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STUDIA UNIVERSITATIS BABEŞ-BOLYAI, PHILOLOGIA, LV, 3, 2010

LES ACTES DE LANGAGE DIRECTIFS


D’UN DISCOURS DIPLOMATIQUE

ARPAD MIHALOVICS1

ABSTRACT. Directive speech acts in a diplomatic discourse. This contribution


is centred on textual construction and pragmatic features of the allocution made on
June 2nd, 1980, by Pope John-Paul II during his visit to the United Nations
Organisation for Education, Science and Culture (UNESCO).

Keywords: diplomatic discourse, illocutionnary force, directive speech acts.

On dit que la parole des diplomates mérite d’être prise en considération et


ce d’autant plus qu’il s’agit de la parole d’une personnalité aussi éminente que le
Pape Jean-Paul II. J’essaierai de le montrer en analysant le „Discours de Sa Sainteté le
Pape Jean-Paul II” à l’occasion de sa visite au siège de l’Organisation des Nations
Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), le 2 juin1980.
Le texte de ce discours est assez long (il se compose de 23 paragraphes) et,
pour cette raison, l’analyse que je vais faire ne portera que sur certains aspects,
notamment sur les actes de langage directifs. Mais avant de commencer cette analyse,
je voudrais aborder quelques questions d’ordre théorique.

I. Texte - discours, discours diplomatique


Le terme discours connaît de multiples usages en linguistique, dont tous ne
sont pas clairement définis. Il apparaît ainsi dans plusieurs oppositions terminologiques,
à savoir: langue/discours, discours/phrase, discours/énoncé, discours/récit, discours/
texte, etc.
En ce qui concerne cette dernière opposition, je vais citer deux passages
tirés de deux importants ouvrages:
(1) „L’opposition discours/texte… Les développements de l’analyse de
discours et de la linguistique des textes ont permis de clarifier quelque peu les
champs d’application respectifs de chacune des deux notions. Ainsi le discours peut-il
être défini comme un ensemble d’usages linguistiques codifiés, ensemble subordonné
à une pratique sociale (discours juridique, religieux, scientifique, etc.), par distinction
avec le texte formant, comme le précise François Rastier, une suite linguistique

1
Professeur en linguistique française, Vice-Recteur aux Relations internationales, Université de
Pannonie, H-8201, Veszprém, Hongrie, mihalo@almos.vein.hu

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autonome, orale ou écrite, produite par un énonciateur dans le cadre d’une pratique
sociale spécifique, et constituant un objet empirique, cohésif et cohérent. L’intérêt
de cette perspective est notamment de faire ressortir le fait que le système
linguistique ne peut à lui seul permettre de produire un texte.” (Franck Neveu,
Dictionnaire des sciences du langage, p.106)
L’autre citation:
(2) „Dans une première approche, le terme discours peut correspondre à
la notion de texte [...] Au niveau formel ceux-ci [certains dictionnaires] mettent
l’accent sur l’oralité et évoquent une allocution publique sur un sujet spécifique
[…] Le terme désigne aussi un essai littéraire ou philosophique développant
longuement un sujet […]

