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1.

INTRODUCTIONS A L’EPIDEMIOLOGIE

I. L’essentiel

o L’épidémiologie est une science fondamentale de la santé publique


o Elle a grandement contribué à améliorer la santé des populations
o Elle est indispensable au processus d’identification et de cartographie des maladies émergentes
o Il existe souvent un décalage contrariant entre l’acquisition des données épidémiologique et leur
application sur le terrain

II. Historique :

1. Les origines
o Hippocrate : les facteurs environnementaux peuvent influer sur la survenue de la maladie
o Au 19éme siècle on se met à mesurer la répartition d’une maladie dans des sous-groupes de
population à l’exemple de John Snow et l’épidémie de choléra de Londres de 1854.
o Cette approche d’abord appliquée aux maladies transmissibles s’est avérée efficace pour mettre en
évidence une association entre agents environnementaux et maladies

Répartition géographique des décès par choléra à Londres (carte établie par John Snow)

Lors de l'épidémie de choléra à Londres en 1854, le docteur John Snow (1813-1858) remarque un agrégat de cas mortels de choléra dans le quartier de Soho, au
centre de Londres. Ne croyant pas à l'explication par les miasmes, il avance l'idée d'une contamination par l'eau de la fontaine publique de Broad Street et
convainc les autorités locales de la fermer. Dans son essai de 1855, On the mode of communication of cholera, il publie une carte par points destinée à
démontrer une corrélation entre l'agrégat de cas mortels autour de Broad Street et la fontaine où les victimes se sont fournies en eau. Il montre que cette eau,
prélevée par la compagnie Southwark dans la Tamise, a pu être souillée par les eaux des égouts qui s'y déversent juste en amont.

2. développements récents

o L’épidémiologie moderne : exemple des travaux de Doll et Hill sur le tabagisme et cancer du poumon . Ainsi,
de 1948 a 1952, en comparant 1 465 malades atteints d’un cancer des bronches a des témoins, Doll et Hill
incriminent le tabac comme cause de ce cancer (étude cas témoins)
o Puis grâce au études de cohorte, ils ont pu établir l’association entre cigarette et cancer du poumon
o La cause d’une maladie résidait dans plusieurs facteurs dont certains étaient indispensables et que d’autres
en augmentaient seulement le risque
Exemple :Évolution de la consommation moyenne de cigarettes par habitants en France et aux États-Unis de 1950 à
1990 et de la mortalité par cancer du poumon chez les hommes âgés de 40 à 44 ans en France et aux États-Unis de
1950 à 1990 (source : Bouyer, 1995).

Exemple d’étude descriptive : permettant de générer une hypothèse (relation tabac cancer)

L'étude des médecins britanniques est une étude de cohorte menée de 1951 à 2001, qui a prouvé en 1956 de façon statistiquement convaincante que
le tabagisme augmente le risque de cancer du poumon. Elle a également permis de quantifier la diminution d'espérance de vie induite par le tabagisme. Enfin, la
relation entre l'âge de l'arrêt du tabagisme et l'espérance de vie a aussi pu être déterminée.

I. Définitions

o SANTE: « État de complet bien-être physique, mental, social , et ne consiste pas seulement en une absence
de maladie ou d’infirmité » OMS 1948
o MALADIE : Altération organique et/ou fonctionnelle de l’état de Santé
o EPIDEMIOLOGIE : construit à partir des mots grecs : epi «sur» , demos « peuple », et logos « discours »

Dans sa constitution de 1948 , l’organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme étant « un état
de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d’infirmité». Cette définition présente certains intérêts du fait que la santé n’est plus définie comme l’inverse de
la maladie. Elle intègre le physique, le mental et le social, c’est-à-dire qu’elle envisage la santé dans sa globalité.
Ceci implique un équilibre entre ces trois composantes. Cependant aucun intérêt opérationnel ne parait en
découler puisqu’elle définit un état idéal, inconnu et qui ne peut donc servir à fixer les objectifs précis à une
action sanitaire.
Étude : comprend la surveillance, l’observation, les tests d’hypothèse, la recherche analytique et les expériences

