparaître si le fraudeur peut accéder à la comptabilité et annuler des factures par des encaissements
récents relatifs à d’autres factures, et conserver ainsi les factures qui ont un délai raisonnable pour
l’auditeur. La revue d’un échantillon de factures lettrées par des encaissements, en se basant sur les
pièces justificatives envoyées par le client, s’avère ainsi nécessaire.

Les créances anciennes peuvent aussi être exploitées pour le travail sur les provisions clients.

• Détournement de décaissements :
Une attention particulière doit être accordée aux dettes anciennes non encore payées. Les cas identifiés
doivent être revus avec la direction qui doit expliquer le bien fondé du retard de payement. Pour les cas
douteux, il faut remonter aux pièces et s’assurer que ces factures n’ont pas été annulées par la mention
“PAYÉ”.
Lors de la confirmation des dettes fournisseurs, l’auditeur peut demander les références bancaires
de chaque fournisseur. Cette demande peut être faite oralement (par téléphone) surtout pour les
fournisseurs qui ont des factures anciennes suspectes.
Pour le traitement de la collusion entre un membre du personnel et le fournisseur, le seul travail
d’audit consiste à s’assurer, lors de l’examen du contrôle interne, que toutes les factures sont
accompagnées d’un bon de réception (ou bon de livraison) signé par un responsable de la société. En cas
de problème sur les cas testés, d’autres travaux seront ensuite programmés, notamment la vérification de
l’existence physique des biens (immobilisations) et les tests de cohérence entre la consommation et la
production (ou le chiffre d’affaires) pour les matières consommables (ou les marchandises).

• Utilisations non autorisées de moyens de paiement :
Le travail d’audit pour ce risque de fraude consiste en la validation des états de rapprochement
bancaires, accordant une attention particulière aux décaissements comptabilisés par la banque et non pas
par l’entreprise. L’auditeur doit remonter à la pièce si elle est disponible dans l’entreprise ou bien, en cas
de plusieurs décaissements non identifiés, demander à la banque une copie des chèques émis pour
procéder à leur vérification avec la collaboration de la direction.

• Surévaluation de la trésorerie/ Encaissements fictifs :
En plus des travaux pratiques pour la séparation des exercices, l’auditeur doit examiner attentivement les
états de rapprochement et surtout, les encaissements comptabilisés par la société et non encore passés en
banque. La validation de ces encaissements se fait habituellement par des relevés subséquents. Tous les
encaissements non crédités par la banque au cours du mois suivant la clôture doivent être examinés par
des pièces justificatives probantes.

3.2.2 – Stocks :

Risque de fraude :
- Surévaluation des stocks et stocks fictifs,
- Stocks non provisionnés,
- Vol des stocks.

Approche d’audit :
Les stocks ont au niveau de certaines entreprises (entreprises industrielles et commerciales) une
importance non négligeable sur le bilan. Une erreur dans l’appréciation du niveau des stocks peut donc
affecter sérieusement la régularité, la sincérité et l’image fidèle des états de synthèse faisant l’objet de
vérification. Pour cela l’auditeur doit adopter une démarche d’audit efficace en vue d’une meilleure
appréciation du niveau des stocks.

Pour cela l’auditeur doit :
√ Assister à l’inventaire physique annuel des stocks,
√ Évaluer la nécessité de constituer une provision pour dépréciation des stocks,
√ Identifier les stocks à rotation lente, obsolètes, mis au rebut ou endommagés,
√ Effectuer certains tests à l’improviste, par exemple : examiner les stocks dans les emplacements où la
présence de l’auditeur n’a pas été annoncée au préalable ou effectuer un inventaire inopiné de la caisse,
√ Exiger que les stocks soient dénombrés à une date plus près de la fin d’exercice,
√ S’assurer que la séparation des exercices est respectée notamment par la revue des enregistrements
pré-et post-clôture.

3.2.3 – Clients – ventes :

Risques de fraude :
- Ventes fictives
- Non-respect du principe de séparation des exercices
- Insuffisance des provisions
- Manipulation des comptes clients

Approche d’audit :
Les principaux indicateurs et procédures d’audit au niveau des composantes clients – ventes sont les
suivants :

• Transactions significatives ou inhabituelles conclues avant la clôture :

Les techniques d’audit à appliquer sont des tests classiques de vérification du respect du principe de
séparation des exercices. Il convient de s’assurer que les enregistrements sont comptabilisés sur la bonne
période. Toutefois, si l’on détecte à ce niveau des transactions enregistrées à tort, il conviendra d’étendre
les tests par la revue des journaux de vente de l’exercice afin de valider les transactions significatives.

• L’expédition de biens avant que les conditions de vente ne soient réunies ou indications que les
clients ne sont pas obligés de payer à la livraison (facturation avant expédition, ou autres indications
que la vente est enregistrée avant la livraison.)

L’approche à retenir à ce niveau sera :
√ des tests de séparation d’exercice classiques,
√ la circularisation des comptes clients,
√ l’assistance à l’inventaire physique des stocks,
√ la revue des retours sur ventes non enregistrées,
√ l’examen des clauses de transfert de propriété.

Dans le cas où un retour non enregistré est relevé, il conviendra d’en examiner les causes et d’apprécier
si l’impact peut être plus important au niveau de l’ensemble des comptes.

• Provisions non enregistrées :

Les principaux indicateurs sont :

√ Les dotations de l’exercice ou des provisions cumulées faibles par rapport aux années précédentes ou
aux conditions actuelles d’activité.

Pour cela l’auditeur doit procéder à une revue des encaissements. Cette méthode est plus efficace
que la revue de la balance par antériorité des soldes car non seulement la balance peut faire l’objet d’une
modification, mais aussi les factures peuvent être falsifiées (modification du délai de règlement).

√ Des créances significatives anciennes non provisionnées, en particulier des créances sur des sociétés
liées.

• Manipulation des comptes client :

À ce niveau l’approche la plus efficace est :
- la circularisation des comptes clients,
- la vérification des pièces justificatives : factures, bons de livraison, bons de commande…

3.2.4 – Achats – fournisseurs :

Risques de fraude :
- Achats ou charges non autorisés
- Charges non enregistrées
- Charges fictives
- Non-respect du principe de séparation des exercices
- Falsification des notes de frais
- Double comptabilisation de charges

Approche d’audit :

• Charges non autorisées :

L’approche d’audit à adapter à ce risque est essentiellement une revue du contrôle interne visant à
déterminer la validité de l’autorisation de ce type de charges qui pourra être complétée par des tests
détaillés le cas échéant.

• Autres risques :

- Revue analytique des comptes de charges,
- Revue des charges post-clôture,
- Confirmation des soldes fournisseurs (ou revue des relevés reçus des fournisseurs),
- Revue des contrats récurrents et d’abonnement (approvisionnements),
- Revue des bons de commande/bon de livraison établis à une date proche de la clôture et pour lesquels
aucune facture n’a été réceptionnée.

3.2.5 – Charges de personnel et autres rémunérations :

Risques de fraude :
- Création des salariés fictifs ou maintien de salariés ayant quitté la société,
- Majoration des rémunérations,
- Falsification des notes de frais,
- Commissions fictives.

Approche d’audit :

• Salariés fictifs :

L’approche d’audit concernant les risques de salariés fictifs consiste surtout dans la revue des procédures
de contrôle interne. Le commissaire aux comptes pourra utilement appeler par téléphone certains salariés
sélectionnés afin de s’assurer de leur appartenance à la société ou faire des contrôles inattendus. La revue
analytique peut ici s’avérer inefficace, car la fraude peut se répéter d’année en année et être « non
significative » sur la niasse salariale annuelle globale.

• Majoration des rémunérations :

Outre la création de salariés fictifs, la fraude à ce niveau peut intervenir au moment des règlements de
salaires en espèces. Le Commissaire aux comptes doit examiner les procédures de contrôle interne (visa
nécessaire, bulletins de paie), recommander de limiter au maximum ce mode de règlement et assister de
manière inopinée au règlement de la paie.

• Notes de frais surévaluées ou créées :

Comme pour les salariés fictifs, une bonne partie des travaux devra être consacrée à la revue du contrôle
interne. Des tests détaillés pourront de plus être effectués. Ils comprendront notamment :
√ la sélection de quelques notes de frais et la validation par rapport aux justificatifs,
√ la revue de cohérence des frais eu égard au montant global par personne (caractère non
excessif).

• Commissions fictives :
Vérifier l’existence d’un contrat / réalité bénéficiaire. Circulariser le tiers concerné.
Rechercher le destinataire du règlement.

3.2.6 - Dotations et reprises :

Risques de fraude :
- Sous-évaluation des provisions
- Surévaluation des provisions

Approche d’audit :

Cas des provisions pour risques et charges :
Ce poste est sans aucun doute le plus délicat à appréhender puisque, outre les problèmes
d’évaluation des provisions, le Commissaire aux comptes n’a que très peu de garantie quant à
l’exhaustivité des risques couverts. En effet ces provisions n’ont pas pour objet de constater la
dépréciation d’un actif existant, identifié et comptabilisé, mais de couvrir un risque dont seul le
Dirigeant, ou son équipe connaît l’existence.

Face à cette difficulté, le Commissaire aux comptes agit en fonction du degré de confiance et du
sens de l’intégrité que lui inspire le Dirigeant.

Indépendamment de ces critères relationnels, le commissaire aux comptes doit :
- Circulariser les avocats,
- Analyser la procédure de recensement des litiges et contentieux,
- Analyser la procédure de recensement des engagements hors bilan,
- Demander une affirmation de l’exactitude de la provision enregistrée (ne devant être ni surévaluer, ni
sous-évaluer).

Notons qu’en matière de fraude, l’examen des engagements hors bilan s’avère nécessaire, car des
renseignements hors bilan peuvent donner des informations précieuses, s’ils ne sont pas falsifiés, sur les
personnes ou les entités qui ont été cautionnées.

Le commissaire aux comptes doit alors rapprocher ces engagements des contrats obtenus par l’entreprise
pour rechercher les complicités et les manipulations éventuelles.

3.2. 7 – Autres :

√ Le Commissaire aux comptes doit intégrer dans ces contrôles, par sondage, la vérification du
respect, par la société, de ces obligations fiscales et sociales en matière de déclaration et de versement
des droits dus. Pour cela, il pourra se baser sur l’antériorité fiscale et sociale de l’entreprise (conclusion
des contrôles).

√ Le Commissaire aux comptes doit s’assurer de l’existence des conventions interdites ou de
comptes courants débiteurs.

3.3 – REVUE FINALE DES COMPTES

Le Commissaire aux comptes doit effectuer une revue finale des comptes pour s’assurer que :

√ Dans leur ensemble, les comptes sont cohérents avec sa connaissance de l’entreprise, sa compréhension
des soldes comptables et des liens qui existent entre eux, et les éléments probants obtenus au cours de
l’audit.

√ Les règles et méthodes comptables utilisées pour établir les comptes, ainsi que tous les changements de
règles et méthodes comptables, sont appropriés et correctement décrits dans l’état annexé.

√ Les soldes et les informations donnés dans l’état annexé sont présentés en conformité avec les règles et
méthodes comptables retenues, les normes professionnelles ainsi que les dispositions légales et
réglementaires prévues par le référentiel comptable en place.
√ Il faut évaluer l’impact négatif qui peut résulter du non-respect des lois. Le Commissaire aux comptes
peut aider l’entreprise à appréhender ces problèmes et à prendre des précautions pour que leur impact
soit correctement évalué et réduit.

