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MON FILM

Film METRO-GOLDWYN.MAYER
AVIS IMPORTANT
Cette rubrique est ouverte
à nos lecteurs aux conditions
suivantes t
1° Chaque lettre ne doit
contenir que trois questions (et
non trois séries de questions). yo séquence : Gar Même (1'..néri. FRANCIS. — Pour les chan- Une Belle Garce, La Chartreuse de
2° Toutes les réponses seront cain), Maria Michi (la jeune ts de Nottairons d Paris, Phi- Panne, Une Flic, La Carcasse et
publiées ci-dessous, au pseu- Romaine) ; y et fre séquences : lippe Lemaire est doublé par Lu- le Tord-Cou.
donyme (court) choisi, Nous jouées par des interprètes non jeunesse et Françoise Ar-
professionnels. -- Distribution noul par Claire Monis. J'ai donné UN CŒUR IMPATIENT.
ne pouvons répondre directe- C'est Robert Webb que vous avez
du film amérimin Le Cavalier do la distribution du film In. .5,
ment par lettre. Kansas, réalisé en 0943: Richard remarqué dans un rôle d'artiste de
P 9.
3° Vu l'abondance des de. Dix (John Bronwell), Jane Wyatt cirque dans Le Retour de l'Étalon
mandes, le délai de parution CHARLOTTE DUPUIS, LYON. rouge, pnis dans un petit rôle de
(Eleanor) et Albert Dekker (le
— Tino Rossi est très occupé par marin de hvolima.
des réponses est actuellement banquier Steve Barat).
des tournées h l'étranger et en
de trois mois environ. LOULOU ASSENON. — Dis- France, qui ne sont pas de mon FRANCIS BLARD. — Et le
4. Nous ne publions pas tribution de J'ai dix-sept ans ressort. Sa carrière au music-hall pseudro f — Esther Williams, qui
d'adresses. Ceux de nos lec- donnée, né x95, p. 8. — Derniers ne me coneerue pas davantage. porte son vrai nom de jeune fille,
teurs qui désirent écrire aux films de Louise Carletti : Le Village Il tournera h nouveau, je suppose. est mariée au chanteur américain
de la colére, L'Homme traqué, Mais ses projets cinérnatogra- Ben Gage qui est son deuxième
artistes (cinéma seulement)
Fausse identité, La Renégate, phiqum ne sont pas précisés pour mari. Ils ont deux enfants, l'un
peuvent nous envoyer leurs né en février 1947, l'autre en sep-
L'Assassin est d l'Amie, Le Petit le moment.
lettres en inscrivant sim- tembre 1949. Esther Williams a
Chaperon rouge, — De Giselle
plement sur l'enveloppe le MATHURIN POPBYE. — Si- maintenant trente ans et demi.
Pascal : Après l'amour, Made-
nom de l'artiste (affranchir mone Renant (Georgette Buigny) Elle vit et tourne à Hollywood.
moiselle s'amuse, La Femme nue,
à 15 francs pour les artistes est née h Amiens le ru mars 191o. Oui, elle est championne <le nata-
La Petite chocolatière, Véronique,
Divorcée du metteur en scène tion des U. S. A. On l'a vue
résidant en France et à Bel amour.
Christian-Jaque, non remariée, l'écran dans : Le Bal des Sirènes,
25 francs pour l'étranger). pas d'enfants. Cheveux blonds,
CAFÉ CRBIAE. — Je n'ai pas Ziegfeld fouies, Ève éternelle, Fris-
Cette lettre affranchie, des- la date de naissance de Michel de yeux bleus, 0°,66. Principaux son d'amour, Soient. Toréador,
tinée à l'artiste, doit nous Bonnay, qui ne tourne plus. — films Romance d trois, On ne Dans une lie av. vous. — Oui,
être envoyée sous une autre Aucun renseignement sur le petit roule pas Antoinette, Elles étaient Ethel Smith, qui parut dans Le
enveloppe à notre ad Ivan Jandl, qui est de nationalité douze femmes, Les Perles de la Bal des Sirènes, joue de l'orgue <te
affranchie à 15 francs. Nous tchèque et n'a pas reparu à l'écran couronne, Domino, Mam'selle Bo- cinéma.
depuis Leu Anges marqués. — naparte, Voyage sans espoir, L' É-
transmettons aussitôt (lettres L'INCONNU. -- Je n'ai Pas la
C'est Jacques Delvigne qui double cote des journalistes, Escale, La
exclusivement). distribution d'Une Femme jalouse,
John Sheffield pour le dialogue Folle Nuit, L'.4itge du Foyer,
(Nous ne pouvons accepter filon M.-G.-M. d'avant guerre,
français dans Tarzan ei la chasse- Les Pirates do Rail, L'Ange qu'on
que les timbres français et les avec Franchet Tone ; ni celle de
resse et Tarzan et la anone- m'a donné, La Tentation de Bar-
Capitaine Vif-Argent, avec Buster
coupons-répons e i eee r n • - léopard. bizon, Monsieur chasse, Le Mys-
Crabbe. Toits mes regrets. —
tionaux.) térieux M. Sylvain, Quai des
CURIEUSE AJACCIENNE. — Orlévres, Après l' A moue, Le
Nous avons publié, avec Victor
Il est possible que Gérard Philipe Mature Shang. (na osa) et Le
Bal Cwpielt., Pas de pitié pour
CŒUR TRISTE. — L'artiste ait fait un voyage én Corse è la les Femmes et L'Homme de Joie.
Carrefour de la Mort (n° 133). —
que vous nommez est une excel- fin de l'année dernière et que vous Distribution du Mystère de la
— Le regretté Lucien Coèdel, né
lente comédienne et votre admi- l'ayez rencontré à Ajaccio les Péniche (Le Roi des Reporters)
le 3o malt 5899 h Paris, d'une
ration ne m'étonne pas. Ce qui 3o et 35 décembre. Je ne puis être 1939) : Jour Bennett (Hilda),
famille d'origine bretonne, trouva
m'étonne, c'est que vous ayez u courantde touslmdéplacements John Finbbard (Robert), Adolphe
la mort le a8 septembre 1947 en
d es artistes...
tombant accidentellement <l'un
JACOU DB BRETAGNE. — train de nuit. Il rentrait à Paris
Lilian Harvey ne tourne plus après avoir tourné les extérieurs
depuis plusieurs années. Elle ré- du filin LA Carcasse et le Tord-
side en Autriche où, aux dernières Cou. Ses principaux films : Le
nouvelles, elle fait des tournées Journal tombe d cinq heur., Les
théàtralm (opérettes, Inconnus dam la Maison, Nord-
Ses derniers filons forent : Mi- Atlantique, Opéra-Musette (petits
quelle sg4o) et rôles), Les Mystères de Paris,
Sérénade, avec Louis Jouvet et Voyage sans espoir, Carmen,
Bernard Lancret. Elle est mariée, L'Idiot, Roger-la-Honte, La Re-
depuis 1938, au metteur en scène :anche de Roger-la-Honte, Sorti-
allemand Paul Martin (réalisateur lèges, Peloton d'exécution, La
de Roses noires). Rouie du Bagne, Contre-empale,

Georges MARCHAL
MON FILM Françoise ARNOUL
dans TOUS LES MERCREDIS, 5, boul. don Italiens, PARIS (2.). dans
Lee derniers loure de Pompéi. Rédacteur se chef o Pierre HENRY. L'épave.
(Photo Univenalla.) Abonnements, France et Colonies • (Photo Sport-Film.)

1 an 500 fr. 6 mois 260 fr.


tant tardé h la découvrir (elle a Venjort (Maxwell), William Gar-
bien tourné une trentaine de Cerell eltemst cotan e Petit 5492.99. gan,sPeggy Wood, Donald Meek
films I). — Joseph Cotton appas, Nous tenons à prévenir nos nouveaux abonnés qu'un délai de deux)semaines est et V ctor Mature, alors h sm dé-
tient à la firme Sehnick. — Gre- indispensable pour l'établissement de leur abonnement. Pour tout changement buts, dans un rôle de gangster.
gory Peck à la méme firme. Mais d'adresse, nos abonnés sont priés de joindre la dernière bande d'envoi du journal
accompagnée de trente francs en timbres pour établissement du nouveau cliché et JIM O. K. 81-13. — Énuméra-
tom deux sont prêtés, ou plutôt : tions beaMoup trop longues pour
loués, à d'autres firmes d'Hol- frais divers.
figurer entièrement ici. — Der-
lywood. — Walter Pidgeon est à A NOS ABONNÉS (c'est-à-dire l'avant-dernier). Mers films d'Errol Flynn • San
la Metro-Goldwyn-Mayer depuis L'augmentation des tarifs postaux és trouveront une formule de versement Antonio, Le Cri du Loup, La
de longues années. ne nous permet pas d'aviser perme. à notre compte courant postal. Mais nous
leur recommandons vivement de ne pas Piste de Santa-Fr, Gentleman Jim,
5611. D., R. 1115.-- Distribu- nettement nos abonnés de la fin de leui attendre l'avisée de ce numéro pour Ne dites jamais adieu, La Rivière
service. procéder ê leur réabonnement. Une nou- d'Argent, Sabotage d Berlin,
tion de Sous le soleil de Rome Nous prions donc non abonnés de
donnée re 23o, p. 2. — Dam Les velle mise en service demande. en effet. Saboteur ans Gloire, Du Sang
noter que l'avant.dernier numéro de leur un délai de deux mmaines ; ainsi. une
Robinsons de let tuer, film italien service leur sera dorénavant envoyé sous sur la Neige, Des Pas dans la Nuit,
regrettable interruption pourrait donc
de 0938, les principaux rôles bande blanche portant en rouge la sus- se produire. Les Aventura de Don Juan, Mon-
étaient tenus phi de jeunes gar- cription t Pour savoir quand expire un abonna tana, La Dynastie des Forsyte, La
çons qui n'ont plus tourné par la • Votre abonnement se termine ou ment, il suffit de regarder la bande Taverne de New-Orleans. — De
suite et qui sont devenus des prochain narnéro. habituelle d'expédition. Elle porte. par Tyrone Power Armes rebelles,
hommes, depuis treize ans!... — Le dernier numéro leur parviendra exemple, 42380, 30-12-50. Le Cygne noir, Le Fil du Rasoir,
Distribution de Paso, film italien sous bande verte portant en rouge la Ce qui 3ifilifie que le service prend fin Capitaine de Castille, J ohntey
suscription le 30 décembre 1950. Apollo, Le Charlatan, Scandale ea
de 0946: 50e séquence Carine% Nous vous prions de porter les Mdi-
Sazio (la Silicienne), Entiers Van Ce nom/ro termine votre cations oncernant au verso du Première page, Échec d Borgia,
Laon (l'Amérimin) • 2. séquence abonnement. Ixion du mandat de réabonnement. La Rose noire. — De Gary Coo-
John Kitzmiller (le nègre améri. Daru le numéro sous bande blanche Nous vous en remercions à l'avance.
min), Alfonsino (le petit voleur) ; (sotte pape S.)

