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Université de Gabès

Ecole Nationale d’Ingénieurs de Gabès

Polycopié de cours

Conception et calcul des


structures de bâtiments

Dr ATEF DAOUD
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SOMMAIRE
CHAPITRE 0 : Eléments de conception des bâtiments _______________________ 4
1- Position de l’ingénieur dans les phases de construction : ____________________ 4
1-2 La Maîtrise d'Ouvrage _______________________________________________________ 4
1-2 Le cabinet d'Architecture _____________________________________________________ 4
1-3 Les bureaux de Maîtrise d'Œuvre _______________________________________________ 5
1-4 Les bureaux d'études techniques _______________________________________________ 5
1-5 Les bureaux de contrôles _____________________________________________________ 5
1-6 Les entreprises _____________________________________________________________ 6

2- Contraintes à prendre en compte lors de la phase de conception : ____________ 6


2.1. Contraintes environnementales ________________________________________________ 6
2.1.1. Topographie ___________________________________________________________ 7
2.1.2. Géotechnique __________________________________________________________ 9
2.1.3. Hydrogéologie ________________________________________________________ 11
2.2. Contraintes réglementaires___________________________________________________ 17
2.2.1. La solidité des structures et leur stabilité ____________________________________ 18
2.2.2. La sécurité incendie ____________________________________________________ 20
2.2.3. Les réglementations acoustique et thermique _________________________________ 20
2.2.4. Les réglementations accessibilité des handicapés et des brancards ________________ 21
2.3. Contraintes financières _____________________________________________________ 21

CHAPITRE I : Bases de calcul des bâtiments _____________________________ 22


1- Objet et domaine d’application :_______________________________________ 22
2- Actions et sollicitations: ______________________________________________ 22
2-1 Conditions de prise en compte des actions : ______________________________________ 23
2-2 Sollicitations : _____________________________________________________________ 27

CHAPITRE II : Calcul des éléments de plancher __________________________ 28


1- Règles générales : ___________________________________________________ 28
1-1 Portées à prendre en compte dans les calculs : ____________________________________ 28
1-2 Définition de la largeur de la table des poutres en T : ______________________________ 29
1-3 Combinaison d’action et cas de charge à considérer : ______________________________ 29
1-3-1 Cas d’éléments soumis à l’ensemble des charges permanentes et d’exploitation : _____ 29
1-3-2 Cas d’éléments susceptibles d’être soumis à l’ensemble des charges permanentes,
d’exploitation et du vent : _____________________________________________________ 30

2- Calcul des dalles rectangulaires : ______________________________________ 31


2-1 Définition: _______________________________________________________________ 31
2-2 Moments dans les dalles articulées sur leurs contours: _____________________________ 31
2-3 Dalles rectangulaires continues: _______________________________________________ 32
2-4 Ferraillage des dalles: _______________________________________________________ 33
2-3-1 Section d’acier : _______________________________________________________ 33
2-3-2 Arrêt des barres : _______________________________________________________ 34
2-3-3 Sollicitations d’effort tranchant : __________________________________________ 34
2-3-4 Ouvertures et trémies : __________________________________________________ 35

3- Calcul des poutres continues de plancher : ______________________________ 35


3-1 Transmission des charges des dalles aux poutres : _________________________________ 35
3-1-1 Méthode des lignes de rupture : ___________________________________________ 35
3-1-2 Evaluation des charges équivalentes ________________________________________ 36

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3-2 Méthodes de calcul des sollicitations : __________________________________________ 37


3-2-1 Méthode forfaitaire _____________________________________________________ 38
3-2-2 Méthode de CAQUOT : _________________________________________________ 40

CHAPITRE III : Calcul des semelles de fondation _________________________ 46


1-Définition et généralités ________________________________________________ 46
2-Méthodes de calcul des semelles de fondation ______________________________ 47
2-1 Semelles sous points d’appui transmettant des charges centrées ______________________ 47
2-2 Semelles sous points d’appui transmettant des charges excentrées ____________________ 47

3-Semelle en béton armé continue sous mur (ou sous voile en béton armé) : _______ 47
3-1 Dimensionnement : _________________________________________________________ 47
3-2 Méthode des bielles : _______________________________________________________ 48

4-Semelle isolée sous poteau : _____________________________________________ 50


4-1Semelle sous poteau transmettant une charge centrée _______________________________ 50
4-1-1 Dimensionnement : _____________________________________________________ 50
4-1-2 Calcul des armatures : ___________________________________________________ 50
4-2 Semelle sous poteau sollicité par un effort normal et un moment de flexion _____________ 51
4-2-1 Dimensionnement : _____________________________________________________ 51
4-2-2 Calcul des armatures : ___________________________________________________ 52

CHAPITRE IV : Contreventement des bâtiments __________________________ 55

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CHAPITRE 0 : Eléments de conception des bâtiments


1- Position de l’ingénieur dans les phases de construction :
Un bâtiment, ou toute autre construction, est un ensemble conçu par une équipe de
Maîtrise d'Œuvre et réalisé par des entreprises pour le compte d'un Maître d'Ouvrage.
A chacun des niveaux de l'élaboration d'un projet de construction, et de sa réalisation
in situ, on peut retrouver des ingénieurs GC, Bâtiment ou Généralistes.
Chaque intervenant, du Maître d'Ouvrage à l'entreprise, à ses propres responsabilités
dans l'acte de bâtir.

1-2 La Maîtrise d'Ouvrage


Si le Maître d'Ouvrage se déclare en général techniquement incompétent, il peut très
bien employer un ingénieur afin de contrôler l'élaboration du projet et de suivre
l'exécution des ouvrages sur site. Bien évidemment, son rôle technique est
parfaitement borné. Il n'est pas là pour remplacer l'architecte, les BET et le contrôleur
technique.
Juridiquement, il n'est pas dans ses obligations de prendre la responsabilité de la
conception technique du bâtiment. Mais, étant le grand argentier du projet, ses avis
généraux sont primordiaux.
Lorsque qu'un Maître d'ouvrage emploie un ingénieur comme chargé d'affaires, le
travail de l'équipe de Maîtrise d'Œuvre s'en trouve, à mon avis, facilité, moins
contraignant et moins conflictuel. Effectivement, un technicien acceptera beaucoup
plus facilement la réalisation d'une berlinoise, par exemple, en cas de présence d'un
bâtiment existant proche de l'ouvrage à bâtir. Ce genre d'élément étant relativement
coûteux, et par nature exclusivement provisoire, certains Maîtres d'ouvrage rechignent
à les mettre en œuvre, et poussent parfois la Maîtrise d'OEuvre à envisager de
solutions plus légères, type talutage raide des fouilles ou injection des sols au silicate.
Pour tout projet, le Maître d'ouvrage fait appel à une équipe de Maîtrise d'OEuvre
pour transformer ses impératifs d'utilisation en exigences de construction.
Généralement, cette équipe peut être composée d'un Architecte, d'un géotechnicien,
de Bureaux d'Etudes structures, VRD et fluides, parfois d'un économiste de la
construction et d'un coordonnateur. Enfin, il s'alloue également les services d'un
bureau de contrôle, bien souvent imposé par l'assurance dommage ouvrage.

1-2 Le cabinet d'Architecture


Si l'architecte est le seul capable de concilier les impératifs d'urbanisme et d'esthétique
aux conditions d'utilisation des locaux, il est très souvent un peu moins motivé en ce
qui concerne les différents problèmes techniques posés par une construction.
Il n'est pas rare de voir, par exemple, des plans de sous-sol de bâtiment sans poteaux
ni poutres intermédiaires permettant la reprise et le transfert des charges de
superstructures aux fondations. On retrouve encore parfois des portées excessives de
planchers ou d'importantes longueurs de balcons en porte à faux.
Certains gros cabinet d'architecture s'octroient les compétences d'ingénieurs structures
ou généralistes afin de participer à l'élaboration des projets et éviter ainsi ce genre de
petits désagréments. Ce cas ne se rencontre malheureusement que très peu.
En plus des services de l'architecte, le Maître d'Ouvrage choisit donc généralement
des bureaux d'études afin de finaliser et matérialiser techniquement son projet. On
retrouve très souvent, en fonction de l'importance des études :
- Un BET géotechnique.

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- Un ou des BET structures BA et CM.


- Un BET VRD.
- Un BET thermique et fluides.
Parfois, le cabinet d'architecture peut faire appel à des bureaux de Maîtrise d'Œuvre,
des métreurs ou économistes de la construction, ainsi qu'à des coordonnateurs de
travaux.

1-3 Les bureaux de Maîtrise d'Œuvre


Ces bureaux de Maîtrise d'Œuvre utilisent les services de techniciens et d'ingénieurs
pour l'élaboration des pièces écrites, la réalisation des métrés et le dépouillement des
études techniques et financières des offres des entreprises.
De plus, il arrive fréquemment que certains de ces bureaux proposent des missions de
coordinations ou de pilotage d'opération, afin de suivre les chantiers en lieu et place
des architectes (traitement de problèmes techniques in situ, établissement et veille du
respect des plannings de construction, etc.).
On notera également, dans ce chapitre, que certains constructeurs publics ou privés,
sont parfois dotés de "structures techniques". Ces équipes ne se substituent pas
officiellement au rôle du Maître d'Œuvre. Elles font l'objet soit d'une Maîtrise
d'Ouvrage déléguée, soit de conduite de travaux privée et associée.

1-4 Les bureaux d'études techniques


Comme leur nom l'indique, ces BET sont là pour traiter les points techniques et
définir les principes de réalisation des projets.
Ce sont les BET Structures qui déterminent, par exemple, le type et les dimensions
des fondations en fonction des conclusions du rapport d'étude de sol. Idem pour les
principes de construction vis à vis des contraintes réglementaires (tenue au feu,
acoustique, thermique, etc.), environnementales (séisme, talus, eau dans les sols, etc.),
et structurelles (descentes de charges, portées des poutres et planchers, épaisseurs des
éléments, etc.).
On retrouve ces BET au niveau de la conception des projets et également lors de
l'exécution des ouvrages.
Bien entendu, les qualités techniques et commerciales des ingénieurs structures,
fluides et généralistes sont largement utilisées dans ces BET.

1-5 Les bureaux de contrôles


Le contrôleur technique peut participer à l'élaboration d'un projet dès son origine.
Effectivement, les Maîtres d'Ouvrage et architectes font régulièrement appel à ces
ingénieurs et techniciens afin de vérifier, dans un premier temps, lors du dépôt du
permis de construire, les caractéristiques du bâtiment vis-à-vis des réglementations de
sécurité incendie, entre autres.
Par la suite, le contrôleur intervient fréquemment dans les divers choix techniques de
structures et de matériaux, de mise en sécurité des locaux, et de conformité vis-à-vis
des différentes réglementations en fonction des missions que le Maître d'Ouvrage lui a
confiées.
Ses interventions peuvent s'avérer intéressantes, voir primordiales, car peu nombreux
sont les architectes ou BET qui maîtrisent parfaitement les multiples réglementations,
dont entre autres :
- La solidité des ouvrages tous corps d'état.

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- La sécurité incendie et évacuation des personnes.


- L'acoustique intérieure et extérieure (pour les voies de circulations classées).
- La thermique.
- L'accessibilité aux personnes handicapées et aux brancards.
Ces ingénieurs interviennent donc au moment de l'élaboration des plans et pièces
écrites du dossier de consultation des entreprises, mais également lors des travaux afin
d'effectuer des vérifications de plans, de notes de calculs, de choix de matériaux et des
vérifications d'exécution et de mise en œuvre sur chantiers.

1-6 Les entreprises


Enfin, on retrouve bien évidemment, et de façon essentielle, les entreprises qui :
- Chiffrent les travaux et leurs prestations.
- Planifient leurs interventions.
- Mettent au point des méthodes de réalisations d'éléments particuliers.
- Préparent et exécutent les chantiers.
On retrouve un grand nombre d'ingénieurs dans ces entreprises, en fonctions de leur
importance. A titre d'exemple, on note la présence de ces cadres techniques dans de
multiples services et fonctions :
- Ingénieur économiste et études de prix.
- Ingénieur calculateur et structures lorsque l'entreprise possède son propre BET.
- Ingénieur méthodes.
- Ingénieur commercial ou technico-commercial.
- Ingénieur qualité.
- Conducteur de travaux.
- Directeur de chantiers.
- Responsable de service, d'agence ou de société.
- Etc.

