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Le jeu des influences : grands maîtres et circulation des idées entre disciplines
Comment se passent ces évolutions :
-jeu des influences =un professeur prestigieux dans sa discipline, modèle ses orientations : on va
parler de l’influence de Duby par ex. En Angleterre Rodney Hilton à Birmingham : analyse marxiste,
sujets économiques et sociaux, revue Past and Present. En Belgique Adriaan Verhulst. En Italie
Giovanni Tabacco et Cinzio Violante.
-influences aussi entre disciplines : Ces influences personnelles s’accompagnent de choix
historiographiques précis. Le marxisme –comme pour Hilton- est pour l’histoire économique et sociale
médiévale l’exemple majeur, qui a profondément influencé l’historiographie, du Moyen Äge en
particulier, pendant la génération de l’après-guerre (1945-1975 environ) ; en général sous forme
implicite (ex. le déterminisme imposé par les conditions de production aux formes sociales et aux
autres domaines de l’activité ; la recherche d’une signification de conflit social dans les mouvements,
par ex. religieux : hérésies) ; l’historiographie marxiste officielle des pays communistes reste
cependant maladroite.
La sociologie
Pierre Bourdieu, fondamental pour beaucoup d’historiens français et d’autres pays ; par
exemple La distinction : expliquer une partie des comportements économiques par des
objectifs non économiques : acheter un cheval, dans une commune italienne du XIIIe
siècle, sert en bonne partie à faire savoir qu’on appartient à la partie la plus aisée de la
population ; toutes les dépenses de gaspillage répondent à des objectifs de distinction.
Les stratégies de distinction influencent fortement –entre autres- les haut-médiévistes,
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même non français : ex. l’origine des nations (Francs, Goths, etc.), considérée comme
bien moins ethnique que par le passé.
L’anthropologie
Explorée par Duby, pionnier en la matière dès les années 70 avec l’étude des structures de parenté.
Et déjà par M. Bloch avec Les rois thaumaturges, mais il ne l’a pas étendue à ses études
économiques et sociales, et l’influence de l’anthropologie sur l’histoire des sociétés et des économies
du passé n’a guère démarré qu’avec Duby dans les années 70. Un ouvrage-charnière, la thèse de R.
Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc, 1995.
On reparlera d’anthropologie à propos du marché de la terre, pour montrer sur un exemple précis
comment l’analyse d’un phénomène économique du passé peut croiser l’anthropologie et l’économie.
On peut aussi prendre l’ex. de la notion de don et de contre-don, utilisée par Barbara Rosenwein, To
be the neighbor, dont j’ai parlé la dernière fois : la réciprocité est une autre façon d’introduire le non-
économique dans l’économique (les moines reçoivent des terres, et donnent en échange des prières).
A travers Rosenwein en particulier, l’anthropologie influence tout un secteur d’études médiévales
jusque-là très traditionnel, l’histoire du monachisme et de l’Eglise ; aujourd’hui Dominique Iogna-Prat,
Michel Lauwers… sur des pistes voisines : anthropologie ecclésiale en somme.
Parmi les grandes thèses d’histoire rurale : Fourquin, Le Roy Ladurie offraient il y a 40 ans le modèle
de thèse quasi unique… Les médiévistes français ont produit depuis 1945, et pendant un demi-siècle, plusieurs
dizaines de thèses régionales, plus ou moins sur le même plan et avec les mêmes problématiques.
Les études sur le commerce et la production artisanale, et sur la société urbaine, sont
également nombreuses à la même époque : Ph. Wolff sur les marchands de Toulouse, L.
Stouff et N. Coulet sur les villes provençales, M. Mollat sur le commerce atlantique, Y.
Renouard, Les hommes d’affaires italiens. Les dernières études de ce genre sont publiées
dans les années 70 : Racine sur Plaisance ; Balard sur la Romanie génoise, Hocquet sur le
commerce du sel vénitien.
