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introduction

Le Génocide au Rwanda fut le génocide le plus rapide de l'histoire.


Un million de Rwandais, essentiellement Tutsi, ont été tués en 100
jours. Ceux qui parmi les Hutu se sont montrés solidaires des Tutsi
ont été tués comme traîtres à la cause Hutu. Les Tutsi ont été tués
"parce qu’ils étaient nés". Les événements de 1994 sont
l'aboutissement d'une longue dérive historique dont le caractère
génocidaire était connu depuis 35 ans.

Contrairement à ce qu'affirment des propagandistes, ce génocide n'a


pas éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Le
président de l'association Survie était intervenu sur France 2 au
journal de 20 heures le 24 janvier 1993, 15 mois avant le début des
massacres de 1994.

L’organisation du génocide
Aucun document de synthèse préparatoire, qui révélerait
l'organisation globale du génocide, n'a été trouvé. C'est l'argument
principal de ceux qui contestent la qualification de génocide pour les
massacres du Rwanda en 1994. Pourtant la qualification de génocide
des événements du Rwanda en 1994 a été confirmée lors de la
création du Tribunal pénal international pour le Rwanda27, puis par
plusieurs jugements du TPIR.
Des massacres à caractère génocidaire, considérés comme
annonciateurs du génocide par des observateurs commencent à être
perceptibles à partir de 199228.
En 1991 et 1992, des actes de génocide ont été commis sur les
Bagogwe, catégorisés comme Tutsis. En 1992, d'autres massacres
ont lieu dans le Bugesera et dans le sud ouest du pays. Des
membres de la garde présidentielle et des milices se sont introduits
dans la région pour provoquer ce qu'ils présenteront ensuite comme
un soulèvement populaire en réaction à des attentats. Ces
massacres ont été accompagnés de propagande sur les ondes ainsi
que dans le journal extrémiste Kangura.
À cette date un premier rapport de la Fédération internationale des
ligues des droits de l'homme lance une alerte. Une commission
internationale d'enquête constituée autour de la FIDH, publie un
deuxième rapport en mars 1993, appelé communément « rapport de
la FIDH de 1993 » 29 qui est encore plus précis et parle d'actes de
génocide et de perspectives graves. Les autorités rwandaises sont
désignées ouvertement30. En aout 1993 une enquête de l'ONU
confirme le rapport de la commission internationale d'enquête 31.
Ces rapports indiquent que des investigations poussées ont été
menées en zone gouvernementale. Mais l'attitude du FPR a
également été analysée dans plusieurs rapports. Les violations des
droits de l'homme qui auraient été commises par le Front Patriotique
Rwandais ont été décrites par Africa Watch en février 1992 sous le
titre: «Rwanda, talking peace and waging war, human rights since
the october 1990 invasion». En 1993, la commission internationale
d'enquête, s'appuyant sur cette première étude a poursuivi aussi
cette analyse du conflit32. Cette commission internationale n'a pas
établi d'actes de génocide de la part du FPR, mais a dénoncé des
exécutions extra-judiciaires et des déportations qu'elles attribuaient
à des intérêts stratégiques, avec la réserve qu'elle n'a pas pu se
rendre dans les camps de déplacés en Ouganda, sa mission ayant
été préparée uniquement dans le cadre d'une enquête au Rwanda.
À partir de 1992, on crée très officiellement les
milices Interahamwe pour embrigader les jeunes militants du parti
présidentiel MRND. D'autres partis, notamment la Coalition pour la
défense de la République (CDR), forment aussi des milices qui seront
confondues pendant le génocide avec la plus importantes, celle des
Interahamwe. Les discours, celui de Léon Mugesera en 1992, et
d'autres d'Habyarimana, sont de plus en plus clairs et mobilisateurs.
La Radio Télévision Libre des Mille Collines, première radio
officiellement « libre » à côté de la seule radio d'État, commence à
émettre sur Kigali avant de se généraliser à tout le Rwanda. Les
chansons de Simon Bikindi y ont une place particulière. Cette radio
est financée par l'Akazu, le cercle proche du président et de sa
femme Agathe. La propagande officielle se développe dans le but
avoué que tout Rwandais devienne un tueur ou une victime, selon sa
carte d'identité. Ces milices sont formées essentiellement par les
Forces armées rwandaises. Mais l'un des points les plus controversé
de la formation des milices concerne la France. En vertu des accords
de coopération militaire signés en 1975, la gendarmerie française
formait des gendarmes rwandais. Des Rwandais affirment que ces
gendarmes et des militaires français de l'opération Noroît formaient
aussi des miliciens. En avril 2005 sur France Culture, un gendarme
du GIGN, le Sergent Thierry Prungnaud, a affirmé de façon
« catégorique » avoir vu des militaires français former des miliciens
en 1992 au Rwanda33.
Un informateur, cité par Roméo Dallaire dans ses télégrammes à
l'ONU au premier trimestre 1994, avertit la Minuar de l'existence de
caches d'armes destinées à la population et qu'il est prévu de tuer
des casques bleus belges pour les faire partir.
Une enquête, menée après le génocide par Pierre Galand et Michel
Chossudovsky, montre que de nombreuses alertes économiques
étaient connues des instances internationales et notamment de
la Banque mondiale et du FMI. La balance des paiements et la
répartition budgétaire des comptes du Rwanda commença à basculer
dès le début des années 1990, sans que ces éléments semblent tous
liés à la guerre contre le FPR. Ayant pu enquêter au sein de la
Banque nationale du Rwanda, ils ont découvert des lignes
comptables et des courriers ministériels qui montraient que des
détournements de dépenses officielles avaient pour objet de
camoufler des dépenses préparatoires au génocide affectées à des
postes divers dans la comptabilité nationale. Par ailleurs, au sein des
douanes à l'aéroport de Kigali, un service parallèle très important qui
était alimenté de toutes sortes de biens marchands, géré par
madame Habyarimana et l'un de ses frères, échappait à tout contrôle
national et alimentait des circuits occultes34.

