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Chapitre 1

Calcul vectoriel

Il s’agit ici de réviser certaines notions quand aux calculs avec des vecteurs et des
champs de vecteurs. On commence par deux définitions :
Scalaire : Un scalaire est une grandeur physique complètement définie par un chiffre.
Ex : masse, température, énergie, etc.
Vecteur : Un vecteur est une grandeur physique caractérisée par un module et une
orientation. Ex : force, vitesse, champ électrique, etc.

1.1 Vecteurs

Un vecteur est représenté graphiquement par une flèche dont la longueur est pro-
portionnelle à sa grandeur. La flèche pointe dans le même sens que le vecteur. Dans les
chapitres qui suivent, on représente un vecteur par une lettre ayant une flèche par dessus :
v~.

Un vecteur unitaire u ~ est un vecteur ayant un module de 1. Par définition, un vecteur


~
A = |A|~u où |A| veut dire module (amplitude) du vecteur A.~ Donc, le vecteur unitaire est
défini selon :
~
A
~=
u (1.1)
|A|

On utilise aussi la notation â pour dénoter un vecteur unitaire. C’est cette notation
qu’on utilisera dans le cours.

1
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

1.1.1 Somme de vecteurs

La somme de deux vecteurs est un autre vecteur. Graphiquement, on peut réaliser cette
opération par la règle du parallélogramme, comme à la figure 1.1.

~
C
~
B

~
A

Figure 1.1 – Somme de deux vecteurs

1.1.2 Soustraction de vecteurs

La soustraction de deux vecteurs produit elle aussi un 3e vecteur. Dans ce cas-ci, on


considère la soustraction comme la somme du premier vecteur avec le deuxième vecteur
multiplié par -1.
~−B
A ~=A ~ + (−B)
~ (1.2)

~ est obtenu en faisant une rotation de 180° de B.


Graphiquement, −B ~

1.1.3 Multiplication par un scalaire

Un vecteur qui est multiplié par un scalaire change d’amplitude, mais pas de direction :
~ = (k|A|)â
kA (1.3)

1.1.4 Produit de vecteurs

Il y a deux produits de vecteurs : le produit scalaire et le produit vectoriel.

Produit scalaire

Le produit scalaire de deux vecteurs A~ et B ~ est un scalaire donné par la relation


suivante :
~·B
A ~ ≡ |A||B| cos(θAB ) (1.4)

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

~ et B.
où θAB est le plus petit angle entre A ~

Quelques propriétés du produit scalaire :


~·A
• A ~ = |A|2
~·B
• A ~=B ~ ·A~
~ · (B
• A ~ =A
~ + C) ~·B
~ +A~·C~

Le produit scalaire peut être utilisé pour déterminer si deux vecteurs sont perpendicu-
laires ; dans ce cas, cos θAB = 0, et donc le produit scalaire est nul.

Aussi, si deux vecteurs sont parallèles, le produit scalaire est égal à la multiplication
des modules :
A~·B
~ = |A||B| si ~ B
A|| ~ (1.5)

Produit vectoriel

Le produit vectoriel de deux vecteurs A ~ et B


~ est un autre vecteur perpendiculaire au
~ et B.
plan formé par A ~ et B.
~ L’amplitude du résultat dépend de l’angle entre A ~ La définition
du produit vectoriel est :
~×B
A ~ ≡ (|A||B| sin(θAB )) â (1.6)
~ et B
où θAB est le plus petit angle entre A ~ et â est normal (perpendiculaire) au plan formé
par A~ et B,
~ comme à la figure 1.2.

~
C
~
B θAB

~
A

Figure 1.2 – Produit vectoriel de deux vecteurs

Quelques propriétés du produit vectoriel :


~×B
• A ~ = −(B ~
~ × A)
~ × (B
• A ~ =A
~ + C) ~×B ~ +A~×C~
~ × (B
• A ~ , (A
~ × C) ~ × B)
~ ×C~

Le produit vectoriel peut être utilisé pour trouver un vecteur (unitaire) normal à un
plan. Si on connaı̂t 2 vecteurs de ce plan, on utilise le produit vectoriel pour trouver le
vecteur normal.

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

On peut aussi vérifier si deux vecteurs sont parallèles : dans ce cas, sin θAB = 0, et donc
le produit vectoriel est nul.

1.2 Systèmes de coordonnées orthogonaux

Un système de coordonnées orthogonal est un système de coordonnées où les trois


surfaces (en 3D) qui définissent le système sont perpendiculaires l’une à l’autre. On utilisera
les trois systèmes orthogonaux principaux dans ce cours, soit :
1. Système cartésien
2. Coordonnées cylindriques
3. Coordonnées sphériques

1.2.1 Coordonnées cartésiennes

Le point P (x, y, z) dans les coordonnées cartésiennes représente l’intersection de 3 plans


non-courbés. Les trois vecteurs de base sont âx , ây et âz .