2
voiture de police rôdait par les rues désertes, à l'aperçut et mit aussitôt le client à la porte d'une façon plus ou

U
NE
cette heure nocturne, de la banlieue de Chicago. ,Dix moins aimable. Dès que le gêneur fut parti, il se précipita vers
Handley la sentit venir derrière lui; il eut à peine le le nouveau venu.
temps de se jeter sous une arcade. — Alors, vieux frère, ils t'ont relâché ?
La voiture passa lentement à quelques mètres. Il — Comme tu vois... Mais j'ai eu chaud. Un peu de plus,
entendit la radio transmettant des messages : j'étais « fait o.
« ... Attention, alerte!... Vol à main armée, Hôtel de Paris, — Raconte...
Camden square... L'homme est armé. Il est grand, blond, et — Ils sont pas fous, tu penses; ils se sont tout de suite douté
porte un chapeau mou... s que le coup de l'Hôtel de Paris, la nuit dernière, c'était moi.
La voiture tourna dans une rue de traverse et disparut. Une chance que j'aie eu le temps de te refiler mon « feu »
Dix attendit un moment, puis il jeta un coup d'œil à gauche, avant de me faire « piquer »; s'ils l'avaient trouvé sur moi, tu
à droite, redressa son chapeau — un chapeau mou sale et vois le tableau! Au commissariat, ils m'ont mis nez à nez
informe —et repartit, les mains dans les poches. Ilétait grand, avec le gars de l'hôtel, mais il a eu la frousse, ou bien il avait
blond; sa silhouette se balançait lourdement le long de la rue pas les yeux en face des trous... Toujours est-il qu'il m'a pas
déserte. reconnu, et les flics ont bien été forcés de me laisser partir.
Gus désapprouvait Dix et, comme il aimait bien ce grand
garçon brutal, mais sympathique, il ne lui cachait pas ses
Gus avait déposé une soucoupe de lait sur le comptoir et il opinions. Il haussa légèrement les épaules et recommença,
caressait doucement le chat qui buvait à petites lampées. sans un mot, à flatter le chat qui finissait son lait. Dix sentit
— Les chats prennent cette désapprobation et
la vie du bon côté, fit-il se tut, parce qu'il sa-
comme pour lui-même. vait bien qu'il avait tort.
Ils ne se cassent pas la — J'imagine que tu
tête : la nuit, ils se ba- viens chercher ton jou-
ladent; le jour, ils dor- QUAND LA VILLE DORT jou, reprit Gus. Fâche-
ment ou regardent tra- (Aaphalt jungle) toi, tape-moi dessus si tu
vailler les autres. Réalisation de John HUSTON. veux, mais je ne te le
Scénario de Ben MADDOW et loto HUSTON,
Un dernier client, d'après un roman de W. R. BURNETT. rendrai pas. Tu finirais
attardé dans le bar, se INTERPRÉTATION par faire des bêtises.
passionnait pour un ma- Dix liandley Sterling HAYDEN. Crois-moi, vieux frère,
Alonso D. Enunench Louis CALHERN.
gazine où des pin-up, Dol Comm. >aile HAGEN. va faire un tour à la cam-
en déshabillé suggestif, Gus Minissi James wHrrstoxs. pagne, ça te fera du bien.
exhibaient leurs jambes. D• Edwin Runlensclutmder Sam JAPPE. Les flics sont sur les
Commissaire Hardy John MAC DITYRE.
Gus, à ses heures, était Cobby Marc LAWRENCE. dents, la surveillance va
aussi marchand de jour- Lieutenant Ditrich Barry EELLEY. être renforcée.
Louis Ciavelli Anthony CARUSO.
naux. Maria CiaveRi T eresa CELLI.
— Je ne peux pas m'en
— Vous l'achetez ? Angela Phinlay Marilyn MONROE. aller, fit Dix en se re-
— Pensez-vous, pour May Ernmerich Dorothy TREE. dressant d'un seul coup.
quoi faire ? J'ai vu tout Production METRO-GOLDWYN-MATER d'Arthur HORNBLOW junior. Je dois deux mille trois
«Cuit de Claude SYLVANE.
ce qui m'intéressait. cents dollars à Cobby. Il
A ce moment, Dix faut que je les lui rende,
entra dans le bar. Gus je peux pas supporter de
3

devoir du fric à une grande gueule comme lui, ça me rend dans les rues, au risque de se faire arrêter encore une fois,
malade. faisant des projets d'avenir.
— Ça va, j'ai compris. J'ai un billet de mille ici... Si tu le Il n'avait pas sommeil. Il prit un journal, s'assit lourdement
veux... Et je peux essayer de te trouver le reste pour demain. et essaya de lire. Mais son esprit était ailleurs, très loin, dans
Me devoir de l'argent à moi, ça ne te gênera pas, non? Allez, une ferme du Kentucky. A ce moment, il entendit un pas
rentre chez toi; et ne parade pas trop sur les boulevards, y a dans l'escalier et l'histoire de Doll lui revint en tête :
des « poulets » partout. « Ce doit être elle, pensa-t-il; elle ne sait pas où aller dor-
Dix était déjà à la porte quand Gus le rappela : mir et elle rapplique. s
— A propos, j'ai oublié de te dire : ils ont encore fait une Doll aimait Dix. Elle était douce, belle. Gentille et simple
descente dans une boite, le Club Royal ; c'est pas là que Doll aussi, pas coquette ni aguichante comme les autres. Cette
travaillait ? simplicité et cette gentillesse plaisaient à Dix, mais il ne s'était
Mais Dix n'écoutait pas. Que lui importait Dol'? Il alluma jamais intéressé aux femmes, à Doll pas plus qu'aux autres.
une cigarette et sortit dans la nuit. « Encore une journée de Cette arrivée le dérangeait, il reçut la jeune fille sans
fichue », pensa-t-il. Cette pensée n'était pas amère, c'était empressement :
simplement une constatation. — Entre... Et ferme ta porte.
« Je n'aurais pas dû aller voir Cobby cet après-midi, Elle le regarda avec des yeux inquiets et rit nerveusement.
quand les flics m'ont relâché, se dit-il encore. Je ne devrais Comme il se taisait, elle fut prise de panique. Pour se donner
plus y retourner. Jamais. » une contenance, elle expliqua très vite :
Il se promettait cela plusieurs fois par jour ; mais ses résolu- — Je m'excuse de te déranger à cette heure tardive, mais
tions ne tenaient pas plus de quelques heures, et encore! ils ont fait une descente au Club... Et juste le jour de la paye.
Alors, tu comprends...
e•• Dix se taisait toujours. Elle crut qu'il ne voulait pas d'elle.
Sa main trembla, tandis qu'elle cherchait une cigarette dans
Cobby était un type assez lâche et Dix le méprisait beaucoup son sac.
à cause de cela. Il tenait une boite plutôt minable et très mal — Je suis folle, Dix, je ne sais pas à quoi je pensais. Venir
fréquentée où l'on engageait des paris pour les courses. Ces ainsi, en pleine nuit! Sois tranquille, je repars tout de suite.
paris étaient surtout prétextes à de multiples trafics que la Il la regardait sans indulgence aucune. Alors, à bout de
police n'ignorait pas, mais sur lesquels elle fermait les yeux, nerfs, elle se laissa tomber dans un fauteuil et sanglota. Il eut
se contentant de faire une descente de temps à autre. Dix avait pitié d'elle :
beau ne pas aimer Cobby ni ses habitués, il ne pouvait s'em- — Pleure pas, va ; c'est pas la peine de te frapper pour si
pêcher, chaque jour, de venir parier. Évidemment il perdait, peu. Tu veux un verre ?
mais cela ne l'empêchait pas de revenir le jour suivant, c'était Elle accepta avec un pauvre sourire qui illumina son
plus fort que lui. Il avait pour les chevaux une passion bizarre visage barbouillé de rimmel. Puis elle avala son whisky d'un
qui datait de sa petite enfance, du temps où il était un gamin seul coup, comme on avale un médicament.
heureux jouant avec les poulains dans la grande ferme de son — Allons, dit-il enfin, reste ici quelques jours si ça t'arrange.
père. Mais ne sois pas trop sentimentale.
« Je n'aurais pas dù aller voir Cobby, se répéta-t-il; ce Et il ajouta en riant :
salaud vous humilie, et sans le faire exprès, encore! » — Attention, tu perds tes cils I_ Dix évoquait pour
Dix, en effet, avait été reçu de façon peu chaleureuse. Doll hésita avant de se mettre à Doll son enfance
Cobby voulait ses dollars et ne s'était pas gêné pour les récla- rire, elle aussi, de bon cœur. au Kentucky.
mer. Dix prenait facilement la mouche ; il avait
crié très fort qu'il aurait l'argent le lendemain et
était parti en claquant la porte.
« Ça vaut mieux comme ça o, conclut-il. Et il
pensa à autre chose. A son père, à la ferme de
son enfance...
C'était une ferme blanche, au milieu des pom-
miers. Il y avait vécu longtemps, d'une vie calme
et sans histoire. Cette époque de sa vie, il s'en
souvenait avec une émotion intense, émotion qui
paraissait inexplicable chez cet homme dur et
blasé, et qu'il ne manifestait d'ailleurs que lors-
qu'il était seul. Pour tous les trésors du monde,
il n'aurait livré ce passé. Il conservait ce souve-
nir intact et pur dans le silence de sa mémoire,
jalousement, comme un secret...
« Un jour, j'aurai du fric, se redisait-il inlas-
sablement. La chance finira bien par tourner, je
serai riche... Et ce jour-là, je partirai, sans dire
au revoir à. personne. Je retournerai là-bas... Je
rachèterai notre ferme... Et je recommencerai,
comme avant. »
Lorsqu'il songeait ainsi à cet avenir illusoire,
ses yeux avaient le même éclat que ceux desgosses
qui disent : « Quand
je serai grand... s
Dix Handley reçut DollI Il arriva chez lui
presque durement. trèstard,ilavaitflâne