Le chef d’œuvre des monographies d’histoire urbaine : La Roncière, Prix et salaires à
Florence, 1280-1380. Modèle insurpassable de l’analyse quantitative sur une documentation
sérielle. Florence est unique par ses archives, et La Roncière a utilisé des comptabilités. Ce
genre de recherche requérait 15 ou 20 ans de travail (sans ordinateurs !). La Roncière a
achevé sa thèse en 1975, à 44 ans, mais elle n’a été publiée qu’en 1982, alors que ce type de
travail commençait à susciter moins d’intérêt ; encore l’Ecole française de Rome n’en a –t-
elle publié que les deux tiers : trop gros (ces deux tiers = 850 pages) ; la troisième partie
(L’influence de la ville sur la campagne) a été publiée en 2006 en italien, ce qui suggère un
renouveau de l’intérêt en Italie pour les questions économiques.
Je m’arrête un peu sur le livre de La Roncière, qui incarne la réussite la plus complète des
ambitions et des méthodes de cette génération (j’ai aussi une grande admiration pour
l’homme La Roncière) : de la « vraie » histoire économique, pure et dure, bourrée de
graphiques et de statistiques :
-1) prix et salaires = établissement et analyse des niveaux et de l’évolution des prix des
différentes denrées et des salaires que l’on peut atteindre –assez peu, et pas les principaux,
en fait : notamment rien sur les salaires des ouvriers du textile, qui forment la masse de la
main d’œuvre ; c’est un bon exemple de la dépendance de l’histoire de l’économie médiévale
envers ses sources : ce qui est important dans la Florence du Trecento, c’est la production
de draps de laine, qui fait travailler des milliers d’ouvriers ; mais on n’a guère de comptes
d’entreprises textiles, et ils ne permettent pas ce genre de recherche (ils en ont suscité
d’autres, de permier ordre aussi, sur la condition ouvrière). En revanche on a conservé des
livres de comptes d’institutions religieuses, hôpitaux surtout : contiennent les salaires
versés aux ouvriers qui construisent les bâtiments, aux jardiniers… C’est de ces sources
que se sert La Roncière pour établir des budgets-types de couples de travailleurs (j’en parle
ensuite)
-2) deuxième partie du livre : Formation des prix et des salaires à Florence : essaie d‘évaluer
le poids relatif dans la formation des prix des facteurs monétaires, démographiques,
climatiques, des problèmes du ravitaillement. On n’a plus rien écrit de tel depuis parmi les
médiévistes français, à la fois parce qu’il n’y a guère de sources équivalentes, et parce que le
goût de ce genre de travail a disparu –avec la foi dans les chiffres, peut-être-.
Cette génération des années 60-70 prend aussi en compte des phénomènes jusque là passés
inaperçus : Villages désertés et histoire économique, 1965 (avec les premières fouilles
archéologiques d’habitats ordinaires) : c’est l’étude du reflux de l’habitat après la grande
peste du milieu du Trecento ; dans une veine voisine, la découverte des fortifications de
terre (mottes) par Michel de Boüard dans les années 60 –à l’aube de l’archéologie médiévale
moderne-, avec fréquente insertion dans un contexte économique : mottes liées à des
défrichements par ex.
Noter cependant la rareté des grandes enquêtes collectives (contrastant avec la façon de travailler
actuelle) : la thèse de doctorat d’Etat épuise les énergies et le temps des chercheurs ; quelques
congrès, autour d’un thème, en tiennent lieu –mais pas vraiment- : Prato… De grandes enquêtes ont
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été lancées, notamment à la VIe section de l’EPHE (qui devient alors l’EHESS) : sur le sel par ex.,
mais elles tournent assez court.
