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Florence Abrioux
2010/10 - n°40
pages 186 à 204
ISSN 1768-5958
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Dossier
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Les relations entre associations et collectivités :
vers quel avenir ?
Comité scientifique :
186
Les relations entre associations et
collectivités : vers quel avenir ?
Les relations entre associations et collectivités :
vers quel avenirpar
? Florence Abrioux69
Florence ABRIOUX
Maître de Conférences en sociologie à l'Université d'Orléans
Ce dossier réunit les principales
Laboratoire communications
des Collectivités 70
du(LCT)
Territoriales colloque « Les relations
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par le Laboratoire Collectivités Territoriales de l’université d’Orléans sous la
florence.abrioux@univ-orleans.fr
présidence du Professeur François Priet71.
Ce dossier réunit les principales communications1 du colloque « Les relations entre
Les relationsetentre
associations associations
collectivités et avenir
: vers quel collectivités sont le
? » organisé le27
miroir de changements
mai 2010 plus
par le Laboratoire
profonds, tour
Collectivités à tour objet
Territoriales d’espoir d’Orléans
de l’université ou d’inquiétude pour lesduacteurs
sous la présidence associatifs.
Professeur François
En effet,. leur position de corps intermédiaire les place « sous tension », entre le
2
Priet
marché et lesentre
Les relations pouvoirs publics
associations et les prête
et collectivités sontàledes lectures
miroir contrastées,
de changements que l’on
plus profonds,
tour à tour
retrouve objet
tant d’espoir
dans ou d’inquiétude
la littérature pour lesque
scientifique acteurs associatifs. En effet, leur position
professionnelle.
de corps intermédiaire les place « sous tension », entre le marché et les pouvoirs publics et les
prête à des lectures contrastées, que l’on retrouve tant dans la littérature scientifique que
Les changements alimentent deux visions antagonistes, d’un côté des « peurs »
professionnelle.
pesant comme autant
Les changements de deux
alimentent menaces
visions sur l’avenir d’un
antagonistes, associatif
côté des(vision
« peurs pessimiste),
» pesant commede
l’autre demenaces
autant de « l’espoir », carassociatif
sur l’avenir les changements seraient
(vision pessimiste), porteurs
de l’autre d’avenir
de « l’espoir (vision
», car les
optimiste).
changementsCette formidable
seraient porteurs capacité
d’avenir d’adaptation expliquerait
(vision optimiste). leur résistance
Cette formidable capacité à
d’adaptation
l’érosion du expliquerait leur résistance
temps, largement à l’érosion
célébrée du temps, largement
à l’occasion célébrée de
du centenaire à l’occasion
la loi de
du centenaire de la loi de 1901, il y a près de dix ans déjà.
1901, il y a près de dix ans déjà.
Nous
Nous retrouverons dans
retrouverons dans la présentation
la présentation du cadredu cadre problématique
problématique comme dans les comme
articles dans
ces
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espaces de ces espaces
position qui fontdeécho
position qui font écho
aux perceptions des aux perceptions
acteurs des acteurs
de terrain, plus enclins aude
terrain, plusces
pessimisme enclins
derniersau pessimisme ces derniers temps.
temps.
Nous affirmons que ces visions contrastées sont structurantes parce qu’elles reflètent la nature
ambivalente des liens entre associations et acteurs publics. En effet, si l’on s’en tenait à la
Nous affirmons que ces visions contrastées sont structurantes parce qu’elles
« philosophie de la loi de 1901 », les liens ne « devraient être qu’occasionnels » (Fialaire,
reflètent
2003 p.105) la nature ambivalente
; l’association des liens
en tant qu’espace entre associations
autonome de réunion, de et acteurs
décision publics.
et d’action
Endanseffet, si l’on
la Cité, s’en se
ne devrait tenait à la «
rapprocher de philosophie
l’administration dequ’en
la loi de 1901
quelques », lesPourtant,
occasions. liens ne
« lesdevraient
associations être qu’occasionnels
apparaissent aussi comme » des
(Fialaire, 2003naturels,
« partenaires p.105) sinon; l’association
privilégiés, desen
collectivités locales » (Pugeault, 2009 p.15) parce qu’elles interviennent sur les mêmes
69.territoires, auprès
Florence Abrioux des
, Maître mêmes populations,
de Conférences, parfois
Université d’Orléans, LCT,sur les mêmes objectifs. Les associations
florence.abrioux@univ-orleans.fr.
