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Evolution des règles de circulation

des véhicules agricoles et forestiers.

Auteur : Philippe Van Kempen


Sercice Elevage & Agroéquipements
Direction Entreprises et Conseil

La conduite des véhicules agricoles

La législation permet aux conducteurs des véhicules agricoles attachés à une exploitation agricole
d'être dispensés de permis de conduire. Qu’il soit stagiaire, apprenti ou salarié, le conducteur peut
conduire un ensemble tracteur + véhicule remorqué ou un tracteur avec outil porté à partir de 16 ans,
mais à condition que cet ensemble respecte le gabarit routier (largeur inférieure à 2,50 m notamment).
Il doit avoir au moins 18 ans pour conduire un véhicule de plus grande largeur ou pour conduire un
ensemble comprenant un véhicule tracteur et une remorque transportant du personnel, ou un tracteur
avec plusieurs remorques ou matériels remorqués, ainsi que pour la conduite de toutes machines
dangereuses.

L'article L. 221-2 du code de la route précise que des dispenses de détention des permis sont accordées
aux conducteurs de véhicules agricoles pendant la durée de leur activité agricole ou forestière
sous certaines conditions: il faut que les véhicules agricoles soient rattachés à une exploitation
agricole ou forestière, à une entreprise de travaux agricoles ou à une CUMA et que leur vitesse de
marche en pallier par construction ne dépasse pas certains seuils. Pour que le conducteur puisse
bénéficier de la dérogation de permis, des critères d'affiliation aux régimes de protection sociale des
non-salariés et des salariés des professions agricoles sont considérées, en lien avec les activités
agricoles, telles qu’elles sont mentionnées respectivement aux articles L. 722-1 et L. 722-20 du code
rural.
Afin de bénéficier de la dispense de permis de conduire, une mention relative à l’usage du véhicule
«véhicule agricole-numéro d’exploitation» doit être inscrite sur le certificat d’immatriculation.
En tant qu’exploitant, entrepreneur de travaux agricoles ou forestiers, ou CUMA, le propriétaire du
véhicule fait la demande d’inscription de cette mention spécifique en préfecture en apportant la preuve
de son affiliation à la MSA. Le propriétaire a aussi la possibilité de justifier l’usage agricole en
apposant une plaque avec son numéro d’exploitant, fixée à l’arrière de ses véhicules (article 4 de
l’arrêté du 9 février 2009). Depuis la mise en place du nouveau système d’immatriculation des
véhicules (SIV), cette plaque d’exploitation vient en complément de la plaque d’immatriculation.

Pour les particuliers qui effectuent des travaux pour entretenir leurs terrains et plantations, l'article 27
de la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques,
dite « loi MACRON », facilite l'accès à la conduite des tracteurs (1). Le permis de la catégorie CE
n'est plus requis pour conduire un tracteur attelé d'une remorque de plus de 750 kg. En effet, la
modification de l'article L. 221-2 du code de la route autorise les personnes titulaires du permis de
conduire de la catégorie B à conduire tous les véhicules et appareils agricoles ou forestiers dont la
vitesse n'excède pas 40 kilomètres par heure, ainsi que les véhicules qui peuvent y être assimilés, que
ces véhicules soient attelés ou non (*). Pour les conducteurs ayant cessé leur activité agricole ou pris
leur retraite, la dispense de permis ne leur est plus accordée ; ils sont par conséquent obligés de
disposer du permis B pour continuer à conduire des véhicules agricoles.

(*) L'article R. 311-1 du code de la route précise que le tracteur agricole s'entend y compris la remorque sans
limite de poids total en charge autorisé (PTAC). S'agissant des appareils agricoles, il faut entendre les machines
agricoles automotrices, les ensembles comprenant un matériel remorqué, les ensembles comprenant un véhicule
tracteur et plusieurs remorques ou matériels remorqués, ainsi que les ensembles comprenant une remorque
transportant du personnel.
Le GNR et son utilisation en agricole.

