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justice administrative.
Mourad AIT SAKEL.
Juge au tribunal administratif de Rabat.
Spécialiste du contentieux des marchés publics.
Introduction :
1
judiciaires d’entraver l’action administrative. Mais ce n’est qu’en 1957, avec la
création de la Cour suprême, que la justice administrative marocaine a conquis
de nouvelles ères avec l’instauration d’une matière administrative par le
truchement de la transposition des principes de l’arrêt Blanco 4 rendu par le
Tribunal des conflits le 8 février 1873, la juridictionnalisation du recours pour
excès de pouvoir et la consécration de l’unité juridictionnelle.
4
T.C. 8 févr. 1873, Blanco, Rec. 1er supplt 61, concl. David
5
V.
- Feuer (G.), Contribution à une théorie de l’appel dans la procédure contentieuse administrative : RD publ.
1958, p.19.
- Gjidara (M.), La fonction administrative contentieuse, thèse, Paris, LGDJ, 1972.
- Letourneur (M.), L’effet dévolutif de l’appel et l’évocation dans le contentieux administratif », EDCE, 1958,
p.59.
- Le foyer (Y.), Les effets de l’appel, Thèse Lyon, 1974.
- Rozos (N.), L’appel devant le Conseil d’Etat, Thèse, Aix-en-Provence.
6
V.
2
en toute légitimité, sur « la valeur réelle d’une décision juridictionnelle si son
application n’est pas garantie, sur la crédibilité même de la justice administrative
si au bout d’un certain temps, la décision dotée de l’autorité de la chose jugée est
ignorée par une administration convaincue de son invincibilité » 7 .
- Fayolle, La force exécutoire des décisions de justice vis-à-vis des administrations publiques, Thèse Nancy,
1926.
- Boulard, Le respect par l’administration active des décisions du Conseil d’Etat, Thèse, Paris, 1932.
- Laurent, L’indépendance de l’administration et les décisions du Conseil d’Etat, Thèse Aix, 1941.
- Josse, L’exécution forcée des décisions du juge administratif par la mise en jeu de la responsabilité pécuniaire
du service public, EDCE, 1953. 50.
- Jaquignon, L’exécution forcée sur les biens des autorités et services publics, AJDA, 1958.1.71.
- Autin (J.-L), « Le refus d’ordonnancer une dépense publique », AJDA, mars 1979.3.
-Delvolvé (P.), « L’exécution des décisions de justice contre l’administration », EDCE, 1983-1984, n°35.
- Favoreu (L.), L’efficacité des décisions de justice en droit public français. Trav. Assoc. H. Capitant, tome
XXXVI, 1985, 601.
- L’exécution des décisions de la juridiction administrative, Section du rapport et des études du Conseil d’Etat,
EDCE, 1987, 193.
- Guettier (Ch.), « L’administration et l’exécution des décisions de justice », AJDA, n°spécial, juill. – août
1999,66.
7
Benabdellah (M.-A), « Justice administrative et inexécution des décisions de justice », REMALD, n°25, 1998,
p.9
3
d’abord, elle sape les soubassements justificateurs de l’Etat de droit et parce que,
ensuite, elle prive de toute portée concrète le contrôle juridictionnel de
l’administration 8 .
- Le référentiel textuel.
- Le référentiel jurisprudentiel
- Le référentiel doctrinal.
8
V. Leulmi (S.), « Exécution des décisions des juridictions administratives », Rep. du cont. admi. , Dalloz, mise
à jour 1994, p.2 et s.
9
Parker (R.-W), « Du contrôle du pouvoir administratif aux Etats-Unis d’Amérique », AJDA, 20 oct. 1999,
p.751.
4
mécanismes d’exécution des décisions de la justice administrative, avant de
s’atteler, dans un second point, sur la portée réelle de leur déjudiciarisation.
Ainsi, dans ces sillages, il n’est pas sans intérêt de décortiquer, dans un
premier point, les ramifications juridiques de l’obligation d’exécution de la
décision du juge administratif avant de s’atteler, dans un second point, sur une
analyse succincte des mécanismes contentieux sanctionnateurs de la violation de
cette obligation.
10
T.C, 9 déc.1899, Association syndicale du canal de Gignac, Rec. CE, p. 731.
En réalité, l’exécution des décisions de la justice administrative n’est inhérente uniquement au dualisme
juridictionnel, mais il est lié à la séparation des fonctions juridictionnelles et administratives, et des privilèges
qui en résultent pour l’administration. Autrement dit, c’est la nature de l’administration qui justifie le principe de
l’insaisissabilité des biens de l’administration et non la nature de la juridiction qui l’a condamnée.
V. Costa (J.-P), « L’exécution des décisions de justice », AJDA, 1995, n° spécial, p.227.
V. également dans une perspective plus générale :
- Chapus (R.), Droit du contentieux administratif, Montchrestien, 1998.
- Peiser (G.), Contentieux administratif, Dalloz, 1997.
- Venezia (J.-C), Gaudemet (Y.), Traité du droit administratif, LGDJ, 1999.
- Rivero (J.), « Le Huron au palais royal ou réflexion naïves sur le recours pour excès de pouvoir », D. 1962,
chron. 37.
- Braibant (G.), « Remarques sur l’efficacité du recours pour excès de pouvoir », EDCE, 1961, p.53
-Delvolvé (P.), « L’exécution des décisions de justice contre l’administration », EDCE, 1983-1984, p.14
5
lacis de limites ayant pour objectif de dispenser l’administration du strict respect
de la chose jugée.
11
V. La contribution du Conseil d’Etat français au congrès de l’association internationale des hautes juridictions
administratives sur le thème de l’exécution des décisions de la juridiction administrative, 2004, p.9, doc. Non
publié.
V. également Harsi (A.), « Le problème de l’exécution des décisions de justice condamnant l’administration au
paiement des indemnités », in Tribunaux administratifs et Etats de droit, Colloque de la Fac. des Sc. Jur. Eco.
Soc. De Marrakech, série « Séminaires et colloques », n°5, 1996, p.52.
6
Au Maroc, les textes institutifs des tribunaux administratifs et des cours
d’appel administratives n’ont pas prévu une formule exécutoire spécifique pour
les jugements rendus en matière administrative ce qui implique
d’opérationnaliser la technique de renvoi institué par l’article 7 de la loi 41-90
qui dispose que les règles du code de procédure civile 12 sont applicable devant
les tribunaux administratifs, sauf disposition contraire prévue par la loi 13 .
La doctrine opère une distinction fondamentale entre les décisions qui ont
l’autorité de la chose jugée et les décisions qui ont passées en force de chose
jugée.
- l’autorité de la chose jugée ne produit ses effets qu’à l’égard de ceux qui ont
été parties ou représenté dans l’instance.
- la chose jugée n’est pas méconnue si, une décision ayant été annulée pour
des raisons de violation de la légalité externe, l’administration édicte la même
décision, mais cette fois, en respectant les règles légales de compétence ou de
procédure.
12
La formule exécutoire prévue par l’art. 433 du CPC est la suivante : « En conséquence, sa Majesté le Roi
mande et ordonne à tous agents à ce requis de mettre le dit jugement (ou arrêt) à exécution, aux procureurs
généraux du Roi et procureur du Roi près des diverses juridictions d’y tenir la main, à tous commandants et
officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en seront requis ».