La construction de grands schémas interprétatifs est une autre caractéristique de cette génération :
ex. : Congrès international des Sciences historiques de 1950 qui assoit le schéma de la crise du bas
Moyen Âge ; Duby (L’Economie rurale…) et Postan (Cambridge Economic History) : courbe de l’essor
de l’Occident 1000-1300 ; Toubert, l’incastellamento, repris par Fossier, l’encellulement de l’an mil…
De grandes synthèses à la fin des années 70 : Duby Economie rurale dès 1962 ; Duby lance les volumes de la
collection U, longtemps indémodables : Fossier Histoire sociale de l’Occident médiéval, Fourquin Histoire
économique …; encore Duby : Histoire de la France rurale, Histoire de la France urbaine (mais l’Histoire
éeconomique et sociale de la France ne commence qu’à la fin du Moyen Âge); en Angleterre, la
Cambridge Medieval History, mêmes années (60-70) ; en Italie, la Storia d’Italia Einaudi et ses Annali tiennent
une place un peu différente : les auteurs expriment des points de vue qui ne représentent pas la « pensée unique »
et peuvent être contestés, comme Philip Jones.
La synthèse majeure de cette tendance (même pour des médiévistes) : F. Braudel, Les
structures du quotidien (1967 dans sa première version, Civilisation matérielle et capitalisme ;
1979 dans la version remaniée comme premier volume de la série de trois volumes
Civilisation matérielle, économie et capitalisme) ; par sa date, son ampleur, la personnalité de
l'auteur (successeur de Bloch et Lucien Febvre, président de la VIe section de l’EPHE, très
influent dans l’institution universitaire aussi bien que dans les courants intellectuels), le
recours à la longue durée (et aux grands espaces : déjà dans sa Méditerranée à l’époque de
Philippe II, c’est à dire la 2e moitié du XVIe s.). Vu d'aujourd'hui, le grand livre de Braudel
prend l'allure d'une conclusion à cette phase économico-sociale et quantitative de la
recherche. Son titre permet d’évoquer une tendance de fond des années 70, la référence au
structuralisme (cf. aussi Les structures du Latium médiéval de Toubert), qui se traduit –
assez loin de ses présupposés théoriques- par une analyse d’ensembles structurels dont on
montre les mécanismes, les relations internes, la fonctionnalité (ex. chez Toubert le castrum,
habitat fortifié, structure de la vie sociale et économique de la Méditerranée médiévale). Aux
antipodes de l’histoire événementielle (cf. le gommage de la guerre dans l’historiographie de
la genèse du castrum, alors que c’est malgré tout d’abord une forteresse), mais assez dans la
continuité des thèses régionales qui procédaient spontanément de façon voisine.
Troisième étape : à partir du milieu des années 70, la diversification des intérêts dans
toutes sortes de directions et l’influence de l’anthropologie
Cette diversification était déjà fléchée par l'école des Annales depuis Bloch, Febvre et
Braudel.
Grandes figures : Le Goff, Duby ; leurs intérêts se déplacent de l’histoire sociale et
économique (Duby L’économie rurale, Guerriers et paysans ; Le Goff La ville au Moyen Âge,
Les marchands, La bourse et la vie) vers l’approche anthropologique, la biographie qu’ils
renouvellent (Guillaume le Maréchal de Duby, Saint Louis et Saint François de Le Goff),
l’histoire-récit (Bouvines de Duby), les femmes (Duby).
Un bon exemple de cette évolution des intérêts et des approches : trois études majeures sur
la féodalité :
- F. L. Ganshof, Qu’est ce que la féodalité ?, 1944 : c’est l’approche juridique traditionnelle,
décrivant les institutions féodales.
- M. Bloch, La société féodale, 1939 : un très grand livre. La date est plus ancienne que celle
du livre de Ganshof, mais en fait l'approche est plus moderne : analyse la société (et non pas
seulement les institutions) ; parle aussi des conditions économiques de ce système de
rapports sociaux (le prélèvement seigneurial).
- G. Duby, article : « La féodalité ? une mentalité médiévale » (années 70) : c’est la 3e étape :
l’analyse socio-économique laisse la place à l’histoire des mentalités,
- Et une 4e étape, dans le sillage de la « mentalité » de Duby : la féodalité se dissout en tant
qu’institution, dans une approche franchement anthropologique avec Barthélemy et Susan
Reynolds : les rapports féodaux ne sont plus qu’une des formes du lien social, l’autre forme
majeure étant la famille et l’échange des femmes. Cf . Anthropologie du prélèvement
seigneurial dans un domaine très proche.