70. Deux communications ne figurent pas dans ce dossier. En revanche, trois communications supplémentaires rédigées par des
enseignants-chercheurs invités mais qui n’ont pu se libérer le jour du colloque sont ajoutées.
71.
1
Directeur du Laboratoire Collectivités Territoriales, EA 2080. Lien : http://www.univ-orleans.fr/lct
Deux communications ne figurent pas dans ce dossier. En revanche, trois communications supplémentaires
rédigées par des enseignants-chercheurs invités mais qui n’ont pu se libérer le jour du colloque sont ajoutées.
2
Directeur du Laboratoire Collectivités Territoriales, EA 2080. Lien : http://www.univ-orleans.fr/lct
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Cette ambivalence originelle reste intacte, bien que pour de nouvelles raisons.
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Les lois de décentralisation ont amené les élus locaux à mobiliser l’ensemble des
acteurs de leur territoire. En démultipliant les occasions de travailler ensemble,
les peurs de l’instrumentalisation et de la réduction des financements publics se
sont substituées à la peur de la répression politique (Demoustier, 2005).
72. D’après la communication « Quels impacts et quelles conséquences de la montée en charge des collectivités locales dans le
financement des associations ? » présentée par Viviane Tchernonog, économiste (Chargée de recherche, CNRS Matisse / Université
Paris 1).
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collectivités : vers quel avenir ?
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qui se prêtent à une lecture duale, opposant les visions pessimistes et optimistes.
Les conséquences sont trop nombreuses pour être citées de manière exhaustive,
je m’arrêterai sur les plus visibles ou les plus en lien avec notre propos. Il s’agit
notamment de l’accroissement de l’interdépendance, de l’évolution du cadre
juridique, de la pression concurrentielle, de la complexification de l’activité et
de la professionnalisation. Le développement des relations contractuelles a
inversé le sens jusque-là habituel de la relation entre collectivités et associations
(Pugeault, 2009).
L’activité d’intérêt général peut avoir deux origines, soit elle est à l’initiative de
l’association, qui demande le soutien des acteurs publics, soit de la collectivité,
qui s’entend avec les associations pour qu’elles réalisent une partie des objectifs
politiques. Alors que les initiatives ont longtemps été principalement « montantes »,
elles sont aujourd’hui essentiellement « descendantes ». Cette nouvelle situation
favorise la création d’associations, mais aussi le développement de leur activité.
Leur champ d’action tend à se diversifier (Abrioux, 2003) après une période
plutôt marquée par une organisation sectorielle et verticale (Demoustier, 2010).
De même, les financements publics et en particulier ceux des collectivités ont
augmenté. Ils participent largement à la valorisation du rôle économique des
associations et plus généralement du tiers secteur comme en témoigne la valse
des chiffres75. On peut opposer à ces avantages le risque d’instrumentalisation.
Les associations perdraient leur capacité à développer leurs propres projets
et objets d’action pour n’être que la cheville ouvrière des politiques locales. Le
second risque est lié à la plus forte dépendance aux subventions publiques.
Toute réduction ou suppression aurait des conséquences dramatiques sur leur
développement, voire leur survie. Plus que jamais les associations sont tributaires
des fonds publics, ce qui suscite des inquiétudes bien légitimes. Selon Viviane
Tchernonog (2009) cette peur reste pour le moment non fondée, les aides
publiques sont stables, voire en légère hausse d’après l’enquête à grande échelle
menée en 2005. Les communes viennent en tête des subventions publiques,
73. Par la circulaire du 27 janvier 1975.
74. Loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec l’administration.
75. Les journaux, les revues et ouvrages scientifiques, les bulletins et autres informations diffusées par les acteurs associatifs
reprennent largement les « chiffres clés » afin de montrer la vigueur et l’ampleur de l’activité des associations, actrices de la vie
économique et sociale.