13
Terrab (M.), « La problématique de l’inexécution des décisions de justice », REMALD, 1999, n°27, p.111 (en
arabe).
14
Wartin, « L’autorité de la chose jugée en droit administratif français », Annales Fac. Dr. Istanbul, 1958. 29.
15
Leulmi (S.), op. cit, p.3.
16
Idem
17
V. l’analyse développée par Leulmi (S.), op. cit
7
De même, l’autorité de la chose jugée « ne s’attache, en règle générale,
qu’ au dispositif des décisions juridictionnelles, mais elle s’attache aussi aux
motifs de ces décisions lorsqu’ils constituent le soutien nécessaire, le support
inséparable du dispositif parce qu’il sont indispensables pour en déterminer le
sens exact » 18 .
Pour ce qui est des décisions qui sont passées en force de chose jugée, il
est à relever que « toutes les décisions juridictionnelles qui tranchent un litige
sont revêtue de l’autorité de la chose jugée. Parmi elles, les décisions qui sont
devenues définitives sont dites passées en force de chose jugée, il en est ainsi
lorsque les voies de recours ordinaires sont fermées, lorsque les délais de
recours sont expirés sans avoir été utilisés, ou lorsque les recours ont été
formés et rejetés » 21 .
18
CE, Sect. 29 nov. 1974, Epoux Gevrey, Rec. P.600, in Leulmi (S.), op. cit.
19
Leulmi (S.), op. cit. p.4
20
CE, 22 mars 1961, Simonet, Rec. P.211, cité in Leulmi (S.), op. cit.
21
Leulmi (S.), op. cit.
22
T.A de Rabat 29 nov. 2004, Khelfaoui c. le Directeur général de la sécurité nationale.
8
réserve à l’administration et à ses agents 23 . De même la jurisprudence refuse
d’admettre comme faits justificatifs de la méconnaissance de la chose jugée
l’existence de difficultés d’exécution 24 , ou de difficultés financières 25 , ou de
faits ignorés du juge à l’époque où il a statué 26 ; de même, l’obligation
d’exécuter ne peut être écartée en raison de considérations d’opportunité 27 ou
des droits acquis par les tiers28 . Ne fait pas plus obstacle à cette obligation
d’exécuter la circonstance que le juge administratif se soit prononcé à titre
provisoire en application d’une procédure de référé 29 .
23
V.CE. 23 juill. 1909, et 22 juill. 1910, Fabrégues, S. 1911, cité in Leulmi (S.), op. cit.
24
V.
- CE, sect. 25 sep.1970, com. de Batz sur mer c. veuve Tesson, Rec. P.504, cité in, Leulmi (S.), op. cit.
- CE, 11 juill. 1978, Ministre de l’agriculture c. Terrier, T. p.609, cité in La contribution du Conseil d’Etat au
VIIIème congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op. cit, p.9
25
CE, 11 oct. 1961, Ministre des travaux publics et des transports c. Seveyras, Rec. p.515, cité in La contribution
du Conseil d’Etat…, op. cit.
26
CE, 12 oct. 1939, Fradet, Rec. p. 539, Cité in La contribution du Conseil d’Etat, op. cit.
27
CE, 8 fév. 1961, Rousset, Rec. p.85, cité in Leulmi (S.), op. cit
28
CE, ass. 10 déc. 1954, Cru et autres, Rec. p.659, cité in Leulmi (S.), op. cit
29
CE, sect. 5 nov. 2003, Association, convention vie et nature pour une écologie radicale, Association pour la
protection des animaux sauvages, n° 259339, cité in La contribution du Conseil d’Etat…, op. cit. p.11
30
CE, 21 déc. 1977, Brimon, Rec. p. 532, cité in Leulmi (S.), op. cit
31
CE, 5 déc. 1932, Tramways de cherbond, D. 1939, p.17
9
Avant la création des tribunaux administratifs, la Cour Suprême refusait
d’adresser des injonctions à l’administration en se basant sur une interprétation
littérale et restrictive de son texte constitutif qui ne prévoit pas expressément
cette compétence 32 alors que les tribunaux de l’ordre inférieur se contentaient
d’avancer qu’ils ne pouvaient, en vertu de l’article 25 du code de procédure
civile, entraver l’action de l’administration 33 .
32
Certes, en droit français, aucun texte juridique n’a jamais interdit au juge administratif le pouvoir
d’injonction. De même, la reconnaissance au profit du juge administratif d’un pouvoir d’injonction ne peut
nullement porter atteinte à l’indépendance de l’administration puisque le juge ne se substitue pas à cette dernière,
il crée seulement une obligation à sa charge V. Gaudemet (Y.), « Réflexions sur l’injonction dans le contentieux
administratif », Mélange Burdeau, Paris, LGDJ, 1977, p. 812
33
CSA, 18 fév. 1963, Sieur Guénin, RACSA, T.3, 1961-1965, p. 115
CSA, 24 nov. 1967, Abou hacen alaoui c. Ministre de l’intérieur, RACSA, T.4, 1966 – 1970, p.112, cité in Harsi
(A.), op. cit.
34
CSA, 27 juill. 2000, l’agent judiciaire du Royaume c. Benani.
35
V. Weil (P.), Les conséquences de l’annulation d’un acte administratif pour excès de pouvoir, thèse, Paris,
1962.
36
V. La contribution du Conseil d’Etat…, p.5
37
Voir, dans ce cadre, l’analyse pertinente développée dans le cadre de la contribution du Conseil d’Etat… op.
cit
10
Primo, l’annulation pour excès de pouvoir « n’impose pas de procéder à une
reconstitution du passé mais, plus simplement, de combler le vide normatif crée
par l’annulation contentieuse » 38 . La personne publique condamnée sera, alors,
tenue d’assurer le remplacement de la décision annulée. La nouvelle décision
sera prise en fonction, non pas des circonstances de droit et de fait qui existaient
à la date de la décision annulée, mais de celles existant à la date de la nouvelle
décision 39 .
38
Idem
39
Dans ce cadre, le Conseil d’Etat a jugé que, s’agissant de l’annulation des opérations d’un concours
administratif, l’exécution de la chose jugée n’imposait pas au ministre d’ouvrir un nouveau concours de
recrutement. V. CE, Sect. 8 juin 1990, Université de Clermont – Ferrand I c. Rougerie, Rec. p. 147 ; CE, 10 oct.
1997, Lugan, Rec. p. 346.
En outre, le Conseil d’Etat a posé la règle selon laquelle l’administration n’a l’obligation de combler le vide
juridique crée par l’annulation et de se replacer à la date de l’acte annulé que si, d’une part, elle avait l’obligation
de prendre une nouvelle décision et, d’autre part, si les intéressés avaient un droit acquis à ce que cette décision
intervienne à une date déterminée. V. La contribution du Conseil d’Etat…, op. cit. p.5
40
C’est le cas notamment lorsque l’administration a adopté une mesure entachée d’incompétence. Aucune
mesure d’exécution propre n’est nécessaire.
41
C’est le cas notamment lorsque la décision annulée a été prise à la demande d’un administré : l’annulation
rétroactive a pour effet de ressaisir de plein droit l’administration de la demande initiale à laquelle elle est
réputée n’avoir jamais répondu.
