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EDITED BY
UITGEVERIJ PEETERS
LEUVEN – PARIS – WALPOLE, MA
2012
TABLE OF CONTENTS
PREFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII
ABBREVIATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII
INDICES
Puis [Jésus] leur dit: ‘Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi
dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes’. Alors, il leur ouvrit
l’intelligence pour comprendre les Écritures, et il leur dit: ‘C’est comme il
a été écrit: le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour’.
«douleurs», Öd⁄nev), ce que ne permet pas le texte hébreu qui parle des liens (lb ∆c
∆) du
Shéol.
3. Sur l’utilisation du Ps 16 dans le contexte des Actes, voir en particulier A. SCHMITT,
Ps 16,8-11 als Zeugnis der Auferstehung in der Apg, in BZ 17 (1973) 229-248; W.C. KAISER,
The Promise to David in Psalm 16 and Its Application in Acts 2:25-33 and 13:32-37, in
JETS 23 (1980) 219-229, et K.D. LITWAK, Echoes of Scripture in Luke-Acts: Telling the
History of God’s People Intertextually (JSNT.SS, 282), London, 2005, pp. 175-179.
4. Voir en ce sens par exemple H.-J. KRAUS, Psalmen I. Teilband (BK AT, 15/1),
Neukirchen, 21961, p. 119.
5. Dans la LXX, l’hébreu ct Î∆bï
l («dans la confiance») est rendu par êpˆ êlpídi («dans
l’espérance»).
6 A. WÉNIN
9. À ce sujet, voir par exemple M.L. SOARDS, The Speeches in Acts: Their Content,
Context and Concerns, Louisville, KY, 1994, pp. 86-87.
10. Il rejoint aussi l’allusion à la résurrection comme nouvel enfantement présente dans
la citation en Ac 2,24 du Ps 17,6LXX: Dieu a délivré Jésus des «douleurs de l’Hadès»
(Öd⁄nev †çdou). Voir supra n. 2.
11. C’est l’unique citation de cette partie du Ps 2 dans le Nouveau Testament. Voir par
exemple MARGUERAT, Les Actes (n. 2), p. 154, qui parle d’appropriation de la citation de
David.
8 A. WÉNIN
meurtrier. 15 Le Prince de la vie, vous l’avez fait mourir, lui que Dieu a
ressuscité des morts.
15. Selon D.L. BOCK, Proclamation from Prophecy and Pattern (JSNT.SS, 12),
Sheffield, 1987, pp. 188-190, c’est la présence simultanée des termes pa⁄v et dozáhw qui
rend reconnaissable l’allusion à Is 52,13.
16. Voir Lc 22,37 où Jésus s’applique à lui-même la citation d’Is 53,12 («il a été
compté avec les criminels») et Ac 8,32-35 où la catéchèse de Philippe sur «la bonne
nouvelle de Jésus» part du texte d’Is 53,7-8 que l’eunuque est en train de lire. Voir encore
Mt 8,17 citant Is 53,4 à propos des guérisons de Jésus, l’allusion de Mc 10,45 sur la «vie
donnée en rançon pour la multitude» (écho à Is 53,11-12) et Jn 12,38 brillamment analysé
par P. BEAUCHAMP, Lecture et relectures du Quatrième Chant du Serviteur: D’Isaïe à
Jean, in J. VERMEYLEN (ed.), The Book of Isaiah (BETL, 81), Leuven, 1989, 325-355,
surtout pp. 346-353. Voir enfin 1 P 2,22-25 qui paraphrase Is 53,4-9.12 à propos de la
passion de Jésus (1 P 2,21.24).
17. Littéralement, selon l’hébreu, «et avec le riche dans ses morts», que Qumran cor-
rige en «et avec les riches son tombeau» (voir les traductions modernes). Ma proposition
de traduction s’appuie sur un autre découpage et une autre vocalisation des mots hébreux
ENRACINEMENT VÉTÉROTESTAMENTAIRE DE LA RÉSURRECTION 11
pp. 47-54, suivi, par exemple par S.E. FOWL, Philippians (The Two Horizons NT Com-
mentary), Grand Rapids, MI – Cambridge, UK, 2005, p. 117.
