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SOMMAIRE

SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................................................................ 2

CHAPITRE 1 ........................................................................................................................................................ 3

LA PROBLEMATIQUE DE LA DECENTRALISATION .............................................................................. 3


A/ CONTEXTE HISTORIQUE .................................................................................................................................. 3
B/ CONCEPTS ET DÉFINITIONS .............................................................................................................................. 9
1. la centralisation .......................................................................................................................................... 9
2. La décentralisation.................................................................................................................................... 10
3. La Déconcentration................................................................................................................................... 11
4. La Délégation............................................................................................................................................ 12
5. La Démocratisation................................................................................................................................... 13
CHAPITRE 2 ...................................................................................................................................................... 18

COMPRENDRE POUR AGIR ENSEMBLE................................................................................................... 18


1-INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 18
a) Pourquoi existe-t-il une décentralisation ?............................................................................................... 19
b) Pourquoi est-il important de la comprendre ?......................................................................................... 20
2- LE PAYSAGE INSTITUTIONNEL ....................................................................................................................... 21
a) les acteurs et leurs stratégies.................................................................................................................... 21
b) les relations entre les acteurs ................................................................................................................... 30
c) le système institutionnel, fonctionnement et dysfonctionnement ............................................................... 35
3. LE MODÈLE D’ANALYSE DE LA DÉCENTRALISATION RED IFO ...................................................................... 36
a) La régionalisation des demandes locales ................................................................................................. 36
b) La différenciation des politiques............................................................................................................... 37
c) L’information et son partage .................................................................................................................... 37
d) La formation ............................................................................................................................................. 38
e) L’organisation des acteurs........................................................................................................................ 39
CHAPITRE 3 : .................................................................................................................................................... 41

TEXTES DE BASE SUR LA DECENTRALISATION DU DEVELOPPEMENT RURAL........................ 41

ANNEXE : REPUBLIQUE DU SENEGAL ..................................................................................................... 43


A- DONNÉES GÉNÉRALES SUR LE PAYS .............................................................................................................. 43
B- PROCESSUS DE DÉCENTRALISATION EN COURS ............................................................................................. 52
C- LA DÉCENTRALISATION ET LE DÉVELOPPEMENT RURAL................................................................................ 53
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

SIGLES ET ABREVIATIONS

AGEP : Agence d’Exécution des Projets


ANCAR : Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural
ARD : Agence Régionale de Développement
ASPRODEB : Association Sénégalaise pour la Promotion des Petits projets de
Développement à la Base
CERP : Centre d’Expansion Rural Polyvalent
CCL : Code des Collectivités Locales
CL : Collectivités Locales
CR : Communauté Rurale / Conseil Rural
CRCOP : Comité Régional de Concertation des Organisations de Producteurs
CNCR : Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux
FIDA : Fonds International pour le Développement de l’Agriculture
FONGS : Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal
GIE : Groupement d’Intérêt Economique
GPF : Groupement de Promotion Féminine
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisation de Producteurs
PNB : Produit National Brut
PNIR : Programme National d’Infrastructures Rurales
PRDI : Plan Régional de Développement Intégré
SRAT : Shéma Régional d’Aménagement du Territoire
UNCAS : Union Nationale des Coopératives Agricoles

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre I : La problématique de la Décentralisation

CHAPITRE 1

LA PROBLEMATIQUE DE LA DECENTRALISATION

Objectif :

L’objectif du chapitre 1 de ce manuel 4 est de retracer les étapes de l’évolution de la


décentralisation au Sénégal de 1960 à 1996 et de définir les principaux concepts liés au
processus de décentralisation, pour une meilleure compréhension de la situation actuelle.

A/ Contexte historique

Héritier d’une longue tradition de décentralisation1, le Sénégal


Pour assurer la a toujours poursuivi cette politique après son accession à la
cohésion sociale et souveraineté internationale selon des schémas variés tenant
l’unité nationale le compte de la géopolitique nationale du moment et aux
Sénégal avait opté pour aspirations profondes des populations à beaucoup plus de
une concentration des participation à la gestion de leur localité.
pouvoirs
Certes, à l’instar des pays nouvellement indépendants soucieux
d’édifier un Etat fort capable d’assurer la cohésion sociale et
l’unité nationale, le Sénégal a opté pour une concentration des
pouvoirs qui s’est d’ailleurs accentuées au sortir de la crise de
1962 entre le Président de la République et le Président du
Du statut de commune Conseil2 d’alors.
de plein exercice à la
régionalisation Cependant à cette concentration du pouvoir exécutif s’est
toujours ajoutée une dose de déconcentration ayant comme
support une décentralisation qui a vu récemment un de ses
aspects importants consacré, en l’occurrence la régionalisation
dont l’avènement est le fruit d’une longue évolution :

- en 1960, le statut de la commune de plein exercice qui


régissait les quatre communes de Saint-Louis, Gorée, Rufisque
et Dakar est étendu aux vingt neuf communes mixtes qui
existaient ;
- en 1966, fut promulguée la loi n°66-64 du 30 Juin 1966
portant code de l’administration communale et réunissant en

1
Déjà sous la période coloniale, le décret du 10 Août 1872 signé par le
Président de la République Française, Monsieur Alphonse THIERS créait
les communes de Saint-Louis et Gorée.
2
L’exécutif bicéphal mis en place au moment de l’indépendance a connu
des blocages qui ont entraîné le vote d’une motion de censure contre le
Gouvernement du Président du Conseil de l’époque Mr Mamadou DIA en
1962. En 1963, une révision constitutionnelle initiée par le Président
Senghor lui a permis de renforcer ses pouvoirs au détriment du législatif :
ce qui consacre l’avènement d’un régime présidentiel.

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre I : La problématique de la Décentralisation

En 1994 la constitution un texte unique de référence, les différents textes qui


du Sénégal a été révisée régissaient les institutions municipales à savoir : communes de
pour y insérer le titre VI plein exercice, communes de moyen exercice, communes
relatif aux collectivités mixtes de premier, deuxième et troisième degré ;
et ériger le principe de - en 1972 : . la loi 72-25 du 19 Avril 1972 crée les
la libre administration communautés rurales et confie leur gestion aux sous-préfets ;
des collectivités en . la loi du 25 Avril 1972 fixe le régime municipal de la
principe constitutionnel commune de Dakar ;
. la loi 72-63 du 26 Juillet 1972 fixe le régime municipal des
communes chefs-lieux de région autres que la commune de
Dakar dénommées communes à statut spécial et confie leur
gestion d’abord aux Gouverneurs de région, puis à des
Administrateurs municipaux.
- en 1990 : . la loi 90-35 du 8 Octobre 1990 modifie le code de
l’Administration communale et verse les communes à statut
spécial dans le droit commun ;
. la loi 90-37 du 8 octobre 1990 dessaisit les sous-préfets du
pouvoir de gestion des communautés rurales, l’attribue aux
Présidents de Conseil Rural et supprime les fonctions
d’administrateurs municipaux dépositaires des pouvoirs de
gestion dans les communes à statut spécial au profit des
Maires.
- enfin à la suite de l’annonce faite par le Chef de l’Etat en
1992 d’une réforme institutionnelle de la région : la
constitution a été révisée en 1994 et le titre VI relatif aux
collectivités locales y a été inséré ; et le principe de la libre
administration des collectivités locales a été par la même
occasion érigé en principe constitutionnel (loi 94-55 du 13 Juin
1994 portant révision de la constitution). De même
l’Assemblée Nationale, au cours de sa séance plénière du 5
Février 1996 a adopté à l’unanimité de ses différentes
sensibilités politiques, un train de textes constituant le
dispositif juridique de la régionalisation. Il s’agit de :
. la loi 96-06 du 22 Mars 1996 portant code des collectivités
locales (CCL) avec la création d’un nouvel ordre de
collectivités locales intermédiaires entre l’Etat et les
collectivités de base que sont la commune et la communauté
rurale ;
. la loi 96-07 du 22 Mars 1996 portant transfert de
compétences aux régions, aux communes et aux communautés
rurales ;
. la loi 96-09 fixant l’organisation administrative et financière
de la commune d’arrondissement et ses rapports avec la ville ;
. la loi 96-10 du 22 Mars modifiant la loi 72-02 du 1er Février
1972 relative à l’organisation de l’Administration Territoriale ;
. la loi 96-11 du 22 Mars 1996 relative à la limitation du cumul
des mandats électifs et de certaines fonctions.

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre I : La problématique de la Décentralisation

CONTEXTE HISTORIQUE

1872 : Création des communes de Gorée et de Saint Louis


puis Dakar et Rufisque (communes de plein exercice)
1960 : Statut de commune de plein exercice étendu au 29 communes
qui existaient
1966
: Adoption du code de l’administration communale
1972 : Création de la communauté rurale comme collectivité locale

1990 : Pouvoir de gestion des CR transféré des Sous-préfets au


Président de conseil rural

1996 : Ensemble de texte instituant la régionalisation

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre I : La problématique de la Décentralisation

FORMES ACTUELLES DE LA DECENTRALISATION

- Décentralisation surveillée 1972 -1990 avec une gestion des CR confiée


aux sous-préfets

- Responsabilisation des collectivités locales: 1990: gestion confiée aux PCR

- Avancée significative de la décentralisation en 1996: régionalisation transfert de


compétences aux collectivités locales

Fonctions:

* Renforcement de la démocratie
* Promotion de la société civile
* Participation des populations au développement local

Décentralisation: Installation au niveau régional ou local d ’une


partie des services centraux de l ’Etat
Ex: services régionaux ou/et locaux déconcentrés

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre I : La problématique de la Décentralisation

RESSOURCES:

• Budgétaires: * Budget CR
-articles 251-252 CCL
- FDD, FECL
- Financement de projets/programmes

1. Affection de cadres de l ’Etat central aux


• Humaines: collectivités locales
2. Recherche de personnel technique d ’appui
3. Appuis ponctuels par les CERP, les projets
/programmes divers

Autonomie des entités décentralisées

Autonomie partielle: Contrôle de légalité

Ressources limitées, compétences insuffisantes

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre I : La problématique de la Décentralisation

B/ Concepts et définitions

Bien que le concept de décentralisation bénéficie d’une plus


large médiatisation aujourd’hui, et constitue même une des
La phase décisive de la conditions à remplir actuellement par tout pays (notamment
décentralisation est sous développés marqués par une longue histoire de pouvoir
entamée avec le centralisé) voulant accéder aux fonds des bailleurs et
démarrage de la institutions internationales (FMI, BM) force est de reconnaître
régionalisation que la centralisation orthodoxe n’a jamais eu à prévaloir
notamment au Sénégal où depuis la colonisation nous avons pu
noter des tentatives de décentralisation dont la phase décisive
est entamée avec la régionalisation.

En effet déconcentration et décentralisation, loin de se


substituer, ont toujours été considérées comme
complémentaires par les détenteurs du pouvoir politique au
Déconcentration et moment des indépendances (avec toutefois une prééminence
décentralisation ont de la concentration considérée comme mode d’administration
toujours été considérées capable de répondre aux impératifs d’alors : unité nationale,
comme cohésion sociale, Etat fort…).
complémentaires par les
détenteurs du pouvoir Pour les besoins du présent manuel, en vue bien mettre
politique l’accent sur les concepts et définitions de la décentralisation, il
nous paraît tout à fait souhaitable de faire état d’abord de la
notion même de centralisation.

1. la centralisation

Elle suppose l’existence d’un centre administratif uni, et


compte deux variantes : la concentration et la déconcentration.

