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Introduction
Le XXIè siècle se targue d'être le siècle de la communication, mais ce mot si populaire revêt
aujourd'hui de multiples significations :
- selon l'étymologie, communiquer c'est « partager » (du latin communicare : "mettre en
commun")
- mais il a depuis pris un sens plus lâche : pour communiquer, il suffirait d'émettre un message
(informer, divulguer une information, et même, tout simplement, s'exprimer), quel que soit le
destinataire et le canal
- par ailleurs, le nom communication désigne non seulement le transport d'informations, mais
aussi le transport des personnes ; il est donc définitivement associé à une idée de
déplacement, de transfert
- dans la foulée, la communication est devenue un secteur (juteux) de l'activité économique,
source d'emplois, de profits... et d'enjeux politiques
- aujourd'hui en effet, dans une société saturée d'informations audio-visuelles où la « visibilité »
et la « popularité » sont les conditions du pouvoir, toute entreprise (privée ou publique,
militaire ou culturelle, sociale ou commerciale...), mais aussi toute personne soucieuse de ses
appuis, se doit de soigner sa communication, c'est-à-dire ici son "image".
On le voit à travers ces emplois, le terme de "communication" est devenu bien flou. Revenons donc
à ses fondements.
I ) La situation de communication
http://www.dailymotion.com/video/x8l2x_les-deschiens-le-bavard_fun
=> quelles difficultés de communication ce sketch fait-il apparaître ?
=> quels sont les ingrédients d'une communication réussie ?
1 / Les ingrédients
Rem : Qu’il soit écrit, oral ou imagé, un message combine le plus souvent plusieurs fonctions.
Le langage est une faculté : celle de communiquer, et, chez les humains, d'exprimer une
pensée. Cette faculté est à la fois innée et culturelle, à la fois physiologique et psychique :
elle repose sur des organes sensoriels (voix, oreilles, yeux), mais aussi sur la compétence à
décoder, compétence qui se dévelope par imprégnation, imitation et répétition.
La langue est le langage commun à un groupe social ; c'est un code qui comporte des
phonèmes (sons), des graphèmes (lettres, idéogrammes, hiéroglyphes), un lexique et une
grammaire propres. Dès lors on constate la diversité des langues humaines, source de
discorde (cf. le mythe biblique de la tour de Babel), mais aussi le caractère vivant de toute
langue (forgeant ou empruntant de nouveaux vocables, "usant" certains mots dont le sens
s'affaiblit ou se diversifie).
Les signes sont les plus petites unités de sens qui composent une langue. Le langage humain
est tout entier symbolique, c'est-à-dire que les signes dans lesquels il s'articule sont
construits de manière arbitraire : ils associent deux réalités qui n'ont aucun rapport naturel
entre elles :
1) un signifiant = l’image acoustique ou graphique
2) et un signifié = le référent (élément de la réalité matérielle ou conceptuelle)
[ koup]
S=
SA
=
SÉ
2/ Le langage verbal : écrit & oral, registres de langue
L'oral – la langue orale se caractérise par sa souplesse et sa vivacité ; elle est au service du
besoin de communiquer, elle est maniée par tout le monde, et dès lors elle se modifie
constamment dans sa forme et dans sa sémantique. Elle tolère un niveau de langue
courant, voire familier(mots courants, voire argotiques, syntaxe simple voire incorrecte).
L'écrit – la langue écrite, parce qu'elle se fixe, se présente de façon plus rigide, plus
codifiée (historiquement, la codification de la langue, la fixation de l'orthographe et des
règles de grammaire s'effectuent dans le sillage immédiat du développement de
l'imprimerie : au XVIè siècle). Le niveau de languede l’écrit est soutenu, voire élégant
(mots précis, parfois rares, phrases complexes, effets de style, images et figures de
rhétorique).
On désigne par là tous les signes visuels qui véhiculent un message, qu'il soit intentionnel ou non :
gestuelle et mimiques, images fixes ou mobiles, logos et symboles.
>> En association avec le langage verbal, ces signes peuvent renforcer le sens du message ou
l’enrichir de connotations particulières, ou au contraire, quand ils ne sont pas maîtrisés, fausser,
voire démentir le message initial.
>> Ces signes peuvent être isolés (une image publicitaire, le logo d’une entreprise, des gestes
personnels…) ou organisés en codes.
Codes de la circulation : codes de la route, maritime, ferroviaire…
Codes techniques et scientifiques : symboles mathématiques, physiques, chimiques…
Langues non verbales : braille, morse
Codes sociaux : vestimentaires, rituels sociaux de politesse, enseignes…
chacun de ces outils utilise des codes de représentation propres, qu’il faut repérer et
maîtriser pour bien comprendre le message communiqué.
on distinguera les supports traditionnels et les moyens modernes ; entre outils privés /
publics ; entre médias, information / culture, art, littérature.
mais ces supports canaux se combiner entre eux, notamment avec le WEB qui brouille
définitivement les frontières traditionnelles.
Lorsqu'il engage une ou plusieurs personnes, le langage devient parole, c'est-à-dire que les mots
proférés vont avoir des effets dans le réel. Dans certains contextes, la parole a ce pouvoir fascinant
de modifier les situations ou les relations entre les hommes.
1. Dans le domaine religieux, la parole est sacralisée : les récits mythiques, les propos des
prêtres, les formules d'incantation sont de nature à souder les assemblées dans une foi
commune. D'ailleurs dans la Bible, c'est le Verbe divin qui crée le monde ; pour les tibétains,
la force cosmique est contenue dans une seule syllabe.
2. Dans le domaine juridique, on rencontre aussi une parole agissante (ex : "La séance est
levée !", "Je vous déclare unis par les liens du mariage") : quand les mots proférés
équivalent à un acte. On appelle cela ladimension performative du langage.
4. Sur la scène politique ou scientifique, plus généralement sur la place publique, on éprouve
aussi le pouvoir de la parole : pour susciter l'adhésion d'autrui ou pour affirmer un pouvoir
de domination, le locuteur va déployer des stratégies argumentatives, il va tenter de
convaincre et de persuader un auditoire.
5. Mais on peut considérer, avec Roland Barthes, que le pouvoir est chevillé au langage, quel
que soit le contexte de parole. Selon lui, toute prise de parole constitue aussitôt une prise
de pouvoir, car la langue n'est pas "ce qui permet de dire", mais "ce qui oblige à dire". En
effet, la langue se présente toujours à nous comme une forme contraignante qui impose son
code, sa loi. Dès lors, en parlant, chacun se réapproprie le code et cherche à l'imposer,
même à son insu. Roland Barthes, Leçon au Collège de France, 1977