2- Contraintes à prendre en compte lors de la phase de conception :


Il existe trois grands types de contraintes lors de l'établissement d'un projet de
construction d'ouvrage :
- Les contraintes environnementales.
- Les contraintes réglementaires.
- Les contraintes économiques.
Ces trois familles de contraintes obligent l'équipe de conception à évaluer les risques
et problèmes à traiter afin de rechercher un axe optimum et satisfaire les besoins
économiques et fonctionnels des futurs utilisateurs de l'ouvrage.
Après analyse, différentes solutions sont envisageables et l'une d'elles sera retenue en
fonction des avis des diverses compétences associées au projet. D'où l'intérêt certain
de réunir le plus en amont possible cette équipe coordonnée, chaque intervenant
apportant sa propre perspective.
Lors de la phase de conception, l'expérience de chacun est indispensable car elle
permet une approche critique des règles de l'art, fondée sur la réalité des chantiers, et
garantie d'aboutir théoriquement à un projet concret et viable dans tous les domaines.

2.1. Contraintes environnementales


Ces contraintes sont très généralement liées à des problèmes de topographie, de
géotechnique, de présence d'ouvrages existants ou avoisinants et d'urbanisme.

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2.1.1. Topographie
Avant de se lancer tête en avant dans les études et calculs de structures, il est
souhaitable, en tout premier lieu, d'examiner globalement l'ouvrage dans son
environnement
Actuellement, vu la progression de l'immobilier et de la construction de bâtiments en
Tunisie, les bons terrains plats et portants se font de plus en plus rares. A partir de
cette situation, on se retrouve fréquemment confronté à l'élaboration de projet sur des
terrains pentus ou torturés.
L'adaptation au sol des ouvrages est donc primordiale pour la stabilité et la pérennité
des constructions (problème de stabilité de talus, de glissements, d'instabilité de
pentes, de pendages de sous-sol, de fouilles avoisinantes, etc.).
Dans un terrain chahuté, il sera peut être financièrement préférable de supprimer
quelques buttes plutôt que de réaliser des redents et différences de niveaux des
structures (figure 1).

Figure 1 : Exemple de contrainte de topographie : terrain chahuté


Il arrive parfois que des bâtiments soient construits à flanc de colline.
Pour assurer la stabilité de ce type d'ouvrage, il faut d'une part garantir la tenue et
l'équilibre des terres restant en place, et d'autre part maintenir la colline en amont afin
d'éviter les poussées excessives sur le bâtiment futur (problème de glissement ou de
cisaillement des pieux par exemple). Dans ces cas là, la réalisation d'ouvrages de
soutènement est nécessaire, ce qui est loin d'être négligeable techniquement et
financièrement (parois moulées, berlinoises ou pieux sécants tirantés par exemple).
De plus, des études géotechniques particulières sont à prévoir afin de vérifier la
stabilité de l'ouvrage dans son environnement en phase chantier et en phase finale,
ainsi que la stabilité générale du site vis à vis des glissements de surface et des
glissements d'ensemble. Les ouvrages de soutènement, qui sont généralement non
visibles en phase de service (hormis les zones visitables pour l'entretien et les relevés
de mesures d'appareillages), sont très coûteux. Il apparaît donc évident d'en tenir
compte dès l'élaboration du projet afin d'éviter toutes difficultés techniques et
financières ultérieures.
Le problème est similaire lorsque l'on bâtit des ouvrages dans des talus ou pentes
naturelles. Des études de stabilité générale sont à réaliser impérativement afin de

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définir les courbes de grands glissements et donc le principe approprié des fondations
et des éventuels ouvrages de soutènement.
Cas de bâtiment partiellement projeté dans un talus naturel et remblais de surface
(Figure 2, schéma en haut). Il a été prévu, avec l'accord de tous les intervenants, de
réaliser des fondations par pieux armés et ancrés dans le sol consolidé sous-jacent aux
lignes de rupture suivant l'angle de frottement interne.
Autre cas d'adaptation au sol un peu délicate : Un bâtiment d'habitation élevé en pied
de colline (figure 2, schéma en bas). Comme un sous-sol était envisagé, il a fallu
tailler la base du talus, afin de pouvoir réaliser la fouille générale et monter les
structures de ce sous-sol.
Cette opération pouvait entraîner une instabilité du terrain et engendrer des
glissements de surface et d'ensemble.
Afin d'éviter ces complications, un enrochement définitif a été effectué avant le début
des travaux.

Figure 2 :

Figure 2 : Cas réel de problèmes de stabilité de pente et de glissement de terrain


Cet enrochement a été prévu dès le début des études, donc sans surcoût d'exécution
après négociations avec les entreprises et avec une sécurité des personnes travaillant
en pied de colline. La vision globale du site et du bâtiment dans son environnement
n'est donc pas à négliger dans ce cas également.

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Enfin, dans le même ordre d'idée, au voisinage de fouilles, il y a lieu de s'assurer de la


stabilité d'ensemble du sol sur lequel sera édifié le bâtiment.
Une vision globale du projet et de l'ouvrage dans son environnement permet
d'appréhender, en amont, les problèmes de fondations et de stabilité de terrain, de
prévoir les études géotechniques particulières à conduire, et de définir correctement
l'implantation des éventuels ouvrages de soutènement et principes de fondations
(Armatures et Lg d'ancrage de pieux en fonction des lignes de glissements).
2.1.2. Géotechnique
Avant tout commencement d'études et calculs de structures, il est souhaitable et
nécessaire, de faire établir une étude de faisabilité géotechnique par un bureau
spécialisé.
Effectivement, la nature des sols en place et la présence d'eau souterraine
conditionnent le choix des fondations et le traitement d'étanchéité des locaux en sous-
sol.
Il paraît illusoire et risqué de lancer une consultation d'entreprises avant de définir
clairement le type de fondations à retenir. En plus des soucis techniques à résoudre
après coup, le chiffrage de simples semelles superficielles n'a rien à voir avec la
réalisation et le coût d'un radier ou l'exécution de fondations profondes.
Grâce aux conclusions de l'étude de sol, l'ingénieur du BET structures pourra décrire
et pré dimensionner les fondations de l'ouvrage à produire.

Semelles superficielles : Si le sol est portant, pas de problème majeur. Une solution
par semelles superficielles, raidies ou non, peut être envisagée. Il faudra néanmoins
satisfaire à quelques obligations des règles de l'art :
- Ponctuellement, si des poches de terrains médiocres sont rencontrées, la substitution
par mise en place de gros béton doit être prévue (poche de tourbes par exemple ou
zone de dessouchage).
- L'assise de ces semelles devra permettre de satisfaire aux conditions de mise hors
gel, surtout dans le cas de sols argileux.
- Les tassements différentiels entre files ne doivent pas excéder le 1/500 de la distance
séparative (2 cm maxi).
- Enfin, si des décalages de niveaux sont nécessaires entre certaines files de semelles,
la disposition de ces dernières doit se faire, suivant une pente maximale de 2/3 (Figure
4)
Fondations profondes : Par contre, si les couches de terrains de surface sont
médiocres, les tassements sous semelles peuvent être prohibitifs. Dans ce cas, une
solution par pieux ancrés (avec effort de pointe), par pieux flottants (sans effort de
pointe) ou par micro-pieux sera préférée. Cette solution très sécurisante tant sur le
plan de la capacité portante que sur celui du tassement, présente cependant quelques
difficultés :

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Figure 4: Exemples de problèmes rencontrés pour les semelles superficielles

- Les fondations profondes devront être dimensionnées pour reprendre les efforts
horizontaux dus au vent, au séisme et aux poussées des terres dans le cas de bâtiments
partiellement enterrés.
- Elles devront reprendre les efforts horizontaux dus à la présence d'éventuels
bâtiments contigus sur semelles ou radier.
- Si la qualité du sol risque d'être affectée par l'action sismique, les pieux ou micro-
pieux seront vérifiés au flambement.
Prévoir des fondations profondes pour des constructions d'une certaine importance
avec un poids élevé est, à priori, la solution idéale. Par contre, le problème est plus
délicat dans le cas de bâtiments légers, type maison individuelle ou bâtiment en
simple RDC, pour lesquels cette solution risque d'être trop coûteuse. Il pourra être
alors préférer, dans cette configuration, si le sol le permet, un principe d'assise par
remplacement du terrain médiocre par un matelas de répartition (grave ciment ou
grave parfaitement compactée) ou par réalisation de puits.

Radiers : Dans le cas intermédiaire, la réalisation d'un radier général, nervuré ou non,
permet de fonder le bâtiment sur des couches de substitution ou des hérissons de
répartition parfaitement compactés.

Renforcement des sols : Il arrive sur certaines opérations de trouver des sols d'assises
non consolidés (portance très faible et granulométrie très lâche), de caractéristiques
mécaniques hétérogènes et localement très médiocres. Il faut alors passer soit avec
une solution de pieux soit avec une solution de traitement spécifique de renforcement
des sols, afin de leur conférer des qualités de portance acceptables. Pour obtenir une
amélioration des sols, plusieurs solutions techniques peuvent être envisagées :
- La substitution : Evacuation de tous les matériaux présentant des caractéristiques
mécaniques insuffisantes et remplacement par un matériau de bonne qualité
soigneusement compacté.
- Les colonnes ballastées : Forages à la tarière et remplis de grave.
- La vibroflottation ou vibrocompaction : Traitement par vibrations profondes qui
permet un aménagement granulométrique et donc une consolidation du sol.
- L'injection solide : Colonnes à Module Contrôlé - CMC - par exemple (Forage et
injection à faible pression d'un mortier de ciment + matelas de répartition en grave
réalisé en 2 couches
- Le préchargement : Chargement du terrain par mise en place temporaire de terre
rapportée, préalablement à la réalisation du dallage, afin d'accélérer le tassement
potentiel du terrain d'assise en place.

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- Le compactage dynamique : Chute libre de masses de 2 T à 40 T, selon un maillage


prédéfini en fonction du sol et des charges qu'il est appelé à reprendre.
- Traitement à la chaux ou au ciment.

Interaction sol / structure (figure 5) : En ce qui concerne la conception générale du


projet, il est bien évident que le choix des fondations sera largement tributaire de la
structure de l'ouvrage proprement dit.
Sur un sol de médiocre qualité, on a intérêt à concevoir une structure très rigide ou à
conférer une très grande rigidité à l'infrastructure.
Par contre, sur un sol de très bonne qualité, type roche, on peut concevoir des
fondations plus légères, telles que les semelles isolées par exemple, avec des
superstructures en portiques ou en voiles.
Donc, en résumé, une vision globale de l'ouvrage complétée par les conclusions du
rapport géotechnique permet d'appréhender, en amont, le traitement des problèmes de
fondations et le choix du principe à retenir.

Figure 5 : Interaction sol/structure

2.1.3. Hydrogéologie
L'étude de sol doit également prévenir et mettre en évidence la présence de nappes, de
sources ou de circulations d'eaux souterraines. La présence d'eau peut entraîner le
choix de solutions techniques lourdes et coûteuses. Il est donc essentiel de les
appréhender dés le début de l'élaboration du projet.
A chaque fois qu'il y a présence d'eau, il y a lieu de se préoccuper des trois points
capitaux suivants :
- La résistance locale d'ouvrages aux actions de l'eau combinées avec les autres
actions (sous pression sur dallage, poussées hydrostatiques et poussées des terres sur
des murs enterrés, etc.).
- La stabilité d'ensemble ou locale du bâtiment au soulèvement.
- L'aptitude à la fissuration des parois compte tenu des critères d'étanchéité demandés.

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Cuvelage (figure 6) : En présence d'un sous-sol et en fonction de la hauteur de la


nappe phréatique, ou du niveau et de l'intensité des circulations d'eau, la réalisation
d'un cuvelage peut être envisagée. Cet ouvrage permet de reprendre la poussée
hydrostatique due à l'eau souterraine et d'assurer une étanchéité totale ou relative des
locaux enterrés.
Il existe trois sortes de cuvelages. Le choix dépend essentiellement de l'acceptation ou
non de possibles infiltrations :
- 1) Cuvelage extérieur par mise en place d'un complexe d'étanchéité entre l'eau et la
paroi : C'est le meilleur procédé, bien qu'il nécessite un grand soin à l'exécution et
n'étant plus accessible une fois le béton coulé et les remblais mis en place. Cette
solution est réalisée en France avec un produit possédant un avis technique valide
(VOLCLAY). Elle assure l'étanchéité parfaite de locaux "nobles" en sous-sol et reste
une des solutions permettant de reprendre les sous-pressions.
- 2) Cuvelage intérieur par application d'un enduit ou d'une résine
d'imperméabilisation : C'est une solution plus économique, pouvant être réalisée sur
des ouvrages existants.
- 3) Cuvelage à structure relativement étanche : C'est la structure elle-même qui
fait office "d'étanchéité". Ce procédé admet un léger passage d'eau dont le débit est
défini dans le DTU 14.1. Il conduit généralement à une forte consommation d'acier et
nécessite la récupération des éventuelles eaux d'infiltration.
Les données de niveaux d'eau (EB = basses eaux Ŕ EH = hautes eaux Ŕ EE = eaux
exceptionnelles), les limitations des contraintes des aciers tendus, les limitations des
contraintes de traction et de compression du béton, les dispositions constructives, le
choix du type de principe de cuvelage en fonction des locaux à protéger, ainsi que les
choix du type de fissuration (FTP ou FP) sont exposés dans le DTU 14.1.