NB : Se référer au Chapitre 2 (“Le détournement des actifs”) de la deuxième partie de ce livre (“La
fraude au sein des Entreprises”) pour plus d’information sur le détournement des actifs de l’entreprise.
SECTION 4 : Travaux de fin de mission et de rédaction d’un rapport
exprimant l’opinion

4.1 – ÉVALUATION DES RÉSULTATS


Lorsque le Commissaire aux comptes procède à l’évaluation de l’ensemble des exactitudes dues à
une fraude ou erreur détectée au cours de ses travaux, il doit tenir compte de facteurs à la fois quantitatifs
et qualitatifs.

Selon d’une part la nature et le montant des inexactitudes identifiées, selon d’autre part la
probabilité qu’il existe d’autres inexactitudes non détectées, le Commissaire aux comptes doit répondre
aux deux questions suivantes :
√ L’étendue de l’audit était-elle suffisante pour lui permettre de tirer des conclusions
raisonnables, sur lesquelles il peut fonder son opinion ?
√ Les comptes contiennent-ils des inexactitudes significatives ?

S’il conclut que l’étendue de l’audit était insuffisante, il doit effectuer des travaux
supplémentaires. S’il conclut que les comptes contiennent des inexactitudes significatives, il doit
demander au client de corriger toutes les inexactitudes qui sont significatives, individuellement ou en
cumul avec d’autres inexactitudes.

Il peut s’agir d’inexactitudes chiffrables ou probables qu’il n’est pas en mesure de quantifier
précisément, compte tenu des éléments probants disponibles. Le Commissaire aux comptes exercera son
jugement professionnel, son expérience, dans certains cas, utilisera des techniques d’extrapolation
statistique, pour estimer les montants de ces inexactitudes.
Les inexactitudes probables comprennent particulièrement les inexactitudes résultant des
provisions et estimations comptables jugées non raisonnables.

Le commissaire aux comptes doit discuter des inexactitudes détectées résultant d’une fraude
(qu’elle soit significative ou non) avec la Direction de l’entreprise, au niveau approprié par rapport à la
nature et à l’importance de la fraude.

4.2 – AFFIRMATION DE LA DIRECTION


Le Commissaire aux comptes doit obtenir des affirmations appropriées de la Direction. Il doit
obtenir la preuve que les Dirigeants d’une part reconnaissent leur responsabilité dans la présentation
fidèle des comptes en conformité avec le référentiel comptable applicable, et d’autre part qu’ils ont
approuvé les comptes.

Lorsqu’une affirmation faite par les dirigeants est en contradiction avec d’autres éléments
probants, le Commissaire aux comptes doit en investiguer les raisons et, si nécessaire, s’interroger sur la
fiabilité des autres informations des Dirigeants.

Le Commissaire aux comptes doit également apprécier les conséquences d’une fraude et d’une
erreur significative lorsqu’il évalue la fiabilité des affirmations faites par les Dirigeants.

4.3 – RÉDACTION DE LA NOTE DE SYNTHÈSE


Une note de synthèse doit être établie à la fin de la mission. Elle est destinée à consigner les
principales constatations et conclusions sur tous les points importants concernant l’audit, les comptes et
la certification. Elle inclut notamment le sommaire des ajustements, les points en suspens ainsi que les
points pour le prochain exercice.

Elle permet de confirmer que tous les indices et tous les risques identifiés auront été couverts par
des procédures d’audit adéquates.

Les différents points relevés devront être appréciés afin d’en tirer les conséquences sur l’attitude
à adopter. Le Commissaire aux comptes devra former définitivement son opinion et en choisir les
modalités d’expression. Les questions que le Commissaire aux comptes sera amené à se poser sont :
√ La nature des erreurs et irrégularités relevées ou des faits délictueux rencontrés.
√ L’importance relative des ces éléments.

Les irrégularités afférentes à des exercices antérieurs mais non relevés les années précédentes
seront signalées en respectant, toutefois, le caractère de l’importance significative. Ces irrégularités
portent généralement sur des comptes de bilan ou sur des traitements comptables erronés.

4.4 – RÉDACTION DU RAPPORT EXPRIMANT L’OPINION

Le commissaire aux comptes doit analyser l’incidence éventuelle de la fraude et/ou l’erreur sur
son rapport. Si à l’issue de sa mission, le commissaire aux comptes arrive à la conclusion qu’en raison
de fraudes, les comptes annuels nécessitent une modification que les Dirigeants refusent de faire, il ne
doit pas donner son opinion sans réserve.

Il doit préparer un rapport adapté aux circonstances de la mission et conforme tant aux normes
professionnelles qu’aux dispositions légales applicables.

Lorsqu’il est confronté à l’une des situations suivantes :
Les soupçons concernant une éventuelle fraude n’ont pas été écartés par les résultats des procédures et
actions mises en œuvre et/ou ce problème n’a pas fait l’objet d’une présentation ou d’une correction
adéquate dans les comptes.
Le non-respect des lois ou des règlements applicables a une incidence significative sur les comptes, et
n’a pas fait l’objet d’une présentation adéquate dans les comptes.

Le Commissaire aux comptes doit s’interroger sur les éventuelles conséquences au niveau de son
rapport et déterminer les mesures appropriées à prendre. Il doit, probablement, porter à la connaissance
du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance les irrégularités et inexactitudes
découvertes.

Le rapport du Commissaire aux comptes aboutira selon les circonstances à :

- une certification sans réserve des états financiers ;
- une certification des états financiers avec réserve ;
- et un refus de certification des états financiers.


Conclusion du chapitre :

Nous devons rappeler deux principes essentiels :
Dans le contexte d’un audit financier, le Commissaire aux comptes
organise ses contrôles de façon à obtenir une assurance raisonnable de
détecter les inexactitudes significatives dans l’information financière. Il
procède par voie de sondages, selon l’approche par les risques.

En cas de détection de fraude, le Commissaire aux comptes doit
considérer un certain nombre de points, dans le cadre d’une approche par
les risques, et décider soit de poursuivre sa mission soit démissionner de ses
fonctions. Sa décision dépend, dans une large mesure, des mesures prises
par l’entreprise pour mettre fin à la fraude.








Chapitre III: Le
Commissaire aux
Comptes
SECTION 1: Obligations du Commissaire aux comptes.

Les obligations du commissaire aux comptes, au-delà des obligations de leur mission
(certification, contrôle …), sont de natures diverses : le Commissaire aux comptes, de même que ses
collaborateurs, sont soumis au respect d’un certain nombre d’obligations.

Le Commissaire aux comptes est tenu au respect de ces obligations au risque de voir sa
responsabilité civile, voire pénale, engagée.

Ces obligations sont les suivantes :
- l’obligation de contrôle ;
- l’obligation d’information ;
- l’obligation d’alerte ;
- l’obligation de révélation des faits délictueux ;
- l’obligation au secret professionnel.

1.1 – OBLIGATION DE CONTRÔLE

Le Commissaire aux comptes a pour mission permanente, à l’exclusion de toute immixtion,


dans la gestion de :

- vérifier la valeur, les livres et les documents comptables de la société,
- contrôler la conformité de la comptabilité aux règles en vigueur,
- vérifier la sincérité et la concordance avec les états de synthèse des informations données dans le
rapport de gestion du conseil d’administration (ou du directoire) et dans les documents adressés aux
actionnaires sur le patrimoine de la société, la situation financière et ses résultats.

1.2 – OBLIGATION D’INFORMATION


L’obligation d’information liée au contexte de fraude peut être distinguée en deux (2) catégories :
l’information des Dirigeants sociaux et l’information des actionnaires.

L’information des Dirigeants sociaux :
Le Commissaire aux comptes doit porter à la connaissance du conseil d’administration (ou du
directoire et conseil de surveillance) les renseignements suivants :
Les contrôles et vérifications auxquels il a procédé et les sondages auxquels il s’est livré ;
Les observations sur les modifications lui paraissant devoir être apportés aux postes du bilan et autres
documents comptables en faisant une observation utile sur les méthodes d’évaluation utilisées pour
l’établissement de ces états ;
Les irrégularités et inexactitudes qu’il aurait découvertes ;
Les conclusions auxquelles conduisent les observations et rectifications sur le résultat de l’exercice
comparé à ceux du précédent exercice ;
Tous faits lui paraissant délictueux dont il a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions.

L’information des actionnaires :
Le Commissaire aux comptes doit présenter aux assemblés généraux des actionnaires différents
rapports à diverses occasions, notamment :
• Rapport général : opinion sur les comptes ;
• Rapport spécial : sur les conventions ;
• Autres rapports et attestions au moment de la suppression du droit préférentiel, émission d’obligations
convertibles en actions, émission de certificats d’investissement, réduction de capital, transformation de
la société, augmentation de capital par compensation avec les créances.

1.3 – OBLIGATION D’ALERTE

Le Commissaire aux comptes doit déclencher la procédure d’alerte dès qu’il découvre que la
continuité d’exploitation de l’entreprise est menacée. La compagnie nationale des Commissaires aux
comptes a présenté les critères d’appréciation de la continuité d’exploitation, ces critères sont de trois
ordres :

a - Critères fondés sur la situation financière :
Ils concernent essentiellement, directement ou indirectement, la situation financière et la
trésorerie et, à travers elle, la solvabilité de l’entreprise.

b - Critères fondés sur l’exploitation tels que :
- Capacité d’autofinancement négative ;
- Pertes de marchés importants ou disparitions de sources de revenu ;
- Pertes de licences, fin de contrat, rupture d’approvisionnement.

c - Autres critères :
Par exemple :
- Conflits sociaux, départ de personnes indispensables ;
- Destruction de l’outil de production ou catastrophes naturelles ;
- Changement de lois ou règlements, etc.

Le Commissaire aux comptes devra aussi tenir compte de tout élément venant compenser ces aspects
négatifs tels que : refinancement par la rentrée de nouveaux associés, cession d’éléments d’actifs hors
exploitation, suppression de secteurs d’activité déficitaires, possibilité de réduction des frais de
structure.

1.4 – OBLIGATION DE RÉVÉLATION DE FAITS DÉLICTUEUX


Lorsque le Commissaire aux comptes relève des irrégularités ou inexactitudes, il met en œuvre
les diligences nécessaires pour en apprécier la nature et l’importance. Ces irrégularités ou inexactitudes
peuvent être relevées lors des contrôles entrant dans le cadre de la mission du Commissaire aux comptes
ou être portées à la connaissance de ce dernier en dehors des contrôles. Le Commissaire aux comptes
doit, sous peine de sanctions pénales, révéler au conseil d’administration (directoire et conseil de
surveillance) les faits délictueux dont il a eu connaissance dans l’exercice de sa mission.

1.5 – SECRET PROFESSIONNEL


En contrepartie de son très large droit d’accès aux documents de l’entreprise qu’il contrôle, le
Commissaire aux comptes est tenu au secret professionnel. Ce secret s’étend aux collaborateurs et aux
experts ayant assisté le Commissaire aux comptes dans l’accomplissement de sa mission. Il vise tous les
faits, actes ou renseignements, dont il a pu avoir connaissance en raison de ses fonctions.
SECTION 2: Responsabilités du Commissaire aux comptes.

