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INTRODUCTION

Cet exposé est le compte-rendu narratif d’une campagne d’extermination menée


contre les Kurdes d’Irak du Nord. Il est le produit d’une recherche ayant duré plus
d’une semaine et demi, durant laquelle nous avons eu a analysé plusieurs tonnes de
documents sur des sites internet ; la plupart de ces informations recueil sur internet
sont des témoignages des survivants de la campagne de 1988 connue sous le nom
d’Anfal. Nous avons conclu dans nos recherches que le régime iraquien a commises,
au cours de cette année, le crime génocide.

Anfal-le butin-est le nom de la huitième sourate du Coran. Il s’agit aussi du nom


par lequel les Iraquiens désignent une série d’actions militaires qui a duré du 23
Février au 6 Septembre 1988. Alors qu’il est impossible de comprendre la campagne
d’Anfal sans faire référence à la phase finale de la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, il
faut noter que cette campagne n’a pas été seulement relative à cette guerre.
I. DEVELOPPEMENT
1. Histoire des Kurdes

Divisés depuis 1639 entre les Empires perse et ottoman, les Kurdes revendiquent


à l'époque l'unité d'un territoire où leur peuple, d'origine indo-européenne, vit depuis
l'Antiquité. En 1920, après la chute de l'empire ottoman, les puissances alliées
promettent la création d'un grand État du Kurdistan. Pasteurs semi-nomades, d'origine
indo-européenne, le peuple kurde a lutté depuis des siècles pour maintenir son
indépendance. Majoritairement musulmans sunnites, on y rencontre aussi des kurdes
juifs, chrétiens, yésidis et alévis. Au XVIe siècle une grande partie des Kurdes passa
sous la domination Ottomane jusqu'en 1920 avec le traité de Sèvres qui prévoie la
création d'un Kurdistan indépendant mais qui sera désavoué par le traité de Lausanne
dès 1923. Dispersés entre la Turquie, l'Iran, l'Irak, la Syrie et l'URSS, les kurdes se
révoltent en Turquie d'abords puis en Irak jusqu'en 1945.

En Turquie, les révoltes se sont succédées jusqu'en 1937. Il est estimé à 150 000
le nombre de Kurdes tués et à plusieurs centaines de milliers de déportés. Une période
d'assimilation forcée s'en suivit : le mot Kurde fut interdit, les noms des villes et
villages furent remplacés par des noms en turc et il fut interdit de donner des prénoms
kurdes aux enfants. La langue kurde fut interdite jusqu'en 1991. En 1946, une
éphémère « République du Kurdistan » fut fondée par les kurdes d'Irak. Puis à partir de
1950, Mustapha Barzani prit la tête de la rébellion kurde irakienne. Les combats de
1961 à 1970 furent si meurtriers qu'on parla de génocide du peuple kurde. Un accord
fut signé le 11 mars 1970 avec le gouvernement de Bagdad promettant l'autonomie au
Kurdistan. En 1974, Barzani rejette le statut d'autonomie établit par Bagdad et les
combats reprennent jusqu'en mars 1975 où les combattants kurdes perdent le soutien
de l'Iran qui ferme sa frontière.
2. Les kurdes victime de violence
Depuis longtemps, les Kurdes sont victimes de violentes répressions politiques
et culturelles. Désavoués par le traité de Lausanne de 1923, qui leur a retiré la
possibilité de disposer d’un État kurde comme prévu par le traité de Sèvres de 1920, ils
n’ont cessé, depuis lors, d’être la cible de différentes nations.

En Irak, la situation des Kurdes s’est considérablement détériorée à partir de


1969 suite à l’arrivée au pouvoir un an plus tôt du parti Baas et de Saddam Hussein au
poste de Vice-Président de la République irakienne.

S’en suit alors une politique intensive d’arabisation, de déplacements forcés des
populations, d’exécutions ciblées et une situation de guerre par intermittence.

Ainsi, en mars 1971, la nouvelle charte du parti Baas décréta que les Kurdes
devaient à partir de maintenant adhérer à « l’unité politique et sociale du pays », ainsi
qu’« accepter l’Irak dans le cadre de la Patrie arabe. » Cette obligation fut même
renforcée, par la proclamation de « l’identité arabe de la terre kurde » lors de la
troisième Conférence dudit parti.

II. LES ORIGINES DU MASSACRE DES KURDES


1. La guerre Iran-Irak
La guerre Iran-Irak est à l’origine de la quatrième insurrection kurde
irakienne profitant de l’instabilité dans la région.
En mars 1987, Ali Hassan al-Majid est nommé Secrétaire général du parti
Baas pour la région Nord, incluant le Kurdistan. Sous son autorité, le contrôle des
opérations contre les combattants kurdes est transféré de Bagdad au parti Baas. Ceci
est le prélude à la « solution finale » au problème de l’insurrection kurde décidée par
Al-Majid dès son arrivée à son poste. L'opération destinée à éradiquer définitivement
le « problème kurde » est baptisée Anfal.
2. Les opérations et cibles du massacre kurdes
Les opérations se décomposent en une série de huit Anfal. Les sept
premiers Anfal ont pour cible la région où agit l'Union patriotique du Kurdistan (UPK)
tandis que l'« Anfal final » s'abat sur la région dominée par le Parti démocratique du
Kurdistan (PDK).