Selon l'arrêté du 10 décembre 2010 relatif aux caractéristiques du gazole non routier, le gazole non
routier (GNR) est destiné à l'alimentation des moteurs des engins mobiles non routiers, des tracteurs
agricoles et forestiers, pour des usages agricoles et forestiers. Le gazole non routier (GNR) est un
carburant gazole faiblement taxé (12,83 €/hl en 2016) coloré (rouge) et tracé. Les conditions d'emploi
sont définies par un arrêté du 10 novembre 2011 modifié par l'arrêté du 3 juin 2015, ouvrant droit à
l'application du régime fiscal privilégié par l'article 265 du code des douanes en matière de taxe
intérieure de consommation.
Les textes réglementaires en vigueur prévoient les types de moteurs pouvant utiliser la carburation du
GNR. Il s'agit, notamment, des tracteurs agricoles ou forestiers qui peuvent prétendre au taux réduit du
GNR, à condition d'être utilisés dans le cadre de l'exploitation concernée.

La circulaire du 17 juillet 2013 apporte des compléments d'informations et élargit le champ


d'application de l'arrêté de 2011. Selon ces textes, seuls les tracteurs de type agricole ou forestier
utilisés dans le cadre de travaux agricoles ou forestiers peuvent bénéficier de la fiscalité réduite du
gazole non routier. Plus précisément, il s'agit des travaux définis par l'article L. 722-2 du code rural
c'est à-dire les travaux purement agricoles, les transports de matières agricoles ou forestières à
condition qu'ils soient directs entre le lieu de l'activité agricole et un lieu de stockage ou inversement,
et les travaux d'entretien de la végétation. À titre d'exemple, les agriculteurs peuvent utiliser du GNR
pour le transport de matières agricoles du lieu d'exploitation au lieu de stockage, mais pas du lieu de
stockage au lieu de vente. S'il existe une tolérance, pour que les tracteurs puissent utiliser du GNR sur
la voie publique pour rejoindre leur exploitation, elle est strictement circonscrite à ce cas de figure (2).

Les travaux du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) n'entrent pas dans la définition des
travaux agricoles prévue par le code rural. Pour des usages de travaux publics (autres que la
maçonnerie paysagère), ces tracteurs ne peuvent pas prétendre à la fiscalité réduite du gazole non
routier et doivent donc fonctionner avec du gazole routier (GR), plus coûteux, sauf à respecter les
conditions concernant les « véhicules et engins mobiles destinés à une utilisation hors voie publique
ou qui n'ont pas reçu d'autorisation pour être principalement utilisés sur la voie publique, et sous
réserve qu'ils soient utilisés à des fins industrielles ou commerciales et qu'ils ne soient pas
immatriculés ».
Seules les collectivités territoriales bénéficient d'une dérogation pour des usages autres qu'agricoles et
forestiers, à condition que les tracteurs soient utilisés directement par la collectivité ou pour son
compte (sur présentation du contrat de délégation).

(1) Réponses du gouvernement sur les règles qui s'appliquent à la conduite de tracteurs.
publiées au JO les 15/09/2015; 07/06/2016; 06/09/2016.

(2) Réponse du ministre des finances et des comptes publics sur le champ d'application du gazole non
routier pour les agriculteurs. publiée au JO le : 20/09/2016