La responsabilité de l’auditeur est une obligation de moyens, dans un cadre largement inspiré en
France par les responsabilités définies plus précisément au niveau du Commissaire aux comptes :

2.1 – RESPONSABILITÉ CIVILE

Les Commissaires aux comptes sont responsables, tant à l’égard de la société que des tiers, des
conséquences dommageables, des fautes et négligences qu’ils ont pu commettre dans l’exercice de leurs
fonctions ; il faut cependant qu’il y ait eu un préjudice lié directement à la faute ou à la négligence.

C’est pourquoi ces trois éléments doivent nécessairement exister, pour que la responsabilité
du Commissaire aux comptes soit mise en cause :
Une faute ;
Un préjudice ;
Un lien de causalité suffisamment direct entre la faute et le préjudice.

La notion de faute :
Le Commissaire aux comptes a une obligation de moyens, en cas de problème, référence est faite
à l’obligation générale qui découle du statut professionnel. La notion de diligence s’apprécie en tenant
compte des normes publiées par la profession.

Les fautes pouvant engager la responsabilité du Commissaire aux comptes sont très variées,
compte tenu de l’extrême diversité des missions. Il s’agira tantôt d’un défaut ou d’une insuffisance de
contrôle due à une négligence ou une incompatibilité technique, tantôt d’appréciations inexactes ou
injustifiées concernant les comptes et les renseignements donnés par les Dirigeants aux actionnaires ou
aux associés sur la situation de la société.

Le contrôle des comptes est la mission essentielle du Commissaire aux comptes, la certification
est l’aboutissement logique des vérifications et contrôles qu’il a effectué. La faute du commissaire aux
comptes est ainsi retenue lorsqu’il n’a pas décelé une irrégularité provenant d’une fraude alors qu’une
diligence normale aurait permis de la découvrir. En revanche, la responsabilité du Commissaire aux
comptes ne peut être retenue lorsqu’il a procédé par sondages et que rien ne lui permettait de soupçonner
l’existence d’une irrégularité ou fraude qui l’aurait obligé à pousser plus loin ses investigations. Il est
indiscutable que le Commissaire aux comptes soit soumis à ce niveau à une obligation de moyen. Le seul
défaut de régularité ou sincérité, dû ou non à une fraude, ne suffit pas pour engager la responsabilité du
Commissaire aux comptes, le demandeur doit aussi établir un défaut de diligence dans les moyens mis en
œuvre au cours de ses contrôles.

Le préjudice :
En application du droit commun de la responsabilité civile, le demandeur doit apporter la preuve
du dommage que lui a causé la faute du Commissaire aux comptes. Le dommage doit être certain, direct et
porter atteinte à un droit acquis. Le plus souvent le dommage est matériel.

Le lien de causalité :
La responsabilité du Commissaire aux comptes ne peut être retenue que si le demandeur prouve
l’existence d’une relation de cause à effet entre la faute et le dommage. Cette preuve est difficile à
apporter, car le plus souvent c’est la non mise en œuvre des diligences nécessaires, eu égard aux normes
de la profession, qui est à l’origine du dommage. En outre le Commissaire aux comptes n’étant tenu que
d’une obligation de contrôle avec une interdiction de s’immiscer dans la gestion de la société contrôlée,
il ne sera généralement pas le seul auteur du préjudice.

Lorsque le Commissaire aux comptes et les Dirigeants ont commis des fautes, chacun doit
répondre à ses manquements. Les Dirigeants ne peuvent échapper à leur responsabilité au motif que leurs
fautes de gestion ont pour cause l’absence de contrôle du Commissaire aux comptes, et le Commissaire
aux comptes ne peut échapper à sa responsabilité en invoquant l’incompétence ou la mauvaise foi des
Dirigeants.
Ils sont solidairement responsables du dommage. On parle d’une responsabilité proportionnelle.

Cette solidarité est soit :
Parfaite : si le Commissaire aux comptes est le complice d’une infraction commise par les Dirigeants ;
Imparfaite : si ayant connaissance d’une infraction, le commissaire aux comptes ne l’a pas révélée à
l’assemblée.

2.2 – RESPONSABILITÉ PÉNALE


Les Commissaires aux comptes peuvent voir leur responsabilité pénale retenue dans les cas suivants
(hors les cas de non-révélation des faits délictueux au Procureur de la République et de rapport général
incomplet) :
informations mensongères sur la situation de la société ;
non-respect du secret professionnel pour tous les faits, actes ou renseignements dont ils ont pu avoir
connaissance ;

La faute pénale du Commissaire aux comptes ne peut être retenue que s’il a été prouvé l’élément
intentionnel de sa part, la volonté délibérée, la mauvaise foi, ou plus généralement la connaissance des
faits.

2.3 – RESPONSABILITÉ DISCIPLINAIRE


Applicable aux Commissaires aux comptes, dans les conditions prévues par la profession et
pouvant entraîner des sanctions : l’avertissement, le blâme, la suspension provisoire et la radiation de
l’ordre des experts comptables. Contrairement aux règles de la responsabilité civile et pénale qui ne
concernent que l’exercice de la mission, elle s’attache à tout membre de la profession de Commissaires
aux comptes dans l’exercice de sa vie professionnelle ou privée. La responsabilité disciplinaire du
Commissaire aux comptes ne vise pas la réparation du préjudice causé à la profession, elle a plutôt un
caractère de sanction et répression, et une finalité de dissuasion.

Discipline professionnelle :
Constituent une faute professionnelle passible d’une peine disciplinaire : toute infraction aux lois,
règlements et règles professionnelles ; toute négligence grave ; défaut de révélation de faits délictueux ;
violation du secret professionnel; tout fait contraire à la probité et à l’honneur ; commis par un
Commissaire aux comptes, même en dehors de ses fonctions.
SECTION 3: Cessation des fonctions du Commissaire aux comptes.

Les Commissaires aux comptes ont besoin d’une certaine stabilité de leurs fonctions dans le cadre
des missions de Commissariat aux comptes. En effet, les Commissaires aux comptes ne peuvent exercer
leurs fonctions de manière efficace que s’ils jouissent d’une certaine stabilité. D’une part en effet, le
contrôle et la certification des comptes d’un exercice supposent des comparaisons avec les résultats des
exercices antérieurs. Celles-ci sont facilitées si le même Commissaire reste en place pendant plusieurs
années. D’autre part, la révision oblige parfois le Commissaire aux comptes à prendre des positions qui
déplaisent aux Dirigeants. Le Commissaire aux comptes doit donc être garanti contre des mesures de
rétorsion consistant, soit à le révoquer de façon arbitraire, soit à mettre des obstacles à sa réélection.

3.1 – LES CAUSES DE LA CESSATION DES FONCTIONS DU


COMMISSAIRE AUX COMPTES
Nombreuses sont les causes de la cessation des fonctions du Commissaire aux comptes, ce sont
entre autres :

3.1.1 – L’arrivée du terme :
Les fonctions du Commissaire aux comptes prennent fin par l’arrivée du terme, c’est-à-dire au
bout de six ans. Le mandat du Commissaire aux comptes est indéfiniment renouvelable et ce
renouvellement se fait par décision de l’assemblée générale. Lorsque les Dirigeants ne proposent pas le
renouvellement du Commissaire aux comptes, celui-ci a la faculté d’être entendu par l’assemblée
générale concernant les raisons du non-renouvellement.

3.1.2 – La révocation :
Exceptionnellement les fonctions du Commissaire aux comptes prennent fin par suite d’une
révocation désignée aussi parfois par le terme de relèvement. En France, afin de garantir l’indépendance
du commissaire, on subordonne la validité de la révocation à deux (2) conditions :
- d’une part, la révocation ne peut intervenir pour n’importe quel motif. Elle suppose une faute ou
empêchement.
- D’autre part, la révocation n’est pas de la compétence de l’assemblée générale, qui a pourtant nommé le
c
- Commissaire aux comptes. En France, elle est prononcée par le président du tribunal de commerce.
L’action en révocation ou en relèvement est intentée soit par les dirigeants, soit par l’assemblée générale,
soit par le comité d’entreprise, soit par des actionnaires minoritaires.

3.1.3 – La récusation judiciaire :
Le Commissaire aux comptes peut faire l’objet d’une récusation. Celle-ci permet d’écarter le
Commissaire aux comptes, suspecté de manquer de compétence (malgré son inscription sur la liste
professionnelle) ou surtout d’impartialité et d’indépendance à l’égard des actionnaires minoritaires et des
dirigeants.

3.14. – Autres causes :
Les fonctions du Commissaire aux comptes cessent en cas de démission. Le Commissaire doit
démissionner lorsqu’il se trouve empêché d’accomplir sa mission soit pour une raison d’ordre juridique,
comme la survenance d’une incompatibilité, soit pour un motif d’ordre matériel, notamment la maladie.

Le Commissaire peut également démissionner pour convenances personnelles, notamment s’il ne peut
pas obtenir des honoraires suffisants ou si ses relations avec les dirigeants se dégradent.

Mais il doit respecter trois principes. D’une part, il ne doit pas agir à contretemps, c’est-à-dire qu’il
doit en principe attendre la réunion de la plus prochaine assemblée générale. D’autre part, le simple fait
de se heurter à la mauvaise volonté des dirigeants ne justifie pas une démission immédiate, car ce serait
une solution facile.

Le commissaire aux comptes doit commencer par tenter de surmonter les obstacles qu’il rencontre.
C’est seulement s’il n’y parvient pas qu’il peut démissionner. Enfin, il doit donner un préavis
raisonnable.

3.2 – LES CONSÉQUENCES DE LA CESSATION DES


FONCTIONS DU COMMISSAIRE AUX COMPTES
Pendant les cinq (5) années qui suivent la cessation de leurs fonctions, les Commissaires aux comptes ne
peuvent devenir administrateurs, directeurs généraux ou membres du directoire de la société qu’ils
contrôlaient ou des sociétés du groupe. Cette incompatibilité a pour objet d’éviter que les dirigeants
n’endorment la vigilance du Commissaire aux comptes en lui promettant de le désigner à des fonctions
fort lucratives dès que son mandat aura cessé.
SECTION 4 : Les facteurs limitatifs de la mission du Commissaire
aux comptes, altérant l’efficacité de la détection et de la prévention de
la fraude.

Une mission d’audit des états de synthèse a pour objectif de permettre à l’auditeur d’exprimer une
opinion selon laquelle les états de synthèse ont été établis, dans tous leurs aspects significatifs, à un
référentiel comptable conformément identifié et qu’ils traduisent, d’une manière régulière et sincère, la
situation financière de la société, ainsi que le résultat de ses opérations et le flux de sa trésorerie.

Pour ce faire, l’auditeur met en œuvre un référentiel de travail à même de lui permettre de
rassembler des éléments probants nécessaires pour tirer des conclusions sur lesquelles se fonde son
opinion.

L’opinion de l’auditeur renforce la crédibilité des états de synthèse, en fournissant une assurance
élevée, mais non absolue. L’assurance absolue en audit ne peut exister, en raison de nombreux facteurs,
tels que l’utilisation de la technique des sondages, les limites inhérentes à tout système comptable et de
contrôle interne, le recours au jugement et le fait que la plupart des informations probantes à la
disposition de l’auditeur conduisent, par nature, davantage à des déductions qu’à des convictions.

4.1 – LIMITES IMPOSÉES PAR L’UTILISATION DES


TECHNIQUES DE SONDAGES
En raison de l’impossibilité matérielle de vérifier l’exhaustivité des opérations, l’auditeur met en
œuvre tous les moyens qui lui permettent d’acquérir une assurance raisonnable ; dès lors, le sondage
occupe une place primordiale dans son travail. La sélection des éléments à analyser est à la fois fondée
sur l’expérience de l’auditeur et sur la technique du sondage, qui doit s’inscrire dans le cadre d’une
démarche méthodique.

