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Entrainement à la dissertation 

Sujet 02 : «La démocratie est fragile comme la dictature », disait Bernard Vanhoorden.

I. L’étape de préparation :
1. L’analyse de la citation :
a. Je comprends la citation et je formule le problème :
i. je comprends les mots du sujet :
- La démocratie : le nom ici est déterminé par l’article défini : un nom défini : la citation parle de la démocratie comme
notion, comme concept et non pas comme fait (une démocratie). --> la citation parlera la démocratie de façon plus
théorique que pratique.
- est fragile : fragile : qui est faible par sa nature, sa composition ; qui peut s’altérer, se briser, se détruire vu sa nature, sa
composition, sa constitution fragile.
- est fragile comme la dictature : cette comparaison est équivoque : elle peut avoir deux significations. 1. La démocratie a
une nature fragile comme la nature fragile de la dictature; 2. La démocratie est fragile (par nature) ; alors, elle est comme
la dictature: un régime imparfait, injuste, dictatorial. La première signification est fausse parce qu’elle n’est pas logique. Il
faut opter pour la deuxième signification.
C’est vrai que la fragilité qualifie une faiblesse par nature, mais la démocratie peut aussi être fragile par situation, par
état.

--> Bilan de l’analyse et reformulation de la citation:


La citation est construite sur une comparaison. C’est une comparaison surprenante et équivoque. La citation semble
mener une réflexion théorique, philosophique sur la démocratie. La comparaison rapproche (cf. ‘’comme’’) la démocratie
à la dictature sur un point de ressemblance: la fragilité --> par certains aspects fragiles de sa nature (cf. signification
lexicale de l’adjectif ‘’fragile’’: faible de par sa nature) et de son état, la démocratie ressemble à la dictature. --> La
démocratie est fragile (nature et état) ; alors, elle est comme la dictature: un régime imparfait, injuste, dictatorial. Je dois
chercher les aspects fragiles de la nature et de l’état de la démocratie.

ii. Je mets en doute le sujet :


- Certes, la démocratie a des aspects fragiles, mais elle n’est pas si fragile comme la dictature ;
- Certes, la démocratie a des aspects fragiles, mais elle n’est pas comme la dictature (sa fragilité est différente) ;
- Certes, la démocratie a des aspects fragiles, mais la réalité montre qu’elle a aussi des aspects de solidité, de
force.

iii. Je formule la problématique :


- Dans quelle mesure la démocratie est-elle fragile comme la dictature ?
- A quel point la démocratie est-elle fragile ?
- Pourquoi la démocratie est-elle fragile ?
- Comment la démocratie peut-elle être fragile ? (Problématiques fausses)
- Est-ce que la démocratie est fragile ? --> La démocratie est-elle fragile ? --> La démocratie est-elle vraiment
fragile ?

2. J’élabore le plan :
a. Les idées principales :
I. La thèse : c’est vrai, la démocratie est fragile.
II. L’antithèse : Mais, la démocratie a des aspects de solidité, de force.
III. Le dépassement : En vérité, pour être parfaite, la démocratie doit soigner sa fragilité /sa faiblesse, ses aspects
fragiles.
b. Les idées secondaires :
I. C’est vrai, la démocratie est fragile.
1. La démocratie est fragile par nature.
2. La démocratie peut être fragile par état (parce qu’elle peut passer par un moment de fragilité/de faiblesse).
3. La démocratie peut être fragilisée par les dangers qui la menacent.
II. Mais, la démocratie a des aspects de solidité, de force.
1. La démocratie est une souveraineté nationale.
2. La démocratie n’est pas seulement un régime libéral, mais une pensée libérale.
3. La démocratie est humaine*/humaniste*.
III. En vérité, pour être parfaite, la démocratie doit soigner sa fragilité (sa faiblesse, ses aspects fragiles).
1. Soigner sa fragilité naturelle/ consubstantielle.
2. Soigner sa vulnérabilité (devant les dangers).
3. Perfectionner/parfaire ses qualités ; s’assagir.
c. Les arguments :
I. C’est vrai, la démocratie est fragile :
1. La démocratie est fragile par nature :
- Argument 01: La démocratie est, par définition, sélective : Bon nombre d’auteurs, de philosophes et de juristes
opposent le gouvernement représentatif à la démocratie + Rousseau soutient radicalement que la démocratie ne
peut ni être représentée ni aliénée. (E. de G. I, Texte 01: Anne-Marie Le Pourhiet, ‘’Définir la démocratie’’, Revue
française de droit constitutionnel 2011).
- Argument 02 : Abandonnée à elle-même, loin de toute éducation de la part des gouvernants et des classes
influentes,
la démocratie aujourd’hui en est devenue sauvage. (E. de G. II, Texte 02: Alexis de Tocqueville, De la démocratie en
Amérique, (L’introduction), 1835).