La mise en œuvre du génocide


Les événements déclencheurs
L’accord de paix d’Arusha
Le 4 août 1993, après plusieurs années de négociations, le
Gouvernement de la République rwandaise et le Front patriotique
rwandais (FPR) signaient l'accord de paix d'Arusha afin de mettre un
terme à la guerre civile rwandaise débutée en 199035.
Cet accord prévoyait la mise en place par les Nations unies d'une
« Force internationale neutre » (FIN) chargée de superviser
l'intégration des forces armées des deux parties, de garantir la
sécurité générale du pays, d'assurer la sécurité de la distribution
d'aides humanitaires, d'effectuer des opérations de déminage et de
faire de Kigali une zone neutre. Elle devait de plus contribuer à
assurer la sécurité de la population civile, à rechercher des caches
d'armes, à neutraliser les bandes armées à travers tout le pays, à
récupérer toutes les armes distribuées à la population civile ou
acquises illégalement par celle-ci et à contrôler le respect de la
cessation des hostilités35.
L'Accord reposait sur l'hypothèse que la FIN serait déployée dans un
délai d'environ un mois, bien que les représentants des Nations
unies aient informé les parties que cette hypothèse n'était pas
réaliste35.
Une semaine à peine après la signature de l'Accord, l'ONU publiait
un rapport inquiétant sur la situation des droits de l'homme au
Rwanda. Ce rapport faisait suite à une mission ayant établi que le
Rwanda était le théâtre de massacres et de nombreuses autres
graves violations des droits de l'homme prenant pour cible la
population Tutsie. Mais l'essentiel de ce rapport semble avoir été
ignoré par les principaux acteurs du système des Nations unies35.
Le 15 septembre, une délégation commune du gouvernement
rwandais et du FPR demanda au secrétaire général des Nations-
unies de déployer rapidement une force internationale importante,
prévenant que tout retard risquait de provoquer l'effondrement du
processus de paix. Le Secrétaire général répondit que même si le
Conseil approuvait l'envoi d'une force de cette envergure, il faudrait
au moins deux ou trois mois pour la déployer, entre autres à cause
des demandes de troupes considérables qui étaient faites aux
Nations unies pour la Somalie et la Bosnie, alors qu'une crise
financière traversait l'Organisation.