En théorie linguistique, le discours peut être identifié à un ou plusieurs


énoncés qui, dans leur enchaînement, mettent en oeuvre la langue en réalisant un
code linguistique virtuel. Il exprime alors une pensée, un raisonnement. Le discours
peut encore désigner un style, une manière de relayer une expérience […] Enfin, la
notion de discours peut recouvrir une posture, voire une idéologie développée dans
les productions verbales d’un parti, d’un corps, d’un locuteur individuel ou
collectif en situation de pouvoir. Il convient donc de bien distinguer entre „les”
discours (variantes de réalisation) et „le” discours (type d’énonciation).” (Constanze
Villard, Le discours diplomatique, p. 64)
Je pense que ces deux citations montrent bien la complexité de cette
problématique. Je n’ai pas l’intention de trancher la discussion, mais je pense qu’on
peut constater que le corpus d’analyse choisi répond bien aux critères formulés par
ces définitions.
En ce qui concerne la définition du discours diplomatique on rencontre
également de nombreuses difficultés.
L’une de ces difficultés est due à ce que l’analyse discursive du champ
diplomatique – contrairement à l’analyse du discours politique ou littéraire – en est
encore à ses débuts. Nous sommes d’accord avec Constanze Villard, auteur du livre
sur Le discours diplomatique (2006) cité ci-dessus, qui définit ce type de discours
de la manière suivante:
„Selon nous, le discours diplomatique appréhendé dans sa spécificité
n’est pas susceptible de pluriel. Nous postulons en effet qu’il se caractérise par une
certaine forme de procès discursif qui présuppose un système multi-
dimensionnel… (ibidem, p.69)
Nous recherchons plutôt une définition oblique du discours diplomatique
au niveau générique, c’est-à-dire par la mise en évidence de ses traits pertinents
[...] Nous appellerons „diplomaticité” l’ensemble de ces éléments pertinents, des
structures et des procédés caractérisant le discours diplomatique.” (ibidem, p.74)
En lisant ce livre on découvre que la „diplomaticité”, en tant que „structure
ouverte”, cultive volontiers l’ambiguïté ainsi que les procédés obliques dont l’étude
exige le recours aux méthodes de la pragmatique linguistique.

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Dans le Dictionnaire de sciences politiques de M. Lakehal on trouve une


définition très laconique de la langue diplomatique (L.D.) : „L. D. est très codifiée,
rarement directe, elle respecte entièrement les usages. En effet, elle transmet des
messages de toute nature, du conciliant au menaçant, mais soigneusement enveloppés
dans une forme verbale ferme ou équivoque, soyeuse, veloutée.” (p. 237).

II. De la diplomatie du Saint-Siège


Le Saint-Siège possède une autorité morale et spirituelle et non un pouvoir
géopolitique. Le réseau diplomatique du Saint-Siège couvre quasiment l’ensemble
de la planète. Le Saint-Siège se montre en effet désireux d’établir des relations
avec tous les États, quel que soit leur régime politique ou la conviction religieuse
de leurs citoyens. Le Saint-Siège est membre de la „famille des Nations Unies”
(c’est-à-dire l’ONU et les institutions spécialisées qui lui sont rattachées: FAO,
UNESCO, OMS etc.).
La diplomatie du Saint-Siège est présente sur la scène internationale depuis
mille six cents ans. Jean-Paul II s’est inscrit dans cette continuité en amplifiant
cette présence par ses nombreux voyages qui rassemblaient des foules immenses
mais aussi par le grand nombre d’audiences accordées au Vatican à de nombreux
chefs d’État et personnalités politiques.
Le Saint-Siège, surtout depuis le pontificat de Jean-Paul II, s’emploie à
défendre des causes justes, indépendantes de toute nationalité ou religion. Le Saint-
Siège se propose moins de résoudre lui-même des problèmes restés en suspens que
d’aider les hommes à construire un monde plus juste et plus fraternel. Aussi ses
messages s’adressent-ils au monde entier.
Les messages adressés par Jean-Paul II à l’occasion de ses visites – de la
tribune de l’ONU, de l’UNESCO ou encore du Parlement européen – ont eu un
grand retentissement. Le 2 juin 1980, le pape Jean-Paul II a prononcé un discours
sur la 109e session du Conseil exécutif de l’UNESCO devant un public
exceptionnel composé de diplomates, d’intellectuels et d’hommes de science.

III. Les actes de langage directifs


Avant de commencer l’analyse pragmatique très partielle de ce discours
prononcé dans un français impeccable, jetons un coup d’oeil sur la problématique
de la directivité en pragmatique.
Dans la théorie pragmatique (lignée Austin – Searle – Récanati –
Vanderveken), les traits essentiels des actes directifs sont :

But illocutoire: mettre l’allocutaire dans l’obligation de réaliser une action


future;
Direction d’ajustement: le monde s’ajuste aux mots. (L’acte de langage a
pour but de transformer la réalité conformément à la description qu’il en fait);
État psychologique exprimé: la volonté, le souhait, le désir.
Tout cela peut se réaliser sous différentes formes langagières (voir la suite):
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Les verbes de type directif (d’après Vanderveken 1985,188)

(Mihalovics, Les valeurs directives, 2006)