Matelas drainant sous dallage : Cette solution peut être envisagée lorsque le niveau
de la nappe phréatique reste sous celui du dallage, tout en fleuretant avec, ainsi que
dans les cas de présence non pas d'une nappe omniprésente mais de circulations
ponctuelles d'eau.
Ce matelas est constitué d'une couche plus ou moins importante de grave drainante
(40 à 60 cm de 20/60 par exemple) avec mise en place de drains en épis permettant de
récolter et d'évacuer les eaux circulant sous le bâtiment. En règle générale, cette
solution est couplée avec la réalisation d'un drainage périphérique.

Drainage périphérique (figure 7) : Ce principe est systématiquement adopter pour les


zones de bâtiments enterrés dans un sol non drainant, avec ou sans présence d'eau de
circulation.
Les voiles en infrastructures reçoivent systématiquement l'application d'une étanchéité
(pour les locaux habitables ou similaires) ou d'une imperméabilisation (pour les caves
et parkings), ainsi qu'une protection de ces éléments (voir le DTU 20.1 "Ouvrages en
maçonneries").
Ce principe permet de capter, de canaliser et d'évacuer les eaux périphériques de
circulation et/ou d'infiltration de surface par l'intermédiaire :
- De tranchées drainantes réalisées sur la hauteur des murs enterrés : Remplissage en
matériaux propres et drainants ou mise en place d'un contre mur en voussoirs
permettant d'assurer la protection de l'étanchéité ou de l'imperméabilisation et
l'éloignement de l'écoulement de l'eau des parois.

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- De chaussettes drainantes réalisées en pieds des voiles enterrés : Drains routiers


enrobés dans un lit de graviers, enfermés dans une membrane de type géotextile et
raccordés au réseau général d'évacuation des EP.
Sols gonflants (figure 8): Certaines argiles non saturées peuvent gonfler lorsqu'elles
sont imbibées de nouveau soit par les eaux de pluies soit par des remontées de la
nappe ou de la frange capillaire, ce qui se produit si l'on réduit l'évaporation
superficielle, par exemple en construisant un bâtiment.
Ce phénomène peut engendrer des désordres sur des fondations superficielles, mais
surtout sur des dallages sur terre-plein. Effectivement, le gonflement de ces argiles
peut entraîner une poussée non négligeable et générer une fissuration excessive de la
dalle et une mise en compression des cloisons intérieures.
Afin d'annuler ce type de problème, il est donc recommandé de prévoir une solution
de dallage sur vide sanitaire et un niveau d'assise des fondations relativement profond
(section des ventilations des VS = 3/10000 de la surface totale du VS sans gaz et
5/10000 avec gaz).
Cas d’un chantier en France : où le sol sableux s'est fortement décomprimé lors des
terrassements (enlèvement de 5.00 m de sable). Le terrain restant en place a réagi en
surface, dans les premières heures après déblais, en se comportant tel un matelas très
souple ou un pseudo-trampoline. Tout est rentré dans l'ordre après quelques jours et
des travaux de drainage, et les fondations superficielles ont été réalisées tout à fait
normalement. Pas de sinistre depuis.

Matériels et ouvrages provisoires : Lorsque le niveau de la nappe se trouve au-dessus


des dallages en sous-sols, il y a possibilité de prévoir, lorsque cela est réalisable
(milieu sableux non urbain par exemple), la mise en œuvre d'un rabattement de nappe
par aiguilles filtrantes enfoncées dans le sol en périphérie de l'ouvrage à bâtir. Quand
ce type de solution n'est pas envisageable, on peut préférer la réalisation d'ouvrages
provisoires, type batardeau en palplanches ou autres matériaux, avec pompage de la
fouille.
En conclusion, une vision globale de l'ouvrage complétée par l'étude hydrologique du
terrain et du sol, permet d'appréhender, en amont, le traitement des problèmes
d'infiltrations et de mise hors d'eau, ainsi que le choix du principe à retenir.

Figure 6 : Différents types de cuvelage (1) Cuvelage extérieur (2) Cuvelage intérieur (3)
Cuvelage à structure relativement étanche

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Figure 7 : Drainage périphérique Figure 8 : Sol gonflant

2.1.4. Urbanisme et avoisinants


L'implantation et la construction d'un ouvrage en site urbain peuvent conduire à
l'obligation du maintien des terrains qui supportent déjà des contraintes de chaussées
ou de bâtiments existants, de renforcement des fondations vis à vis de celles
d'immeubles mitoyens, de réalisation de reprise en sous œuvre, d'adaptation des
fondations en présence d'ouvrages enterrés.
Reprises en sous-œuvre (figure 9) : Lorsque l'on envisage de bâtir un ouvrage contre
un bâtiment existant, des précautions sont à prévoir lors de l'élaboration du projet et à
mettre en œuvre lors de l'exécution.
Tant que le niveau de nos fondations ne descend pas au-dessous de celles de
l'avoisinant, il y a peu de problème.
Par contre, dans le cas contraire, ça se complique légèrement. Si la mitoyenneté n'est
que ponctuelle et la différence de niveaux d'assises peut importante, on peut
envisager :
- 1) La réalisation de reprises en sous œuvre sous les semelles de l'existant. Cela
consiste à descendre l'assise de ces fondations existantes au niveau des fondations
futures, par délaiement et ajout de gros béton par passes de 2.00 m de long environ,
effectuées suivants la méthode des touches de piano (réalisation par alternance du plot
1, du plot 4, du plot 8, puis des plots 2, 5 et 9, et enfin des plots 3, 6, 10 et 7 en évitant
une ouverture complète et continue de ces reprises).
- 2) La descente, par mise en place de blocage en gros béton, de l'assise des futures
semelles au niveau de celles existantes.
Cas d’un Chantier avec sinistre à Saint-Jean-de-Luz en France: Injection de silicate
sous les fondations d'un ouvrage existant auprès duquel devait être réalisé un bâtiment
d'habitation comprenant 2 niveaux de sous-sols. L'injection de silicate a était mal
effectuée dans les sables en place.
Au lieu de retrouver une diffusion homogène, on s'est aperçu, au droit des sondages,
qu'il s'était formé de simples colonnes autour du tube d'injection. Donc fluage du
sable entre ces colonnes et affaissements des semelles existantes.

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Ouvrages provisoires et berlinoises (Figure 10) : Dans le cas de la réalisation d'un


sous-sol contre un bâtiment existant en mitoyenneté, le sujet devient très délicat.
Il faut alors envisager l'exécution d'ouvrages provisoires de type rideau de
palplanches, berlinoise ou soutènement en pieux sécants, avec ou sans butons ou
tirants en tête de parois, en fonctions des charges à retenir et déplacements
admissibles.
Effectivement, si l'ouvrage avoisinant est fondé sur pieux et que son dallage est porté
par ses fondations, notre ouvrage provisoire ne sera dimensionner que pour retenir la
poussée des terres et un léger déplacement en tête de rideau ne sera pas préjudiciable.

Figure 9 : Exemple de reprise en sous œuvre

Par contre, s'il est fondé sur semelles superficielles, notre paroi devra reprendre les
descentes de charges mitoyennes, en plus des efforts des terres, et dans ce cas, un
déplacement en tête pourrait entraîner un tassement non négligeable du terrain d'assise
de cet existant, et donc un sinistre assuré. La mise en œuvre de tirants ou de butons est
donc très souvent nécessaires.
Cas d’une résidence à Biarritz en France (deux niveaux de sous-sols implantés le long
d'un bâtiment existant en R+5), pour lequel une paroi de soutènement, en pieux
sécants, butonnée en tête, a été réalisée. Cet ensemble de pieux formant une paroi
fermée, il a été possible d'épauler les butons sur les parois latérales.
De même, le cas sur un chantier de bâtiment d'habitation, une paroi identique a été
mise en place pour maintenir une vieille bâtisse existante à conserver le long d'un
nouveau bâtiment sur sous-sol. Par contre, la paroi de maintien n'étant que frontale,
les butons ont été remplacés par des tirants (pas de possibilité de bloquer les butons).

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Figure 10 : Ouvrages provisoires et berlinoises

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Figure 11 : Exemple d’action dangereuse sur des pieux voisins

Fondations à proximité de bâtiments existants : (figure 11)


Les fondations superficielles ou radier de l'ouvrage à bâtir ne doivent exercer aucune
action dangereuse sur les pieux voisins et les avoisinants en général.
Ouvrages existants enterrés : Il faut dès l'élaboration du projet s'informer de la
possible présence de puits, de galeries et de voies souterraines (métros par exemple) à
proximité de l'implantation de l'ouvrage à construire, ceci afin de déterminer le type
d'actions à envisager et le principe de fondations à retenir.
Dans ces conditions, les concepteurs doivent se préoccuper des contraintes
d'urbanisme, afin de définir et de choisir les meilleurs systèmes de fondations et
d'ouvrages provisoires de maintien des avoisinants, dès le début du projet.

2.2. Contraintes réglementaires


Les concepteurs doivent avoir une vision globale de l'étude en fonction des diverses
réglementations, et elles sont nombreuses. Effectivement, des compositions et
épaisseurs de séparatifs entre locaux tiers pourront être dimensionnés en fonction des
réglementations acoustique ou de sécurité incendie par exemple. Ces réglementations
sont multiples et variées.
On retrouve principalement :
- Les règles de calculs Eurocodes, ainsi que les DTU, Normes et Fascicules, pour ce
qui est du dimensionnement vis à vis de la solidité et de la stabilité.
- Les chapitres Neige et Vent, ainsi que parasismique des Eurocodes.
- Les codes, arrêtés et règlements relatifs à la sécurité incendie et à l'évacuation des
personnes dans les ERP, dans les bâtiments d'habitation et autres ouvrages classés et
industriels.
- Divers Normes : Aménagements par exemple de sous-sols à usage de parkings, ou
choix des matériaux en fonction de leur utilisation possible.
- La nouvelle réglementation acoustique NRA pour les bâtiments d'habitation, les
établissements de soins, les hôtels et les lieux d'enseignement.
- La réglementation thermique RT 2005.

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- Les règles d'accessibilités aux personnes handicapées et aux brancards.


- Etc.

2.2.1. La solidité des structures et leur stabilité


Les charges et surcharges : Elles doivent être parfaitement reconnues et définies dès
le début du projet. L'oubli d'une de ces données peut avoir de lourdes conséquences
financières mais également techniques, en ce qui concerne les justifications de
résistance et de déformation de certains éléments de structure.
Le Maître d'Ouvrage informe l'équipe de conception des charges particulières que son
ouvrage pourrait être tenu de supporter. Il peut s'agir entre autres :
- De vibrations dues à la fixation de machines industrielles sur la structure.
- De stockages de produits, matériaux et matériels lourds.
- De mise en place de rayonnage de stockage.
- D'explosion en cas de stockage de produits dangereux.
- De passage de véhicules légers ou lourds.
- D'efforts d'accostage ou d'amarrage de bateaux.
- Etc.
Les valeurs des charges et surcharges courantes sont définies dans l'Eurocode 01,
ainsi que dans les normes NF P 06.001 et 06.004. Les valeurs des charges routières
sont données dans l'Eurocode traitant des ponts, entre autre.

Equarrissage et prédimensionnement : Au stade du projet, les ingénieurs chargés de


l'affaire devront vérifier, par exemple, que les portées de poutres et planchers définis
par l'architecte ne sont pas aberrantes et restent raisonnables vis à vis des exigences de
contrainte et déformation. Ils devront fournir un équarrissage réaliste des sections et
portées en fonctions :
- Des charges permanentes et de poids propre.
- Des surcharges classiques, des surcharges exceptionnelles et d'exploitation.
- Des éventuelles surcharges de chantier dues au principe de réalisation (passage
d'engin sur plancher, remblaiement non symétrique par exemple).
- Des surcharges climatiques de vent et de neige.
- Des valeurs de sismicité.
En règles générales, c'est lui qui prescrit :
- Les dimensions des éléments de structure (épaisseurs, longueurs, porte à faux et
sections) suivants les critères et principes de la RDM, des règles spécifiques à chaque
matériau (Eurocodes, etc.) et des contraintes environnementales (Sols, talus, remblais,
galeries, stabilité locale et d'ensemble, présence d'eau souterraine : Choix des
fondations, du cuvelage, des ouvrages provisoires - voir chapitres précédents).
- Les principes de contreventement en fonction des charges climatiques et sismiques
(Eurocodes).
- Les dispositions constructives à respecter pour certains éléments particuliers
conformément aux prescriptions des DTU ou Annales de l'ITBTP retenues (DTU
13.12
"Fondations superficielles", DTU 13.2 "Fondations profondes", DTU 13.3 "Dallages",
DTU 14.1 "Cuvelages", DTU 20.1 et 20.12 "Ouvrages en maçonneries", DTU 21
"Ouvrages en béton", DTU 23.1 "Murs banchés" et DTU 43.1 "Toitures étanchées sur
support en maçonnerie").