ây

âx
âz

Figure 1.3 – Système de coordonnées cartésien

~ est représenté dans les coordonnées cartésiennes selon :


Un vecteur quelconque A

~ = Ax âx + Ay ây + Az âz


A (1.7)

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

~ et B
Le produit scalaire de deux vecteurs A ~ est :
~·B
A ~ = Ax Bx + Ay By + Az Bz (1.8)

Le produit vectoriel est :



âx ây âz
A~×B~ = Ax Ay Az (1.9)
Bx By Bz

= (Ay Bz − Az By ) âx + (Az Bx − Ax Bz ) ây + (Ax By − Ay Bx ) âx (1.10)

L’élément différentiel de longueur dans ce système de coordonnées est :


dl = dx âx + dy ây + dz âz (1.11)

Les éléments de surface sont :


dsx = dydz (1.12)
dsy = dxdz (1.13)
dsz = dxdy (1.14)

L’élément différentiel de volume est :


dv = dx dy dz (1.15)

Exemple 1

~ = 5 âx − 2 ây + âz . Trouver un vecteur unitaire B


Soit A ~ de sorte que :
~ A
1. B|| ~
~ A
2. B⊥ ~ si B
~ est dans le plan xy.

~ A,
1. Pour B|| ~ il faut trouver un vecteur unitaire, et le vecteur unitaire de A
~ est une
solution.
~ 5 â − 2 ây + âz 1 
~ = A = √x

B =√ 5 âx − 2 ây + âz
|A| 25 + 4 + 1 30

~ de sorte
2. Un vecteur perpendiculaire donnera un produit scalaire nul. On cherche B
que B ~ = 0. Les composants de B
~ ·A ~ dans le plan xy sont Bx et By .

~ = 5Bx − 2By = 0
~ ·A
B

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Et puisqu’on cherche un vecteur unitaire,


q
B2x + B2y = 1

On a donc deux équations et deux inconnues, qu’on solutionne pour trouver


Bx = 0.371 By = 0.928
Alors,
~ = 0.371 âx + 0.928 ây
B

1.2.2 Coordonnées cylindriques

C’est le deuxième système de coordonnées en importance. Comme le nom l’indique, les


surfaces définissent un cylindre. Les trois vecteurs de base sont âr , âφ et âz .

âz

âφ
âR

φ
y

Figure 1.4 – Système de coordonnées cylindriques

~ est représenté dans les coordonnées cylindriques selon :


Un vecteur quelconque A
~ = Ar âR + Aφ âφ + Az âz
A (1.16)

L’élément différentiel de longueur dans ce système de coordonnées est :


dl = dr âr + rdφ âφ + dz âz (1.17)

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Les éléments de surface sont :


dsr = rdφ dz (1.18)
dsφ = drdz (1.19)
dsz = rdrdφ (1.20)

L’élément différentiel de volume est :


dv = rdr dφ dz (1.21)

On peut passer des coordonnées cylindriques aux coordonnées cartésiennes à l’aide de


la transformation suivante :
Ax  cos φ − sin φ 0  Ar 
    
A   sin φ cos φ 0 A 
 y  =    φ  (1.22)
Az 0 0 1 Az
    

Pour transformer les variables :


x = r cos φ (1.23)
y = r sin φ (1.24)
z=z (1.25)
avec les relations inverses suivantes :
q
r = x2 + y 2 (1.26)
y
φ = tan−1 (1.27)
x
z=z (1.28)

1.2.3 Coordonnées sphériques

Les surfaces de ce système de coordonnées définissent une sphère. Les trois vecteurs de
base sont âR , âθ et âφ , selon la figure 1.5.

~ est représenté dans les coordonnées cylindriques selon :


Un vecteur quelconque A
~ = AR âR + Aθ âθ + Aφ âφ
A (1.29)

L’élément différentiel de longueur dans ce système de coordonnées est :


dl = dR âR + Rdθ âθ + R sin θdφ âφ (1.30)

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

θ
âR
âφ

âθ
y
φ

Figure 1.5 – Système de coordonnées sphériques

Les éléments de surface sont :


dsR = R2 sin θdθ dφ (1.31)
dsθ = R sin θdRdφ (1.32)
dsφ = RdRdθ (1.33)

L’élément différentiel de volume est :


dv = R2 sin θdR dθ dφ (1.34)

Pour transformer les variables :


x = R sin θ cos φ (1.35)
y = R sin θ sin φ (1.36)
z = R cos θ (1.37)
avec les relations inverses suivantes :
q
R= x2 + y 2 + z2 (1.38)
p
x2 + y 2
θ = tan−1 (1.39)
z
−1 y
φ = tan (1.40)
x

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Pour convertir des coordonnées sphériques aux coordonnées cylindriques, on utilise les
relations suivantes :

r = R sin θ (1.41)
φ=φ (1.42)
z = R cos θ (1.43)

Exemple 2

Exprimer le vecteur 3 cos φ âr − 2r âφ + 5 âz en coordonnées cartésiennes.

