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Chapitre 3 : Planchers et dalles en béton armé Master 1 Structure en

Béton Armé

Chapitre 3 : Planchers et dalles en béton armé

1. Définition :

Les planchers sont des éléments de la structure portante d’allure


généralement horizontale, limitant les étages et supportant les revêtements des sols.
Ce sont des éléments de franchissement sur appuis horizontaux, donc fléchis. Ils
doivent être conçus de façon à :

- Supporter leurs poids propre et les surcharges d’exploitation afin de les


reporter sur les porteurs (poteaux et refends) qui les descendront aux
fondations;
- Isoler thermiquement et acoustiquement les différents étages, cette
fonction peut être assurée de manière complémentaire par un faux plafond
ou un revêtement du sol particulier ;
- Participer à la résistance des murs et ossatures aux efforts horizontaux.

Les planchers peuvent être coulés sur place ou préfabriqués.

2. Différents types de planchers :

2.1 Planchers avec hourdis et corps creux : Il s’agit de plancher de hauteur


variable, constitué de corps creux posés sur des nervures, le tout complété
par un hourdis (dalle en béton armé de 4 à 6 cm d’épaisseur) ferraillée par
des barres dont les dimensions des mailles ne doivent pas dépasser :

- 20 cm pour les armatures perpendiculaires aux nervures ;

- 30 cm pour les armatures parallèles aux nervures.

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Quand l’écartement entre-axes des nervures est inférieur ou égal à 50 cm, la


section d’acier perpendiculaire aux nervures en cm2/ml doit être au moins égal à :

Quand l’écartement entre-axes des nervures est comprise entre 50 et 80 cm,


cette section doit être au moins égale à :

≥ 0,02. .

- : portée entre-axe des nervures en cm ;

- : limite élastique des aciers en MPa.

Dans ce cas de plancher, l’élément résistant est la poutrelle et c’est elle qui doit
être calculé. En général les poutrelles présentent plusieurs travées et le calcul des
sollicitations se fait soit par la méthode forfaitaire sinon par celle de Caquot.

Exercice n°1 :

Considérons un plancher à corps creux dans un édifice d’habitation (figure 1). On


donne :

- les charges : G = 5,20 kN/m2 ; Q = 1,50 kN/m2


- béton : = 25 MPa ; acier : = 400 MPa.

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1. Tracer le diagramme des moments fléchissant et de l’effort tranchant ?


2. Calculer la section d’acier longitudinal en travée et sur appui ainsi que celle
équilibrant l’effort tranchant (calcul en section T)?
3. Donner un dessin de ferraillage de la poutrelle ?

2.2 Plancher en dalle mince : l’épaisseur de la dalle est comprise entre 6 et 12


cm. Ce type de plancher n’est utilisé que pour de portée assez modestes (portée ≤ 3,5
m). Ils ont l’avantage d’être moins couteux (peu d’acier) mais l’inconvénient majeur
et qu’ils sont sonores.

2.3 Planchers en dalle épaisse : ils ont la même configuration que le cas
précédent, cependant l’épaisseur de la dalle peut atteindre facilement 30 cm. Ce type
de plancher convient pour les ouvrages industriels lourdement chargés.

2.4 Planchers champignons : dans les planchers champignons, la dalle en


béton plus ou moins épaisse selon les portées et les surcharges, reporte directement
ses charges sur les poteaux sans l’intermédiaire des poutres. Les poteaux peuvent
être normaux ou s’élargir en tête sous forme de chapiteaux.

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C= 0,4.√

et désignent les entraxes des poteaux. Le règlement conseille de ne pas

trop s’écarter du rapport = 1, la maximum étant égal à 1,25.

3 Charges à considérer dans le calcul des planchers :

3.1 Charges d’exploitation : cette charge varie avec la destination du plancher.


Le document technique règlementaire intitulé « charges permanente et charges
d’exploitation » fixe leurs valeurs nominales :

- planchers de bâtiment à usage d’habitation………………..150 kg/m2 ;

- planchers de bureaux …………………………………………………250 kg/m 2 ;

- planchers de magasins et lieux de culte………… …………..500 kg/m2 .

3.2 Loi de dégression des charges d’exploitation: comme il est probable que
tous les planchers d’une même construction soient soumis en même temps à leur
charge d’exploitation maximale, on réduit les charges transmises aux fondations.