Distribution : fait référence à l’analyse du temps, des personnes, des endroits (espace) et des classes de sujets touchés

Déterminants : comprennent les facteurs biologiques, chimiques, physiques, sociaux, culturels, économiques, génétiques, et comportementaux qui influencent
sur la santé

Etats et événements liés à la santé : font référence aux maladies, aux causes de décès, aux comportements tels que le tabagisme, aux états de santé positifs, aux
réactions à des schémas préventifs, ainsi qu’à la fourniture et à l’utilisation des services de santé

Populations déterminées : comprennent celles qui présentent des caractéristiques distinctes, comme les groupes professionnels

Application à la prévention et à la lutte : les objectifs de la santé publique : à savoir promouvoir, protéger et restaurer la santé
La santé publique, d’une façon générale, fait référence à des mesures collectives visant à renforcer la santé de la population

L’épidémiologie qui est un des instruments permettant d’améliorer la santé publique a plusieurs applications

Étiologie(Causes) des maladies

 Quelques maladies origine uniquement génétique : ex phénylcétonurie

 Mais la plupart résultent d’une interaction entre Facteurs génétiques et environnementaux (ce sont tous les
facteurs – biologiques, physiques, psychologiques, etc. – qui peuvent influer sur la santé). Le comportement
et le mode de vie sont très importants à cet égard

Les premières études épidémiologiques s’intéressaient aux causes (étiologie) des maladies transmissibles et ce sont là des travaux qui restent
indispensables puisqu’ils peuvent conduire à l’identification des méthodes de prévention.

En ce sens, l’épidémiologie est une science médicale fondamentale dont l’objectif est d’améliorer la santé des populations et plus particulièrement
celles qui sont défavorisées.

Histoire naturelle des maladies

De la même manière que les maladies transmissibles, l’évolution des maladies chroniques se déroule en
plusieurs étapes

L’exposition à des facteurs de risque va entrainer des perturbations infracliniques qui vont précéder
l’apparition de la maladie

Situation sanitaire de la population


La Connaissance du fardeau représenté par la maladie est essentielle pour les autorités de la santé
(ressources limitées); permet d’identifier les programmes prioritaires tant préventifs que curatifs

L’éco-épidémiologie et l’épidémiologie professionnelle : études portant sur des populations particulières


soumises à une exposition environnementale

Evaluation des interventions

 Archie Cochrane réussit à convaincre les épidémiologistes d’Évaluer l’efficacité et l’efficience des services de
santé . C’est-à-dire déterminer des éléments tels que:

 durée optimale de séjour hospitalier pour telle affection

 intérêt du traitement de l’hypertension

 efficience des mesures d’assainissement contre les maladies diarrhéiques

 impact de l’élimination des additifs au plomb de l’essence sur la santé publique

Quelques succès à l’actif de l’épidémiologie

 Eradication de la variole

 Intoxication par le méthylmercure

 Rhumatisme articulaire aigu et cardiopathie rhumatismale

 Carence iodée

 Tabagisme, amiante et cancer pulmonaire

 Fractures de la hanche

 VIH/SIDA

Lorsque l’OMS a proposé en 1967 un programme d’éradication étalé sur 10 ans, on observait chaque année 10 à 15 millions de nouveaux cas et 2 millions de
décès dans 31 pays. En 1976, seuls 2 pays en signalaient encore et le dernier cas remonte à 1977.

Plusieurs facteurs expliquent ce succès : engagement universel, objectif précis personnel qualifié et stratégie de mise en œuvre souple

En outre, cette maladie présente des caractéristique qui ont rendu l’éradication possible et l’on disposait d’un vaccin thermostable efficace
Maladie de Minamata

 Identification de la cause : Épidémie liée à la pollution de l’environnement

 Intoxication par le méthyl mercure consécutive à la consommation de poisson

 Maladie environnementale

 Au cours des années 1950, des composés mercuriques sont été rejetés avec les effluents d’une usine de
Minamata(Japon) dans une baie de superficie réduite. Ces rejets ont provoqué l’accumulation de
méthylmercure chez les poissons, entrainant de graves intoxications chez les gens qui les consommaient.

