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Entraînement à la dissertation

Application de la méthode

Parcours « Pensée et imagination »


Œuvre : La Fontaine, Fables, livres VII à XI
Le sujet
 La Fontaine s'interroge au début de sa fable "Le Pouvoir
des fables" (VIII,4) : "La qualité d'ambassadeur/Peut-elle
s'abaisser à des contes vulgaires ?".
 On peut prolonger cette interrogation en se demandant
dans quelle mesure les fables et "autres contes
vulgaires", pleins d'imagination, sont efficaces pour offrir
au lecteur une pensée sur l'homme.
 Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur
votre lecture des livres VII à XI des Fables de la Fontaine,
mais aussi sur les autres textes que vous avez étudiés
dans le cadre du parcours « Pensée et imagination», et
sur votre culture personnelle.
Comment aborder un sujet de dissertation ?

Méthode : Il s’agit d’abord de bien comprendre le sujet et donc de l’analyser :


On commence par repérer les mots-clés du sujet. On en cherche des synonymes,
des antonymes, des définitions. S’appuyer sur l’étymologie peut être fructueux.

 La Fontaine s'interroge au début de sa fable "Le Pouvoir des fables" (VIII,4) : "La
qualité d'ambassadeur/Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires ?".
 On peut prolonger cette interrogation en se demandant dans quelle mesure les
fables et "autres contes vulgaires", pleins d'imagination, sont efficaces pour offrir
au lecteur une pensée sur l'homme.
 Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur votre lecture des livres VII
à XI des Fables de la Fontaine, mais aussi sur les autres textes que vous avez
étudiés dans le cadre du parcours « Pensée et imagination", et sur votre culture
personnelle.
Intéressons-nous d’abord aux mots :
contes et fables
 Les contes et les fables sont des apologues :

des récits imaginés et inventés (donc fictifs) : ils s’appuient sur l’imagination

Ils contiennent une leçon : ils ont donc une vocation didactique. Par
conséquent, ils incitent à réfléchir et construire une pensée.

Ils ont deux intentions liées : plaire (par le récit/l’imagination) pour instruire
Il s’agit de « PLACERE et DOCERE », pour reprendre les principes du
Classicisme.
Que signifie l’expression « contes vulgaires » ?

 A priori, l’expression semble péjorative. Et les vers de La Fontaine nous conduisent


dans cette direction :
"La qualité d'ambassadeur/Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires ?".
Ces contes, ces fables, sont-ils dignes d’un ambassadeur, d’un homme important ? Ne
sont-ils pas seulement destinés aux enfants car chose peu sérieuse ? Ou au peuple ?
L’étymologie du mot « vulgaire » est à considérer :
Vulgus (latin) : peuple/ Vulgaire ; qui concerne le peuple
Vulgariser : mettre à portée du peuple.
En réalité, nous retrouvons ici une belle fonction des contes et fables : ils permettent de
vulgariser une pensée, de la mettre à disposition de tous. Il s’agit donc de répandre
des connaissances en les mettant à la portée du grand public. Cela nous rappelle le
verbe « populariser » : mettre à disposition du peuple.
Méfions-nous donc des vers de La Fontaine : il feint de considérer que ses fables ne sont
pas dignes d’un ambassadeur. En réalité, c’est une fausse modestie de sa part…
Intéressons-nous au mot « imagination »
 C’est la faculté que possède l'esprit de se représenter ou de former des images.
 Et la capacité de se représenter ce qui est immatériel ou abstrait.

 L’imagination permet donc de traduire :


Une pensée (Nous sommes dans l’ordre de l’abstrait)
en image (Nous sommes dans le concret).

 L’imagination permet de se représenter une idée. C’est un fonctionnement allégorique


(représentation concrète de l’abstrait) et symbolique (puisqu’un symbole est notamment
une image qui représente par association autre chose, par exemple une idée, une
pensée). L’imagination fonctionne par analogie.
Voilà par exemple une façon de
mettre en image, de se représenter
la justice.

