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Inno 026 0095
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Dimitri Kisline
INTRODUCTION
La petite entreprise est devenue une partie indissociable de l’économie des
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Dimitri KISLINE
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Les principaux obstacles au développement...
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simplifié sur le revenu et d’un impôt unique sur le revenu imputé, qui l’ont
rendu plus transparent et plus efficace. Les entrepreneurs qui en bénéficient
avouent échapper à la complexité habituelle d’obligations comptables et
d’impôts multiples.
Or, selon certains entrepreneurs enregistrer une entreprise de produc-
tions dotées de la personnalité morale et créée ex-nihilo demeure une procé-
dure très complexe. Une femme-entrepreneur que nous avons interviewée,
se plaint de la difficulté et du coût exorbitant pour l’obtention de licences.
Afin d’obtenir une licence pour l’utilisation de l’eau, elle a dû d’abord aller
chercher des rapports d’expertise dans deux organismes, ce service n’étant
pas gratuit, et dû payer ensuite pour la licence proprement dite. Cette femme
conclut que beaucoup d’organismes vivent tout simplement aux dépens du
producteur, parce que ce dernier doit produire un grand nombre de docu-
ments qu’il doit payer, avant de pouvoir commencer à travailler. (18) La
complexité législative complique l’organisation et la gestion des affaires. Par
exemple, avant 2001 de nombreux petits entrepreneurs organisaient leurs
sociétés en deux entreprises (une entreprise individuelle et une SARL).
Avant le 1er janvier 2001, les entrepreneurs individuels ne payaient pas de
TVA et ne délivraient pas de facture pour leurs services et produits. Cela
veut dire que les personnes morales qui leur achetaient ces services et pro-
duits, et qui payaient la TVA, ne pouvaient pas faire figurer la TVA d’entrée
dans leurs bilans comptables. Donc, elles préféraient travailler uniquement
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Les principaux obstacles au développement...
Manque d’informations
Outre la législation compliquée et changeante, beaucoup d’entrepreneurs
déplorent le manque crucial d’informations sur leur droits et obligations sur-
tout en matière de taxation. L’insuffisance d’informations sur les impôts, la
façon dont ils sont calculés et la documentation à présenter aux fonctionnai-
res du fisc représente un problème majeur pour plusieurs entrepreneurs de
notre échantillon. Ainsi, une entrepreneure de Nižnij Novgorod, Elena L., qui
gère un magasin de cadeaux, a-t-elle raconté son embarras avec l’impôt uni-
que sur le revenu imputé. Dans son cas il est calculé sur la base de la surface
de vente du magasin. Ce volume est multiplié par le coefficient de la rue
dans laquelle se trouve l’entreprise. Or, elle n’arrive pas à savoir si la surface
sous la caisse et celle des couloirs sont considérés comme faisant partie de la
surface de vente. Cette femme conclut que même si les entrepreneurs sont
aujourd’hui prêts à respecter les normes, ils ne les connaissent souvent pas.
(10) Un autre exemple concerne un salon de coiffure voisin du magasin
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pense qu’il est normal que je remercie celui qui a fait quelque chose pour moi.
Et ce n’est pas humiliant pour moi. » (21) On remarque bien que l’entrepre-
neur russe n’a pas une conscience claire qu’un fonctionnaire est avant tout un
serviteur d’État et qu’il lui doit, de par sa profession, certains services qu’il
essaie parfois de lui vendre.