Contreventement : C'est un des points essentiels à appréhender pour garantir la


stabilité d'ensemble de l'ouvrage, surtout en zone sismique.

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Effectivement, si le contreventement est généralement aisé à assurer pour des


ouvrages à structure "murs de refends porteurs", le problème est un peu plus délicat
lorsqu'il s'agit de structures légères de type poteaux/poutres. Dans ce dernier cas, il
faut prévoir des palées de stabilité multidirectionnelles permettant l'équilibre statique
des niveaux et la descente des efforts horizontaux aux fondations.
De plus, un contreventement d'ouvrage en zone sismique sera plus important que celui
d'un ouvrage ne reprenant que des efforts horizontaux de vent.

Figure 12 : Elément de contreventement

Retrait et dilatation : Ces deux éléments peuvent être pris en compte, dès
l'établissement du projet, pour le dimensionnement et le fractionnement de certains
éléments de structure.
Effectivement, en fonction de l'implantation géographique de l'ouvrage, sa longueur
ne devra pas dépasser une certaine dimension, afin d'éviter tout problème de dilatation
horizontale.
Pour les ouvrages dont la structure extérieure est réalisée en béton, le BAEL, a défini
ces longueurs maximales :
- 25 m dans les régions sèches et à forte opposition de température (c’est la valeur
généralement adoptée en Tunisie avec une tolérance de 20% soit les dimensions
maximales d’un joint ne dépassent pas les 30m)
- 50 m dans les régions humides et tempérées.
Il en est de même pour des éléments minces saillants en façades ou en extérieur, tels
que les bandeaux, balcons, loggias, coursives ou corniches.
La longueur de ces éléments, entre joints de fractionnement, doit être inférieure à
12.00 m, la longueur idéale de bloc sans renforcement d'armatures étant de 6.00 m (art
2.1.7 DTU20.1).
Enfin, lorsque certains ouvrages sont très longs, une solution, afin d'éviter les
fissurations dues au retrait à court terme, est de ménager des zones de bétonnage de
seconde phase.

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Cas de la réalisation d'un quai au port du Havre en France : Les zones d'épaisseur plus
faibles aménagées pour recevoir les échelles ont été coulées en seconde phase, afin de
permettre au béton des portions de quai intermédiaires, d'une vingtaine de mètres, de
faire son retrait.
2.2.2. La sécurité incendie
Les principes de la sécurité incendie sont fondés sur :
- L'isolement des organes d’évacuation d'un bâtiment (couloirs et escaliers) par
rapport aux locaux recevant du public, et/ou des locaux entre eux.
- L'expulsion des fumées et gaz toxiques.
- La mise en sécurité des personnes
- L’intervention des services de sécurité et d’incendie
- L'évacuation des personnes.
A partir de ces divers points, il faudra donc tenir compte :
- Des valeurs de résistance au feu des structures et matériaux (SF, PF, CF).
- Des valeurs de réaction au feu des matériaux (M0 à M4 et les nouveaux classements
européens).
- Des isolements par rapport aux tiers ou aux locaux à risque particulier.
- Des éléments particuliers de désenfumage (parkings, locaux et circulations).
- Des principes d'évacuation des personnes (accès, cul de sac, largeur de passage,
distance à parcourir pour sortir).
Ces exigences techniques de sécurité sont définies dans les réglementations adéquates
:
- Arrêté du 25 juin 1980 : Pour les ERP (Etablissement Recevant du Public).
- Arrêté du 31 janvier 1986 : Pour les bâtiments d'habitation.
- Arrêté du 18 octobre 1977 : Pour les IGH (Immeubles de Grande Hauteur).
- Code du travail et divers arrêtés : Pour les bâtiments recevant des travailleurs.
- Divers arrêtés pour les établissements classés : Parkings, stockages hydrocarbures,
entrepôts et silos, etc.
- L'arrêté du 21 novembre 2002 pour la réaction au feu des produits de construction et
d'aménagement.
- L'arrêté du 2 mars 2004 pour la résistance au feu des produits de construction.
De plus, les Eurocodes et les règles FB (béton), FA (acier), BF (bois) et FPM
(poteaux mixtes) définissant les principes de calculs des structures au feu et donnent
des règles simplifiées pour assurer la résistance de certains éléments de construction
en fonction de la durée de mise au feu :
- Epaisseurs minimales de dalles, planchers, poutres, voiles et poteaux.
- Nombre de lits d'armatures dans les poutres.
- Enrobage minimal des aciers participant à la résistance de l'élément.

2.2.3. Les réglementations acoustique et thermique


Tout comme les règles de « sécurité incendie », la Nouvelle Réglementation
Acoustique (NRA) et la Réglementation Thermique 2005 (RT 2005) ont leurs
exigences propres.
Effectivement, elles orienteront l'ingénieur dans son choix de matériaux constitutifs
pour certains éléments, par exemple :
- Voile en béton banché entre logements.
- Double gaine béton pour les ascenseurs.
- Escaliers communs en béton et désolidarisés des voiles séparatifs contigus.

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Elles pourront également tendre à sur-dimensionner certains éléments de structure vis


à vis de leurs résistances mécaniques, par exemple :
- Plancher séparatif garage / logements en 23 cm d'épaisseur.
- Planchers entre logements en 20 cm d'épaisseur, même pour de petites portées.
- Murs séparatifs entre un logement et un local d'activité en 20 cm d'épaisseur.
- Murs séparatifs entre logements en 18 cm d'épaisseur quelle que soit la charge.
2.2.4. Les réglementations accessibilité des handicapés et des brancards
Idem pour ces réglementations en ERP, en Habitation et en Code du Travail :
- Largeur d'emmarchement des escaliers.
- Hauteurs et girons des marches d'escaliers.
- Largeur, longueur et pente des cheminements communs.
- Largeur de passage des fauteuils roulants et brancards.

2.3. Contraintes financières


Comme nous l'avons vu précédemment, l'argent est en grande partie le nerf de la
guerre dans une opération immobilière ou de construction d'ouvrage.
Les choix des concepteurs doivent donc d'une part répondre aux diverses contraintes
environnementales et réglementaires, mais d'autre part garantir la faisabilité de
l'opération avec l'enveloppe financière allouée. Par exemple, pour une petite parcelle,
il est préférable de partir sur un bâtiment d'habitation en R+6 qu'en simple RDC, la
surface à vendre étant beaucoup plus importante pour une même emprise au sol.
Par contre, si la portance du sol est médiocre, si la nappe phréatique est haute et si des
ouvrages avoisinants sont implantés en mitoyenneté de la parcelle, il est souhaitable
d'éviter, si cela est envisageable, la réalisation d'un bâtiment sur sous-sol enterré. On
cumulera dans ce cas de figure les berlinoises provisoires, le pompage, les pieux et le
cuvelage.

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CHAPITRE I : Bases de calcul des bâtiments

1- Objet et domaine d’application :


Les structures auxquelles les règles BAEL s’appliquent sont habituellement
constituées de poteaux verticaux, de dalles et de poutres tels qu’on en rencontre
normalement dans le domaine de bâtiment. Les règles en cause ne s’appliquent pas
aux ouvrages d’art et notamment pas au pont.
On distingue conventionnellement, dans leur domaine d’application, trois types de
constructions.
Constructions courantes : dans lesquelles les valeurs des charges d’exploitation sont
au plus égales à deux fois celles des charges permanentes ou à 5kN/m2 (charges dites
modérées); de plus, les charges localisées (associées implicitement aux charges
réparties), appliquées à tout élément de plancher, sont inférieures à la plus grande des
deux valeurs : 2kN et le quart de la charge d’exploitation totale susceptible d’être
appliquée à cet élément. Il s’agit de valeurs de service (ou d’utilisation), en principe
de valeurs nominales.
Entrent normalement dans cette catégorie : les bâtiments à usage d’habitation,
d’hébergement et de bureaux, les constructions scolaires ou hospitalières et, le plus
souvent, les bâtiments à usage commercial (magasins, boutiques, bâtiments de
stockage exclus) et les salles de spectacle mais non les bâtiments dans lesquels les
points d’appui aux différents niveaux ne sont pas superposés.
Constructions industrielles dans lesquelles les valeurs des charges d’exploitation
sont supérieures à deux fois celles des charges permanentes ou à 5kN/m2 (charges
dites relativement élevées) et comprennent le plus souvent des charges localisées
importantes, éventuellement mobiles et pouvant donner lieu à des effets dynamiques.
Entrent normalement dans cette catégorie : les bâtiments industriels proprement dits
(usines, ateliers, etc.) et les entrepôts.
Constructions spéciales dans lesquelles certaines parties de la structure peuvent être
assimilées à des éléments de constructions courantes, d’autres à des éléments de
constructions industrielles, d’autres enfin relèvent de l’application des règles
générales.
Entre par exemple dans cette catégorie : une construction comportant des parcs de
stationnement de véhicules légers, couverte par un plancher sous chaussée.

2- Actions et sollicitations:
Les actions et forces pouvant être appliquées à un bâtiment sont :
1- les charges permanentes
2- les surcharges d'exploitation courantes ou exceptionnelles
3- les charges accidentelles (séisme, incendie)
4- les charges climatiques (vent, neige)
5- les déformations imposées dues aux mouvements du sol
6- les charges dues au procédé d’exécution (résultant des données du projet)
7- les effets des variations de température : retraits et autres variations
dimensionnelles

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Dans la quasi-totalité des cas, l’ensemble des actions auxquelles sont soumis les
bâtiments se résument : aux charges permanentes, aux charges d’exploitation et aux
actions climatiques (généralement le vent en Tunisie).

2-1 Conditions de prise en compte des actions :


Les charges permanentes, notées G, résultent du poids spécifique des matériaux des
éléments structuraux mis en œuvre et des dimensions des coffrages correspondants,
des éléments non structuraux et des les équipements techniques fixes. Elles ont une
intensité constante ou très peu variable dans le temps.

Tableau 1 : Charges de quelques éléments structuraux :


Béton armé 2500Kg/m3 Plancher nervuré (16+5) 285Kg/m2
Béton non armé 2400Kg/m3 Plancher nervuré (19+5) 315Kg/m2
Gros béton de fondation 2300Kg/m3 Cloison de 20cm 240Kg/m2

L’action G des charges permanentes doit être prise en compte avec le même
coefficient (1,35 à l’ELU et 1 à l’ELS) dans les différentes travées continues d’une
structure. Les cloisons sont considérées dans les charges permanentes.
Les charges d'exploitation sont celles qui résultent de l'usage des locaux par
opposition au poids des ouvrages qui constituent ces locaux, ou à celui des
équipements fixes. Elles correspondent aux mobiliers, aux matériels, aux matières en
dépôt et aux personnes, estimés pour un mode normal d'occupation. Ces charges sont
variables et ont une intensité qui change fréquemment et de façon importante dans le
temps. Les charges d'entretien correspondent aux matériels et matériaux qui peuvent
être placés sur les ouvrages lors des travaux de réfection et de transformation. Ces
charges d'exploitation, notées Qb, sont définies dans la norme NF P 06.001 (Tableau
2).
L’action Qb des charges d’exploitation peut ou non être prise en compte dans les
différentes travées par travée entière.
La norme NFP 06-001 traite des charges d'exploitation des bâtiments, de leur mode
d'évaluation et des valeurs de ces charges à introduire dans les calculs.

En application de la norme NF P 06-001, les éléments porteurs supportant une grande


surface de planchers (poutres principales) peuvent, si les conditions réelles
d’exploitation le justifient, être calculés pour une charge d’exploitation unitaire
inférieure à celle servant de base au calcul des éléments secondaires (hourdis,
poutrelles). À défaut de précisions de la norme, c’est au Cahier des clauses techniques
particulières (CCTP) qu’il appartient de fixer les conditions dans lesquelles une telle
réduction peut être envisagée.
De même, en application de la norme NF P 06-001, les points d’appui (poteaux)
supportant un grand nombre de niveaux peuvent, dans de nombreux cas (immeubles à
usage d’habitation et de bureaux, notamment) être calculés pour une charge
d’exploitation inférieure à celle ayant servi au calcul des planchers (loi de
dégression).

