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CHAPITRE 01 : Eléments de sismologie

Résultats et limites de la sismologie


Les géophysiciens effectuent des recherches pour caractériser la sismicité du globe et tenter
d'établir des lois de comportement ou « modèles » permettant de progresser dans la prévision
des phénomènes et donc dans la prévention des risques. Si l’on peut assez bien caractériser ce
qui peut arriver dans une zone sismique et lui associer une probabilité de survenance, il n’est
pas possible de prédire quand un séisme surviendra. Ces travaux sont utiles à l'élaboration de
stratégies de « protection » contre les séismes pour les architectes et les ingénieurs, et autres
professionnels de la prévention. Ainsi on peut assez bien :
définir la « violence » possible des séismes pouvant survenir sur les failles sismogènes, c'est à
dire leur magnitude ;
établir la manière dont la distance va atténuer l'amplitude des oscillations ;
définir la manière dont un sol ou un site donné va modifier les oscillations qu'il reçoit, en les
amplifiant éventuellement ;
définir la manière dont un sol peut voir ses caractéristiques mécaniques se dégrader
(tassements, éboulements…) de façon inacceptable pour la sécurité des personnes et activités
qui s'y trouvent. Ce qui permettra d'opérer les bons choix en matière de construction, et en
général d'aménagement du territoire.

Structure de la Terre

La Terre est constituée d'une succession de couches de composition chimique, densité et de


température différentes.
Au centre, le noyau, qui représente 17% du volume terrestre, et qui se divise en noyau
interne solide et noyau externe visqueux ;
Puis se trouve le manteau, qui constitue l'essentiel du volume terrestre, 81%, et qui se divise
en manteau inférieur solide et manteau supérieur principalement plastique, mais dont la partie
tout à fait supérieure est solide ;
Vient ensuite la croûte (ou écorce), qui compte pour moins de 2% en volume et qui est solide.
Lithosphère - asthénosphère
La lithosphère est la couche solide externe comprenant une partie du manteau supérieur et la
croûte terrestre, est divisée en plaques qui se déplacent les unes par rapport aux autres sous
l'effet des courants de convection qui animent l'asthénosphère, couche plastique du manteau
supérieur.
La lithosphère se présente comme un ensemble rigide et par conséquent fragile; la
température et la pression, qui augmentent avec la profondeur, modifient ce comportement,
qui devient de plus en plus ductile, c'est-à-dire capable de se déformer sans casser. Ce passage
du domaine cassant au domaine ductile marque la limite lithosphère-asthénosphère. Ces
courants de convection dans l'asthénosphère sont générés par la forte chaleur du noyau.

Plaques tectoniques

Répartition des plaques tectoniques à la surface de la Terre


Les séismes n'ont pas une répartition aléatoire à la surface de la planète, mais sont localisés
pour leur immense majorité sur les frontières des plaques lithosphériques. La tectonique est la
partie de la géologie qui étudie la nature et les causes des déformations des ensembles
rocheux, plus spécifiquement à grande échelle de la lithosphère terrestre.
Classification des séismes par le critère de frontière
Classification des séismes selon le type de frontière entre les plaques tectoniques
Une première approche de classement ses séismes consiste à comprendre leur mécanisme et
le domaine tectonique qui leur est associé. C'est le long des limites entre plaques que l'activité
sismique est la plus importante et que la caractérisation des domaines tectoniques doit être
réalisée. Il existe trois types de limites (voir plus loin) :
• les zones divergentes d'expansion océanique, dans lesquelles naît de la croûte océanique,
• les zones convergentes de subduction, dans lesquelles disparaît du matériel crustal,
• les zones transformantes, le long desquelles coulissent des plaques ou des fragments de
plaques sans création ni résorption de croûte.