« La Cour du lion »
Intéressons-nous au mot « pensée »
 Penser, c’est réfléchir, argumenter, douter, remettre en cause, raisonner, méditer, juger, combiner les
idées..
 « Pensée sur l’homme » : Il peut s’agir d’une réflexion politique, morale ou philosophique sur l’être humain.
 Étymologie. « Penser » vient du bas latin « pensare » (en latin classique : peser, juger) , fréquentatif du
verbe « pendere » : peser.
Cette idée de peser/soupeser/estimer/évaluer/apprécier est intéressante.
Associons-la au verbe « réfléchir » :
 Etymologie. Réfléchir : reflectere « courber en arrière, recourber; ramener », en lat. médiév.
« réverbérer (d'un miroir) » ca 1240 ds LATHAM, dér. de flectere « fléchir, ployer », préf. re- marquant le
mouvement en arrière.
Réfléchir, c’est bien faire un retour sur soi-même (introspectif et rétrospectif), c’est aussi porter un regard sur
soi-même grâce au miroir réfléchissant/comparatif que propose l’apologue.
 La pensée est donc une forme de retour sur soi, de remise en cause que l’apologue permet en
permettant des points de comparaison avec ses propres représentations, ses propres images.
Voici tous les mots auxquels nous avons pensé
pendant cette analyse des termes du sujet :
Méthode : continuons notre analyse du sujet, et cela en
observant les relations entre les mots :
nous constatons qu’il contient une tension, une
opposition. C’est souvent le cas.

 les fables et "autres contes  offrir au lecteur une pensée sur


vulgaires", pleins d'imagination l'homme.

Le sujet nous rappelle évidemment le parcours étudié « Pensée et imagination » et nous


incite à nous interroger sur cette apparente contradiction : L’imagination est-elle efficace
pour produire une pensée ? Nous sommes confrontés à un paradoxe car apparemment
ces deux termes/facultés ne sont pas compatibles. C’est pourquoi le sujet nous interroge
sur l’efficacité de cette démarche : faire naître de l’imagination une pensée. Et donc au
fond, le sujet nous interroge sur le fonctionnement des apologues : plaire pour instruire.
Une astuce pour faire dialoguer les mots et
donc les notions repérées et définies, c’est
de les associer à des mots de liaison.
 Imagination et pensée
 Imagination sans pensée
 Imagination pour pensée
 Imagination donc pensée
 Imagination mais pensée
 …

Ce petit jeu nous fait bien prendre conscience qu’il va falloir faire dialoguer
ces termes et nous interroger sur leur compatibilité (ou pas)…
Quelle est la forme/la construction du sujet qui
nous est proposé? Essayons de reformuler

 La Fontaine s'interroge au début de sa  On part d’une citation de La Fontaine,


fable "Le Pouvoir des fables" (VIII,4) : "La extraite de sa fable « Le Pouvoir des fables »
qualité d'ambassadeur/Peut-elle s'abaisser qui contient une tension : le fabuliste
à des contes vulgaires ?". adresse une fable à un ambassadeur
(quelqu’un d’important), OR la fable est un
genre mineur.

 On peut prolonger cette interrogation en se  Une interrogative est indirecte est posée.
demandant dans quelle mesure les fables Elle suggère un prolongement de la tension
et "autres contes vulgaires", pleins (du paradoxe, de la contradiction)
d'imagination, sont efficaces pour offrir au soulevée par la Fontaine/Les fables liées à
lecteur une pensée sur l'homme. l’imagination sont-elles efficaces pour
produire une pensée sur l’homme ?
 Les consignes qui suivent incitent à
 Vous répondrez à cette question en vous répondre à l’interrogation en cernant le
appuyant sur votre lecture des livres VII à XI corpus d’exemples utilisables (Les Fables de
des Fables de la Fontaine, mais aussi sur les La Fontaine, et les textes étudiés dans le
autres textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours. Donc des exemples
cadre du parcours « Pensée et issus du XVIIe siècle).
imagination", et sur votre culture
personnelle.
Méthode

 Pour avancer dans notre examen du sujet, posons-nous à présent


toutes les questions auxquelles nous pensons :

Cela nous permettra de cerner la problématique.