Compte tenu de ce qui a été dit, on comprend mieux pourquoi les entre-
preneurs russes adoptent, dans leur majorité, une attitude négative ou, pour
le moins, méfiante vis-à-vis de l’État. Voici quelques citations d’entrepre-
neurs à propos de ce dernier :
« Je n’attends absolument rien de l’État et ne me fais aucune illusion. […]
La principale fonction de l’État russe est d’empêcher les gens de travailler. »
(12)
« Lorsque l’État dit qu’il facilitera tel ou tel côté de la vie des PME, il faut
s’attendre au contraire à un durcissement. » (16)
« Les fonctionnaires russes… tout développement les rend jaloux. Mon
attitude envers l’État est négative. Je devrais respecter le pouvoir, mais je ne
le respecte pas. » (16)
son taux d’intérêt élevé et la complexité des démarches pour l’obtenir. Les
intérêts annuels varient entre 19 et 34 %, ce qui reste encore très cher pour
la plupart des entrepreneurs. Sauf peut-être les commerçants, qui ne sont pas
dissuadés par ce taux, car le commerce est une activité à forte rentabilité en
Russie. Un vendeur de vêtements ou de chaussures peut réaliser de 50 à 100 %
de bénéfices sur le capital investi par mois. (19)
En même temps, le taux d’intérêt élevé est le résultat de la politique des
pouvoirs locaux et de la procédure compliquée d’octroi du crédit. Voici ce
que raconte à ce sujet un entrepreneur de la ville de Šuâ : « La Banque Cen-
trale de la Russie est sur la bonne voie, puisqu’elle diminue constamment le
taux bancaire. Disons qu’aujourd’hui c’est 13 %, la banque, qui donne l’argent,
accorde ce crédit à 16 %. […] Enfin, par exemple, un petit entrepreneur
prend 100 000 RUR, il doit les assurer, et on exige de lui une assurance de la
compagnie « Gosstrah ». Assurer cette somme coûte 3 000 RUR. Alors on
les ajoute à 16 000 d’intérêts et cela donne 19 000 RUR. L’entrepreneur paie
encore 1,5 % au notaire et on arrive alors à 20,5 %. Et après arrive le plus
intéressant. Il doit se faire enregistré au Département de la Justice de sa ville.
Le cachet de ce département coûte pour une personne physique 300 RUR et
pour une personne morale le même service monte à 8 000 RUR. Ce service
est entièrement entre les mains du pouvoir local. Donc, en fin de compte on
arrive à 20,5 + 8 = 28,5 % ! » (19) On voit bien, donc, comment l’effort du
centre fédéral est réduit à zéro par la politique des pouvoirs locaux.
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il vaut mieux ne pas travailler du tout, plutôt que de travailler pour un salaire
fixe qu’ils jugent petit. Cette situation peut se comprendre puisqu’au cours
des années des réformes beaucoup de gens, y compris parmi les parents de ces
jeunes, ont perdu leur travail et sont restés au chômage pendant une période
prolongée. Ils se sont habitués à toucher une petite allocation et à gagner
ponctuellement un peu d’argent au noir. Le principal réflexe est devenu non
pas de chercher un moyen de sortir de cette situation, mais de limiter les
dépenses. En plus, entre 1991-1997 ils ne désiraient même pas de retrouver
un emploi, puisque les salaires de ceux qui travaillaient étaient souvent ver-
sés avec un retard de plusieurs mois, sinon années. En outre, l’abondance
d’offres d’emplois dans certains métiers (vendeur, caissière) fait que les gens
n’ont pas peur de perdre leur travail. Ils sont persuadés qu’au moment où ils
se retrouveront dans la rue, il leur sera facile d’en trouver un autre.
La qualification insuffisante du personnel est un sujet de plainte courant
des petits entrepreneurs. Parfois, c’est la cause d’accidents professionnels. À
titre d’anecdote, un chef d’entreprise nous a rapporté que lors de la construc-
tion d’un garage son opérateur de grue a renversé l’engin devant lui. Après
quoi l’ouvrier a fait remarquer d’un ton parfaitement tranquille et sérieux
que ce n’était rien, parce qu’il avait vu des choses plus graves encore. (14)
Plusieurs entrepreneurs se plaignent du manque crucial de managers quali-
fiés, capables de gérer une filiale d’entreprise. Ils se disent prêts à investir
dans l’extension géographique ou/et dans la diversification de leurs affaires,
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Le vol financier demeure assez fréquent dans les entreprises russes. Les entre-
preneurs remarquent que le personnel à qui ils peuvent faire entièrement
confiance est très rare. Le plus souvent le problème du vol financier con-
cerne ceux qui travaillent avec de l’argent liquide. Dans les commerces, ce
sont les caissières, dans les entreprises de transports urbains ce sont les ven-
deurs de tickets dans les bus et dans d’autres entreprises – les comptables.
