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Master Structures STRUCTURES EN de Béton armé 2

Chapitre 4 :
Fondations profondes : Semelle sur un pieu, et plusieurs pieux ;
Radiers généraux

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Les radiers :
Ce type d'ouvrage ne doit pas être soumis à des charges pouvant provoquer des tassements différentiels trop
élevés entre les différentes zones du radier.
Dans le cas de couches sous-jacentes très compressibles, le concepteur doit vérifier que le point de passage de la
résultante générale coïncide sensiblement avec le centre de gravité du radier.
Lorsque la compressibilité du sol varie de manière importante ou lorsque la structure présente des différences
marquées de rigidité, il y a lieu de prévoir des joints de rupture.

Calcul des radiers :


D'une manière générale, il est impossible de connaître la répartition exacte des réactions s'exerçant sous un
radier. En effet, celles-ci dépendent de la nature du sol et des coefficients d'élasticité respectifs sol-radier et radier-
structure.
Le calcul d'un radier nécessite donc le choix d'hypothèses simplificatrices sur les diagrammes de réaction du sol.
Toutefois il est impératif de vérifier les conditions de la Statique, c'est-à-dire l'équilibre global entre les réactions
du sol et l'ensemble des charges apportées par la superstructure.
Le radier, par simplification, est toujours considéré comme infiniment raide par rapport à sa superstructure.
En revanche, le radier est plus ou moins déformable par rapport au sol de fondation.
Le radier travaille de manière inversée. Les bords restent fixes sur le support tandis que le centre se déforme sous
l'action de la pression du sol (donc un schéma de sollicitation inversé). Le ferraillage d'un radier est alors particulier, les
aciers tendus se situent en partie haute de la dalle, les points d'appuis deviennent les murs, les longrines de redressement
(situées au droit des ouvertures) et les longrines.
Donc du point de vue calcul, il y a deux types : radier flexible et radier rigide. Ceci dépend des dimensions du
radier et de la nature du sol.
En général on opte pour un radier rigide qu’on calcule comme un plancher renversé soumis aux réactions du sol.
Les méthodes de calcul des radiers sont définis une fois les hypothèses de répartition des contraintes sous les radiers sont
connus.
Méthode simpliste: L’ensemble des réactions sont réparties selon un diagramme trapézoïdal ou uniforme selon la
résultante des efforts et moments. Le calcul s’effectue par bande.
Méthode du plancher renversé :
On admet les hypothèses suivantes :
✓ Répartition uniforme avec concentration des charges au voisinage des poteaux.
✓ Le radier est divisé en plusieurs panneaux selon la position des poteaux.
✓ Chaque panneau est considéré comme une dalle appuyée sur quatre cotés.
Calcul par la méthode des éléments finis :
La modélisation par éléments finis comprend deux parties :
• Modélisation du radier en tant qu’élément de répartition des charges apportées par la structure,
• Modélisation du sol en prenant en compte l’interaction sol/structure.
Les radiers rigides :
Le calcul est mené en considérant une répartition linéaire des réactions du sol. Le dimensionnement du radier doit être tel
que le cheminement des efforts de la superstructure soit assuré, les efforts internes du radier étant déterminés par
l'équilibre des forces de gauche (ou de droite) d'une section quelconque.
Le calcul en plancher renversé n'est valable que sous réserve de vérifier sensiblement l'équilibre entre la descente des
charges apportées par la superstructure et les réactions du sol sous chaque poteau.

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En première approche on peut prendre pour :


𝑙,
– les nervures : ℎ1 ≥ 10 avec l’ entre axes des poteaux parallèlement aux nervures.
𝑙
– la dalle : ℎ2 ≥ 20 avec l entre axes des poteaux perpendiculairement aux nervures.
De plus l'épaisseur de la dalle doit être telle que la vérification à l'effort tranchant soit assurée sans qu'on ait besoin
d'armatures d'effort tranchant.
a) Cas d'un mauvais terrain.
On considère que le radier fonctionne soit en plancher nervuré renversé soit en plancher-dalle renversé.
b) Cas d'un terrain normal.
Dans cette méthode, on suppose que le diagramme des réactions du sol est plan sous toute la surface du radier.

G étant le centre de gravité du radier.