La concentration, forme d’organisation adoptée au sortir des


années 1960, rejaillissait avec l’existence d’un exécutif central
bicéphal (jusqu’en 1962) et monocéphal (après la crise de
1962) détenteur de l’ensemble du pouvoir de décision : tout
part du centre pour revenir vers le centre. Par conséquent les
autorités locales n’avaient aucun pouvoir propre pour prendre
la moindre décision. Face aux nombreux inconvénients de ce
système (lourdeur et lenteur des activités administratives et
surtout l’éloignement de l’administration des administrés), les
autorités ont dû le combiner avec la déconcentration qui
consiste à répartir les pouvoirs de décision au sein d’un même
appareil administratif qu’est l’appareil d’Etat. Ainsi toutes les
deux formes de la déconcentration ont été adoptées : la
déconcentration territoriale consistant à conférer le pouvoir de
décision à une autorité compétente sur une portion du territoire
national appelée circonscription administrative représentée par

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

le département sous l’autorité du préfet, l’arrondissement


dirigé par un sous préfet et la région administrée par le
Gouverneur ; et la déconcentration technique ou par service
consistant à confier le pouvoir de décision à une autorité ou à
un organe spécialisé techniquement (départements ministériels,
directions de services, services techniques départementaux,
etc..).

2. La décentralisation

Instrument déterminant Présentée actuellement comme étant un élément déterminant


pour l’instauration de pour l’instauration de la démocratie, de la bonne gouvernance,
la démocratie, de la de la transparence et du développement économique, la
bonne gouvernance, de décentralisation est la fille la plus courtisée par les pays
la transparence et le voulant véhiculer une image de modernité (notamment ceux en
développement développement prétendant aux fonds internationaux). Pour le
économique, la cas du Sénégal, toutefois, il est plus judicieux de parler de
décentralisation est la consolidation de la décentralisation du fait de la longue
fille la plus courtisée expérience de décentralisation (avant même les indépendances)
par les pays voulant dont a bénéficié le Sénégal, a un rythme souvent dicté par les
véhiculer une image de contextes socio-politiques prévalent.
modernité
La décentralisation, en tant que forme d’organisation
administrative, nécessite la réunion de quatre conditions
cumulatives :

- existence d’une personnalité morale : la collectivité


décentralisée doit avoir la personnalité juridique ; c’est à dire
La décentralisation qu’elle sera considérée comme un véritable sujet de droit qui
nécessite la réunion de aura des biens, des agents, un budget, la capacité d’ester en
quatre conditions : justice et de passer des contrats ;
- existence d’une - reconnaissance d’intérêt propre : la collectivité doit avoir
personnalité morale, vocation à gérer ses propres affaires en fonction de ses intérêts
- reconnaissance propres : c’est pourquoi la notion d’affaires locales constitue
d’intérêt propre, un élément important du droit de la décentralisation ;
- existence d’organes - existence d’organes propres : la collectivité doit être
propres, administrée par des autorités qui lui sont propres et qui sont
- existence d’un désignées le plus souvent par voie d’élection par les
contrôle administratif populations elles-mêmes ;
de légalité à postériori. - existence d’un contrôle administratif de légalité à postériori :
ce contrôle exercé par le représentant local du pouvoir central
dans la collectivité, devant se faire dans le cadre d’une
autonomie mais non d’une indépendance, doit être lâche
(contrôle de légalité avec saisine obligatoire du juge
administratif pour annulation).

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Pour ce qui est du permettant de parler d’une décentralisation démocratique n’ont
Sénégal, ces conditions vu leur consécration
Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

Au Sénégal, les juridique se matérialiser véritablement que dans les années 90


conditions permettant avec le dessaisissement des sous-préfets du pouvoir de gestion
de parler de des CR, la suppression des fonctions d’administrateurs
décentralisation municipaux dépositaires des pouvoirs de gestion dans les
démocratique n’ont vu communes à statut spécial au profit des maires, l’élection au
leur consécration suffrage universel de tous les conseillers des collectivités
juridique se décentralisées. Un pas décisif sera franchi en 1996 avec la
matérialiser qu’en 1990 création de la région, le transfert de compétences et la
avec la loi 90-37 du 8 suppression du contrôle à priori exercé par le représentant de
Octobre. l’exécutif central au niveau local sur les actes des dirigeants
locaux, etc..

La décentralisation peut s’opérer suivant deux modalités : la


décentralisation territoriale consistant à individualiser une
collectivité humaine circonscrite sur une partie du territoire et
à la charge de gérer l’ensemble des affaires qui lui sont propres
(création de collectivités locales autonomes comme les
régions, les communes et les communautés rurales au
Sénégal) ; et la décentralisation technique ou par service
consistant à détacher d’une collectivité (Etat ou collectivité),
un service ou un ensemble de service spécialisé et à les confier
à des établissements publics (régis par le principe de spécialité
L’autorité déconcentrée qui signifie qu’ils ne peuvent agir en dehors de la tâche qui
est le relais du pouvoir leur est expressément confiée).
central au niveau local
3. La Déconcentration

C’est une technique d’organisation administrative permettant


d’alléger les rigueurs d’une centralisation. Par ce procédé, on
recherche une plus grande efficacité de l’action administrative
par le rapprochement de l’administration des administrés.

L’autorité déconcentrée est le relais du pouvoir central au


niveau local. Ses attributions peuvent ainsi varier en fonction
des compétences qui lui sont reconnues : elle peut soit se
limiter à la vulgarisation et à l’application des décisions
centrales dans sa sphère de compétence et transmettre les
besoins et suggestions de la base aux autorités centrales, soit
être détenteur de compétences propres dans des domaines et
des conditions déterminés.

Donc la déconcentration peut être technique (reconnaissance à


une autorité déconcentrée de pouvoirs dans des domaines
fixés) ou territoriale (reconnaissance de pouvoirs dans un

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
espace géographique déconcentration et décentralisation, même si elles présentent
déterminé). Ainsi des différences du point de vue de leur technique
présentées
Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

juridique3 et de leur signification4, entretiennent toutefois


certains liens: correspondance entre le territoire d’une
collectivité déconcentrée et celui d’une collectivité
décentralisée (depuis 1996 avec la région) qui peut causer de
délicat problème de délimitation des domaines respectifs de
compétence entre autorités intéressées, et le problème du
dédoublement fonctionnel qui signifie qu’une même autorité
puisse exercer deux compétences à deux titres différents :
attributions soit en tant que représentant de l’Etat (exécution
des lois et règlements) soit en tant qu’agent de la commune
(signature des contrats).

4. La Délégation

Elle intéresse surtout la répartition des compétences à


l’intérieur d’une structure. En effet, au lieu de concentrer
l’essentiel des pouvoirs au niveau de l’autorité supérieure, il
est souvent souhaitable pour cette autorité, afin de bien mener
La délégation est sa mission, de déléguer une partie de ses compétences à ses
surtout la répartition collaborateurs. Toutefois, la délégation ne doit pas avoir pour
des compétences à conséquence de permettre au supérieur hiérarchique de se
l’intérieur d’une décharger de toutes ses compétences sur ses subordonnés.
structure. Elle peut être Ainsi elle est organisée par les textes et produit des effets
de signature ou de juridiques variables selon qu’il s’agit d’une délégation de
pouvoir signature ou de pouvoirs.

3
Dans la décentralisation, le pouvoir de décision est accordé à des
personnes juridiques autre que l’Etat ayant leurs organes et leurs biens
propres, gérant leurs propres affaires et agissant en leur nom : les actes pris
par les organes des collectivités décentralisées engagent celles-ci et non
l’Etat.
En revanche l’autorité déconcentrée n’est qu’un organe de l’Etat désigné
par le pouvoir central : les actes pris sont des actes de l’Etat (ce qui fait que
les dommages causés par cette autorité sont séparés par l’Etat).
4
La déconcentration est considérée comme une réforme technique interne à
une personne publique (l’Etat) : il s’agit d’un simple aménagement du
pouvoir central.
La décentralisation est considérée comme un choix politique fondamental
car elle permet d’instaurer une certaine démocratie par la participation des
populations à la gestion de leurs propres affaires ; d’où une signification
technique et une signification politique du concept. Dans certains pays
comme le Sénégal, elle est même conçue comme un moyen de
développement économique.

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Dans tous les cas, la compétence à l’autorité supérieure.
délégation n’est possible
que si elle est prévue par S’agissant de ses effets il y a lieu de retenir :
le texte attribuant

Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

- pour la délégation de signature :


* l’autorité supérieure n’est pas dessaisie de son pouvoir
d’intervention dans les affaires déléguées
* l’acte signé par le subordonné est réputé être pris par le
supérieur hiérarchique
* la délégation de signature cesse avec le changement des
autorités concernées parce qu’étant faite intuiti personae

- pour la délégation de compétence :


* l’autorité supérieure ne peut plus intervenir dans les
matières déléguées tant que dure la délégation de
compétence
* l’acte pris par le délégataire n’engage que lui même
* la délégation de pouvoir ne s’arrête pas avec le
changement des autorités concernées parce qu’étant
impersonnelle, mais plutôt par abrogation expresse du texte
l’autorisant.

5. La Démocratisation
La démocratie qui doit
se traduire par la Le mot « Démocratie » dérivé du grec dêmokratia, de dêmos
souveraineté du peuple (« peuple ») et kratos (« puissance, pouvoir ») est diversement
coïncide avec l’état de appréhendé selon les régimes politiques : démocraties
droit où les rapports populaires libérales. Toutefois, le consensus semble être trouvé
d’égalités entre sur le fait que la démocratie qui doit se traduire par la
l’administration et les souveraineté du peuple coïncide avec l’état de droit où les
particuliers sont assurés rapports d’égalités entre l’administration et les particuliers sont
assurés.

Et à l’instar même du concept de démocratie, la


démocratisation, désignant le processus d’installation de la
démocratie dans une entité, fait également l’objet d’approches
variables. Ainsi à l’approche mettant l’accent sur le mode de
désignation des représentants du peuple s’ajoute celle
privilégiant la participation populaire à la prise des décisions
se révélant par une autonomie dans la gestion des affaires
propres. Le Sénégal fait largement part à cette seconde
approche à travers la décentralisation qui est en train de se

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
consolider avec le (chambre accueillant les représentants locaux).
désengagement de l’Etat
et la création de
structures décentralisées
auto administrées par les
populations locales ainsi
que l’institution du sénat
Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

CONCEPTS ET DEFINITION

Centralisation : Centre de décision unique, les décision


émanant du haut vers le bas

Déconcentration Confie le pouvoir de décision à une autorité


compétente techniquement ou territorialement

Transfert d ’une partie du pouvoir et des


Décentralisation ressources de l ’Etat central à des instances
: aux niveaux régional et local

- donner le pouvoir de
- concevoir et proposer
Transfert de - décider
compétences: - financer
- gérer la mise en œuvre
- suivre et évaluer
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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

Institutions représentatives élues au niveau


Collectivités locales:
régional et au niveau local

Transfert de pourvoir vers une institution ou une


Dévolution: association locale jouissant d ’une autonomie
(organisation de la société civile, organisations
mixtes, privées etc.)

Forme plus avancée de la décentralisation

Formes d ’organisations existantes en dehors du


Organisation de domaine public:2 formules:
la société civile: . Monde des entreprises privées (domaine
économique)
. Tiers secteur (monde associatif, coopérative,
ONG etc..)

Secteur économique non déclaré


Secteur informel: officiellement et donc qui échappe
au contrôle du fisc
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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

Accord d ’association nécessitant d ’une part


un engagement collectif autour d ’objectifs et
Partenariat: d ’un projet communs et d ’autre part une
complémentarité pour atteindre ces objectifs
ou réaliser ce projet commun

Partenariat Accord d ’association entre plusieurs acteurs


horizontal publics et/ou privés d ’un même territoire se
(ou territorial): traduisant par une entité juridique qui regroupe
ces partenaires

- Financière:
1) prélèvement sous forme d ’impôts régionaux ou
Transfert locaux ( en étude par l ’ACDI )
de ressources: 2) Transfert financier du budget de l ’Etat vers
les budgets des collectivités locales ou régionales
(FDD, FECL)
3) Subvention globale (transfert négocié entre le
gouvernement central et les collectivités locales)
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Ex:: PAC III PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Chapitre 1 : La problématique de la Décentralisation

Additionalité Financement de projet par divers types de


(cofinancement): partenaires (Bailleurs, Etat, Collectivités locales
ou régionales etc..)