Soit la charge d’exploitation sur le toit ou la terrasse couvrant le bâtiment,


, , ,………… les charges d’exploitation respectives des planchers des étages
1, 2, 3,………n, numérotés à partir du sommet du bâtiment. On adoptera pour le calcul
des points d’appuis, les charges d’exploitation suivantes :

Sur le toit terrasse…………………………………………………….. ;

Sur le dernier étage………………………………………………… + ;

Sur l’étage immédiatement inférieur……………….. + 0,95.( + );

Sur l’étage immédiatement inférieur……………….. + 0,9.( + + );

Sur l’étage n quelconque………. = + .( + +………+ ).

3.3 Combinaison d’actions et cas de charges : les seules combinaisons à


considérer vis-à-vis des états limites ultimes sont :

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Combinaisons Travées chargées Travées déchargées


1 1,35G + 1,50Q 1,35G
2 G + 1,50Q 1,35G

En pratique, la combinaison (2) n’est pas déterminante.

4 Dalle :

Le terme « dalle » désigne en général en termes de structure un élément dont


l’épaisseur est relativement faible par rapport aux autres dimensions qui sont la
longueur et la largeur.

La dalle peut reposer avec ou sans continuité sur deux ou plusieurs appuis
constitués de poutres, poutrelles ou murs. Le pré dimensionnement des dalles
dépend souvent des conditions d’utilisation que des conditions de résistance. Ainsi, il
est d’usage de prendre en compte les valeurs suivantes :

- Dalles sur appuis simples avec > 0,4 …………………………h ≥ ;

- Dalles continues avec ≤ 0,4 ……………………………….. ≥h≥ ;

- Dalles continues avec 0,4< < 1 …………………………….. ≥h≥ .

A côté de ce pré dimensionnement, il faut également tenir compte du facteur


isolation thermique pour les ouvrages à caractère d’habitation. Une épaisseur de
dalle de 14 cm semble une limite minimale.

4.1 Méthodes de calcul :

4.1.1 Méthode élastique :

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4.1.1.1 Dalles portant dans une direction : ce sont les dalles rectangulaires
appuyées sur leurs quatre cotés et dont le rapport des portées vérifie ( < 0,4) et qui

ne sont soumises qu’à des charges uniformément réparties. Ces dalles peuvent être
calculées à la flexion simple comme des poutres dans le sens de la petite portée dont
la largeur de la bande est prise égale à 1,0 m. On dit que la dalle travaille dans un seul
sens.

Pour les dalles continues, on considère souvent que les appuis jouent le rôle
d’un encastrement partiel. Dans le cas particulier de planchers à charge
d’exploitation modérée, on prend pour les moments les valeurs suivantes :

- Moments en travées :
= = 0,8. ;

- Moments sur appuis :

=- = - 0,5.

p : charge totale répartie à l’état limite


considérée ;
: moment isostatique =

Les valeurs des moments en travées et sur appuis permettent la détermination


des armatures inférieures ( ) et supérieures ( ) de la dalle.

Dans le sens parallèle au grand coté (où ne se produit pas de flexion), on


dispose à la partie inférieure de la dalle des armatures de répartition dont la section
par unité de largeur est au moins égale à 25% des armatures principales, soit :

= =

Exercice n°2 :

Un plancher composé de dalle et de poutres croisées est constitué de 6 panneaux


rectangulaires dont l’épaisseur est de 12 cm. Le plancher reçoit outre son poids propre, une
charge d’exploitation Q = 500 kg/m2 et une charge de revêtement de 180 kg/m2 .

On donne :
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Béton : = 20 MPa ; Acier : FeE400, = 400 MPa.

La fissuration est peu nuisible

Calculer les sollicitations maximales et déterminer le ferraillage du plancher ?

Solution :

Le rapport = = 0,375 < 0,40 ; donc la dalle travaille dans un seul sens. On va

prendre une bande de largeur unité et on étudie une poutre continue sur trois appuis dont la
section est rectangulaire de dimensions : b.h =(12.100) cm2.

Evaluation des charges :

Charges permanentes : 1,35.(0,12.2500 + 180) = 648 kg/m ;

Charges d’exploitation : 1,5.500 = 750 kg/m.

La charge à l’état limite ultime : = 1398 kg/m.

Le moment isostatique est : = = = 1572,75 daN.m

Les valeurs des moments sont :

Moment en travée : = 0,8. = 0,8.1572,75 = 1258,2 daN.m

Moment sur appuis : = 0,5. = 0,5.1572,75 = 786,37 daN.m.