Carence iodée

 À l’origine de goitre et crétinisme, connus depuis 400 ans. En 1915, en suisse, goître endémique , adjonction
de sel iodé dans le sel de table. En 1924, Premiers essais de grande ampleur à Akron , Ohio, États-Unis sur
5000 fillettes âgées de 11 à 18 ans

 Résultats remarquables prophylactiques te thérapeutiques. Le succès dépend de l’efficacité de la production


et de la distribution du sel et exige une législation contraignante un système de contrôle de la qualité et la
sensibilisation du grand public

Il existe d’autre expositions à côté du tabac comme la poussière d’amiante et la pollution atmosphérique dans les
villes à l’origine u cancer bronchopulmonaire. L’effet combiné du tabagisme et de l’exposition à l’amiante est
multiplicatif, entrainant des taux de cancer extrêmement élevés chez les fumeurs exposés à la poussière d’amiante.
Fractures de la hanche

 Conséquences pour les besoins d’une population vieillissante en services desanté

 Fractures du col , nb de Journées d’hospi , charge financière considérable

 Stratégie optimale de prévention?

 Administration d’oestrogènes aux femmes ménopausées

 Facteurs susceptibles d’être modifiés?

 Les fractures de la hanche montrent une augmentation exponentielle avec l’âge par suite de la diminution
de la masse osseuse à l’extrémité proximale du fémur et de l’augmentation des chutes liées à l’âge. La
plupart des décès associés résultent de complications de ces fractures.

 On ne sait pas exactement quelles sont les stratégies optimales pour prévenir les fractures du col du fémur.

 Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus qui s’attaque aux cellules du système
immunitaire et les détruit ou les rend inefficaces. Aux premiers stades de l’infection, le sujet ne présente pas
de symptômes. Cependant, l’évolution de l’infection entraîne un affaiblissement du système immunitaire et
une vulnérabilité accrue aux infections opportunistes.

 Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) est le dernier stade de l’infection à VIH. Il peut se déclarer au bout de 10 à 15 ans. Les
antirétroviraux permettent de ralentir son évolution.

 Le VIH se transmet à l’occasion de rapports sexuels (anaux ou vaginaux) non protégés, d’une transfusion de sang contaminé ou de l’échange de
seringues contaminées. Il se transmet aussi de la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement au sein.

 Selon des chiffres publiés par l’OMS en 2007, 33,2 millions de personnes vivent avec le VIH. On estime actuellement à 2,5 millions le nombre de
primo-infections par le virus et à 2,1 millions le nombre de décès entraînés par le sida. Près d’un tiers des primo-infections et des décès surviennent
dans huit pays d’Afrique subsaharienne.

 Depuis que le VIH/sida a été décrit pour la première fois en 1981, on estime à 60 millions le nombre de personnes qui ont été infectées par le VIH,
dont 20 millions sont décédées. L'ONUSIDA indique que moins d'une personne sur cinq exposée au risque d'infection par le virus a accès à des
services de prévention de base. Par ailleurs, seules 24% des personnes ayant besoin d'un traitement contre le VIH y avaient accès au milieu de 2006
II. Epidémiologie descriptive :

1. Définition : Elle étudie la distribution et la fréquence des phénomènes de santé dans une population en
fonction de caractéristiques de : personnes, lieux et temps.

2. Objectifs :
̶ Recherche scientifique : La répartition des phénomènes de santé permet d’émettre des hypothèses causales.
̶ Santé publique : La répartition des caractéristiques de certaines pathologies et de leurs fréquences permet
de prendre des mesures de prévention. Les données sont recueillies à travers un système de surveillance
épidémiologique.