Or, le Conseil d’Etat a considéré que l’administration, en exécution de la décision du juge administratif, doit
statuer sur cette demande après nouvelle instruction si des circonstances nouvelles de droit et de fait l’exigent, de
même que la nouvelle décision doit prendre en considération la situation de droit et de fait existant à la date à
laquelle l’administration se prononce de nouveau. V. CE, sect. 8 mars 1963, Pradel, Rec. p. 145, cité in La
contribution du Conseil d’Etat…, op. cit.
42
In La contribution du Conseil d’Etat…, op. cit. p.7
43
C’est le cas notamment de l’annulation d’un tableau d’avancement dans la fonction publique. V. CE, 26 déc.
1925, Rodière, Rec. p. 1065, cité in La contribution du Conseil d’Etat…, op. cit.
11
Les mesures de reconstitution du passé ont, de ce fait, un caractère rétroactif.
Elles ne peuvent intervenir qu’en application de la législation et de la
réglementation en vigueur à la date à la quelle elles doivent prendre effet et
après accomplissement des procédures alors prescrites par ces législations et
réglementation 44 .
44
CE, 11 juill. 1958, Fontaine, p.433. Toutefois, si les mesures de reconstitution imposent de saisir des
organismes consultatifs, la jurisprudence du Conseil d’Etat admet que ces organismes consultatifs sont
valablement consultés dans leur composition existante à la date à laquelle sont prises les mesures de
reconstitution, alors même que les règles de composition ont changé, sous réserve que l’organisme, dans sa
nouvelle composition, présente des garanties équivalentes. V. CE, sect. 14 fév. 1997, Colonna, p.38, cité in La
contribution du Conseil d’Etat…, op. cit. p.8
45
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives,
VIIIème Congrès sur L’exécution des décisions des juridictions administratives, Madrid 2004, doc. non publié,
p. 11.
46
Idem
12
l’effet boule de neige produit par la fiction de la rétroactivité de l’annulation
contentieuse 47 .
a- Le régime suspensif :
47
La contribution du Conseil d’Etat…, op. cit
48
Ainsi, dans l’hypothèse de l’annulation par le juge de l’excès de pouvoir de la délibération d’ un jury d’un
concours de recrutement de la fonction publique, le fait pour les décisions ultérieures, notamment les candidats
admis, d’être devenues définitives fera obstacle à leur retrait. V. CE, 10 avr. 1997, Lugan, Rec. p. 346, cité in La
contribution du Conseil d’Etat…, op. cit
49
V. Les rapports généraux des congrès…, op. cit, p. 10
13
Deux mécanismes juridiques peuvent justifier la suspension de l’obligation
d’exécution des décisions du juge administratif :
Dans le cadre du droit marocain, seules les voies de recours ordinaires sont
suspensives de l’obligation d’exécution des décisions du juge.
Toutefois, il est à signaler que même si les voies de recours extra ordinaires
n’ont pas d’effet suspensif, il reste que l’article 1 du Dahir du 14 juin 1944
relatif à l’exécution des décisions de justice ayant fait l’objet d’un pourvoi en
cassation dispose que les jugements ou arrêts en vertu desquels un paiement doit
être fait par le trésor public ou par la caisse d’une administration publique de
l’Etat ne peuvent être exécutés lorsqu’ils ont fait l’objet d’un pourvoi en
cassation - désormais possible devant la Cour suprême, après la création des
Cours administratives d’appel - qu’à charge pour les parties qui les ont obtenus
de donner caution.
50
Leulmi (S.), op. cit
14
De même, le paragraphe 16 du même article ajoute que lorsqu’ il est fait
appel par une personne autre que le demandeur en première instance, la
juridiction peut à la demande de l’appelant, ordonner sous réserve des
dispositions des articles R 533-2 et R 541-6 qu’il soit sursis à l’exécution du
jugement déféré si cette exécution risque d’exposer l’appelant à la perte
définitive d’une somme qui ne devrait pas rester à sa charge dans le cas où ses
conclusions d’appel seraient accueillies. L’article R 621-17 ajoute que dans les
autres cas, le sursis peut être ordonné à la demande du requérant si l’exécution
de la décision du première instance attaquée risque d’entraîner des conséquences
difficilement réparables et si les moyens énoncés dans la requête paraissent
sérieux en l’état de l’instruction 51 .
b- Le régime restrictif :
51
Pour plus de détails V. Pacteau (B.), « Paradoxes et périls du principe de l’effet non suspensif de l’appel en
contentieux administratif », Mélange Chapus, 1992, p.493 et s.
52
Comme l’a parfaitement souligné le doyen Pequignot, « la notion d’ordre public, comme celle de service
public, d’intérêt général ou d’utilité publique apparaissent d’abord comme essentiellement contingentes,
mouvantes et subjectives, tenant aux circonstances de temps et de lieu, aux idées politiques, philosophiques ou
morales ». V. Pequignot (G.), Préface à l’ouvrage de Bernard (P.), La notion d’ordre public en droit
administratif, LGDJ, 1962, p.1. Pour ce qui est du droit marocain V. Ben Abdallah (M.-A), La police
administrative dans le système juridique marocain, APREJ, 1987, p.121
53
T.A de Meknes, 23 nov 1995, Les héritiers EL menouni c. le gouverneur de la province Ismailiya, jugement
inédit. V. également, T.A de Meknes, 27 août 1998, Dehna c. le Wali de Meknes, jugement inédit
15
jugement revêtu de la formule exécutoire si cette réquisition risque de troubler
l’ordre public. Toutefois, la présentation d’une plainte pour s’opposer à
l’exécution d’un jugement ne constitue pas une circonstance exceptionnelle
pouvant justifier le refus de réquisitionner la force publique pour l’exécution de
ce jugement 54 .
Les difficultés d’exécution peuvent être soit des difficultés provisoires soit
des difficultés qui touchent le fond du litige de telle sorte qu’elles concernent la
validité juridique des procédures d’exécution. Sur le plan procédural, si l’une
des parties soulève une difficulté factuelle ou juridique dans le but d’arrêter ou
de suspendre l’exécution d’un jugement, le juge des référés est saisi de la
difficulté, soit par la partie poursuivie, soit par la partie poursuivante, soit encore
par l’agent chargé de la notification et de l’exécution de la décision
juridictionnelle 56 .
54
V. T.A de Oujda, 12 juill. 2000, Amrou c. le gouverneur de la préfecture de Nador, in REMALD, n° 38-39,
2001, p.252
55
V. CE, 30 nov. 1923, Couitéas, Rec. p. 789, in Ricci (J.), Mémento de la jurisprudence administrative,
Hachette, 1995, p.37. V. également, CE, 3 juin 1938, Sté de la cartonnerie et imprimerie St Charles, in Ricci (.),
op. cit, p.48
56
Article 436 du CPC.
