LETTRE OUVERTE AUX NOUMÉENS

Vendredi 11 décembre 2020

Partout dans le monde, la trêve de Noël s’opère pour laisser place à l’apaisement afin que la magie de Noël
entre dans le cœur de nos enfants.

Force est de constater qu’il n’en est rien en Nouvelle-Calédonie qui vit depuis plusieurs jours dans un
contexte de tension et de violences.

Ces dernières heures, j’ai eu à prendre la décision la plus difficile qu’il ne me soit jamais arrivé de prendre
dans ma vie de Maire, celle d’annuler les festivités liées à la féerie de Noël et être amenée, par la force des
choses, à confisquer la joie de nos enfants en rien responsables de ce que nous vivons.

Cette fête, qui depuis 6 ans, draine chaque année des dizaines de milliers de personnes toutes ethnies
confondues, a été conçue dans un esprit de partage et de fraternité bien au-delà des clivages politiques
que peut connaître notre pays.

Année après année, le pari du vivre ensemble s’est concrétisé au travers de cette fête devenue un vrai
succès populaire.

La fête est désormais finie sans même qu’elle n’ait pu commencer et je suis triste pour l’ensemble des
familles qui se faisaient une joie de venir sur les places prendre leur part de rêve.

Cette décision lourde de sens, est celle de la solidarité envers les populations, qu’elles soient de Nouméa
ou des autres communes qui subissent au quotidien. C’est également un soutien aux employés de VALE, à
ceux de la SLN ainsi qu’à l’ensemble des entreprises et des commerces touchés par les blocages et autres
formes d’exactions.

J’ai pleinement conscience que les forces de l’ordre, police municipale, police nationale et gendarmerie,
sont actuellement extrêmement sollicitées sur le terrain afin d’assurer au mieux la sécurité des personnes
et des biens. C’est pourquoi, je ne souhaite donc pas alourdir l’engagement des forces de sécurité qui
participent habituellement à la sécurisation de cet évènement.

Je remercie pour leur engagement et leur travail l’ensemble des personnels, qu’ils soient publics ou privés,
qui sont à pied d’œuvre depuis des semaines pour que cette Fête de la Lumière soit une réussite.

J’exprime aux Nouméens mes plus vifs regrets et j’en appelle à la responsabilité de chacun car ce n’est
ni par la force, ni par la violence que nous arriverons à construire pour nos enfants un avenir de paix.

J’associe à cette lettre, mes collègues Maires qui doivent faire face aux blocages et qui comme moi sont
aujourd’hui confrontés à des décisions difficiles.

Sonia Lagarde