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La clef de cette diversification des intérêts et des approches : l'histoire dérive vers une
anthropologie historique. Rappelons que M. Bloch introduit déjà l’approche
anthropologique, avec Les rois thaumaturges : on n’oubliera pas non plus cette
ouverture, ou plutôt on la redécouvrira longtemps après. La société féodale attachait
d’ailleurs aussi, dans une perspective quasi-anthropologique, une certaine importance
aux relations personnelles suscitées par ce système d’institutions. En fait, par son
ouverture culturelle, M. Bloch prépare déjà les changements d’orientation des
Annales, dont la « saison économique » va s’éteindre, pratiquement, après les
années 70 pour laisser place à un dialogue de plus en plus étroit avec les autres
sciences sociales : cf. le changement de nom, AHSS (Annales histoire sciences sociales).
Le livre précurseur : 1967 (= complètement à contre-courant, à une époque où
l’approche économique domine absolument), Le Goff, La civilisation de l’Occident
médiéval (toujours disponible ; très facile à lire ; préférer une édition avec les
illustrations commentées) : changement décisif du regard porté sur le Moyen Âge, qui met
en relief son altérité :
*ne plus considérer les hommes du Moyen Âge comme nos ancêtres, chez lesquels nous
cherchons nos antécédents, des ressemblances, l’annonce du futur qui s’est réalisé
depuis. Cette erreur de perspective consiste par ex. à rechercher des signes de
modernité ; c’est l’expression d’un point de vue finaliste, téléologique : par ex. on
considérera les communes italiennes comme un progrès sur la féodalité, dans la marche
vers la démocratie : elles le sont certes d’une certaine façon, mais elles ont leur propre
façon de construire la vie politique.
*Mais porter sur les hommes (et l’économie…) du Moyen Âge un regard ethnographique : un
chevalier ou un paysan du XIIe siècle sont pour nous des gens aussi différents qu’une tribu
des îles du Pacifique ; on les considèrera donc comme un objet d’étude, non comme une
partie de nous-mêmes. Ce qui n’exclut pas évidemment la bienveillance, la sympathie
éventuelle.
Le grand tournant en ce sens se place dix ans après, à la fin des années 70 :
*1976, le séminaire EHESS de Le Goff abandonne l'intitulé "Histoire et sociologie de
l'Occident médiéval" pour devenir "Anthropologie historique de l'Occident médiéval" ; la VIe
section, rendue célèbre par ses travaux sur l’économie, devient l’EHESS, président Le Goff
*1974, n° des Annales ESC : "La réciprocité. Pour une histoire anthropologique" ;
*1975, Duby inaugure son séminaire au Collège de France (chaire de sociétés
médiévales) par un dialogue avec des anthropologues sur la sexualité médiévale,
radicalement nouveau à cette époque. Son équipe de recherche prend d’ailleurs le nom de
« sexualité médiévale ». Le discours sur la sexualité, élargi par la notion de gender, est
devenu depuis très banal chez les médiévistes, notamment américains : il y a certainement
beaucoup plus –dix fois plus ?- de médiévistes américains qui travaillent aujourd’hui sur le
genre et les sexualités de toutes sortes, que sur l’économie.
Définition : l'anthropologie historique est "une histoire des comportements et des
habitudes" (A. Burguière) ; cf. l’habitus de Bourdieu : on tourne autour d’une définition de
l’homme comme ensemble de déterminations d’ordres divers, qui influent sur ses
comportements (économiques en particulier). L'aspect culturel et mental a une place importante : étude
des représentations (par ex. comment telle classe sociale se représente-t-elle elle-même? quelle image d'elle-
même se donne-t-elle?). Dans ses premiers temps l’approche anthropologique inclut la notion de
mentalités, abandonnée ensuite (on parle aujourd’hui de représentations).