57
Leulmi (S.), op. cit
16
La nécessité de garantir la stabilité des situations juridiques justifie le
repositionnement de la jurisprudence française sur le créneau de la préservation
des droits définitivement acquis par les tiers lorsqu’il s’agit d’une mesure
individuelle annulée. Or, « en cas de reconstitution de carrière d’un
fonctionnaire illégalement évincé, celui-ci n’a de droit à retrouver son poste
d’origine que si ce poste n’a pas été, entre temps, attribué à un tiers par une
décision devenue définitive. Dans le cas contraire, si un tiers a été nommé dans
ce poste par une décision devenue définitive, le fonctionnaire illégalement
évincé n’a que le doit d’être nommé dans un poste équivalent, il ne peut
prétendre qu’à un emploi de son grade dans son cadre » 58 .
Le droit espagnol est plus créatif, dans ce cadre, dans la mesure où l’article
105 de la Loi sur la Juridiction Administrative prévoit des procédures spéciales
dans le cas où les décisions butent sur une impossibilité juridique ou matérielle
pour leur exécution. Ainsi, une procédure contradictoire est prévue et qui doit
être conclue avec une résolution du juge qui déclare « les mesures nécessaires
pour garantir l’exécution la plus complète possible » 60 .
17
propre autorité et interdisant, désormais, au juge leur mise en cause. Par elle, au
besoin il ressuscite des actes annulés, rétablissant, alors, ce que le juge avait
condamné. Pareil sauvetages législatifs peuvent, alors, résulter de l’attribution
de ses actes d’une valeur législative, de leur incorporation directe dans une loi,
ou plus simplement, encore, de l’affirmation législative que tels actes sont
validés, toujours avec l’objectif de les rendre définitivement incontestables » 63 .
Ainsi, cette technique juridique vise à prononcer la validation rétroactive des
mesures prises sur la base d’une décision annulée 64 .
63
Pacteau (B.), Le contentieux administratif, PUF, 1994, p.363
64
Venezia (C.), Gaudemet (Y.), op. cit. p.494
65
Pacteau (B.), op. cit. V. également, le rapport de la Section du rapport et des études du Conseil d’Etat, EDCE,
n°34, p.124
66
CE, 1er déc. 1961, La combe, in AJDA, 1962, p.24, chron. jur. Galabert.
67
CE, 11 mars 1979, Boulenger, in AJDA, 1980, p.253, concl. Théry (J.-F).
18
Devant l’essor du contrôle de la constitutionnalité des lois en France
depuis 1958, il était nécessaire de s’interroger sur la question de l’admissibilité
constitutionnelle des validations législatives.
19
du texte de la décision administrative dans une loi, une substitution par le
truchement d’une nouvelle décision adoptée par une loi ou une autorisation par
le biais d’une attribution de pouvoir à l’exécutif pour se délier de l’effet de la
chose jugée 72 .
72
V.Rapports généraux des Congrès…, op. cit, p.15
73
Kuhne & Heitz, C- 453/00, 13-1-2004, cité in Rapports généraux des Congrès…, op. cit. p.15
74
C.S.C, 29 mai 2001, Bouziane c. l’Etat marocain, arrêt non publié.
20
décisions de la justice administrative qui a forcé la jurisprudence administrative
à faire miroiter un faisceau de mécanismes procéduraux en vue d’assurer
l’effectivité du principe de l’obligation d’exécution des décisions des
juridictions administratives.
75
Le professeur Aziman écrivait, il y a plus de vingt ans, que « enfin, on doit ajouter que le juge marocain
manque d’audace dans l’interprétation des textes et qu’il se montre excessivement respectueux de la lettre des
lois même quand elles sont manifestement inadaptées Si on théorie le juge est doté d’un pouvoir créateur, on fait,
la part de créativité est infime ». V. Aziman (O.), « Dépendance et connaissance du droit marocain : un nouveau
plaidoyer pour la sociologie juridique du droit », RMDE, n°10, 1981, p. 183
21
D’après une jurisprudence constante, l’acte contraire à une décision de
justice exécutoire constitue un excès de pouvoir justifiant son annulation 76 .
En outre, la mesure prise dans le but de faire échec à la chose jugée constitue
un détournement de pouvoir77 , et l’exécution d’un acte annulé constitue une voie
de fait 78 .
76
CE, sect. 28 Déc. 1949, Sté des automobiles Berliet, Rec. p. 579, cité in Leulmi (S.), op. cit p.6
77
CE, ass. 13 juill. 1962, Bréart de boisanger, Rec. p. 484, cité in Leulmi (S.), op. cit
78
TC, 28 fév. 1952, Dame veuve Japye c. Kahn, Rec. p. 619, cité in Leulmi (S.), op. cit
79
Leulmi (S.), op. cit
80
En droit marocain, le juge administratif s’est contenté d’utiliser la jurisprudence de l’erreur manifeste
essentiellement dans le droit disciplinaire (V.CSA, 13 fév.1997, Ajdah Rachid), et la jurisprudence du bilan coût
– avantages exclusivement dans le domaine de l’expropriation pour cause d’utilité publique (V.CSA, 10,
déc.1992, Sté agricole Mimoza).
81
Delvolvé (P.), « L’exécution des décisions de justice contre l’administration », EDCE, 1983-1984, n°35,
p.111.
22
2-La responsabilité pour la commission d’une faute :
23
recours à trois mécanismes pour contraindre l’administration à respecter
l’autorité de la chose jugée :
- Le mécanisme de l’astreinte.
- Le mécanisme de la saisie.
- Le mécanisme de l’exécution d’office.
24
sur sa compétence matérielle pour prononcer une astreinte contre
l’administration 92 . Le tribunal administratif de Rabat s’est fondé sur l’article 7
de la loi 41- 90 qui renvoie aux règles de la procédure civile, et notamment
l’article 448, pour affirmer qu’aucun texte juridique n’exclut l’administration du
champ d’imposition d’une astreinte comminatoire s’elle refuse d’exécuter une
décision de justice sans motif légitime.
92
TA de Rabat, 1 mai 1997, Héritiers El Achiri, REMALD, n° 20- 21, 1997
93
CSA, 21 fév. 2002, Commune Ida Oukerd c. Hiksaoui, arrêt non publié.
94
Benabdellah (M.-A), Note sous le jugement du tribunal administratif de Rabat, héritiers El achiri, REMALD,
n° 20-21, 1997, p.243.
25
- Le prononcé de l’astreinte contre la personne physique responsable de
l’inexécution :
Signalant, de prime abord, que dans l’affaire Attaoui le juge s’est contenté
de spécifier que c’est en l’absence de tout moyen pour contraindre le poursuivi
pour inexécution à se soumettre au jugement que l’astreinte est prononcée contre
le poursuivi personnellement, alors que dans l’affaire Alaoui le juge a purement
et simplement fait référence à l’article 7 de la loi 41- 90 qui permet de faire
recours à l’article 448 du Code de procédure civile caractérisé, notamment, par
la globalité voire même l’imprécision de terme « poursuivi ». Or, par référence à
une démarche interprétative extensive, cet article vise justement le « poursuivi »
qui peut être l’administration ou le responsable administratif, « c’est dire que
dans la mesure où le texte n’était pas destiné au juge administratif,
involontairement le législateur a ouvertement offert à celui-ci la possibilité
d’user de tout moyen qu’il estimerait adéquat, tantôt contre l’administration
tantôt contre le responsable administratif, mais selon l’objet de la requête » 96 .
95
TA de Meknes, Ordonnance de référé, 3 avr.1998, Attaoui et 23 juin 1998, Alaoui, REMALD, n°27, 1990.