Partenariat Rapports entre les instances des différents


vertical: niveaux (national, régional et local)

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

CHAPITRE 2

COMPRENDRE POUR AGIR ENSEMBLE

Objectif :

L’objectif de ce deuxième chapitre est d’aider à une bonne compréhension des enjeux de la
décentralisation au Sénégal à partir d’une analyse du paysage institutionnel et d’un modèle
d’analyse du processus de décentralisation (RED IFO).

réponse à des questions cruciales de l’heure

1-Introduction

L’histoire enseigne que le processus de formation des Etats est


à la fois ancien et diversifié.

Sous la poussée des préoccupations sécuritaires, le système


centralisé s’est naturellement mis en place un peu partout.

De plus, il s’est renforcé avec le développement des sociétés


industrielles et la modernisation de l’agriculture dans les pays
européens et nord américains à partir de la fin du 18è siècle.

Après les indépendances, les pays africains s’inscrivent dans


ce même sillage en mettant en relief la volonté d’assurer au
plus vite la cohésion nationale et le développement
économique et social.

Aussi, un peu partout dans le monde, on note l’émergence de


modèles conçus au niveau central et diffusés ensuite de
manière descendante et homogène à tous les niveaux.

Cependant, avec la crise économique et financière qui survient


La décentralisation après les années fastes d’après guerre (1945-1975), l’Etat tend
s’illustre comme la

18
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
de plus en plus à se central, à l’aveu de l’incapacité de faire face à une forte
désengager et met en demande sociale (chômage, pauvreté, exclusion sociale) et
place progressivement enfin la solution face à une revendication pressante de liberté
une politique de et de démocratie surtout avec la montée des organisations de la
décentralisation. société civile (ONG, organisations de producteurs, associations
ou agences de développement local).
Cette politique s’illustre
comme une réponse à Aussi l’évolution actuelle milite en faveur de la
l’échec des programmes décentralisation qui n’étant pas un modèle rigide doit s’adapter
conçus au niveau à son contexte d’évolution.
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

a) Pourquoi existe-t-il une décentralisation ?

A l'instar des autres pays du sud, le Sénégal a hérité d'un


système administratif et économique centralisé après son
accession à l'indépendance. Ainsi l'aide au développement était
souvent conçue comme un transfert des modèles existants dans
les pays riches. Pour l'agriculture les systèmes d'encadrement
La décentralisation et de vulgarisation agricoles centralisés et descendants ont été
apparaît à la fois transférés tels quels et destinés surtout aux cultures de rente.
comme une réponse au Même les projets de développement rural intégré ont toujours
désengagement de été conçus et mis en place de manière centralisée.
l’Etat, à l’échec des Mais dans les années 1970 plusieurs raisons militaient en
projets conçus au faveur de la décentralisation et de la déconcentration des
niveau central. Sans les services de l'Etat.
bénéficiaires finaux, à
la différentiation des La crise économique financière des années 1980 a obligé l'Etat
besoins et des demandes du Sénégal à se désengager de ses fonctions dans plusieurs
et à la montée des secteurs économiques. Pendant cette période l'Etat s'était
organisations de la engagé dans des investissements visant à relancer le
société civile développement économique. Ceci l'a conduit à s'endetter très
lourdement dans des proportions sans commune mesure avec
son PNB. Face aux difficultés de tenir ses engagements le
gouvernement s'est vu soumis à des pressions très fortes des
bailleurs de fonds qui, dans les négociations des reports de
dettes et des échéances de remboursement, définissaient eux-
mêmes les règles du jeu. C'est ainsi qu'ont été mis en place les
Plans d'Ajustement structurels qui, même s'ils ont permis un
premier assainissement des finances publiques et la création de

19
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
conditions d'une relance projets mis en place mettaient en lumière leurs limites.
économique, ont eu
souvent un effet négatif Il apparaît de plus en plus nettement aujourd'hui que les
sur le plan social et programmes et projets de développement ne peuvent être
humain. conçus et décidés uniquement au niveau central ou entre
pouvoir central et bailleurs de fonds. Au contraire, pour éviter
En plus de les échecs du passé, ce rôle de conception doit être dévolu aux
l'impossibilité du personnes directement intéressées (les bénéficiaires et les
pouvoir public à acteurs locaux: collectivités locales et groupements de
continuer à s'endetter les producteurs).
modèles d'appui au
développement qui La décentralisation apparaît à la fois comme une réponse au
avaient été mis en place désengagement de l'Etat afin d'assurer le relais par la société
se retrouvaient mis en civile, et comme une réponse à l'échec des projets qui ont été
cause. Les effets des
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

conçus au niveau central sans bénéficiaires finaux. D'autres


facteurs jouent également en faveur de la décentralisation,
Le processus de notamment la différentiation des besoins et des demandes
décentralisation vise : (problème d'environnement, chômage, pauvreté, exclusion
social etc..) et la montée des organisations de la société civile
- la participation de la (ONG, associations locales, associations professionnelles).
population et la
valorisation des b) Pourquoi est-il important de la comprendre ?
initiatives locales ;
- la réduction des La décentralisation voulant signifier une autonomie des
interventions et des collectivités décentralisées dans la gestion des affaires locales ;
charges de l’Etat ; il est tout à fait acceptable que le pouvoir central veille à ce
- et la création d’un que les responsables locaux exercent avec diligence cette
développement durable mission d’intérêt local qui n’est rien d’autre qu’une mission de
par la service public. Dans la perspective de ce contrôle il existe deux
responsabilisation des
organisations de la ordres institutionnels au niveau rural, concourant tous et à des
société civile degrés divers au développement régional ou local :

20
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
- valoriser les initiatives locales ;
- l’administration - réduire les interventions de l’Etat central aux fonctions
territoriale déconcentrée régaliennes ;
(gouverneurs, préfets, - diminuer les charges financières supportées par l’Etat ;
sous-préfets et chefs de - créer les conditions d’un développement durable en
village); responsabilisant les organisations de la société civile.
- l’administration
territoriale décentralisée Au Sénégal, les relations entre l’Etat et les populations ont
(conseil régional et son toujours été basées sur l’assistanat : le peuple recevait tout de
président ainsi que le l’Etat qui essayait de subvenir aux besoins du peuple.
conseil rural et son
président). Cette période de l’Etat providence est aujourd’hui révolue avec
la régionalisation instaurée en 1996, le Sénégal s’est lancé dans
Le processus de un processus dont les premiers résultats sont positifs malgré les
décentralisation au correctifs et améliorations qu’il importe d’apporter dans
Sénégal vise les certains domaines.
objectifs suivants :
Le Gouvernement cherche à donner au processus de
- faire participer la décentralisation un rythme, plus soutenu, en s’appuyant sur la
population à la gestion mobilisation du secteur privé et en incitant les organisations de
de leurs affaires ; producteurs à se structurer davantage pour mieux se
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

Elle est dirigée par un conseil rural ayant à sa tête un bureau


(1 président et 2 vice- présidents)

positionner dans ce nouveau cadre institutionnel de la


décentralisation. A travers le CNCR, la FONGS et l’ANCAR,
les organisations paysannes peuvent jouer un rôle déterminant
dans le développement régional et local.

2- Le paysage institutionnel

La communauté rurale a) les acteurs et leurs stratégies


est la collectivité locale
de base

21
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Depuis son réforme revêt une importance particulière dans la mesure où
indépendance, le elle procède à une répartition judicieuse de compétences entre
Sénégal s’est engagé à communautés rurales, communes et régions. C’est ainsi que
concrétiser dans les faits certaines compétences de l’Etat ont été transférées aux
la politique de collectivités locales. Cependant force est de constater que, si
décentralisation. La au niveau du cadre juridique l’essentiel est mis en place, il n’en
régionalisation entrée en est pas de même au niveau de l’application concrète qui se
vigueur en Mars 1996, heurte à des difficultés réelles.
est le fruit de ce
processus et constitue La communauté rurale :
une avancée
significative. Chaque communauté rurale est dirigée par un conseil rural
composé de conseillers élus dont un président et 2 vice-
En effet, jusque là présidents, qui sont responsables de la mise en œuvre des
considérée comme activités de développement rural. Le nombre de conseillers
simple circonscription varie d’une CR à l’autre en fonction de l’importance de la
administrative, la région population (entre 18 et 32).
voit son nouveau statut
lui conférer la Au niveau local, les autres acteurs sont les groupements de
personnalité morale de producteurs, les groupements de promotion féminine, les
droit public, ayant pour associations de jeunes, les ONG, le centre d’expansion rural
vocation de gérer ses polyvalent (CERP) et le sous-préfet.
propres affaires par ses
organes élus. Les quatre principaux acteurs locaux incontournables pour la
bonne marche de la décentralisation sont le conseil rural, le
Au delà de la création sous-préfet, le CERP et les groupements de producteurs qui se
d’une catégorie positionnent comme le quatrième maillon de la chaîne.
juridique nouvelle la
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

Le stade actuel de transfert de compétences ne satisfait pas


les collectivités de base

22
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
rural à passer convention avec les représentants de l’Etat aux
niveaux régional et local, pour l’affectation d’agents
spécialisés et nécessaires au bon fonctionnement du conseil
rural et de la communauté rurale.

Le conseil rural : Les neufs (9) compétences transférées sont les suivantes :

C’est l’organe 1. Domaines (terres) ;


d’exécution de la 2. Environnement et gestion des ressources naturelles ;
communauté rurale 3. Santé, population et action sociale ;
composé d’un président 4. Jeunesse, sports et loisirs ;
et de deux vice- 5. Culture ;
présidents élus parmi les 6. Planification ;
conseillers. Le président 7. Aménagement du territoire ;
exerce un pouvoir 8. Education ;
absolu au sein du conseil 9. Urbanisme et habitat.
rural, conformément à la
loi 90-37 du 8 Octobre Il revient à la communauté rurale d’exercer par le biais du
1990 qui attribue aux conseil rural, toutes les activités relatives à ces 9 compétences
présidents de conseil que l’Etat lui a transférées.
rural le pouvoir de
gestion des Mais force est de constater que ce transfert n’a pas été fait dans
communautés rurales. le sens souhaité par les élus locaux. En effet, ces derniers (dont
Les vice présidents sont plusieurs présidents de conseil rural) n’ont pas manqué, à
dépourvus de toutes l’occasion du séminaire, de déplorer le transfert pour
prérogatives. l’essentiel des domaines sociaux à problèmes.

Beaucoup de Il s’y ajoute que même dans ces domaines supposés transférés,
compétences sont la réalité réserve bien des surprises. A titre d’exemple, on peut
transférées de l’Etat vers citer la compétence la plus importante, à savoir les domaines.
les communautés rurales Cette compétence reste toujours soumise au contrôle à priori
et la loi 96-06 du 22 du représentant de l’Etat. Enfin, il faut mentionner que l’Etat
Mars 1996 dans son tarde à concrétiser dans les faits, les dispositions pertinentes de
article 215 autorise le la loi 96-07 (portant transfert de compétences). Selon
président du conseil lesquelles tout transfert de compétence doit s’accompagner de
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

Le sous-préfet et le
CERP relèvent de
l’administration
déconcentrée

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
- le sous-préfet

Il est le représentant, au niveau local, de l’autorité régionale et


centrale. Le sous-préfet relève de la Direction de
l’Administration Territoriale du Ministère de l’Intérieur et
s’occupe de toute l’administration concernant
l’arrondissement. C’est le premier maillon de l’administration
auprès duquel les populations peuvent s’adresser.

