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Application de la méthode
La Fontaine s'interroge au début de sa fable "Le Pouvoir des fables" (VIII,4) : "La
qualité d'ambassadeur/Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires ?".
On peut prolonger cette interrogation en se demandant dans quelle mesure les
fables et "autres contes vulgaires", pleins d'imagination, sont efficaces pour offrir
au lecteur une pensée sur l'homme.
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur votre lecture des livres VII
à XI des Fables de la Fontaine, mais aussi sur les autres textes que vous avez
étudiés dans le cadre du parcours « Pensée et imagination", et sur votre culture
personnelle.
Intéressons-nous d’abord aux mots :
contes et fables
Les contes et les fables sont des apologues :
des récits imaginés et inventés (donc fictifs) : ils s’appuient sur l’imagination
Ils contiennent une leçon : ils ont donc une vocation didactique. Par
conséquent, ils incitent à réfléchir et construire une pensée.
Ils ont deux intentions liées : plaire (par le récit/l’imagination) pour instruire
Il s’agit de « PLACERE et DOCERE », pour reprendre les principes du
Classicisme.
Que signifie l’expression « contes vulgaires » ?
« La Cour du lion »
Intéressons-nous au mot « pensée »
Penser, c’est réfléchir, argumenter, douter, remettre en cause, raisonner, méditer, juger, combiner les
idées..
« Pensée sur l’homme » : Il peut s’agir d’une réflexion politique, morale ou philosophique sur l’être humain.
Étymologie. « Penser » vient du bas latin « pensare » (en latin classique : peser, juger) , fréquentatif du
verbe « pendere » : peser.
Cette idée de peser/soupeser/estimer/évaluer/apprécier est intéressante.
Associons-la au verbe « réfléchir » :
Etymologie. Réfléchir : reflectere « courber en arrière, recourber; ramener », en lat. médiév.
« réverbérer (d'un miroir) » ca 1240 ds LATHAM, dér. de flectere « fléchir, ployer », préf. re- marquant le
mouvement en arrière.
Réfléchir, c’est bien faire un retour sur soi-même (introspectif et rétrospectif), c’est aussi porter un regard sur
soi-même grâce au miroir réfléchissant/comparatif que propose l’apologue.
La pensée est donc une forme de retour sur soi, de remise en cause que l’apologue permet en
permettant des points de comparaison avec ses propres représentations, ses propres images.
Voici tous les mots auxquels nous avons pensé
pendant cette analyse des termes du sujet :
Méthode : continuons notre analyse du sujet, et cela en
observant les relations entre les mots :
nous constatons qu’il contient une tension, une
opposition. C’est souvent le cas.
Ce petit jeu nous fait bien prendre conscience qu’il va falloir faire dialoguer
ces termes et nous interroger sur leur compatibilité (ou pas)…
Quelle est la forme/la construction du sujet qui
nous est proposé? Essayons de reformuler
On peut prolonger cette interrogation en se Une interrogative est indirecte est posée.
demandant dans quelle mesure les fables Elle suggère un prolongement de la tension
et "autres contes vulgaires", pleins (du paradoxe, de la contradiction)
d'imagination, sont efficaces pour offrir au soulevée par la Fontaine/Les fables liées à
lecteur une pensée sur l'homme. l’imagination sont-elles efficaces pour
produire une pensée sur l’homme ?
Les consignes qui suivent incitent à
Vous répondrez à cette question en vous répondre à l’interrogation en cernant le
appuyant sur votre lecture des livres VII à XI corpus d’exemples utilisables (Les Fables de
des Fables de la Fontaine, mais aussi sur les La Fontaine, et les textes étudiés dans le
autres textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours. Donc des exemples
cadre du parcours « Pensée et issus du XVIIe siècle).
imagination", et sur votre culture
personnelle.
Méthode
Nous aurons besoin d’utiliser nos connaissances sur la définition, les caractéristiques
d’un apologue, puisque le sujet parle de fables et de contes.
Nous aurons besoin de connaître les caractéristiques du Classicisme, puisque le
sujet nous demande de puiser nos exemples au XVIIe siècle.
Et nous prenons conscience que l’imagination va être au cœur de notre réflexion.
Or il y a bien un débat au XVIIe siècle autour de cette faculté (d’où notre
parcours). Il faut connaître les éléments de ce débat.
Le débat au XVIIe siècle autour de la faculté de l’imagination
Les philosophes comme Descartes ou Pascal condamnent cette faculté car elle est liée aux sens qui sont
trompeurs. Donc l’imagination est trompeuse, source de fausseté et de mensonge. Elle ne peut donc être le
vecteur d’une pensée vraie.
Selon Pascal, elle est source de « divertissement », ce qui signifie qu’elle éloigne de l’essentiel, à savoir Dieu.
(Par étymologie, « divertir », c’est détourner ».)
C’est pour cela que la dissertation nous interroge sur la compatibilité pensée-imagination.
L’association pensée-imagination est pourtant au cœur de la démarche de la Fontaine
Quelques citations pour nourrir notre réflexion sur ce débat
pensée/imagination
Construire le
Trouver des Elaborer la
plan /ordonner
exemples problématique
nos pensées
Les exemples
Que disent les consignes du sujet ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur :
votre lecture des livres VII à XI des Fables de la Fontaine,
mais aussi sur les autres textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours « Pensée et
imagination",
et sur votre culture personnelle.
Le parcours est restreint au XVIIe siècle ; il est donc prudent de s’en tenir à cette borne chronologique
dans votre choix d’apologues.
Il vous faut associer des exemples d’apologues mais aussi des références théoriques issues du XVIIe
siècle (Descartes, Pascal…)sur cette question.
Mais rien ne vous empêche de citer des penseurs d’autres époques, comme C.Biet, qui ont mené une
réflexion sur La Fontaine et ses contemporains.
Vous allez utiliser les Fables de deux façons différentes :
Lorsqu’elles proposent des réflexions sur l’art des fables, sur l’imagination et ses mensonges
plaisants mais vecteurs de vérités.
Et comme purs exemples de récits illustrant telle ou telle vérité sur l’homme.
N’hésitez pas à faire quelques citations.
Choisissez des exemples variés parmi les Fables : des fables avec et sans morale
explicite, mettant en scène des hommes, des animaux, des végétaux, des êtres
merveilleux…, traitant telle ou telle question humaine.
Et utilisez d’autres auteurs du XVIIe siècle :
Cyrano de Bergerac qui crée une sorte d’utopie : Les États et Empires de la lune
et du soleil
La Bruyère qui invite ses contemporains à une réflexion morale sur eux-mêmes en
se voyant dans ses Caractères comme dans un miroir.
Fénelon qui confronte son héros à des gouvernements fictifs pour traiter de
politique dans Les Aventures de Télémaque.
Perrault qui défend la portée morale et didactique de ses Contes merveilleux.
Fontenelle qui tout en racontant l’histoire de « La Dent d’or » demande au
lecteur de privilégier la recherche du vrai.
…
Elaboration de la problématique