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Tableau 2 : Exemples de charges d’exploitation (NFP 06-001)

Loi de dégression horizontale :


Dans certains cas, la valeur de base est susceptible d'un coefficient de dégression
horizontal (réduction pour grandes surfaces ou majoration pour faibles surfaces) dont
la valeur est définie selon ces cas (Figure 13) :

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Cas des charges signalées


par ** dans le tableau des
charges d’exploitation

Cas des charges signalées


par * dans le tableau des
charges d’exploitation

Cas des garages et parcs


de stationnement de
voitures légères

Figure 13 : Coefficient de dégression horizontal

Loi de dégression verticale

La valeur de base est susceptible d'un coefficient de dégression verticale dans le cas
des bâtiments à usage d'habitation ou d'hébergement pour lesquels est appliquée la loi
de dégression de base.
• Cette dégression n'est pas cumulable avec les réductions pour grandes surfaces.
• Lorsque des locaux commerciaux ou industriels occupent certains niveaux, ces
derniers ne sont pas comptés dans le nombre d'étages intervenant dans la loi de
dégression, et les charges sur les planchers correspondants sont pris en compte sans
abattement.
• Pour les bâtiments de bureaux, on applique la loi de dégression de base à la fraction
de la charge d'exploitation égale à cette dernière diminuée de 1 kN/m2.
• Dans les autres cas, les dégressions verticales sont fixées par les documents
particuliers du marché (D.P.M.)

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• Loi de dégression de base :


Soit:
Qo la valeur de référence pour le toit ou la terrasse couvrant le bâtiment.
Qi la valeur de référence pour le plancher de l'étage « i », la numérotation étant
effectué à partir du sommet.
Qri la fraction de la charge de l'étage « i » à laquelle on n'applique pas la loi de
dégression.
Sous les réserves précédemment faites, on adopte pour le calcul des éléments porteurs
intéressés les valeurs ci-après :
- sous le toit ou la terrasse : Qo
- sous le premier étage à partir du sommet (i = 1) : Qo + Q1
- sous le deuxième étage (i = 2) : Qo + 0,95 21(Qi – Qri) + 21 Qri
- sous le troisième étage (i = 3) : Qo + 0,90 31(Qi – Qri) + 31 Qri
- sous le quatrième étage (i = 4) : Qo + 0,85 41(Qi – Qri) + 41 Qri
- sous le cinquième étage (i = 5) : Qo + 0,80 51(Qi – Qri) + 51 Qri
- sous le sixième étage (i = 6) : Qo + 0,75 61(Qi – Qri) + 61 Qri
3+𝑖
- sous le septième étage et sous les suivants (i ³ 7) : Qo + 2𝑖 𝑖1(Qi – Qri) + 𝑖1 Qri

Lorsque la charge d'exploitation de référence est la même pour tous les étages, cette
loi revient à prendre :
- sous le toit ou la terrasse : Qo
- sous le premier étage à partir du haut : Qo + Q1
- sous le deuxième étage à partir du haut : Qo+ 1,9 Q + 0,1 Qr
- sous le troisième étage à partir du haut : Qo + 2,7 Q + 0,3 Qr
- sous le quatrième étage à partir du haut : Qo + 3,4 Q + 0,6 Qr
- sous le cinquième étage à partir du haut : Qo + 4,0 Q + 1,0 Qr
- sous le sixième étage à partir du haut Qo + 4,5 Q + 1,5 Qr
- sous le septième étage à partir du haut et sous tous les suivants : Qo + 5 Q + 2 Qr

Charges concentrées
On considère pour tous les locaux une charge concentrée sur un appui de Φ 25 mm,
égale à 2 kN.
• Pour les garages et parcs de stationnement de voitures légères, on considère une
charge poinçonnante égale à 8 kN sur un carré de 10 cm de côté.
• Les valeurs et les surfaces d'application des charges concentrées correspondant à des
matériels lourds ou à des engins de manutention sont données dans les documents
particuliers du marché (D.P.M.).

Cloisons de distribution
• Elles sont assimilables à une charge répartie de 1 kN/m2 pour les cloisons légères de
poids inférieur à 2,50 kN/m et pour certains types de bâtiments (habitation, bureaux).
La valeur de la charge est ramenée à 0,50 kN/m2 pour les bâtiments d'habitation à
refends transversaux porteurs rapprochés.
• Dans les autres cas, les cloisons sont à compter telles que prévues sur les plans ou
telles que définies dans les documents particuliers du marché.

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2-2 Sollicitations :

Les sollicitations de calcul sont obtenues par application des principes de la


Résistance des Matériaux en envisageant successivement les diverses combinaisons
d’actions et les différents cas de charge. Il est permis d’appliquer le principe de
superposition aux sollicitations évaluées par les diverses méthodes de calcul indiquées
ci-après et d’en déduire les courbes enveloppes des sollicitations de calcul.

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CHAPITRE II : Calcul des éléments de plancher

1- Règles générales :

1-1 Portées à prendre en compte dans les calculs :


a) La portée à prendre en compte dans les calculs est mesurée :
ŕ entre points d’application des résultantes des réactions d’appui dans le cas de
poutres munies d’appareils d’appui ou reposant sur des massifs ou des murs en
maçonnerie (Figure 15)
ŕ entre les nus des appuis dans les autres cas et en particulier celui, très fréquent, où
les éléments de plancher reposent sur des appuis en béton (poutres, poteaux ou voiles)
(Figure 14)
b) Pour ces derniers cas, les sections d’appui dont on doit justifier la résistance aux
moments d’encastrement sont celles des nus intérieurs des appuis. Les effets des
réactions sur les appuis ou sur les nœuds qui doivent équilibrer les moments
correspondants sont à considérer.
Dans le cas où le schéma de calcul des sollicitations fait nécessairement intervenir les
portées entre axes des appuis (calcul en portique par exemple figure 16) et où les
appuis ont une grande rigidité, le moment M’ au nu intérieur d’un appui peut être
notablement inférieur au moment M obtenu dans l’axe de l’appui.
Pour la travée concernée, la justification d’état-limite ultime de la section d’appui est
alors à effectuer sous le moment Mu défini par :
Mu = Max [M’ ; Min (M′′, M)]
Avec M′′ moment d’encastrement de la travée supposée parfaitement encastrée dans
les sections des nus des appuis

Figure 14: Cas de poutre reposant sur Figure 15: Cas de poutre reposant sur
éléments en béton appareil d’appui

Figure 16: Moments de continuité

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29

1-2 Définition de la largeur de la table des poutres en T :


La largeur participante beff de la table de compression des poutres en T se calcule
comme suit (Figure 17) :

𝑏𝑒𝑓𝑓 ,𝑖 + 𝑏𝑤
𝑏𝑒𝑓𝑓 = 𝑀𝑖𝑛
𝑏
0,2𝑏𝑖 + 0,1𝑙0
Avec 𝑏𝑒𝑓𝑓 ,𝑖 = 𝑀𝑖𝑛 0,2𝑙0
𝑏𝑖

Figure 17: Définition de la largeur de la table des poutres en T

1-3 Combinaison d’action et cas de charge à considérer :

1-3-1 Cas d’éléments soumis à l’ensemble des charges permanentes et


d’exploitation :
Les seules combinaisons à considérer à l’Etat Limite Ultime (ELU)
sont données dans le tableau 3:

Tableau 3 : Combinaisons à l’ELU (sans actions climatiques)


Combinaisons Travées chargées Travées déchargées
(1) 1,35 G+1,5 Qb 1,35 G
(2)1 G+1,5 Qb G

La figure 18 indique les différents cas de charge à considérer dans le cas d’une poutre
console.

1
Ne doit pas être prise en compte que dans le cas d’une travée prolongée par une console.

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30

Figure 18: Cas de charges à considérer à l’ELU pour une poutre-console

1-3-2 Cas d’éléments susceptibles d’être soumis à l’ensemble des charges


permanentes, d’exploitation et du vent :
Aux combinaisons (1) et (2) précédentes s’ajoutent les combinaisons de (3) à (6),
récapitulées dans le tableau 4.

Tableau 4 : Combinaisons à l’ELU (avec actions climatiques)


Combinaisons Travées chargées Travées déchargées
(3) 1,35 G+1,5 Qb+W 1,35 G+W
(4) G+1,5 Qb+W G+W
(5) 1,35 G+1,5 W+1,3𝜓0 Qb 1,35 G+1,5 W
(6) G+1,5 W+1,3𝜓0 Qb G+1,5 W

𝜓0 est le coefficient d’accompagnement défini et donné dans la norme NF P 06-001.


Sa valeur est de 0,77 pour tous les locaux (1,3 ψ0 ≈ 1) à l’exception des archives et
des parcs de stationnement, pour lesquels sa valeur est de 0,9 (1,3 ψ0 = 1,17).
Suivant les valeurs respectives des actions Qb et W et suivant leur signe, certaines
combinaisons d’actions ne sont, de toute évidence, pas à retenir. Les combinaisons (1)
et (2) peuvent être considérées comme incluses dans (3) et (4) avec W = 0. Les deux
combinaisons (3) et (4), dans le cas des travées déchargées, sont incluses dans (5) et
(6).
Dans les différentes travées d’un portique soumis à l’action de charges d’exploitation
et du vent, les charges d’exploitation peuvent être ou non appliquées par travées
entières dans les conditions les plus défavorables, mais le vent est à prendre en
compte, dans un sens ou dans l’autre, sur l’ensemble des travées.
Dans la grande majorité des cas, on aura normalement à retenir, pour la vérification
aux moments de flexion tant sur appuis qu’en travée, la plus défavorable des deux
combinaisons :
1,35 G + 1,5 QB + W
1,35 G + 1,5 W + 1,3 𝜓0 Qb

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31

La combinaison G + 1,5 W est éventuellement à prendre en considération dans la


vérification aux moments positifs sur appuis.

2- Calcul des dalles rectangulaires :

2-1 Définition:
Une dalle est un élément horizontal, généralement de forme rectangulaire, dont une
des dimensions (l’épaisseur h) est petite par rapport aux deux autres (les portées lx et
ly) (Figure 19). On désigne par lx la plus petite des portées. On s’intéresse au rapport
𝑙
des portées 𝛼 = 𝑥 ≤ 1. Dans le cas courant où il n’y a pas d’appareil d’appuis, les
𝑙𝑦
portées sont définies entre nus intérieurs des poutres ou des voiles porteurs.

Figure 19 : Définition d’une dalle

Domaine d’application :
𝑙𝑥
On désigne par dalles sur appuis continus, les dalles dont le rapport des portées est
𝑙𝑦
supérieur à 0,4. Lorsque le rapport des portées est inférieur à 0,4, la dalle est calculée
comme une poutre-dalle de largeur unitaire, soit isostatique soit continue (dans ce cas,
on appliquera la méthode forfaitaire ou la méthode de Caquot pour déterminer les
moments de continuité (voir paragraphe 3).

2-2 Moments dans les dalles articulées sur leurs contours:


La théorie des plaques minces fournie les équations (différentielles) qui permettent de
déterminer les moments fléchissants dans une plaque mince. La flèche u(x; y) d’une
plaque supportant une charge répartie p est solution de l’équation:

𝜕4𝑢 𝜕4𝑢 𝜕4𝑢 𝑝


+2 2 2+ 4 = 𝐷
𝜕𝑥 4 𝜕𝑥 𝑦 𝜕𝑦

𝐸𝑕 3
Avec 𝐷 = 12(1−𝜐 2 ) est la rigidité de la plaque
Les moments sont alors donnés par :

𝜕2𝑢 𝜕2𝑢 𝜕2𝑢 𝜕2𝑢


𝑀0𝑥 = −𝐷( 2
+ 𝜐 2
) et 𝑀0𝑦 = −𝐷( 2
+ 𝜐 )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑥 2

La résolution de ces équations nécessite une intégration numérique et c’est pour cette
raison que le BAEL propose des méthodes approchées sous formes d’abaques.