Cette phase importante au cours de laquelle on se pose une multitude


de questions nous permettra sans doute de trouver des sous-parties
lorsque nous en serons à la phase d'élaboration du plan.
Toutes ces questions ne nous seront pas utiles mais elles nous
permettent de faire naître des idées…
 En quoi la fable est-elle un genre mineur ?  Pourquoi pourtant peut-on considérer que
Indigne de certains ? Est-elle seulement l’imagination est un précieux auxiliaire au
destinée aux enfants ? Au peuple ? Au service de la pensée ?
« vulgaire » ?
 Quels sont les avantages de l’imagination ?
 Comment les auteurs de contes et fables
ont-ils réagi face à ces condamnations ?  En quoi l’imagination est-elle un moyen de
penser ?
 Quelles sont sont les limites de la fable, et
plus largement d’un apologue et donc  Comment La Fontaine incite-t-il son lecteur à
d’une argumentation indirecte ? penser ?

 En quoi les termes « pensée » et  Comment une fable permet-elle de penser ?


« imagination » ne sont-ils pas compatibles ?  Sur quels sujets fait-elle penser ?
 Quelles sont les limites de l’imagination ?  En quoi plaire permet d’instruire ?
 Que reproche-t-on à l’imagination ?  Comment la Fontaine cherche-t-il à séduire le
 Comment le mensonge, les faux semblants lecteur ? A lui plaire ?
et les apparences sont-ils traités dans les  Pourquoi veut-il lui plaire ?
fables ?
 En quoi pensée et imagination sont-elles
 Quels thèmes abordent les fables ? inséparables ?
 Pourquoi des animaux ?  En quoi La Fontaine assume-t-il cette légèreté
et ce goût du mensonge jusqu’à en faire une
technique d’écriture ? Un art poétique ? Une
volonté esthétique ?
Méthode : lions le sujet à nos connaissances

 Nous aurons besoin d’utiliser nos connaissances sur la définition, les caractéristiques
d’un apologue, puisque le sujet parle de fables et de contes.
 Nous aurons besoin de connaître les caractéristiques du Classicisme, puisque le
sujet nous demande de puiser nos exemples au XVIIe siècle.
 Et nous prenons conscience que l’imagination va être au cœur de notre réflexion.
Or il y a bien un débat au XVIIe siècle autour de cette faculté (d’où notre
parcours). Il faut connaître les éléments de ce débat.
Le débat au XVIIe siècle autour de la faculté de l’imagination

 Les philosophes comme Descartes ou Pascal condamnent cette faculté car elle est liée aux sens qui sont
trompeurs. Donc l’imagination est trompeuse, source de fausseté et de mensonge. Elle ne peut donc être le
vecteur d’une pensée vraie.
Selon Pascal, elle est source de « divertissement », ce qui signifie qu’elle éloigne de l’essentiel, à savoir Dieu.
(Par étymologie, « divertir », c’est détourner ».)
 C’est pour cela que la dissertation nous interroge sur la compatibilité pensée-imagination.
 L’association pensée-imagination est pourtant au cœur de la démarche de la Fontaine
Quelques citations pour nourrir notre réflexion sur ce débat
pensée/imagination

 « Imagination. - C'est cette partie dominante dans l'homme, cette


maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne
l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était
infaillible du mensonge. », Pascal, Pensées
 « Rien n’est beau que le vrai : le vrai seul est aimable. » Boileau
 Descartes s’appuie sur les illusions d’optique pour mettre en garde
contre les sens, capables de nous tromper. L’image est donc
trompeuse. « Je ne saurais pas même comprendre ce que c’est
que ce morceau de cire, et […] il n’y a que mon entendement seul
qui le comprenne. »
Quelques citations de La Fontaine sur cette opposition pensée/imagination

