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Comment cette
figure pourrait-elle être expérimentée comme mimétique? C’est que nous
voyons surtout le char qui ne s’arrête pas, car il contient l’être humain auquel
nous nous intéressons en premier lieu, et seulement en second lieu les che
vaux, qui n’en sont qu’une extension motrice, utilitaire. Cependant nous
comprenons au cours de notre lecture que « la voix » et « le frein » devraient
atteindre en premier lieu les chevaux, et seulement par extension le char. Char
et chevaux sont impliqués dans un même mouvement, une même incapacité
de s’arrêter. Ainsi le présent du mot « char » et le contexte discursif du vers
entier comportent la même inversion de priorité, et la même quasi-identité que
« toison » et « chevelure ». Cependant cette structure mimétique n’est pas
lexicalisable; le char n’est pas comme les chevaux; il agit comme eux dans un
contexte particulier. Or cette métonymie est poétiquement efficace, vive et non
morte, pour la raison précise que nous devons en lisant ce texte ressentir « para
doxalement » à la fois la primauté morale du char et la primauté matérielle
des chevaux. Mais à ce moment-là, l’analyse sémique : char/chevaux = T ne
correspond pas à l’expérience de la lecture, qui serait plutôt rendue par : char
= M /lieu contenant l’être humain, chevaux = M /force motrice, où « M »
désigne le mouvement précipité de l’ensemble. Cette analyse nous fait voir tout
de suite en quoi cette « métaphore » est liée à son contexte précis, M désignant
non une qualité du char mais une « affection » contingente. Elle révèle en
même temps la fragilité de l’illusion de toute « sémantique structurale » qui
tente de découper les mots en sèmes atomiques, et de là de toute tentative
d’infuser de la vie aux classements rhétoriques.
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