La totalité des sous-préfets comprennent bien la réforme, mais


ils continuent d’intervenir activement dans les différentes
délibérations du conseil rural notamment l’élaboration du
budget.
Création nouvelle, la
région est le cadre de La charte de la déconcentration en chantier devrait permettre
programmation du de régler les conflits de compétences entre autorités
développement régional déconcentrées et collectivités locales.

Les conseillers ruraux y compris les présidents ne sont pas


suffisamment outillés pour conduire la délibération concernant
l’élaboration du budget (absence de formation).

transfert concomitant de - le Centre d’Expansion Rural Polyvalent (CERP) :


ressources nécessaires à
leur libre exercice. C’est le service technique déconcentré de l’Etat au niveau de
l’arrondissement. Le CERP est le conseiller technique du sous-
Il manque également des préfet, des présidents de conseil rural et de toutes les
décrets d’application du organisations évoluant dans les CR. Il lui revient de
transfert de compétences coordonner les activités de tous les intervenants dans le
pour délimiter les rôles développement de l’arrondissement. Normalement le CERP est
des conseils ruraux, composé d’une équipe multidisciplinaire de six (6) à sept (7)
ceux des conseils agents.
régionaux et ceux des
services déconcentrés de La région :
l’Etat.
Elle est représentée par un conseil régional, organe délibérant
Les services dont les membres sont des conseillers régionaux élus. Le
déconcentrés : président du conseil régional est l’organe exécutif de la région.

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

24
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Le conseil régional est chargé de la programmation du
développement régional. Il initie des projets/programmes et
donne son avis consultatif sur les projets initiés par l’Etat. Il
organise l’aménagement de son territoire et élabore les plans
régionaux de développement (PRD).

En matière d’environnement et de gestion des ressources


naturelles, le conseil régional a reçu compétence pour la
Emergences des gestion, la protection et l’entretien des forêts et des zones
organisations de la protégées ; la protection de la nature, la gestion des eaux
société civile continentales ; l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des
plans/schémas régionaux d’action pour l’environnement. En
matière de planification, le conseil régional a reçu
compétences pour l’élaboration et l’exécution de plans
régionaux de développement intégré (PRDI).

En matière d’aménagement du territoire, il élabore son schéma


régional d’aménagement du territoire (SRAT).

En résumé nous constatons que les collectivités locales sont un


maillon incontournable dans la mise en œuvre de tous les
projets de développement. Elles ont pour mission la
conception, la programmation et la mise en œuvre des actions
de développement économique, social, éducatif et culturel
d’intérêt régional, communal et/ou communautaire. Pour la
réalisation des projets de développement économique, social,
éducatif et culturel, les collectivités locales associent en
partenariat, les mouvements sportifs et surtout les groupements
de producteurs à caractère communautaire.

Les recettes de Les Organisations de Producteurs (OP) :


fonctionnement de la
région proviennent des L’évolution du secteur agricole est marquée par un important
ressources que lui développement des organisations du monde rural, dont la
apporte l’Etat dans la diversité et l’expérience constituent un des facteurs favorables
répartition du fonds de pour conduire les réformes structurelles envisagées par le
dotation ainsi que des gouvernement du Sénégal.
redevances du domaine,
des produits de - les coopératives agricoles ont constitué la première forme
l’exploitation de son d’organisation paysanne implantée à travers tout le territoire
patrimoine. national par les services publics. Jusqu’à la fin des années 70,
elles ont structuré le monde rural, de la base au sommet avec la
création de l’union nationale des coopératives agricoles en
chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

25
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Le système d’organisation et d’encadrement des producteurs
par les pouvoirs publics (ONCAD, SONAR) n’a pas su créer
un esprit d’initiative, d’autonomie et même de solidarité
communautaire en milieu rural. La réforme coopérative de
1983 a introduit le principe des 320 communautés rurales. La
coopérative est subdivisée en sections villageoises qui
deviennent ainsi les unités primaires. Plusieurs coopératives
coexistent au sein d’une même communauté rurale en fonction
des secteurs d’activités développés : agriculture, élevage,
pêche, horticulture, consommation etc..

Au niveau de l’union nationale des coopératives agricoles, l’on


compte 4.500 sections villageoises avec des effectifs de 300 à
400 membres regroupés autour de 338 coopératives agricoles.

- les groupements de producteurs : situés au niveau du village


sont apparus à la fin des années 60 avec la création des sociétés
régionales de développement rural, pour diffuser les
innovations et réaliser leurs objectifs de production. Ils
devaient constituer les interlocuteurs pour le crédit, les intrants
et les conseils techniques. Leur développement a été
intimement lié à l’évolution des sociétés régionales de
développement. Les mesures de réforme qui ont affecté ces
sociétés à la fin des années 80, ajoutées aux difficultés de
remboursement des crédits et à la relative inefficacité de
l’encadrement ont fini par réduire considérablement la portée
de ces organisations.

- les groupements de promotion féminine font leur apparition à


partir de 1968 pour la formation en santé, la gestion
domestique et pour encourager la mise en place d’équipements
d’allégement des travaux domestiques (moulin à mil) ce qui
constitue un pôle d’apprentissage et de promotion d’activités
génératrices de revenus. Le réseau qui couvrait presque tous
les villages, se structure, à partir de 1987, en fédération selon
le découpage administratif. Aujourd’hui, les 4.000
groupements féminins villageois sont très actifs dans toutes les
régions et particulièrement dans le domaine du commerce, de
1978. Au début des l’embouche, des magasins céréaliers, du maraîchage et de la
années 80, le nombre de gestion de moulins à mil. Cependant les organisations
coopératives officielles féminines rurales sont encore en butte à de nombreuses
dans le secteur primaire contraintes liées à des raisons sociales et à un niveau
avoisinait 2.300 dont d’éducation et de formation encore inférieur à celui des
plus des trois quarts hommes. C’est leur participation effective dans les associations
(3/4) pour l’arachide.

chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

26
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
activités de production et à une plus grande participation à la
gestion et à la prise de décision au niveau des exploitations et
au niveau du village.

- les groupements d’intérêt économique (GIE) : par les lois 84-


37 et 85-40, le gouvernement arrête des dispositions juridiques
permettant la création des groupements d’intérêts
économiques. Ils peuvent regrouper de deux à cent membres et
en tant qu’entreprise disposant d’un statut juridique leur
permettant l’accès au crédit et la mise en œuvre d’activités. La
plupart des GIE sont composés d’hommes et/ou de femmes, les
GIE de jeunes sont peu développés.

Les associations d’hommes bénéficient souvent de projets de


développement. Cet appui leur permet de renforcer la maîtrise
des cultures de rente ainsi que la gestion et la prise de décision
au niveau des exploitations et des terroirs. Bien que la
production vivrière soit une priorité dans les cellules
familiales, la majeure partie du travail de ces exploitations sont
effectués par les femmes et le financement de l’intensification
de cette production est relégué au second plan.

Du fait des avantages liés à cette forme d’organisation, un


large développement des GIE s’est fait jour et a gagné des sous
secteurs comme l’élevage, l’horticulture, la pêche et les forêts.
Nombre de ces GIE se sont regroupés pour former des réseaux
nationaux.

- les groupements villageois de producteurs

A partir des années 70 d’autres formes d’organisations de


producteurs naissent à côté des groupements initiés par l’Etat
ou les ONG. Dans toutes les régions se créent des groupements
des associations, des ententes et unions de groupements
constitués sous des bannières différentielles (volonté de
pouvoir exposer et faire prendre en compte les points de vue et
les intérêts des OP par les services publics, responsabilisation
individuelles, autopromotion, organisation démocratique et
transparente, autonomie…). Ces organisations portent une
attention particulière sur la formation, notamment dans le
contexte de désengagement de l’Etat et de réformes de
politiques de développement, les diverses organisations de
producteurs ruraux ainsi que leurs regroupement ont tenté de
suppléer l’Etat, surtout dans ses fonctions
mixtes qui leur donne un d’approvisionnement, de financement et de formation. Ces
meilleur accès au nouveaux rôles des OP se sont cependant exercés sans que
financement de leurs celles-ci aient été préparées pour jouer des fonctions
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

27
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
organisationnel et de renforcement de capacités. C’est pour ces
raisons que les résultats acquis ont été largement en deçà des
besoins des producteurs.

Unions fédératives des organisations de producteurs :

Dans toutes les filières les OP ont mis en place des


regroupements visant à unir leurs efforts pour créer des
synergies. Dans ce sens au niveau de l’agriculture, de
l’élevage, de la pêche, de l’horticulture et des forêts des
organisations nationales intervenant sectoriellement existent. A
côté de telles structures professionnelles et spécialisées,
d’autres regroupements à vocation générale sont également
présentes. La situation de ces regroupements est présentée dans
le tableau ci-après :

Organisations Secteurs activités


- union nationale des GIE d’élevage Elevage
- fédération nationale des
coopératives d’élevage
- union nationale des coopératives Agriculture (notamment culture arachidière)
agricoles (UNCAS) et commercialisation
- fédération nationale des GIE Horticulture (arboriculture, maraîchage)
horticoles
- fédération nationale des pêcheurs Pêche artisanale – transformation de produits
- collectif national des pêcheurs du halieutiques
Sénégal
- union nationale des coopératives Exploitation forestière
d’exploitants forestiers
- fédération nationales des
organismes d’exploitants forestiers
- fédération nationale des Femmes
groupements de promotion
féminine
- fédération des ONG du Sénégal Formation – développement local
(FONGS)

Ces unions et fédérations sont structurées selon le découpage


administratif. Les OP de base, créés au niveau des villages,
forment une union au niveau de la communauté rurale, puis par
le système de représentation, se mettent en place des unions et
des fédérations au niveau des arrondissements, des
départements et des régions. Cette structuration pyramidale
concerne les producteurs directement et il est rare de voir des
organisations fédératives disposer de services d’appuis
professionnels, exception faite de la FONGS et de l’UNCAS.

Les objectifs poursuivis par les fédérations et unions visent à :

- fournir des prestations de services dans les domaines de


l’approvisionnement, de la production, de la transformation et
économiques en de la commercialisation ;
particulier au plan
chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
- assurer la représentation des producteurs et défendre leurs
intérêts professionnels ;
- former les producteurs et leurs organisations afin de mieux
assurer leurs fonctions.

Dans ce cadre, les activités mise en œuvre concernent


l’organisation et la gestion de réseaux de distribution (intrants,
équipements), la collecte et la commercialisation, la mise en
place de structures et de mécanismes pour le financement
(caisses et mutuelles d’épargne) et l’organisation d’ateliers et
de séminaires de formation. Cependant la pérennité et
l’efficacité de ces activités se heurtent à des obstacles dont la
dépendance financière et l’insuffisance de capacités et de
ressources humaines permettant la poursuite des programmes
initiés.

Certaines organisations fédératrices suscitées par


l’administration, en raison du désengagement de l’Etat,
éprouvent des difficultés de relations avec leurs membres.

Ayant longtemps servi de courroies de transmission des


services d’encadrement, ces fédérations ont du mal à
s’affranchir des nombreuses années de tutelle. Ainsi, le
fonctionnement démocratique a été, pendant longtemps,
entravé ce qui a suscité un décalage important dans la
communication, la connaissance et la prise en compte des
préoccupations des producteurs. Par contre, d’autres
fédérations dont la mise place a été conduite avec beaucoup
d’autonomie, assurent parfaitement la représentation de leurs
membres avec surtout un niveau d’organisation et de
fonctionnement qui a permis une relative bonne
communication entre les membres et le niveau central.

Le conseil national de concertation et de coopération des


ruraux (CNCR) :

En 1993, neuf (9) fédérations (associations paysannes,


coopératives agricoles, horticulteurs, femmes, pêcheurs,
éleveurs, coopératives d’éleveurs, exploitants forestiers et
coopératives d’exploitants forestiers) ont créé le CNCR.