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32

Pour cela, on pose :

𝑀0𝑥 = 𝜇𝑥 𝑝𝑙𝑥2 et 𝑀0𝑦 = 𝜇𝑦 𝑀0𝑥

Avec 𝜇𝑥 et 𝜇𝑦 sont donnés dans le tableau 5 ci-après :

Tableau5 : Formules de calcul de 𝝁𝒙 et 𝝁𝒚


Type de calcul 𝜇𝑥 𝜇𝑦
Sollicitations à l’ELU et à 1 𝛼 2 [1 − 0,95 1 − 𝛼 2 ] ≥ 0,25
l’ELS 8(1 + 2,4𝛼 3 )
Déformation à l’ELS 1 𝛼 2 [1 + 1,5 1 − 𝛼 2 ] ≥ 0,25
8(1 + 2𝛼 3 )

Comme𝜇𝑦 ≤ 1, ce qui signifie que le moment le plus important est dans le sens de la
petite port2e et par cons2quent, la direction parallèle aux petits cotés sera la plus
armée. Ce résultat qui peut paraître surprenant (on a tendance à vouloir mettre plus
d’acier si la portée est plus grande) vient du fait que la part des charges transmise dans
la direction de la petite portée est plus importante que celle transmise dans la direction
de la grande portée.

Moments aux encastrements :


Il faut prévoir une section d’armature sur appuis qui équilibre un moment
d’encastrement égale 0,15M0x si les bords de la dalle sont liés à leurs poutres
supports.

2-3 Dalles rectangulaires continues:


Dans la réalité, les dalles en BA ne sont pas articulées sur leurs contours. On prend en
compte un moment d’encastrement, qui permet de diminuer dans une certaine mesure
la valeur des moments en travée déterminés pour la dalle articulée. Le règlement
BAEL (article A.8.2, 32) stipule que:
- les moments en travée peuvent être réduits de 25% au maximum par rapport
aux moments de la dalle articulée, selon les conditions de continuité aux
appuis,
- les moments d’encastrement sur les grands cotés sont évalués à au moins 40
ou 50% du moment de la dalle articulée M0x
- les moments d’encastrement sur les petits cotés prennent des valeurs du même
ordre que sur les grands cotés,
- dans la portée principale lx, on doit respecter :

𝑀𝑤𝑥 + 𝑀𝑒𝑥
𝑀𝑡𝑥 + ≥ 1,25𝑀0𝑥 𝑒𝑡 𝑀𝑡𝑥 ≤ 𝑀0𝑥
2

Ce qui conduit à adopter les valeurs suivantes pour le moment en travée Mtx, en
fonction des valeurs des moments sur appuis (tableau 6) :

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33

Tableau 6 : Valeurs de Mtx en fonction des moments sur appuis

Figure 20: Exemple de valeurs de moments sur appuis et en travées

2-4 Ferraillage des dalles:

2-3-1 Section d’acier :


Connaissant les moments maximaux, le ferraillage est calculé comme pour une
poutre, en considérant une largeur de dalle de 1.00m, dans les directions x et y.
Le ferraillage est réalisé avec des Treillis Soudés (TS) ou des armatures ordinaires,
quelques barres pouvant être ajoutées pour compléter le ferraillage (voir exemple de
la figure 21).
On doit avoir :
𝐴
- 𝐴𝑦 ≥ 3𝑋 si les charges appliquées comprennent des efforts concentrés
𝐴
- 𝐴𝑦 ≥ 4𝑋 si les charges sont uniquement réparties
La condition de non-fragilité et de ferraillage minimal conduit à :

Tableau 7 : Ferraillage minimal des dalles (h en m)

Nuance d’armatures Ax (cm2/m) Ay(cm2/m)


HA feE 400 4h(3 − α) 8h
HA feE 500 ou TS 3h(3 − α) 6h

Lorsque la fissuration est considérée peu préjudiciable, l’écartement maximal des


armatures d’une même nappe est donnée par:

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34

Tableau 8 : Ecartement maximal des armatures en FPP :


Directions Charges réparties Charges concentrées
Sens x Min (3h, 33cm) Min (2h, 25cm)
Sens y Min (4h, 45cm) Min (3h, 33cm)

Pour la fissuration préjudiciable (FP) et très préjudiciable (FTP),on a :

Tableau 9 : Ecartement maximal des armatures en FP et FTP


FP Min (2h, 25cm)
FTP Min (1,5h, 20cm)

Dispositions des armatures :


𝑕
- Diamètre des armatures : 𝜙 ≤ 10
- Disposition des barres : les armatures les plus proches de la face tendue sont
celles parallèles au petit côté

Figure 21: Exemple de ferraillage d’une dalle pleine

2-3-2 Arrêt des barres :


Les aciers de la nappe inférieure sont prolongés jusqu’aux appuis et ancrés au delà du
contour théorique de la dalle, sur ls/3 pour les barres indépendantes et sur au moins
une soudure pour les TS.
La longueur des chapeaux sur les petits et grands cotés peut être déterminée de façon
forfaitaire, en fonction du type d’encastrement sur l’appui, à :
- Max (ls; 0.20lx) si il y a continuité,
- Max (ls; 0.15lx) si l’encastrement est partiel,
- Max (ls; 0.10lx) si l’encastrement est faible,
Deux plans de ferraillage par dalle son nécessaires, l’un pour le ferraillage de la nappe
inférieure (en travée), l’autre pour le ferraillage de la nappe supérieure (chapeaux sur
appuis).

2-3-3 Sollicitations d’effort tranchant :


Les valeurs maximales sur appuis pour les dalles portant dans les deux sens (𝛼 ≥ 0.4)
sont données par :

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35

𝑙𝑥 1 𝑝𝑙 𝑥
𝑉𝑥 = 𝑝 𝛼 et 𝑉𝑦 = ≤ 𝑉𝑥
2 1+ 3
2
Aucune armature transversale n’est requise si:
- la dalle est coulée sans reprise de bétonnage,
- la contrainte de cisaillement conventionnelle par mètre de dalle :
𝑉𝑢 𝑓𝑐𝑗
𝜏𝑢 = ≤ 0.7
𝑑 𝛾𝑏
Dans le cas contraire, on augmentera l’épaisseur de la dalle. Si cette solution n’est pas
envisageable, on placera des aciers transversaux comme dans une poutre. Dans tous
les cas, la contrainte de cisaillement conventionnelle est limitée à :
- Min (0.2fcj/𝛾𝑏 ; 5MPa) k pour la FPP,
- Min (0.15 fcj/𝛾𝑏 ; 4MPa) k pour la FP ou la FTP, où k = Min (10h/3; 1) (h en m).
2-3-4 Ouvertures et trémies :
On dispose de part et d’autre des ouvertures, dans les deux directions, une section
d’acier équivalente à celle coupée. La transmission des efforts des barres coupées à
celles de renfort se faisant par des bielles à 45°, la longueur des barres de renfort est a
+ b + 2ls, où a et b sont les dimensions de la trémie. (Voir figure 22)

Figure 22: Ferraillage au droit des trémies

3- Calcul des poutres continues de plancher :

3-1 Transmission des charges des dalles aux poutres :


Les charges agissant sur un élément porteur sont d’une part celles qui agissent
directement sur lui, d’autre part celles qui lui sont transmises par les éléments qu’il
supporte, compte tenu de leur continuité éventuelle. La transmission des charges est
effectuée en utilisant la méthode des lignes de rupture.
3-1-1 Méthode des lignes de rupture :
Cette méthode correspond bien à la réalité physique des essais de plaques menées
jusqu’à la rupture : plastification des armatures et écrasement du béton comprimé
localisé sur des charnières plastiques linéaires. On constate en effet dans les essais de
dalle que la fissuration apparait puis se développe le long de bandes étroites
(diagonales dans une dalle carrée), où sont concentrées les déformations par courbure.
En phase de rupture, la plastification des armatures se produit le long de ces bandes et
entraine une large ouverture des fissures : la dalle tend à s’articuler autour de ces
lignes charnières, qui deviennent des lignes de rupture lorsque la rotation devient trop
importante.

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36

A l’ELU, on suppose la dalle découpée par des lignes de rupture (segment), en


éléments rigides plans, dont on néglige les déformations élastiques par rapport aux
rotations entre éléments qui s’effectuent autour d’axes de rotation passant par les
lignes d’appuis.
La ligne de rupture entre deux éléments passe toujours par le point d’intersection de
leurs axes respectifs de rotation.

Figure 23: Exemple de fissuration d’une dalle carré en flexion

A titre d’exemple, les lignes de rupture d’un panneau de dalle encastré sur son
contour se composent de tronçons (Figure 23):
- Formant un angle de 45° avec les rives de panneau
- Ou parallèles à son grand côté

3-1-2 Evaluation des charges équivalentes


La figure 24 schématise les différents cas de transmission des charges.

Figure 24 : Différents cas de transmission des charges

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37

Dans le cas n°12, l’évaluation des charges transmises aux poutres ne pose pas de
difficulté. Elles sont proportionnelles à la surface de plancher que supporte chaque
poutre.
Dans le cas n°2, on définit les charges uniformément réparties équivalentes sur les
travées des poutres :
Pv : produisant le même effort tranchant aux appuis de la poutre de référence que la
charge apportée par la dalle
PM : produisant le même moment fléchissant à mi-travée de la poutre de référence que
la charge apportée par la dalle.
La figure 25 résume la notion de schémas équivalents de calcul.
Pour un panneau de dalle rectangulaire, les expressions de Pv et PM sont récapitulées
dans le tableau 10
Tableau 10 : Charges équivalentes

𝑙𝑥 Elément Trapèze Elément Triangle


𝛼=
𝑙𝑦
Pv 𝛼 𝑃𝑙𝑥 𝑃𝑙𝑥
(1 − )
2 2 4
PM 𝛼 2 𝑃𝑙𝑥 𝑃𝑙𝑥
(1 − )
3 2 3

Figure 25 : Lignes de rupture dans un panneau rectangulaire et schémas équivalents

3-2 Méthodes de calcul des sollicitations :


Selon que les quatre conditions suivantes sont vérifiées ou pas, on appliquera
différentes méthodes :
a) la méthode s’applique aux constructions courantes, c’est-`a-dire lorsque q ≤ 2g et
q≤ 5kN/m2
b) les moments d’inertie des sections transversales sont identiques le long de la poutre

2
Ce cas correspond à une dalle pleine portant dans un seul sens (sens l x) et à une dalle nervurée (sens
des nervures)

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38

c) les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,8 et 1,25 (25%)
d) la fissuration ne compromet pas la tenue du béton armé et de ses revêtements (FPP)

Si a, b, c et d sont vérifiées, on appliquera la méthode forfaitaire (Annexe E1 du


BAEL).
Si a n’est pas vérifiée (cas des planchers `à charge d’exploitation relativement élevée),
on appliquera la méthode de Caquot (Annexe E2 du BAEL).
Si a est vérifiée mais une ou plus des trois conditions b, c et d ne le sont pas, on
appliquera la méthode de Caquot minorée (Annexe E2 du BAEL).
Remarque 1 Si les quatre conditions sont vérifiées, il est toujours possible d’utiliser la
méthode de Caquot minorée, qui conduira à un ferraillage mieux dimensionné que
celui obtenu avec la méthode forfaitaire.
Remarque 2 Ces méthodes s’appliquent uniquement aux poutres supportant une dalle
faisant office de table de compression. Pour le calcul d’une poutre de chemin de
roulement par exemple, on utilisera la théorie classique de la résistance des matériaux
pour calculer les moments sur appuis.

3-2-1 Méthode forfaitaire

3-2-2-1 Principe de la méthode :


Les valeurs des moments en travée Mt et sur appuis Mw et Me doivent vérifier :

𝑀𝑤 +𝑀𝑒 1,05𝑀0
1. 𝑀𝑡 + ≥
2 (1 + 0,3𝛼)𝑀0
(1+0,3𝛼)
2. 𝑀𝑡 ≥ 𝑀0 dans une travée intermédiaire
2
(1,2+0,3𝛼)
𝑀𝑡 ≥ 𝑀0 dans une travée de rive
2
3. la valeur absolue de chaque moment sur appui intermédiaire doit être au moins
égale à :
0,6M0 pour une poutre à deux travées,
0,5M0 pour les appuis voisins des appuis de rive d’une poutre à plus de deux travées,
0,4M0 pour les autres appuis intermédiaires d’une poutre `a plus de trois travées avec
M0 la valeur maximale du moment fléchissant dans la travée de référence (travée
isostatique indépendante de même portée et supportant le même chargement que la
𝑞
travée considérée) et 𝛼 = 𝑔+𝑞 le rapport des charges d’exploitation à la somme des
charges non pondérée. La schéma résume ces conditions.

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39

Remarque : Lorsque, sur l’appui de rive, la poutre est solidaire d’un poteau ou d’une
poutre, il convient de disposer sur cet appui des aciers supérieurs pour équilibrer Ma =
0,15M0.

Mode opératoire Dans la pratique, on prend la valeur minimale des moments sur
appui Mw et Me (en valeur absolue), puis on calcule Mt par la formule des moments.