Condition de non poinçonnement :


Le radier doit être suffisamment épais pour résister aux contraintes de cisaillement dues au poinçonnement des
poteaux sur la surface de la plaque :
On doit vérifier la condition suivante (voir CBA93) : 𝑁𝑢 ≤ 0.045. 𝑈𝑐. 𝑓𝑐28
Vérification du soulèvement : 𝑒0 < 𝐿/6
e0 = excentricité de l’effort appliqué sur le radier.
L = dimension du radier (dans le sens des calculs)
Les radiers souples :
Ce genre de radier peuvent être calculés par la méthode de la poutre sur sol élastique, ou bien en procédant de la manière
suivante :
Premier cas : les réactions du sol sont centrées sous chaque poteau.

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𝜎𝑖 𝑙𝑖2 𝑃𝑖 𝑙𝑖
𝑀𝑖 = =
8 8
Deuxième cas : les réactions du sol ne peuvent être centrées sous chaque poteau.

II faut alors vérifier l'équilibre de la Statique sur deux blocs adjacents. Dans le cas de l'exemple ci-dessus, il faut isoler
trois blocs (1/2) - 3 - (4/5).
On a, les forces Pi étant rapportées à l'unité de largeur :
– Bloc 1/2 : 𝑃1 + 𝑃2 = 𝜎1 𝑙1 + 𝜎2 𝑙2

𝑙1 + 𝑙2 𝑙1 + 𝑙2
𝑃2 (𝑒1 + + 𝑒2 ) = 𝜎1 𝑙1 𝑒1 + 𝜎2 𝑙2 (𝑒1 + )
2 2
On en déduit 𝜎1 𝑒𝑡 𝜎2
– Bloc 3 : 𝑃3 = 𝜎3 𝑙3 On en déduit 𝜎3
– Bloc 4/5 : 𝑃4 + 𝑃5 = 𝜎4 𝑙4 + 𝜎5 𝑙5

𝑙4 + 𝑙5 𝑙4 + 𝑙5
𝑃5 ( + 𝑒5 ) = 𝜎5 𝑙5 ( )
2 2
On en déduit 𝜎4 𝑒𝑡 𝜎5
La connaissance des contraintes permet alors de tracer la courbe des moments et celle de l’effort tranchant et on peut
calculer les sections des armatures longitudinales et transversales.
Exemple de ferraillage d’un radier général :

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Fondations profondes : les pieux


➢ Conformément à ce que l'on a déjà vu (premier semestre), les fondations sont dites "profondes" lorsque
Le rapport H/B > 6.
➢ Les fondations profondes permettent de reporter les charges au-delà des couches de surface pour solliciter des
formations de sol plus profondes. Elles peuvent-être massives (puits) ou élancées (pieux).
➢ Le pieu est l’élément structurel élancé, placé dans le terrain pour transférer à celui-ci les actions que lui transmet
la structure portée ou le terrain environnant. Il peut être préfabriqué ou réalisé en place et être mis en œuvre par
forage, par fonçage, par vibrage, battage, par vissage. On distingue essentiellement :
- les pieux tubés battus ;
- les pieux forés.
➢ Le pieu battu moulé est réalisé au moyen d’un tube, muni à sa base d'une pointe métallique ou en béton armé, ou
d'un bouchon de béton, est enfoncé par battage. Le battage se réalise soit sur la tête du tube, soit sur le bouchon
de béton. Le tube, jugé être arrivé à la profondeur envisagée, est rempli de béton frais avant son extraction.
➢ Pour les pieux forés, des procédés de forage différents sont utilisés selon la nature des sols traversés et suivant
qu'il y a ou non présence d'une nappe phréatique :
- Foré simple. Ce procédé, exécuté sans soutènement de parois, exige des sols suffisamment cohérents et situés au-dessus
des nappes phréatiques.
- Foré tubé. Le forage est exécuté sous protection d'un tubage descendu au fur et à mesure de son avancement.
- Foré boue. Le forage est exécuté par des moyens mécaniques sous protection d'une boue de forage. La section du forage
peut être circulaire (pieux) ou de forme quelconque (barrettes ou parois moulées). Ce forage est ensuite rempli de béton,
sous la boue, en utilisant une colonne de bétonnage.

Les modes de fonctionnement des pieux. Pointe / Frottement :


La fondation profonde présente une surface d'appui sur l'horizon d'assise égale à sa section. Cette surface d'appui
engendre une réaction du sol que l'on appelle terme de pointe.