Un quart d'heure après, silencieuse, elle allait, venait, se


démaquillait... Dix, également silencieux, la regardait faire.
« C'est une chic fille », pensa-t-il. Mais pourquoi s'achar-
nait-elle à l'aimer lui plutôt qu'un autre. Lui, un type quel-
conque, pas très réduisant, traqué par la police, et qui
volait pour vivre. Et tout d'un coup il l'imagina a chez lui o,
dans cette ferme dont le souvenir l'obsédait, dont la recon-
quête était sa raison de vivre.
Jamais il n'avait imaginé une femme là-bas. Jamais
même l'idée ne l'avait effleuré qu'une femme partagerait
la vie rude et saine qu'il rêvait de mener. Et, malgré lui,
cette image de Doll s'imposait à son esprit. A ce moment, elle
se retourna vers lui et leurs yeux se rencontrèrent. Il ne put
supporter ce regard et se leva pour aller ouvrir la fenêtre.
Dehors il pleuvait, une pluie courte et brutale d'avril.
L'asphalte ruisselant reflétait les feux rouges des carrefours.
Il reçut la brise en pleine figure et cette fraicheur lui rappela
celle des matins bleus de son enfance. Encore une fois il eut
la vision de Doll, souriante, noyée dans ce bleu.
Mais en même temps il pensa à Maria Ciavelli et le sens de
la réalité lui revint. « Je ne veux pas faire de Doll une autre Hardy le rappela
Maria. Elle vaut mieux que ça; elle mérite une vie heureuse, — Et Riedenschneider ? Parlons un peu de lui, s'il vous
honnête, une vie normale. Et pour l'instant je ne pourrais plaît! On est-il, le savez-vous ?
lui offrir qu'une vie de femme d'assassin. Plus tard, peut- Ditrich baissa la tète comme un écolier pris en faute et désira
être... » rentrer sous terre.
Il se retourna et contempla Doll qui venait de se cou- — Ainsi, mon cher, vous êtes soi-disant policier et vous
cher. laissez courir un des hommes les plus dangereux qui existent...
— Bonne nuit, chéri, fit-elle, timide. C'est invraisemblable! Vous devez bien vous douter pourtant
Il lui sourit. qu'étant sorti de prison il y a quelques jours son premier
— Bonne nuit, chérie, répondit-il simplement. travail va être de reprendre contact avec d'autres hommes tout
aussi dangereux que lui I.,. Vous méritez la croix des imbé-
«*. ciles !
L'attitude lamentable de Ditrich était si drôle que le com-
Louis Ciavelli fut réveillé très tôt le lendemain par le télé- missaire Hardy ne put s'empêcher de rire.
phone qui carillonnait. Il décrocha, encore presque endormi : — Je veux vous donner une dernière chance, reprit-il
— Allô... C'est toi, Gus ?... Treize cents dollars pour Dix sur un ton plus amical. Allez... Et retrouvez-moi Riedenschnei-
Handley? Mais tu es complètement fou! Je me fiche de Dix der dans les vingt-quatre heures,
Handley, c'est une sombre brute, il peut bien crever... Inutile
de me menacer, Gus, tu sais bien que je n'ai pas ces treize • *.
cents dollars... Tu es ignoble de me parler ainsi!
Ciavelli, indigné, raccrocha et se retourna vers la chambre. Dix dormait encore; ce fut Doll qui répondit au téléphone.
Sa femme Maria et son gosse dormaient encore. Il les regarda — Allô... Bonjour, Gus... Oui, je lui ferai la commission
un long moment, douloureusement. « Pauvre Maria! » sou- dès ou'il se réveillera.
pira-t-il. Jamais peut-être il ne désira aussi intensément Dix se retourna dans son lit et grogna
donner une vie autre à celle qu'il aimait. « Si seulement je — Qu'est-ce que c'est ?
trouvais un travail quelconque.. » Il pensait cela plus de cent — C'est Gus. Il te fait dire qu'il a quelque chose pour toi;
fois par jour. Mais les jours passaient... Et il continuait son tu peux y aller quand tu voudras... Du café, chéri ?
triste métier de gangster spécialisé, Et Maria continuait de Elle prépara les tasses.
mourir de peur, changeant sans cesse de domicile, élevant tant — Dis donc, Dix, tu en fais de beaux rêves. Tu as parlé
bien que mal un gosse heureusement trop jeune pour se toute la nuit, tu sais. Je n'y dl pas compris grand'chose
rendre compte de la situation, suivant son mari qui ne vou- d'ailleurs. Je me rappelle juste un mot que tu as répété
lait pas désespérer. plusieurs fois : « Corn-Cracker ». Qu'est-ce que ça voulait
Ciavelli brusquement se décida il composa un numéro dire ?
— Allô... Gus?... C'est d'accord, tu les auras, tes treize Il rêva un instant :
cents dollars... — a Corn-Cracker »... C'était un poulain, un grand pou-
lain noir. Je me rappelle mon rêve, maintenant : j'étais monté
— II faut que nous ayons • *. dessus, mon père et mon grand-père me regardaient; le pou-
l'argent avant d'engager lain sautait, ruait, mais je tenais bon; et mon père disait :
les hommes, Cobby, —Trente-neuf vols, trente-trois « C'est un vrai Handley... »
précisa Riedenschneider. cambriolages, sept agressions et Elle l'écoutait en souriant, heureuse de l'entendre parler de
lui-même.
— C'est une histoire qui t'est réellement arrivée, quand tu
étais gosse ?
Il éclata de rire.
— Non, pas exactement. Le pou-
lain m'a jeté à terre et mon père -I: entendit Cobby
D
m'a crié : « Ça t'apprendra à faire lui proposer une « af-
le malin sur un canasson !» faire» sensationnelle.

cinq histoires de moeurs, le tout en un mois! C'est un re-


cord assez joli, Ditrich, même pour votre secteur!
Le commissaire Hardy arpentait furieusement la pièce.
Son regard perçant ne quittait pas le malheureux détective
effondré sur une chaise.
— Tous les commerçants de votre quartier vivent dans la
terreur, poursuivit-il. Sauf ceux qui prennent des paris, bien
entendu! Ceux-là trafiquent tout à leur aise!
Ditrich tenta de s'expliquer :
— Mais, patron, nous connaissons l'auteur de la plupart
de ces cambriolages... C'est un certain Dix Handley. Né dans
le Kentucky, arrêté en 1937 pour port d'arme prohibée, évadé
en 1939, repris en I940, relàché en 1941. C'est lui qui a fait
le coup de l'Hôtel de Paris. Il était ici hier matin, nous l'avons
confronté avec un témoin; mais le type a eu peur, il s'est
dégonflé et a prétendu ne pas reconnaître son agresseur.
Que voulez-vous qu'on y fasse!
— Fourrez le témoin en prison, effrayez-le! C'est votre
travail. Il faut être impitoyable.
Ditrich se leva, penaud, et se dirigea vers la porte.
5
Son rire résonna encore une fois, longuement. On ne garde pas rancune à un copain qui vous a dit des
— J'aime quand tu ris ainsi, murmura-t-elle; on dirait choses pas aimables s'il était « rond o; c'est pas régulier...
un petit garçon. Tiens, prenons un verre ensemble, oublions-le, in vaudra
Les yeux brillants, il continua à parler de son enfance. mieux. Et la prochaine fois que j'aurai un tuyau sur pour les
Jamais il n'avait dit mot de tout cela à personne, ceux qu'il courses, je te ferai signe, c'est promis.
avait connus jusqu'alors ne lui avaient pas semblé dignes de Dix, pris par son côté faible, sourit et avala une grande
savoir ces choses. Il était heureux, comme soulagé, de trouver rasade de whisky. A ce moment, un petit homme raide et sec,
enfin un auditeur. cravaté, ganté, solennel, et armé d'une grande serviette de
— La ferme était dans la famille depuis un siècle. C'est un cuir, poussa la porte.
de mes ancêtres qui a amené au Kentucky les premiers pur — Oh I c'est vous, toubib, s'écria Cobby, volubile et em-
sang irlandais. Elle était belle notre ferme. Plus de cent pressé. Entrez, entrez donc... Tenez, je vous présente un
soixante hectares :trente de pâturages et le reste en blé. Une copain, Dix Handley. Dix, voici le D, Riedenschneider; tu as
grande maison au milieu des arbres... Et neuf poulinières... entendu parler de lui, bien sûr?
Si tu avais vu çal... — Bien sûr, fit Dix en détaillant le petit homme solennel.
Son visage se crispa : Et tous trois se turent. Riedenschneider venait visiblement
— Puis, tout est arrivé à la fois. Une drôle d'année... Mon pour une chose importante et ne tenait pas à parler devant un
père est mort. Le poulain noir s'est cassé une jambe, il a fallu étranger.
l'abattre. Et la ferme a été vendue. Quand je me rappelle ce — Fameux, n'est-ce pas, mon whisky ? observa Cobby
départ-là... pour dire quelque chose. Il vient tout droit de ton patelin,
Il se tut un instant. Doll était bouleversée : tu sais, vieux!
— Être élevé dans une maison et, ensuite, la perdre, ce Le toubib ouvrit enfin la bouche. Il parlait lentement, d'une
doit être affreux, fit-elle simplement. façon extrêmement correcte et polie, avec un accent allemand
Et elle ajouta : très prononcé.
— Moi, je n'ai jamais eu de maison... — De quelle région êtes-vous ? demanda-t-il.
Il reprit, dur et têtu — Du Kentucky. C'est un beau pays.
— Mon frère et moi, on a juré que plus tard on rachèterait Et comme il n'aimait pas s'étendre sur ce sujet, Dix prit
la ferme. Avec douze billets j'aurais pu, et, une fois, j'ai été immédiatement congé.
sur le point de les tenir. J'avais plus de cinq mille dollars dans — Alors, toubib, interrogea Cobby impatient dès qu'ils
ma poche; Pampelune devait courir dans l'après-midi. Je la furent seuls, quoi de neuf depuis hier soir ?
voyais gagnante, j'ai tout mis sur sa tête. Elle a perdu! — La jeune personne a beaucoup bu, mais elle a aussi
D'une tête. Mais la roue de la fortune tourne. Je retournerai beaucoup parlé. De notre ami Emmerich en particulier : il
là-bas, j'en suis sûr. parait qu'il est à deux doigts de la faillite.
Doll, à cet instant, l'admira. Il avait utte si grande espé- Cobby sursauta. Il connaissait l'avocat depuis vingt ans,
rance! Et qui sait, peut-être, un jour, cette espérance serait- le train de vie qu'il menait... Une
elle justifiée ? Ne dit-on pas que la foi transporte les mon- chose pareille était impossible, tout à
tagnes? fait impossible! Cette fille était folle! !— Attention, Dix,
— Et à peine arrivé, tu sais, je pique une tête dans la Riedenschneider restait d'un calme voici la nitro-gly-
rivière!... Ça me nettoiera de la boue de la ville. impressionnant. céri ne, dit Ciavelli.
Il s'interrompit en voyant le visage frémissant de la jeune
fille
— Qu'est-ce qui t'arrive?... Je t'ai fait de la peine ?
— Non, non, fit-elle très vite; je n'ai rien.
Et elle changea de conversation
— Que c'est sale, chez toi; ça n'est jamais balayé! Com-
ment peux-tu vivre là dedans ! fit-elle, entreprenant de
remettre un peu d'ordre dans la pièce.
Elle avait aimé Dix dès qu'elle l'avait connu, sans aucune
raison valable : ce garçon n'etait pourtant pas bien intéressant.
Et ces souvenirs, cet espoir qu'il venait de lui livrer en bloc
donnaient à Doll la preuve que son instinct ne l'avait pas
trompée, que Dix, malgré tout, était digne d'être réellement
aimé, qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Cette justifica-
tion de son Amour la bouleversait profondément et la rendait
heureuse, d'un bonheur qui faisait trembler ses mains, tandis
qu'elle vidait les cendriers...