21. Dans la LXX, le terme traduisant l’hébreu dby dans les quatre «chants du Serviteur
d’Adonaï» est soit pa⁄v (Is 42,1 et 52,13), soit doÕlov (Is 49,3.5).
22. Voir par ex. J. JEREMIAS, Zu Phil. 2,7: EAUTON EKENWSEN, in NT 6 (1963)
182-188; et R.P. MARTIN, Carmen Christi: Philippians 2,5-11 in Recent Interpretation
and in the Setting of Early Christian Worship, Grand Rapids, MI, 21983, pp. 211-213, ou
G.F. HAWTHORNE, Philippians (WBC, 43), Waco, TX, 1983, pp. 86-87. Voir cependant
J.-F. COLLANGE, L’épître de Saint Paul aux Philippiens (CNT, 10a), Neuchâtel, 1973,
p. 91; et P.T. O’BRIEN, The Epistle to the Philippians, Grand Rapids, MI, 1991, p. 228.
23. La LXX traduit ainsi la fin du verset qui, en hébreu, dit: «le coup est pour lui».
ENRACINEMENT VÉTÉROTESTAMENTAIRE DE LA RÉSURRECTION 13
celui qui s’est fait serviteur, elle proclame en effet son élévation (Ph 2,9-
11).
C’est pourquoi (dió) Dieu l’a sur-élevé
et l’a gratifié du nom qui est au-dessus de tout nom
afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse
des [êtres] célestes et terrestres et souterrains
et que toute langue confesse que
le Seigneur, c’est Jésus Christ à la gloire du Dieu père.
24. Le verbe üperuców n’est employé qu’une seule fois dans la LXX, au Ps 97,9LXX,
où il s’agit de Dieu «sur-élevé au-dessus de tous les dieux». Ce rapprochement est lui
aussi significatif pour le sens de Ph 2,9-11.
25. Ainsi le texte hébreu, jiB ÆrÌb
ï vl-qL
∆cÎ∏
a fk
¢l
ï. Le grec est moins clair puisque Dieu
n’y est pas sujet de l’action: dià toÕto aûtòv kljronomßsei polloúv.
14 A. WÉNIN
Dans ce texte, Paul joue sans cesse sur l’opposition mort-vie. Selon
lui, le baptême est, pour le croyant, une plongée dans la mort semblable
à celle de Jésus mort en croix et mis au tombeau. Aussi le baptême
débouche-t-il dans la résurrection à une vie nouvelle sur laquelle la mort
n’a plus d’emprise. Car pour pouvoir vivre pour Dieu, il faut mourir à
l’esclavage du péché qui infecte le vieil homme. Tel un crucifié, celui-ci
doit donc être réduit à l’impuissance et disparaître, enseveli dans la mort,
pour que puisse vivre le neuf dont parle Col 3,1026 dans un contexte
semblable à celui de Rm 6, puisqu’il y est également question de baptême
(Col 2,12-13).
Ensevelis avec lui [Christ] dans le baptême, en lui aussi vous avez été res-
suscités par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts. Et vous
qui étiez morts à cause de vos fautes et de l’incirconcision de votre chair,
Dieu vous a donné la vie avec lui …
26. Voir aussi Ep 4,24 où le croyant revêt l’homme nouveau (kainòv ãn‡rwpov) à
l’image du Christ (Ep 2,15).
ENRACINEMENT VÉTÉROTESTAMENTAIRE DE LA RÉSURRECTION 15
Dans les deux versets qui suivent, Paul prolonge son midrash en qua-
lifiant de «spirituelles» la nourriture et la boisson du peuple au désert et
en précisant que le rocher qui suivait Israël pour l’abreuver à chacune de
ses étapes27 n’était autre que le Christ lui-même. C’est donc bien d’une
relecture du passage de la mer comme signe du baptême chrétien qu’il
est question en 1 Co 10,1-2. Au baptême, a lieu quelque chose d’ana-
logue à ce qui est raconté au chapitre 14 de l’Exode: une traversée de la
mer – ce lieu de mort par engloutissement – à l’ombre du Dieu présent
au peuple dans la nuée (Ex 13,21-22; 14,19.24). Quant à la clé christo-
logique appliquée au rocher abreuvant le peuple, elle reflue pour ainsi
dire sur ce qui est évoqué du baptême, cette traversée des eaux de la
mort avec le Christ à l’image d’Israël passant la mer à la suite de Moïse.