Bien qu’il ne représente pas l’ensemble des organisations de


base il est devenu un interlocuteur incontournable du
développement rural. En 1995, les 9 membres du CNCR et
d’autres regroupements inter-professionnels créent
l’association sénégalaise pour la promotion des petits projets
de développement à la base (ASPRODEB), à qui le
gouvernement a rétrocédé les fonds d’un crédit IDA et d’un
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
prêt FIDA destinés à soutenir de petits investissements ruraux
pour promouvoir la sécurité alimentaire et l’augmentation des
revenus en milieu rural. L’exécution technique du projet est
confiée à l’agence d’exécution des projets (AGEP).

Le CNCR a pour objet de :

- favoriser le dialogue, la réflexion en commun et le partage


des expériences autour des questions majeures et essentielles
du développement rural en vue de renforcer l’unité des
mouvements et fédérations d’associations paysannes ;
- asseoir une dynamique qui encourage la mise en commun des
ressources, des capacités et des informations détenues aussi
bien par ses membres que par les partenaires au
développement du Sénégal, en vue de l’amélioration des
conditions des ruraux ;
- d’être le porte parole des ruraux et l’interlocuteur de l’Etat et
des partenaires au développement pour la défense et la
sauvegarde des intérêts professionnels et sociaux des ruraux.

En tant que plate forme paysanne, le CNCR a pour vocation


d’assurer la représentation des ruraux au niveau d’instances
nationales de concertation et de décisions orientées vers
l’amélioration de l’environnement des activités rurales.
Toutefois, il revient aux fédérations et à leur démembrements
de mettre en œuvre, les programmes et projets de
développement initiés.

Les organes d’administration de CNCR sont le conseil


d’administration et le comité exécutif. Ces deux organes sont
exclusivement composés de responsables d’OP et disposent
des prérogatives pour décider des activités à mettre en œuvre
conformément aux orientations définies par l’assemblée
générale. Pour ce faire, le secrétaire général du CNCR qui en
est l’organe d’exécution dispose pour mener à bien les activités
de la cellule d’appui technique. Celle ci est un organe interne
d’appui technique assurant en relation avec les responsables du
CNCR et des prestations de services indépendants, la
préparation des dossiers, la négociation des programmes, la
formation des responsables d’OP ainsi que la coordination et le
suivi des activités du CNCR.

b) les relations entre les acteurs

Le sous-préfet est démis de son pouvoir de gestion des


communautés rurales par la loi 90-37 du 8 Octobre 1990 qui
attribue ce pouvoir aux présidents de conseil rural. Depuis lors

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

30
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
ces deux acteurs entretiennent des relations conflictuelles (lutte
de pouvoir).

Le sous préfet exerce encore une influence significative sur le


conseil rural. Toutes les délibérations importantes du conseil
rural sont marquées par l’empreinte du sous préfet, notamment
l’élaboration du budget de la communauté rurale.

Le CERP entretien généralement de bonnes relations avec le


conseil rural auquel il apporte un appui technique dans
l’élaboration, la planification, la mise en œuvre et le suivi des
programmes et projets inscrits dans le plan local de
développement. Il appuie également le conseil rural dans la
coordination et la supervision de toutes les actions de
développement local. Le CERP est à la fois le conseiller
technique et le bureau d’études de l’ensemble des acteurs du
développement local (sous préfet, CR, OP, GPF, coopératives,
GIE etc..). Les collectivités locales sont des organes
décentralisés et autonomes, qui entretiennent avec les services
déconcentrés de l’Etat au niveau régional des relations de
collaboration, de concertation et d’appui technique sans
rapport hiérarchique. Les services régionaux de l’agriculture
agissant en conseillers des collectivités pour intégrer la
dimension du développement agricole dans leurs programmes
de développement multisectoriel.

Les relations entre les collectivités locales, les organisations de


producteurs, les coopératives, les groupements de promotion
féminine et les GIE ne sont pas développées ou même sont
inexistantes. Leur collaboration est informelle et
circonstancielle. Le conseil rural n’est pas souvent informé des
activités des uns et des autres au sein de la communauté rurale.

La création de l’Agence Nationale du Conseil Agricole et


Rural (ANCAR) donne une nouvelle orientation des relations
entre les divers acteurs du développement rural avec la
création d’un partenariat fort entre ces acteurs (Etat,
collectivités locales, organisations de producteurs, secteur
privé). Ce nouveau cadre repose sur la décentralisation et la
volonté politique d’appuyer et de consolider les OP et les
collectivités locales.

L’ANCAR compte mettre en place une équipe technique qui


travaillera en collaboration étroite avec l’Agence Régionales
de Développement (ARD) et les conseils ruraux.

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

31
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

COMPRENDRE POUR AGIR ENSEMBLE

1 paysage institutionnel
. Les acteurs:
au niveau central

* Ministère de la décentralisation
* Direction des collectivités locales (DCL)
* Direction de l ’expansion rurale (DER)
* Association des présidents de CR (APCR)
* MEFP
* Ministère de l ’Agriculture (PSAOP, PNIR, etc…)
* CNCR (conseil national de concertation et de
coopération des ruraux)
* FONGS: (Fédération des ONG du Sénégal)
* CONGAD

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

32
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

au niveau régional:

* Le conseil régional: organe délibérant


* Le président du CR: organe exécutif de la région
* L ’ARD: assistance gratuite aux collectivités locales
* Comité économique et social: qui joue un rôle de
conseiller économique
* CRD: cadre de concertation entre acteurs
* Conférence d ’harmonisation: coordination des
programmes
d ’investissement de l’Etat et de la région
* Services régionaux déconcentrés
* Sociétés de développement régional
* ONG
* Associations et groupements de la société civile
* Entreprises privées

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

33
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

au niveau local:

* Conseil rural
* Le président du conseil
* Le CLD
* Le CERP
* Les ONG
* Les associations et groupements de la société
civile
* Les entreprises locales

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

c) le système institutionnel, fonctionnement et


dysfonctionnement

L’agriculture sénégalaise occupe entre 65 et 70% de la


population estimée aujourd’hui à 8.800.000 habitants.

Cette population rurale est très jeune (plus de 58% ont moins
de 20 ans) et vit dans 13.240 villages. Elle exploite 2.500.000
ha sur les 3.800.000ha exploitables. Le nombre d’exploitations
est estimée à 480.000 réparties dans les différentes zones agro-
écologiques. Ainsi l’agriculture sénégalaise reste marquée par
la faible taille des exploitation (5,2ha en moyenne). Mais dans
le Su-Est du bassin arachidier la taille moyenne des
exploitations est de 12ha et seulement de 1,5ha dans la zone de
Oussouye (région Sud). En zone irriguée, la taille moyenne des
parcelles individuelles se situe entre 0,25 et 1ha.

Les résultats actuels des politiques vécues et le poids des


contraintes incitent à constater que le mode d’organisation
dominant de la production agricole, est l’agriculture paysanne
à travers des exploitations familiales polyvalentes, en dépit de
l’émergence d’une agriculture de type entrepreneurial (vallée
du fleuve, Niayes etc..).

Les producteurs constituent le cœur du dispositif du


développement de l’agriculture. Le choix des activités
agricoles par une revue des missions, des rôles et par la
réorganisation des directions techniques, des services
régionaux et locaux du Ministère de l’Agriculture et des
sociétés régionales de développement rural. Il vise à
promouvoir un appui à l’amélioration des capacités des
organisations paysannes et une promotion du secteur privé
agricole par une consolidation de la politique de libéralisation
et de privatisation, une politique de financement des activités
agricoles et un assainissement de leur environnement législatif
et réglementaire.

Dans le cadre de ses nouvelles orientations stratégiques l’Etat a


retenu de faire face à deux défis majeurs : assurer la sécurité
alimentaire, et asseoir un développement agricole durable.

Il s’agit d’une part, d’instaurer une production diversifiée et


compétitive, capable de promouvoir les revenus agricoles et
d’autre part, l’ensemble des partenaires au développement,
notamment les communautés de base qui constituent les
véritables garants d’une politique de développement durable,
en égard au rôle qu’elles jouent aussi bien dans la production
que dans la protection du milieu.
Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

35
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

3. Le modèle d’analyse de la décentralisation RED IFO


RED-IFO, un modèle
pour analyser la Ce modèle d’analyse de la décentralisation permet d’effectuer
décentralisation une évaluation par filtrage des éventuels écueils pouvant
entacher le processus. Il s’agit donc d’une méthode
d’évaluation et d’ajustement de la mise en œuvre de la
décentralisation.

a) La régionalisation des demandes locales

La mise en œuvre de la décentralisation pose la problématique


du désengagement de l’Etat et la prise en compte des besoins
des populations à la base. Le risque ainsi évoqué sera de
couper cours avec l’offre globalisante et centraliste de l’Etat et
de verser dans une parcellisation centrifuge et dispersée de la
demande au niveau local.

Au Sénégal, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle législation


(dispositif juridique sur la régionalisation loi 96-06 et
suivants), la nouvelle collectivité locale décentralisée qui est la
région, est chargée de la programmation du développement.
Dans cette perspective, elle prend en compte les desiderata des
populations rurales dans sa mission d’élaboration du plan
régional de développement intégré.

L’entité collective régionale est, entre autres, le cadre de


diligence de la politique de développement rural décentralisé
en particulier et du développement local en général. Pour dire
que le transfert du pouvoir de décision se traduit en une
autonomie d’administration des affaires locales, l’autonomie
financière consacrée introduit une gestion transparente des
fonds locaux par les élus et enfin l’implication des
protagonistes de la société civile réitère l’objectif de
démocratisation à la base.

Dans ce cadre de régionalisation des demandes locales, les


CRCOP tels que préconisés par le PSAOP, constituent en sus
des canevas de coordination et de mise en cohérence des
actions et des perspectives des OP au regard des échanges et
des projets de développement ou de formation. Les CRCOP
statuant au niveau régional regroupent tous les CLCOP qu’ils
représentent et pour lesquels, ils défendent les intérêts.

Cependant cette méthodologie doit nécessairement


s’accompagner d’une identification des spécificités locales de
la demande globale des entités de base.

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

36
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

b) La différenciation des politiques

La logique de proximité justifiant sa pertinence, tout modèle de


décentralisation doit adopter la nouvelle donne que la
satisfaction des besoins quotidiens des populations est l’affaire
des collectivités de base (ici CR) lorsque ceux-ci s’inscrivent
dans le livret des neuf domaines de compétences transférées
aux collectivités existantes.

L’objectif des CLCOP s’inscrivant dans cette logique, vise à


s’assurer aux OP une participation aux mécanismes de
concertation avec tous les acteurs impliqués dans le
développement rural.

Cette différenciation des politiques est d’autant plus nécessaire


que la seule tendance à la globalisation passerait sous silence
des aspirations spécifiques. Néanmoins il faudra un sage
équilibrage entre la régionalisation des besoins et la stratégie
de spécification en vue d’avoir et une unité de coordination de
la satisfaction des besoins et aussi une prise en compte des
différents types de besoins.

A la résolution de la problématique globalisation,


différenciation, une triple mesure ayant trait à l’information,
formation et à l’organisation est nécessaire à l’appui au
processus de décentralisation sur le développement rural.

c) L’information et son partage

Le développement rural décentralisé repose sur un système


d’information pertinent, précis et disponible entre les acteurs à
la base et l’Etat. Un système de communication déficient place
la participation populaire en situation de déphasage par rapport
au contenu de la stratégie de développement rural et à celui de
son rôle dans la nouvelle donne de la responsabilisation des
acteurs de base.