Attentat contre l’avion présidentiel et début du génocide


Le 3 avril 1994, la Radio Télévision Libre des Mille Collines annonce
que « le 4 et le 5, il va se passer quelque chose à Kigali » et « qu'il
fallait être prêt », sans autres précisions. Il n'est pas possible de
déterminer s'il s'agissait de l'attentat du 6 avril qui de toute évidence
a servi de signal de lancement du génocide ou d'une coïncidence
utilisée opportunément. Juvénal Habyarimana avait déjà été pris à
partie et menacé sur les ondes de Radio Mille Collines (« Tu ne peux
pas gouverner contre le peuple. Même Habyarimana, si le peuple est
contre lui, il ne met plus un pied au pays. »)
Aussitôt après l'attentat, le gouvernement intérimaire est constitué
en quelques jours avec les personnalités qui se révéleront les plus
actives dans l'exécution du génocide, le Hutu Power. Les événements
ultérieurs montrèrent que tout appui, direct ou indirect, notamment
français, était souhaité par les organisateurs du génocide. À Paris,
le 14 juin 1994, François Mitterrand déclara à une équipe
de Médecins sans frontières qu'Agathe Habyarimana, évacuée par
l'opération Amaryllis, « continuerait à lancer des appels aux
massacres sur les radios françaises, si elle le pouvait »38.
Tout ce travail préparatoire eut pour expression médiatique le mot
d'ordre « administratif » de ce projet national : « exterminer les
cancrelats », décliné en toutes sortes de variantes, aux périphrases
séduisantes, typiques de la culture rwandaise très sensible à la
poésie des mots, puis « finir le travail ». Les cancrelats étaient
désignés comme tels depuis des années. Le bras constitué du
génocide, les « milices interahamwe », reçut des Forces armées
rwandaises un soutien logistique et matériel. Chaque jour, chaque
heure, la radio précisait des objectifs de massacres précis. Les
milices entraînaient la population avec elle dans ce « travail collectif »
(Umuganda), notion qui faisait partie de la culture républicaine
rwandaise depuis des années. C'était un travail organisé, de 9 h du
matin environ à 16 h-17 h, avec ses temps de repos annoncés par
des coups de sifflet. La bière était prévue dans les stocks nationaux
pour soutenir les combattants.