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Lorsque la fondation présente une dimension verticale importante, la surface de contact entre les flancs de la fondation et
le terrain peut être le siège de frottements (dans les deux sens). Suivant le mode de réalisation ce frottement peut être
significatif. Les efforts mobilisés au niveau de ce contact constituent le frottement latéral.
La force portante des pieux peut provenir de deux domaines différents; le frottement sur le fût (ou frottement latéral) et
l'appui direct par la section du pieu sur le fond du forage (terme de pointe).
o Le terme de pointe : La capacité portante apportée par le terme de pointe peut être très importante si les conditions
d'encastrement dans le bon sol sont respectées. On arrive fréquemment à des portances de l'ordre de 100 tonnes et
plus pour des pieux de 500 à 800 mm de diamètre.
o Le frottement latéral : si les couches traversées par le pieu sont relativement compactes, on peut prendre en
compte les forces de frottement s'appliquant à l'interface pieu - terrain. Dans certain cas, le terme de frottement
peut devenir prépondérant sur le terme de pointe, notamment lorsque le pieu ne rencontre pas d'horizon
réellement compact. On parle dans ce cas de pieux flottants ou, mieux, frottants.
Notant que la mobilisation du frottement latéral nécessite un déplacement relatif pieu – terrain (tassement du pieu).

Principes du calcul :
Les pieux peuvent être soumis à :
- Des forces verticales descendantes, voire ascendantes ;
- Des forces horizontales (vent, séisme et à des forces latérales : terres, liquides).
Les principes de justification des fondations profondes sont conformes à la théorie générale du calcul aux états limites qui
consiste, pour un état limite donné, à vérifier que la charge axiale de calcul reste égale ou inférieure à la charge maximum
de l’élément de fondation. On distingue :
- les états limites ultimes (ELU) qui ont pour objet de s’assurer que la probabilité de ruine de l’ouvrage est acceptable,
- les états limites de service (ELS) qui ont pour objet de s’assurer qu’un seuil de déplacement jugé critique est
acceptable.
La charge axiale de calcul résulte, pour une situation donnée, de la détermination de la sollicitation de calcul à partir
d’une combinaison d’actions. Les actions sont multipliées par des coefficients de pondération γ et il est appliqué un
coefficient de méthode de 1,125 dans le calcul de la sollicitation due aux actions.
La charge maximum, dans un état limite donné, est obtenue en divisant par un coefficient de sécurité partiel la charge
limite de ce même état.
Situations et actions :
Situations :
- situations en cours de construction;
- situations en cours d’exploitation;
- situations accidentelles.
Actions : Les actions sont classées en actions permanentes, variables et accidentelles :
- G actions permanentes;
- Q actions variables;
- FA actions accidentelles.
Les actions sont transmises aux fondations profondes : directement par la structure, en tenant compte éventuellement de
l’interaction sol-structure. Et par le sol :
Actions dues à un déplacement d’ensemble du sol :
o tassement du sol entraînant un frottement négatif (action permanente) ;
o instabilité du sol pour des fondations dans une pente entraînant des poussées latérales (action permanente);
o fluage du sol, dans le cas par exemple de fondations profondes implantées à proximité d’un remblai sur sol
compressible entraînant des poussées latérales (action permanente).
Actions dues à l’eau :
o pressions interstitielles en tenant compte des forces d’écoulement si elles existent ;
o effets hydrodynamiques (poussée de courant, houles, séisme...)
La force portante des pieux est limitée par :
- la capacité du sol : sa résistance en pointe et son frottement latéral avec le sol ;
- la résistance du matériau (béton armé).

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Les pieux peuvent être soumis en plus des efforts verticaux à des efforts horizontaux dus au vent, aux actions sismiques
ou à des réactions horizontales en pied de poteau.
Dans ce cas, on considère le pieu comme une poutre sur sol élastique. Le problème se complique quand le sol traversé
par le pieu est constitué de plusieurs couches de caractéristiques géotechniques différentes.
Les conditions en tête du pieu sont en général :
• Articulé en tête lorsque le pieu est seul dans la direction de l’effort ;
• Encastré en tête dans le cas des semelles sur trois ou quatre pieux.
Justifications de la fondation profonde vis à vis des matériaux constitutifs
Pour les fondations en béton armé, les justifications sont conduites conformément au B.A.E.L, en tenant compte
des spécificités du béton de pieu, qui n’est pas vibré pour les pieux forés et est doté d’une ouvrabilité très supérieure à
celui d’un béton de structure. La résistance conventionnelle du béton f c (DTU Français) est égale à :

{fcj ; fc28 ; fclim }


fc = inf
k1 × k 2
Dans laquelle fcj et fc28 désignent les résistances caractéristiques à j jours et à 28 jours.
jfc28 jfc28
fcj = pour fc28 ≤ 40MPa (j < 28𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠), fcj = pour 40 < fc28 ≤ 60MPa
4.76+0.83j 1.4+0.95j

Les valeurs à considérer pour fclim, k1 et k2 sont données par les règles techniques DTU.