96
Benabdellah (M.-A), « L’astreinte contre le responsable administratif opposant le refus d’exécution d’une
décision de justice contre l’administration », note sous TA de Meknes, Ord. De référé, 3 avr. 1998, Attaoui, et 23
juin 1998, Ismaili Alaoui, REMALD, n°27, 1999, p.111 et s.
26
placé pour se livrer à cette appréciation, à cette évaluation de la nature et de la
gravité des fautes reprochées à l’agent par comparaison avec ce qui implique la
loi du service public ; c’est lui, en effet, le juge spécialisé dans le traitement des
litiges nés de l’action administrative » 97 .
2- Le mécanisme de la saisie :
- La saisie - exécution :
Depuis longtemps, le juge marocain n’a pas hésité à affirmer que les biens
des personnes publiques sont insaisissables. Ainsi, la Cour d’appel de Rabat a
décidé que les jugements ne peuvent donner lieu à exécution forcée contre l’Etat
en raison des règles particulières qui régissent le patrimoine de
l’administration 100 .
La Cour d’appel de Rabat s’est fondé sur deux arguments pour écarter
l’exécution forcée d’un jugement à l’encontre de l’Etat :
97
Rousset (M.), « Le prononcé de l’astreinte à titre personnel : un moyen dissuasif propre à obtenir le respect des
décisions de justice rendues contre l’administration », note sous TA de Meknes, Ord. De référé, op. cit, p. 105.
98
CSA, 11 mai 1999, Commune rurale de Tounfit c. Alaoui, REMALD, n°31, 2000.
99
V. Rousset (M.) et Benabdallah (M.-A), « Sommes nous en 1913 ? Remarques consternées sur une erreur de
siècle. Le refus de l’astreinte et le privilège de l’administration de ne pas respecter l’autorité de la chose jugée »,
note sous CSA, 11 mai 1999, Commune rurale de Tounfit, REMALD, n°31,2000, p.127 et s.
100
CAR, 2 mars 1965, Agent judiciaire du Royaume c. Guerra, GTM, 1975, p.28, cité in Harsi (A.), op. cit.
27
- Le premier argument est d’ordre technique dans la mesure où il serait
inutile au créancier d’ordonner l’exécution forcée du jugement contre les
personnes publiques parce que celles – ci sont par nature solvables.
- Le second argument est juridique tiré des règles spéciales du bloc normatif
constitutif du carcan du droit public.
- La saisie – arrêt :
101
Idem.
102
V. Quasri (M.), « Le recours aux procédés de l’astreinte comminatoire et la saisie à l’encontre de
l’administration refusant l’exécution des jugements des tribunaux administratifs », REMALD, n°94, 2000, p.11,
et s. (en arabe).
103
Pour une vue d’ensemble sur le domaine privé, V. Eddahbi (A.), « Le domaine privé de l’Etat au Maroc »,
REMALD, n°34, 2000, p.41 et s.
104
CSA, 22 mai 1997, L’ANHI c. Sté Hay Allh, décision non publiée.
28
solvabilité n’a plus d’effet en cas de refus d’exécution ce qui justifie le recours
aux procédés d’exécution forcée contre les biens de ces établissements 105 .
3- L’exécution d’office :
Ainsi, dans l’affaire Laraki 107 , le juge a ordonné la levée des scellés par voie
d’huissier sur un local que l’administration communale refusait de restituer à
son légitime propriétaire malgré la décision du juge annulant la mesure de
fermeture du local prise par le président du Conseil communal de Fes – Agdal.
105
TA de Rabat, 17 sep. 1997. Ord. de référé n° 174.
106
TA de Rabat, 22 fév. 2006 Ord. de référé n° 41.
107
TA de Fes, 23 sep. 1997, Ord. de référé n° 289/97 in REMALD, n°29, 1998.
108
Rousset (M.), « Le prononcé de l’astreinte à titre personnel… », op. cit
29
L’opportunité de mettre en place une institution indépendante au sein de
l’architecture institutionnelle marocaine participe directement d’une double
justification 109 :
109
V. El yaagoubi, « L’opportunité de l’institution du Médiateur au Maroc », REMALD, coll. « Thèmes
actuels », n°2, 2000, p.17
110
L’exposé des motifs de la création de l’institution de Diwan Al madhalim par le dahir n°1-01-2998 du 9
déc.2001.
111
Idem.
112
Article 2 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
113
Article 4 du dahir n°1-00-350 portant réorganisation du Conseil consultatif des droits de l’homme.
30
autres départements ministériels. Il peut même désigner des délégués régionaux
dans les chefs lieux des régions.
Instituée auprès du Roi pour assurer une intermédiation efficace entre les
citoyens et tout organisme disposant de prérogatives de puissances publiques 115 ,
l’institution de Wali Al madhalim est chargée, dans ce cadre, d’examiner les
plaintes et doléances des citoyens qui se considèrent victimes de décisions ou
d’activités jugées contraires aux règles de primauté de droit et de l’équité.
- les plaintes concernant des questions pour lesquelles la justice est saisie.
- Les doléances visant la révision d’une décision de justice irrévocable.
- Les requêtes relatives à des questions qui relèvent de la compétence du
parlement.
- Les questions relevant de la compétence du Conseil consultatif des droits de
l’homme.
114
Article 4 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
115
Article 1 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
116
Article 6 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
117
Idem.
31
Pour être recevable, les plaintes et les doléances doivent être écrites,
motivées et signées par le requérant en personne. Elles doivent préciser les
démarches effectuées par le requérant préalablement à la saisine de Diwan Al
madhalim.
Il fait rapport au Conseil consultatif des droits de l’homme sur les questions
concernant la promotion des droits de l’homme dans ses domaines de
compétence.
118
Article 7 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
119
Article 8 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
120
Article 9 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
121
Article 10 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
32
De même, il soumet au Roi un rapport annuel sur le bilan de ses activités.
Ce rapport peut être publié, sur instruction royale, au bulletin officiel 122 .
122
Article 15 du dahir de 9 déc. 2001 instituant Diwan Al madhalim.
123
Le nombre des cas d’inexécution confirme ce constat. V. infra
124
V. Badara Fall (A.), « Le juge, le justiciable et les pouvoirs publics : Pour une appréciation concrète de la
place du juge dans les systèmes politiques en Afrique », Revue électronique Afrilex, n°3, 2003.
33
Partie 2éme : La portée de la déjudiciarisation des
mécanismes d’exécution des décisions du juge administratif.
Rendre une décision de justice est, certes, bien mais « pouvoir et savoir la
rendre effective est mieux et garantit l’efficacité d’un état de droit qui pourrait
n’avoir qu’un aspect virtuel aux yeux des administrés si les illégalités de l’action
administrative ou ses conséquences dommageables reconnues par le juge
administratif ne devaient pas être sanctionnées ou réparées » 125 . Dans les
sillages de cette affirmation, certains systèmes juridiques étrangers ont montés
des solutions juridiques à même à résoudre le problème de l’inexécution.