2. La démocratie peut être fragile par état (parce qu’elle peut passer par un moment de fragilité/de faiblesse :
- Argument 01: Auparavant, la majorité des citoyens, principalement les femmes, n’avaient même pas droit de vote.
... Le Parlement, institution fondatrice de la démocratie moderne, était lui-même un pouvoir oligarchique détenant
le monopole de l’expression démocratique et refusant d’inviter les citoyens à l’accompagner dans l’exercice de ses
responsabilités. (Résumé de texte, Texte 02: J.-P. Charbonneau, ‘’De la démocratie sans le peuple à la démocratie
avec le peuple’’, Ethique publique, 2005).
- Argument 02: La démocratie a généré, à travers le temps, une idéologie démocratique qui, aujourd’hui, la menace
même. (E. de G. II, Texte 03: André Comte-Sponville, Le Goût de vivre et cent autres propos, Albin Michel, 2010).

3. La démocratie peut être fragilisée par les dangers qui la menacent :


- Argument 01: Le danger du totalitarisme. (E. de G. II, Texte 03: André Comte-Sponville, Le Goût de vivre et cent
autres
propos, Albin Michel, 2010).
- Argument 02: Le danger du nihilisme. (E. de G. II, Texte 03: André Comte-Sponville, Le Goût de vivre et cent autres
propos, Albin Michel, 2010).

II. Mais, la démocratie a des aspects de solidité, de force :


1. La démocratie est une souveraineté nationale :
- Argument 01: La démocratie signifie, de par son étymologie même, le gouvernement de tous, du peuple, par
opposition à l’aristocratie et la monocratie. (E. de G. I, Texte 01: Anne-Marie Le Pourhiet, ‘’Définir la démocratie’’,
Revue française de droit constitutionnel 2011). + Cette signification de la démocratie (de ‘’gouvernement du
peuple’’),
ainsi que son rapport antinomique à la monocratie et à l’aristocratie, sont perpétués par nombre de penseurs
(Thucydide, Jean-Jacques Rousseau, Montesquieu) et Constitutions européennes. (Ibid.)
- Argument 02: De là, Sieyès établit sa théorie de la ‘’souveraineté nationale’’. (Ibid.)

2. La démocratie n’est pas seulement un régime libéral, mais une pensée libérale :
- Argument 01: Le gouvernement démocratique fonde sa réussite sur la liberté de discussion qui permet l’accord.
(E.
de G. II, Texte 01: Friedrich A. Hayek, La Route de la servitude, 1946).
- Argument 02: Ce libéralisme favorise la démocratie, à la différence du collectivisme qui la détruit. (Ibid.) + Le
démocratie fonde son régime sur la liberté (la liberté de discussion, le libéralisme, le capitalisme, la libre propriété
(l’I.G.) (Ibid.).

3. La démocratie est humaine :


- Argument 01: La généralisation de la pratique démocratique (apparition des classes populaires, suffrage universel,
partis de masse) au XXe adoucira et fera disparaitre l’opposition entre le gouvernement représentatif et la
démocratie.
(E. de G. I, Texte 01: Anne-Marie Le Pourhiet, ‘’Définir la démocratie’’, Revue française de droit
constitutionnel 2011).
- Argument 02: En démocratie, on ne peut souffrir de décisions et de décrets absurdes étant donné que, d’une part,
la majorité est sage et ne peut alors s’y accorder, et que d’autre part, la démocratie a pour fin d’assagir les citoyens
en les soustrayant à leurs désirs et en les rapprochant de la raison. (E. de G. I, Texte 03: Spinoza, Traité théologico-
politique, 1670, chapitre XVI) + Ainsi, la démocratie fait des citoyens des personnes libres et non pas des esclaves,
puisque le vrai esclave est celui qui est prisonnier de ses caprices. (Ibid.)

