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Physique

MECANIQUE DU POINT MATERIEL


PROBLEME

- PROBLEME DE MECANIQUE DU POINT 1 -

l ENONCE : « Points de Lagrange »

Deux points matériels M 1 et M 2 , de masses respectives m1 et m2 , gravitent à une


distance a = M 1 M 2 constante l’une de l’autre, l’interaction étant purement gravitationnelle ; le
système constitué par les deux masses est mécaniquement isolé.

1) Dans le référentiel barycentrique ( R* ) du système, déterminer les trajectoires des


deux points matériels.
2) Calculer ω, vitesse angulaire par rapport à ( R* ) d’un repère ( R) lié à des axes
(Gx,Gy), G étant le centre de masse du système précédent, et Gx étant constamment dirigé de
M 1 vers M 2 (de plus, Gy est perpendiculaire à Gx).
3) Un point matériel P , de masse m très inférieure à m1 et m2 de façon à ne pas
perturber le mouvement de M 1 et M 2 , est placé dans le plan Gxy, à l’extérieur de la droite
M 1 M 2 , comme le montre la figure ci-dessous :
y

P
Le repérage du point P, dans le
r1 référentiel (R) , utilisera les
coordonnées bipolaires r1
r r2 et r2 .

M1 G M2 x

a) Calculer, en fonction de r2 et r1 , l’énergie potentielle EP dont dérivent les forces


s’exerçant dans ( R) sur la masse m .
b) Montrer que EP est extrémale en deux points L4 et L5 (nommés « points de
Lagrange »), symétriques par rapport à la droite M 1 M 2 .
c) Comment interpréter la présence de nombreux astéroïdes au voisinage des
points L4 et L5 du couple Soleil-Jupiter (les « grecs » en L4 , en avance sur la
trajectoire de Jupiter, et les « troyens » en L5 , en retard par rapport à
Jupiter…) ?
Remarque : ce phénomène avait été prédit par Lagrange (1736-1813) en 1772,
mais la première planète « troyenne » ne fut observée qu’en 1906, presque
100 ans après la mort de Lagrange !

4) On considère maintenant le couple Soleil-Terre, supposé mécaniquement isolé ; la


masse du Soleil est notée M , celle de la Terre vaut µ M , avec µ = 1 .
On peut alors confondre le centre de masse G du système avec le Soleil (point M 1 ).

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PROBLEME

a) Représenter l’allure de la fonction EP ( x ) , où


EP représente l’énergie
potentielle, dans le référentiel ( R) précédemment défini, d’une masse m
placée en un point d’ordonnée nulle et d’abscisse x , comptée le long d’un
axe d’origine la Terre (point M 2 ) et dirigé vers le Soleil.
b) En déduire qu’il existe trois autres points de Lagrange ( L1 ,L2 et L3 ), où EP ( x )
est également extrémale ; compte tenu de l’allure de la courbe, ces points
sont-ils des positions d’équilibre stables ?
c) On s’intéresse plus particulièrement à L1 (entre le Soleil et la Terre),
d’abscisse x1 , et à L2 , d’abscisse x2 négative ; déterminer x1 et x2 en
fonction de a et µ (dans un premier temps, on pourra supposer que x1 et x2
sont très inférieures à a , hypothèse que l’on vérifiera à la fin du calcul).
Comment sont situés L1 et L2 par rapport à la Terre ?
d) Application numérique : on donne a = 1,5.108 km et µ = 3.10 −6
Calculer x1 et x2 .
e) Le point L1 est occupé depuis plusieurs années par le satellite SOHO (Solar
And Heliospheric Observatory): quel est l’intérêt d’un tel positionnement ?
Vous paraît-il simple de maintenir un satellite au voisinage de L1 ?