Classification des séismes selon la profondeur de la source Une seconde approche consiste à
considérer un évènement sismique en regard de la profondeur à laquelle il survient. On
distingue ainsi :
les séismes superficiels qui se produisent en faible profondeur, soit dans les premières
dizaines de kilomètres, se retrouvent autant aux frontières divergentes qu'aux frontières
convergentes ;
les séismes intermédiaires qui se produisent entre quelques dizaines et une centaine de
kilomètres de profondeur se concentrent uniquement au voisinage des limites convergentes ;
les séismes profonds qui se produisent à des profondeurs pouvant atteindre plusieurs
centaines de kilomètres par rupture sous l'effet de la pesanteur des plaques " plongeant " vers
la base de l'asthénosphère. Ces séismes se trouvent exclusivement sur les limites convergentes.
Très amortis, ils ne provoquent pas de désordres sur les constructions.

Limites divergentes
Le phénomène de divergence commence sur un continent par la formation d'un fossé étroit ou
rift accompagné d'un volcanisme basaltique. Le rift s'élargit et s'approfondit. Il finit par être
envahi par la mer. Le rift central devient alors une dorsale médio-océanique, dont l'activité
agrandit progressivement la taille de l'océan.

Limites convergentes
Subduction des plaques océaniques Un premier type de collision résulte de la convergence
entre deux plaques océaniques. Dans ce genre de collision, une des deux plaques (la plus
dense, généralement la plus vieille) s'enfonce sous l'autre : c'est le phénomène de subduction.
La ligne d'émergence du plan de subduction correspond à une fosse océanique. L'inclinaison
des plans de subduction varie de 20 à 45°. Sur la bordure de la plaque chevauchante,
s'accumulent des écailles tectoniques constituées par les sédiments qui sont refoulés. Cet
empilement constitue le prisme d'accrétion tectonique. La plaque chevauchante peut être une
plaque continentale ou, parfois, une autre plaque océanique. On y observe alors un archipel
d'îles volcaniques séparé du continent par un bassin marginal (Japon, Antilles).
Subduction par convergence d’une plaque océanique et d’une plaque continentale
Un second type de collision avec subduction est le résultat de la convergence entre une plaque
océanique et une plaque continentale. Dans ce type de collision, la plaque océanique plus
dense s'enfonce sous la plaque continentale. Les basaltes de la plaque océanique et les
sédiments du plancher océanique s'enfoncent dans du matériel de plus en plus dense. Rendue
à une profondeur excédant les 100 km, la plaque est partiellement fondue. La plus grande
partie du magma restera emprisonnée dans la lithosphère (ici continentale) ; le magma qui
aura réussi à se frayer un chemin jusqu'à la surface formera une chaîne de volcans sur les
continents (arc volcanique continental).

Surrection des plaques continentales


Un troisième type de collision implique la convergence de deux plaques continentales, elle
s'accompagne de leur surrection. Ce phénomène est à l’origine de la création des grandes
chaînes de montagne.
Lorsque les deux plaques entrent en collision, le mécanisme se grippe : le moteur du
déplacement (la convection dans le manteau supérieur) n'est pas assez fort pour enfoncer une
des deux plaques dans l'asthénosphère à cause de la trop faible densité de la lithosphère
continentale par rapport à celle de l'asthénosphère. Tout le matériel sédimentaire est
comprimé et se soulève pour former une chaîne de montagnes où les roches sont plissées et
faillées. Les deux plaques continentales se soudent pour n'en former qu'une seule qui s'épaissit
en altitude et en profondeur.

CAS PARTICULIER : la surrection de l’Himalaya

(a) (b)
(a) illustration du déplacement d'un point théorique pendant la surrection du massif
himalayen. (b) La carte montre la progression de la plaque indienne au cours des 70 millions
d'années passés.
CAS PARTICULIER : la faille de San Andreas en Californie
Les frontières transformantes correspondent à de grandes fractures qui affectent toute
l'épaisseur de la lithosphère; on utilise plus souvent le terme de « failles transformantes ». La
faille de San Andreas en Californie est un autre bon exemple de limite transformante: elle
assure le relais du mouvement entre la limite divergente de la dorsale du Pacifique-Est, la limite
convergente des plaques Juan de Fuca-Amérique du Nord et la limite divergente de la dorsale
de Juan de Fuca. Vitesse de glissement : 5.5 cm/an !