Le sondage consiste à appliquer une procédure de contrôle à une partie limitée (l’échantillon)
d’un ensemble d’éléments (la population). La population peut être, en audit, un solde de compte ou toute
autre catégorie d’objets. Les résultats obtenus sur l’échantillon contrôlé doivent être susceptibles d’être
extrapolés à l’ensemble de la population, objet du contrôle, pour aboutir à une conclusion sur le risque
d’erreur.

Les sondages sont utilisés dans les deux grandes phases de la mission d’audit que sont
l’évaluation du contrôle interne et le contrôle de comptes. Chacune de ces phases implique un
chiffrage des constats effectués par l’auditeur :
Celui du risque d’erreur lié aux faiblesses relevées dans le contrôle interne pour traiter les flux,
Celui du risque d’erreur dans la valorisation des comptes.

Les sondages comportent nécessairement une marge d’erreur, car ils sont fondés sur
l’extrapolation ou l’estimation. La difficulté pour l’auditeur est d’apprécier l’importance de celui-ci afin
d’aboutir à une marge d’erreur acceptable, au regard de l’objectif recherché. Une judicieuse sélection de
l’échantillon du sondage conditionnera le succès de celui-ci.

4.2 – LIMITES IMPOSÉES PAR L’UTILISATION DU SEUIL DE


SIGNIFICATION

La notion de seuil de signification concerne les éléments qui, soit individuellement, soit pris dans
leur ensemble, ont une incidence sur la fidélité de l’image donnée par les états financiers.
L’auditeur est conduit, compte tenu de la taille de l’entreprise, à définir un seuil de signification
au-dessous duquel les erreurs ou risques d’erreurs relevés ne sont pas de nature à remettre en cause la
régularité et la sincérité des états financiers sur lesquels il est amené à porter une opinion.

a- La détermination du seuil de signification :
Pour déterminer le seuil de signification, plusieurs éléments de référence peuvent être utilisés. Les
éléments de référence communément admis sont :
Les capitaux propres ;
Le résultat net ;
Le résultat courant ;
Les produits d’exploitation ;
Un ou plusieurs postes ou informations des états de synthèse.

b- La notion de l’importance significative :
Elle fait appel à une appréciation par l’auditeur de l’importance de la valeur ou des conséquences
éventuelles de l’anomalie eu égard aux niveaux des résultats de l’entreprise, de sa situation nette ou de la
rubrique des états de synthèse qu’elle concerne.

Ainsi, une anomalie représentant 5% à 10% et plus du chiffre d’affaires de l’entreprise est jugée
significative sans que cela ne constitue une règle. Pour procéder à cette appréciation, l’auditeur use de
toute son expérience et des recommandations de la profession. En cas de besoin, il peut requérir à l’avis
d’autres confrères ou d’autres experts pour être conforté dans son appréciation.

4.3 – LIMITES IMPOSÉES PAR LES FAILLES DU CONTRÔLE


INTERNE

Le meilleur moyen de prévention contre la fraude est un contrôle adapté. Or, l’existence d’un système de
contrôle interne au sein de l’entreprise ne constitue pas généralement une garantie absolue contre le
risque de fraude. En effet, ce système se heurte à des limites qui réduisent son efficacité pour la
prévention et la détection de la fraude.

Les principales failles du contrôle interne sont :

a- La fraude managériale :
Le contrôle interne est mis en place par la Direction pour « contrôler » les opérations effectuées
par les subordonnés. Les fraudes commises par les membres de la Direction sont « au dessus » des
procédures de contrôle interne, et cela est dû en grande partie au non-respect, dans la majorité des
entreprises, du principe d’universalité du contrôle interne (voir le chapitre 2 – les outils utilisés par la
Direction pour prévenir et détecter la fraude – dans la troisième partie).

Les Dirigeants et les cadres supérieurs acceptent rarement d’être contrôlés, car cela signifie leur
accusation pour actes frauduleux et l’absence de confiance en leur intégrité. La notion d’universalité du
contrôle interne n’est pas acceptée par cette catégorie de personnel, ils sont au-dessus des soupçons de
fraudes ou d’erreurs.

b- La collusion :
Le meilleur système de contrôle interne ne peut pas éviter la collusion. Le contrôle réciproque
des tâches a pour objectif d’interdire les fraudes et détournements opérés par un membre du personnel en
évitant qu’une même personne ne contrôle l’ensemble des tâches d’un circuit donné. Mais l’entente entre
deux (ou plusieurs) personnes qui sont impliquées dans une même procédure peut permettre la réalisation
d’une malversation.

c- Les dysfonctionnements :
Les membres du personnel peuvent mal interpréter les instructions et leur jugement peut être
défaillant. Ils peuvent commettre des erreurs par manque d’attention ou à cause de la routine. Un
responsable des services comptables chargé d’enquêter sur les anomalies peut oublier de le faire ou ne
pas poursuivre son enquête suffisamment loin pour prendre les mesures appropriées. Un personnel
intérimaire, exécutant des fonctions de contrôle en remplacement d’employés malades ou en vacances,
peut ne pas s’acquitter convenablement de ses tâches. Des changements dans les systèmes peuvent être
introduits avant que le personnel n’ait reçu la formation nécessaire pour réagir correctement aux premiers
signes d’un dysfonctionnement.

d- Le coût du contrôle interne :
Certaines dispositions et procédures de contrôle interne, pourtant recommandées ou adaptées au
cas d’une entreprise, ne sont pas mises en vigueur en raison de leur coût estimé inadéquat avec ses
retombées, rendant ainsi l’environnement de contrôle plus vulnérable à la fraude.


Conclusion du chapitre :

Tout audit est soumis au risque inévitable de non détection
d’anomalies significatives dans les états de synthèse, même s’il a été
correctement planifié et exécuté selon les normes requises. Le risque de non
détection d’une anomalie significative résultant d’une fraude est plus grand
que celui résultant d’erreur, car la fraude implique généralement un acte
visant à la dissimuler. Même si l’existence d’un système de contrôle interne
efficace réduit le risque d’anomalie dans les états de synthèse, lié à une
fraude ou à une erreur, le risque de défaillance des contrôles internes n’est
jamais exclu.

Par ailleurs, même un système comptable et de contrôle performant
risque de ne pas détecter une fraude impliquant la collision d’employés ou
une fraude commise par la Direction.
Le Commissaire aux comptes engage sa responsabilité sur des
informations financières lorsqu’il rédige un rapport sur lesdites informations
ou autorise l’utilisation de son nom lors de leur publication. Si l’auditeur
ne s’est pas engagé de cette manière, les tiers ne peuvent en aucun cas le
tenir pour responsable.

S’il apprend que l’entité utilise à tort son nom pour cautionner des
informations financières, il peut exiger qu’elle cesse de le faire et envisager
de prendre les mesures appropriées qui s’imposent, par exemple informer
les tiers utilisant lesdites informations que son nom a été associé à tort à ces
informations. L’auditeur peut également envisager de prendre d’autres
mesures, par exemple obtenir une consultation juridique.

Si les dirigeants sociaux commettent des fautes, la responsabilité
qu’ils encourent n’entraîne pas ipso facto celle de l’auditeur ou
Commissaire aux comptes et ne peut se confondre avec elle.
LA FRAUDE AU SEIN
DES
ENTREPRISES, LE
ROLE DE LA
DIRECTION ET DES
SALARIES
DANS LA PREVENTION
ET LES
OUTILS A UTILISER






Chapitre I: Notion de
fraude


Introduction :

La fraude est devenue aujourd’hui un effet de mode, elle existe dans les organisations et
entreprises, même si celles-ci ont mis en place tous les contrôles nécessaires pour sa prévention et sa
détection. En réalité, ses contrôles n’éliminent pas la fraude, elles l’atténuent et constituent le plus
souvent des moyens de dissuasion.


Dans l’entreprise, la prévention et la détection de la fraude concernent tous les travailleurs
(simples employés, cadres moyens, cadres hiérarchiques…) :

La Direction a pour rôle de réduire au maximum toute possibilité de fraude par la mise en place de
procédures de contrôle interne efficaces, d’un service d’audit interne autonome et d’un comité d’audit.

Les salariés de l’entreprise ont l’obligation de dénoncer toute fraude dont ils ont pu avoir connaissance
ou découvert lors de l’exécution de leurs travaux. Mais à qui faut-il dénoncer cette fraude dans
l’entreprise ?

Ce chapitre traite :

non seulement du rôle et de la responsabilité de la Direction et de l’ensemble des salariés dans la
prévention et la détection de la fraude ;
mais aussi des outils que doit utiliser la Direction d’une entreprise pour limiter le risque de fraude.

Le travail du Commissaire aux comptes dépend en grande partie de l’existence, la fiabilité et
l’efficacité des outils mis en place par la Direction :

il allège ses contrôles en face de procédures de contrôle interne adaptées, efficaces et bien
appliquées ;

et il augmente ses contrôles lorsqu’il est en présence de procédures de contrôle interne insuffisant ou
comportant des défaillances pouvant permettre facilement la réalisation de fraude.
SECTION 1 : Définition de la fraude.

La fraude est une action consistant à tromper, à nuire à autrui ou à tourner une règle de droit ou
une prescription légale par un comportement subtil. Le terme fraude désigne un acte volontaire commis
par une ou plusieurs personnes (Dirigeants, employés ou tiers) et qui engendre des pertes financières pour
l’entreprise et/ou une altération de l’image fidèle de ses états financiers.

Selon l’A.I.C.P.A (American Institute of Certifïed Public Accountant), les éléments constitutifs
d’une fraude sont au nombre de quatre :

Fausses déclarations ou fausses présentations,
Connaissance par le fraudeur du caractère inexact des déclarations,
Confiance accordée par les victimes,
Dommages causés à la victime.

On distingue généralement la fraude des Dirigeants et la fraude des employés. La fraude des
Dirigeants porte généralement sur la falsification des informations financières. La fraude des employés
est généralement le détournement d’actifs.

Le Commissaire aux comptes doit porter à la connaissance du conseil d’administration ou du
directoire et du conseil de surveillance aussi souvent que nécessaire :
- les irrégularités et inexactitudes qu’il aurait découvertes ;
- tous faits lui paraissant délictueux, dont il a eu connaissance dans l’exercice de sa mission.

Par ailleurs, il convient de différencier les notions de faits délictueux, d’irrégularité et d’inexactitude, car
étant sources et signaux de fraudes, ils peuvent avoir des conséquences sur l’exercice des fonctions du
Commissaire aux comptes.

1.1 – FAITS DÉLICTUEUX


Parmi les faits délictueux, certains peuvent être classés parmi les cas de fraudes tels que définis ci-
dessous. Il s’agit de :
√ La distribution des dividendes fictifs dans la mesure où les éléments constitutifs d’une fraude
sont réunis,
√ La falsification des états financiers,
√ L’abus de pouvoir dans la mesure où il permet de faire bénéficier directement ou indirectement
des particuliers au détriment de l’entreprise.

1.2 – LES IRRÉGULARITÉS


Il s’agit de toute action ou omission qui viole :
• La loi applicable aux sociétés anonymes,
• Les principes et usages comptables,
• Les dispositions des statuts ;
• Les résolutions de l’assemblée national,
• Les décisions du conseil d’administration.