Ainsi, on a les huit opérations suivantes avec leurs régions cibles :

 Premier Anfal : Sergalou et Bergalou, du 23 février au 19 mars 1988. C'est


lors de ce premier Anfal qu'Halabja est gazé ;
 Deuxième Anfal : Qara Dagh, du 22 mars au 1er avril 1988 ;
 Troisième Anfal : Germian, du 7 avril au 20 avril 1988 ;
 Quatrième Anfal : La vallée du Zab, du 3 mai au 8 mai 1988 ;
 Cinquième, sixième et septième Anfal : Les vallées de Shaqlawa et
Rawanduz, du 15 mai au 26 août 1988 ;
 Anfal final : Badinan, du 25 août au 6 septembre 1988.
III. CONSEQUENCE DU MASSACRE DES KURDES
1. Bilan du massacre des kurdes
D'après le Tribunal spécial irakien, 182 000 civils ont été tués et plus de 2 000 villages
détruits.

D'après Human Rights Watch, 90 % des villages de la région cible ont été rayés de la
carte et 1 754 écoles et 270 hôpitaux détruits. Selon son rapport :

« Où sont les tombes de tous ceux qui furent tués, et combien de corps
contiennent-elles ? Moins de 50 000 serait inconcevable, ce pourrait être le
double de ce chiffre. » Après le soulèvement du printemps 1991, les leaders
kurdes « ont mentionné 182 000 morts – une extrapolation approximative basée
sur le nombre de villages détruits. Quand il entendit cela, on rapporte que Ali
Hassan al-Majid s'est emporté, disant : “182 000 ? Qu'est-ce c'est que cette
exagération ? Ce ne peut pas être plus de 100 000.” »

Les alliés occidentaux de l'Irak furent réticents à condamner le massacre de Halabja en


dépit de l'immense émotion de l'opinion publique internationale. La France se contenta
d'un bref communiqué condamnant « l'usage d'armes chimiques où que ce soit ». Le
rapport de l'ONU, réalisé par un colonel de l'armée espagnole, notait seulement que
« des armes chimiques ont de nouveau été employées tant en Irak qu'en Iran » et que
« le nombre de victimes civiles augmente ». Le secrétaire général de l'ONU affirma
que les nationalités « sont difficiles à déterminer, tant pour les armes que pour les
utilisateurs de celles-ci ». La sous-Commission des droits de l'homme des Nations
unies estima, par onze voix contre huit, qu'il n'y avait pas lieu de condamner le régime
de Saddam Hussein pour violation des droits de l'homme. Le président
américain George H. W. Bush s'opposa à des sanctions contre l'Irak et lui accorda au
contraire un prêt d’un milliard de dollars.
200 000 soldats irakiens sont affectés à cette campagne de génocide qui a recours à des
offensives terrestres, des bombardements aériens, des destructions systématiques de
zones d'habitation civile, des déportations massives, la mise en place de camps de
concentration, des exécutions sommaires et bien sûr l'utilisation massive d'armes
chimiques, ce qui a valu à Ali Hassan Al-Majid le surnom d'Ali le chimique.

Plus tard, lors d’une déclaration télévisée Saddam Hussein expliqua : « Les Barzanis


ont étendu leur trahison à d'autres familles, ils sont impliqués dans ce crime et sont
devenus des guides pour l'armée perse et ont aidé à occuper la terre d'Irak. […] Ils ont
donc été sévèrement punis et sont allés en enfer. »

CONCLUSION
Bibliographie
 Human Rights Watch, Génocide en Irak : la campagne d'Anfal contre les Kurdes, Paris,
Karthala, 2003/
 Choman Hardi, Gendered experiences of genocide: Anfal survivors in Kurdistan-Iraq,
London, Routledge, 2011.
 Choman Hardi, "Anfal", traduit en français par Victor Martinez, revue Europe n° 1055,
pp. 226-233.
 Choman Hardi, "Que vous dirai-je à propos de l'Anfal ?", traduction V. Martinez,
revue Conséquence n°2, pp. 45-51.

Sources
1. ↑ « The Crimes of Saddam Hussein - 1988: The Anfal Campaign » [archive], sur PBS
Frontline World www.pbs.org (consulté le 28 septembre 2017)
2. ↑ Revenir plus haut en :a b et c (en) Human Rights Watch : GENOCIDE IN IRAQ - The Anfal
Campaign Against the Kurds, A Middle East Watch Report, July 1993 (lire en ligne le
dossier complet [archive]).
3. ↑ https://youtube.com/watch?v=2t7GwbjvnKE [archive]
4. ↑ Chapitre 13 et conclusion [archive] du dossier de Human Rights Watch.
5. ↑ Kendal Nezan, « Quand « notre » ami Saddam gazait ses Kurdes » [archive], sur Le
Monde diplomatique, 1er mars 1998
6. ↑ http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/4555000.stm [archive]

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