Ex : pieux forés tubés : béton à sec : k1= 1.1 et fclim = 25 MPa ; Béton sous l’eau : k1= 1.2 et fclim = 25 MPa

k2 = 1.05 (si la plus petite dimension d/la longueur < 1/20)


= 1.3 – d/2 (si d < 0.60 m)
fc
La contrainte de calcul du béton : σbu < 0.85
θγb

θ = 1Pour les charges de durée > 24 h, θ = 0,85 Pour les charges de durée < 1h, θ = 0,90 Pour les charges de durée
comprise entre 1h et 24 h, γb = 1,5Sauf situation accidentelle (γb = 1,3).
Pour les aciers de béton armé les règles du B.A.E.L sont applicables.
1.4𝑉𝑢
Effort tranchant : Pieu circulaire de diamètre D : 𝜏𝑢 = < ̅̅̅
𝜏𝑢 d = D - d’ (d’= enrobage à l’axe des aciers).
𝐷.𝑑

Pour les vérifications sous les états limites de service sous sollicitations normales, les règles B.A.E.L sont complétées,
d’une part en limitant la contrainte moyenne de compression du béton sur la surface comprimée à 0,3.f c (au lieu de 0,6.fc),
d’autre part, lorsque la fissuration est considérée comme peu nuisible, la contrainte de traction des armatures est limitée à
2/3 × fe.
Dispositions constructives :
- Béton : dosage minimum : 350 kg/m3
Gmax = 25 mm (pour le gravier)
Affaissement au cône ≥ 14 cm (pour pieu foré et tubé).
- Aciers (pieu foré et tubé) :
Longitudinaux : Φmin = 12 mm ; enrobage ≥ 5 cm et nombre de barres ≥ 6 T12
Section < 0.5 m2 (acier = 0.5 %)
0.5 < section < 1 m2 (acier = 25 cm2)
Section > 1 m2 (acier = 0.25 %).
Espacement maximum : 0.10 m
Espacement maximum pour acier transversaux : 0.35 m.

Le ferraillage type d’un pieu est constitué par des barres verticales retournées en partie inférieure pour éviter la remontée
de la cage (aciers longitudinaux + aciers transversaux) lors du bétonnage ou du retrait du tubage.

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Pour les pieux exécutés en place, les prescriptions sont les suivantes :
Armatures longitudinales :
- Le diamètre minimal des barres est de 12 mm. Il n’est pas souhaitable d’avoir un diamètre de plus de 25 mm
pour des problèmes de soudabilité et de flexibilité de la cage,
- Elles sont réparties uniformément sur la périphérie du pieu. L’espacement entre nu des barres ne doit pas être
inférieur à 10 cm,
- Elles sont au nombre minimum de 6,
- L’enrobage minimum des armatures est de 4 cm pour les pieux exécutés avec tube, 7 cm dans les autres cas.
La section d’armatures est égale à la fraction de la section du béton:
0.005 lorsque le diamètre B de l’élément est inférieur à 1 m
1
0.005√ dans les cas contraires, avec un minimum de 0.0035 (voir tableau suivant)
𝐵
Diamètre du pieu (m) 0.50 0.60 0.70 0.80 0.90 1.00 1.10 1.20 1.30 1.40 1.50
Aire de béton (cm2) 1964 2868 3849 5027 6362 7854 9504 11310 13274 15394 17672
Aire minimale d’acier (cm2) 9.82 14.14 19.25 25.14 31.81 39.27 45.31 51.62 58.21 65.05 72.14

Armatures transversales :
Ces armatures jouent quatre rôles :
1. Elles maintiennent les armatures longitudinales en s’opposant au flambement de celles-ci,
2. Elles permettent de résister à l’effort tranchant,
3. Elles s’opposent à l’ouverture des fissures longitudinales qui pourraient apparaître dans le béton,
4. Du point de vue de l’exécution, elles jouent un rôle de rigidification de la cage lors des manutentions.
Les aciers utilisés peuvent être des ronds lisses, sauf si les efforts tranchants sont importants auquel cas des aciers haute
adhérence sont préférables.
L’écartement des armatures transversales est au plus égal à 15 fois le plus petit diamètre des barres longitudinales avec un
maximum de 35cm.
Il est recommandé, d’adopter les diamètres suivants :
Armatures longitudinales (mm) 12 14 16 20 25 32
Armatures transversales (mm) 6-8 6-8 8-10 12-14 12-14-16 16
Ecartement maxi (cm) 18 21 24 30 35 35

Semelles sur pieux :


Les semelles sont des fondations de transmission entre poteaux et pieux.
Choix du nombre de pieux :
Nombre de pieux Charge Moment en pied de poteau
Suivant Ox Suivant Oy
1 Modérée 0 0
2 Importante Modéré, voire important 0
3 Élevée Important Important
4 Élevée Élevé Élevée
Le nombre de quatre est généralement suffisant. Les semelles sur trois pieux alignés sont à éviter car la répartition des
efforts est difficile à déterminer avec exactitude.