Le plan d’action de la décentralisation produit par le ministère


de l’intérieur en Septembre 1998, consacre un volet important
au plan de communication. Cette dernière définit comme
objectifs principaux :

- faire comprendre le contenu des textes sur la


décentralisation ;
- parvenir à une appropriation populaire du projet final ; et
- développer un système de communication adaptée en
particulier au milieu rural.

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

37
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Les OP étant considérées dans ce plan aussi bien en tant


qu’acteurs et cibles, doivent jouer un rôle effectif dans la
diffusion des flux d’information à caractères général,
économique ou technique dont ils auront besoin.

L’appendice 6 du volet 3 du PSAOP, indique une stratégie de


mise en œuvre du programme d’appui au développement de la
communication dont le crédo se trouve être l’élimination du
creuset communicationnel entre les acteurs formulant les
programmes de développement et les destinataires potentiels
du secteur rural. En guise d’exemple, la communication en
matière de recherche doit être rendue compréhensible à l’aide
d’utilisation de supports pédagogiques (diapositives, vidéo,
illustrations…) aptent à faciliter la compréhension des
destinataires à la base.

Un bon système d’information doit logiquement cadrer avec


une bonne formation aux différentes modalités d’intervention
des acteurs locaux.

d) La formation

Dans l’objectif d’une autonomie d’action des acteurs ruraux,


un renforcement des capacités s’avère nécessaire. Il faut que
les acteurs, généralement analphabètes, aient en possession la
définition précise de leur rôle dans le nouveau cadre de
développement rural décentralisé.

A cet effet les thèmes qui les intéresseront sont


principalement :

- l’alphabétisation fonctionnelle aussi bien pour les élus locaux


que les leaders d’OP ;
- les techniques d’amélioration de la production (ex :
augmenter les rendements, minimiser les pertes post récoltes
etc..) ;
- les modules d’animation et de communication de groupes ;
- la gestion de l’unité de production (technique et style).

Le PNIR, en tant que programme s’inscrivant dans la politique


de décentralisation, consacre un volet au renforcement des
capacités des organisations et formation qui devra permettre
l’émergence de CR autonomes et aptes à gérer le
développement local. La formation aura pour cadre
d’exécution les CLCOP et CRCOP pour ce qui est des modules
destinés aux OP.

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

38
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

de leur responsabilité. Des ateliers spéciaux La composante


« appui aux organisations de producteurs ruraux » du PSAOP
prévoit dans sa mise en œuvre un plan de formation destiné
aux leaders d’OP sous forme d’ateliers à durée très courte (3 à
5 jours). Les modules de ces ateliers permettront aux leaders
de se familiariser au contenu pratique de leurs responsabilités.
Des ateliers spéciaux dits de réflexion, formation-stratégique
forment les acteurs locaux aux différentes techniques de
négociation et de recherche de financement pour des projets
globaux de développement rural décentralisé.

e) L’organisation des acteurs

Avec l’installation des structures devant faire fonctionner le


processus de la décentralisation, les collectivités locales (ici
région et CR) ont en charge la responsabilité de mener les
actions de développement économique et travaillent en
partenariat étroit avec les organisations de producteurs ruraux
(coopératives, GPF, GIE).

Les collectivités locales impliquées dans le développement


local assurent les compétences dont elles sont dépositaires par
détermination de la loi (code des collectivités locales) et par
effet de proximité (neuf domaines de compétences consacrées).
Tandis que les organisations de producteurs ruraux sont
structurées du niveau local au niveau national dans chacun des
secteurs d’activités rurales ci-après : élevage, agriculture,
pêche artisanale et annexes, foresterie, volet femmes rurales.

Au niveau fédéral des groupements d’OP, les activités


entreprises sont liées à la gestion de l’approvisionnement, la
valorisation de la production, l’organisation du financement et
la formation.

Au niveau national, le CNCR s’attelle aux échanges d’idées


sur le développement rural dans l’objectif d’une stratégie
déterminée, à la défense des intérêts du monde rural dans les
programmes gouvernementaux et enfin à la mise en synergie
des potentiels des divers intervenants au développement rural.

La structuration des acteurs étant faite ; ce qui garantirait une


intervention dynamique et efficiente de ces derniers c’est des
moyens d’action et une fonctionnalité soutenue de leurs
organisations.

A cet effet, les conseils ruraux ont besoin de stratégies de


planification de leurs activités, de système opérationnel

Chapitre 2 : Comprendre pour agir ensemble

39
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

d’élaboration du budget et de mécanismes de contrôle de


l’exécution de leurs tâches.

Les organisations de producteurs ruraux quant à elles ont


l’avantage de pouvoir s’adapter aux exigences du
développement d’autant plus qu’elles interviennent à proximité
des populations cibles (de la base au niveau national).
Néanmoins elles souffrent du manque de professionnalisme
des acteurs, de la faiblesse de leurs moyens, de la dispersion
des unions fédératives (manque d’unité d’action) et de mesures
privilégiant l’encadrement des groupes vulnérables (femmes,
jeunes).

En somme, le filtrage du modèle d’analyse RED IFO opéré sur


le processus de la décentralisation fait ressortir, les
enseignements suivants :

- la politique de décentralisation amorcée depuis 1990, souffre


pour beaucoup des gaps d’information et de formation
observés à l’endroit des acteurs du développement rural ;
- le transfert des compétences n’englobe pas directement les
secteurs clefs du monde rural à savoir l’agriculture, l’élevage
et la pêche.

Chapitre 3 : Textes de base sur la décentralisation du développement rural

40
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

CHAPITRE 3 :

TEXTES DE BASE SUR LA DECENTRALISATION DU DEVELOPPEMENT


RURAL

Objectif :

L’objectif du présent chapitre est de répertorier l’ensemble des textes de loi édictés par le
législateur pour instituer le processus de décentralisation au Sénégal.

- Loi 64-46 du 17 Juin 1964 (loi sur le domaine national)


- Loi 72-59 du 12 Juin 1972 taxe rurale
- Loi organique 75-94 du 28 Juin 1975 relative aux lois de
finances, modifiée par la loi n°91-24 du 30 Mars 1991 et le
décret 66-510 du 4 Juillet 1966 portant régime financier des
collectivités locales (faisant obligation à celles ci de déposer
leurs fonds au Trésor Public)
- Loi 83-59 autres taxes
- Loi 90-37 du 8/10/1990 modifiant la loi 72-25 du 19 Avril
1972 relative aux CR ; article 56 nouveau
- Loi constitutionnelle 94-55 du 13 Juin 1994 (principe
constitutionnel de la libre administration des collectivités
locales)
- Loi 96-06 du 22 Mars 1996 portant code des collectivités
locales
- Loi 96-07 du 22 Mars 1996 portant transfert de compétence
- Loi n°96-08 du 22 Mars 1996 modifiant le code électoral
(abrogation des dispositions concernant la désignation des
conseillers représentant les groupements à caractère
économique, social et culturel)
- Décret n°72-1288 du 27 Octobre 1972 relatif aux conditions
d’affectation et de désaffectation des terres du domaine
national comprises dans les communautés rurales (J.O n°4260
du 18/11/1972 P.1894 ; 1895)
- Décret n°96-228 du 22 Mars 1996 modifiant le décret n°72-
636 du 29 Mai 1972 relatif aux attributions des chefs de
circonscription administrative et des chefs de village
- Décret n°96-1118 du 27 Décembre 1996 instituant le conseil
national de développement des collectivités locales
- Décret n°96-1119 du 27 Décembre 1996 fixant les montants
des engagements en matière de convention financière de
coopération internationale soumise à approbation
- Décret n°96-1120 du 27 Décembre 1996 portant création,
organisation et fonctionnement du comité économique et social
auprès du conseil régional et fixant les avantages accordés aux
membres dudit comité
- Décret n°96-1121 du 27/12/1996 instituant le comité
interministériel de l’administration territoriale
Chapitre 3 : Textes de base sur la décentralisation du développement rural

41
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

- Décret n°96-1122 du 27 Décembre 1996 relatif à la


convention type fixant les conditions et les modalités
d’utilisation des services extérieurs de l’Etat
- Décret n°96-1123 du 27/12/1996 relatif à l’utilisation par les
collectivités locales des services extérieurs de l’Etat dans la
région
- Décret n°96-1124 du 27/12/1996 fixant le montant des
marchés des collectivités locales soumis à l’approbation
préalable du représentant de l’Etat
- Décret n°96-1125 du 27/12/1996 instituant la commission
nationale d’assistance aux CERP
- Décret n°96-1130 du 27/12/1996 portant application de la loi
de transfert de compétences aux régions aux communes et aux
communautés rurales en matière de gestion et d’utilisation du
domaine privé de l’Etat du domaine public et du domaine
national
- Décret n°96-1131 du 27 Décembre 1996 portant création et
organisation des structures d’élaboration du Plan National
d’Aménagement du Territoire
- Décrets portant application de la loi de transfert de
compétences n°96-1132 à 96-1139
- Décret n°98-399 du 5 Mai 1998 fixant les modalités de
création, d’organisation et de fonctionnement des Agences
Régionales de Développement (ARD)

Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

42
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

ANNEXE : REPUBLIQUE DU SENEGAL

A- Données générales sur le pays

Superficie : 196.722 km²


Population (millions) 8,1
Taux de croissance démographique : 2,7
Taux d’urbanisation (1995) : 40%
Densité (1995) : 41,2 hbts/km²
PIB (1990) milliard : US$ 3,06
PIB par habitant : US$ 377
Unité monétaire : franc CFA
Budget de l’Etat : 14% du PIB (1994) et 15,3% (1995)
Indicateur de développement humain : 0,340
Rang IDH (sur 174 pays) 152ème

Frontières, topographie et climat

Avec la presqu’île du Cap-Vert, le Sénégal occupe la position


la plus avancée de l’Afrique de l’Ouest dans l’Océan
Atlantique. Il se situe entre 12° et 17° de latitude Nord et 11°
et 18° de longitude Ouest.

Le Sénégal est limitée au Nord et au Nord-Est par la


Mauritanie, au Sud-Est par le Mali, au Sud par la Guinée et la
Guinée Bissau. La Gambie constitue une enclave de 10.300
km² à l’intérieur du territoire sénégalais.

Le Sénégal est un pays plat ne s’élevant pas au dessus de 130


mètres à l’exception de la région Sud-Est où le relief est
quelque peu accidenté, sans toutefois que l’attitude ne dépasse
581 mètres au point culminant des contreforts du Fouta
Djallon.

Le climat est soumis à la fois à des facteurs géographiques et à


des influences atmosphériques. D’une part la présence d’une
façade maritime de plus de 700 km et la situation à l’extrême
Ouest du continent africain entraînent des différences
climatiques entre la zone côtière et les régions de l’intérieur.
D’autre part, la circulation atmosphérique, facilitée par
l’absence d’obstacles montagneux, place le territoire sous les
effets de l’alizé maritime, de l’harmattan et de la mousson. Ces
masses d’air déterminent deux saisons différenciées par une
pluviométrie très contrastée.

De Novembre à Avril c’est la saison sèche qui voit, sur la


région côtière, la prédominance de l’alizé maritime, tandis que

Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

43
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

l’intérieur du pays est sous influence d’un alizé continental


saharien, l’harmattan. En saison des pluies, appelée aussi
hivernage intervient la mousson qui se manifeste tout d’abord
dans la région Est puis gagne le reste du pays. Les pluies
diminuent progressivement en durée et en intensité, du Sud au
Nord. C’est ainsi que les précipitations décroissent de 1.500
mm de pluies par an dans les régions méridionales
(Ziguinchor, Kolda) à 800 mm dans la zone centrale
(Kaolack), puis à 300 mm au Nord (Podor, Matam).

Le Sud connaît pendant cinq mois des précipitations


supérieures à 1000mm par contre cette période hivernale se
réduit à trois mois dans le Nord du pays.