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PROBLEME

l CORRIGE : « Points de Lagrange »

1) La définition du centre de masse permet d’écrire :


uuuuur uuuuur r uuuuur m uuuuur
m1G M 1 + m2 GM 2 = 0 ⇒ GM 2 = − 1 GM 1
m2
uuuuuuur uuuuur uuuuur uuuuur m 2 uuuuuuur uuuuur m1 uuuuuuur
Par ailleurs : M 1M 2 = M 1G + GM 2 ⇒ GM 1 = − M 1M 2 et GM 2 = M 1M 2
m 2 + m1 m2 + m1
uuuuur uuuuur
On en déduit que GM 1 et GM 2 sont des constantes, donc que les ma sses m1 et m2 décrivent

m2 m1
des cercles autour de G, de rayons respectifs : a1 = a et a2 = a
m 2 + m1 m2 + m1

Rq : on aurait pu exploiter la notion de mobile fictif, point matériel M , de masse réduite


m1m 2 uuuur uuuuuuur
mr = , tel que GM = M 1M 2 ; ce mobile fictif décrit donc un cercle de rayon a autour de
m2 + m1
G, et l’on sait que les trajectoires des particules réelles sont homothétiques de celle du mobile
fictif.

2) Par définition de l’énoncé, la vitesse angulaire du référentiel ( R) est également celle


de M 1 (ou M 2 ) , ou même celle du mobile fictif, dans le référentiel du centre de masse (qui est
galiléen, puisque le système est mécaniquement isolé) ; on applique le PFD à la masse m1 , dans
le référentiel ( R* ) , et on le projette sur le vecteur normal de la base de Frénet (trajectoire
circulaire), ce qui donne :
m2 G m1 m2
m1ω 2 × a= ⇒ on en déduit :
m1 + m2
2
a
G ( m1 + m2 )
ω2 = 3 (1) (où G est la constante universelle de la gravitation)
a
3) a) Dans le référentiel ( R) , non galiléen, outre les énergies potentielles de gravitation,
uur
il faut tenir compte de l’énergie potentielle EP ,i e associée à la force d’inertie d’entraînement Fie ;
uur 2 r
uuuuur dEPie, r dEPie
on a : Fie = mω rer = − gradEP ,i e = − =0)
,
er (au passage, on trouve que
dr dθ
Rq : il n’y a pas de force de Coriolis, puisque la masse m , placée au point P, est fixe dans le
référentiel tournant.
r2
, ( r ) = −mω + cste
2
Il vient alors : EPie
2
Ce résultat, associé à la relation (1), permet de passer à l’énergie potentielle totale :
 m m ( m + m )r 2 
EP = −mG  1 + 2 + 1 32  + cste (2)
 r1 r2 2a 

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PROBLEME

Il reste à exprimer r 2 en fonction de r1 et r2 ; pour cela, considérons la figure ci-dessous :


y

r1 Nous allons considérer successivement


les triangles M PH , puis M PH
r r2 1 2

H
M1 G M2 x
2 2
 m2a  2m 2 a  m2a 
On a : r = y + ( x + a1 ) = y +  x +  =x +y + x+
2 2 2 2 2 2

m1 + m2  m1 + m2  m1 + m2 
1

2m2a
⇒ r12 = r 2 + x + cste (3) (où la constante s’entend vis-à-vis des variables x et y )
m1 + m 2

2m1a
De la même manière, on trouve : r22 = r 2 − x + cste (4)
m1 + m2

En multipliant la relation (3) par m1 , et la relation (4) par m2 , puis en faisant la somme membre
à membre, on obtient m r + m r = ( m1 + m2 ) r 2 + cste , que l’on reporte dans (2) :
11
2
2 2
2

 m m m r2 m r 2 
EP = −mG  1 + 2 + 1 13 + 2 32  + cste
 r1 r2 2a 2a 

∂E P ∂E P
b) Les extremums de EP (r1, r2 ) sont donnés par : = 0 et = 0 ; d’où :
∂r1 r2
∂r2 r1

1 mr 1 mr
− m1 × 2 + 2 × 1 31 = 0 et − m2 × 2 + 2 × 2 32 = 0 ⇒ r1 = r2 = a
r1 2a r2 2a

Rq : M 1 M 2 L4 et M 1 M2 L5 constituent deux triangles équilatéraux, L4 et L5 étant symétriques


par rapport à la droite M 1 M 2 .

c) Les points L4 et L5 correspondent à des positions d’équilibre ; le problème qui se


pose est l’étude de leur stabilité : le calcul des dérivées partielles secondes, de signe négatif,
montrent qu’en fait, ces équilibres sont à priori instables.
En pratique, le problème est plus compliqué (il y a plus de trois corps à considérer…),
et surtout, les astéroïdes ont des vitesses « initiales » non nulles ⇒ il faut tenir compte des
forces de Coriolis dans la détermination de la stabilité ou non.
Des calculs montrent que la stabilité est assurée pour un rapport de masses m 2 / m1
inférieur à une valeur critique, ce qui est bien le cas pour le couple Soleil - Jupiter (ça n’est pas le
cas pour le couple Terre - Lune par exemple) : en 2002, on avait recensé quelques centaines
d’objets « troyens » (curieusement un plus grand nombre en L4 qu’en L5 ), qui orbitent selon
des trajectoires très variées autour des points de Lagrange précédents.