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4.1.1.2 Dalles portant dans deux directions : si le rapport des portées ( ) est

compris entre 0,4 et 1, c’est-à-dire : 0,4 ≤ ≤ 1. La dalle sera considérée portante


dans les deux directions. Ainsi, si on considère une dalle rectangulaire de dimensions
( , ) appuyée sur ses quatre côtés, la dalle va subir une flexion dans les deux sens.
La flèche en tout point reste la même. En pratique, deux méthodes peuvent être
utilisées pour le calcul des dalles portant dans les deux sens :

- Abaques de Pigeaud ;

- Méthode du BAEL (annexe E3).

a) Abaques de Pigeaud : ils permettent de déterminer les moments maximaux


suivant la petite et la grande portée pour les dalles rectangulaires simplement
appuyées sur leur pourtour soumises aux charges suivantes :

- charge uniformément répartie sur toute la surface de la plaque ;

- charge uniformément répartie sur un rectangle concentrique à la plaque.

Dans le premier cas, les moments au centre de la plaque pour une bande de
largeur unité, ont pour expressions :

- Dans le sens de la petite portée : = p.( + ν );


- Dans le sens de la grande portée : = p.( ν + ).

P : charge totale répartie sur la plaque ;

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( , ) : coefficients données par l’abaque ;

ν : coefficient de Poisson qui prend les valeurs suivantes :

- ν = 0,2 : béton non fissuré (E.L.S) ;


- ν = 0 : béton fissuré (E.L.U).

b) Méthode du BAEL (Annexe E3) : cette méthode s’applique aux panneaux de


hourdis rectangulaires uniformément chargées sur leur contour. Soit et les
dimensions du panneau. Alors, les moments développés au centre du panneau sont :

- sens : = . ;

- sens : = .

( , ) sont des coefficients donné par un tableau et qui sont fonction de ( , ν).

Dalles rectangulaires uniformément chargées, articulées sur leur contour.

ELU (ν = 0 ) ELS (ν = 0,2 )

0,40 0,1101 0,2500 0,1121 0,2854


0,45 0,1036 0,2500 0,1063 0,3234
0,50 0,0966 0,2500 0,1000 0,3671
0,55 0,0894 0,2500 0,0936 0,4150
0,60 0,0822 0,2948 0,0870 0,4672
0,65 0,0751 0,3613 0,0805 0,5235
0,70 0,0648 0,4320 0,0743 0,5817
0,75 0,0621 0,5105 0,0648 0,6447
0,80 0,0561 0,5959 0,0628 0,7111
0,85 0,0506 0,6864 0,0576 0,7794
0,90 0,0456 0,7834 0,0528 0,8502
0,95 0,0410 0,8875 0,0483 0,9236
1,00 0,0368 1,000 0,0441 1,000

S’il y a continuité sur un ou plusieurs côtés, on fait le calcul des moments dans
le panneau comme s’il était librement appuyé ; soit ( et ). Par la suite on établit
les réductions suivantes :

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1. Panneau de rive :

Moments en travée :

0,85 et 0,85

Moments sur appuis :

-appui de rive : 0,25

-appui intermédiaire : 0,50

2. Panneau intermédiaire :

Moments en travée :

0,75 et 0,75

Moments sur appuis :

-appui intermédiaire : 0,50

5. Dispositions constructives :

5.1 Épaisseur de la dalle : si l’épaisseur n’est pas connue, on le choisit de


manière à satisfaire les conditions d’isolation phonique (14 cm, comme épaisseur
minimale pour dalle entre logement).

5.2 Diamètre minimale des armatures : pour que la liaison des armatures et le
béton de la dalle soit correct, les armatures doivent avoir un diamètre satisfaisant la
condition suivante :

Φ≤ ; h : épaisseur de la dalle.

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5.3 Ferraillages minimaux : pour les dalles, les taux d’armatures dans chaque
direction doivent vérifier :

= ≥ ;

= ≥ .

b : largeur de la bande = 1,00 m ;

: 0,0008, si les armatures sont en FeE400 ;

: 0,0006, si les armatures sont en FeE500.

- Les aciers de chapeaux disposés sur les petits côtés des dalles doivent
pouvoir équilibrer des moments équivalents à ceux disposés sur les grands
côtés.
- Pour les appuis de rive, où pourraient se développer des moments
d’encastrement partiel, on doit prévoir des chapeaux capables d’équilibrer
un moment égal à 0,25 .