rte
Dix jeta un paquet de billets au visage de Cobby, comme
on jette une in ure
— Allez, vas-y, compte-les!
Cobby eut peur ; Dix s'emportait si fa-
Toublb,die vilement. Il expliqua humblement :
sant la besogne, — Te fâche pas, quoi... Je t'ai vexé
Indiqua son hier, je sais bien, mais je t'assure que
rôle à chacun. c'était sans le vouloir : j'étais « rond o...

— Quoi qu'il en soit, reprit-il sur le même


ton, il faut que nous ayons l'argent promis avant
d'engager les hommes. Rendez-vous compte qu'il
s'agit d'un coup de plus d'un million de dollars.
Sur ces mots, le détective Ditrich entra sens
qu'ils l'aient entendu venir. Il jeta un coup
d'ceil dans la pièce, aperçut le «Toubib » et se retira
aussitôt. Au bout du couloir sombre, Cobby le
rattrapa.
— Allez, ça va, fit le policier, je n'ai vu per-
sonne. Faites comme si je n'étais pas venu. Je
voulais seulement vous prévenir que j'allais
venir perquisitionner.
Cobby s'affola :
— Vous n'allez tout de même pas m'arrêter!
Je suis votre ami...
— J'ai un autre ami, répondit Ditrich avec
un sourire peu rassurant, c'est moi-même. Et je
suis coulé si je ne mets pas la main sur quel-
qu'un. Tout le monde connaît votre boite, c'est
la plus importante du district. Le public le sait,
les journaux... Moi aussi, bien entendu. Et le
commissaire sait que je le sais.
Cobby glissa dans la main du détective une liasse de billets un million de dollars, sans aucune exagération. C'est Belle-
d'une épaisseur convaincante : Lier, le joaillier, qui doit trinquer. Évidemment, ils. ne pour-
— Enfin, je ferai un effort. Pour un copain, je peux peut- ront pas revendre les pierres plus de cinq cent mille, aucun
être faire ça. Fermez les portes, éteignez les lumières et ne receleur ne marche à plus de cinquante pour cent; mais
répondez pas au téléphone. Je reviendrai vous voir. comme je dois toucher un tiers si je participe à l'affaire, ça
Cobby, presque rassuré, rejoignit Riedenschneider. me ferait malgré bout un joli paquet... Et si je vous disais que
— Ce « poulet » m'a reconnu, c'est certain, murmura ce j'ai même trouvé le truc pour garder la totalité... C'est enfan-
dernier. tin : je leur dis que je compte prendre les « cailloux » à mon
— Ça n'a pas d'importance; Ditrich et moi on est des compte en promettant de payer « cash » à la livraison. Et le
frères... Mais comment savez-vous que c'est un poulet ? jour de la livraison je leur demande vingt-quatre heures
fit Cobby, interloqué. supplémentaires pour trouver le liquide. Ils ne verraient
— Je les flaire à cent mètres. L'expérience... évidemment aucun inconvénient à me laisser la marchandise
pendant les vingt-quatre heures en question — ils ont telle-
ment confiance en moi! — et j'en profiterais pour prendre le
premier avion venu et partir loin, recommencer ma vie dans
Un domestique parut à la porte du bureau. Alonzo Emme- un autre pays.
rich sursauta : Emmerich interrompit son interminable monologue et
— M. Brannom est là, annonça le domestique. encore une fois le silence envahit la pièce. Bob attendait,
Le détective Bob Brannom entra. sans dite un mot, la fin des explications. Emmerich rêvait
— Combien m'apportez-vous ? s'écria l'avocat, oubliant à ce départ, certain qu'il ne le vivrait pas.
de souhaiter la bienvenue au visiteur. — Manquer tout cela pour cinquante mille dollars!
— Pas un sou, monsieur. Seulement beaucoup de promesses Et il acheva, presque à voix basse, comme pour lui-même
et des flots d'excuses... — Riedenschneider a besoin de ces cinquante billets pour
Emmerich retomba sur son fauteuil comme un taureau entreprendre le coup. Je les lui ai promis et je ne pourrai pas
blessé à mort dans une arène. Il avait chargé Brannom, le tenir ma promesse!
matin même, de recouvrer quelques vieilles dettes qui étaient Bob Brannom attendit un instant pour ménager son effet
pour lui le seul espoir d'échapper à la faillite qu'il redoutait et laissa tomber d'un air indifférent :
depuis des mois déjà... Et le brusque effondrement de cet — Je sais où vous pouvez trouver le fric.
espoir lui fit l'effet d'un coup de poing sur la nuque. L'avocat leva sur lui un regard qui suppliait.
— Quelle peut être la raison d'un besoin d'argent aussi — Combien pour moi? continua Bob.
pressant ? interrogea Bob avec un sourire. Une demoiselle — Moitié moitié ?
qui vous fait chanter ? — D'accord... Eh bien I c'est très simple empruntez la
Il connaissait les aventures coûteuses de son patron et pen- somme à Cobby.
sait particulièrement à la blonde C'était, en effet, d'une simplicité enfantine. Emmerich
et ravissante Angela qu'Emme- s'étonna de n'y pas avoir songé lui-même.
Le coup de revolver rich entretenait actuellement dans — Cobby est un petit vaniteux, poursuivait Bob, il sera
tiré par le gardien a une somptueuse , maison de cam- enchanté : avancer de l'argent à Alonzo Emmerich! Pensez
atteint Louis au ventre. pagne. donc!... Ça le fera transpirer à grosses gouttes; mais il mar-
chera. Laissez-moi faire...
v*e
Doll vint vers Dix, une valise à la main.
— Où vas-tu, Doll ?
Elle expliqua :
— Je ne veux pas abuser plus longtemps de ton hospita-
lité. J'ai trouvé où me loger; je vais chez une copine que j'ai
rencontrée ce matin; ça ne la dérange pas.
Elle se tut et attendit une réaction; mais il ne répondit pas.
Contre toute vraisemblance, elle avait espéré qu'il la retien-
drait... Que n'aurait-elle donné pour l'entendre dire :
« Reste » ?
— J'espère qu'un jour, à mon tour, je pourrai et rendre
service, Dix.
— Parlons plus de ça, ça vaut pas le coup. Tu as du fric ?
Elle répondit affirmativement, mais il savait
bien qu'elle mentait et il lui mit de force quelques
billets dans la main.
— Au revoir, Dol]. (Su
raz,r 0o.)
— Au revoir, Dix... On s'embrasse ? ajouta-
t-elle, timide comme une petite fille.
Il la prit par les épaules. Elle se
raidit pour qu'il ne sentit pas qu'elle ——
tremblait et le regarda bien en Le toubib fit admirer
face. à Emmerich un marli-
— Au revoir, répéta-t-elle. figue collier de perles.

"— Taisez-vous donc, Brannom, ordonna l'avo-


cat, ce n'est pas le moment de plaisanter.
Le visage de Bob se durcit :
— Je n'aime pas qu'on me dise de me taire,
fit-il vexé. Mais Emmerich n'y prit pas garde
et poursuivit, la voix tremblante :
— Je suis ruiné. C'est la faillite, purement et
simplement. Je suis prisonnier de mon train de
vie, je ne peux pas lever le petit doigt sans que
cela me coûte une fortune! J'ai des dettes...
Il y eut un grand silence.
— Et dire, reprit-il, que j'ai le moyen d'éviter
cela sans en avoir les moyens!
Et, sans méfiance aucune, il expliqua « le
moyen »
— Connaissez-vous Riedenschneider ?... Bien.
sûr, tout le monde le connaît. Il vient de sortir
de « tôle ». Immédiatement, il a pris contact
avec Cobby, et Cobby me l'a amené. Il a un
plan, un plan magnifique d'ailleurs, une vieille
idée à lui qu'il avait déjà mise au point avant
d'être pris. Il s'agit d'un cambriolage, le plus
sensationnel dont on ait jamais entendu parler :
,4 t LES AMOURS

aime vivre dans h


Confidence recueil

Depuis que nous l'avons ici-même interviewée, Annie


Ducaux n'a pas changé.
Elle est toujours aussi royale par son allure, aussi accueil-
lante ; peut-être encore plus émouvante, comme si la vie
l'avait touchée en profondeur par l'une de ces flèches qui
élèvent l'âme humaine.