Cette liste n’est pas limitative dans le sens où elle devait au moins s’étendre à toute violation des textes
réglementaires de base régissant les entités autres que les sociétés commerciales, ainsi que les autres lois
ou textes réglementaires qui leur sont applicables.

1.3 – LES INEXACTITUDES


L’inexactitude peut être définie comme la traduction comptable ou juridique d’un fait, non
conforme à la réalité.

PAR EXEMPLE :
- erreurs de calcul,
- erreurs d’écriture,
- inexactitude dans les informations données par le conseil d’administration ou la gérance.

1.4 – DIFFÉRENCE ENTRE FRAUDE ET ERREUR

Contrairement à l’erreur, la fraude profite à son auteur. C’est l’élément intentionnel qui prime. La
personne qui viole sciemment les textes de lois ou falsifie certains documents procède ainsi afin d’en
tirer profit.

Les erreurs (fautes involontaires) peuvent résulter :
D’une fraude commise dans la collecte ou le traitement des données comptables à partir
desquelles les états financiers sont établis,
D’une estimation comptable erronée résultant d’un oubli ou d’une mauvaise interprétation des
faits,
D’une interprétation trop libre des principes comptables (mauvaises applications des
évaluations) eu égard à un moment, à un classement, à un mode de présentation ou aux informations à
fournir.

SECTION 2 : Sources de motivation du fraudeur.

Les fraudeurs ont existé de tout temps et dans toutes les entreprises. Les facteurs qui poussent les
fraudeurs à agir (frauder ou détourner) sont nombreux et variables. Quel que soit le type de fraude, les
facteurs motivant les fraudeurs peuvent être regroupés en trois principaux facteurs.

La fraude au sein des entreprises résulte de trois facteurs principaux :
o Les pressions personnelles ou professionnelles,
o Les opportunités de réaliser la fraude sans être détecté,
o L’auto-justification de la fraude.

2.1 – PRESSIONS PERSONNELLES OU PROFESSIONNELLES


a- Les pressions personnelles :
Les pressions personnelles qui peuvent pousser un membre du personnel de l’entreprise à
commettre la fraude s’inscrivent dans l’une des trois grandes catégories suivantes :

Pressions financières majeures (niveau de vie supérieur au revenu ou un surendettement)
notamment causé par :
• Le changement de la situation familiale,
• Le changement de style de vie,
• Des pertes financières (sur les opérations de bourse par exemple),
• La passion des jeux et/ou la drogue.
Les pressions environnementales ou familiales pour le succès.
La volonté de vaincre le système de contrôle interne en place.

b- Les pressions professionnelles :
Les pressions professionnelles se rencontrent généralement dans les cas de la fraude managériale
(fraudes commises par les Dirigeants). Les principales sources de ces pressions professionnelles sont :
L’insatisfaction professionnelle qui résulte soit de l’existence d’une différence de traitement entre le
personnel (rémunération, promotion…),
L’impossibilité d’atteindre des objectifs. Ce cas est fréquent dans les entreprises qui ont des
contraintes budgétaires strictes et difficiles à atteindre par la Direction,
La difficulté de communication avec la hiérarchie. Ce blocage de communication crée une
insatisfaction chez le personnel et aussi la réalisation d’opérations sans l’accord du niveau supérieur,
La volonté de masquer une incompétence.

2.2 – L’OPPORTUNITÉ DE RÉALISATION DE LA FRAUDE

L’opportunité de réaliser la fraude au sein de l’entreprise est liée principalement à deux éléments :

• La possibilité matérielle de commettre la fraude : cette possibilité est plus forte dans une entreprise
qui ne dispose pas d’un système de contrôle interne. En effet, en absence de règles et procédures de
contrôle permettant de créer le blocage psychologique chez les fraudeurs, la possibilité de réalisation de
la fraude devient plus importante.

• Le sentiment par le fraudeur qu’elle ne serait pas découverte : ce sentiment découle aussi de
l’absence d’un système de contrôle interne efficace et connu dans l’organisation et de l’absence de plan
de réponse à la fraude (sanctions, poursuite judiciaire…) communiqué à l’ensemble du personnel de
l’entreprise.

L’opportunité peut être réelle ou perçue :

L’opportunité est réelle en l’absence de dispositif de contrôle interne efficace contre la fraude et connu
de tout le personnel,
L’opportunité est perçue en l’existence d’un système de contrôle interne mais qui souffre de faiblesses
apparentes connues par le fraudeur, ou en cas de méconnaissance des procédures de contrôle interne.

2.3 – L’AUTO-JUSTIFICATION DE LA FRAUDE (la rationalisation


de l’acte frauduleux)
C’est le raisonnement utilisé par les fraudeurs pour apaiser leur conscience. Pour cela, les
fraudeurs disposent d’arguments pour justifier la fraude commise. Les arguments les plus utilisés sont les
suivants :

• J’ai juste emprunté ces fonds. Je vais les rendre ;
• Je ne fais de mal à personne ;
• Tout le monde est un peu malhonnête ;
• C’était pour une bonne cause ;
• Ce n’est pas si grave ;
• Tout le monde fait pareil ;
• Ce n’est rien comparé à ce que j’ai fait gagner à la société ;

2.4 – COMMENT PENSENT LES FRAUDEURS



Le fraudeur, motivé par les sources de motivation citées plus haut, élabore une stratégie de fraude et
évalue les chances de réussite de l’acte frauduleux :

- S’il y a un risque d’être découvert (système de contrôle interne très performant), il abandonne l’idée de
commettre la fraude ;
- Sinon (système de contrôle interne très défaillant), il commet la fraude.


NB : Si le fraudeur évalue que le système de contrôle interne est performant, il revoit sa stratégie de
fraude (élaboration d’un nouveau plan de fraude) avant de commettre la fraude.
SECTION 3 : Typologie des fraudes

3.1 – LES TYPES DE FRAUDES


Selon la recommandation N° 11 de l’I.F.A.C (International Federation of Accountant), sont
considérés comme fraude :

• La manipulation, la falsification ou altération de la comptabilité et des documents,
• Le détournement d’actifs,
• La suppression ou l’omission de l’incidence de certaines opérations dans la comptabilité ou dans les
documents,
• L’enregistrement d’opérations sans fondement,
• L’application incorrecte de la politique d’arrêt des comptes,


Sont aussi comprises dans la catégorie des fraudes :

Les supercheries : les artifices de comptabilité, la falsification ou la modification de documents ou de
registres comptables,

Les déclarations trompeuses ou l’omission intentionnelle de faits, d’opérations ou d’autres
informations significatives,

Les applications intentionnelles erronées de principes comptables eu égard à un montant, à un
classement, à un mode de présentation ou aux informations à fournir.

Selon la norme américaine SAS N° 82 de L’A.I.C.P.A (American Institute of Certifîed Public
Accountant), deux grands types de fraude sont identifiés :

o Établissement frauduleux d’états financiers
o Détournement d’actifs


3.1.1 – Établissement frauduleux d’états financiers :
La falsification de situation n’entraîne pas la perte de biens, mais repose plutôt sur une
présentation délibérément erronée de la situation financière ou des résultats (présentation de faux bilans,
faux en écriture). Ce type de fraude est généralement commis par la Direction, d’où le fait que le contrôle
interne ne constitue pas une protection contre ce genre de fraude.

3.1.2 – Détournement d’actifs :
Ce type de fraude est couramment utilisé dans les entreprises, elle consiste à transférer un bien de
l’entreprise à celui d’une personne. Le transfert peut porter sur les biens corporels ou incorporels
(fichiers de formules, documents d’ordre stratégiques). Pour arriver à ses fins, l’auteur du délit pourra
avoir recours à divers moyens : vol physique, copie de données sensibles, introduction de fausses
factures, imitation de signatures…






Chapitre II:
Responsabilité de la
Direction et des salariés
SECTION 1 : Responsabilité de la Direction dans la prévention et la
détection de la fraude.

La Direction est responsable de la prévention et de la détection des fraudes et des erreurs par la
mise en place et l’exploitation continue de systèmes comptables et de systèmes de contrôle interne
appropriés. Ces systèmes réduisent considérablement le risque d’erreur et de fraude mais ne l’élimine
pas complètement.

Les dirigeants doivent diffuser un code éthique et s’assurer de la bonne compréhension de ses
principes par l’ensemble du personnel, et veiller au respect de ce code par tout le monde.

Par ailleurs, les dirigeants doivent adopter une politique de recrutement efficace, leur permettant de
recruter des personnes honnêtes surtout pour les postes où les qualités d’honnêteté sont primordiales, en
procédant à une enquête préalable sur les antécédents professionnels et la moralité des personnes à
engager. Les postes de caissier et de magasiniers sont particulièrement concernés.

La Direction est tenue de mettre en œuvre un ensemble de moyens permettant de réduire le
risque de fraude par :

• La mise en place d’un système comptable efficace ;
• La mise en place d’un contrôle interne efficace ;
• La mise en place d’une fonction d’audit interne indépendante ;
• Le développement d’une politique de rotation du personnel ;
• L’organisation de formation sur la prévention et détection de la fraude ;
• La nomination d’un comité d’audit.

On peut donc conclure que la Direction est responsable de la prévention et la détection de la
fraude au sein de l’entreprise, c’est à elle d’établir des programmes et des contrôles permettant la
prévention et la détection de la fraude. Ces programmes doivent permettre de créer une véritable culture
d’honnêteté et d’éthique, d’identifier et de mesurer les risques de fraude, d’établir les contrôles
appropriés, de développer le rôle et le champ d’action du comité d’audit et des auditeurs internes dans la
prévention et la détection de la fraude.

NB : Voir le chapitre suivant pour plus d’éclaircissement sur le rôle du contrôle interne, de l’audit interne
et du comité d’audit dans la prévention et la détection de la fraude.
SECTION 2 : Responsabilité des salariés dans la prévention et la
détection de la fraude.

Les salariés d’une entreprise jouent un rôle non négligeable dans la prévention et la détection de
la fraude, car ils sont souvent les premiers à avoir des informations sur les cas de fraude ou de
corruption.

Dans la pratique, les gens qui détiennent des informations sur des cas de fraude hésitent
généralement à les communiquer, les raisons de cette hésitation sont au nombre de deux :

• À qui communiquer ces dénonciations au sein de l’entreprise pour être sûr d’atteindre la bonne
personne (une personne intègre) ;
• Comment se protéger contre d’éventuelles mesures de rétorsion (réplique ou vengeance).

La première question est particulièrement importante lorsque l’ampleur du cas soupçonné n’est pas
clairement délimitée. Une information transmise au supérieur hiérarchique peut se révéler contre-
productive si ce dernier devait être mêlé au délit. À qui adresser une dénonciation au sein de l’entreprise
lorsque les supérieurs hiérarchiques font l’objet d’une enquête administrative ? En l’absence de normes
d’éthiques bien établies dans l’entreprise, un informateur ne fera que rarement confiance à la ligne. Les
services d’audit interne des entreprises constituent une alternative intéressante et peuvent être appelés à
jouer un rôle important dans la mise en place d’une procédure de dénonciation.

La seconde question, la protection des informateurs, est une question plus délicate. Il n’existe
malheureusement à l’heure actuelle aucune norme protégeant les personnes dénonçant un cas de fraude.
Dans des pays comme l’Angleterre, une telle protection est expressément intégrée dans la législation du
travail. En l’absence de telles normes, la prudence est de mise et on ne peut que recommander aux
informateurs de faire leurs dénonciations de manière anonyme s’ils devaient craindre d’être cités comme
témoins à un stade ultérieur de la procédure.