Les procédures d’homologation et de réception des véhicules agricoles

le règlement (UE) n° 167/2013 du 5 février 2013 établit des règles de sécurité et de protection
environnementale, ainsi que des procédures administratives pour la réception par type des
tracteurs et autres véhicules agricoles et forestiers. Le règlement s’applique à la réception UE par
type des tracteurs, de leurs remorques et de leurs engins interchangeables tractés. Ce règlement définit
dans son article 4 l’ensemble des catégories de véhicules en intégrant les véhicules de plus de 40 km/h.
Au niveau immatriculation et sécurité routière, l’article R311-1 du code de la route modifié par décret
n°2016-448 le 13 avril 2016 transcrit au niveau national ces nouvelles catégories, notamment les
véhicules agricoles à moteur conçus pour une vitesse n'excédant pas 40 km/h (indice "a") ou excédant
40 km/h (indice "b"). Pour connaître les modalités d’immatriculation de tous les véhicules, l’Annexe 5
de l’arrêté du 2 juin 2016 donne la liste des véhicules réceptionnés conformément au règlement (UE)
167/2013 (tracteurs agricoles à roues et à chenilles, remorques agricoles et machines ou instruments
remorqués), et mentionne les genres et les abréviations tant nationale qu’en catégories CE.
En termes de sécurité routière, le règlement délégué (UE) 2015/68 complète le règlement (UE)
167/2013 en ce qui concerne les prescriptions en matière de freinage. Les véhicules excédant 40
km/h (indice "b") qui seront mis sur le marché et roulant au-delà des 60 km/h seront équipés d’un
système anti-blocage des roues (ABS). Toutefois, la Commission Européenne doit encore se
prononcer si elle rend ce système également obligatoire pour les tracteurs dont la vitesse se situe entre
40 et 60 km/h.
En termes de santé et sécurité au travail, le décret n° 2016-1010 du 21 juillet 2016 met en conformité
les dispositions du code du travail, ainsi que le décret du 30 septembre 2005 relatives aux règles,
prescriptions et procédures applicables aux tracteurs agricoles ou forestiers et à leurs dispositifs, avec
les dispositions du règlement (UE) n° 167/2013.
Pour certains types de tracteurs, des procédures d’homologation nationale par type ou à titre individuel
peuvent être appliquées. Les fabricants peuvent choisir de se conformer aux exigences nationales pour
ce qui concerne les véhicules suivants : les tracteurs à chenilles, les tracteurs enjambeurs, les tracteurs
de grande largeur ainsi que les remorques et les engins interchangeables tractés.
L’arrêté du 19 décembre 2016 relatif à la réception des véhicules agricoles et forestiers et de leurs
systèmes, composants et entités techniques fixe les conditions dans lesquelles les réceptions UE
par type, les réceptions nationales par type de petites séries (NKS), les réceptions nationales par type
(RPT), les réceptions à titre isolé (RTI) sont délivrées aux véhicules agricoles et forestiers et aux
machines agricoles automotrices (MAGA). Cet arrêté fixe également les modalités d’établissement
des certificats de conformité délivrés par les constructeurs en vue de l’immatriculation en France
des véhicules ayant fait l’objet d’une réception UE par type ou d’une réception NKS ou d’une RPT. Il
précise pour chaque cas de réception les modalités et les prescriptions techniques applicables. Il
est complété par les prescriptions techniques applicables pour la réception des machines agricoles
automotrices.

Les limites réglementaires en termes de poids des véhicules agricoles.


Au moment de la réception d'un véhicule agricole, qu’il s’agisse des tracteurs agricoles ou forestiers,
des automoteurs, des remorques et semi-remorques ou encore d’outils agricoles remorqués ou semi
portés de plus de 1,5 de PTAC, le constructeur doit déclarer à la DREAL le poids maximal admissible
pour lequel le véhicule est construit (donc poids à vide et le poids de la charge admissible par
construction) ainsi que le poids maximal admissible sur chaque essieu. S'il s'agit d'un véhicule à
moteur (tracteurs et automoteurs), Il doit également déclarer le PTRA (poids total roulant admissible)
de l'ensemble de véhicules que l'on peut former à partir de ce véhicule à moteur.
C’est à partir des informations données par le constructeur et des tests de réception, que la DREAL
fixe un poids total autorisé en charge (PTAC) ainsi qu’un poids total roulant autorisé pour les
véhicules à moteur (PTRA). Les valeurs retenues du poids à vide et du PTAC figurent sur l’attestation
de réception des véhicules agricoles remorqués, le PTRA complète l’information sur le certificat
d’immatriculation des véhicules à moteur. Toutes ces valeurs indiquent concrètement au conducteur
les limites techniques de poids à ne pas dépasser quand il emprunte les voies ouvertes à la circulation
(en dehors des limites éventuelles d’accès de certains axes routiers mentionnées par des panneaux).
Attention à bien vérifier que les valeurs mentionnées sur la plaque de réception DREAL rivée sur le
châssis du matériel correspondent bien à celles de l’attestation de réception.
Plusieurs valeurs limitent la conception des véhicules agricoles :
- Un report de charge de la semi-remorque ou de l’outil semi porté sur le piton d’attelage d’un tracteur
est admissible jusqu’à 3 tonnes (*),
- L'essieu le plus chargé d'un véhicule agricole ne doit pas supporter une charge supérieure à 13
tonnes,
- Pour les tracteurs et automoteurs à deux essieux, le PTAC ne peut en aucun cas dépasser 19 tonnes,
- Ce seuil de 19 tonnes est également celui retenu pour les remorques à deux essieux. Leur PTAC
maximal peut passer à 26 tonnes à condition d’avoir trois essieux,
- Pour un ensemble tracteur avec une semi-remorque à deux essieux, le PTRA maximal autorisé est de
38 tonnes (19 + 19). Si la remorque a trois essieux, le PTRA maximal autorisé est limité à 40 tonnes.
Pour certaines catégories de véhicules et compte tenu des contraintes particulières liées à leur
utilisation, le décret n° 2016-1521 du 10 novembre 2016 ajoute au code de la route quelques
possibilités de dépassement des limites réglementaires. C’est le cas des automotrices à deux essieux
ainsi que des véhicules remorqués à deux essieux de la catégorie S, qui peuvent avoir un PTAC
pouvant aller jusqu’à 26 tonnes, ainsi qu’une charge à l’essieu ne dépassant pas les 14 tonnes. Les
règles particulières seront fixées par arrêté, afin de préciser les périodes et itinéraires d’interdiction de
circulation, les équipements et les conditions de leur utilisation.
(*) Une charge maximale de 4 tonnes est admissible, mais uniquement avec des tracteurs équipés
d'un attelage à boule de 80 mm de type K80. Ces attelages K80 doivent recevoir une homologation
spécifique à 4 tonnes. Les autres attelages restent limités à 3 tonnes.
(Annexe IV de la directive 2009/144/CE modifiée par la directive 2013/8/UE, avec transposition en droit
français dans l’arrêté du 4 juin 2013).