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devant l’Etat, lui-même talonné par les départements. Les craintes des acteurs
associatifs s’expliquent notamment par le contexte de crise économique, le
fait que les conseils généraux (troisième plus gros contributeurs public) soient
parfois en délicatesse avec leur budget ou par la réforme de la fiscalité locale76.
Par ailleurs, les cas d’associations dont la subvention diminue réellement ne sont
pas rares, pouvant conduire à leur dissolution lorsque les contrats des salariés
ne peuvent être renouvelés. Ces exemples sont bien connus dans les milieux
associatifs.
Ces différentes raisons font que la prochaine livraison statistique est attendue
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avec impatience pour vérifier la bonne tenue des aides publiques : les impressions
des hommes et des femmes de terrain sont-elles fondées ? Le niveau des aides
publiques sera-t-il maintenu en 2011 ? Il semblerait d’ailleurs intéressant de
vérifier à un niveau plus fin le jeu des répartitions. Des effets de concentrations
pourraient expliquer le contraste entre la perception et la réalité statistique car,
on le sait, les plus grosses associations absorbent la plus grosse partie de
l’enveloppe77. Et si la concentration était devenue encore plus importante ? L’on
peut également s’interroger sur la répartition des aides par secteur d’activité : le
poids de quelques secteurs s’accroît-il au détriment d’autres ?
76. Suppression de la taxe professionnelle remplacée par la contribution économique territoriale au premier janvier 2010.
77. Tchernonog V. (2007), Le paysage associatif français, Dalloz, Paris.
78. Le colloque a donné lieu à une publication : Dreyfus J.-D., Groud H., Pugeault S. (2009), Association et collectivités territoriales,
les liaisons dangereuses, L’Harmattan, Paris.
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Patrick Nogues (2010) montre toutefois que le verdict doit être nuancé. La
concurrence possède aussi des aspects positifs, il rappelle notamment que le
monopole associatif a ses limites. D’un autre côté, il souligne que la concurrence
excessive nous prive de l’analyse et de l’expertise de proximité, de possibilités
d’innovations dans les pratiques et qu’elle conduit à la standardisation des
réponses.
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à donner de leur temps alors que d’autres sont rémunérés pour réaliser le même
travail ? (Abrioux et Labit, 2008). Il décuple aussi le travail et les responsabilités
des cadres bénévoles qui doivent désormais être omniprésents et omniscients.
Ce « modèle de l’investissement sans limite » décourage les jeunes. Dans ces
conditions, l’encadrement peine à se renouveler. La professionnalisation alimente
d’une certaine manière le discours sur la crise du bénévolat.
De nouveau, les approches sont contrastées, alors que certains voient la capacité
des associations à créer des emplois malgré le marasme de la croissance,
d’autres déplorent soit l’émergence d’une forme de travail au rabais, soit l’ombre
qu’il fait planer sur le bénévolat, ou plus largement sur le devenir des valeurs
associatives.
Le nombre d’emplois créés ne suffit pas pour triompher, il faut observer les types
d’emplois, le cadre de travail. Matthieu Hély pointait le risque que les valeurs
associatives de solidarité, de démocratie, d’engagement et du don de soi ne
soient que le cache sexe d’une réalité de travail « low cost ». Il a bien montré
d’une part, la proximité des missions et services réalisés avec ceux de la fonction
publique et d’autre part, l’homologie structurale entre fonctionnaires et salariés
des associations à un niveau supérieur (origine sociale marquée par une forte
reproduction, correspondance des diplômes, idéal de travailler au service de
l’intérêt général) ce qui le conduit à l’hypothèse de l’émergence d’une « quatrième
fonction publique » (2008b). Or, les conditions de travail des cols blancs des
associations ne sont pas celles des fonctionnaires : salaires largement inférieurs
à diplôme et fonction équivalente, précarité de l’emploi, faibles perspectives de
promotion. Sous couvert de don de soi, peut-on accepter une telle précarité ? La
communication qu’il propose dans ce dossier montre que la plupart des salariés
accepte justement au nom de l’idéal associatif. L’équilibre précaire de ce système
repose donc sur la sensibilité des salariés aux valeurs de référence.