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Pour un groupe de pieux, la semelle permet de répartir la charge sur l’ensemble des pieux. Les semelles sont des éléments
de transmission. Elles doivent avoir un débord de 0.1 m des poteaux et 0.15 m des pieux.
Pourcentage minimum d’acier pour :
- Aciers horizontaux inférieurs et supérieurs de 4 cm 2/m de large ;
- Aciers verticaux de 2xh cm2/m et par face (h = hauteur de la semelle en mètre) ;
- Aciers horizontaux intermédiaires de 3 cm2/m de face verticale.

Calcul des semelles sur pieux :


On présente dans ce paragraphe quelques résultats d’étude de quelques méthodes de calcul des semelles sur pieux,
notamment la méthode des bielles générale (trop optimiste selon certains auteurs).

Semelle sur un pieu :


Elle est calculée comme une semelle superficielle isolée en appliquant la méthode des bielles.
Soient :
D = diamètre du pieu,
a = côté du poteau suivant Ox,
b = côté du poteau suivant Oy,
h = hauteur totale de la semelle,
d = hauteur utile de la semelle,
A et B dimensions en plan de la semelle
𝜋𝐷 2
C côté équivalent du pieu s’il était carré : 𝐶 =√ 4
P charge apportée par le poteau,
𝜎𝑠 Contrainte de calcul de l’acier.
La méthode des bielles permet de calculer :
𝐶−𝑏 𝐶−𝑎
- La hauteur utile : 𝑑 ≥ 𝑒𝑡 𝑑 ≥
4 4
(𝐶−𝑏) (𝐶−𝑎)
- La section d’acier : 𝐴𝑠 ≥ 𝑃 𝑒𝑡 𝐴𝑠 ≥ 𝑃
8𝑑𝜎𝑠 8𝑑𝜎𝑠
Comme les valeurs de C – b et C – a sont faibles, on est amené :
✓ à prendre une hauteur conseillée égale a 0.9 D et au minimum 0.75 D,
✓ à disposer d’un pourcentage minimum d’acier (voir figure).

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Exemple :
Données : poteau 0,20x0.60, Pu = 1.6 MN et D = 0.60m, f c28 = 25MPa et l’acier 500MPa de limite élastique.

Semelles sur deux pieux :


Elles répartissent sur deux pieux des charges et des moments dans le plan de symétrie des pieux.
➢ Cas d’une charge verticale sans moment :
La distance entre pieux est généralement assez faible pour permettre de considérer la semelle comme une poutre
de faible portée. La méthode classique des poutres ne s’applique pas car l’effort du poteau est transmis par deux
bielles inclinées directement du pied de poteau à la tête des pieux.
Méthode des bielles :
❖ J. BLEVOT, qui a proposé cette méthode, considérait que les bielles inclinées rejoignaient les deux bielles
moyennes représentant l’effort du poteau. On considère que l’effort est transmis par deux bielles de béton
comprimé dont l’axe a une inclinaison θ (de 45 à 55°) pour que le fonctionnement soit correct.

𝑑
𝑡𝑔𝜃 = 𝑒 𝑎
(2 − 4)

La réaction d’un pieu se décompose en Fc dans les bielles et Ft dans les armatures.
𝑎
𝑃 𝑃(𝑒− ) 𝐹𝑇
2
𝐹𝐶 = 𝐹𝑡 = Et 𝐴𝑖𝑛𝑓 = Majorée de 15 % (suite à des essais).
2 sin 𝜃 4𝑑 𝜎𝑆

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a/4 P/2 F(compression) P/2


Axe de la bielle a

d
θ Détail F(traction)

P/2

S0

❖ R. FREMY a proposé une autre formule qui prend en compte la charge du poteau, non plus comme
équivalente à deux charges P/2 aux abscisses a/4 et –a/4 mais comme une charge répartie. Et il trouve :
P. e a2
Ft = (1 − )
4. d 3. e2
❖ Une autre méthode proposée par H.THONIER donne :
P.e a
Ft = (1 − )
4.z 2.e
Avec z = d – δ et d = h - 0.05 m
Ft
δ=
2.b.σb
Avec b = largeur transversale du poteau.