5.4 Écartement maximal des armatures : il doit vérifier les conditions


suivantes :

- Armatures les plus sollicitées : e ≤ min.(3h ; 33 cm) ;


- Armatures les moins sollicitées : e ≤ min.(4h ; 45 cm).

5.5 Effort tranchant et armatures transversales :il n’est pas nécessaire de


prévoir d’armatures transversales si la dalle ne comporte pas de reprise de
bétonnage dans son épaisseur et si :

= ≤ 0,05.

: Effort tranchant qui a pour valeur ;

d : hauteur utile.

Si les conditions ne sont pas respectées, les armatures d’effort tranchant seront
calculées comme pour une poutre quand il est impossible d’augmenter l’épaisseur de
la dalle.

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5.6 Arrêt des barres : on emploie la méthode forfaitaire suivante :

- les aciers inférieurs sont prolongés jusqu’aux appuis à raison d’une


barre sur deux ;

- les barres qui traversent le pourtour des dalles seront ancrés


totalement au-delà du contour ;

- les autres barres seront interrompues à une distance du contour,


ceci dans les deux sens et ;

- les aciers des chapeaux auront pour longueur vers l’intérieur des dalles
à partir du contour alternativement ou .

= max.( ; ) et = max.( ; ) ;

= .(0,05 + 0,3k) ; k = ou .

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Exercice n°3 :

Une partie courante d’un plancher industriel est constituée de poutres croisées et
d’une dalle de 15 cm d’épaisseur, garnie d’une chape de 3 cm. La charge d’exploitation est de
500 kg/m2.

Pour le béton = 20 MPa et l’acier FeE400, = 400 MPa

Calculer les sollicitations et la section d’acier nécessaire pour la dalle ?

Solution :

Le rapport = = 0,667> 0,4 ; donc la dalle travaille dans les deux sens. Les

coefficients sont calculés par interpolation : = 0,0737 ; = 0,3753

Ρ=
0,65 0,0751 0,3613
0,70 0,0648 0,4320

Evaluation des charges :

Charges permanentes : (0,15.2500 + 0,03.2200) = 441 kg/m ;

Charges d’exploitation : 500 kg/m.

La charge à l’état limite ultime : = 1,35.441 + 1,50.500 = 1345,35 kg/m.

La détermination du mode de fonctionnement de la dalle, le calcul des sollicitations


ainsi que le ferraillage de la dalle sont représentés dans le tableau ci-dessous.

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Calcul d’un panneau de dalle portant dans les deux sens

Intitulé Formules Valeurs


charge permanente G 441
Charge d’exploitation Q 500
Charge répartie à E.L.U = 1.35 G+1.50 Q 1345,35
Dimension du panneau 4,0
6,0
Coefficient ρ ρ= 0,667

Mode de fonctionnement ρ= <0.4 Dalle porte dans un seul sens


Dalle porte dans deux sens
0.4≤ ρ= ≤1
Dalle portant dans un seul sens et = 0.80 Ce n’est pas notre cas.
continue au-delà de ses appuis = 0.50
Ferraillage d’une poutre de section (bxh)
=
avec : b =1.0 m, h : épaisseur de la dalle
=
= 0.25.
Coefficients pour µx 0,0737
(Dalle portant dans deux sens) µy 0,3753
Moments au centre du panneau = µx 1586,44
= µy 595,4
Moments de calcul travées = 0.75 1189,8
Pour un panneau = 0.75 446,55
intermédiaire appuis = 0.50 793,2
Ferraillage du panneau travées 2,96 cm2
=

1,08 cm2
=

appuis = 1,95 cm2

Choix du diamètre Ø≤ h/10 Ø≤ 15 mm


Choix de la section d’aciers 4HA10 (3,14 cm2)
4HA8 (2,01 cm2)
4HA8 (2,01 cm2)
Coefficient ρ0 Nuance FeE400 0,0008
Nuance FeE500 0,0006
Taux de ferraillage Sens ρx = ≥ ρ0 (3-ρ)/2 ρx = 0,0029>0,000933
minimum
Sens 0,0013>0,0008
ρy = ≥
Espacement minimum Sens e ≤ min(3h, 33 cm) e =25 cm ≤ 33 cm
Sens e ≤ min(4h, 45 cm) e = 25 cm ≤ 45 cm

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6. forces concentrées, poinçonnement des dalles :

Sous l’action des forces localisées, il y a lieu de vérifier la résistance des


dalles au poinçonnement par effort tranchant. Cette vérification s’effectue comme
suit :

- Aucune armature d’effort tranchant n’est requise si la condition suivante


est vérifiée :
 ≤ 0,045.h .