VOYAGES SANS SOUVENIRS


— Voulez-vous avoir l'obligeance de me rappeler en
quelle région vous avez vu le jour ?
— A Besançon. Le maire de ma ville natale s'en est sou-
venu également pour me convier particulièrement au pro-
chain festival.
— Avez-vous toujours le mépris des souvenirs ?
— Je n'ai point changé. J'ai fait de nombreux voyages
jeannette BATTI dans Voyage à trois. depuis que nous nous sommes vues et je n'ai rien rapporté
(Photo Francinalp.) des pays divers où je suis passée. Dans quelques jours je
repartirai pour la Scandinavie.
— Quels sont vos derniers films ?
— Le Roi et La Patronne.
— Et les projets ?
-- Il y en a bien un, mais à cheval sur deux sujets. J'es-
père que l'on ne s'arrêtera pas sur celui que j'aime le moins
(Suite de la page 2.) ou qui sera le moins réussi
— Essayez de me donner un souvenir.
per :L'Homme de la Rue, Le Grand venir ses abonnés. Man Film — C'est ce qu'il y a de plus difficile pour moi.
Bill, Les Tuniques écarlates, Boule Prit ni roulé, ni plié en deux : il
de Feu, Casanona.k.Petit, L'Odys-
sée du IP Wassell, Le Sergent
voyage plié en trois. — Que signifient ces deux colombes dont les ailes pro-
tègent la lumière, au bord du plafond de votre loge
SINGOALLA. • - Je ne sais. de
York, Pusse qui sonne le glas, Ce — Elles m'ont été données par Panel
ces distributions. que ce que j'ai
bau vie. Sa, Sa, Vainqueur do
indique. Larthe.
Destin, Le Rebelle, Les Conqué- Ihn sécant post
rants d'an nouveau Monde, Hosi. COW-BOY AMOUREUX. — — N'est-ce pas un modéliste ?
sons ex Flammes, Le Roi du L'Administration de Ciné pour — Effectivement. C'est aussi le frère
Tabac. Tous est t 8, rune du Croissant, à
Paris (e). Mais vous devee trou-
de Bernard Lancret. Nous sommes très
CŒUR EN PEINE. — Distri- liés. A eux deux, ils avaient merveilleu-
r chez votre fournisseur habi-
bution de Plus dr vacances pour
I. bats Dieu (esool Maximilienne
tu el ce magazine, qui parait tous
les deux vendredis. Prix 18 francs
sement combiné mon installation dans
(la tante de Cosettel. Laurence ma maison d'Andrésy. C'est Paul Larthe,
l'exemplaire.
A ubray (l'assistante sociale), également, qui créa mes costumes dans
Jeanne Mortel et Pierre Larquey THERÉSE, NICE. — Howard
da Silva jour Garth dans Les
plusieurs films.
(les deux vieux), avec Michel
Mersey, Vvernel, René Aloi, Conquérants d'In. nouveau Monde
Georges Gosset, Rognoni, (voyer notre n" 219 consacré Ove LE SUCCÈS QUI ARRACHE AU
Armontel et les enfants : film). — Louis Hayward est d'ori-
Jackie Gencel, Henri Mouche. gine anglaise, né à Johannesburg BONHEUR
Serge Lecointe: Cricri Simon, (Afrique du Sud) le 19 mars 19o9.
Sophie Leclair. etc... — Distri- Il vit et tourne en Amérique. — Vous avez aussi un autre grand
butina des Misérables redonnée Divorcé d'Ida Lupin°, il est rema- ami Pierre Richard-Willm ?
n. 549, p. e. L'interprétation rié depuis t946 à une Américaine
qui n'est pas actrice. — Ce n'est
Le visage d'Annie Ducaux exprime
est nombreuse, le film n'est pas
récent. Pouvez-voies préciser les pas Tyrone Presser que vous avez soudain une tristesse navrée et je
personnages dont vous voulez entendu parler en français dans m'étonne de l'entendre dire :
nn
coaltre les interprètes ? J'es- La Rose noire, mais sa s dou-
— Nous étions très amis.
sa ai (sans promesse formelle) blure • : Vers Furet.
de vous renseigner. — Pour par- — Pourquoi dites-vous nous étions?
'leen. page
ne puis-je m'empêcher de demander.
— Parce que cette existence de tra-
vail incessant nous a presque totale-
ment séparés. Nous avons été vague-
ment en correspondance. Il sort peu de
sa maison. Je suis rivée à ma tâche.
D'autres courants nous emportent.
— Le succès se paie presque toujours
par le sacrifice de ce qui nous rendait
heureux. Si vous deviez recommencer
votre vie...
Notre belle actrice m'interrompt :
— Je ne voudrais rien recommencer,
affirme-t-elle.
NOS VEDETTES*:

ture... en pantalon.
!'
Paule MARGUY

-- Je voulais dire : si vous deviez recommencer, choisi-


riez-vous la même carrière
— Ça suffit comme ça, soupire-t-elle.
— Vous êtes pourtant tellement comblée vous avez tout
ce que l'on peut envier en ce monde !
— Et je ne rêve que de la nature. J'ai une maison de
campagne bien trop éloignée à mon gré.
— Où donc ?
— Dans le Lot. J'y vais de temps en temps passer trois
ou quatre jours, planter des cyprès dans les allées, des
rosiers, des saules.
— Vous êtes si élégante que l'on a peine a vous imaginer
dans la vie domestique.
— Et cependant, chez moi, j'ai horreur de m'habiller.
Pour la scène, c'est moi qui dessine mes costumes.
Annie Ducaux se farde avec des gestes mesurés.'yadmire
Joan BLONDELL dans Let Roi et la Figurante.
son peignoir ; une création inspirée par elle et réalisée par
(Photo Werner Sont.)
Maggy Eouff. Je ne puis m'empêcher de lui exprimer la joie
de mon regard. •
— Oui, pour la scène, rien n'est trop élégant. Le théâtre
exige cette somptuosité vestimentaire que seuls certains de
nos grands couturiers savent réaliser, répond-elle.
—. Vous êtes mariée, vous avez un fils, vous ne devez pas
plaire seulement au public. (Suite de la page 8.)
— Les miens me voient presque toujours en pantalon, ce
fameux pantalon tant critiqué et si pratique, de nos jours, MARCO POLO. — Dans Me- Américain, né â Louisville (Ken-
nace de mort (7949) Colette Dar- tucky) et âgé de trente-sis ans.
ne serait-ce que parce qu'il évite les bas de soie et les soucis
feuil (Hélène), Jean Martinelli Marié pour la troisième fois.
qu'ils nous donnent... Vous admirez ce peignoir? Je le trouve (André), Pierre Renoir (Bernier), LA PUCE. — Voyez ma réponse
également fort beau par ses broderies, Jacques Famery (Jacques), Dalio à TWO PROM GOM. Écrivez-moi
ses coloris, sa coupe et, cependant, me (Denis), Jeanne Fusier Gir à nouveau dans quelque temps, si
Amie DUCAUX. (M.° jeanne), Colette Mars (Co-
croirez-vous quand je vous dirai que je lette), Pauline Carton (M.. Au-
vous le désirez. J'espère pouvoir
(Photo Harcourt.( alors vous renseigner sur ce jeune
me désole à l'idée de remplacer une robe guste). Pierre Larquey (le concier- acteur.
de chambre usagée, bien rodée, moel- ge), Gérard Sêty (Jean). — Dans
L'Arriviste (Mm ue t), Pierce JOSETTE BERTHOUIN. — Et
leuse, doucement douillette... Blanchar et Jeanne Helbting ont le pseudo 7 Relisez l'avis de la
s Si l'on savait quel prix a pour moi tourné ensemble ; c'est la seule page 2 et ma réponse à CHRIS
une minute de délassement. Je ne me fois, d'ailleurs, je crois. — Mi- nè 233, p. 2. — Les renseigne-
chèle Morgan a tourné à Holly- ments musicaux ne sont pas de
trouve bien qu'en compagnie de Salé mon ressort. Adressez-vous à un
wood Juan o) Paris, Passage
et dans la Nature. Mus Marseille, Deux Billets pour marchand de musique ou à art
— Said se trouve bien, Ar ce canapé I Londres, Amour et Swing et journal de radio. — Luis Mari.°
En effet, le caniche d'Annie Ducaux, L'Évadée (les trois premiers films vit à Paris avec sa mère et ses
de cette énumération n'ont jamais
fidèle ami de sa resplendissante mai- paru en France). — Louis Jourdan
tresse, s'est allongé sur le plus confor- LE CAMÉRISTE.
a tourné à Hollywood 1.4 Procès
table canapé de la loge de la grande Paradine, Lettre d'une Inconnue
LECTEUR recherche les numé-
comédienne. et Madame Bottant.
ros suivants de • Mon Filma
— Il bouscule mes installations, dit- TWO FROM GOY. — Distri- 7 5, 28,36, 37, 38, 40, 4t, 44 à 67,
bution dm Rendes-vous de juillet 03, 06, 70, 77, 87 à 88, 94 92,
elle. Toute la maison lui appartient... donnée n.186, p. 9. — Maurice 94 à 98, 99, 106. Se mettre en
— Il reste tranquille, dans cette loge, Ronet, qui joue Roger dans ce rapport avec M. René Perrin, rue
en votre absence film, est un jeune acteur de théâtre du Puits-Dopé, à Blimont (M.-et-
— Il ne saurait bouger, mais dès qu'il sur lequel je n'ai pas de renseigne- Moselle).
ments. Il n'a pas tourné d'autre
entend mon pas dans le couloir il tourne film à ce jour. — Je suppose que
LECTEUR recherche les numé-
le loquet avec sa patte. le second acteur remarqué par ros de 1 à 36 de • Mon Films, en
vous dans ce film est Pierre Tra- bon état. Écrire à M. Georges
Je voudrais demander à Annie Ducaux Pedron, 14z, Ille Ginguené, à
bard. Vous le reverrez dans Lady
beaucoup d'autres détails sur elle-même, Paname et Sans laisser d'adresse. Rennes (L-et-V.).
sur ses pensées et ses expériences de la — Nous transmettrons vos lettres LECTEUR recherche les nu-
vie, mais elle n'a plus envie de me faire affranchies à 53 francs. mérm suivants de Mon Film: t
de confidences et je ne saurais pousser à 40, 47, 47, 57, 33. 33, 7z, 74, 73.
GERMAINE R. C.— La Loi du Écrire à M. Léo Monnely, Pont-
plus avant l'indiscrétion, même en votre Sang est on film italien réalisé en de-Chatnes, Fort-de-France (Mar-
nom, chers Lecteurs. J'accepte seulement 7 949 avec Elli Parvo (Rosa), tinique).
Leonardo Cortese (Albert), Guy
la cigarette exquise qu'elle me tend et Tosi (Antonio), Sparado LECTEUR désire se procurer
qui crée entre nous l'une de ces minutes nt) et Vera Bergman, Giovanni les numéros e à 43o de Mon Film.
de délassement clui lui sont chères, avec Grosso, GuisePPe parution d'avant .guerre (r9z4.
Meurisse est Français, né à Paris 1936). Se mettre en rapport avec
la reconnaissance que je lui dois pour et porte son vrai nom. Il a trente- M. Gabriel Martin, â l'Absie
son accueil sincère. huit ans. --- Victor Mature est (Deux-Sèvres).
l'étouffent pas, répondit simplement Dix, mais
je ne le connais pas personnellement.
— C'est lui qui nous a fourni la somme néces-
saire à l'entreprise. Ou plus exactement Cobby lui
a avancé cette somme. Et c'est à lui que nous
devons remettre les pierres.
Dix prit un temps :
— Vous m'étonnez, fit-il.
— Je crois que vous avez raison, confia
Riedenschneider, je me méfie de cet avocat. Mais
il a l'argent...
— Vous inquiétez pas, toubib, affirma Dix en
serrant les mâchoires; on palpera
Et ils se séparèrent.