III. En vérité, pour être parfaite, la démocratie doit soigner sa fragilité (sa faiblesse, ses aspects fragiles).
1. Soigner sa fragilité consubstantielle :
- Argument 01: Cette évolution aboutit aujourd’hui à instituer le gouvernement représentatif comme expression et
incarnation de la souveraineté de tous, c’est-à-dire de la démocratie. Ce rapport de représentation est reconnu
aujourd’hui par les différents Etats européens et américains. (E. de G. I, Texte 01: Anne-Marie Le Pourhiet, ‘’Définir
la démocratie’’, Revue française de droit constitutionnel, 2011). + La décision de  la Cour constitutionnelle de
Karlsruhe (2009) : le droit de vote établit un droit à une autodétermination démocratique libre et égale qui fait que
la volonté majoritaire (du peuple) est exprimée par la représentation. (Ibid.)
- Argument 02: Pour lui (Bentham), la solution aux abus du gouvernement réside dans la Responsabilité : la
correspondance entre l’intérêt personnel et l’intérêt de la communauté. Cette identité ne peut être incarnée que
par
la majorité. Le système de la représentation est alors tout à fait légitime. (E. de G. I, Texte 02: John Stuart Mill, Essai
sur Bentham, 1838.).

2. Soigner sa vulnérabilité (devant les dangers) :


- Argument 01: La première priorité des gouvernants et des représentants, aujourd’hui, est d’instruire la démocratie :
soigner ses croyances, ses mœurs, ses actions (mouvements), son inexpérience et ses aveugles instincts (par la
science)
et son gouvernement pour l’adapter aux temps et aux lieux. (E. de G. II, Texte 02: Alexis de Tocqueville, De la
démocratie en Amérique, (L’introduction), 1835).
- Argument 02: La démocratie a généré, à travers le temps, une idéologie démocratique qui, aujourd’hui, la menace
même : il faut alors la protéger de toute idéologie. (E. de G. II, Texte 03: André Comte-Sponville, Le Goût de vivre et
cent autres propos, Albin Michel, 2010).

3. Perfectionner ses qualités :


- Argument 01: Cette façon de voir a été remise en question dans la foulée de la démocratisation de l’instruction, de
l’accès au savoir et de l’entrée en scène des médias de masse. Il a fallu l’émergence d’une véritable opinion
publique
pour que les représentants du peuple et les dirigeants « élus » lèvent progressivement les restrictions au droit de
vote et à la création d’associations citoyennes, puis qu’ils comprennent qu’il leur était désormais indispensable non
seulement de prendre le pouls de la population, mais également de négocier leurs interventions avec elle, sinon de
partager le pouvoir avec elle. De la « démocratie sans le peuple », on a cherché à passer à la « démocratie avec le
peuple » pour donner naissance à la participation publique, processus par lequel ceux qui ont la mission de décider
et d’édicter les règles sociales invitent les citoyens concernés à s’exprimer et à commenter les choix envisagés.
(Résumé de texte, Texte 02: J.-P. Charbonneau, ‘’De la démocratie sans le peuple à la démocratie avec le peuple’’,
Ethique publique, 2005).
- Argument 02: En effet, si tout se vote, le suffrage n’est plus possible puisque le vote se fonde sur des principes
indéniables (le vrai, le juste, le bon, etc.). + C’est la démocratie qui dépend de la majorité (l’arithmétique, le
numérique) et non pas l’inverse. + La démocratie ne saurait certifier la vérité (y compris l’évidence) vu que c’est la
vérité qui l’englobe et la certifie.+ La démocratie ne pourrait voter sur le bien et le mal étant donné que la
démocratie
est morale. + Si elle voterait sur les valeurs, la démocratie se ruinerait elle-même car elle contestera les valeurs
humaines qui la fondent. + Si la démocratie mettait tout au vote, elle serait nihilisme puisqu’elle niera tout. + C’est la
reconnaissance des valeurs et des principes qui font prévaloir la démocratie sur les autres régimes. + La démocratie
doit reconnaitre son incomplétude, sinon elle serait sophistique et nihilisme. (E. de G. II, Texte 03: André Comte-
Sponville, Le Goût de vivre et cent autres propos, Albin Michel, 2010). La démocratie est consciente, mais il faut
l’instruire, la conscientiser davantage.

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