❖ Vérification de la contrainte de compression de la bielle :


- La contrainte de compression, sous le poteau dans la bielle relative au pieu i est égale à :
𝑭𝒑𝒊 𝒇𝒄𝟐𝟖
𝝈𝒃𝒄 = 𝒂.𝒃.𝒔𝒊𝒏𝟐 𝜽𝒊. ≤ 𝟎. 𝟖 𝜸𝒃
∑ 𝑭𝒑𝒊 𝒇𝒄𝟐𝟖
En plus on vérifiera que : < 1.3
𝒂.𝒃.𝒔𝒊𝒏𝟐 𝜽𝒊 𝜸𝒃
𝟐𝑷 𝒇𝒄𝟐𝟖
- La contrainte en pied de bielle en contact du pieu vaut : 𝝈𝒃𝒑 = 𝒔𝒊𝒏𝟐 𝜽𝒊.𝝅𝝋𝟐 ≤ 𝟎. 𝟖 𝜸𝒃
❖ Cisaillement (calcul pratique) :
𝑭𝒑𝒎𝒂𝒙 𝒇𝒄𝟐𝟖
𝝉= ≤ 𝟎. 𝟐
𝑫. 𝒅 𝜸𝒃
➢ Cas du poteau avec moment en pied :
Dans ce cas, on traduit (par simplification) le moment appliqué en pied du poteau par un couple de deux forces F
et –F espacées de x (voir figure suivante).
x
Les deux pieux sont soumis l’un à une traction −Fp = −F
e
𝑥
et l’autre à une compression 𝐹𝑝 = 𝐹 .
𝑒
2z x
tgθ = ; tgβ =
(e − x) z

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x M = Fp .e = F.x
-F F

- Fpcotgθcotgβ
- Fp/sinθ Fp/sinθ z
θ β
Fpcotgθ
- -Fpcotgθ Fpcotgθ/sinβ
-Fp Fp

On constate que l’effort de tirant dû à la fois à la charge verticale et au moment est obtenu en remplaçant l’effort P du
2M
cas sans moment par P + .
e
Dimensionnement :
On attribue à chaque bielle une fraction de la section du poteau au prorata des efforts F P1 ou Fp2 repris par chaque
pieu. Les centres de ces deux zones sont les points A1 et A2.

aFp2 aFp1
a1 = OA1 = 0.5 F , a2 = OA2 = 0.5 F
p1 +Fp2 p1 +Fp2
Soient λ1 et λ2 les longueurs horizontales des bielles.
λ1 = d1 − a1 , λ2 = d2 − a2
Le bras de levier : z = 1.3 Max (λ1 ; λ2)
tgθ1 = z/ λ1 et tgθ2 = z/ λ2
▪ Effort maximum de traction dans le tirant :
𝑇 = 𝑀𝑎𝑥[𝐹𝑝1 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃1 ; 𝐹𝑝2 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃2 ].
𝑇
▪ Hauteur utile : d = z/δ ; avec 𝛿 = 2𝑏𝜎 .
𝑏
▪ Hauteur totale : h = d + 0.05 (m).
▪ Effort maximum de compression dans la bielle :
𝐹𝑝1 𝐹𝑝2
𝑀𝑎𝑥 [𝑠𝑖𝑛𝜃 ; 𝑠𝑖𝑛𝜃 ].
1 2
▪ Contrainte maximum de compression dans la bielle au droit du poteau :
Fp1 Fp2
σbc = 0.5Max [ ; ].
a1 .b.sin2 θ1 a2 .b.sin2 θ2
▪ Contrainte maximum de compression dans la bielle au droit du pieu :
4 Fp1 Fp2
σbp = Max [ 2 ; 2 ]
π D1 . sin2 θ1 D2 . sin2 θ2
▪ Ferraillage : les armatures pourront être disposées en paniers en forme de U ou bien suivant les principes
courants des poutres.