 « Quand l'eau courbe un bâton, ma raison le redresse,


La raison décide en maîtresse. », « Un Animal dans la lune », La Fontaine
 « C’est proprement un charme : il rend l’âme attentive. […]
Vous savez quel crédit ce mensonge a sur nous. », « A Madame de Montespan », La Fontaine
 « Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes. », « La Laitière et le pot au lait »
 « Si Peau d'âne m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême,
Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant. », « Le Pouvoir des fables », la Fontaine
 Et même qui mentirait
Comme Ésope et comme Homère,
Un vrai menteur ne serait.
Le doux charme de maint songe
Par leur bel art inventé,
Sous les habits du mensonge
Nous offre la vérité. », « Le dépositaire infidèle »
 « L’homme est de glace aux vérités ;
Il est de feu pour les mensonges. », ‘Le Statuaire et la statue de Jupiter »
 « Donnez mainte leçon que j’ai sans doute omise :
Sous ces inventions, il faut l’envelopper. », « Epilogue »
A partir de ces citations, quelle est la position de
La Fontaine dans ce débat ?

 Il est confronté à un paradoxe :


Nous aimons l’imagination, elle est plaisante et nous attire.
Donc il faut utiliser ce moyen de séduction pour nous attirer.
Pourtant elle est liée au mensonge et à la tromperie.

Le fabuliste est donc confronté à cette situation étonnante :


Utiliser le mensonge de l’imagination pour envelopper une pensée vraie.
Christian Biet, spécialiste du XVIIe siècle résume ainsi ce paradoxe qui gouverne la
démarche de La Fontaine, la pensée du XVIIe siècle et notre dissertation :

 « La fable est donc fiction, invention, mensonge, mais un


mensonge qui dit la vérité. Elle joue sur l’analogie, sur
l’exemple fabuleux, pour dire la vérité des choses et le sens
des conduites humaines. Elle se fonde sur des récits
mensongers et séduisants pour réformer l’individu et le guider
vers le bien, vers la vérité qu’il faudrait atteindre. L’homme,
comme l’enfant, étant incapable de se laisser charmer par la
vérité pure, par l’expression directe de cette vérité, il faudrait
ainsi passer par des récits, par le fabuleux, par l’imagination,
par le faux, pour en arriver à la vérité. »
Méthode : Vous l’avez constaté. Une dissertation, c’est une
argumentation.
Il nous a fallu réfléchir et raisonner avant de nous lancer. C’est une
étape indispensable.

Il nous reste trois étapes :

Construire le
Trouver des Elaborer la
plan /ordonner
exemples problématique
nos pensées
Les exemples
Que disent les consignes du sujet ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur :
 votre lecture des livres VII à XI des Fables de la Fontaine,
 mais aussi sur les autres textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours « Pensée et
imagination",
 et sur votre culture personnelle.
Le parcours est restreint au XVIIe siècle ; il est donc prudent de s’en tenir à cette borne chronologique
dans votre choix d’apologues.
Il vous faut associer des exemples d’apologues mais aussi des références théoriques issues du XVIIe
siècle (Descartes, Pascal…)sur cette question.
Mais rien ne vous empêche de citer des penseurs d’autres époques, comme C.Biet, qui ont mené une
réflexion sur La Fontaine et ses contemporains.
Vous allez utiliser les Fables de deux façons différentes :
 Lorsqu’elles proposent des réflexions sur l’art des fables, sur l’imagination et ses mensonges
plaisants mais vecteurs de vérités.
 Et comme purs exemples de récits illustrant telle ou telle vérité sur l’homme.
N’hésitez pas à faire quelques citations.
Choisissez des exemples variés parmi les Fables : des fables avec et sans morale
explicite, mettant en scène des hommes, des animaux, des végétaux, des êtres
merveilleux…, traitant telle ou telle question humaine.
Et utilisez d’autres auteurs du XVIIe siècle :
 Cyrano de Bergerac qui crée une sorte d’utopie : Les États et Empires de la lune
et du soleil
 La Bruyère qui invite ses contemporains à une réflexion morale sur eux-mêmes en
se voyant dans ses Caractères comme dans un miroir.
 Fénelon qui confronte son héros à des gouvernements fictifs pour traiter de
politique dans Les Aventures de Télémaque.
 Perrault qui défend la portée morale et didactique de ses Contes merveilleux.
 Fontenelle qui tout en racontant l’histoire de « La Dent d’or » demande au
lecteur de privilégier la recherche du vrai.
 …
Elaboration de la problématique

 On peut partir de la question posée dans le sujet.