Toutefois, malgré la pertinence intrinsèque de ces solutions qui peuvent, à
certains égards, constituer une référence pour une éventuelle réforme des
mécanismes d’exécution des décisions de la justice en droit marocain, il reste
que l’explosion du contentieux administratif et l’allongement des délais de
résolution des conflits ainsi que les délais d’exécution des jugements justifient
l’enclenchement d’un processus de déjudiciarisation non seulement du
contentieux de l’exécution mais de tout le contentieux administratif.
125
Berthoud (J.), Coent-Bochard (E.), Haim (V.) et Yeznikian (O.), « L’exécution des décisions de justice. Bilan
de l’activité des cours administratives d’appel », AJDA, 20 oct. 2001, p.864.
126
L’exception du droit malien doit être signalée à cet égard. La spécificité du contexte social du Mali a fait que
les responsables politiques de cet Etat considèrent que « l’exécution des décisions de justice est sources de
perturbations sociales et d’atteinte grave aux droits individuels et collectifs (…) et constitue une vraie menace
pour l’Etat de droit et la démocratie elle-même ». V. Rapports généraux des congrès de l’Association
internationale des hautes juridictions administratives, op. cit, p.17
34
a- Le système préventif :
127
Par exemple, le fonctionnaire dont la révocation a été annulée ne pourra plus être réintégré si, entre temps, il a
atteint l’âge de la retraite. V. La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p.12
128
Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op. cit,
p.22
129
V. l’article L. 521-1 du Code de justice administrative.
130
V. l’article L. 521-2 du Code de justice administrative.
131
Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op. cit,
p.22
35
visant la suspension automatique de toute décision administrative attaquée
devant la justice 132 .
132
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op.
cit, p.22. Dans les autres systèmes juridiques, deux conditions sont requises pour l’adoption d’une mesure
provisoire : un préjudice grave et irréparable qui peut être causé aux droits et aux intérêts impliqués, dans le cas
où la mesure n’est pas adoptée, et l’existence de doutes sérieux quant à la légalité de l’acte attaqué.
133
V. CE, ass. 29 juin 2001, M. Vassilikiotis, cité in La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 13
134
V. CE, 5 mars 2003, Titran, cité in La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 13
135
En fait, le Conseil d’Etat a pris l’habitude de préciser dans les motifs de ses décisions les mesures que
l’administration est tenue de prendre dans un délai raisonnable, sauf à commettre une illégalité. V. CE, ass. 28
juin 2002, Villemain, n° 220361.
De même, le Conseil d’Etat a adopté la pratique d’ajouter dans le dispositif de ses décisions prononçant
l’annulation d’un acte administratif une mention rappelant à l’administration que cette « annulation comporte les
obligations annoncées aux motifs de la présente décision ». V. CE, Section, 25 juin 2001, Sté à objet sportif
Toulouse Football Club, cité in La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 14.
136
C’est ainsi qu’en France la mise en ligne des décisions rendues par la juridiction administrative sur un site
internet va dans le sens d’une meilleure connaissance de la chose jugée et d’une exécution de ses décisions. V.
La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 14
36
Le dispositif de l’article R 931-2 du code français de justice administrative
permet aux parties à un différend de saisir le juge administratif d’une demande
d’aide à exécution de la décision rendue dans ce cadre. Cette saisine peut être
opérée au terme d’un délai de 3 mois, sauf s’il s’agit d’une décision ayant
ordonné une mesure d’urgence ou d’un cas de refus explicite d’exécuter. Le
président du tribunal administratif, le président de la cour administrative d’appel
ou le président de la Section du rapport et des études au Conseil d’Etat
accomplira, alors, « toutes diligences utiles » pour exécuter la décision
juridictionnelle en cause 137 .
b- Le système dissuasif :
1- L’exécution directe :
137
En 2002, le Conseil d’Etat a été saisi à ce titre de 149 demandes d’aide à l’exécution, les cours
administratives d’appel 500 et les tribunaux administratifs 824. V. La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p.
16.
138
Dans ce cadre, la Section du rapport et des études a enregistré 7 demandes en 2002, contre 10 en 2001. V. La
contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 16.
139
CE, 6 déc.2002, Syndicat intercommunal des établissements du second cycle du second degré l’Hay-Les-
Roses. V. La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 16.
37
Le juge administratif procède à l’exécution directe de ses jugements. C’est
ainsi que le Tribunal d’Appels Administratifs australien dispose du pouvoir de
prendre des décisions substituant, s’il est nécessaire, la décision prise par
l’administration même si ce tribunal ne peut pas contraindre l’administration à
respecter cette décision. Le juge administratif colombien admet cette possibilité
et le juge administratif polonais peut même fixer un délai pour l’exécution et
imposer des obligations dans ce cadre 140 .
140
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op.
cit, p.24
141
Idem, p.27. V. egalement : Cuchilloi (M.), « Le contrôle juridictionnel de l’administration dans l’ordre
juridique espagnol », AJDA, 1999, p.757 et s.
142
Idem, p.24. Toutefois, ces quasi injonctions du système belge n’ont pas le caractère de titre exécutoire.
143
V. La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 17. Il est à signaler que certains systèmes juridiques posent
des limites à ces condamnations pécuniaires. C’est ainsi que le système juridique du Mali considère, par
application de la jurisprudence du « 300.000 », que l’Etat ne peut pas être condamné à payer plus de 300.000
francs. De même le système juridique du Bénin incite les parties au différend à parvenir à une transaction si
l’Etat risque d’être condamné au paiement d’une somme d’argent. V. Rapports généraux des congrès de
l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op. cit, p.28.
38
3- la mise en place d’un dispositif législatif relatif au taux d’intérêt légal :
144
Ces dommages intérêts peuvent représenter, dans certains cas, une somme six fois plus élevée que celle
constituée par les dommages intérêts dus à titre principal. V. CE. 2 mai 1962, Caucheteux et Desmonts, Cité in
La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 18
145
Le juge administratif français n’a pas hésité à faire une pleine application des pouvoirs donnés à lui par le
législateur en enjoignant, ainsi, à l’Etat de prendre un décret permettant l’accès des ressortissants des
communautés européennes à un corps de la fonction publique (CE, 4 avril 2001, Mme Larsen-Bocquet), de
prendre les mesures nécessaires à l’organisation d’élections au sein d’un ordre professionnel (CE, 9 juin 1999,
M. Macquet), de prendre les mesures réglementaires nécessaires à la revalorisation de la base de calcul des
prestations familiales (CE, ass. 28 mars 1997, Union nationale des associations familiales), de prendre les décrets
indispensables à l’application d’une loi ( CE,13 janvier 1997, Viscontini), ou encore de procéder au réexamen
d’une demande de titre de séjour déposée par un étranger (CE, Sec. 22 fév. 2002, M. Dieng). V. La contribution
du Conseil d’Etat… op. cit, p. 19. V. également :
- Gaurdou (J.), « Les nouveaux pouvoirs du juge administratif en matière d’injonction et d’astreinte »,
RFDA, 1996, p.333.
- Cammilleri (A.), « Le pouvoir d’injonction du juge administratif : une révolution avortée ? », JCP, 1997, p.
3992.