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IV. Construction du discours du Pape Jean-Paul II en termes de structure


actantielle:

Destinateur Objet Destinataire(s)


Les participants à la
Le Pape Jean-Paul II L’activité de 109e session de
l’UNESCO l’UNESCO
+ les invités

les hommes
Sujet de bonne volonté

Culture,
Adjuvants Éducation, Opposants
les organisations, Science les dictatures, certains
internationales, les dans le monde gouvernements,
gouvernements, les „les responsables”
hommes politiques des crises morales,
l’Église avec ses (= avec, au centre, certaines idéologies
„institutions” l’HOMME)

Selon Michel MEYER (1992: 88) „Certes le texte se matérialise bien par
l’ensemble des phrases qui le composent, mais il les dépasse toujours.” Ce sont
l’unité thématique et l’unité illocutoire qui déterminent la cohérence sémantico-
pragmatique d’un texte.

(Jean-Michel ADAM, La linguistique textuelle, p.176.)


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V. Les actes de langage directifs du discours papal


1. Forces/valeurs directives exprimées directement (je souligne dans le
texte):
– Par des verbes performatifs ou expressions équivalentes:
(1) C’est pourquoi aussi j’insiste, en me référant aux origines de votre
Organisation, sur la nécessité de mobiliser toutes les forces qui orientent la
dimension spirituelle de l’existence humaine, qui témoignent du primat du spirituel
dans l’homme - de ce qui correspond à la dignité de son intelligence, de sa volonté
et de son cœur - pour ne pas succomber de nouveau à la monstrueuse aliénation du
mal collectif qui est toujours prêt à utiliser les puissances matérielles dans la lutte
exterminatrice des hommes contre les hommes, des nations contre les nations. (4)2
(2) C’est en leur nom que je viens aujourd’hui à Paris, au siège de votre
Organisation, avec une prière: qu’au terme d’une étape de plus de trente ans de
vos activités, vous vouliez vous unir encore davantage autour de ces idéaux et des
principes qui se trouvèrent au commencement. (5)
(3) C’est en leur nom aussi que je me permettrais maintenant de vous
proposer quelques considérations vraiment fondamentales, car c’est seulement à
leur lumière que resplendit pleinement la signification de cette institution qui a
pour nom UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science
et la Culture. (5)
(4) Je vous prie de comprendre que, au nom de ce que je suis, je ne
pouvais m’abstenir de donner ce témoignage. (10)
(5) Qu’il me soit permis de revendiquer en ce lieu pour les familles
catholiques le droit qui appartient à toutes les familles d’éduquer leurs enfants en
des écoles qui correspondent à leur propre vision du monde, et en particulier le
droit strict des parents croyants à ne pas voir leurs enfants soumis, dans les écoles,
à des programmes inspirés par l’athéisme. (18)
(6) Qu’il me soit permis dès lors d’exprimer aussi certains souhaits qui,
je n’en doute pas, rejoignent la pensée et le cœur des membres de cette auguste
assemblée. (20)
(7) Et je vous supplie: déployons tous nos efforts pour instaurer et
respecter, dans tous les domaines de la science, le primat de l’éthique. (22)

2
Les chiffres entre parenthèses après les citations renvoient aux paragraphes du texte original
Discours de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II à l’occasion de sa visite au siège de l’Organisation des
Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), le 2 juin 1980. (voir le site
Internet http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/speeces/1980/june/documents/hf_jp-ii_spe_19800602
_unesco_fr.html)
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– Par l’impératif qui est la forme canonique du sens pragmatique directif:


(8) N’ayons pas d’illusions: le système formé sur la base de ces faux
impératifs, de ces renoncements fondamentaux, peut déterminer l’avenir de
l’homme et l’avenir de la culture. (13)
(9) …veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette souveraineté
fondamentale que possède chaque Nation en vertu de sa propre culture. (15)
(10) Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la grande
famille humaine. (15)
(11) Protégez-la! (15)
(12) Ne permettez pas que cette souveraineté fondamentale devienne la
proie de quelque intérêt politique ou économique. (15)
(13) Ne permettez pas qu’elle devienne victime des totalitarismes,
impérialismes ou hégémonies, pour lesquels l’homme ne compte que comme objet
de domination et non comme sujet de sa propre existence humaine. (15)
(14) Montrez-vous plus puissants que les plus puissants de notre monde
contemporain! (22)
(15) Décidez-vous à faire preuve de la plus noble solidarité avec
l’humanité: celle qui est fondée sur la dignité de la personne humaine. (22)
(16) Construisez la paix en commençant par le fondement: le respect de
tous les droits de l’homme, ceux qui sont liés à sa dimension matérielle et
économique comme ceux qui sont liés à la dimension spirituelle et intérieure de
son existence en ce monde. (22)
(17) Puisse la sagesse vous inspirer! (22)
(18) Ne cessez pas. (23)
(19) Continuez. (23)
(20) Continuez toujours. (23)
– Par la périphrase DEVOIR + INF :
(21) Oui, nous devons nous préoccuper de tout ce qui propose et
présuppose ces seuls buts scientifiques en exigeant des hommes de science qu’ils
se mettent à leur service sans leur permettre de juger et de décider, en toute
indépendance d’esprit, de l’honnêteté humaine et éthique de tels buts, ou en les
menaçant d’en porter les conséquences quand ils refusent d’y contribuer. (20)
– Par la construction IL FAUT + INF :
(22) Pour créer la culture, il faut considérer, jusqu’en ses dernières
conséquences et intégralement, l’homme comme une valeur particulière et
autonome, comme le sujet porteur de la transcendance de la personne (10)
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(23) Bien plus, il faut aimer l’homme parce qu’il est homme, …(10)
(24) … il faut revendiquer l’amour pour l’homme en raison de la dignité
particulière qu’il possède. (10)
(25) Si, au nom de l’avenir de la culture, il faut proclamer que l’homme a le
droit d’“être” plus, et si pour la même raison… (14)
(26)… il faut exiger un sain primat de la famille dans l’ensemble de l’œuvre
de l’éducation de l’homme à une véritable humanité, … (14)
(27) … il faut aussi situer dans la même ligne le droit de la Nation;… (14)
(28) …il faut le placer lui aussi à la base de la culture et de l’éducation. (14)
(29) … il faut mobiliser les consciences! (22)
(30) Il faut augmenter les efforts des consciences humaines à la mesure de la
tension entre le bien et le mal à laquelle sont soumis les hommes à la fin du vingtième
siècle. (22)
(31) Il faut se convaincre de la priorité de l’éthique sur la technique, du
primat de la personne sur les choses, de la supériorité de l’esprit sur la matière.(22)
– Questions qui attendent des réponses univoques, qu’il est souhaitable de
trouver au plus vite :
(32) Quel est l’état de la moralité publique qui assurera à la famille, et
surtout aux parents, l’autorité morale nécessaire à cette fin? (12)
(33) Quel type d’instruction? (12)
(34) Quelles formes de législation soutiennent cette autorité ou, au
contraire, l’affaiblissent ou la détruisent? (12)

2. Forces/valeurs directives exprimées indirectement (sans marques


explicites).
– Des constats ayant une valeur d’avertissement:
(35) Le respect des droits inaliénables de la personne humaine est à la base
de tout. (4)
(36) Toute menace contre les droits de l’homme, que ce soit dans le cadre
de ses biens spirituels ou dans celui de ses biens matériels, fait violence à cette
dimension fondamentale. (4)
(37) Cet homme, qui s’exprime et s’objective dans et par la culture, est
unique, complet et indivisible. (8)
(38) De tout cela se dégage un certain nombre de conclusions capitales. (11)