 Certes, vous pouvez vous contenter de cette question.
 Mais il peut aussi être judicieux et conseillé de la reformuler, enrichie de vos
éléments de réflexion, ce qui montrera que vous vous êtes approprié le sujet.
 Une problématique implique un travail de reformulation qui peut être sous la
forme d'un paradoxe (or nous avons bien repéré un paradoxe). C'est une
question complexe qui demande d'être capable de conjuguer plusieurs
informations, parfois divergentes.
Problématique possible
 Rappel de la question posée dans le sujet qui nous occupe :
Dans quelle mesure les fables et "autres contes vulgaires", pleins
d'imagination, sont-ils efficaces pour offrir au lecteur une pensée sur
l'homme ?
 Proposition de problématique :
Comment/En quoi l’apologue, en tant que récit imaginaire, donne-t-il accès à
une réflexion sur l’homme ?

Vous le constatez, c’est un exercice de reformulation.


Méthode : élaboration du plan
 Un plan est un raisonnement, il permet de répondre progressivement à la
problématique posée, idéalement en trois temps/parties. Mais au niveau
du baccalauréat, on ne vous reprochera pas un plan en deux parties.

 Chaque partie correspond à une idée qui apporte un élément de réponse,


chaque sous-partie correspond à un argument.

 Les exemples permettent d’illustrer les arguments.

 Il existe différents types de plan : le plan dialectique, le plan par opposition,


le plan thématique, le plan analytique…
Quel plan choisir ?
 Rappel de la problématique : Comment/En quoi l’apologue, en tant que
récit imaginaire, donne-t-il accès à une réflexion sur l’homme ?

 Doit-on adopter un plan qui se contente de démontrer que les apologues


permettent d’accéder à la vérité ? (Et on se pose ces questions annexes :
Comment ? Pourquoi ? Quelles vérités ?). C’est possible, mais peut-être
dommage et réducteur car nous allons mettre de côté le fameux débat
raison/imagination et les limites de l’apologue. Cela reviendrait à adopter
quasiment un plan thématique, très descriptif.
 Par conséquent, il vaut mieux sans doute adopter un plan de type
dialectique qui aborde les « avantages » et « inconvénients » (ou limites) de
l’imagination comme source d’accès à une pensée sur l’homme. Cela
peut revenir à travailler sur le paradoxe relevé : L’imagination est source de
mensonge et pourtant elle permet d’accéder à une pensée vraie sur
l’homme (Pourquoi ?/ Comment ?). Il nous reste donc à ordonner nos idées
pour construire notre argumentation.
Proposition de plan :
le raisonnement global
Rappel de la problématique : Comment/En quoi l’apologue, en tant que récit imaginaire,
donne-t-il accès à une réflexion sur l’homme ?