L’itinéraire du peuple avec Moïse en Ex 14, ce moment décisif de la
libération d’Égypte, pourrait donc être significatif de ce qu’est la nais-
sance du chrétien à une vie nouvelle avec le Christ. Un regard rapide sur
ce récit s’avère donc utile.
Quand ils apparaissent en position d’acteurs dans le récit d’Ex 14, aux
versets 8-9, les fils d’Israël se trouvent d’emblée dans une position déses-
pérée. Alors qu’ils sortaient du pays de leur esclavage «la main haute»,
c’est-à-dire libres28, voilà que Pharaon leur donne la chasse avec son
armée de chars, prêt à leur tomber dessus alors qu’ils campent au bord
de la mer, comme Adonaï leur en a donné l’ordre (Ex 14,2). Se voyant
pris en étau entre l’armée lancée à leur poursuite et la mer qui leur barre
toute possibilité de fuir, ils cèdent à une panique plus que compréhensible
27. Sur ce point, Paul s’inscrit dans une tradition rabbinique bien connue: voir par
exemple G. BIENAIMÉ, Moïse et le don de l’eau dans la tradition juive ancienne: Targum
et midrash (AnBib, 98), Rome, 1984, pp. 276-277.
28. Tel est probablement le sens de l’expression «la main haute» du verset 8: voir
J.-L. SKA, Le passage de la mer: Étude de la construction, du style et de la symbolique
d’Ex 14,1-31 (AnBib, 109), Rome, 1986, pp. 62-63 (n. 65). Selon C. HOUTMAN, Exodus.
Vol 2: 7:14–19:25, Kampen, 1996, l’expression connote aussi un esprit triomphant;
U. CASSUTO, A Commentary on the Book of Exodus, Jerusalem, 1967, p. 163, y ajoute la
confiance.
16 A. WÉNIN
(Ex 14,10). C’est qu’ils sont «faits comme des rats», coincés entre la
puissance mortifère de l’armée égyptienne d’une part et cette étendue
d’eau qui, dans la Bible hébraïque, est par excellence un lieu de mort,
d’autre part29? Ils sont pris au piège de la mort sans savoir de quoi il
retourne puisqu’ils n’ont pas entendu ce qu’Adonaï a dit à Moïse en lui
communiquant ses instructions pour la marche à suivre et en l’informant
de son intention de se glorifier aux dépens de Pharaon et de l’Égypte
(Ex 14,1-4).
Après un cri de panique appelant Dieu à la rescousse («les fils d’Israël
crièrent vers Adonaï», Ex 14,10b), le peuple adresse une longue plainte
à Moïse (Ex 14,11-12).
Est-ce par manque de tombes en Égypte que tu nous as pris pour mourir
dans le désert? Que nous as-tu fait là en nous faisant sortir d’Égypte?
N’est-ce pas ceci le discours que nous te tenions en Égypte: ‘Laisse-nous,
que nous servions l’Égypte! Car mieux vaut pour nous servir l’Égypte que
nous mourir dans le désert?’.
29. Voir à ce sujet le chapitre 5 de Ch. REYNIER, La Bible et la mer (Lire la Bible,
133), Paris, 2003, pp. 63-76. Voir également H. RINGGREN, ji yam, in TDOT 6 (1990)
87-98, surtout pp. 92-95 et le «Summary», pp. 97-98.
30. Pour rappel, Ex 1 présente Pharaon non seulement comme un esclavagiste (voir
aussi Ex 5), mais comme un tyran génocidaire qui ordonne l’extermination des garçons à
leur naissance (1,16.22).