Pour être efficace, le système de dénonciation doit comprendre :

Une déclaration nette que toute action frauduleuse est prise au sérieux dans l’entreprise, et une
indication des types d’actions considérées comme relevant de la malversation ;

Le respect de la confidentialité vis-à-vis de l’employé qui aura fait part de sa préoccupation, s’il le
souhaite ;

La possibilité de faire connaître ses préoccupations en outrepassant la ligne hiérarchique.

Des pénalités en cas de déclarations fausses ou arbitraires.

Une bonne gestion, qui consiste à s’assurer que le personnel a été informé de façon formelle des voies
d’expression suffisantes pour communiquer ses préoccupations en interne et qu’il existe des procédures
solides permettant de traiter de manière exhaustive toutes les préoccupations exprimées.

Aussi, il convient de préciser que l’audit interne peut être utilisé par le personnel comme une
alternative au processus hiérarchique pour exprimer ses préoccupations en toute confidentialité. Il
importe toutefois que le conseil d’administration indique clairement de quelle manière il souhaite que
l’audit interne traite ses questions. À son tour l’audit interne devrait strictement se conformer aux
procédures approuvées.

Conclusion du chapitre :

Si le détournement de fond est l’apanage des employés, la
falsification des comptes reste celui des Dirigeants. Pourtant la Direction est
le premier responsable de la prévention de la fraude, par la mise en œuvre
et l’exploitation continue de systèmes comptables et de contrôle interne
appropriés.

En outre, c’est à la Direction et non au Commissaire aux comptes
de mettre en œuvre les programmes et les contrôles à même de garantir le
règne de l’éthique au sein de l’entreprise.

De même, les salariés doivent dénoncer tout acte de fraude à
l’auditeur interne ou au supérieur hiérarchique, pour ne pas encourager les
fraudeurs et faire éviter à l’entreprise des pertes spectaculaires et une
notoriété tachée.







Chapitre III: Outils à


utiliser par la Direction
pour Prévenir et
détecter la Fraude
SECTION 1: Le contrôle interne

Le contrôle interne est constitué par l’ensemble des mesures de contrôle, comptable ou autre, que
la direction définit, applique et surveille, sous sa responsabilité, afin d’assurer la protection du
patrimoine de l’entreprise et la fiabilité des enregistrements comptables et des états de synthèse qui en
découlent. Toute cette organisation permet de déceler rapidement toute erreur ou détournement afin
d’informer l’administration de l’entreprise.

Il est l’ensemble des méthodes, procédures et mesures de sécurités contribuant à l’organisation et
à la maîtrise des activités de l’entreprise. Un système de contrôle interne, bien conçu et bien appliqué,
constitue pour le Commissaire aux comptes une présomption de fiabilité des informations qui lui sont
soumises, mais en aucun cas une certitude car un risque de défaillance du contrôle interne n’est jamais à
exclure.

1.1 – LES OBJECTIFS DU CONTRÔLE INTERNE

Le contrôle interne concourt à la réalisation d’un objectif général que l’on peut décliner en
objectifs particuliers. L’objectif général, c’est la continuité de l’entreprise dans le cadre de la réalisation
des buts poursuivis. Cette définition globale par les objectifs, admise par la plupart des grandes
entreprises, a le mérite de mettre certains éléments en évidence :

Le contrôle interne n’est pas un ensemble d’élément statique, il doit également être apprécié d’une
façon dynamique, chacun des éléments qui le composent ayant leur place dans le processus de
fonctionnement de l’entreprise.

Tous les niveaux de management sont concernés au même titre que la Direction générale (tous étant
considérés comme des managers et des acteurs dans la mise en place et l’application du contrôle interne).

On assigne de façon réaliste comme finalité l’assurance raisonnable d’atteindre les objectifs. C’est-à-
dire que le cadre du contrôle interne doit garantir avec un degré raisonnable de certitude la réalisation
des objectifs de la société, car avec le contrôle interne, un fonctionnement parfait ne peut exister en
raison des coûts que cela exige.

Pour atteindre ces objectifs généraux, on assigne au contrôle interne des objectifs permanents, que
l’on peut regrouper en quatre rubriques :

• Exactitude : cet objectif signifie que les opérations doivent être traitées pour le bon montant.

• Exhaustivité : vise le traitement intégral des opérations de l’entreprise. En effet il ne sert à rien d’avoir
des informations exactes si elles ne sont pas complètes. Ce qui veut dire que le système de contrôle
interne doit garantir la qualité des enregistrements à la source des données de base et faire en sorte que
tous les éléments soient pris en compte dans la chaîne des traitements.

• Autorisation : c’est-à-dire que toutes les opérations doivent faire l’objet d’une autorisation et ce, par
les personnes habilitées.

•Sécurité des actifs : les premiers énoncés de la règle parlaient de « la protection et de la sauvegarde du
Patrimoine ». En effet un bon système de contrôle interne doit viser à préserver le patrimoine de
l’entreprise. Mais il faut étendre la notion et comprendre par-là non seulement les actifs immobilisés de
toute nature, les stocks, actifs immatériels, mais aussi deux éléments essentiels :

Les hommes, qui constituent l’élément le plus précieux du patrimoine de l’entreprise ; et on trouve ici
la notion de risque, au sens plus large du terme : sécurité, risque social.

L’image de marque de l’entreprise qui peut se trouver détruite par un incident fortuit dû à une
mauvaise maîtrise des opérations ou à un fait volontaire (détournement ou fraude). Tous ces faits peuvent
générer, lorsqu’ils deviennent publics, un déficit d’image et de crédibilité susceptible de nuire gravement
à l’activité de l’entreprise.

1.2 – PRINCIPES GÉNÉRAUX DU CONTRÔLE INTERNE


Le contrôle interne repose sur un certain nombre de règles de conduite ou de préceptes dont le
respect lui donne une qualité satisfaisante et lui assure une efficacité dans la prévention et la détection de
la fraude. Ces principes sont :

a) L’organisation : (la séparation des fonctions ou tâches)
Pour qu’un contrôle interne soit satisfaisant, il est nécessaire que l’organisation de l’entreprise
possède certaines caractéristiques. L’organisation doit être : préalable, vérifiable, formalisée, adaptée et
adaptable. Elle doit comprendre une séparation convenable des fonctions, ce qui réduit le risque de
fraude dans l’entreprise (éviter le cumul des fonctions).

L’organisation est établie sous la responsabilité du chef d’entreprise. Cette responsabilité
consiste à fixer des objectifs, définir les responsabilités des hommes (organigramme), déterminer le
choix et l’étendue des moyens à mettre en œuvre.

La règle de séparation des fonctions a pour objectif d’éviter que dans l’exercice d’une activité de
l’entreprise, un même agent cumule :

La fonction de décision (ou opérationnelle) : c’est celle de l’ordonnateur, détenteur d’un budget
d’exploitation ou d’investissement et qui a le pouvoir d’engager l’entreprise dans les limites qui lui ont
été attribuées. Les titulaires de cette fonction se retrouvent à tous les niveaux de la hiérarchie : depuis les
cadres de haut niveau jusqu’aux simples responsables.

La fonction de détention matérielle des valeurs et des biens : dont les titulaires sont ceux qui
détiennent des biens physiques (magasiniers, gestionnaires de stocks et caissiers).

La fonction d’enregistrement (saisie et traitement d’information) : c’est la fonction comptable par
laquelle toute opération fait l’objet d’une écriture. Cette fonction d’enregistrement comptable n’est pas
exercée que par des comptables, elle concerne toute personne qui rentre des informations dans la chaîne
de traitement comptable (qu’il soit interne ou externe au service comptable).

La fonction de contrôle : le mot étant entendu au sens de vérification, ce qui ne s’exerce pas dans le
cas où les règles de l’entreprise exigent une autorisation pour l’exercice de l’une des fonctions
précédentes.

b) La permanence :
La mise en place de l’organisation de l’entreprise et de son système de régulation (le contrôle
interne) suppose une certaine pérennité de ces systèmes. Il est clair que cette pérennité repose
nécessairement sur celle de l’exploitation de l’entreprise.

c) L’indépendance :
Ce principe implique que les objectifs du contrôle interne sont à atteindre indépendamment des
méthodes, procédures et moyens de l’entreprise. En particulier, le réviseur doit veiller à ce que
l’informatique n’élimine pas certains contrôles intermédiaires.

d) L’information :
L’information doit répondre à certains critères tels que la pertinence, l’utilité, la vérifïabilité,
l’objectivité et la communicabilité.

e) L’harmonie :
On entend par harmonie, l’adéquation du contrôle interne aux caractéristiques de l’entreprise et
de son environnement. C’est un simple principe de bon sens qui exige que le contrôle interne soit bien
adapté aux objectifs de l’entreprise.

f) L’intégration :
Les procédures mises en place doivent permettre le fonctionnement d’un système d’autocontrôle
mis en œuvre par des recoupements, des contrôles réciproques ou des moyens techniques appropriés.
C’est-à-dire que toutes les décisions doivent être préparées et autorisées avant d’être exécutées.

g) L’universalité :
Ce principe signifie que le contrôle interne concerne toutes les personnes dans l’entreprise, en
tout temps et en tout lieu. C’est-à-dire que personne ne doit être exclu du contrôle par privilège et aucun
domaine ou établissement ne doit être réservé ou mis en dehors du contrôle interne.

1.3 – IMPORTANCE DU CONTRÔLE INTERNE DANS LA LUTTE


CONTRE LA FRAUDE

Le risque de non-détection d’une anomalie significative résultant d’une fraude est plus grand que
celui résultant d’erreur, car la fraude implique généralement un acte volontaire visant à la dissimuler.
L’existence d’un système de contrôle efficace réduit ce risque dans les états de synthèse.
Un bon contrôle interne limite considérablement les opportunités pour commettre des fraudes,
permet d’être alerté au temps opportun en cas de fraude pour limiter les dégâts et prendre les mesures
nécessaires et enfin permet de créer un blocage psychologique chez les fraudeurs potentiels, du fait de
leur conscience que le système mis en place peut les identifier.

a) Suppression des opportunités :
Grâce aux procédures mises en place, ce système permet à l’entreprise d’atteindre les objectifs suivants :

L’identification préalable des risques et la planification des actions appropriées sur les points faibles.

La sécurisation des accès physiques et logiques, par la mise en place d’une séparation des tâches
appropriées, accompagnée généralement par des règles liées au système d’autorisation.

L’existence d’une supervision adéquate des opérations, ce qui permet de réduire considérablement le
risque de fraude.

b) Système adéquat d’alerte à la fraude :
L’existence d’un système de contrôle interne qui fonctionne en permanence dans l’entreprise
permet d’identifier les cas de fraude avant leur réalisation. En effet, le suivi de l’application des
procédures effectué par la cellule d’audit interne, ainsi que ses contrôles sur les flux et les opérations de
l’entreprise, permet de détecter les faiblesses qui peuvent conduire à des cas de fraudes et d’en informer
la Direction pour prendre les mesures nécessaires.