III : L’imagination est


I : L’apologue est un genre II : Mais c’est aussi ce
alors le vecteur efficace
aux limites visibles car fondé qui le rend séducteur et
et l’enveloppe d’une
sur le faux et le mensonge. plaisant.
pensée sur l’homme.
Et les sous-parties ?
Appuyons-nous sur tout le matériau accumulé
dans la phase préparatoire et ordonnons-le…
Et les sous-parties ?
Plan détaillé
 PREMIERE PARTIE : L’apologue est un genre aux limites visibles
 1 : Un genre mineur/décrié/dévalorisé/condamné, réduit au niveau d’un simple « divertissement » qui éloigne des
vrais sujets, un genre sans véritable enjeu dans une société qui ne peut concevoir de chercher seulement à plaire.
Indigne d’un ambassadeur…, vulgaire… destiné aux enfants, au peuple. Ce n’est pas un genre noble.
Au 17° siècle, les conteurs, que ce soit Perrault, dans sa préface aux Contes de 1678, ou La Fontaine, ont eu besoin
de se justifier dans des discours et préfaces pour parer aux accusations et reproches de frivolité. On leur reprochait
d'écrire des bagatelles, de ne faire que divertir, donc étymologiquement de détourner de Dieu, faute grave au 17 °
siècle, grand siècle moral. Blaise Pascal développe cette idée dans sa pensée relative au divertissement. Si le 17 °
siècle voit l’épanouissement des formes brèves, certains genres comme l'apologue, le conte sont critiqués et ramenés
à de simples divertissements.
 2 : Un genre associé à une fantaisie, une futilité et une légèreté /un humour condamnables. Des sujets légers,
prosaïques et sans grands enjeux.
Des personnages fantaisistes et un cadre souvent pittoresque et dépaysant
La dimension comique des apologues, parfois parodique (« Les deux Coqs »).
Ce genre est volontiers humoristique ou ironique. Les fables de la Fontaine recourent fréquemment à l’humour, ainsi
dans l’Ours et l’Amateur des jardins, un ours voyant son ami jardinier endormi assailli par des mouches décide de
l’aider en se saisissant d’une grosse pierre, qui tue les mouches …et le dormeur, illustrant plaisamment la morale du
conteur : « Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ». La satire, qui dénonce les défauts des hommes et les abus
auxquels leur condition les conduit, contribue elle aussi à rendre l’apologue humoristique. Chez la Fontaine, c’est le
milieu hypocrite et injuste de la cour qui fournit bien souvent la cible de la satire, comme le montre la fable Les
Obsèques de la lionne, qui met en scène le succès que l’on rencontre en mentant devant les rois.
 3 : Un goût pour le mensonge et l’imaginaire assumé
Pascal qui associe imagination et tromperie : La Fontaine évoque souvent ce mensonge (voir citations) qu’il n’hésite
pourtant pas à utiliser.
Les animaux qui parlent, le merveilleux, le surnaturel, les Dieux de la mythologie accentuent l’aspect fictionnel,
l’invention.
 DEUXIEME PARTIE : Mais c’est un genre séducteur et plaisant
1 : Un genre lucide sur son lien avec le mensonge. Il ne cesse d’avertir, de prévenir sur les faux semblants et les
illusions. Les apparences, l’hypocrisie, le déguisement, les métamorphoses sont des thématiques qui parcourent son
texte.
Lucidité sur les apparences trompeuses, sujet souvent évoqué dans les fables. Il aide le lecteur à en prendre
conscience.
Un animal ds la lune/ le singe et le léopard/L’Ane vêtu de la peau d’un lion/Le chat et le cochet et le souriceau/Le
torrent et la rivière/Le geai pare des plumes du paon /Le Chameau et les bâtons flottants/Le Loup devenu berger
 2 Un genre qui flatte toutefois le goût pour les histoires, la fiction, l’imaginaire. Le mensonge charme.
-« Si Peau d’âne… » : Dans « Le Pouvoir des fables », la Fontaine insiste sur le goût universel pour les histoires.
-Il ne cesse d’affirmer combien le mensonge charme et fascine : « Le doux charme de maint songe », « L’homme
est de glace aux vérités / Il est de feu pour les mensonges », « Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes. »
-L’apologue est de plus un genre argumentatif concret, qui met en situation la morale et se préserve donc d’une
trop grande abstraction. Et cela car l’apologue fait naître des images chez le lecteur.
 3 : Une variété, une diversité, une légèreté élevées au rang d’art poétique/ d’idéal esthétique
C’est un idéal esthétique pour combattre l’ennui et éveiller l’intérêt du lecteur. Un art de vivre aussi sans doute.
Plaire est une volonté assumée et recherchée
Thèmes, versification, types d’écriture… : « Diversité est ma devise », La Fontaine
« Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles
À qui le bon Platon compare nos merveilles :
Je suis chose légère et vole à tout sujet,
Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet. », « Discours à Madame de La Sablière »
 TROISIEME PARTIE : Un genre vecteur et enveloppe d’une pensée sur l’homme