3. Méthodes :

Les différents composants de l’état de santé d’une population sont exprimés par l’intermédiaire d’indicateurs qui
sont pour la plupart des taux dont l’utilisation permet les comparaisons entre groupes.

Mesure de la morbidité :

 L’incidence : Le nombre de nouveaux cas de maladie rapporte à l’effectif total de la population exposée au
cours d’une période donnée (recherche clinique).
 La prévalence : Nombre total de cas existants au cours d’une période donnée rapporté à l’effectif total de la
population exposée (santé publique).

Mesure de la mortalité : Les taux bruts ou spécifiques de mortalité mesurent la fréquence des décès dans la
population générale ou dans les sous-groupes de population.

Sources de données :

Le numérateur des taux provient des déclarations, de la surveillance des maladies ainsi que des données
hospitalière, le registre des maladies et des décès qui existent en permanence. Des enquêtes épidémiologiques dites
transversales sont utilisées pour obtenir de façon ponctuelle ces données.

Le dénominateur est fourni par les données démographiques et les recensements des populations.

III. Epidémiologie analytique (explicative ou étiologique) :


1. Définition :

Elle analyse le rôle des facteurs dits de risque, susceptibles d’influencer l’incidence des problèmes de santé en les
augmentant ou en les diminuant.

2. Objectifs :

- Identification des facteurs de risque et des groupes à risque. Le risque d’une maladie est la probabilité de sa
survenue au sein d’une population donnée au cours d’une période donnée.

- Recherche étiologique.

3. Méthodes :

Elle procède par comparaison entre les fréquences des problèmes de santé qui surviennent chez des groupes de
population diversement exposés à un facteur de risque. Les données à comparer sont obtenues par le biais
d’enquêtes épidémiologiques dites analytiques et longitudinales dont le principe est le suivant :

Enquête exposé non exposé (cohorte, prospective) :


Deux groupes de populations, dont l’un est exposé à un facteur supposé de risque (ex : tabac) et l’autre non, sont
suivis pendant une période d’observation à l’issue de laquelle on mesure l’incidence de la maladie attendue (ex :
cancer du poumon) dans les deux groupes. Une incidence plus élevée chez les exposés confirme cette hypothèse.

III. 3.2. Enquête cas – témoins (rétrospective) :

Deux groupes de population dont l’un est malade et l’autre non, sont interrogés sur leur exposition à un facteur
supposé de risque (tabac). Si la fréquence d’exposition est plus importante chez les malades cela confirme cette
hypothèse.

III. 4. Notion de causalité :

On dit qu’un facteur est cause d’une maladie si une modification de sa fréquence entraine une modification de la
fréquence de la maladie.Le facteur de risque est un facteur associé statistiquement à la survenue de la maladie.

Epidémiologie évaluative :

IV.1. Définition : Mesure l’efficacité des interventions sanitaires (programme de santé, soins, dépistage, essai
thérapeutique), qui est exprimée sous forme d'un état de santé => Évaluation de recherche (ce sont les expériences)

L’Intervention doit être considérée ici dans un sens très large et signifie aussi bien un programme d’éducation
sanitaire, que de dépistage ou même un acte thérapeutique (nouveau traitement ou technique chirurgicale).

Elle permet de vérifier l'efficacité de l'intervention telle qu'elle a été mise en en place dans la pratique habituelle =>
Évaluation professionnelle (ce sont les études d'observation évaluatives qui utilisent les méthodes de l'épidémiologie
descriptive).

IV.2. Objectif : Evaluer

- une situation sanitaire

- le résultat d’une action de santé publique

- des pratiques professionnelles

- des techniques de soins

- des risques

IV.3. Méthodes :

1/ Enquêtes expérimentales : (limites étiologiques)

Essais prophylactique (vaccin, prévention, etc.)

Essai thérapeutique

2/ Enquête d’observation :

- Avant / Après

- Ici / ailleurs.

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