Le réseau hydrographique est de régime tropical, marqué par


des différences importantes de débit entre la saison des pluies
et la saison sèche qui peut même entraîner le tarissement des
rivières.

La crue du fleuve Sénégal contribue à l’alimentation de


certaines nappes phréatiques. Le territoire dispose
d’importantes ressources d’eau souterraines qui permettent la
mise en œuvre des programmes d’hydraulique villageois.
L’influence du climat et de l’hydrologie, ainsi que la nature
des sols déterminent plusieurs zones de végétation. Au Nord
du pays la zone sahélienne est couverte d’une brousse
clairsemée où prédominent les épineux. La savane arborée,
riche en faune, caractérise les zones soudaniennes (Centre-
Est). La forêt épaisse est localisée dans la zone subguinéenne,
limitée à la région de la Basse-Casamance.

La température moyenne annuelle des régions côtières est de


27°c et celle des régions de l’intérieur est de 35°c.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

A l’issue de l’échec de l’éphémère Fédération du Mali, le


Sénégal accède à l’indépendance en 1960 à l’instar de la
plupart des pays africains. Fait remarquable, la première
constitution marque son option pour un régime parlementaire
dualiste qui partage le pouvoir exécutif entre le chef de l’Etat
et le Président du Conseil. Cette expérience inédite ne survivra
pas de la crise de Décembre 1962, et le 7 Mars 1963 une
nouvelle constitution fut adoptée par laquelle le Sénégal rejoint
la mouvance du régime présidentiel qui a acquis droit de cité
un peu partout en Afrique.

Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

44
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
La vie politique, marquée par un monopartisme de fait se
cristallise autour du parti au pouvoir l’Union Progressiste
Sénégalaise (UPS), qui deviendra plus tard le Parti Socialiste
(PS).

Le premier parti politique d’opposition ne sera reconnu qu’en


1974, suivi d’un puis de deux autres pour correspondre aux
courants de pensée5 prévus par les nouvelles dispositions
constitutionnelles (loi 76-01 du 19-03-1973 et loi const. N°78-
68 du 28/12/1978).

Enfin, le multipartisme intégral sera instauré en 1981 avec


l’avènement du 2ème Président de la République, ce qui a
conduit à une prolifération de partis politiques (trente six en fin
1998). Le pouvoir législatif, jusque là exercé par la seule
Assemblée Nationale de 140 membres sera bientôt secondée
par un Sénat de 60 membres en cours d’installation (élections
sénatoriales tenues le 24 Janvier 1999).

Le Sénégal est divisé administrativement en 10 régions


dirigées par un Gouverneur nommé par le pouvoir central et
administré par un conseil régional unique assemblée
délibérante dont les conseillers sont élus au suffrage universel
direct pour cinq ans. Le pouvoir exécutif régional est exercé
par le Président du conseil régional élu par ses paires pour 5
ans.

L’agriculture au Sénégal

Le secteur agricole, qui occupe 60% de la population connaît


de grandes difficultés depuis deux décennies. La contribution
de l’agriculture au PIB qui était de 18,75% sur la période
1960-1966 est tombée à 10% aujourd’hui. Le taux de
croissance de la production agricole n’a été que de 2,7% en
1981 et 1991, soit un niveau inférieur au taux de croissance
démographique. Malgré d’importants investissements réalisés,
en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal avec la
construction du barrage de Diama qui limite la remontée d’eau
salée et celle de Manatali qui régularise le cours du fleuve
Sénégal, ainsi que la réalisation d’aménagements hydro-
agricoles, la production rizicole est restée très insuffisante.

La production des autres cultures (coton, arachides,


céréales…) a même diminué. L’exode rural s’est accéléré et le
déficit alimentaire s’est aggravé du fait de la forte croissance

5
Les quatre courants de pensée sont les suivants : le socialisme
scientifique, le socialisme démocratique, le libéralisme, le conservatisme

45
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

d’urbanisation et de la divergence du système de production


agricole et celui de la consommation.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation : la détérioration


du climat (baisse de la pluviométrie, progression des isohyétes
vers le Sud), l’insuffisance de la politique agricole (en matière
de crédit rural de fiscalité et de régime foncier), le manque de
compétitivité du secteur et la baisse des cours des produits de
base, notamment du coton et de l’arachide, sur le marché
international en 1985 et 1993.

Le changement de parité du franc CFA en janvier 1994, qui


offrait des opportunités au secteur agricole, notamment aux
filières d’exportation, et pouvait lui permettre de devenir
compétitif a été l’occasion d’accélérer le processus de
négociation et de signature du contrat de financement du
programme d’ajustement sectoriel agricole (PASA) entre l’Etat
du Sénégal et la Banque Mondiale. La signature en 1995 de la
lettre de Politique de Développement Agricole (LPDA) qui
contenait des mesures d’ajustement et de nouvelles
orientations en matière de politique agricole, et son
approbation par la Banque Mondiale se sont traduites par la
mise en œuvre effective du PASA. Ce programme d’un coût
global de 135 millions de dollars est cofinancé par la Banque
Mondiale (45 millions $), la France (20 millions $), l’USAID
(31 millions $) et l’Union Européenne (30 millions $).

Le PASA visait cinq grands objectifs (I) la libéralisation de la


distribution des prix de tous les produits agricoles ; (II) la
réforme du régime externe des produits agricoles pour
libéraliser les échanges ; (III) la privatisation de la production,
de la transformation et de la commercialisation du secteur :
(IV) le recentrage de l’Etat sur des missions de service public
(recherche agricole, suivi-évaluation…), les missions d’appui
au monde rural (animation, assistance technique et diffusion
des technologies) devant être progressivement transférées aux
organisations socio-professionnelles et aux privés ; (V) la
définition d’un cadre juridique assurant la sécurisation foncière
des exploitations agricoles et d’un cadre incitatif à
l’investissement privé ; (VI) la professionnalisation du monde
rural ; (VII) enfin la préparation et l’élaboration d’un
programme triennal d’investissement public glissant pour le
secteur agricole.

Ces actions concernaient les filières agricoles (riz, arachide,


coton, sucre, fruits et légumes) et l’élevage. Un volet
particulier portait sur la gestion des ressources naturelles
(GRN) : institutionnalisation d’un processus tendant à

46
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

améliorer la législation foncière, développement de la


participation des communautés locales, à la gestion des
ressources naturelles et l’élaboration d’un plan national
d’action pour l’environnement.

Les résultats attendus de cet ajustement étaient d’attendre un


taux de croissance agricole de 4% par an, d’améliorer la
sécurité alimentaire, d’accroître les revenus en milieu rural et
d’y générer des emplois. L’objectif de croissance devrait être
réalisé par une intensification agricole, une politique de prix
incitative, une diversification des productions et une meilleure
exploitation des potentialités de l’élevage.

Au début de l’année 1997, la plupart des mesures contenues


dans le PASA ont été appliquées et le secteur est pratiquement
libéralisé. Toutefois, les résultats sont en deçà des attentes et le
secteur agricole connaît encore des difficultés.

Compte tenu des nombreuses potentialités dont bénéficie le


secteur, il est possible d’attendre largement les objectifs fixés
dans le PASA, surtout avec la mise en œuvre du Programme
d’Investissement du Secteur Agricole (PISA).

Sur les 19,7 millions d’hectares que couvre le pays 3,8 millions
sont cultivables dont 2,4 millions effectivement cultivés. Le
Sénégal dispose en outre de ressources hydriques souterraines
importantes sur la majeure partie du territoire (nappes
phréatiques et mastrichien) de même que nappes de surface
mobilisables aux fins d’irrigation. C’est ainsi que la vallée du
fleuve Sénégal revêt une importance primordiale et dans une
moindre mesure les bassins de la Gambie et de la Casamance.

La diversité des sols et leur vocation agricole combinées à la


diversité climatique et à disponibilité de ressources hydriques
de surface souterraines aboutissent à la détermination de six
entités géographiques homogènes appelées zones agro-
écologiques. Par ailleurs les autorités ont procédé à des
relèvements des prix des produits agricoles pour encourager la
production et freiner les flux de migrants vers la capitale et
vers d’autres centres urbains. Le prix moyen des cultures
commerciales a progressé de 13% en terme réel entre 1980 et
1987.

Globalement, la politique des prix du gouvernement s’est


traduite par une augmentation des prix réels de la plupart des
cultures et en particulier du maïs. Cependant si les revenus des
paysans ont enregistré une amélioration par rapport à ceux des

47
PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Annexe : République du Sénégal : Données Générales du pays

citadins, ils ont diminué en valeur réelle par rapport à leur


niveau des années 60.

Cette baisse de revenu réel des paysans a provoqué la


réduction très sensible de l’utilisation des intrants agricoles. Ce
qui explique en partie la baisse de la production agricole qui
n’a pas pu dépasse le croît démographique sur la période 1980-
1994. Pour la filière arachidière la baisse de la production
résulte, en plus des facteurs généraux déjà évoquées, de la
vétusté du matériel agricole, de la non disponibilité en quantité
suffisante des semences de bonne qualité.

Quant aux contraintes de la filière cotonnière, elles se résument


essentiellement aux modifications intervenues dans le système
de crédit jusque là administré par la SODEFITEX, et à la
concurrence avec l’arachide dans la zone cotonnière en
fonction des variations de prix. Concernant la filière horticole,
elle contribue à la satisfaction des besoins du marché intérieur
à hauteur de 70%, sur une période de 6 à 8 mois par an. La
production est passée de près de 152.000 tonnes en 1990/91 à
182.000 tonnes en 1993/94 soit une progression moyenne de
6,1% par an. Les importations passaient durant cette période de
37.000 tonnes à 17.500 tonnes. Les exportations qui avaient
fortement regressé en 1990/1991 ont connu une progression de
70% entre 1991/92 et 1992/93.

Depuis cette période, elles connaissent une stagnation. Leur


développement est entravé par l’insuffisance du réseau de frêt
aérien, la sous exploitation du frêt maritime, la vive
concurrence des autres pays et la cherté du coût du frêt.

Situation économique actuelle

Depuis l’indépendance, l’économie sénégalaise a connu une


évolution contrastée. L’analyse des indicateurs économiques a
confirmé que l’année 1979 constitue, historiquement, une
année charnière sur le plan économique et financier.

Faisant suite à une période faste de cinq années consécutives


marquées par une forte croissance de ressources d’exportation
(10% en termes réels en 1973 et 1977) mise à profit pour
accroître les revenus trop longtemps comprimés, une nouvelle
phase semble être enclenchée à partir de la fin des années 70.
Elle se caractérise par la stagnation de la production nationale,
la dégradation des équilibres financiers internes et la montée
de l’endettement extérieur.

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Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

Ces déséquilibres financiers n’étaient pas seulement le résultat


de la dégradation de la conjoncture de l’époque. Ils trouvaient
leur origine dans les tendances lourdes de l’économie nationale
et dans sa faible aptitude à accumuler un surplus et à allouer de
façon productive les ressources extérieures. Ces rigidités
structurelles entravaient les perspectives de développement
conduisaient à un point de rupture.

C’est pour s’attaquer à ces tendances que de 1980 à nos jours,


les politiques en vigueur ont mis l’accent sur les efforts
d’ajustement qui visent à retrouver la viabilité des équilibres
internes et externes. Les politiques sont traduites par l’adoption
de mesures visant l’adéquation entre l’offre et la demande.

Cette période marque le début de la mise en œuvre de


profondes réformes pour contenir les déséquilibres tant
intérieurs qu’extérieurs, avec l’application d’une politique de
stabilisation en 1978 suivie de la mise en œuvre du Plan de
Redressement Economique et Financier (PREF). Ces réformes
se sont traduites par des actions de stabilisation sur la dépense
publique et la demande finale.