• *.
Minuit moins le quart.
Dix soulève la plaque donnant accès à ta
canalisation désaffectée par laquelle Ciavelli doit
s'introduire dans le sous-sol de la bijouterie.
— Tiens, Dix, prends ça et fais e gaffe » I...
souffle Ciavelli en sortant de sa poche la bouteille

— Nous sommas Elle ramassa sa valise et sortit le


« faits », déclaralusplus vite possible. Elle était à peine à
Dix en levant les inférieur qu'elle l'entendit qui
mains. Obéissez... la rappelait, et le sang lui sauta aux
tempes. Il était sur le seuil.
— Dis donc, Doll, peut-être que je
voudrai te voir... OÙ peut-on te joindre ?
(Suite Elle attendait plus que cela : elle fut déçue et
de la sentit qu'elle ne pourrait pas refouler ses larmes.
page 7.1 — qs, Merton Street, fit-elle précipitamment.
Et elle se sauva en courant, car elle ne vou-
lait pas pleurer devant lui.
Dix la regarda partir et rentra lentement, les yeux à terre.
Quand il eut refermé la porte, il s'aperçut que le téléphone,
dont la sonnerie se trouvait près de la fenêtre ouverte, reten-
tissait sans que, de l'escalier, il ait pu l'entendre.
Il décrocha et reconnut la voix de Cobby
— A116... C'est toi, Dix 1... J'ai uns truc e intéressant à te
proposer, une affaire de grande envergure... Avec le toubib...
Si ça t'intéresse, sois ce soir chez Gus, on mettra tout au
point.
« Des affaires de grande envergure, pensa Dix, il y a un
bout de temps que je n'en ai pas fait. Si seulement celle-là
pouvait marcher et me rapporter quelques billets I... »

• tie

Cobby avait évidemment accepté, quoique peu rassuré,


d'avancer à la place d'Emmerich l'argent nécessaire pour de nitro-glycérine. Si tu la casses, tu Dix menaçait Ern-
engager les trois hommes dont Riedenschneider avait besoin. te retrouves en morceaux! merich, mais le
— Il me faut un bon spécialiste pour ouvrir le coffre, aven Et il disparaît dans la bouche d'égout toubib s'interposa.
précisé ce dernier :j 'ai prévu pour lui vingt-cinq mille dollars. que Dix referme lentement, calme-
Un chauffeur, également, on ne sait jamais ce qui peut ment, avant de rejoindre Gus et le tou-
arriver : je lui réserve dix mille. Et enfin, c'est triste à dire, bib qui l'attendent dans la rue voisine.
mais c'est malheureusement indispensable : un garde du Quatre minutes après être entré dans la canalisation, Louis
corps; pour avoir quelqu'un de bien, j'irai jusqu'à quinze Ciavelli a percé laparoi de brique, pénétré dans le sous-sol,
billets... et ouvert la porte de service devant laquelle Riedenschneider
Et, suivant les conseils de Cobby, Riedenschneider avait et Dix l'attendent. Tous trois entrent sans bruit dans les
convoqué respectivement Louis Ciavelli, Gus le bossu et Dix magasins, traversent plusieurs salles et arrivent, sans hésita-
Handley. Il les retrouva tous trois le soir même, dans le petit tion aucune, devant le coffre dont Ciavelli attaque immé-
bar de Gus, et, sans perdre une minute, commença les expli- diatement la première porte.
cations. Il s'agissait de se glisser dans une conduite d'égout La tension est intense. Riedenschneider fume un cigare,
désaffectée, de percer un mur de briques très mince séparant installé dans un fauteuil, apparemment indifférent, mais ne
la conduite du sous-sol de la joaillerie et d'éviter ainsi que le perdant pas un détail de l'opération. Louis, penché sur la ser-
système d'alarme ne se déclenchât. Une fois dans la place, rure transpire à grosses gouttes. Dix, debout près de la fenêtre,
il ne restait qu'A ouvrir le coffre-fort, emplir ses poches et guette. Dehors Gus se tient à son poste, au volant de sa
filer le plus rapidement possible. voiture, prêt à toute éventualité.
Doc divisa la besogne, indiqua à chacun son râle, minuta — La nitro, réclame Louis.
méticuleusement les opérations, donna à Ciavelli un plan Le fracas de l'explosion ébranle l'immeuble. Encore
détaillé établi avec soin et fixa rendez-vous aux trois hommes quelques tours de perforatrice et la dernière porte s'ouvrira
pour minuit moins le quart. sur le trésor. Malgré le bruit de l'instrument, Louis perçoit
— Maintenant, il faut que je parte, fit Ciavelli; il est déjà un autre bruit, lointain, strident...
dix heures et demie et je dois repasser chez moi, ma femme — Qu'est-ce que c'est ?
m'attend. Le gosse ne va pas bien, il a attrapé une espèce Dix soulève le rideau. Sur ta place, l'animation grandit.
d'angine ; il tousse beaucoup. Des sirènes de police retentissent au loin...
— Je vous envie d'avoir une femme et un enfant, murmura — La sonnette d'alarme!... C'est l'explosion qui l'a
Doc. déclenchée.
Louis et Gus partirent ensemble. Le toubib retint Dix qui — Continuez t- ordonne Riedenschneider, impassible.
allait les suivre. Ce garçon lui plaisait. Il avait deviné au Le hurlement des sirènes grandit, couvre le ronflement de
premier coup d'oeil, lorsque Cobby le lui avait présenté, que ce la perforatrice. La porte cède enfin.
n'était pas un tueur ordinaire plus ou moins bestial et inhu- Riedenschneider, toujours raide et solennel, fait glisser
main. Il lui devinait une valeur réelle, une intelligence, une les pierres dans sa serviette par dizaines, par centaines. Il est
certaine élévation... exactement minuit quihre; le e travail » est achevé.
— Que savez-vous d'Emmerich ? lui demanda-t-il sans — Grosse affaire, conclut Doc. On en parlera beaucoup
préambule. dans les journaux.
— Je sais que c'est un avocat cossu et que les scrupules ne Et ils filent rapidement. Arrivés à la porte donnant sur
10
l'escalier des sous-sols, ils se heurtent au gardien de nuit. — Maintenant, nous voulons l'argent.
Dix a levé le poing et l'homme tombe, frappé à la nuque Et il replaça les bijoux dans le sac qu'il boucla.
par la crosse du revolver. Mais le coup est parti et Louis titube — Alors ?
atteint au ventre. Suivant Riedenschneider, qui n'a quitté Comme il l'avait prévu avec Brannom le matin même,
ni ses gants ni son chapeau melon, traînant Louis presque l'avocat expliqua que les cinq cent mille dollars promis
évanoui, Dix se faufile dans la canalisation, puis se hisse dans représentaient une somme malgré tout considérable qu'il
la rue. Le bruit des sirènes emplit sa tête. Louis est transporté pu réunir en une journée et demanda quelques jours
dans la voiture au volant de laquelle Gus attend : de sursis.
— Emmène-moi à la maison, murmure-t-il. — Quelques jours, fit le toubib, glacial, cela peut vous
Et la voiture démarre, fendant la foule qui accourt. sembler peu de chose, mais pour nous, avec de tels bijoux,
ces jours seront des siècles.
e *o Emmerich hésita une seconde avant de frapper le grand
coup :
Un quart d'heure après, Dix et Riedenschneider arrivaient — Il y a une solution... proposa-t-il enfin, souriant, faus-
chez Emmerich qui les attendait dans l'une de ses maisons sement naturel. Si vous me faites confiance, bien entendu.
de campagne. D'ailleurs, il me semble que vous allez y être plus ou moins
— Tout s'est-il bien passé, messieurs ? obligés : laissez-moi les pierres. Jamais la police ne viendra
Ils entrèrent sans répondre. Riedenschneider se contenta de les chercher chez moi, mais, par contre, elle pourrait penser
secouer sa serviette de cuir dans laquelle les diamants à vous : vous sortez de prison et ce cambriolage porte votre
tintèrent. marque.
— Je vous présente Bob Brannom, qui m'a été précieux Riedenschneider était suffoqué. L'attitude d'Emmerich
dans cette affaire, ajouta l'avocat. était tellement invraisemblable qu'il se demandait si l'avocat
Et il introduisit les deux hommes. était inconscient ou s'il se moquait de lui.
— Décidez à votre guise, messieurs, acheva ce dernier.
A ce moment, la voix de Bob Brannom, auquel les trois
autres ne faisaient plus attention depuis quelques instants, se
fit entendre :
— Je suis désolé d'interrompre votre conversation. Haut les
mains!...
Brannom avait sorti son revolver.
— Je change vos projets, Riedenschneider. Et les vôtres
également, mon cher Emmerich. Pas un geste ou je tire; je
vous signale que je suis un tireur d'élite.
Dix et le toubib échangèrent un regard rapide et levèrent
les bras. Emmerich était littéralement abasourdi.
— Maintenant, toi, le Fritz, jette ta serviette! poursuivit
Bob, très calme.
— Ça va, nous sommes s faits a souffla Dix. Obéissez.
Ce qui suivit se déroula avec une rapidité extrême : Rieden-
schneider jeta sa serviette de biais, dans la direction de Dix
qui profita de la seconde où elle passait devant lui pour saisir
son revolver et tirer. Bob tira également. On entendit Emme-
rich s'affaisser en sanglotant sur un fauteuil.
Bob était mort. Dix, seulement touché au côté, se préci-
pita sur l'avocat, menaçant. Mais Riedenschneider, dont le
sang-froid et la présence d'esprit étaient décidément excep-
tionnels, arrêta le geste. Il considéra avec mépris l'homme qui
gémissait et décida
— C'est vous qui nous avez mis dans ce pétrin, c'est vous
qui devez nous en sortir. Vous allez vous rendre à la compa-
gnie d'assurance : pour elle, ce cambriolage est un coup dur et
elle acceptera facilement, je suppose, de racheter les pierres à
vingt-cinq pour cent de leur valeur sans poser de questions.
Emmerich ne pouvait évidemment refuser cette tâche.
— Et dépêchez-vous si vous ne voulez pas rejoindre votre
ami... en Paradis... ironisa Doc. Je vous conseille également
de faire un peu de ménage, ajouta-t-il en désignant le cadavre.
Au revoir.
Et il s'inclina cérémonieusement.