Phénomène sismique
La tectonique provoque des déplacements relatifs des plaques de la lithosphère en générant un
champ de contrainte au sein des roches constituantes (traction, compression, cisaillement…).
Rupture fragile (déformation cassante) Au delà d’un niveau de contrainte seuil, il y a rupture
brutale du sous-sol rocheux : c’est là l’origine des séismes. Ces ruptures se produisent
essentiellement dans les zones situées à proximité des limites entre les plaques, là où les
tensions sont les plus élevées dans les roches. Déformation plastique Dans certains cas, les
roches peuvent se déformer sans amorcer de rupture fragile :

o Déplacement tectonique lent ;


o Température et pression interne élevée (en profondeur donc). Plan de faille et foyer de
séisme Lorsque les conditions de contrainte, de vitesse de déformation, de relation
température-pression sont réunies, la rupture fragile de la roche survient selon un « plan de
faille ». Le point d'amorce de la rupture est le foyer du séisme. La propagation de la rupture
depuis le foyer sur le plan de faille provoque des déformations tectoniques irréversibles et
cassantes. La propagation des ondes sismiques (tridirectionnelle) depuis le foyer provoque des
déformations du sol temporaires ou définitives.
Cycle sismique d’une faille active
ORIGINE D’UNE FAILLE Un niveau de contrainte trop élevé est à l’origine de failles dans un
milieu rocheux plus ou moins homogène. Une première rupture s'est propagée à partir d'un «
point d’amorçage » en s'accompagnant d'une chute brutale de contrainte.
PROGRESSION La faille ainsi créée constitue désormais une surface (±plane) de rupture
privilégiée. Lorsque la contrainte continue de progresser jusqu'à atteindre un nouveau seuil de
rupture, la faille progresse en s'allongeant et se ramifiant sous l'effet des séismes successifs. A
cause de la friction entre les deux parois d'une faille, les déplacements le long celle-ci ne se
font pas de manière continue et uniforme, mais par à-coups successifs, générant à chaque fois
un séisme. RECURRENCE Dans une région soumise à un régime de contraintes donné, des
séismes se produiront de façon récurrente (d’où la notion de cycles) sur les différents segments
d'une même faille. Chaque faille a un cycle sismique qui lui est propre et qui dépend de son
mécanisme, de la vitesse de progression des contraintes, de la nature des roches et de sa
géométrie. Le cycle de retour des séismes de différentes magnitudes se décrit de façon
probabiliste. Les régimes de contraintes d'origine tectonique évoluent à l'échelle des temps
géologiques, ainsi des nouvelles failles naissent et d'autres cessent leur activité
progressivement.
Phases d'un cycle sismique sur une faille sismogène
C’est un processus en trois étapes:

1.Accumulation de contraintes.

2.Déclenchement de la rupture au delà du seuil de résistance des roches.

3.Arrêt de la rupture sismique (quelques secondes plus tard). Cycle sismique d'une faille Le
cycle sismique d'une faille est une succession de périodes d'augmentation des contraintes et de
ruptures brutales. La période des cycles caractérise l’activité de la faille.
Fig. Représentation schématique du cycle
sismique dans le cas d’une faille de
décrochement :
a - Situation au début du cycle,
b - Déformation peu de temps avant le séisme,

c - Situation après le séisme

Caractérisation d’une source sismique


Energie et magnitude Lors d’un séisme, la rupture brutale de la roche sur le plan de faille libère
de l'énergie, sous forme de création de surface, de chaleur et d'émission d'ondes élastiques.
Plus la surface de rupture est étendue et l’amplitude du déplacement est grande, plus la
quantité d'énergie libérée est importante.

Définitions
Foyer ou hypocentre : Point de déclenchement de la rupture.
Epicentre : Point de la surface terrestre à la verticale du foyer.
Azimut : Angle compris entre l'axe du méridien et celui de la faille (orientation de la faille à la
surface de la Terre).
Pendage : Inclinaison de la faille.
Magnitude : Caractéristique de la quantité d'énergie libérée par le séisme.
Magnitude d’un séisme
La Magnitude d'un séisme (M, exprimée en chiffres arabes) est une grandeur « logarithmique »
de la quantité d'énergie rayonnée par la source sous forme d'ondes élastiques.