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(39) L’éducation a une importance fondamentale pour la formation des


rapports inter-humains et sociaux. (11)
(40) En tant que l’Organisation mondiale la plus compétente dans tous les
problèmes de la culture, l’UNESCO ne peut pas négliger cette autre question
absolument primordiale: que faire pour que l’éducation de l’homme se réalise
surtout dans la famille? (12)
(41) Il semble que de tels dangers en matière d’éducation menacent surtout
les sociétés à civilisation technique plus développée. (13)
(42) La civilisation contemporaine tente d’imposer à l’homme une série
d’impératifs apparents, que ses porte-parole justifient par le recours au principe du
développement et du progrès. (13)
(43) La Nation est en effet la grande communauté des hommes qui sont
unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. (14)
(44) Il existe une souveraineté fondamentale de la société qui se manifeste
dans la culture de la Nation. (14)
(45) Mesdames et Messieurs, le monde ne pourra pas poursuivre longtemps
sur cette voie. (22)
– Appels et exhortations réalisés par des énoncés assertifs :
(46) Nous nous en rendons compte, Mesdames et Messieurs, l’avenir de
l’homme et du monde est menacé, radicalement menacé, en dépit des intentions,
certainement nobles, des hommes de savoir, des hommes de science. (21)
(47) Deux considérations m’amènent à soumettre particulièrement à
votre réflexion la menace nucléaire que pèse sur le monde d’aujourd’hui et qui, si
elle n’est pas conjurée, pourrait conduire à la destruction des fruits de la culture,
des produits de la civilisation élaborée à travers des siècles par les générations
successives d’hommes qui ont cru dans la primauté de l’esprit et qui n’ont ménagé
ni leurs efforts ni leurs fatigues. (21)
(48) Je m’adresse avant tout à chaque homme de science individuellement
et à toute la communauté scientifique internationale. (22)
(49) En tant que l’Organisation mondiale la plus compétente dans tous les
problèmes de la culture, l’UNESCO ne peut pas négliger cette autre question
absolument primordiale: que faire pour que l’éducation de l’homme se réalise
surtout dans la famille? (12)
(50) …de vous dire et de vous crier du fond de l’âme: Oui! l’avenir de
l’homme dépend de la culture! Oui! la paix du monde dépend de la primauté de
l’Esprit! Oui! l’avenir pacifique de l’humanité dépend de l’amour! (23)

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En guise de conclusion, nous pouvons constater que le discours prononcé


le 2 juin 1980 par le Pape Jean-Paul II à l’UNESCO repose sur une série d’actes de
langage directifs qui revêtent les formes les plus diverses tout en gardant un style
très soutenu.
L’analyse de la structure actantielle et de la dimension illocutoire du
discours de Jean-Paul II montre clairement que c’est bien l’unité thématique et
l’unité illocutoire qui déterminent la cohérence sémantico-pragmatique d’un texte.
On pourrait dire que ce discours se construit autour d’une injonction dont
le sens illocutoire fondamental est le suivant: „La culture est la dimension essentielle
de l’humanité. – „Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la
grande famille humaine.”

RÉFÉRENCES

Adam, J.-M. (2005), Linguistique textuelle. Introduction à l’analyse textuelle des


discours, Paris, Armand Colin.
Austin, J. (1970), Quand dire c’est faire, Paris, Éditions du Seuil.
Charaudeau, P. et Maingueneau, D. (2002), Dictionnaire d’analyse du discours, Paris,
Éditions du Seuil.
Kerbrat – Orecchioni, C. (2001), Les actes de langage dans le discours, Paris, Nathan
Université.
Lakehal, M., Dictionnaire de sciences politiques, Paris, L’Harmattan.
Meyer, M. (1992), Langage et littérature, Paris, PUF
Mihalovics, Á. (2006), Politikai és diplomáciai nyelvhasznákat / Langage politique et
diplomatique, Veszprém.
Moeschler, J. et Reboul, A. (1994), Dictionnaire encyclopédique de pragmatique. Paris,
Éditions du Seuil.
Neveu, F. (2004), Dictionnaire des sciences du langage, Paris, Armand Colin.
Pascual, E. (2004), La commmunication écrite en diplomatie, Presses Universitaires de
Perpignan.
Récanati, F. (1981), Les énoncés performatifs, Paris, Editions de Minuit.
Searle, J. (1972), Les actes de langage, Paris, Collection Savoir.
Vanderveken, D. (1988) : Les actes de discours, Liège-Bruxelles, Pierre Mardaga Éditeur.
Villard, C. (2006), Le discours diplomatique, Paris, L’Harmattan.

Source Internet
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/speeces/1980/june/documents/hf_jpii_spe_
19800602_unesco_fr.html

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