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Les relations entre associations et
collectivités : vers quel avenir ?
Mais deux éléments risquent de fragiliser l’équilibre. D’une part les collectivités
n’hésitent pas à mettre en concurrence les associations (délégation de service
public, marché public). D’autre part, le salariat associatif apparait comme une
niche pour l’emploi, niche largement courtisée par les écoles qui forment de futurs
cadres associatifs pour placer leurs jeunes. La mise en concurrence doublée
de la mise sur le marché du travail conduisent à une forme de banalisation de
l’emploi associatif qui ne s’accorde pas toujours avec « l’économie sacrificielle du
don ». En effet, des salariés « banalisés » mus par le désir de trouver un emploi
plus que par les valeurs associatives ne sont pas prêts à s’investir totalement,
donc à intégrer la logique sacrificielle attendue. Des cas de revendications
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salariales ou de refus de travailler au-delà des horaires fleurissent ici où là,
désemparant totalement les cadres des associations. Inversement, l’idéologie du
don de soi peut masquer des rapports salariaux parfois violents ou aux confins
de l’exploitation.
L’article présenté par Matthieu Hély (sociologue), « Le travail ‘d’utilité sociale’
dans le monde associatif », analyse les relations sous cet angle du salariat
comme enjeux de société, comme analyseur de l’évolution des liens. Il pose de
manière très précise les ambiguïtés du salariat associatif, notamment à partir de
l’analyse des différentes tensions qui le traversent. Il s’interroge in fine sur les
modalités de sa valorisation. Pour l’auteur, elle doit passer par la prise en compte
de la performance sociale et par l’objectivation de l’utilité sociale de ce travail. Il
précise toutefois que pour avoir du sens, le travail d’objectivation doit être porté
et défendu par les associations elles-mêmes.
80.Intervention de Pascal Perrot aux quatrièmes rendez-vous de l’ESS à Châteauroux (2008) : conférence sur « la valorisation du
bénévolat ». On peut encore se reporter au rapport de recherche « Les ressources associatives non marchandes : bénévolat et
subventions » pour la DIIESES, publié en 2009 et consultable en ligne :
http://www.audiar.org/emploi/doc/ess_benevolat_subventions.pdf
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l’on peut d’ailleurs vérifier à quel point les références relevant des sciences de
gestion sont récentes. Le colloque a également participé à la mise en valeur de la
réflexion des gestionnaires en leur consacrant l’un des trois axes thématiques.
L’intérêt des gestionnaires pour les associations introduit un renouveau des
sujets. Les thèmes de la performance et de la mesure de la performance des
associations, de l’évaluation, de la gestion efficiente des ressources, de la
gouvernance, de l’éthique, etc., percent depuis quelques années.
81. Heinich N. (1998), Ce que l’art fait à la sociologie, Les Editions de Minuit, Paris.
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régulation des ressources humaines : des pistes d’action pour la gestion
des ressources humaines. Le cas de dispositifs d’action sociale » aborde
ce sujet en montrant combien les politiques de gestion des ressources humaines
(GRH) sont peu présentes dans les associations, alors même que les salariés
et les bénévoles sont les principales ressources. Elle décrit notamment les
facteurs propices au turn-over pour constater que malgré son ampleur, il n’est
pas endigué par une politique de gestion des ressources humaines. De même,
elle constate que le développement des compétences n’est pas encadré par une
réflexion des décideurs. Elle s’interroge alors sur les stratégies utilisées et les
modes de gestion des ressources humaines pour développer des compétences
sources de performances. Elle montre que des compétences que l’on pourrait
qualifier « d’informelles » se développent en dépit de l’absence de politique de
GRH forte.