ENRACINEMENT VÉTÉROTESTAMENTAIRE DE LA RÉSURRECTION 17
Alors que les Israélites restent repliés sur leur passé et paralysés par la
peur à la perspective d’une mort certaine, Moïse tourne leur regard vers
le futur: futur immédiat de l’aujourd’hui de la libération (jvie) et futur à
long terme, celui du «plus jamais» (jlvy-dy dvy …al). S’il peut le faire,
c’est parce qu’il tient compte d’un personnage que le peuple a oublié:
Adonaï. C’est lui qui va combattre pour accomplir la délivrance que le
peuple n’espère plus, au point que ce qui constituait selon le peuple
l’unique chance de sauver sa vie, l’Égypte, sera balayé à jamais de son
horizon. «Vous qui ne voyez que l’Égypte aujourd’hui, voyez le salut
d’Adonaï, et vous ne verrez plus jamais l’Égypte», ce pays d’esclavage
et de mort. Pour Moïse, si la vie est quelque part, c’est du côté d’Adonaï,
et nulle part ailleurs. En prenant le contre-pied de la plainte du peuple,
Moïse l’invite à cesser d’avoir peur, à se redresser et à faire confiance en
celui qui va agir.
Cette confiance n’aura cependant rien de passif: elle accompagnera au
contraire l’action d’Adonaï. On s’en souvient: ce qui provoque la panique
d’Israël, c’est que, dos à la mer, il voit s’approcher l’armée égyptienne.
Aussi, est-il urgent d’empêcher le contact: avec l’ange de Dieu, la
colonne de nuée qui était à l’avant du peuple vient donc se poster à
l’arrière pour séparer les deux camps, illuminant Israël et plongeant
l’Égypte dans l’obscurité, au point que toute tentative d’approche est
rendue impossible (Ex 14,19-20)31. Ensuite, une fois les eaux fendues en
deux après que Moïse a tendu son bâton, les Israélites s’avancent sur la
parole de leur guide (Ex 14,15-16) «au milieu de la mer» (jie çvhb,
Ex 14,22). Pour J.-L. Ska, qui étudie de près cette expression rare, Israël
«s’engage littéralement dans le monde de la mort», «la mort définitive
et sans retour, à moins d’une intervention extraordinaire de Dieu qui a
31. La phrase hébraïque est difficile, mais le sens est sans doute celui-là: il est
déjà attesté dans les Targums, et repris par Rashi et Ibn Ezra. Voir le bref point de la
question chez B.S. CHILDS, Exodus: A Commentary (OTL), London, 1974, p. 218, et chez
W.H.C. PROPP, Exodus 1–18 (AB, 2), New York, 1999, pp. 469.480.498; en plus déve-
loppé, HOUTMAN, Exodus. Vol. 2 (n. 28), pp. 267-268, et sa position, p. 228.
18 A. WÉNIN
35. Je développe cette image dans L’Homme biblique: Lectures dans le premier
Testament, Paris, 22004, pp. 98-99.
36. Cet aspect du récit est bien développé par SKA, Le Passage de la mer (n. 28),
pp. 165-174.
37. Dans le texte ci-dessus (p. 14), les allusions repérables à Ex 14 sont en italique.
38. On pensera aussi à Lc 9,31 où Jésus transfiguré s’entretient avec Moïse et Élie de
20 A. WÉNIN
son ∂zodov qui va s’accomplir à Jérusalem. Quoi qu’en pense CHILDS, Exodus (n. 31),
p. 233, cet «exode» pourrait ne pas être simplement la mort, mais bien le «départ» de
Jésus qui s’effectue dans sa mort, sa résurrection et son ascension.
39. En ce sens la note de la TOB à propos de 1 Co 10,2. Voir aussi Ch. SENFT, La
première épître de Saint Paul aux Corinthiens (CNT, 7), Neuchâtel, 1979, p. 128.
40. Pour les paragraphes qui suivent, je reprends en substance une analyse publiée
ailleurs: A. WÉNIN, Naissance, mort, résurrection, in J.-C. ESLIN – C. CORNU (eds.), La
Bible: 2000 ans de lectures, Paris, 2003, 442-451, pp. 449-450.