Tableau - Corrélation entre les ordres de grandeur de la rupture sismogène et la magnitude du


séisme.

Loi d’échelle des séismes


Les deux colonnes du tableau précédent démontrent la corrélation qui existe entre la
magnitude des séismes et la longueur de la faille.
Echelle ouverte de Richter (1935)

Propagation des ondes élastiques


Les ondes élastiques libérées par la rupture de la faille se propagent dans toutes les directions.
Plusieurs types d'ondes aux effets différents sur les sols et les structures sont générés par le
séisme.
La connaissance des caractéristiques des différents types d'ondes et de leur mode de
propagation permet de comprendre leur action sur une structure donnée en fonction du site
géologique et de sa distance au foyer. Les ondes de volume Elles se propagent dans la masse
terrestre depuis la source et sont de deux types :
Les ondes primaires (P) : en compression-dilatation, vitesse ~5km/h, période ~1s, longueur
d’onde ~5 km.

Les ondes secondaires (S) : de cisaillement, vitesse ~60% des ondes P, période ~1s, longueur
d’onde ~5 km.

Propagation des ondes élastiques


Les ondes de surface Elles sont générées par l'arrivée des ondes de volume à la surface du
globe. Plus le séisme est profond, moins elles sont puissantes. Elles concernent les couches
superficielles des sols.
Les ondes de Love (L) : de cisaillement dans le plan horizontal du sol.

Les ondes de Rayleigh (R) : assimilables à des vagues dans lesquels les particules de sol se
déplace selon une ellipse rétrograde.
Mesure des séismes

Les séismes sont enregistrés par trois sismomètres pour chaque direction de l’espace.

Les sismomètres enregistrent les accélérations imprimés au sol sous la forme


d’accélérogrammes. De ces accélérogrammes sont déduits des « spectres » de réponse en
accélération employés dans les codes de calcul parasismique.

Atténuation du mouvement sismique


L'atténuation du mouvement sismique par les sols traversés résulte de la perte d'énergie des
ondes en fonction de la distance parcourue depuis la source. L'atténuation résulte de :
- l'atténuation radiale : la propagation des trains d'ondes est sphérique autour de la source et
la surface de la sphère augmente avec la distance, ainsi, la quantité d'énergie unitaire e décroît
comme le carré de la distance r 2;
- l'amortissement : une partie de l'énergie ondulatoire est transformée en chaleur dans les
sols traversés, ce qui contribue également à réduire l'intensité des secousses avec la distance.
foyer épicentre
Distance épicentrale Intensité décroissante
MAGNITUDE On distingue donc la MAGNITUDE (caractéristique intrinsèque de l’énergie E
libérée par un séisme) et l’INTENSITE (les effets ressentis localement).

Effet de site
Le contraste d'impédance (dépendante de la densité des sols et de la vitesse de propagation
des ondes S dans le matériau) entre les différents milieux traversés par les ondes sismiques
modifie le champ d'ondes par réflexion, réfraction, diffraction.
Des ondes sismiques peuvent ainsi se trouver « piégées » dans une couche supérieure de sol
meuble par réflexion entre cette couche et le sous-sol rocheux et entre cette couche et la
surface. Ce phénomène amplifie les secousses et en prolonge la durée.
La prévention du risque sismique doit donc prendre en compte le profil local du sol, au lieu
même de la construction projetée ou existante. C’est la connaissance des caractéristiques
physiques du sol et de sa topographie qui permet de qualifier les comportements particuliers
des sites définis sous la terminologie « d'effets de site » par la réglementation.
Alea sismique régional
Enquête sismotectonique
Dans les régions du monde où la sismicité est modérée (période de retour des séismes majeurs
proche ou supérieure à 100 ans), comme en France métropolitaine ou même dans les
départements antillais, l'évaluation de l'aléa sismique régional passe par la caractérisation des
failles : localisation, géométrie, mécanisme, etc., de façon à pouvoir leur associer une
magnitude maximale (pour déterminer l'aléa sismique déterministe) et des magnitudes
possibles pour des périodes déterminées (pour déterminer l'aléa sismique probabiliste), on
étudie donc le cycle sismique des failles, ce qui nécessite une collecte de données par
différents moyens :
sismicité instrumentale ;