Les grands projets de développement ont été progressivement


différés, voire écartés. Les soutiens financiers internationaux
furent assortis de fortes conditionnalités sur les performances
budgétaires et monétaires. Ce processus d’ajustement s’est
réalisé au détriment de la croissance économique. Au cours de
la période, le PIB a cru en termes réels de l’ordre de 1, 9% en
moyenne annuelle contre 3,3% entre 1973 et 1979.

Devant la persistance des déséquilibres de type structurel, il


était apparu nécessaire qu’à côté de la gestion de la demande,
soit mise en place une politique de relance de la croissance.
C’est ainsi que le gouvernement a mis en place un programme
d’ajustement structurel à moyen et long terme (PAMLT) de
1985 à 1992. Pendant ce temps, les nouvelles politiques
sectorielles ont tenté d’apporter une réponse à la crise du
modèle d’accumulation dans l’agriculture, dans l’industrie et
dans le secteur placé sous la tutelle de l’administration. Les
paramètres clés restaient les prix et les salaires, les mesures
d’incitation à la production, et l’orientation sectorielles de
l’investissement.

Malgré la mise en œuvre du PAMLT, l’économie sénégalaise


restait toujours caractérisée par une faible croissance de son
PIB (en moyenne 2,9% en termes réels, soit un taux
sensiblement égal au croît démographique). Les finances
publiques ont connu une amélioration notable : le solde des

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal
Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

opérations de l’Etat est passé de 2,9% du PIB en 1985 à un


léger accèdent 0,2% du PIB en 1991. Le solde courant de la
balance des paiements est passé de –12% du PIB en 1980 à –
3,5% en 1991.

L’investissement a quasiment stagné en volume avec un taux


de croissance inférieur à 1% au cours de la période.
Contrairement à la période d’ajustement où le taux
d’investissement s’était établi à 15,5% la période est marquée
par un taux d’investissement de l’ordre de 11,8%.

La politique restrictive du crédit n’a commencé à faire sentir


ses effets qu’au cours de la période 1986/90 et en fin de
période où les avoirs extérieurs nets (AEN) se détériore de
moins en moins.

Le caractère fragile de ces résultats économiques acquis au


cours de la période 1985-1992 a été confirmé par l’évolution
récente de l’économie. En effet la baisse de la production
agricole en 1992/93 de près de 20% a occasionné une
croissance négative du PIB (-2%) ce qui s’est traduit par une
baisse simultanée des recettes publiques et des recettes
d’exportation entraînant un déficit du compte commercial d’un
montant important de près de 100 milliards de F CFA.

Le Sénégal affiche depuis quatre ans de bons résultats


économiques et financiers dont certains dépassent même les
objectifs fixés par le programme d’ajustement structurel dans
lequel le pays est engagé depuis 1994.

En 1993, le pays était plongé dans une crise économique


profonde liée à un contexte international déprimé, à
l’essoufflement de certains secteurs d’activité pourtant
traditionnellement moteur de la croissance (pêche phosphate,
arachide et tourisme) qui souffraient de la surévaluation de la
monnaie et d’obstacles structurels, et au relâchement au cours
des années 1992 et 1993 des efforts entrepris pour assainir les
finances publiques.

Pour tenter de surmonter ces difficultés, un plan d’urgence


économique a été mis en œuvre en Août 1993. Elaboré sous la
pression des bailleurs de fonds, il comprenait des mesures
commerciales (augmentation des taxes à l’importation et du
prix de certains produits pétroliers)mais surtout des mesures
salariales avec la réduction de 5% des salaires inférieurs à
50.000f CFA et de 15% des autres salaires. Ce plan d’urgence
économique aura permis de restaurer la confiance des bailleurs

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PROJET FAO/FONGS (TCP/SEN/6713)
Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

de fonds internationaux et dans une certaine mesure de


préparer les sénégalais au choc de la dévaluation.

C’est dans ce contexte marqué à la fois par des difficultés mais


également par un début de mise en œuvre de mesures de
redressement qu’est intervenue, en Janvier 1994, la
dévaluation du franc CFA, celle-ci a marqué le point de départ
d’une réflexion approfondie sur les réformes structurelles à
engager.

Ce changement de parité de la monnaie a été immédiatement


suivi de la signature d’un accord de confirmation avec le Fonds
Monétaire International et de l’octroi d’un crédit stand by de
27 milliards de F CFA. L’accord de confirmation a été
transformé en Août en un accord de trois ans au titre de la
facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR), d’un
montant de 130,8 millions de DTS, soit environ 200 millions $.
La Banque Mondiale a octroyé en Mars 1994, un crédit de
relance économique d’un montant de 25 millions $ dont le
décaissement était conditionné à la décision d’évaluer le franc
CFA. Des acquis budgétaires et d’origine multilatérale (Union
Européenne) et bilatérale (notamment la France) y compris les
opérateurs de rééchelonnement de la dette extérieure ont
également appuyé ce programme.

En outre, les bailleurs de fonds réunis en groupe consultatif en


Juillet 1995 à Paris se sont engagés sur un montant de 1,5
milliards $ pour la période 1995/1997, marquant leur intention
de continuer le programme de réformes engagés par le
gouvernement.

Le programme d’ajustement structurel (PAS) 1995/1997


poursuivait trois objectifs : rétablir les équilibres intérieurs et
extérieurs, assainir les finances publiques et promouvoir la
croissance par le biais du secteur privé. Quatre programmes
d’ajustement sectoriel ont également été engagés,
principalement appuyés et pilotés par la Banque Mondiale : le
programme d’ajustement des transports (PAST), le programme
d’ajustement et de compétitivité du secteur privé (PASCO) et
le programme d’ajustement et d’appui au secteur privé
(PASP).

Dans le cadre de la mise en œuvre du PAS, le Sénégal a dans


l’ensemble, fait des progrès notables dans le redressement du
cadre macro-économique, la réduction des déséquilibres

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financiers, la l’établissement de bases plus favorables à une croissance
libéralisation de économique durable.
l’économie et
Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

Les objectifs macro-économiques ont été globalement atteints


et la plupart des repères et des critères ont été respectés.

Sur l’ensemble de la période, la croissance du PIB reste


supérieure au taux de croissance démographique (2,7%).

Après une baisse en 1993, le secteur primaire, qui concourt à


hauteur de 20% de la formation du PIB, a enregistré une forte
croissance en 1994 (11,5%). En 1995, le taux de croissance en
volume du secteur primaire a nettement régressé (0,9%), une
chute principalement liée à la baisse de la plupart des
productions agricoles, à l’exception de l’arachide qui a
enregistré une hausse de 13,6%. L’agriculture a aussi
enregistré une croissance négative de –2,9% en 1995. Mais la
tendance s’est inversée en 1996 et 1997 avec une croissance
respective du secteur primaire de 7,6% et 4% à une reprise de
la production de céréale et de coton.

B- Processus de décentralisation en cours

Historique, objectif et cadre juridique

Les origines de l’expérience sénégalaise de décentralisation


remontent de l’époque coloniale avec les quatre communes de
plein exercice qui constituaient un creuset de formation à la
gestion participative des affaires locales.

Toutefois cette expérience avait très peu d’impact sur le pays


réel parce que concernant uniquement une élite de certaines
communes.

C’est pourquoi le véritable début du processus correspond à la


création de la communauté rurale en 1972. Il s’agissait à partir
de cette période de permettre les populations rurales
constituant la grande majorité de la population de participer à
la gestion des affaires locales.

En 1990 et surtout en 1996, des avancées significatives ont été


faites dans le sens du renforcement du processus :
responsabilisation des présidents de conseil rural en matière de

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gestion, création de la Fonctions, ressources et autonomie des entités
région dotée de décentralisées
personnalité propre
accompagnée de A travers la loi de 1996, une nouvelle entité, la région a été
transfert de compétence. créée qui a pour vocation d’être le cadre de conception du
développement régional, la communauté rurale étant le cadre
Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

d’exécution. Cette loi a été accompagnée d’un transfert de neuf


domaines de compétences judicieusement répartis entre la
région, la commune et la communauté rurale. Une réforme
importante de la fiscalité est en cours pour doter les
collectivités locales des moyens en adéquation avec les
nouvelles missions.

C- La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques


agricoles et de développement rural

La première décennie d’indépendance est marquée par un


interventionnisme systématique de l’Etat en matière
d’encadrement du monde rural. Cette option n’ayant pas
entraîné les résultats escomptés, des réformes d’envergure ont
été engagées à partir de 1984 avec la Nouvelle Politique
Agricole(NPA) ainsi que la mise en œuvre du Programme
d’Ajustement du Secteur Agricole (PASA).

Avec l’évolution du processus de la décentralisation, le monde


rural devient le champ d’intervention de l’administration
centrale et déconcentrée et les collectivités locales
décentralisées. Plusieurs ministères ont vocation à intervenir
dans le monde rural : Ministères en charge de l’Intérieur, de
l’Environnement et de la Protection de la Nature, de
l’Hydraulique, et surtout le Ministère de l’Agriculture.

L’administration territoriale déconcentrée (Gouverneurs,


Préfets, Sous Préfets et Chefs de village) représente l’Etat dans
les régions, départements, arrondissements, et villages.

Quant aux collectivités locales décentralisées, elles sont au


nombre de deux en milieu rural : la communauté rurale qui
constitue la communauté de base et la région. Elles sont dotées

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de la personnalité
morale et de l’autonomie Le PASA vise à conforter le cadre de la décentralisation tout
financière et en donnant une orientation nouvelle aux services d’appui à
s’administrent librement l’agriculture. Sa mise en œuvre est envisagée au travers de
par des conseils élus. plusieurs programmes d’appui dont notamment le Programme
National d’Infrastructures Rurales qui doit s’étendre sur douze
Les services d’appui à ans. L’objectif recherché est l’amélioration et la consolidation
l’agriculture et la du cadre réglementaire et institutionnel de la décentralisation,
décentralisation l’établissement d’un Fonds d’Investissement Rural (FIR) pour
Annexe : République du Sénégal : Données générales sur le pays

le financement complémentaire des infrastructures


communautaires de base essentielles et le désenclavement des
communautés rurales.

A travers ce programme d’ajustement, l’Etat entend par le


truchement du Programme de Services Agricoles et
d’Oganisation de Producteurs aussi réorganiser ses services
agricoles en restructurant les services centraux, régionaux et
locaux du Ministère de l’Agriculture, en réorganisant la
recherche agricole et agro alimentaire et la mise en mettant en
place un nouveau conseil agricole et rural partagé avec les
organisations paysannes et le secteur privé.

Politiques d’accompagnement, contraintes et évaluations


sur le processus de décentralisation

Les politiques d’accompagnement mises en œuvre en appui à


la décentralisation concernent l’appui institutionnel et le
renforcement des capacités au niveau surtout des collectivités
de base que sont les communautés rurales. A cela il faut
ajouter la mise en place d’infrastructures collectives et de
services financiers de proximité.

La principale contrainte notée concerne l’état de profond


dénuement des collectivités locales. Pour y remédier en plus
des divers fonds (FDD et FECL) qu’il urge d’améliorer, une
réforme fiscale d’envergure est en cours en vue d’améliorer le
niveau des ressources. En plus les investissements productifs
sont encouragés et la législation offre l’opportunité de tirer
profit de la coopération décentralisée.

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Manuel 4 Volume 1 : La Décentralisation au Sénégal

Perspectives d’avenir

Trois axes principaux


paraissent décisifs quant
à la mise en place d’une
véritable
décentralisation au
Sénégal :

a) une large information


des populations
accompagnée d’une
formation soutenue des
acteurs de la
décentralisation (élus
locaux et autorités
déconcentrées)

b) une opérationnalité de
cadres de concertation
prévus dans le cadre de
la régionalisation

c) des ressources
conséquentes aux
collectivités locales pour
une prise en charge
parfaite de leurs
nouvelles
responsabilités.

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