- Malvaris (F.), « Les nouveaux pouvoirs d’injonction du juge administratif », LPA, 1997, n° 18, p.4
39
administrative d’appel qui ordonnait à une commune de déposer une ligne
électrique illégalement implantée 146 .
c- Le système coercitif :
L’astreinte peut être soit prononcée dans la décision même qui statue sur le
fond du litige, ou d’une manière séparée après celle-ci. Or, dans le premier cas,
la partie au litige concernée doit avoir assorti ses conclusions au fond de
conclusions tendant à la condamnation de l’administration au versement d’une
astreinte en cas d’inexécution, dans le second cas, la possibilité est reconnue aux
146
CE, Sec. 29 janv.2003, Syndicat départemental de l’électricité et du gaz des Alpes maritimes et commune de
Clans, Cité in La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p. 19
147
Il est à signaler que certains ordres juridiques ne prévoient pas la possibilité de faire recours aux mesures
d’exécution forcée des décisions des juridictions administratives, comme c’est le cas notamment du droit
congolais, alors que d’autres admettent cette possibilité uniquement dans le cadre de certains contentieux,
comme le cas du droit malien qui prévoit exceptionnellement cette possibilité lorsqu’il s’agit de l’exécution d’un
jugement rendu dans le cadre du contentieux électoral et contractuel. V. Rapports généraux des congrès de
l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op. cit, p.31.
148
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op.
cit, p.33.
149
Idem.
40
parties aux litiges ou à toute autre personne directement intéressée de saisir le
juge administratif de l’inexécution de ses décisions.
150
V. La contribution du Conseil d’Etat… op. cit, p.21. La première décision du Conseil d’Etat faisant recours
aux dispositions de l’article L.911-3 du code de justice administrative porte sur une affaire dans laquelle a été
prononcée une astreinte de 200F par jour jusqu’à ce qu’une commune exécute le jugement annulant le refus
d’inscrire le non d’un « mort pour la France » sur le monument aux morts de la commune. V. CE, Sect. 17 mai
1985, Menneret.
151
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op.
cit, p.34.
152
Idem, p.29
153
Idem
41
douteux, à la justice pour statuer sur la question, après consultation avec
l’autorité administrative concernée 154 .
154
idem
155
Leulmi (S.), op. cit. p.18
156
Cass. Civ, 15 nov. 1995, Cusset c. CRAVAM, Courrier Jur. Fin. 1996, n°64, p.6
157
CE, avis, 30 jan. 1992, EDCE, 1992, p.401. V. également sur la question de la saisissabilité des biens des
établissements publics, Gaudemet (Y.), « La saisie des biens des établissements publics : nouveaux
développements de la question », Gaz. Pal. 1984.
158
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op.
cit, p.34.
159
Idem
160
Idem, p.35.
42
B- les mécanismes extra
juridictionnels :
43
En France, le Médiateur ne peut intervenir dans une procédure engagée
devant une juridiction ni remettre en cause le bien fondé d’une décision
juridictionnelle, mais il a la faculté de faire des recommandations à
l’organisme mis en cause de se conformer à l’autorité de la chose jugée dans
un délai qu’il fixe. Si cette injonction reste sans effet, le Médiateur peut jouer
la carte de la pression de l’opinion publique par le truchement de l’invocation
du refus d’exécution dans un rapport spécial publié au Journal Officiel 167 .
b- Le contrôle parlementaire :
- CE, 6 juil. 1990, Cie diamantaire d’Anvers, Cité in Ricci (J.-C.), op. cit.
167
Leulmi (S.), op. cit, p.15.
168
V. Rapports généraux des congrès de l’Association internationale des hautes juridictions administratives, op.
cit, p.37.
169
Idem.
170
Idem.
171
Idem, p.38.
172
Idem.
44
possibilité de faire recours à des formules alternatives aux recours
juridictionnels, telles que l’arbitrage, la médiation et la conciliation 173 ,
reconnaissant, ainsi, la pertinence du mouvement de la déjudiciarisation du
contentieux administratif.
173
V. Cuchilloi (M.), op. cit.
174
V. Parker (W.), op. cit, p. 751
175
Cadiet (L.), Découvrir la justice, Dalloz Orientation, Dalloz, 1997, p.66
176
V. Gaudemet (Y.) :
- « Des modes alternatifs de règlement des litiges », AJDA, N° spécial, 1997, p.3
- « Le juge administratif et les modes de alternatifs des conflits », RFDA, 1996, 86
45
Ainsi, et dans un souci pragmatique, il n’est pas sans intérêt de décortiquer
les causes de la violation de l’obligation d’exécution de la décision de justice,
avant de s’atteler sur ses manifestations.
177
V. les circulaires du Premier ministre n° 94/14 et 99/36.
178
V. Loschak (D.), La justice administrative, Montchrestien, Paris, 1994.
179
V. Sedjari (A.), Etat et administration : tradition ou modernité, éd. Guessous, Rabat, 1994.
46
- Une administration différente de la société dans la mesure où elle incarne le
pouvoir normateur et son corollaire sanctionnateur. Par le biais de ses
privilèges exorbitants de droit commun, elle relègue l’administré à une
situation de subordination et de soumission.
47
1- Le refus d’exécution :
C’est en chiffres que se traduit, tout d’abord, une activité. Les tableaux ci-
dessous permettent immédiatement de saisir que les demandes se sont, en
général, accrues depuis 1996.
Le contrôle juridictionnel de l’administration marocaine : contribution à une étude socio juridique du contentieux
administratif de la Cour Suprême, Thèse de Doctorat, Paris, 1982, p. 471, in, Harsi (A.), op. cit. p.49
183
Benabdallah (M.-A.), « Justice administrative et inexécution des décisions de justice », REMALD, n°25,
1998, p. 9 et s.
48
La situation de l’exécution des jugements du tribunal administratif de
Rabat :
49
L’ensemble de ces chiffres ne donne évidemment qu’une image partielle de
l’activité des juridictions administratives en matière d’exécution des jugements.
Ils ne prennent, en effet, en compte que l’exécution a posteriori permise par les
dispositions du Code de procédure civile, alors que dans d’autres cas
l’administration peut procéder directement à l’exécution.
184
EDCE, 1987, n°38, p.200
185
CSA, 18 mai 1961, Consorts Madeleine c. Ministère des Finances, RACSA, T.2, 1960-1961, p.62, cité in
Harsi (A.), op. cit.
186
Leulmi (S.), op. cit. p.8
187
Benabdellah (M.-A.), op. cit
188
V. Bonafe-Schmitt (J.-P.), « La part et le rôle joués par les modes informels de règlement des litiges dans le
développement d’un pluralisme judiciaire. (Etude comparative France-USA) », Droit et Société, N°6, 1987, pp :
253-275.
50
Outre l’objectif de désengorger les juridictions administratives, le
développement des modes alternatifs de règlement des litiges s’insère dans les
rouages d’une logique contractualiste qui vise à régenter autrement le différend
administratif. Or, dans ces sillages, il n’est pas sans intérêt méthodologique de
définir, d’abord, et de dresser une typologie, ensuite, des modes alternatifs de
règlement des différends.
189
V. Le rapport du Forum des droits sur internet sur « les modes alternatifs de règlement des différends », 17
juin 2002, p. 4, disponible sur le site web du Forum : www.foruminternrt.org
190
Idem.
191
Cadiet (M.), Découvrir la justice, Dalloz, 1997, p.67
192
, V. Le rapport du Forum des droits sur internet sur « les modes alternatifs de règlement des différends »,
op.cit p.11
193
Idem
51
différence par rapport au droit applicable devant l’appareil judiciaire étatique 194 .