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e
d1 d2

P1 P2 B
A1 A2

A1 A2 δ

λ1 λ2 z d h

𝜃1 𝜃2

Fp1 Fp2

D1 D2

Exemple de calcul :
Données : poteau carré : a = b = 0.50 m ; Pu = 3 MN ; Mx = 0.4 MN.m
D1 = D2 = 0.60 m ; fc28 = 25 MPa ; fe = 500 MPa.
Résultats :
➢ Axe des pieux : e = 1.5 (D1 + D2) = 1.80 m
𝑃 𝑀𝑥 0.4
➢ Efforts dans les pieux : 𝐹𝑝1 = − = 1.5 − =1.278 MN
2 𝑒 1.8

𝑃 𝑀𝑥 0.4
𝐹𝑝2 = + = 1.5 + = 1.722 𝑀𝑁
2 𝑒 1.8
➢ A = 2(D1 + D2) + 0.3 = 2.70 m
B = Max (D1 ; D2) +0.3 = 0.90 m
𝑎𝐹𝑝2 1.278
➢ 𝑎1 = 𝑂𝐴1 = 0.5 = 0.5𝑥0.5𝑥 = 0.1435 𝑚 ; a2 = 0.1065 m
𝐹𝑝1 𝐹𝑝2 3
➢ d1 = d2 = e/2 = 0.90 m
➢ λ1 = d1 – a1 = 0.9 – 0.1435 = 0.7565 m et λ2 = 0.7935 m.
➢ z = 1.032 m ; tgθ1 = z/ λ1 = 1.364 et tgθ2 = z/ λ2 = 1.3
1.278 1.722
➢ 𝑇 = 𝑀𝑎𝑥 [ ; ] = 1.325 𝑀𝑁
1.364 1.3
1.325𝑥1.15
➢ 𝐴𝑠 = → 𝐴𝑠 = 30.45 𝑐𝑚2 → 7𝑇25 = 34.34 𝑐𝑚2
500

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1.325 25
➢ 𝑑 = 1.032 + = 1.13 𝑚 (𝜎 = 0.8 = 13.33 𝑀𝑃𝑎)
2𝑥0.5𝑥13.33 1.5

➢ h = 1.13 + 0.05 = 1.18 m


➢ contrainte max dans les bielles = Max (7.84 ; 10.94) < 13.33 MPa (ok)
4 1.278 1.722
➢ contrainte max 𝜎𝑏𝑝 = 𝑀𝑎𝑥 [ ; ] = 9.67 < 13.33𝑀𝑃𝑎 (𝑜𝑘)
𝜋 0.36𝑥0.6517 0.36𝑥0.6297

𝐹𝑝𝑚𝑎𝑥 1.722 25
➢ cisaillement : 𝜏𝑢 = = = 1.69 < 0.2 = 3.33𝑀𝑃𝑎 (𝑜𝑘).
𝐵.𝑑 0.9𝑥1.13 1.5

As = 10% Ainf

Cadres verticaux
Cadres horizontaux
Asinf (calculée) de tirant

Semelle sur trois pieux :


Ce type de semelle n’est a utiliser que lorsqu’on ne peut trouver de solution avec une semelle a deux pieux. Il possède un
plan de symétrie contenant le centre du poteau et un pieu, les deux autres ayant même diamètre.

Pour une semelle équilatérale on a :


√3 √3
D1 = D2 = D3 e = e1 = e2 ≥ 3D 𝑒3 = 𝐴 = 𝐵 = 𝑒 + (𝐷 + 0.30)
2 3
√3 √3 √3
𝐶 = 𝐶1 = (𝐷 + 0.30) 𝐶2 = 𝑒 + 𝐷 + 0.30 𝐶3 = 𝑒 + 2(𝐷 + 0.30)
3 2 3
Dimensionnement et efforts dans les bielles :

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Master Structures STRUCTURES EN de Béton armé 2

La transmission de l’effort du poteau aux trois pieux s’effectue au moyen de trois bielles, partant des points A 1, A2 et A3
du poteau, centre de gravité de trois aires proportionnelles aux charges reprises par chaque pieu.

En supposant les pieux P1 et P2 symétriques par rapport au plan vertical passant par Ox. Le point A 1 a des coordonnées
comprises entre :
a/4 et a/9 pour l’abscisse (= 0.15 a)
b/4 et 5b/18 pour l’ordonnée (= 0.26b)
Le point A2 a une abscisse pouvant varier entre a/4 et a/3.
Retenons la valeur moyenne OA2 = 0.28 a.
Semelle sur quatre pieux : (voir conception et calcul…… H. Thonier)
En général les quatre pieux sont disposés aux différents coins de la semelle rectangle. Les pieux peuvent avoir des
sections identiques ou différentes pour résister aux sollicitations ramenées par le poteau.
Les entres axes des pieux : e1 ≥ 1.5(D1 + D2 et e1 ≥ 1.5(D3 + D4 )
e2 ≥ 1.5(D1 + D4 et e2 ≥ 1.5(D2 + D3 )