Pour permettre au contrôle interne d’assurer sa fonction de système d’alerte, des procédures
spécifiques quant à la communication des fraudes aux personnes compétentes doivent être mises en place.
Dans la pratique, c’est la Direction qui est informée en cas de fraude et même en l’absence de ce
problème, des rapports périodiques lui sont remis.

c) Création de blocage psychologique chez les fraudes potentielles :
L’existence d’un bon système de contrôle interne constitue une crainte importante pour les
fraudeurs. Toute tentative de fraude en face d’une procédure de contrôle interne (sous réserve des limites
exposées) sera sans doute pensée à plusieurs reprises avant sa réalisation. La crainte qui en découle
devient plus forte si cette personne est au courant de l’existence du contrôle interne et de son efficacité.
SECTION 2 : L’audit interne

L’audit interne est à l’intérieur d’une entreprise (ou d’une organisation), une activité indépendante
d’appréciation du contrôle des opérations (aspects financiers, informatiques, industriels,
administratifs…) pour le compte de la Direction générale. L’audit interne est maintenant une fonction
d’assistance au management. Issue du contrôle comptable et financier, la fonction d’audit interne recouvre
de nos jours une conception beaucoup plus large et plus riche, répondant aux exigences croissantes de la
gestion de plus en plus complexe dans les entreprises.

Une bonne structure d’audit interne au sein d’un organisme ou d’une entreprise traduit la volonté
affirmée de la part de ses instances dirigeantes de se doter d’un outil en vue de limiter la fraude, de
rendre les organisations existantes plus performantes et efficaces. L’audit interne, s’il est efficace,
constitue donc une véritable assurance contre le risque de fraude.

Par ailleurs, l’audit interne présente également une vertu qui est loin d’être négligeable : il permet
d’informer le Commissaire aux comptes et ce, de deux façons : d’abord par les résultats et les critiques
qu’il relève (qui donnent à celui-ci des éléments de réflexion et lui suggère des pistes de recherche) ;
ensuite par les qualités et les défauts qui lui sont propres : l’inexistence ou la faiblesse caractérisée d’un
service d’audit interne, l’insuffisance des missions de contrôle, la faiblesse des normes utilisées, sont
autant de signes de mauvaise gestion de l’entreprise.

Définition de l’audit interne donnée par l’I. F. A. C. I (Institut Français des Auditeurs et de
contrôleurs internes) :

L’Audit Interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une
assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer, et
contribue à créer de la valeur ajoutée.


Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant par une approche systématique et
méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle, et de gouvernement d’entreprise, et
en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité. ». I.F.A.C.I représente la France au sein de
l’I.I.A, the Institute of Internai Auditor.

2.1 – A QUOI SERT L’AUDIT INTERNE ?

Dans l’idéal, un bon audit interne pourrait répondre à la définition suivante : c’est un dispositif
interne à l’entreprise (ou l’administration) qui vise à :
• Apprécier l’exactitude et la sincérité des informations, notamment comptables, qui sont produites par
les systèmes internes à l’entreprise ;
• Assurer la sécurité physique et comptable des opérations et vérifier la bonne application des règles et
des procédures applicables ;
• Garantir l’intégrité du patrimoine de l’entreprise et permettre l’appréciation des risques engagés ;
• Juger de l’efficacité des systèmes de gestion (appréciation des résultats de l’organisation et des
procédés de production).

Dans le secteur bancaire, ces fonctions sont primordiales du fait des risques financiers encourus
par les entreprises.

2.2 – CONDITION D’EFFICACITÉ DU SERVICE D’AUDIT


INTERNE EN MATIÈRE DE DÉTECTION DE FRAUDE
Les critères utilisés permettant de juger de la qualité d’un service d’audit interne sont les
suivants :
Indépendance des auditeurs internes : cette condition est souvent assurée par un rattachement
hiérarchique des services d’audit à la Direction générale, car il est en tout état de cause essentiel que les
conclusions des auditeurs internes soient transmises sans interférence aux principaux responsables de
l’entreprise ;
Compétence reconnue des auditeurs internes, notamment dans les disciplines fondamentales de leur
métier : comptabilité, analyse financière, organisation et informatique ;
Existence d’une véritable programmation des travaux d’audit, en fonction des objectifs et priorités
définis préalablement, qui permet une affectation optimale des moyens disponibles tout en assurant un
nombre minimal d’audit annuel ;
Élaboration et utilisation de normes d’audit ou, pour le moins, de méthodes harmonieuses de contrôle,
de règles écrites réunies par exemple dans un “manuel d’audit” ;
Exhaustivité et permanence du dispositif de l’audit, doivent permettre d’analyser l’intégralité des
activités de l’entreprise, même si les contraintes de moyen et d’efficacité impliquent de concentrer les
efforts sur les zones à risque ; le recours aux techniques d’audit informatique (les auditeurs étant branchés
directement sur les systèmes informatiques de l’entreprise), offre une solution intéressante ;
Garantie de l’efficacité des audits par un dispositif permettant d’assurer les suites nécessaires aux
constatations des auditeurs : structures de décision et d’arbitrage, compte rendu annuel des réalisations.
Le respect du code de déontologie : C’est un impératif. Il s’impose aux auditeurs internes, sans
exception, ni réserve. Le code de déontologie se situe au-dessus des règles de l’entreprise, il est la
traduction française de « code of Ethics ». Ce court document résume les principes dont l’auditeur interne
ne doit pas s’écarter faute de se trahir et de trahir sa mission.

2.3 – AUDIT INTERNE ET LA DÉTECTION DE LA FRAUDE

Ce n’est pas un hasard si les normes professionnelles consacrent de longs développements à la


fraude. En effet qu’il s’agisse du bénéfice de l’organisation ou de son détriment, la promotion de
l’éthique est une arme efficace pour la combattre. Pour l’auditeur interne trois questions se posent :

que faut-il entendre par fraude ?
comment la détecter ?
et que faire lorsqu’elle est détectée ?

a) Les manifestations de la fraude :
On entend par fraude, «toutes irrégularités et actes illégaux commis avec l’intention de tromper».
Cette définition soulève deux questions, dont l’analyse dépend de notre éthique et de notre culture :

Peut-il y avoir fraude si l’acte n’est pas illégal et reste régulier en forme? On perçoit bien qu’on ne
saurait donner ici une autorisation à l’imagination des fraudeurs, laquelle excelle dans le déguisement
parfaitement formel.

Que faire s’il n’y a pas « intention de frauder » ? il convient d’exclure ici les possibilités d’action de
bonnes consciences en incluant expressément dans les fraudes celles commises « au bénéfice de
l’entreprise ». Pour palier aux insuffisances de cette définition, on peut citer quelques fraudes possibles
comme les comptabilisations frauduleuses, fraudes fiscales et on peut en ajouter bien d’autres (même
celles qui n’ont pas encore eu lieu).


b) La détection de la fraude :
Détecter c’est chercher des indices, et pour se faire l’auditeur interne doit avoir une bonne
connaissance des éléments constitutifs possibles de la fraude : les transactions non autorisées, les
échappatoires aux contrôles établis, les pertes anormalement élevées. On peut ajouter le fait de ne pas
prendre de congé, l’absence de rotation des postes sensibles, les cadeaux excessifs, l’absence de règles
écrites.

L’auditeur interne ne peut garantir qu’il a su, et a pu détecter toutes les fraudes existantes car il est
plus un spécialiste du contrôle interne (donc le mieux placé pour découvrir des indices), qu’un
spécialiste de la fraude.

Mais ayant trouvé des indices significatifs, quelle doit être son attitude ?


c) Le rôle de l’auditeur interne :
Si on a des doutes sur ce qu’il doit faire, on ne saurait en avoir sur ce qu’il ne faut pas faire. Les
auditeurs internes ne sont pas des experts en détection de fraudes, il ne faut pas qu’ils se trompent de
métier et se transforment en enquêteur ou en policier, ils doivent réduire leur rôle à quatre actions
spécifiques :
Informer les autorités compétentes (à commencer par le directeur de l’audit) de l’existence d’indices et
se garder de tout triomphalisme (ou orgueil).
Réaliser des investigations complémentaires pour asseoir son constat, fuir les impressions et
conclusions hâtives (ou spontanées).
Collaborer avec des spécialistes.
Et surtout, s’assurer que toutes les mesures de contrôle interne ont été prises pour éviter le retour de
tels incidents.

Mais l’auditeur interne ne doit pas être perçu comme un gendarme ou un inspecteur, c’est
pourquoi son action requiert de l’habileté et du savoir faire. Il faut reconnaître aussi qu’informer les
autorités compétentes est plus facile à dire qu’à faire. L’auditeur interne n’aura jamais dans ces mains
autre chose que des indices, si forts soient-ils, et une somme d’indices ne constitue pas une preuve
judiciaire ; à cela s’ajoute sa dépendance hiérarchique. On perçoit bien ici à quel point les relations du
responsable de l’audit interne avec la Direction générale vont peser dans la balance.
SECTION 3 : Le comité d’audit

L’existence du comité d’audit ne répond à aucune obligation légale. Leur pratique est plutôt
répandue dans les grandes entreprises européennes et américaines. Les entreprises disposent là d’un
moyen efficace et rationnel pour situer la fonction d’audit interne dans l’organisation et lui permettre du
même coup de jouer pleinement son rôle dans la lutte contre la fraude et le partage rationnel des
responsabilités.

3.1 – TYPE DE COMITÉ D’AUDIT


Il existe plusieurs critères de classification concernant les comités d’audit. Ici le critère retenu est
leur rôle au sein des entreprises. Ainsi les types de comités d’audit en fonction de leur rôle au sein des
entreprises sont :

a) Le comité chargé des rémunérations :
Ce comité s’assure que des efforts sont consacrés à la mise en place de systèmes de rémunération
contribuant à la réalisation des objectifs de la société, qui ne soient pas trop axés sur l’obtention de
résultats à court terme au détriment des performances à long terme.

b) Le comité chargé des questions financières :
Ce comité exerce un contrôle supplémentaire sur les engagements financiers importants, ainsi que
sur la cohérence des budgets d’investissements par rapport au plan opérationnel.

c) Le comité de létude des nominations :
Ce comité exerce un contrôle sur la sélection des candidats aux postes d’administrateurs et,
éventuellement aux postes de direction.

d) Le comité chargé de l’étude des avantages consentis aux salariés :
Ce comité exerce un droit de regard sur les avantages consentis aux salariés et s’assure de leur
cohérence par rapport aux objectifs de la société. Il veille également à ce que l’entité s’acquitte
correctement de ses responsabilités fiduciaires.

e) Autres comités :
Le comité d’administration peut procéder à la création de comités ayant pour mission de
superviser d’autres domaines spécifiques, tel que le respect des règles d’éthique, les politiques suivies
par les autorités publiques ou la technologie. De tels comités existent uniquement au sein de certaines
grandes entreprises, ou dans des sociétés placées dans un contexte particulier.

3.2 – LE RÔLE DU COMITÉ D’AUDIT


Dans la pratique, le conseil d’administration est libre de déterminer les missions qu’il souhaite
lui confier. Le champ de son intervention est donc plus ou moins étendu selon les entreprises. Cependant
le comité d’audit a pour mission de surveiller le processus de production et de contrôle de l’information
comptable (tâches explicitement réservées aux administrateurs non dirigeants). En outre la mission du
comité d’audit est de coordonner les actions de l’auditeur interne et du Commissaire aux comptes et
assurer les meilleures conditions pour que leurs missions soient exécutées de manière appropriée.

3.3 – LA TAILLE DU COMITÉ D’AUDIT


La taille du comité d’audit tend à être proportionnelle à celle du conseil d’administration
(environ le tiers avec un minimum de trois membres). Il est recommandé qu’il inclue au moins un tiers
indépendant.