L’organisation du génocide
Aucun document de synthèse préparatoire, qui révélerait
l'organisation globale du génocide, n'a été trouvé. C'est l'argument
principal de ceux qui contestent la qualification de génocide pour les
massacres du Rwanda en 1994. Pourtant la qualification de génocide
des événements du Rwanda en 1994 a été confirmée lors de la
création du Tribunal pénal international pour le Rwanda27, puis par
plusieurs jugements du TPIR.
Des massacres à caractère génocidaire, considérés comme
annonciateurs du génocide par des observateurs commencent à être
perceptibles à partir de 199228.
En 1991 et 1992, des actes de génocide ont été commis sur les
Bagogwe, catégorisés comme Tutsis. En 1992, d'autres massacres
ont lieu dans le Bugesera et dans le sud ouest du pays. Des
membres de la garde présidentielle et des milices se sont introduits
dans la région pour provoquer ce qu'ils présenteront ensuite comme
un soulèvement populaire en réaction à des attentats. Ces
massacres ont été accompagnés de propagande sur les ondes ainsi
que dans le journal extrémiste Kangura.
À cette date un premier rapport de la Fédération internationale des
ligues des droits de l'homme lance une alerte. Une commission
internationale d'enquête constituée autour de la FIDH, publie un
deuxième rapport en mars 1993, appelé communément « rapport de
la FIDH de 1993 » 29 qui est encore plus précis et parle d'actes de
génocide et de perspectives graves. Les autorités rwandaises sont
désignées ouvertement30. En aout 1993 une enquête de l'ONU
confirme le rapport de la commission internationale d'enquête 31.
Ces rapports indiquent que des investigations poussées ont été
menées en zone gouvernementale. Mais l'attitude du FPR a
également été analysée dans plusieurs rapports. Les violations des
droits de l'homme qui auraient été commises par le Front Patriotique
Rwandais ont été décrites par Africa Watch en février 1992 sous le
titre: «Rwanda, talking peace and waging war, human rights since
the october 1990 invasion». En 1993, la commission internationale
d'enquête, s'appuyant sur cette première étude a poursuivi aussi
cette analyse du conflit32. Cette commission internationale n'a pas
établi d'actes de génocide de la part du FPR, mais a dénoncé des
exécutions extra-judiciaires et des déportations qu'elles attribuaient
à des intérêts stratégiques, avec la réserve qu'elle n'a pas pu se
rendre dans les camps de déplacés en Ouganda, sa mission ayant
été préparée uniquement dans le cadre d'une enquête au Rwanda.
À partir de 1992, on crée très officiellement les
milices Interahamwe pour embrigader les jeunes militants du parti
présidentiel MRND. D'autres partis, notamment la Coalition pour la
défense de la République (CDR), forment aussi des milices qui seront
confondues pendant le génocide avec la plus importantes, celle des
Interahamwe. Les discours, celui de Léon Mugesera en 1992, et
d'autres d'Habyarimana, sont de plus en plus clairs et mobilisateurs.
La Radio Télévision Libre des Mille Collines, première radio
officiellement « libre » à côté de la seule radio d'État, commence à
émettre sur Kigali avant de se généraliser à tout le Rwanda. Les
chansons de Simon Bikindi y ont une place particulière. Cette radio
est financée par l'Akazu, le cercle proche du président et de sa
femme Agathe. La propagande officielle se développe dans le but
avoué que tout Rwandais devienne un tueur ou une victime, selon sa
carte d'identité. Ces milices sont formées essentiellement par les
Forces armées rwandaises. Mais l'un des points les plus controversé
de la formation des milices concerne la France. En vertu des accords
de coopération militaire signés en 1975, la gendarmerie française
formait des gendarmes rwandais. Des Rwandais affirment que ces
gendarmes et des militaires français de l'opération Noroît formaient
aussi des miliciens. En avril 2005 sur France Culture, un
gendarmes du GIGN, le Sergent Thierry Prungnaud, a affirmé de
façon « catégorique » avoir vu des militaires français former des
miliciens en 1992 au Rwanda33.
Un informateur, cité par Roméo Dallaire dans ses télégrammes à
l'ONU au premier trimestre 1994, avertit la Minuar de l'existence de
caches d'armes destinées à la population et qu'il est prévu de tuer
des casques bleus belges pour les faire partir.
Une enquête, menée après le génocide par Pierre Galand et Michel
Chossudovsky, montre que de nombreuses alertes économiques
étaient connues des instances internationales et notamment de
la Banque mondiale et du FMI. La balance des paiements et la
répartition budgétaire des comptes du Rwanda commença à basculer
dès le début des années 1990, sans que ces éléments semblent tous
liés à la guerre contre le FPR. Ayant pu enquêter au sein de la
Banque nationale du Rwanda, ils ont découvert des lignes
comptables et des courriers ministériels qui montraient que des
détournements de dépenses officielles avaient pour objet de
camoufler des dépenses préparatoires au génocide affectées à des
postes divers dans la comptabilité nationale. Par ailleurs, au sein des
douanes à l'aéroport de Kigali, un service parallèle très important qui
était alimenté de toutes sortes de biens marchands, géré par
madame Habyarimana et l'un de ses frères, échappait à tout contrôle
national et alimentait des circuits occultes34.

La mise en œuvre du génocide[modifier | modifier le code]