D1 D2
φbi
φai a

b e2 B

D4 D3

e1

A
La transmission de l’effort du poteau aux quatre pieux s’effectue au moyen de quatre bielles. On peut par
simplification considérer que les bielles ont pour centres les milieux des quatre quadrants du poteau.
On peut alors déterminer les longueurs horizontales des bielles qui sont dans ce cas toutes égales à :

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Master Structures STRUCTURES EN de Béton armé 2

𝜆 = 0.5√e1 2 +e2 2 − 0.25√a2 + b 2


Pour conserver à la bielle la pente minimum de 45°, (ou la pente conseillée de 52 ° à 54°) sur l’horizontale, on prendra un
bras de levier : zmin = 𝜆 et zcons = 1.3𝜆.
𝜆
La composante horizontale de chaque bielle inclinée vaut alors : 𝑇𝑖 = 𝐹𝑝𝑖 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 = 𝐹𝑝𝑖 𝑧
Les efforts supportés par les pieux sont donnés en fonction des sollicitations en pied de poteau (charge P, moments Mx et
My) par :
P Mx My P Mx My
Fp1 = − + ; Fp2 = + +
4 e1 e2 4 e1 e2

P Mx My P Mx My
Fp3 = + − ; Fp4 = − −
4 e1 e2 4 e1 e2
Ferraillage : cerces et quadrillage.
La majorité de l’effort est repris par les cerces (𝛾 = 75 à 85 %). Le quadrillage est disposé surtout pour limiter la
fissuration de la partie inférieure de la semelle.
L’effort de traction dans la cerce au pied de chaque bielle i vaut :
𝑇𝑖
𝑇𝑐𝑖 = 𝑀𝑎𝑥[sin (𝜑𝑎𝑖 ); sin (𝜑𝑏𝑖 )]
sin (𝜑𝑎𝑖 + 𝜑𝑏𝑖 )
D’où l’effort de traction :
𝑇𝑐 = 𝛾. 𝑀𝑎𝑥[𝑇𝑐1 ; 𝑇𝑐2 ; 𝑇𝑐3 ; 𝑇𝑐4 ]
Les armatures de quadrillage reprendront le reste, majoré de 20%. Soit : Tq = 2.4 (1- 𝜆 )Tc
Hauteur utile d = z + δ et h = d + 0.05 cm
Hauteur δ de la bielle horizontale supérieure :
𝑀𝑎𝑥[𝑇𝑐1 ; 𝑇𝑐2 ; 𝑇𝑐3 ; 𝑇𝑐4 ]
δ=
(2𝜎𝑏 √𝑎. 𝑏
En plus de l’action des moments exercés par les poteaux qui se traduit par des efforts de compression ou de traction
supplémentaires dans les pieux, il est nécessaire d’effectuer deux vérifications :
▪ la continuité de la transmission de l’effort de traction éventuel en pied de poteau ;
Pour une semelle à un pieu :
a

L1 = L2 + Ld
L2
Ld = longueur de scellement droit des aciers
L1
D a
L2 = − 0.07 − (2 − 0.04) Pour un moment Mx
2
(Remplacer a par b pour un moment My)

Pour une semelle à deux pieux : l’acier du poteau (sens du moment) est retourné en équerre en bas de la
semelle sur une longueur qui assure une continuité avec les aciers de tirant.
Pour une semelle sur quatre pieux : l’effort de traction doit être repris par des attentes de poteau retournées
en bas de semelle pour assurer la continuité avec les aciers de tirant de la semelle (suivant les bielles).
▪ la torsion pour les semelles sur 2 pieux :
Un moment My en pied de poteau dans le sens y de la semelle sur deux pieux (x étant l’axe d’où passe les
deux pieux) se traduit par un moment de torsion (T u) dans la semelle égal à My.
𝑓𝑐28
On vérifie : 𝜏 2 𝑣 + 𝜏 2 𝑇 ≤ 𝜏 2 𝑙𝑖𝑚 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜏𝑙𝑖𝑚 = 0.20(0.15) (voir CBA93)
𝛾𝑏

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Master Structures STRUCTURES EN de Béton armé 2

𝑇𝑢
𝜏𝑇 =
2. 𝛺. 𝑏0
𝛺 = (B – b0)(h – h0) ; b0 = Min (B ; h)/6
u = 2(B + h - 2b0)
𝐴𝑡 𝛾 .𝑇
𝑠 𝑢
= 2.𝛺.𝑓 = acier transversal de torsion par mètre suivant Ox.
𝑠𝑡 𝑒

∑ 𝐴𝑙 𝑇 .𝛾
𝑢 𝑠
= 2.𝛺.𝑓 = acier longitudinal de torsion par mètre de périmètre u.
𝑢 𝑒

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