On peut faire une "anthropologie historique des couleurs" (M. Pastoureau, préface à Figures et couleurs), une
Histoire de la vie privée, dir. G. Duby, II, Seuil, 1985 (qui n’est pas du tout la « vie quotidienne », concept de
base d’une série bien connue, avec d’ailleurs de très bons ouvrages mais beaucoup d’autres anecdotiques : la
« vie privée » = concept de privacy). Le costume est une voie d'approche intéressante dans cette direction ; ou
son absence…
Quatre grands champs de recherche de l'anthropologie historique médiévale française
depuis 1975 (selon une revue historiographique de J. Le Goff et J.-C. Schmitt, vers 1993) :
- les systèmes de parenté ;
- l'histoire du corps ;
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Ex. de transformation d’un secteur de recherche : l'histoire de l'alimentation était un des secteurs importants de
la recherche « quantitativiste » des années 45-70 (calcul des rations alimentaires, de leur équilibre, mise en
relation avec l’évolution démographique, économique, voire politique : …. : « ce siècle est plein de pois », dit
Lnn White Jr. pour expliquer l’essor du XIIe s.) ; elle est remplacée par l'histoire de la cuisine, du goût, du
symbolisme de la nourriture, de l'imaginaire, des représentations traduites dans ce qu'on mange et dans la façon
de le manger...
Les évolutions ultérieures sont assez différentes : goût pour l’histoire politique,
diplomatique, retour de l’évènement, de la biographie… ; peu de succès en France de la
gender history….
Pendant près d’une trentaine d’années (courant des années 70- fin du millénaire) la
primauté de l’économique et du social dans les études des médiévistes – au moins français –
a ainsi été progressivement anéantie par la diversification des intérêts et le recours à des
méthodes non quantitatives.
Ce retour de l’économique se traduit par des entreprises éditoriales (une très bonne
Economie médiévale, dir. P. Contamine, en 1993, une remarquable Economie rurale et
société dans l’Europe franque (VIe-IXe s.) de J.-P. Devroey en 2003 et une excellente
Histoire de l’Europe urbaine, dir. J.-L. Pinol, la même année), des associations et des
revues : Association Histoire et sociétés rurales, idem pour l’histoire économique en
général, l’histoire urbaine.
- marché foncier en ville : Hubert à Rome, Le sol et l’immeuble ; cf. son article AHSS.
- renouvellement des problématiques par l’histoire des techniques et l’observation des
objets : Comet, Le paysan et son outil ; renouvellement de l’histoire des textiles : D.
Cardon, La draperie médiévale. Fondé sur l’observation des tissus méditerranéens
conservés (ex. : échantillons de drap attachés aux lettres de marchands, dans les
archives Datini de Prato). Ex. marginal mais typique : Kuchenbuch, étude sur les
baguettes de taille (dans Ecrire compter mesurer) : l’attention portée à un objet
renouvelle notre conception des modes de calcul, des rapports entre écrit et non écrit,
des méthodes administratives.
- rapport différent au document, dont la production elle-même est davantage prise en
compte (= plus seulement un matériau brut). Ex. volume sur les cartulaires (et thèse de
Chastang sur les cartulaires languedociens), l’intérêt actuel pour les enquêtes.
Un autre élément essentiel, c’est qu’aujourd’hui –assez longtemps après s’être imposée en
histoire- l’approche anthropologique a gagné l’économie médiévale – ou ce qui en restait-.
Prise en compte notamment des rationalités non économiques, de la réciprocité, de la
longue primauté du social sur l’économique dans la détermination des comportements et
des relations… Par exemple, dans l’historiographie de la féodalité, la 4 e étape serait le
volume collectif Pour une anthropologie du prélèvement seigneurial : il prend en compte à la
fois les phénomènes économiques, dont les mécanismes sont analysés, et l’approche
anthropologique.
Jalons bibliographiques
1- Jeux d’influences et choix historiographiques
La sociologie :
P. Bourdieu, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, 1979.
G. Duby, Des sociétés médiévales. Leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 4 décembre 1970,
Paris, 1971.