 1 : L'enseignement explicite directement adressé au lecteur, l’incite à réfléchir, à délibérer


Etymologie de penser, de réfléchir (UNE PENSEE)
L’art du rébus, du décryptage du symbole et de la lecture de l’allégorie : la lecture d’un apologue nécessite une lecture active. Le lecteur ayant appris
à se méfier des apparences est conduit naturellement à une lecture active.
- L’enseignement explicite nous parvient grâce à une démonstration marquante, et la morale a pour caractéristique le plus souvent d’être une
explication, souvent mise en évidence par la typographie de la fable, au début ou à la fin. La Fontaine n’hésite pas à interpeller ses lecteurs en leur
adressant des injonctions : Exemple : « La cour du Lion » = « Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire// Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère »
-Dialogue avec le lecteur qui peut aussi déranger celui qui ne se sentirait pas concerné, incitation à s’interroger, à raisonner à la demande du fabuliste.
LF peut aller jusqu’à accompagner son lecteur sur la voie du raisonnement. Dans « Le rat et l’Huître », il affirme : « cette Fable contient plus d’un
enseignement. / Nous y voyons…» et d’utiliser les connecteurs « Premièrement » et « et puis » pour déchiffrer le texte et énoncer successivement les deux
leçons de la fable. Dans « Les deux Amis », il appelle le lecteur à délibérer : « Que t’en semble lecteur ? »
La structure de certaines fables comme « Le Pouvoir des fables » montre l'importance accordée au lecteur par l'effet de mise en abyme ; le lecteur est
représenté par le public athénien et mis face à ses responsabilités dans le contexte de guerre imminente établi par LF.
 2 : Un genre plus sérieux qu’il n’y parait : Des sujets graves, profonds concernant les grandes préoccupations des hommes. Les fables sont bien
l’occasion de penser l’homme. (SUR L’HOMME)
Les Fables contiennent des enseignements psychologiques et moralistes, des fables philosophiques à la sagesse épicurienne (Ne nous comportons pas
comme le loup et le chasseur…), des fables métaphysiques, scientifiques. Des références à l'actualité des guerres, le bellicisme de Louis XIV, la bassesse
des courtisans, les dysfonctionnements de la justice. Un enseignement critique, moral, éthique aussi humain. La mort, l’amour, le temps qui passe… La
Fontaine prend parti ds le débat entre Descartes et Gassendi sur l’animal-machine.
 3 : Imagination et pensée sont indissociables, l’une est l’enveloppe de l’autre, le « pré-texte » de l’autre. C’est un paradoxe assumé, lié à la nature
humaine. (La PENSEE EST INDISSOCIABLE DE L’IMAGINATION).
L’imagination permet par son invention et sa créativité de redécouvrir le monde, de poser un regard neuf sur lui. Notre intelligence est sollicitée car nous
sommes alors sensibilisés à des situations qui auraient pu nous laisser indifférents parce que trop proches de nos habitudes, trop familières. Le passage
par la fantaisie éloigne notre pensée de nous-mêmes et la rend provisoirement objective puisqu’il nous faut raisonner sur des faits qui nous concernent
sans nous impliquer. Ex : « Les Deux Pigeons » ; « L’Ane et le Chien » qui pour fantaisistes n’en sont pas moins instructives sur l’aveuglement et l’égoïsme de
l’homme qui court après des chimères et ne reconnait pas le bonheur simple qui est à sa porte pour peu qu’il soit modeste et humble, faisant preuve de
bon sens.
-Ainsi, l’apprentissage des valeurs auxquelles nous devrions nous hisser et le constat de nos travers sont moins désagréables grâce au recours à la fiction.
C'est ce qu'on retire aussi de la technique du regard étranger dans « De la Cour » de La Bruyère, qui permet de placer une distance entre le lecteur et
son propre reflet.
De ce fait la fable est un mensonge qui dit la vérité (analyse de C Biet)
Voilà…

Il ne reste plus qu’à compléter


le plan détaillé
avec quelques exemples et à
rédiger…

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