sismicité historique ;
archéo-sismicité ;
paléo-sismicité ;
investigations géologiques.
Alea sismique régional
Estimation du mouvement sismique possible « au rocher horizontal » pour un site ou une
région et de sa périodicité de retour Le mouvement sismique de référence, avant modification
éventuelle par un site donné, c'est à dire le niveau d'accélération possible, retenu pour calculer
l'action sismique, est déterminé de façon probabiliste ou déterministe pour une région ou un
site donné. Il est dit « au rocher horizontal ». C'est à dire qu'il ne prend pas en compte les
modifications locales de signal dues à la nature du site. Il dépend de la magnitude de référence
pour chaque source régionale atténuée par leur distance au site concerné en respect de
modèles d'atténuation.

Attention particulière aux sols meubles


Non linéarité Le comportement des sols meubles est « non linéaire » dans la mesure ou leur
réponse n’est pas proportionnelle à l’énergie transmise (à l’amplitude).
Les caractéristiques de comportement établies pour des mouvements faibles ne sont pas
toujours valables pour des mouvements forts. En effet, les sols meubles filtrent les hautes
fréquences et amortissent davantage les mouvements forts que les mouvements faibles. Les
sols meubles engendrent donc un décalage de la fréquence fondamentale du sol vers les basses
fréquences et provoquent une diminution générale de l'amplitude des ondes.
Le niveau de sollicitation peut rester assez important et certaines structures sont mises en
résonance par les périodes d'oscillation allongées lors de séismes forts.

Mesure de l’intensité locale : échelle de Mercalli (1902)


DEFINITION DE L'INTENSITÉ LOCALE DE MERCALLI
Estimation en un lieu donné des effets du séisme, en termes de perception par la population (II
à VI), désordres sur les constructions (VI à X), bouleversements sur l'environnement (X à XII).
Elle s'écrit en chiffres romains quelle que soit l'échelle utilisée.
Echelles MSK81 et EMS98
Elle a été très utilisée en Europe et en Inde dès 1964, souvent sous la désignation MSK64. Sa
définition a été revue en 1981 sous le sigle MSK81, puis elle a fini par être intégrée en 1998
dans la définition de l'échelle macrosismique européenne EMS98.

Loi de distribution fréquence-magnitude


Les enregistrements opérés sur une faille dans le temps permettent d’établir un tracé de
corrélation entre l’amplitude des séismes et leur fréquence d’apparition.

Fig. Loi de fréquence-magnitude (ou Gutenberg- Fig. Lois de fréquence-magnitude pour les
Richter) pour le fossé rhénan supérieur de 1971 différentes sources sismiques de la Martinique
Evaluation déterministe de l’aléa sismique régional
OBJET : évaluation de l'évènement sismique le plus violent pouvant arriver « au rocher » d'un
site, d'une région
DEMARCHE :
Analyse sismotectonique de la région ;
Détermination des différentes unités sismotectoniques (failles, domaines de failles) ;
Identification du séisme maximum connu pour chaque domaine, du Séisme Maximum
Historiquement Vraisemblable (SMHV) et de ses paramètres (M, profondeur focale…) ;
« Rapprochement » du séisme maximum de chaque domaine sur le point du domaine le plus
proche du site étudié.

Application des lois d'atténuation pour chacun de ces séismes possibles.