L’anthropologie :
M. Bloch, Les rois thaumaturges. Etude sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale,
particulièrement en France et en Angleterre, Strasbourg, 1924, rééd. Paris, 1961 et 1983.
Famille et parenté dans l’Occident médiéval. Actes du colloque (1974), dir. G. Duby et J. Le Goff,
Rome, 1977.
G. Duby, Le chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France médiévale, Paris, 1981.
Amour et sexualité en Occident, préf. de G. Duby, Paris, Points, 1991 (recueil d’articles parus dans
« L’histoire »).
Le Jan R., Famille et pouvoir dans le monde franc. Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995.
B. Rosenwein, To be the neighbor of saint Peter : the social meaning of Cluny’s property, 909-1049,
Cornell, 1989.
Le modèle moderniste
Le Roy Ladurie E., Les paysans de Languedoc, Paris, 1969.
Goubert P., Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, Paris, 1960.
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De nouveaux thèmes
Villages désertés et histoire économique, préf. de F. Braudel, Paris, 1965 (Bibl. de l’EPHE, VIe
section).
Boüard M., L’archéologie médiévale
Revue Château-Gaillard.
Incastellamento, encellulement :
Toubert P., Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du IXe siècle à la fin du XIIe
siècle, 2 vol., Rome 1973 (BEFAR).
Synthèses
Dyer C., Making a living in the middle ages. The people of Britain, 850-1520, Yale, 2002,
chap. 4, 5, 7, 8 and 10.
Dyer C., Standards of Living in the Middle Ages. Social Change in England c. 1200-1520,
Cambridge, 1989.
Storia d’Italia Einaudi
Cambridge Medieval History
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Histoire de la France urbaine, dir. G. Duby, t. I, Paris, Seuil, 1980 (rééd. en poche, 1997).
Histoire de la France rurale, dir. G. Duby et A. Wallon, I et II, Paris, 1975 et 1977 (rééd.
1992).
Anthropologie historique
J. Le Goff, La civilisation de l'Occident médiéval, dans l'édition illustrée d'origine, toujours rééditée
(coll. Les grandes civilisations, Arthaud), ou dans l'édition de poche (coll. Champs, Flammarion)
« La réciprocité. Pour une histoire anthropologique », n° des Annales ESC, 1974.
Pastoureau M., Couleurs, images, symboles. Etudes d’histoire et d’anthropologie, Paris, 1989
(et autres ouvrages du même sur l’histoire des couleurs).
Le cas de l’alimentation
Manger et boire au Moyen Âge. Actes du colloque de Nice (15-17 octobre 1982). Centre d'études
médiévales de Nice. Public. de la Fac. des Lettres et Sc. Humaines de Nice, 2 vol., Paris 1984.
B. Laurioux, Le Moyen Âge à table, Paris, 1989.
O. Redon, F. Sabban, S. Serventi, La gastronomie au Moyen Âge, Paris, 1991.
J.-L. Flandrin et M. Montanari (dir.), Histoire de l'alimentation, Paris, 1996.
M. Montanari, La faim et l'abondance. Histoire de l'alimentation en Europe, Paris, 1995.
Travaux d’économistes
Robert M. Townsend, The medieval village economy: a study of the Pareto mapping in general
equilibrium models, Princeton, 1993.
Avner Greif, « Théorie des jeux et analyse historique des institutions : les institutions
économiques du Moyen Âge», Annales HSS, 1998, n°3, pp. 597-633. Cf. http://www-
econ.stanford.edu/faculty/greifhp.html : page d’Avner Greif (Stanford).
http://www.carloalberto.org/people/botticini : page de Maristella Botticini, université de
Turin : bon exemple d’analyse de données médiévales par une économiste : examine les
contrats agraires, le prêt juif et les dots en Toscane au XVe s. sous l’angle du risque
http://www.economics.utoronto.ca/munro5 : John Munro, université de Toronto : site sur
la crise de la fin du Moyen Âge, dans une approche historienne classique privilégiant la
crise industrielle et financière de l’Europe du Nord-Ouest.