: Charge concentrée à l’état limite ultime ;

: Épaisseur totale de la dalle ;

: Périmètre du contour défini au niveau du feuillet moyen.

Si la condition n’est pas satisfaisante, on considère le contour u parallèle à


le plus éloigné de celui-ci pour lequel : ≤ 0,045.h . et on dispose des
armatures d’effort tranchant dans toute la zone intérieure à ce périmètre.

Remarque : il en général, peu commode et couteuse de disposer des armatures


d’effort tranchant dans une dalle de faible épaisseur. Il convient plutôt de
dimensionner l’épaisseur h afin que la condition ci-dessous soit satisfaite, c’est-à-dire:

h≤ .

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7. Méthode plastique ou méthode des lignes de rupture :

7.1 Principe de la méthode :

Cette méthode consiste à déterminer un ou plusieurs mécanismes de rupture


d’un panneau de dalle qui soient cinématiquement admissibles. La création des
mécanismes de rupture se produit par plastification des aciers, ce qui entraine alors
une fissuration du béton et donc une articulation appelée rotule. Le panneau de dalle
est ainsi transformé en un ensemble de plaques supposées indéformables. Ces
plaques vont pivoter autour des lignes d’appui sous l’effet de leur chargement. Cette
méthode a été mise au point par le professeur Johansen en 1943.

Il existe à priori, plusieurs mécanismes de rupture pour un même schéma de


dalle. On doit rechercher parmi tous les mécanismes possibles celui qui, pour une
charge extérieure donnée p, donne le moment fléchissant le plus grand. A partir de
ce mécanisme de rupture, on peut calculer les armatures de la dalle en utilisant le
principe de la conservation de l’énergie.

7.2 Hypothèses concernant les lignes de rupture : les lignes de rupture doivent
répondre aux règles suivantes :

- les lignes de rupture délimitent des surfaces planes. Ces surfaces


restent planes après rupture ;

- les intersections des plaques sont donc droites. Les lignes de rupture
sont des droites ;

- les plaques pivotent autour des lignes d’appui et des lignes de


rupture ;

- les lignes de rupture passent par les intersections de deux lignes


d’appui ;

- lorsque deux lignes d’appui sont parallèles, la ligne de rupture leur est
parallèle.

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7.3 Notations concernant les conditions d’appuis :

Il se produit des lignes de rupture le long des appuis encastrés. Ces lignes de
rupture sont dites « négatives » car la fissure se produit en fibre supérieure et car
elles s’accompagnent d’un moment négatif.

7.4 Détermination des moments :

la détermination des moments en fonction des charges appliquées se fait en


égalisant le travail des forces intérieures (travail résistant ) et le travail des forces
extérieures (travail agissant ) le long des lignes de rupture.

7.4.1 Travail des forces intérieures : ou travail résistant est uniquement


apporté par le moment résistant des armatures traversant la ligne de rupture.

Pour les lignes de rupture n°1 à n du panneau de dalle:

=∑

Avec : moment résistant des aciers traversant la ligne de rupture j ;

: Rotation des plaques de part et d’autre de la ligne de rupture par


rapport à leur position initiale.

7.4.2 Travail des forces extérieures : ou travail agissant est apporté par les
charges appliquées sur les plaques qui entrainent leur mouvement.

Pour les plaques n°1 à n du panneau de dalle:

=∑

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Avec : résultante des charges extérieures appliquées sur la plaque i ;

: Déplacement vertical de la résultante des charges sous l’effet de la


rotation de la plaque i.

7.4.3 Détermination du schéma de rupture privilégié : les schémas de rupture


et donc les positions des lignes de rupture ne sont à priori pas uniques et peuvent
s’exprimer en fonction de paramètres géométriques ( , , , ……… ).

L’équation = , peut donc s’exprimer également sous la forme d’une


fonction :

m= f (p, , , , ……… )

Avec ; m : moment de rupture ;

p : charge extérieure appliquée sur le panneau de dalle.