Ainsi, certains entrepreneurs russes préfèrent-ils se séparer de l’ancien chef
comptable en cas de reprise d’entreprises. (18) Il existe d’autres formes de
vol. Par exemple, les directeurs des entreprises industrielles surveillent de
près leurs ouvriers, qui peuvent utiliser l’outillage et l’équipement de l’entre-
prise pour réaliser pendant la journée de travail des commandes acceptées à
titre privé.
L’alcoolisme est un deuxième fléau qui sévit parmi le personnel non qua-
lifié. Une entrepreneure affirme qu’environ deux tiers de son personnel non
qualifié travaillent au noir. Tout simplement ce contingent spécifique alterne
deux jours de travail et trois jours d’ivrognerie. Et ceux qui peuvent les rem-
placer ne sont guère meilleurs. (18) Certains entrepreneurs, afin d’éviter les
accidents de travail, dus à l’alcoolisme, sont contraints d’accorder à leurs
ouvriers de « petites vacances » en période de fêtes importantes, telles que le
Nouvel An ou Pâques. Ils estiment qu’il vaut mieux laisser les ouvriers boire
et dessoûler après, plutôt que les laisser venir au travail en état d’ébriété. (12)
Enfin, dans le pire des cas, l’associé peut voler l’entrepreneur, comme c’est
arrivé à un homme d’affaires de Nižnij Novgorod. Il faisait confiance à son
associé, qui s’occupait de la comptabilité jusqu’au jour où ce dernier a falsifié
sa signature et a disparu avec une grande partie des finances de l’entreprise.
Le stress vécu par l’entrepreneur en question, qui est resté seul face aux obli-
gations vis-à-vis des clients et du personnel, lui a valu une crise cardiaque.
On peut comprendre pourquoi dès lors il a juré de ne plus s’associer avec qui
que ce soit, son but étant de garder une maîtrise totale de son affaire. (23)
CONCLUSION
Au cours des années passées l’attention des universitaires comme des analys-
tes d’État était principalement fixée sur les problèmes d’immatriculation, de
certification, de taxation et parfois du manque des crédits aux petites entre-
prises. Les commissions d’État étaient préoccupées par le souci de perfection-
nement de la législation dans ces domaines. Elles ont réussi à améliorer
certains aspects, comme par exemple la taxation. D’autres se sont améliorés
par l’émergence de nouvelles pratiques sur le marché russe. Ainsi, même si le
système du « guichet unique » n’a jamais vu le jour, aujourd’hui un grand nom-
bre de sociétés spécialisées se chargent pour un prix raisonnable d’immatricu-
ler les entreprises naissantes, ce qui facilite la vie des entrepreneurs débutants.
Or, force est de constater que le gros des reproches est toujours adressé à
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INTERVIEWS
Interview avec Elena L., propriétaire-directrice du magasin de cadeaux « Salon », réalisée
en juillet 2005 à Nižnij Novgorod.
Interview avec Irina B., co-directrice de la chaîne de magasins d’alimentation « Russkij
čaj », réalisée en juin 2005 à Šuâ.
Interview avec rij F., co-directeur de l’entreprise « Palehskij ikonostas », réalisée en juin
2004 à Paleh.
Interview avec Anatolij P., directeur de l’entreprise d’alimentation « Kušat’ podano », réa-
lisée en juin 2004 à Šuâ.
Interview avec rij T, co-directeur de l’entreprise de transport urbain, réalisée en juillet
2004 à Šuâ.
Interview avec Olga M., ancienne co-directrice de l’entreprise de production de meubles,
réalisée en août 2004 à Nižnij Novgorod.
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