Les mécanismes de règlement des différends appartiennent à l’infra - droit, le
para – droit, le quasi droit ou le pré - droit 195
- Ils sont des outils de paix sociale qui doivent permettre de renouer un
dialogue qui a été rompu.
- Ils prévoient dans tous les cas la présence d’un tiers distinct des parties,
dont la mission est de faciliter le dialogue.
- Ile sont des compléments naturels des procédures juridictionnelles
traditionnelles.
- Ils apparaissent particulièrement pertinents dans les cas des conflits
transnationaux, et peuvent également offrir des solutions très pertinentes
pour des différends dits de ‘proximité’.
- Ils ne doivent pas faire l’objet d’un encadrement juridique mais être laissés
libres de se développer dans leur diversité.
194
Sériaux (A.), « Questions controversées : la théorie du non – droit », RRJ, 1995, p.13
Dauchy (M.), « La notion de non droit », RRJ, 1992, p.433
195
Olivier (J-M.), « Les sources administratives du droit des obligations », in Le renouvellement des sources du
droit des obligations, LGDJ, 1997, p.109.
196
Cité in le rapport du Forum des droits sur internet, op. cit
197
Cadiet (L.), op. cit
V. également :
- Chevallier (J.), « Vers un droit post – moderne ? », in Les transformations de la régulation juridique, s/d de
Martin (G.), LGDJ, Coll. Droit et société, 1998.
- Timsit (G.), « La régulation : naissance d’une notion », in Archipel de la norme, PUF, 1997, p.161
- Frisson – Roches (M-A.), « Le droit de la régulation », D. 2001, p.610
52
1- La conciliation :
2- La médiation 202 :
198
V. Munoz (F.), « Pour une logique de la conciliation », AJDA, 1997, p. 41
199
Trudel (P.), Abran (F.), Benyekhlef (K.), Hein (S.), Droit du Cyberespace, Montréal, Editions Thémis, 1997,
p.10
200
Desdevises (y.), « Les transactions homologuées : Vers des contrats juridictionnables », D. 2000, chr. P. 284
201
Le Conseil d’Etat a précisé dans ce cadre que : « Considérant que les dispositions précitées ont seulement
pour effet d’obliger les parties, lorsqu’elles se trouvent en désaccord, à soumettre se désaccord à l’appréciation
de conciliateurs, et ne font pas obstacle à ce que les parties saisissent, ensuite, le juge compétent dans le cas où
un accord n’a pu être réalisé ». V. C.E 6 déc. 1935, Ville de Bergerac, Rec. p.1148
202
Jarrosson (CH.), « La médiation et la conciliation : Essai de présentation », Droit et patrimoine, 1999
203
Six (J-F.), Le temps des médiateurs, le Seuil, 1990
204
Antaki (N.), Le règlement amiable des litiges, Cowansville, Editions Yvon Blais, 1998, N°147, p. 83
53
L’accord final des parties s’érige en un contrat soumis à des exigences de
forme et de fond, surtout lorsqu’il prend la forme d’une transaction 205 . En effet,
la transaction est un contrat en vertu duquel « les parties préviennent une
contestation à naitre, tiennent un procès ou règlent les difficultés qui surviennent
lors de l’exécution d’un jugement, au moyen de concessions ou de réserves
réciproques » 206 .
3- L’arbitrage :
205
V.- Auby (J.-M.), « La transaction en matière administrative », AJDA, 1956, 1
- Conseil d’Etat, Régler autrement les conflits, Doc. Fr, 1993, p.49 et s.
- Lyon Caen (A.), « Sur la transaction en droit administratif », AJDA, 1996, p.48
206
Article 2631 du Code civil du Québec. L’article 2044 du Code civil français définit la transaction comme « le
contrat par lequel les parties terminent une contestation née ou préviennent une contestation à naitre ».
207
V : - CE, 23 oct. 1970, Clot, Rec. 617
- CE, 5 mai 1971, Ville de Carpentras, AJDA, 1971, p.403
208
V. CE, 8 fév. 1956, Germain, Rec. 69
209
V. CE, 26 juil. 1935, Moussempes, Rec. 902
210
V :- Auby (J.-M.), « L’arbitrage en matière administrative », AJDA, 1955, I, 81
- Delvolvé (P.), Rapport sur l’arbitrage et le droit administratif, Assoc. Fr. d’arbitrage, 1990.
- Foussard (D.), « L’arbitrage en droit administratif », Rev. Arb., 1990, 14
- Gaudemet (Y.), « L’arbitrage : aspects de droit public », Rev. Arb. 1992, 241
- Jarosson (C.), « L’arbitrage en droit public », AJDA, 1997, 16
- Teboul (G.), « Arbitrage international et personnes morales de droit public », AJDA, 1997, 25
- Patriacol (A.), L’arbitrage en matière administrative, LGDJ, 1997
211
Motulsky (H.), Ecrits, T.2, Etudes et notes sur l’arbitrage, 1974, Dalloz, p.6
54
faite aux personnes administratives de compromettre 212 . La raison principale de
l’existence du principe de l’interdiction du recours à l’arbitrage par les
personnes publiques réside dans le fait que l’arbitrage bouleverserait un système
normal de répartition de compétences instauré par la garantie de l’intérêt
général 213 . La nullité qui est susceptible de frapper la convention d’arbitrage est
une nullité absolue dont l’une et l’autre partie peuvent se prévaloir puisqu’il
s’agit d’une atteinte à la répartition des compétences 214 .
Conclusion :
En définitive, c’est désormais un truisme que d’affirmer que le législateur
doit prendre conscience de l’efficacité opérationnelle des techniques non
contentieuses protectrices des administrés comme mode alternatif de règlement
des litiges administratifs.
212
Ce principe a été affirmé par le juge administratif français avec une particulière rigueur. V. CE. sur conflit,
ord. du 15 mars 1829, Bernardin cité par Rials (S.), « Arbitrage et règlement amiable », Juris- class. du Cont.
adm. 1994.
213
Idem, p.4
214
V. C.E, 19 mai 1993, Ville d’Aix- les- Bains et 22 jan. 1994, Ducastaing cité in Rials (S.), op. cit.
215
Au Maroc, le projet de loi sur les modes alternatifs de règlement des différends, actuellement devant le
parlement, prévoit la possibilité de faire recours à ce mécanisme pour régler les litiges relatifs notamment aux
marchés publics.
216
Articles de 247 à 361 du Code français des marchés publics.
217
Il est à signaler qu’il existe d’autres modes alternatifs de règlement des litiges comme la med-arb, le mini-
trial et le baseball arbitration. Toutefois les modes que nous avons énumérés ci-dessus sont les plus courants et
les plus privilégiés par les instances nationales et internationales. V. Roussos (A.), « La résolution des
différends », Lex Electronica, vol. 6, n°1, 2000, http://www.lex-electronica.org/articles/v6-1/roussos.htm.
218
Rousset (M.), « La plénitude de compétence des tribunaux administratifs à l’égard de l’administration et les
insuffisances de l’article 8 de la loi 41-90 », REMALD, n°27, 1999, p.26
55
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