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L’organisation du génocide
Aucun document de synthèse préparatoire, qui révélerait
l'organisation globale du génocide, n'a été trouvé. C'est l'argument
principal de ceux qui contestent la qualification de génocide pour les
massacres du Rwanda en 1994. Pourtant la qualification de génocide
des événements du Rwanda en 1994 a été confirmée lors de la
création du Tribunal pénal international pour le Rwanda27, puis par
plusieurs jugements du TPIR.
Des massacres à caractère génocidaire, considérés comme
annonciateurs du génocide par des observateurs commencent à être
perceptibles à partir de 199228.
En 1991 et 1992, des actes de génocide ont été commis sur les
Bagogwe, catégorisés comme Tutsis. En 1992, d'autres massacres
ont lieu dans le Bugesera et dans le sud ouest du pays. Des
membres de la garde présidentielle et des milices se sont introduits
dans la région pour provoquer ce qu'ils présenteront ensuite comme
un soulèvement populaire en réaction à des attentats. Ces
massacres ont été accompagnés de propagande sur les ondes ainsi
que dans le journal extrémiste Kangura.
À cette date un premier rapport de la Fédération internationale des
ligues des droits de l'homme lance une alerte. Une commission
internationale d'enquête constituée autour de la FIDH, publie un
deuxième rapport en mars 1993, appelé communément « rapport de
la FIDH de 1993 » 29 qui est encore plus précis et parle d'actes de
génocide et de perspectives graves. Les autorités rwandaises sont
désignées ouvertement30. En aout 1993 une enquête de l'ONU
confirme le rapport de la commission internationale d'enquête 31.
Ces rapports indiquent que des investigations poussées ont été
menées en zone gouvernementale. Mais l'attitude du FPR a
également été analysée dans plusieurs rapports. Les violations des
droits de l'homme qui auraient été commises par le Front Patriotique
Rwandais ont été décrites par Africa Watch en février 1992 sous le
titre: «Rwanda, talking peace and waging war, human rights since
the october 1990 invasion». En 1993, la commission internationale
d'enquête, s'appuyant sur cette première étude a poursuivi aussi
cette analyse du conflit32. Cette commission internationale n'a pas
établi d'actes de génocide de la part du FPR, mais a dénoncé des
exécutions extra-judiciaires et des déportations qu'elles attribuaient
à des intérêts stratégiques, avec la réserve qu'elle n'a pas pu se
rendre dans les camps de déplacés en Ouganda, sa mission ayant
été préparée uniquement dans le cadre d'une enquête au Rwanda.
À partir de 1992, on crée très officiellement les
milices Interahamwe pour embrigader les jeunes militants du parti
présidentiel MRND. D'autres partis, notamment la Coalition pour la
défense de la République (CDR), forment aussi des milices qui seront
confondues pendant le génocide avec la plus importantes, celle des
Interahamwe. Les discours, celui de Léon Mugesera en 1992, et
d'autres d'Habyarimana, sont de plus en plus clairs et mobilisateurs.
La Radio Télévision Libre des Mille Collines, première radio
officiellement « libre » à côté de la seule radio d'État, commence à
émettre sur Kigali avant de se généraliser à tout le Rwanda. Les
chansons de Simon Bikindi y ont une place particulière. Cette radio
est financée par l'Akazu, le cercle proche du président et de sa
femme Agathe. La propagande officielle se développe dans le but
avoué que tout Rwandais devienne un tueur ou une victime, selon sa
carte d'identité. Ces milices sont formées essentiellement par les
Forces armées rwandaises. Mais l'un des points les plus controversé
de la formation des milices concerne la France. En vertu des accords
de coopération militaire signés en 1975, la gendarmerie française
formait des gendarmes rwandais. Des Rwandais affirment que ces
gendarmes et des militaires français de l'opération Noroît formaient
aussi des miliciens. En avril 2005 sur France Culture, un gendarme
du GIGN, le Sergent Thierry Prungnaud, a affirmé de façon
« catégorique » avoir vu des militaires français former des miliciens
en 1992 au Rwanda33.
Un informateur, cité par Roméo Dallaire dans ses télégrammes à
l'ONU au premier trimestre 1994, avertit la Minuar de l'existence de
caches d'armes destinées à la population et qu'il est prévu de tuer
des casques bleus belges pour les faire partir.
Une enquête, menée après le génocide par Pierre Galand et Michel
Chossudovsky, montre que de nombreuses alertes économiques
étaient connues des instances internationales et notamment de
la Banque mondiale et du FMI. La balance des paiements et la
répartition budgétaire des comptes du Rwanda commença à basculer
dès le début des années 1990, sans que ces éléments semblent tous
liés à la guerre contre le FPR. Ayant pu enquêter au sein de la
Banque nationale du Rwanda, ils ont découvert des lignes
comptables et des courriers ministériels qui montraient que des
détournements de dépenses officielles avaient pour objet de
camoufler des dépenses préparatoires au génocide affectées à des
postes divers dans la comptabilité nationale. Par ailleurs, au sein des
douanes à l'aéroport de Kigali, un service parallèle très important qui
était alimenté de toutes sortes de biens marchands, géré par
madame Habyarimana et l'un de ses frères, échappait à tout contrôle
national et alimentait des circuits occultes34.