3.4 – LES OBJECTIFS DU COMITÉ D’AUDIT

Ils englobent deux principaux volets :



Assurer la fiabilité et l’indépendance des fonctions des organes d’administration à travers les
sous objectifs suivants :
• Rééquilibrer les pouvoirs de décision, en terme d’arrêt des comptes du président, et informer le
conseil d’administration ;
• Distinguer les administrateurs opérationnels et ceux non opérationnels ;
• Renforcer la représentation des intérêts des actionnaires ;
• S’assurer de l’indépendance des auditeurs externes ;
• Garantir l’indépendance des auditeurs externes ;

Rendre compte au conseil d’administration, mais dans les faits, s’assurer du respect des règles
comptables, de la qualité du contrôle interne nécessaires à l’établissement des comptes.

3.5 – AGENDA NORMAL D’UN COMITÉ D’AUDIT

Un agenda normal d’un comité d’audit inclut les composants suivants, dont certains visent à limiter
tout risque de détournement ou de fraude :
√ Examiner les projets de comptes et l’étendue des travaux des auditeurs externes ;
√ Revoir le programme de travail de l’audit interne ;
√ S’assurer du bon fonctionnement du processus d’audit interne en termes de moyens ;
√ Prendre connaissance des conclusions sur le contrôle interne présentées par les auditeurs ;
√ Confier des missions d’identification ou de diagnostic pouvant éclairer le conseil sur toute opération.


Conclusion du chapitre :

Afin que la Direction assume pleinement sa responsabilité en
matière de détection et de prévention de fraude et facilite la tâche au
commissaire aux comptes, elle doit veiller à l’application des procédures du
contrôle interne, mettre en place un service d’audit interne et comité
d’audit.

Ces trois outils forts précieux permettent conjointement de préserver
le patrimoine de l’entreprise et sa situation financière. En effet l’entreprise
ne peut pas se passer de l’un des trois, du fait que chacun d’eux renforce
l’autre :

Le contrôle interne permet un environnement de contrôle très
développé, un système d’information efficient et sécurisant, des activités de
contrôle adéquat ;

L’audit interne évalue le niveau de contrôle interne et répond aux
questions du comité d’audit ;

Le comité d’audit coordonne les actions du Commissaire aux
comptes et de l’auditeur interne.
CONCLUSION GÉNÉRALE

Sur le plan mondial, avec le développement du phénomène de mondialisation de l’information, et


le transfert des technologies et des sciences, les entreprises sont de plus en plus exposées au risque de
fraudes ou de détournements. Les fraudeurs s’inspirent des techniques de fraude expérimentées dans les
pays développés, en y apportant quelques modifications et en les adaptant aux différentes situations qui se
présentent à eux.

L’affaire Enron (décembre 2001), qui a mis en lumière certaines pratiques préjudiciables des
grands cabinets, a permis de démontrer les limites des activités de prévention et de détection mises en
place par les entreprises et des procédures d’audit spécifiques au traitement du risque de fraude. Les
fraudes et les malversations comptables que même les auditeurs ont été soupçonnés d’avoir dissimulé, ont
mené Enron à la faillite et rayé un grand cabinet du rang des cinq plus grands cabinets d’audit et de
conseil.

L’affaire Barings qui a éclaté en février 1995 a démontré que la concentration du pouvoir est une
source d’acte frauduleux. La fraude initiée par le courtier Nick Leeson a généré des pertes pour la banque
d’affaire britannique de 916 millions de livres sterling l’entraînant ainsi dans une faillite. Ni les
procédures de contrôle internes, ni les missions d’audit effectuées par les grands cabinets d’audit n’ont
été en mesure d’identifier la fraude à temps.

Ces deux histoires vraies démontrent ici que la mise en place d’un système de contrôle interne
efficace, et/ou les contrôles effectués par les grands cabinets d’audit, ne constituent pas en réalité des
moyens absolus de détection de fraude au sein des entreprises.

Limites du contrôle interne mis en place dans les entreprises :

En effet l’existence d’un système de contrôle interne au sein de l’entreprise ne constitue pas
généralement une garantie absolue contre le risque de fraude. En effet, ce système se heurte à des limites
qui réduisent son efficacité pour la prévention et la détection de la fraude.

Les principales failles du contrôle interne sont :

• La fraude managériale ;
• La collusion ;
• Les dysfonctionnements ;
• Le coût du contrôle interne.


Les limites de l’audit externe de la fraude :

Tout audit est soumis au risque inévitable de non-détection d’anomalies significatives dans les
états de synthèse, même s’il a été correctement planifié et exécuté selon les normes requises. L’assurance
absolue en audit ne peut exister, en raison de nombreux facteurs, tels que, l’utilisation de la technique des
sondages, les limites inhérentes à tout système comptable et de contrôle interne, le recours au jugement et
le fait que la plupart des informations probantes à la disposition de l’auditeur conduisent, par nature,
davantage à des déductions qu’à des convictions.


La fraude en Guinée : prévention et audit.

En Guinée, nombreuses sont les entreprises qui ont été victimes de fraude, des fraudes qui
peuvent aboutir dans certains cas à des faillites. Dans la majorité des cas, ces fraudes sont dues à un
dysfonctionnement du système de contrôle interne, créant ainsi un environnement favorable à la
réalisation de la fraude.

La lutte contre la fraude dans les entreprises guinéennes passera nécessairement par :

La mise en place des activités de prévention et de détection de la fraude au sein des entreprises ;

La mise à la disposition des Commissaires aux comptes de moyen d’investigation leur permettant
d’exercer sans dépendance ;

L’instauration d’un organe de contrôle des activités des cabinets d’audit pour assurer une meilleure
exécution des missions de commissariat aux comptes.
LEXIQUE

Audit :
C’est l’examen auquel procède un professionnel indépendant et externe à l’entreprise en vue d’exprimer
une opinion motivée sur la sincérité et la régularité des comptes annuels. Ceux-ci doivent refléter une
image fidèle des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de
la société à la fin de cet exercice.

Actif :
Élément du patrimoine de l’entreprise ayant une valeur positive incluant les actifs matériels de toute
nature (immeubles, matières, marchandises…) et les actifs immatériels (brevets, savoir-faire, image,
compétence…).

Commissaire aux comptes :
Praticien extérieur relevant d’un statut professionnel réglementé et chargé, en application des lois et
règlements, de certifier la régularité, la sincérité et l’image fidèle des documents comptables présentés
par une organisation ou entreprise.

Conclusion :
Expression finale d’un jugement consécutif au déroulement d’une mission d’audit ou de Commissariat aux
comptes et à son résultat et portant sur les propositions qui en découlent.

Démarche :
Manière spécifique de procéder pour conduire une mission en respectant des étapes et en choisissant les
moyens prescrits par les normes et la déontologie et inspirés par l’expérience.

Déontologie :
Ensemble des principes et des devoirs réagissant une profession ou un métier, la conduite de ceux qui
l’exercent et les relations qu’ils entretiennent avec leurs clients et leur environnement.

Fraude :
Irrégularités et actes illégaux commis avec l’intention de tromper en vue d’en tirer un avantage personnel
ou au profit d’une organisation.

Indépendance :
Caractéristique de la démarche d’audit en vertu de laquelle un auditeur interne ou externe, est en situation
de mener à bien en toute liberté la mission qui lui est dévolue, sans préjudice de liens hiérarchiques,
contractuels, ou de quelque nature que ce soit, notamment avec les audités.

Image fidèle :
Pour présenter des états reflétant une image fidèle de la situation et des opérations de l’entreprise, la
comptabilité doit satisfaire, dans le respect de la règle de prudence aux obligations de régularité et de
sincérité. La notion d’image fidèle fait appel au principe de l’importance significative et implique le
respect des règles comptables.

Logiciel :
Au départ, ce terme désignait un ensemble de programmes et de procédés pour utiliser et exploiter un
ordinateur (logiciel de base). Par extension, on l’utilise pour désigner les programmes d’une application
spécifique (par exemple : logiciel de paie, de comptabilité…).

Mandat :
Pouvoir formalisé par un mandant à un mandataire pour que celui-ci accomplisse une mission en son nom
et pour son compte.

Norme :
Modèle de référence résultant d’un processus de certification, approuvé par un organisme qualifié, fixant
pour un domaine déterminé des règles à respecter en visant l’avantage optimal des parties prenantes.

Régularité :
La régularité est la conformité à la réglementation ou en son absence aux principes généralement admis.
La réglementation se compose de textes législatifs ou réglementaires mais aussi des règles fixées par la
jurisprudence et des normes élaborées par les organisations professionnelles compétentes.

Risques :
Ensemble d’aléas susceptibles d’avoir des conséquences négatives sur une entité et dont le contrôle
interne et l’audit ont notamment pour mission d’assurer autant que faire se peut la maîtrise.

Seuil de signification :
Le seuil de signification est atteint lorsque l’importance d’une omission ou d’une inexactitude est telle
qu’elle aurait pour conséquence probable, compte tenu des circonstances, d’influencer le jugement d’un
utilisateur des états financiers ou de modifier sa décision.

Sincérité :
La sincérité est l’application de bonne foi des règles et procédures en fonction de la connaissance que les
responsables ont de la réalité et de l’importance des opérations, événements et situations.

Sondages : (méthode de sondage)
Moyen efficient de sélection couramment utilisé lors de missions d’audit pour évaluer l’importance de
phénomènes détectés et la nécessité d’une recherche éventuelle de leurs causes.

Système d’information :
Ensemble des dispositifs et des processus visant à l’acquisition, au stockage, au traitement et à la
diffusion de l’information au sein d’une entreprise, sans préjuger de leur localisation ni des structures
chargées de les gérer.
BIBLIOGRAPHIE

1- OUVRAGES

• Théorie et pratique de L’AUDIT INTERNE, Jacques RENARD ;

• L’AUDIT INTERNE : ce qui fait débat, Jacques RENARD ;

• AUDIT et CONTRÔLE DE GESTION, Abdelhamid El GADI ;

• L’AUDIT INFORMATIQUE dans un contexte mini et micro, Henry LY ;

• GESTION FISCALE de l’entreprise marocaine, Mohamed KESRAOUI ;

• RÉVISION et certification des comptes : Épreuve No 6 du DESCF ; 4e Ed Robert OBERT ;

• LA FISCALITÉ des Entreprises 1e Ed, Rachid LAZRAK ;

• DROIT DES AFFAIRES : Tome 1 (9e Ed) ; Yves GUYON.

2- REVUES SPÉCIALISÉES

Revue française de l’audit interne, septembre 2000 (No 151) : La pratique des comités d’audit ;

Revue française de l’audit interne, (No 123)

BIP, Bulletin d’information périodique édité par Masnaoui et MAZARS (Maroc), juillet août 2000 (No
93) : Système d’information et de gestion ;

BIP, Bulletin d’information périodique édité par Masnaoui et MAZARS (Maroc), Mars 2003 : Le
Commissaire aux comptes d’une SA face aux intrusions commises par leur organe de gestion – cas de
fraudes. M. Amraoui

Revue marocaine d’audit et de développement No 11 : Fraude, corruption et détournement de fonds
publics, juin 2000.

3- MÉMOIRE

Le Commissaire aux comptes face à la Fraude, CAMARA Moussa ; Mémoire de fin d’études du
cycle normal (ISCAE. GUINÉE).

4- SITES INTERNET

WWW.AICPA.Org/antifraud : American Institute of Certifïed Public Accountant ;

WWW.cfenet.com : Association of Certifïed Fraud Examiner;

WWW.aceeurope.com : Assurance anti-fraude


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