Les vérifications périodiques des engins de levage.

Afin de s’assurer que les appareils de levage sont convenablement installés ou qu’ils ne
présentent pas de défectuosités susceptibles de provoquer des situations dangereuses, la
réglementation prévoit que les appareils de levage doivent faire l’objet de vérifications périodiques.
Au niveau des automoteurs, cela concerne principalement les chargeurs télescopiques, mais aussi les
chargeurs frontaux assemblés sur les tracteurs agricoles, que ce soit pour une utilisation agricole
ou pas.

On distingue 3 types de vérifications:


- La vérification de mise en service : lorsque le matériel, neuf ou occasion, est mis en service dans une
nouvelle entreprise,
- La vérification de remise en service : lorsqu’on utilise à nouveau le matériel après une réparation du
système de levage,
- La vérification générale périodique (VGP) : le matériel doit être vérifié régulièrement afin de
contrôler l’état général, l’état mécanique et le fonctionnement des sécurités.

Ainsi, l’arrêté du 1er mars 2004 relatif aux vérifications des appareils et accessoires de levage,
prévoit des vérifications obligatoires, trimestrielles, semestrielles ou annuelles, selon la
dangerosité du matériel et les circonstances d’utilisation.

Ces vérifications périodiques s’imposent à tout employeur de main-d’œuvre. Elles sont


effectuées par une personne qualifiée, appartenant ou non, à l’entreprise et dont la liste est tenue à la
disposition de l’inspection du travail. Ces personnes sont compétentes dans le domaine de la
prévention des risques liés aux opérations de levage et connaissent les dispositions réglementaires
afférentes : l’employeur n’est donc pas tenu de faire appel à du personnel extérieur dès lors qu’il peut
justifier des qualités requises du ou des vérificateurs de l’entreprise.

De manière générale, la périodicité est annuelle. Pour le secteur agricole et forestier, les matériels
soumis à une périodicité semestrielle sont essentiellement les chariots élévateurs, les grues de
chargement et les plateformes élévatrices de personnel. Les autres équipements tels les chargeurs
frontaux assemblés sur les tracteurs agricoles sont soumis à vérification annuelle seulement.
Chaque année, des accidents mortels ou graves liés à l’utilisation des équipements de travail servant au
levage sont à déplorer. Compte tenu de la persistance de ces accidents et du caractère mesuré de la
périodicité des vérifications prévu par l’arrêté actuel, il n’est pas envisagé de modifier ces durées.
Elles sont garantes du maintien des appareils de levage en état de conformité et d’une meilleure
prévention des risques professionnels liés à leur utilisation (*).

(*) Réponse du gouvernement sur le contrôle des appareils de levage et des machines et véhicules liés
à l'exploitation utilisés dans le cadre d'activités agricoles. publiée au JO le : 08/12/2015.

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