3-2-2-2Armatures longitudinales :
Lorsque les trois conditions suivantes sont réunies : q ≤ g, les charges sont réparties et
les moments sur appui sont pris à leur valeur absolue minimale (valeurs adoptées sur
la Figure), il est alors possible de déterminer de façon forfaitaire la longueur des
chapeaux et l’arrêt des barres, comme indiqué sur la Figure 26.

Figure 26: Arrêt des barres forfaitaire

3-2-2-3 Effort tranchant :


Pour déterminer la valeur de l’effort tranchant aux appuis, ce dernier est calculé en
faisant abstraction de la continuité, sauf pour les appuis voisins des appuis de rive. En
notant V0i la valeur absolue de l’effort tranchant sur les appuis de la travée isostatique
de référence i, les valeurs absolues de l’effort tranchant aux appuis sont déterminées
de façon forfaitaire comme indiqué sur la Figure 27.

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40

Figure 27 : Effort tranchant forfaitaire

3-2-2 Méthode de CAQUOT :


La méthode s’applique essentiellement aux poutres - planchers des constructions
industrielles, c’est-`a-dire pour des charges d’exploitation élevées : q > 2g ou
q > 5kN/m2.
Elle peut aussi s’appliquer lorsqu’une des trois conditions b, c ou d de la méthode
forfaitaire n’est pas validée (Inerties variables ; différence de longueur entre les
portées supérieure à 25% ; fissuration préjudiciable ou très préjudiciable). Dans ce
cas, il faut appliquer la méthode de Caquot minorée qui consiste à prendre g0 = 2/3g
pour le calcul des moments sur appui.
La méthode proposée par Albert Caquot tient compte :
- de la variation du moment d’inertie due aux variations de la largeur de la table
de compression, en réduisant légèrement les moments sur appui et en
augmentant proportionnellement ceux en travée.
- de l’amortissement de l’effet des chargements des poutres en BA, en ne
considérant que les travées voisines de l’appui pour déterminer le moment sur
appui.

3-2-2-1 Hypothèses
Pour le calcul des moments sur appui Ma, on fait les hypothèses suivantes :
- seules les charges sur les travées voisines de l’appui sont prises en compte
- on adopte des longueurs de portées fictives l0, telles que :
- l0 = l pour les deux travées de rive,
- l0 = 0,8l pour les travées intermédiaires.

3-2-2-2Valeurs des moments sur appui :


Pour le cas des charges réparties (Figure 28), les moments sur appui intermédiaire
sont donnés par :

𝑙𝑤′ 𝑙𝑒′
𝑝𝑤 𝑙𝑤′2 𝐼𝑤 𝑝𝑒 𝑙𝑒′2 𝐼𝑒
𝑀𝑎 = − . − .
8,5 𝑙𝑤′ 𝑙𝑒′ 8,5 𝑙𝑤′ + 𝑙𝑒′
+
𝐼𝑤 𝐼𝑒 𝐼𝑤 𝐼𝑒

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41

Iw et Ie sont respectivement les inerties de la travée gauche et droite de l’appui


considéré.

Lorsque l’inertie est constante le long de la poutre, l’expression précédente devient :

𝑃𝑒 𝑙𝑒′3 + 𝑝𝑤 𝑙𝑤′3
𝑀𝑎 = −
8,5(𝑙𝑤′ + 𝑙𝑒′ )

Pour le cas d’une charge concentrée Pe (figure 29), les moments sur appui
intermédiaire sont donnés par :

𝑙 ′2
1 𝑎𝑒 𝑎𝑒 𝑎𝑒 𝑃𝑒 . 𝐼𝑒
𝑀𝑎 = . ′ . 1− ′ . 2− ′ . ′ 𝑒′
2,125 𝑙𝑒 𝑙𝑒 𝑙𝑒 𝑙𝑤 𝑙𝑒
𝐼𝑤 + 𝐼𝑒
1 𝑎 𝑎𝑒 𝑎𝑒
On pose : 𝑘𝑒 = 2,125 . 𝑙 ′𝑒 . 1 − . 2−
𝑒 𝑙 𝑒′ 𝑙 𝑒′

Lorsque l’inertie est constante le long de la poutre, l’expression précédente devient,


en appliquant deux forces concentrés Pe et Pw:

𝑘𝑤 (𝑎𝑤 )𝑃𝑤 𝑙𝑤′2 + 𝑘𝑒 (𝑎𝑒 )𝑃𝑒 𝑙𝑒′2


𝑀𝑎 = −
(𝑙𝑤′ + 𝑙𝑒′ )

Figure 28: Notation pour le calcul des Figure 29: Notation pour le calcul des
moments sur appui : cas de charge répartie moments sur appui : cas de charge
concentrée

Cas d’une console :

On calcule le moment M2 sur l’appui 2 (Figure 30):

1 𝑙2′ 𝐼3
𝑀2 = − . ′ .𝑀
2,125 𝑙2 𝐼3 + 𝑙3′ 𝐼2 1

Avec M1 : moment sur l’appui 1 provoqué par la charge sur la console


Lorsque l’inertie est constante le long de la poutre, l’expression précédente devient :
1 𝑙2′
𝑀2 = − . ′ . 𝑀1
2,125 𝑙2 + 𝑙3′

Remarque :
Le moment M1 étant généralement négatif, le moment M2 est de signe positif.

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42

Figure 30 : Notation dans le cas d’une poutre-console

3-2-2-3 Valeurs des moments en travée:


Pour les calculs des moments en travée Mt, on fait les hypothèses suivantes :
- on utilise la longueur des portées réelles l (et non plus l’),
- on ne considère que les deux travées adjacentes et les trois cas de charge
définis sur la Figure.
L’´evolution du moment en travée M(x), pour un cas de charge, est donné par :

𝑥 𝑥
𝑀𝑡 𝑥 = 𝜇 𝑥 + 𝑀𝑤 1 − + 𝑀𝑒 ( )
𝑙 𝑙

Où 𝜇 (x) est le moment dans la travée isostatique de référence correspondant au cas de


charge étudié. La position du moment maximum en travée est obtenue en recherchant
l’abscisse où la dérivée de M(x) s’annule, soit dans le cas d’un chargement symétrique
sur la travée :

𝑙 𝑀𝑤 − 𝑀𝑒
𝑥𝑀𝑡𝑚𝑎𝑥 = −
2 𝑝𝑙

Dans la pratique, pour le calcul de xMtmax on ne s’intéressera qu’au cas de charge qui
conduit à la plus grande valeur du moment en travée. Pour les travées paires c’est le
cas de charge 2, tandis que pour les travées impaires, c’est le cas de charge 3 qui
conduit à la valeur maximale du moment en travée. (Figure 31)

Figure 31: Définition des 3 cas de charges à prendre en compte

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43

3-2-2-4 Valeurs des efforts tranchants:


Sur l’appui i, les valeurs à gauche et à droite de l’effort tranchant sont :

𝑀𝑎,𝑖 − 𝑀𝑎,𝑖−1
𝑉𝑤𝑖 = 𝑉0𝑤 −
𝑙𝑖−1

𝑀𝑎,𝑖+1 − 𝑀𝑎,𝑖
𝑉𝑒𝑖 = 𝑉0𝑒 −
𝑙𝑖

V0w et V0e sont les efforts tranchants à gauche et à droite de l’appui i des travées
isostatiques de référence i-1 et i, respectivement,
Ma,i-1 , Mai , Ma,i+1 sont les moments sur les appuis i-1, i et i + 1, respectivement,
li-1 et li sont les portées des travées i-1 et i, à droite des appuis i-1 et i, respectivement
Le cas de charge correspondant aux efforts tranchants maximums sur l’appui i se
produit lorsque les deux travées adjacentes sont chargées et les autres déchargées
(voir Figure 32)

Figure 32: Cas de charge conduisant à l’effort tranchant maximal sur l’appui i

3-2-2-5 Courbe enveloppe des moments fléchissants


Le tracé des trois courbes de moment fléchissant correspondant aux trois cas de
charge est fait à partir des expressions calculées de M(x). La courbe enveloppe
(courbe épaisse sur la Figure 33) reproduit le contour des moments maximums (en
travée) et minimums (sur appui). A partir de cette courbe, il est maintenant possible
de calculer les sections d’acier et de tracer l’épure d’arrêt de barres.
3-2-2-6 Tracé de l’épure d’arrêt de barres
Hypothèse: On suppose que la valeur du bras de levier Zb (distance entre le centre de
gravité des armatures et le point d’application de la résultante des contraintes de
compression du béton) est constante le long de la poutre. En pratique, le calcul des
sections d’acier se fait uniquement aux abscisses de moment maximum (en travée et
sur appui).
Par conséquent, le moment résistant repris par un groupe de barres est directement
proportionnel à sa section :
𝑀𝑅𝑖 = 𝐴𝑖 𝜎𝑠𝑡 𝑍𝑏

Où 𝜎𝑠𝑡 = fsu à l’ELU et 𝜎𝑠𝑡 = 𝜎𝑠𝑡 à l’ELS

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Figure 33: Exemple de courbe enveloppe des moments fléchissants

Ancrage des barres :


La longueur d’ancrage des barres est :
- la = ls pour un ancrage droit,
- la = 0,4ls pour un ancrage avec crochet normal s’il s’agit d’une barre à haute
adhérence
- la = 0,6ls pour un ancrage avec crochet normal s’il s’agit d’un rond lisse

En pratique, le moment résistant d’un ensemble de barres est défini comme indiqué
sur la Figure.
Règle de décalage :
On tient compte de l’existence de bielles de béton inclinées à 45° en décalant dans le
sens défavorable la courbe enveloppe du moment fléchissant de 0,8h. Ceci revient
dans la plupart des cas à rallonger forfaitairement les aciers de 0,8h à chaque
extrémité.
Ordre d’arrêt des armatures
On procède à l’arrêt des armatures de façon symétrique et en commençant par les
barres les plus proches de l’axe neutre.
Epure d’arrêt de barres
En tenant compte des longueurs d’ancrage et de la règle du décalage, l’épure d’arrêt
de barres se construit en utilisant la courbe enveloppe des moments fléchissants. La
section d’acier des moments maximums est calculée, puis un choix sur le nombre de
barres est effectué. Si le ferraillage est composé de plusieurs lits, le moment résistant
repris par chacun des lits est tracé sur le diagramme des moments fléchissants.
L’intersection de ces droites de moment résistant avec la courbe enveloppe détermine
les arrêts de barres (il faut ensuite rajouter 0,8h).
La Figure 35 présente de façon théorique le tracé de l’épure d’arrêt de barres, en
prenant en compte la règle du décalage de la courbe enveloppe du moment
fléchissant.

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Figure 34 : Moment résistant d’un ensemble de barre

Figure 35 : Exemple d’une épure d’arrêt de barre

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CHAPITRE III : Calcul des semelles de fondation


1-Définition et généralités
Il s’agit des ouvrages de transition entre les éléments porteurs de la structure et le sol.
Les fondations ont pour objet de transmettre au sol les efforts apportés par les
éléments de la structure (poteaux, murs ou voiles). Cette transmission peut être directe
(cas des semelles reposant sur le sol ou des radiers) ou être assurée par l’intermédiaire
d’autres organes (cas des semelles sur pieux, par exemple). Les fondations
superficielles font l’objet des DTU 13.11 (Cahier des clauses techniques et spéciales)
et 13.12 (règles de calcul) publiés en 1988, ainsi que de la partie B.9 du BAEL.
Une fondation superficielle aura une largeur minimale de 40 cm et une hauteur
minimale de 20 cm. Son piédroit sera au minimum de 6Φ + 6 cm, où Φ est le diamètre
des aciers. De plus, si D≥3.00m, on doit vérifier b’ ≥ D/6 (sinon, on parle de
fondations profondes, voir DTU 13.2).

Figure 36 : Notations et dimensions minimales pour les fondations superficielles

En fonction du type de porteur on adoptera soit une semelle filante sous un voile soit
une semelle isolée sous un poteau, comme indiqué sur la Figure 37.

Figure 37 : Définition d’une semelle filante et d’une semelle isolée

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2-Méthodes de calcul des semelles de fondation


Les semelles de fondation appartiennent à deux grandes catégories :
ŕ les semelles prenant appui sur le sol sur toute l’étendue de leur face inférieure, que
nous appellerons, en abrégé, semelles sur sol, dont le calcul relève du DTU 13.12
ŕ les semelles de répartition des charges entre différents pieux de fondation, ou
semelles sur pieux.