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instrumentale est moins présente dans les deux cas et que la dimension politique
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s’établit de manière différenciée.
Cet article rappelle s’il en est besoin que les relations entre élus et acteurs
associatifs s’inscrivent dans la durée. L’interconnaissance des acteurs, des
projets, des réalisations est primordiale et explique qu’un changement de pouvoir
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collectivités : vers quel avenir ?
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pourvoyeurs de ressources publiques, soit à délocaliser leur siège et/ou leur
activité. Dans ce cas, cela prouve l’existence d’un projet associatif fort, prêt à se
déployer sous d’autres hospices si le résultat de la négociation - ou de l’application
des critères - ne parait pas satisfaisant.
Le jeu des acteurs dans les territoires est plus spécifiquement étudié dans les
quatre textes suivants.
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organisationnelle et « doper » certaines formes de proximité. La proximité réelle
tout d’abord, à savoir une proximité géographique qui redevient visible et constitue
alors un levier utilisé. La proximité organisée ensuite, qui consiste à créer des
espaces de fusion, de circulation. Enfin la proximité culturelle. L’intercommunalité
favorise donc des systèmes sportifs locaux au visage contrasté qui s’appuient sur
différentes formes de proximité, sur des logiques identitaires à ancrage territorial
ou sur le développement du partage des savoirs, sur l’accroissement de l’offre
et des pratiques de qualité. Néanmoins, plusieurs facteurs peuvent limiter la
performance. Parmi eux la différence des horizons temporels entre associations
et collectivités. Le tempo des premières est calé sur le cycle des contrats alors
que la temporalité des secondes est liée à l’agenda des élections. Il en résulte
incertitude et indécision.
Enfin, et c’est probablement l’élément à la fois le plus transversal aux trois cas
et le plus embarrassant, la dimension intercommunale n’est pas affirmée d’un
point de vue politique. Elle est marquée par la difficulté à « produire un projet
sportif territorial » ou par le fonctionnement « décousu et prudent d’instances
intercommunales qui se cherchent encore ».
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Les relations entre associations et
collectivités : vers quel avenir ?
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des acteurs politiques qui procèdent « par substitution » : des acteurs publics
remplacent les associations, ce qu’il observe dans le cadre de l’intercommunalité
bien que cette pratique reste peu courante. Enfin, la troisième stratégie est celle
de la « collaboration », prévue dans la démarche de Pays. Il constate que les
instances de délibération comme les Conseils de développement tendent à
rassembler ceux qui ont moins de poids et qui ne « tiennent pas » dans la durée,
ce qui vérifie a posteriori la mauvaise image que les acteurs locaux ont d’eux.
Le groupe des deux derniers articles s’intéresse aux relations entre associations et
collectivités dans des territoires ruraux. Quel est l’impact des relations en termes
de dynamique locale ? Au niveau local les associations sont-elles un rouage de
la vie démocratique ? Cette dernière question peut être abordée de manière
plus globale, à partir des différentes territorialités. La sociologie de la démocratie
participative (Blondiaux, 1999, 2007, 2008 ; Gaudin, 2007 ; Neveu, 2009, 2007,
1999 ; Sintomer, 2009) fournit un background intéressant pour formuler quelques
hypothèses, toujours sur le mode bipolaire. L’une des hypothèses serait que la
démocratie s’exerce au niveau des instances locales et que les associations sont
un réservoir de citoyenneté. L’autre hypothèse affirmerait au contraire que les
instances locales ne sont que des « coquilles vides » qui servent à présenter des
projets plus qu’à les discuter. La démocratie serait donc formelle et superficielle.
199
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La décision est le monopole des acteurs politiques dans le cadre d’un rapport de
forces qui leur reste très favorable. Les éclairages apportés par les auteurs sont
tout en finesse et en nuance.