L'évaluation déterministe de l'aléa sismique régional est la première étape d'une « protection
totale » des ouvrages contre les séismes. Elle est obligatoire pour les « ouvrages à risque
spécial », pour lesquels on n'admet pas d‘incident car leur ruine entraînerait des victimes et des
pollutions sur des étendues beaucoup plus vastes que leur emprise propre. En France, ces
ouvrages sont désignés dans le Code de l’Environnement.
Evaluation probabiliste de l’aléa sismique régional
OBJET : Il n’est pas économiquement raisonnable de protéger les ouvrages à « risque normal »
contre un événement qui ne surviendra que tous les 5000 ans, même si l'événement est
susceptible de se produire demain. Par l'étude des cycles sismiques des différents domaines
sismotectoniques (lois de fréquence-magnitude) on peut identifier la valeur de la magnitude
maximale pouvant être associée à une période de retour choisie. L'arbitrage politico-
économique définit quel est la période retenue pour la réglementation.
APPROCHE :
Connaissance historique de la macro-sismicité (à défaut d'études disponibles sur les unités
sismotectoniques) ;
Etablissement de lois de distribution fréquence-magnitude ;
Le séisme de référence est " laissé " sur son site (et non rapproché au point le plus proche du
domaine) et pondéré par les lois d'atténuation comme précédemment.
Aléa sismique local
Non seulement l’ingénieur civil doit-il évaluer l’aléa sismique probabiliste régional pour son
projet d’ouvrage de classe de risque normal, mais encore doit-il prendre en compte un certain
nombre de sujétions liées à la situation particulière du site de la construction projetée, parmi
lesquelles :
pour mémoire, le mouvement sismique « au rocher », caractérisé par une accélération
nominale ;
l’effet de site dû à la présence de sol meuble amplifiant le signal sismique, notamment en
présence d’un sol alluvionnaire de forte épaisseur ;
l’effet topographique (bute, crête, bord de falaise) agissant comme des réflecteurs
susceptibles d’amplifier le signal sismique ;
les discontinuités latérales de composition de sol ;
le risque d’apparition d’une faille et de son rejet en surface ;

Exemple remarquable d’aléa sismique local : le séisme de Mexico (1985)


Amplification du mouvement sismique pour une période T proche de 2s dans cette cuvette
alluvionnaire située à 350 km de l'épicentre. Les accélérations atténuées par la distance à un
niveau de 0,035g au rocher ont été amplifiées par la mise en résonance du sol à 0,17g pour
cette période qui est celle de la cuvette définie par son matériau (limons) et sa géométrie (H =
50m). Les constructions qui avaient elles-mêmes une période de 2s se sont mises en résonance
avec le sol et ont subi des graves dommages ou l'effondrement.
Effets induits par les séismes sur un site
Le projeteur doit aussi considérer les effets collatéraux potentiellement dévastateurs induits
par les séismes :

glissements de terrain et chutes de pierres ;


bord de falaise ou de talus instable ;
site en pente ;
pied de falaise ou de versant instable ;
tsunami ;

chute, incendie, effondrement d’un bâtiment voisin;


le risque de liquéfaction du sol (voir plus loin).
Risque de liquéfaction des sols
La liquéfaction du sol est un phénomène géologique généralement brutal et temporaire par
lequel un sol saturé en eau perd une partie ou la totalité de sa portance, permettant ainsi
l'enfoncement ou le renversement des bâtiments situés en surface.
Ce phénomène se produit en présence d'eau souterraine remontant en surface au point de
faire perdre la cohésion des particules du sol qui se comporte alors comme une roche meuble.
Une fois les conditions propices à la liquéfaction du sol disparues, celui-ci expulse une partie de
l'eau qu'il contient et retrouve ainsi sa consistance. Certains séismes, par les vibrations qu'ils
provoquent, entraînent de tels phénomènes allant parfois jusqu'à l'expulsion brutale de jets
d'eau en-dehors du sol et l'enfoncement de bâtiments sur plusieurs mètres d'épaisseur. NOTE :
Les sables mouvants sont un cas particulier de liquéfaction du sol.

Conséquences de la liquéfaction
En cas de présence de couches de sable ou limon non cohérents à grains de faibles dimensions
(0.05 à 2mm) à proximité de la surface, la présence d'eau à saturation est un facteur de
déclenchement du phénomène de « liquéfaction » en cas de secousse sismique. En situation de
liquéfaction (intensité VII du séisme), la « déstructuration » du squelette granulaire peut
entraîner la perte des constructions dont la superstructure est pourtant réputée parasismique.
Les fondations doivent être assises sur le bon sol ;
alternativement le sol potentiellement liquéfiable peut être traité pour lui conférer les
caractéristiques souhaitées;
enfin les sites liquéfiables peuvent être tout simplement évités pour l'implantation des
constructions.

Fig. colonnes ballastées

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