Les événements déclencheurs[modifier | modifier le code]
L’accord de paix d’Arusha[modifier | modifier le code]
Le 4 août 1993, après plusieurs années de négociations, le
Gouvernement de la République rwandaise et le Front patriotique
rwandais (FPR) signaient l'accord de paix d'Arusha afin de mettre un
terme à la guerre civile rwandaise débutée en 199035.
Cet accord prévoyait la mise en place par les Nations unies d'une
« Force internationale neutre » (FIN) chargée de superviser
l'intégration des forces armées des deux parties, de garantir la
sécurité générale du pays, d'assurer la sécurité de la distribution
d'aides humanitaires, d'effectuer des opérations de déminage et de
faire de Kigali une zone neutre. Elle devait de plus contribuer à
assurer la sécurité de la population civile, à rechercher des caches
d'armes, à neutraliser les bandes armées à travers tout le pays, à
récupérer toutes les armes distribuées à la population civile ou
acquises illégalement par celle-ci et à contrôler le respect de la
cessation des hostilités35.
L'Accord reposait sur l'hypothèse que la FIN serait déployée dans un
délai d'environ un mois, bien que les représentants des Nations
unies aient informé les parties que cette hypothèse n'était pas
réaliste35.
Une semaine à peine après la signature de l'Accord, l'ONU publiait
un rapport inquiétant sur la situation des droits de l'homme au
Rwanda. Ce rapport faisait suite à une mission ayant établi que le
Rwanda était le théâtre de massacres et de nombreuses autres
graves violations des droits de l'homme prenant pour cible la
population Tutsie. Mais l'essentiel de ce rapport semble avoir été
ignoré par les principaux acteurs du système des Nations unies35.
Le 15 septembre, une délégation commune du gouvernement
rwandais et du FPR demanda au secrétaire général des Nations-
unies de déployer rapidement une force internationale importante,
prévenant que tout retard risquait de provoquer l'effondrement du
processus de paix. Le Secrétaire général répondit que même si le
Conseil approuvait l'envoi d'une force de cette envergure, il faudrait
au moins deux ou trois mois pour la déployer, entre autres à cause
des demandes de troupes considérables qui étaient faites aux
Nations unies pour la Somalie et la Bosnie, alors qu'une crise
financière traversait l'Organisation35.
Attentat contre l’avion présidentiel et début du génocide
Le 3 avril 1994, la Radio Télévision Libre des Mille Collines annonce
que « le 4 et le 5, il va se passer quelque chose à Kigali » et « qu'il
fallait être prêt », sans autres précisions. Il n'est pas possible de
déterminer s'il s'agissait de l'attentat du 6 avril qui de toute évidence
a servi de signal de lancement du génocide ou d'une coïncidence
utilisée opportunément. Juvénal Habyarimana avait déjà été pris à
partie et menacé sur les ondes de Radio Mille Collines (« Tu ne peux
pas gouverner contre le peuple. Même Habyarimana, si le peuple est
contre lui, il ne met plus un pied au pays. »)
Aussitôt après l'attentat, le gouvernement intérimaire est constitué
en quelques jours avec les personnalités qui se révéleront les plus
actives dans l'exécution du génocide, le Hutu Power. Les événements
ultérieurs montrèrent que tout appui, direct ou indirect, notamment
français, était souhaité par les organisateurs du génocide. À Paris,
le 14 juin 1994, François Mitterrand déclara à une équipe
de Médecins sans frontières qu'Agathe Habyarimana, évacuée par
l'opération Amaryllis, « continuerait à lancer des appels aux
massacres sur les radios françaises, si elle le pouvait »38.
Tout ce travail préparatoire eut pour expression médiatique le mot
d'ordre « administratif » de ce projet national : « exterminer les
cancrelats », décliné en toutes sortes de variantes, aux périphrases
séduisantes, typiques de la culture rwandaise très sensible à la
poésie des mots, puis « finir le travail ». Les cancrelats étaient
désignés comme tels depuis des années. Le bras constitué du
génocide, les « milices interahamwe », reçut des Forces armées
rwandaises un soutien logistique et matériel. Chaque jour, chaque
heure, la radio précisait des objectifs de massacres précis. Les
milices entraînaient la population avec elle dans ce « travail collectif »
(Umuganda), notion qui faisait partie de la culture républicaine
rwandaise depuis des années. C'était un travail organisé, de 9 h du
matin environ à 16 h-17 h, avec ses temps de repos annoncés par
des coups de sifflet. La bière était prévue dans les stocks nationaux
pour soutenir les combattants.

Conséquences

Le génocide qui a été commis au Rwanda entre avril et juillet 1994 a


eu des conséquences à des niveaux multiples. Ce génocide est un
événement majeur de la fin du XXe siècle, traité par les médias du
monde entier. Ce génocide s'est déroulé dans le contexte de la guerre
civile rwandaise débutée en 1990. Quantitativement, 15 % de la
population rwandaise, désignée comme Tutsi, a été massacrée dans
le génocide et 15 à 30 % de la population s'est déplacée dans le
contexte plus général de la guerre civile qui a fait aussi des milliers
de morts de part et d'autre. Cette guerre civile justifie des
considérations que l'on retrouve dans beaucoup d'autres conflits,
notamment africains, mais qui sont relativisées au Rwanda par
l'importance du génocide.

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