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institutionnels jette un voile opaque sur l’ensemble. Autant de facteurs de
complexification des relations qui interfèrent sur le jeu des acteurs dans la
gouvernance des territoires ruraux qu’elle observe.
Enfin, l’origine des populations interfère dans le système local des acteurs. Elle
cite les néo-ruraux qui « choisissent » la campagne, développent un projet de vie
et s’investissent. Cette « campagne désirée », vue par des urbains qui cherchent
les richesses si rares en ville (espace, calme, verdure, temps, etc.) est souvent
perçue comme un espace à protéger. L’auteur parle même de « nébuleuse »
dans le cas d’associations locales de défense – souvent investies par ces mêmes
néo-ruraux – qui portent des valeurs y compris contre les habitants ou au-delà
des objectifs affichés par l’association.
200
Les relations entre associations et
collectivités : vers quel avenir ?
Le territoire rural étudié rencontre des difficultés qu’il faudrait dépasser pour que
s’affiche une démocratie politique. Il est caractérisé par une forte croissance de
l’emploi associatif qui crée une forte pression sur les bénévoles.
Anne Labit dépeint aussi les passerelles entre monde associatif et monde
politique. Notons que des exemples célèbres peuvent être pris au niveau national
(Fadela Amara ou Harlem Désir) et que cela peut être vu comme la preuve de
l’intérêt pour les affaires publiques, donc de la réalité de la « l’utilité politique ».
Son analyse locale présente enfin l’intérêt d’avoir sondé la vision des élus, dont
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nous avons déjà signalé l’importance. Certains élus, surtout de petites communes,
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ont une vision très traditionnelle des associations dont le rôle serait cantonné à
l’animation, à la création de lien social. Ces élus minorent la portée économique
et plus encore la portée politique de l’activité des associations. En conséquence,
soit ils n’investissent pas beaucoup dans la dynamique associative, soit ils les
annexent et les instrumentalisent. D’autres élus ont une vision plus précise mais
ils ne les convoquent pas forcément pour participer aux décisions. L’auteur
remarque que les associations sont invitées au débat public là où la fragilité du
territoire est telle qu’il serait suicidaire d’évincer le moindre acteur. Elle note
également l’existence d’un nombre conséquent d’associations qui fonctionnent
sans subvention publique.
Ces associations sont-elles pour autant sans liens avec les collectivités ? Ou
plus démocratiques ? Rien n’est moins sûr, s’il s’agit d’associations de défenses
d’intérêts, elles peuvent développer une relation conflictuelle dont les effets
peuvent s’avérer significatifs. D’autres sont autofinancées mais centrées sur leur
projet et la démocratie en interne comme le débat avec les habitants ne sont pas
même pensés.
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les moyens engagés sont très importants. De même selon qu’il s’agisse d’une
association de pratique ou au contraire de prise de position, la relation peut varier
de la collaboration plus ou moins étroite à la recherche d’indépendance pour
contrer l’autre acteur.
Conclusion
La dépendance est réciproque, les collectivités ont besoin des acteurs associatifs
pour appuyer leur politique locale et les associations s’appuient sur les aides des
collectivités. La question des rapports de forces entre acteurs, pour reprendre
un cadre conceptuel plus ancien mais non moins pertinent, est centrale. Quelle
est la capacité des associations à peser dans les débats et à se positionner pour
infléchir les politiques locales ? En d’autres termes, quel est leur réel « pouvoir
de déformation » (Bourdieu, 1996) desespaces politiques, économiques et
sociaux ? C’est ce qui est au cœur des tensions depuis toujours, mais le centre
de gravité des relations semble s’être déplacé. Désormais les tensions portent
plus sur le lien avec l’économie et l’aspect politique a parfois des difficultés à
202
Les relations entre associations et
collectivités : vers quel avenir ?
se faire entendre, alors qu’il était un moteur pour les associations des années
soixante. Le lien économique n’écrase-t-il pas la relation plus politique ?
est une autre école de la vie et de l’action collective, y compris dans sa dimension
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politique.
Bibliographie
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