41. Parmi ceux qui lisent l’épisode de Jn 6,16-21 comme exploitant un symbolisme
pascal, voir R.E. BROWN, The Gospel According to John (i-xii) (AB, 29A), New York,
1966, pp. 255-256, ou encore récemment D. MARGUERAT, Le point de vue dans le récit:
Matthieu, Jean et les autres, in A. DETTWILER – U. POPLUTZ (eds.), Studien zu Matthäus
und Johannes / Études sur Matthieu et Jean. FS. J. Zumstein, Zürich, 2009, 91-107, p. 95.
ENRACINEMENT VÉTÉROTESTAMENTAIRE DE LA RÉSURRECTION 21
Plusieurs traits importants de cette scène par ailleurs très sobre font
écho au récit du salut d’Israël à travers la mer. Le cadre cosmique est
analogue: on retrouve les ténèbres de la nuit, la mer menaçante, le grand
vent et la terre sèche43. De même, il s’agit de passer de l’autre côté de la
mer, dont les flots constituent un danger. Mais Jésus la traverse en mar-
chant44 alors qu’elle est soulevée par le vent: il montre ainsi sa maîtrise
sur les puissances du chaos, à l’instar du Dieu créateur qui maîtrise la
mer et dont il s’attribue le Nom révélé à Moïse, êgÉ eîmi, «Je suis» (voir
Ex 3,14). Ainsi, par-delà la mort maîtrisée, tel un nouveau Moïse, il se
fait proche des disciples apeurés les invitant à cesser de craindre (voir
Ex 14,13). Puis, assurant leur salut, il leur fait atteindre la terre, «là où
ils se rendaient», c’est-à-dire «de l’autre côté de la mer».
Dans ce bref récit, c’est bien Jésus qui traverse la mer et se montre
plus fort que la mort, et c’est en cela que cette scène est une prolepse
parabolique de la résurrection. Mais la victoire de Jésus sur la mer
concerne aussi les disciples: elle leur donne de faire l’expérience d’une
présence qui invite à la confiance lorsque la peur va l’emporter; et,
lorsqu’ils se fient à la parole dite au point de vouloir prendre Jésus avec
eux, la traversée s’accomplit pour eux aussi. Tant il est vrai que, à en
croire le nouveau Testament, la résurrection ne concerne pas seulement
Jésus relevé d’entre les morts, mais tout autant les disciples arrachés à
leur peur, tirés de leur aveuglement et de leur désespérance45.
On le voit: si le récit du Passage de la mer n’est que rapidement évo-
qué par Paul en 1 Co 10, il se pourrait qu’il constitue pour Paul une
matrice pour penser la résurrection, notamment dans les effets qu’elle
produit chez les croyants à travers le baptême. Ce texte pourrait aussi
proposer une sorte de «réserve d’images» permettant d’évoquer d’une
manière plus poétique la traversée de la mort non seulement par Jésus
mais aussi par ses disciples.
OUVERTURE
45. Cette idée m’est inspirée par une remarque de LÉON-DUFOUR, Évangile selon Jean
2 (n. 42), p. 120: «Chez Jn, la situation nocturne des disciples évoque … l’esseulement
de la communauté après la mort de Jésus».
ENRACINEMENT VÉTÉROTESTAMENTAIRE DE LA RÉSURRECTION 23
pas ainsi l’itinéraire de leur maître sortant du tombeau pour une vie nou-
velle et faisant connaître qui est le vrai Dieu – celui qui parle et agit? Si
cette lecture peut sembler aventureuse et fondée sur un rapprochement
hasardeux, elle n’en rejoint pas moins l’affirmation de Paul qui écrit aux
Romains (Rm 8,11): «Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre
les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les
morts fera aussi vivre vos corps mortels par son Esprit qui habite en
vous». Jean lui fait écho lorsqu’il met sur les lèvres de Jésus cette affir-
mation: «Ne vous en étonnez pas; car l’heure vient où tous ceux qui sont
dans les tombeaux entendront sa voix. Ceux qui auront fait le bien en
sortiront pour la résurrection et la vie …» (Jn 5,28).