2-1 Semelles sous points d’appui transmettant des charges centrées


Pour le calcul de telles semelles, sur sol ou sur pieux, il est d’usage courant en France
d’appliquer une méthode simple dite méthode des bielles, justifiée par l’expérience.
Cette méthode suppose que les charges appliquées aux semelles par les points d’appui
(murs ou poteaux) sont transmises au sol, ou aux pieux, par des bielles obliques qui
déterminent à la base des semelles des efforts de traction qui doivent être équilibrés
par des armatures.
S’il s’agit de semelles sur sol, la pression sur le sol est calculée sous la sollicitation
d’état-limite ultime la plus défavorable. Pour le calcul, on admet que cette pression est
uniforme et au plus égale à σq = qu/2 (figure 38) avec qu, pression entraînant la rupture
du sol, fournie par le rapport d’essai de sol.

2-2 Semelles sous points d’appui transmettant des charges excentrées


Pour le calcul de telles semelles, on peut appliquer une méthode dite des moments,
inspirée de celle indiquée dans les Recommandations du Comité Euro-International
du Béton. Le principe de cette méthode, non réglementaire, est de déterminer dans des
sections de référence bien définies des moments de flexion et des efforts tranchants et
de procéder à des vérifications de calcul à l’état-limite ultime.

Figure 38 : Diagramme des réactions du sol

3-Semelle en béton armé continue sous mur (ou sous voile en béton armé) :

3-1 Dimensionnement :
La largeur de la fondation b’ est obtenue par la condition de portance du sol :
𝑁𝑠𝑒𝑟
≤ 𝜎𝑞
𝑏′
Nser étant la charge à l’Etat Limite de Service (ELS) transmise par la superstructure

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𝜎𝑞 contrainte admissible du sol


Sa hauteur utile d est donnée par la condition de rigidité :

(𝑏 ′ − 𝑏)
≤ 𝑑 ≤ (𝑏 ′ − 𝑏)
4

Figure 39 : Coupe d’une semelle continue sous mur

La semelle peut être non armée transversalement (figure 39 (a)) : On admet ce type de
fondation (on parle de semelle en gros béton) lorsque la hauteur de la fondation h est
au moins égale au double du débord (b’- b)/2 et que le mur transmet une charge
uniforme et centrée. Si le sol est très homogène, le ferraillage de chaînage n’est pas
nécessaire.
Lorsque la semelle est armée transversalement, la section d’acier transversale est
calculée par la méthode des bielles.

3-2 Méthode des bielles :


La charge Nu est transmise au sol par l’intermédiaire de bielles de béton comprimées
maintenues entre-elles par les armatures inférieures.
En adoptant les notations de la Figure 40, l’équilibre d’un tronçon élémentaire dx
d’armature et de bielle conduit à l’égalité suivante :

𝑥 𝑁𝑢 𝑥(𝑏 ′ − 𝑏)
𝑑𝐹 𝑥 = 𝑑𝑥 = 𝑁𝑢 𝑑𝑥
𝑕0 𝑏 ′ 𝑑𝑏 ′2
D’où la valeur de l’effort de traction dans les armatures à l’abscisse x :
𝑏′
2 𝑥
𝑏 ′ − 𝑏 𝑏 ′2
𝐹 𝑥 = 𝑑𝐹 𝑥 = − 𝑑𝐹 𝑥 = ( − 𝑥 2 )𝑁𝑢
2𝑑𝑏 ′2 4
𝑥 ′
−𝑏2
L’effort dans les aciers varie de façon parabolique et sa valeur est maximale au milieu
de la fondation (x=0). L’effort de traction dans les aciers à l’ELU est limité à Asfsu,
par conséquent, la section maximale (en x=0) d’acier à mettre en place est donnée
par :

𝑁𝑢 (𝑏 ′ − 𝑏)
𝐴𝑠 =
8𝑑𝑓𝑠𝑢

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Figure 40: Méthode des bielles

La variation de l’effort de traction dans les aciers étant parabolique, l’arrêt et


l’ancrage des armatures dépend du rapport ls/b’ (ls longueur de scellement droit). On
distingue 3 cas :
- ls ≥ b’/4 et il faut prévoir des crochets d’ancrage,
- b’/8 ≤ ls ≤ b’/4 et un ancrage droit des barres est suffisant,
- ls / b’≤ 8 et les barres peuvent être arrêtées

Figure 41 : Arrêt forfaitaire des barres lorsque ls≤b’/8

Les armatures secondaires, parallèles au mur, doivent être réparties sur toute la
largeur b’.
ŕ Si le sol est homogène, la section totale à disposer sur la largeur b’, exprimée en
cm2 est : Max [800/fe, A/5]
(A en cm2/m, b’ en m, fe en MPa) ; cette section ne peut être inférieure à 800/ fe cm2
et il faut au moins trois armatures filantes en partie basse.
ŕ Si le sol est hétérogène ou s’il y a des ouvertures à la base du mur, la partie de
semelle au-dessus de la zone de mauvais terrain ou au-dessous de l’ouverture est à
calculer comme une poutre.

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4-Semelle isolée sous poteau :

4-1Semelle sous poteau transmettant une charge centrée

4-1-1 Dimensionnement :
Les dimensions de la semelle sont obtenues par la condition de portance du sol :

𝑁𝑠𝑒𝑟
≤ 𝜎𝑞
(𝑎′ 𝑏 ′ )

La hauteur utile moyenne est obtenue par la condition de rigidité (figure 42) :

𝑏′ − 𝑏
≤ 𝑑𝑚𝑜𝑦 ≤ 𝑎′ − 𝑎
4

Figure 42 : Semelle rectangulaire sous poteau rectangulaire

4-1-2 Calcul des armatures :


Le calcul des armatures est conduit suivant la méthode des bielles d’une manière
identique à celui d’une semelle filante. Cette méthode n’est rigoureusement applicable
que si on adopte des dimensions de la semelle homothétiques par rapport à celles du
poteau:

𝑎′ 𝑏′
=
𝑎 𝑏
En appliquant successivement dans chaque sens la méthode des bielles on obtient :

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- Section totale As1 des armatures du premier lit parallèle au plus grand côté
(sens b’) réalisé avec des barres de diamètre 𝜙1

(𝑏 ′ − 𝑏)𝑁𝑢
𝐴𝑠1 =
8𝑑1 𝑓𝑠𝑢

d1 : distance utile de ces armatures

- Section totale As2 des armatures du premier lit parallèle au plus petit côté (sens
a’) réalisé avec des barres de diamètre 𝜙2

(𝑎′ − 𝑎)𝑁𝑢
𝐴𝑠2 =
8𝑑2 𝑓𝑠𝑢

d2 : distance utile de ces armatures

L’arrêt de barres s’effectue dans chaque sens d’une manière identique à celui de la
semelle filante.
La figure 43 donne un ferraillage type d’une semelle isolée sous poteau.

Figure 43 : Exemple de ferraillage d’une semelle isolée sous poteau

4-2 Semelle sous poteau sollicité par un effort normal et un moment de flexion

4-2-1 Dimensionnement :
On désigne par e0 l’excentricité par rapport au centre de gravité du béton seul prise en
compte dans le calcul des armatures de la section de base du poteau.
On suppose que b’ est la dimension de la semelle dans le plan de flexion du poteau.
Les dimensions de la semelle sont obtenues à partir de la condition de portance du
sol en adoptant le diagramme de réaction du sol de la figure 44.

𝑁𝑠𝑒𝑟
≤ 𝜎𝑞
𝑎′ (𝑏 ′
− 2𝑒0 )

La hauteur totale de la semelle doit respecter la condition :

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𝑑0 ≤ 𝑕 ≤ 2𝑑0

d0 : le plus grand des deux débords

Figure 44 : Notations relatives à la méthode des moments

4-2-2 Calcul des armatures :

Armatures parallèle au sens b’


On évalue le moment dans la section S1 située à 0,35 b de l’axe du poteau, en ne
considérant que les réactions du sol au-delà de cette section.
Le choix de la section S1 vient du fait que, si l’on étudie la semelle comme un solide à
ligne moyenne soumis à la fois à la distribution de contraintes trouvée lors de l’étude
du poteau et aux réactions concomitantes du sol, le moment maximal dans la semelle
(qui se produit dans une autre section que S1) a sensiblement la même valeur que celui
que l’on peut calculer dans la section S1 , en ne prenant en compte que les seules
réactions du sol au-delà de cette section.
Deux cas sont à considérer :
𝑏′
- Si 2𝑒0 < 2 + 0,35𝑏
𝑏′
−0,35𝑏
2
𝑉𝑢1 = 𝑁𝑢
𝑏 ′ − 2𝑒0
𝑏′
2
− 0,35𝑏
𝑀𝑢𝑆1 = 𝑉𝑢1
2
𝑏′
- Si 2𝑒0 ≥ + 0,35𝑏
2
𝑉𝑢1 = 𝑁𝑢
𝑀𝑢𝑆1 = 𝑁𝑢 (𝑒0 − 0,35𝑏)

On détermine alors la section A1 nécessaire pour que la section rectangulaire de


largeur b0=a’ et de hauteur d1 équilibre le moment MuS1.
Les barres ne sont pas arrêtées et s’étendent sur toute la largeur b ’ :
- si 𝑑0 ≤ 𝑕 : leurs extrémités doivent être munies d’ancrages courbes et il faut
prévoir au moins quatre barres par mètre de largeur de semelle
- si 𝑑0 < 𝑕 et si 𝑙𝑠 ≤ 𝑑0 − 𝑕 (figure 45) les ancrages courbes ne sont pas
indispensables

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Figure 45 : Ancrage des armatures inférieures

Armatures parallèles au sens a’


Dans ce sens, il n’y a pas de moment. Les armatures sont donc déterminées par la
méthode des bielles.

Armatures supérieures
Si la charge est très excentrée, il faut prévoir des armatures pour équilibrer la traction
à la partie supérieure de la semelle sous l’effet de son poids propre et des terres qui la
surmontent. (figure 46)

Figure 46 : Armatures supérieures d’une semelle

Vérification à l’effort tranchant


Les vérifications à l’effort tranchant s’effectuent dans la section S2 située à la distance
d /2 du nu du poteau, en lui attribuant une largeur égale à a 2=a+D (figure 47).Dans
cette section :
𝑁𝑢 (𝑏 ′ − 𝑏 − 𝑑) 𝑏′ + 𝑏 + 𝑑
𝑉𝑢2 = 𝑠𝑖 2𝑒0 <
2(𝑏 ′ − 2𝑒0 ) 2

𝑏′ + 𝑏 + 𝑑
𝑉𝑢2 = 𝑁𝑢 𝑠𝑖 2𝑒0 ≥
2

Une armature d’effort tranchant n’est pas nécessaire si :


𝑉𝑢2 𝑓𝑐28
𝜏= ≤ 0,2
𝑎+𝑑 𝑑 2𝛾𝑏

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Figure 47 : Définition de la section de référence S2

Remarque :
Les sections d’armature calculées correspondent à une fissuration peu préjudiciable. Il
convient de majorer ces sections de 10% et de 50% respectivement dans le cas de
fissuration préjudiciable et très préjudiciable.

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CHAPITRE IV : Contreventement des bâtiments

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

M. Thonier : Conception et calculs des structures de bâtiment Ŕ N°1 à 7 (Presses de


l'Ecole des PC)
MM. Didier - Le Brazidec - Nataf - Thiessiet - Pralat - Simon : Précis de structures de
génie civil (Nathan)
MM. Didier - Le Brazidec - Nataf - Thiessiet : Précis de bâtiment (Nathan)
M. Guillemont : Aide mémoire - Ouvrages en béton armé Ŕ 2ème et 3ème Editions
(Dunod)
MM. Goulet - Boutin : Aide mémoire - Résistance des matériaux (Dunod)
M. Coin : Ossatures des bâtiments (Eyrolles)
M. Mougin : Cours de béton armé au BAEL (Eyrolles)
M. Davidovici : Formulaire de béton armé Ŕ Volumes 1 et 2 : Calculs et Constructions
(Le Moniteur)
MM. Perchat - Roux : Maîtrises du BAEL 91 et des DTU Associés (Eyrolles)
M. Perchat : Traité de béton armé Ŕ Des règles BAEL à l'Eurocode 2 (Le Moniteur)
M. Perchat : Technique de l’ingénieur, Béton armé, Règles BAEL, Ossatures et
éléments courant, C2 314
M. Roux : Maîtrise et Pratique de l'Eurocode 2 (Eyrolles Ŕ AFNOR Editions)
M. Paillé : Calcul des structures en béton à l'Eurocode 2 (Eyrolles Ŕ AFNOR
Editions)
Eurocodes 0 : Bases, 1 : Actions, 2 : Béton, 6 : Maçonnerie, 7 : Géotechnique
Fascicule 62 titre V : Calcul des fondations des ouvrages de génie civil
DTU 13.12, 13.2, 13.3, 20.1, 23.1 et autres normes
Guide VERITAS - Techniques de la construction - Tomes 1 et 2

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