o*o
Louis Ciavelli, étendu sur son lit, les yeux fixes, râlait
doucement. Maria le contemplait et s'affolait à voix basse :
— Où est le docteur, Gus f Vous aviez dit qu'il serait là
dans dix minutes et voilà une demi-heure passée que nous
attendons!
Gus essaya de la calmer. Elle était
affalée sur une chaise boiteuse et se ba- I Ditrich se mit
lançait doucement en gémissant. On l à rosser Cobby.

rai passé une partie Bob Brannom était passable-


de la nuit avec An- ment ivre. Mais cette ivresse le
gela... assura Emma. rendait étonnamment lucide et sûr
rich aux policiers. de lui : il se sentait débarrassé
enEn de ce complexe d'infériorité
qui l'avait, depuis toujours, em-
pêché d'arriver à une situation plus brillante. Il voyait toutes
les choses simples, facles, à portée de sa main... Il salua les
arrivants d'un air très détaché et s'assit à l'autre bout de la
pièce, ne paraissant pas se soucier de la conversation qui
s'engageait. Mais Dix l'avait immédiatement repéré et ne le
quittait pas des yeux. Le toubib non plus n'apprécia pas
autrement cette présence sur laquelle il n'avait pas compté,
mais il n'en laissa rien paraître. Il ouvrit sa serviette et, d'un
seul coup, toutes les pierres roulèrent sur la table.
— Vous voyez que je ne vous ai pas menti, prononça-t-il
seulement.
Il enroula sur sa main un interminable collier de perles dont
Emmerich ne pouvait détacher ses yeux.
entendit une sirène, très loin. Gus s'approcha de la fenêtre : — Lonzo, comme vous êtes pâle I On dirait que vous venez
— Un incendie, sans doute... de voir un spectre.
— On dirait une âme qui se lamente dans les enfers, fit Il eut à peine la force de fournir une explication :
Maria. Et elle se mit à prier, agenouillée devant le lit. — On m'a annoncé la mort d'un garçon que je connais-
Quelques heures plus tard, Louis Ciavelli était mort. sais bien...
Et il s'assit, soudain à bout de forces.

»*•
— Deux messieurs veulent vous voir, monsieur Emmerich, Dix et Riedenschneider s'étaient réfugiés chez Cobby. Dix
annonça le domestique. Deux messieurs de la police... lavait avec une grimace sa blessure dont le sang coulait
Malgré lui, l'avocat sursauta. Il se leva, très pâle, et intro- toujours. Riedenschneider assis, immobile, sa grande ser-
duisit lui-même les deux détectives dans son bureau. viette lourde de diamants et de pierres sur lés genoux, le regar-
— Nous sommes désolés de vous déranger, fit le plus vieux dait faire. Tous deux ne prêtaient aucune attention à Cobby qui
des deux. Connaissez-vous un homme du nom de Robert allait, venait, ne pouvant demeurer en place, et se tordait les
Brannom? Son corps a été retiré du fleuve ce matin à l'aube. mains, désespéré.
Mais il ne s'agit pas d'une noyade accidentelle. Il avait reçu — Qui l'eut cru? gémissait-il. Un coup si bien préparé!
une balle en plein coeur. Résultat : un homme mort, un autre blessé, et Louis qui...
Emmerich eut un frisson : le souvenir de la scène de cette La sonnerie du téléphone lui coupa la parole. C'était Gus.
nuit et de la triste besogne qui avait suivi, à savoir se débar- La police ratissait le quartier, Dix était « fait » s'il ne quit-
rasser du corps, lui était profondément désagréable. Il réussit tait pas le repaire de Cobby qui était l'un des plus suspects.
néanmoins à prendre un air tout à fait désolé. — Va chez l'épicier qui se trouve r x6., Front Street,
— Brannom avait sur lui une liste de noms établis sur un conseilla Gus, il s'appelle Eddie Donato, c'est un copain à
papier à votre en-tête, poursuivit l'autre policier. moi, il est prévenu. Et la police ne tonnait pas sa
— C'est une liste de débiteurs à moi, répondit l'avocat s planque ».
qui commençait à reprendre son sang-froid. J'avais chargé Ils partirent immédiatement.
Bob de recouvrer certaines vieilles dettes. Ils étaient à peine arrivés chez Donato que le téléphone,
— Il a été jeté dans le fleuve à l'aube, quelques heures encore une fois, se mit à carillonner. C'était Emmerich qui leur
après le cambriolage de la bijouterie Belletier. Or un des annonçait que l'assurance acceptait de reprendre les bijoux
bandits a été touché, on a relevé des traces de sang... Peut-être pour deux cent cinquante mille dollars. Mais il fallait, pour
est-ce le sang de Brannom? toucher l'argent, attendre le lundi, que les banques soient
L'homme faisait une erreur en pensant que Bob avait ouvertes.
participé à l'attaque, mais il était sur la bonne voie en rappro- — Ça ne fait rien, dit le toubib, satisfait ; ce n'est déjà
chant sa mort du cambriolage. Emmerich fut pris de panique. pas si mal.
Il fit un effort immense pour prendre un air étonné et affirmer Et ils commencèrent leur longue
en riant : attente. Le toubib était fasciné
— Bob mêlé à une affaire de vol à main armée ? Mais c'est Pendant ce temps, Cobby rece- par la jeune danseuse
absolument inconcevable! vait la visite du détective Ditrich. de boogie-woogle.
Cette affirmation parut convaincre les policiers.
— Une dernière question ; pour la forme, d'ailleurs. Où
étiez-vous la nuit dernière, monsieur Emmerich?
Cette question était prévue, la réponse vint aussitôt.
— A mon âge on n'aime pas parler de ces choses-là, fit
l'avocat affectant de prendre un air gêné; mais puisqu'il le
faut... Je suis parti vers onze heures trente rejoindre, dans une
de mes maisons de campagne, une jeune personne qui...
Enfin vous me comprenez. Et je me suis attardé là-bas très
avant dans la nuit... La jeune fille confirmera ces choses,
bien entendu, si cela est nécessaire. Son nom est Angela
Phinlay.
Les deux détectives, satisfaits, prirent congé. La porte
s'était à peine refermée sur eux qu'Emmerich se précipita
sur le téléphone :
— Allô... C'est toi, chérie?... Tu vas sans doute recevoir
bientôt la visite de la police... Non, ma femme est en dehors de
cela... Tu leur diras que j'étais avec toi cette nuit, de onze
heures trente à trois heures... Tu as bien compris ?... Non,
chérie, ce ne sont que des histoires de politique, toujours
cette sale politique!
Il raccrocha, soulagé.
«Les choses ont l'air de vouloir s'arranger, pensa-t-il;
l'assurance marche pour reprendre les bijoux, la police ne me
soupçonne en rien; du moins elle en a l'air... » Il soupira et
essaya de diriger ses pensées vers un autre objet. Mais malgré
lui'une inquiétude, un pressentiment
s'emparaient de son esprit, et quand
Angela était tout sou- il entra dans la chambre de sa
rires pour le policier. femme celle-ci poussa un cri :

— Je ne sais pas où est Riedenschneider affirmait-il, je


n'en sais rien, absolument rien! Il est resté ' ici un jour ou
deux, mais je m'en suis débarrassé. Je lui ai avancé du fric et
il est parti. Je vous le jure!
Ditrich se leva, menaçant.
— Laissez-moi filer, supplia Cobby. Si vous ne me laissez
pas filer, je raconterai tout! Que vous avez vu Rieden-
schneider ici et que vous ne l'avez pas dit, que...
Alors Ditrich se fâcha. Il lança sa grosse main de brute à
toute volée sur le visage de Cobby, qui hurla.
Un instant après, Cobby se mettait «à table ». Gus fut
immédiatement arrêté et le commissaire Hardy partit sur-le-
champ pour la maison de campagne d'Emmerich.