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PROBLEME

4) a) Nous allons reprendre une expression du type (2), en remarquant que r1 et r2


représentent des distances, et que r est la distance de la masse m à l’axe de rotation qui
passe par G, confondu ici avec le point M1 (le Soleil) ; en considérant que
m1 + m2 = M + µ M ; M , il vient alors :
 M µ M M (x − a )2 
x ≥ a: EP ( x ) = −mG  + +  + cste (5)
x−a x 2 a3 
 M µ M M (a − x ) 
2
0 ≤ x ≤a: EP ( x ) = −mG  + +  + cste (6)
a − x x 2 a3 
 M µM M (a − x )2 
x ≤0: EP ( x ) = −mG  − +  + cste (7)
a − x x 2a 3 

La fonction EP ( x ) présente deux branches paraboliques pour x → ± ∞ ; elle tend vers − ∞


lorsque x → 0 ou a ; elle est continue par ailleurs ; l’allure de la courbe est la suivante :
EP ( x )
0 a
x
On constate l' existence de
L2 L1 trois autres points de Lagrange,
L3
qui sont des maximums
d' énergie potentielle .

b) Ces maximums correspondent à des positions d’équilibre instables ; encore une fois,
seule une étude dynamique, faisant intervenir les forces de Coriolis, permettrait de savoir si,
compte-tenu des conditions initiales, des « objets » pourraient rester au voisinage des points
L1 , L2 et L3 , ou, au contraire, s’en éloigner indéfiniment.

c) En ce qui concerne L1 , c’est la dérivée de l’expression (6) qui doit s’annuler ; on a :


M µM M 1 µ x x
− 2 − 2 × 3 ( a − x1 ) = 0 ⇒ − = 1 − 1 ⇒ au 1er ordre en 1 :
( a − x1 ) (1 − x1 / a ) ( x1 / a)
2 2 2
x1 2a a a
µ
1/3
µ
3
x1 x x  x1 = a ×  
1+ 2 − = 1− 1 ⇒ 3 1  = µ ⇒
3
2
a ( x1 / a) a a

En ce qui concerne L2 , c’est la dérivée de l’expression (7) qui doit s’annuler ; il vient :
M µM M 1 µ x
+ 2 − 2 × 3 ( a − x2 ) = 0 ⇒ + = 1− 2
( a − x2 ) (1 − x2 / a) ( x2 / a)
2 2 2
x2 2a a
µ 
1/3

On est donc conduit au résultat suivant : x2 = −a ×  


3
⇒ les points L1 et L2 sont symétriques par rapport à la Terre.

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PROBLEME

a
d) Application numérique : on trouve x1 = x2 = = 1,5.106 km
100

e) SOHO permet d’étudier le Soleil (émission de particules, éruption solaires, champ


magnétique, taches solaires etc…) 24H sur 24, 365 jours par an, tout en restant constamment
(enfin, presque…) en liaison avec la Terre, à une distance de cette dernière d’environ quatre fois
la distance Terre-Lune, ce qui n’est pas très élevé.
Cependant, nous avons vu que la stabilité dynamique de L1 est relative ; en outre,
l’influence de la Lune n’est pas du tout négligeable, et il faut fréquemment corriger la trajectoire
à l’aide de petits moteurs, en acceptant également des périodes de « black-out ».
Malgré ces difficultés, la mission SOHO est un succès, et sa longévité dépasse celle
prévue initialement : on espère pouvoir atteindre au moins une durée de 11 ans, qui correspond
à un cycle solaire.
D’autres missions sont prévues, notamment en direction du point L2 : des
observations en continu du ciel pourraient être rendues possibles dans des directions opposées à
celle du Soleil, sans jamais être perturbées par ce dernier.

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