Le schéma de rupture le plus défavorable étant celui qui, pour une charge
extérieure donnée, donne le moment de rupture maximum, on écrira donc :

=0; = 0 ; ………… ; =0

La résolution de ces équations permet de déterminer les paramètres et ainsi la


position des lignes de rupture. Le schéma de rupture dimensionnant est obtenu en
minimisant les longueurs des lignes de rupture.

7.5 Méthode pratique de résolution du problème :

7.5.1 Tableau :

Travail interne :

N° de la ligne Nombre de Longueur de la Rotation de Moment


de rupture ligne de ligne de rupture l’armature relatif
rupture projetée suivant : parallèle à :
-axe Ox -axe Oy
-axe Oy -axe Ox

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Travail externe :

Numéro de la Nombre de Aire de Charge Déplacement du centre


plaque plaques chargement de gravité de la charge
en fonction de δ

Le moment de calcul est : m =

7.6 Application au cas d’une dalle sur deux appuis articulés uniformément
chargée :

On considère un panneau de dalle rectangulaire (longueur b, portée L et son


épaisseur est h) avec des appuis articulés sur deux cotés parallèles. La dalle est
uniformément chargée sur toute sa surface par une charge p.

Le système est constitué de deux lignes d’appuis articulés et parallèles. Il peut


y avoir 1 ou plusieurs lignes de rupture parallèles à ces lignes d’appuis.

En considérant que le schéma de rupture le plus défavorable est obtenu en


minimisant la longueur des lignes de rupture, on ne dessinera qu’une seule ligne
parallèle aux lignes d’appuis. Sa position est en revanche à priori inconnue est
donnée par le paramètre .

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Travail interne :

N° de la ligne Nombre de Longueur de la Rotation de Moment


de rupture ligne de ligne de rupture l’armature relatif
rupture projetée suivant : parallèle à :
-axe Ox -axe Oy
-axe Oy -axe Ox
1 1 b m
+ m.b.( + )
1 0 0 0

= m.b.( + )

Travail externe :

Numéro de Nombre de Aire de Charge Déplacement du centre


la plaque plaques chargement de gravité de la charge
en fonction de δ
1 1 ( p (
2 1 .b p .

= + . = b.p.L.

On écrit ensuite l’égalité = , soit :

m.( + )= , ou encore : m = . .(L- ).

Pour déterminer le schéma le plus défavorable, on écrit : =0

= - p. = 0 → =

D’où : m= = p.

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Exercice n°4 :

Soit à étudier une dalle carrée en porte-à-faux


encastrée sur deux cotés adjacents et libre sur les
deux autres (angle rentrant de balcon). On donne :
Coté a = 2,40 m, = 25 MPa et =400 MPa
Même section d’acier entravée et sur appui
Epaisseur de la dalle : 12 cm ( = 25kN/m3)
Hauteur utile d = 8 cm
Carrelage 1cm en face supérieure (20kN/m3)
Chape de 4 cm (20kN/m3)
Etanchéité : 0,10kN/m2
Balcon recevant du public : charge de service :
q = 4 kN/m2.

Solution :

Le mécanisme de rupture
retenu, compte tenu de la
symétrie est le suivant :

Travail interne :

N° de la ligne Nombre de Longueur de la Rotation de Moment


de ligne de ligne de rupture l’armature relatif
rupture(LdR) rupture (LdR) projetée suivant : parallèle à :
-axe Ox -axe Oy
-axe Oy -axe Ox
1 2 0 . . .
a δ/a μm 2μmδ
2 1 a δ/a m mδ
a δ/a m mδ

= 2.(1 + μ).m.δ

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Travail externe :

Numéro de la Nombre de Aire de Charge Déplacement du centre


plaque plaques chargement de gravité de la charge
en fonction de δ
1 3 p
p. .

= p. .

L’égalité = donne le moment : m = pour les aciers inférieurs et μm


pour les aciers supérieurs.

Application numérique :

La charge à l’état limite ultime :

p =1,35.(0,12.25 + (0,01 +0,04).20)+1,50.4 = 11,54 kN/m2.

Le moment à l’état limite ultime : en supposant avoir la même section d’acier en


travée et sur appui (μ=1).

m= = = = 5,54 kNm/m.

μ= = =0,061 < 0,0371

√ √
β = 0,5+ = 0,5 + =0,968

A= = = 2,056 cm2/m, soit 5HA8= 2,51 cm2 espacés de 20


cm pour un quadrillage inférieur et supérieur.

M.Djezzar Page 22

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