• .»

Emmerich avait rejoint Angela. Allongée sur le divan, la


tête sur ses genoux, elle l'écoutait, ravi, lui parler de voyage.
— Voudrais-tu partir, Angela? En Californie, en Floride?...
A ce moment on frappa. La jeune fille eut peur et se réfugia
dans sa chambre. C'était Hardy et les deux détectives qui me voyez en train de les liquider ?... Je me ferais « piquer e
étaient venus déjà le matin même. du premier coup!
— Je viens vous arrêter, Emmerich, fit Hardy, pour — Je voudrais pouvoir vous faire parvenir ce que je vous
complicité de vol et de meurtre. Tenez, ajouta-t-il en tendant dois, reprit Riedenschneider. Quelle est votre adresse dans le
un papier, cela vous intéressera peut-être de parcourir les Kentucky?
déclarations de votre ami Cobby. — Allez, ça va comme ça; oubliez mon adresse...
Emmerich réalisa d'un seul coup que la partie était perdue Riedenschneider leur serra la main et s'en alla de son pas
et que, pour lui, maintenant, la fin arrivait à grands pas. Il raide et tranquille. Il prit un taxi dont le chauffeur, allemand
ne prononça pas un mot et intérieurement accepta cette comme lui, accepta, malgré la nuit tombée, de le conduire
fin. dans une ville voisine. Arrivés aux faubourgs, ils s'arrêtèrent
Angela entra, conduite par un policier. Voyant que Lonzo et ciblèrent ensemble. Le repas fut abondant, la bière coulait
était « faits et qu'elle ne pouvait plus compter sur lui, elle se à flots. Riedenschneider aimait les bons repas, les jolies
se mit elle aussi rapidement « à table », avec des flots de filles...
larmes et des aillades suppliantes dans la direction du com- A l'autre bout de la pièce, précisément, une jeune fille de
missaire. Emmerich l'écouta parler en souriant. Que lui seize ans à peine dansait un boogie-woogie que jouait un
importait désormais ? La lutte était enfin achevée et la façon pick-up automatique. La danse s'acheva et la jeune fille
dont elle se terminait lui restait indifférente. Le principal, réclama un autre jeton aux jeunes gens qui l'accompagnaient.
c'était cette paix qu'il ressentait depuis l'arrivée de Hardy. Il — Tu nous coûtes cher grogna l'un d'eux.
se leva et demanda seulement Riedenschneider, qui observait la scène, sourit. Il demanda
— Puis-je écrire à ma femme ? une vingtaine de jetons à la caisse et vint les étaler sur la
Il passa dans son bureau, prit une feuille de papier et table, devant la jeune fille ravie. Puis il s'assit et la regarda
commença : «Chère May, pardonnez-moi. Je n'oserais plus recommencer sa danse.
vous regarder en face... » Le chauffeur s'approcha
« Cette lettre est ridicule s, se dit-il en haussant les épaules. — Il se fait tard, nous devrions partir.
Il la déchira lentement, avec application, ouvrit un tiroir, prit Mais le toubib ne l'entendait pas, il était littéralement
son revolver sans que l'homme qui le surveillait, placé derrière fasciné par le sourire que lui dédiait la gamine coquette. Le
lui, ait eu le temps de le voir, et, levant l'arme à sa tempe, il disque achevé, il se décida enfin à partir.
tira. Dehors, deux policiers, attirés par le bruit, le guettaient
depuis un instant; ils l'encadrèrent et le fouillèrent. Il essaya
• ' de protester, mais il n'y avait plus rien à faire. Il leva les
mains sans résistance et demanda seulement :
— Depuis quand étiez-vous là?
Dol! dormait et rêvait de Dix. On frappa à la porte. Dans son
— Une minute ou deux, pas plus, répondit l'un des agents
rêve, ce bruit se transposa et devint le galop d'un cheval sur qui ne voyait pas où Riedenschneider voulait en venir. Juste
une route. On frappa encore. Cette le temps d'un disque...
fois, elle sursauta et se précipita pour Riedenschneider sourit
A la sortie, lel ouvrir. C'était Dix et le toubib, qu'elle
toubib fut arrêté. — Puis-je fumer un cigare ?
ne connaissait pas. Ils entrèrent sans un — On parlera des cigares plus tard, fit l'autre agent. Pour
l'instant, suivez-nous
Il n'essaya même pas de résister.

Dix et Doll étaient restés seuls, face à face.


Il poussa un gémissement : sa plaie s'était rouverte. Doll
descendit chez le pharmacien et chercha une voiture. Elle
revint plus de deux heures après. Il l'attendait, hale-
tant.
— Tu n'aurais pas pu te presser un peu ?...
— J'ai été arrêtée deux fois, expliqua-t-elle. Il y a des flics
partout dans le coin.
Elle le pansa. Il prit sa veste, son chapeau.
— Dans dix heures, je serai chez moi, murmura-t-il, les
yeux brillants de fièvre.
— Tu ne pourras pas conduire aussi longtemps dans l'état
où tu es. Je t'accompagne.
Il essaya de protester; elle le regarda, suppliante.
— Je ne veux pas que tu partes sans moi. Si tu n'acceptes
pas que je t'accompagne, je ne te dirai pas où est la voiture.
Tu ne pourras pas retourner là-bas...
— D'accord, fit-il; viens.
Et il la prit par la main.

••• — SI tu ne veux pas


que je t'accompagna
Dix conduisait à une allure je ne te dirai pas où est
folle. Il était pâle et il tremblait. A l'auto I s'écria Doll.

mot et quand le toubib ôta son chapeau, elle vit


qu'il était blessé à la tête.
Eddie, affolée par les détails que les journaux
publiaient en première page, avait poliment prié ses
hôtes de trouver une autre « planque ». Et c'est alors
que Dix avait pensé à Doll. Pour venir jusqu'à elle, ils
avaient pris les rues les plus désertes, mais, malgré
toutes leurs précautions, ils avaient été reconnus par
un agent, heureusement seul, et s'étaient vus dans
l'obligation de le matraquer. C'est cet agent qui
avait blessé Reidenschneider, d'une manière superfi-
cielle d'ailleurs.
Doll s'empressa. Une demi-heure après, Riedens-
chneider, pansé, décidait de partir.
— Pouvez-vous me prêter mille dollars ? demanda-
t-il. Je vous laisse ceci en échange, il yen a au moins
pour cinquante billets.
« Ceci s, c'était deux énormes poignées de dia-
mants. Dix sourit et sortit les mille dollars de sa
poche
— Tenez, toubib. Et gardez vos cailloux... Vous
Ils repartirent dans la nuit.
Le soleil se leva. L'auto filait dans la
campagne blanche de pommiers en fleur.
Au volant, Dix délirait :
— Le poulain noir... C'est notre plus
belle bête, le roi de Hickorywood... Si on
le garde, tout ira bien... Le poulain
noir...
Doll se tenait, droite, à côté de lui. Elle
ne disait plus rien, elle ne pleurait plus.
Tout était dépassé, consommé...
Ils arrivèrent près d'une ferme. Dix
stoppa et descendit. Il marchait comme
un fou. Il poussa la barrière blanche et
pénétra dans le royaume de son enfance.
Quelques mètres encore, et il s'affaissa
dans l'herbe, face contre terre.
Doll poussa un cri.
Un cheval s'approcha du corps et y posa
ses lèvres.
La mort venait de donner à Dix la paix
et la joie perdues qu'il avait rêvé, des
années durant, de recouvrer...
Il faisait maintenant grand jour.

FIN

Deux poulains s'approchèrent de Dix qui


venait de succomber.

Doll amena un passage a niveau,


Dix chez un il s'évanouit. Doll,
médecin. affolée, appela au
secours et on le tiens-
, • porta chez un doc-
teur auquel la jeune fille raconta
qu'ils avaient eu un accident d'auto.
Le docteur tendit une bouteille de
plasma à l'homme qui avait aidé à
transporter le blessé et enfonça l'ai-
guille dans le bras de Dix.
— Une seconde, je vous prie, fit-
il en passant dans son bureau.
D appela le sheriff
— J'ai ici un dénommé Dix
Handley, recherché par la police pour
vols et meurtres. Je suis certain que
c'est lui, je l'ai reconnu immédiate-
ment... Le retenir ?... Ce ne sera pas
difficile, il est évanoui...
Dans le cabinet de consultation,
Dix revenait à lui; il entendit la
dernière phrase et comprit en un
instant ce qui s'était passé. Il arracha
sans hésitation l'aiguille de son bras,
se dressa, titubant et sortit, suivi de
Dol] qui sanglotait.

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you, Oolderoi ln orme anOolsoin 85 — Pu la fenkre. 08 — L'appel de la foret.
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92 — La blonde incendiaire 220 — Agnès de rien.
171 — Ainsi finit le sur", 221 — bilidam.
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III — L« voyage. de Sullivan. 182 — Féerie à Mexico.
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MOUE HIEVALIÉRE III — L'immeuble Henri. 153 — Une si jolie pente Plaie.
115 — L« animaux d'or. 232 — Dan. une Be avec voue.
H. ou 0.:274 L Inte. 425 184 — L. Dam ne manteau d'hernie.. 233 — L. pd,,i. eachèv,.
Plaqué or 875 I. (lad, gros. 128 — Lettre d'une In . . 185 — Les Oubliés.
doign.lnitialeurm.350e188 1. InEs. .ont ...I.
234 — Le Grand Tourbillon.
Em. c. remb.: 88 f. Goal. :32 I. — au'... m.f. 182 — 8,0 Grand Balcon. 235 — Entrons dus la danse.
onde M7 — La fidèle L ' .
ORCHIC, 28, r. 11..1Marn, 122 — Le mares derrière la Per.. 234 — Meurtre..
SAIRTCLOIlD - Parle (8.40.). 98 — Le procès p,,,,.di,,,,. 237 — L'Homme de joie.
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