L’organisation du génocide
Aucun document de synthèse préparatoire, qui révélerait
l'organisation globale du génocide, n'a été trouvé. C'est l'argument
principal de ceux qui contestent la qualification de génocide pour les
massacres du Rwanda en 1994. Pourtant la qualification de génocide
des événements du Rwanda en 1994 a été confirmée lors de la
création du Tribunal pénal international pour le Rwanda27, puis par
plusieurs jugements du TPIR.
Des massacres à caractère génocidaire, considérés comme
annonciateurs du génocide par des observateurs commencent à être
perceptibles à partir de 199228.
En 1991 et 1992, des actes de génocide ont été commis sur les
Bagogwe, catégorisés comme Tutsis. En 1992, d'autres massacres
ont lieu dans le Bugesera et dans le sud ouest du pays. Des
membres de la garde présidentielle et des milices se sont introduits
dans la région pour provoquer ce qu'ils présenteront ensuite comme
un soulèvement populaire en réaction à des attentats. Ces
massacres ont été accompagnés de propagande sur les ondes ainsi
que dans le journal extrémiste Kangura.
À cette date un premier rapport de la Fédération internationale des
ligues des droits de l'homme lance une alerte. Une commission
internationale d'enquête constituée autour de la FIDH, publie un
deuxième rapport en mars 1993, appelé communément « rapport de
la FIDH de 1993 » 29 qui est encore plus précis et parle d'actes de
génocide et de perspectives graves. Les autorités rwandaises sont
désignées ouvertement30. En aout 1993 une enquête de l'ONU
confirme le rapport de la commission internationale d'enquête 31.
Ces rapports indiquent que des investigations poussées ont été
menées en zone gouvernementale. Mais l'attitude du FPR a
également été analysée dans plusieurs rapports. Les violations des
droits de l'homme qui auraient été commises par le Front Patriotique
Rwandais ont été décrites par Africa Watch en février 1992 sous le
titre: «Rwanda, talking peace and waging war, human rights since
the october 1990 invasion». En 1993, la commission internationale
d'enquête, s'appuyant sur cette première étude a poursuivi aussi
cette analyse du conflit32. Cette commission internationale n'a pas
établi d'actes de génocide de la part du FPR, mais a dénoncé des
exécutions extra-judiciaires et des déportations qu'elles attribuaient
à des intérêts stratégiques, avec la réserve qu'elle n'a pas pu se
rendre dans les camps de déplacés en Ouganda, sa mission ayant
été préparée uniquement dans le cadre d'une enquête au Rwanda.
À partir de 1992, on crée très officiellement les
milices Interahamwe pour embrigader les jeunes militants du parti
présidentiel MRND. D'autres partis, notamment la Coalition pour la
défense de la République (CDR), forment aussi des milices qui seront
confondues pendant le génocide avec la plus importantes, celle des
Interahamwe. Les discours, celui de Léon Mugesera en 1992, et
d'autres d'Habyarimana, sont de plus en plus clairs et mobilisateurs.
La Radio Télévision Libre des Mille Collines, première radio
officiellement « libre » à côté de la seule radio d'État, commence à
émettre sur Kigali avant de se généraliser à tout le Rwanda. Les
chansons de Simon Bikindi y ont une place particulière. Cette radio
est financée par l'Akazu, le cercle proche du président et de sa
femme Agathe. La propagande officielle se développe dans le but
avoué que tout Rwandais devienne un tueur ou une victime, selon sa
carte d'identité. Ces milices sont formées essentiellement par les
Forces armées rwandaises. Mais l'un des points les plus controversé
de la formation des milices concerne la France. En vertu des accords
de coopération militaire signés en 1975, la gendarmerie française
formait des gendarmes rwandais. Des Rwandais affirment que ces
gendarmes et des militaires français de l'opération Noroît formaient
aussi des miliciens. En avril 2005 sur France Culture, un
gendarmes du GIGN, le Sergent Thierry Prungnaud, a affirmé de
façon « catégorique » avoir vu des militaires français former des
miliciens en 1992 au Rwanda33.
Un informateur, cité par Roméo Dallaire dans ses télégrammes à
l'ONU au premier trimestre 1994, avertit la Minuar de l'existence de
caches d'armes destinées à la population et qu'il est prévu de tuer
des casques bleus belges pour les faire partir.
Une enquête, menée après le génocide par Pierre Galand et Michel
Chossudovsky, montre que de nombreuses alertes économiques
étaient connues des instances internationales et notamment de
la Banque mondiale et du FMI. La balance des paiements et la
répartition budgétaire des comptes du Rwanda commença à basculer
dès le début des années 1990, sans que ces éléments semblent tous
liés à la guerre contre le FPR. Ayant pu enquêter au sein de la
Banque nationale du Rwanda, ils ont découvert des lignes
comptables et des courriers ministériels qui montraient que des
détournements de dépenses officielles avaient pour objet de
camoufler des dépenses préparatoires au génocide affectées à des
postes divers dans la comptabilité nationale. Par ailleurs, au sein des
douanes à l'aéroport de Kigali, un service parallèle très important qui
était alimenté de toutes sortes de biens marchands, géré par
madame Habyarimana et l'un de ses frères, échappait à tout contrôle
national et alimentait des circuits occultes34.
Conséquences