À l’aide de la matrice de transformation,

Ax  cos φ − sin φ 0  Ar  cos φ − sin φ 0 3 cos φ
       
A   sin φ cos φ 0 A   sin φ cos φ 0  −2r 
 y  =    φ  =    
Az 0 0 1 Az 0 0 1 5
      
2
 3 cos φ + 2r sin φ 
 
= 3 cos φ sin φ − 2r cos φ
 
5
 

et on effectue les substitutions suivantes :


x x y y
q
r = x2 + y 2 cos φ = = p sin φ = =p
r x2 + y 2 r x2 + y 2

alors,
3x2
! !
~= 3xy
A + 2y âx + 2 − 2x ây + 5 âz
x2 + y 2 x + y2

1.3 Gradient d’un champ scalaire

On considère une fonction scalaire V dans l’espace où (u1 , u2 , u3 ) sont ses coordonnées.
Cette fonction peut représenter, par exemple, la température à chaque point dans une
pièce, ou l’altitude d’une région montagneuse, ou le potentiel électrique dans l’espace. La
valeur de V dépend de la position du point. On cherche maintenant un vecteur qui pointe
vers l’augmentation maximale de V dans l’espace.

Une autre définition : le gradient donne la pente maximale de la fonction, et il pointe


vers cette pente maximale. Un exemple est donné à la figure 1.6, pour une fonction
φ(x, y) = sin(x) sin(y), où −3 < x < 3 et −3 < y < 3.

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

−1
−3 3
−2 2
−1 1
0 0
1 −1
2 −2
3 −3

Figure 1.6 – Surface en 3D

−2

−4
−4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4

Figure 1.7 – Gradient d’une fonction φ(x, y)

Le gradient de cette fonction est donné à la figure 1.7.

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Si on combine les deux graphes l’un avec l’autre, avec une vue du dessus, on obtient
le graphique de la figure 1.8. Remarquez que les flèches pointent vers les maximums, et
s’éloignent des minimums.

−1

−3 3
−2 2
−1 1
0 0
1 −1
2 −2
3 −3

Figure 1.8 – Gradient d’une fonction φ(x, y)

Le gradient d’un champ scalaire V est donné par grad V . On utilise une autre représen-
tation, c’est ∇V ; on utilisera cette représentation pour le reste du cours. Le symbole ∇
s’appelle “del” ou “nabla”.

En coordonnées cartésiennes, le gradient d’une fonction scalaire V est :


∂V ∂V ∂V
∇V = âx + ây + â (1.44)
∂x ∂y ∂z z

D’une façon générale, le gradient est défini selon :


∂ ∂ ∂
∇= âu1 + âu2 + â (1.45)
h1 ∂u1 h2 ∂u2 h3 ∂u3 u3
où les coefficients sont donnés dans le tableau 1.1.

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Tableau 1.1 – Coefficients des systèmes de coordonnées

Cartésien Cylindrique Sphérique


âu1 âx âr âR
âu2 ây âφ âθ
âu3 âz âz âφ
h1 1 1 1
h2 1 r R
h3 1 1 R sin θ

1.4 Divergence d’un champ de vecteurs

La divergence est un opérateur utilisé pour caractériser un champ de vecteurs. La valeur


de la divergence d’un champ de vecteurs A ~ à un point P est une mesure du rythme auquel
le champ s’étend à partir de P . C’est un scalaire. L’expansion du champ est donnée par le
flux à travers le côté extérieur d’une petite surface délimitant un voisinage de P . Ainsi, la
divergence de A ~ à un point P est, par exemple, la limite du flux, par unité de volume, à
travers le côté extérieur de sphères de plus en plus petites, centrées à P . La divergence de
~ est donnée par div A
A ~ ou ∇ · A.
~
H
~ · d~s
A
∇·A~ ≡ lim s (1.46)
∆v→0 ∆v
H
où s est une double intégrale sur une surface fermée et d~s est l’élément différentiel de
surface.
d~s = ds ân (1.47)
où ân est un vecteur normal à la surface.

La divergence est une mesure du flux à un point donné. En termes de champ électrique,
une divergence positive indique la présence d’une source de flux (charge positive), tandis
qu’une divergence négative indique un ”puits” (une charge négative).

En coordonnées cartésiennes, la divergence est donnée par :

~= ∂Ax ∂Ay ∂Az


∇·A + + (1.48)
∂x ∂y ∂z

Pour n’importe quelles coordonnées orthogonales,


" #
~ 1 ∂ ∂ ∂
∇·A = (h h A ) + (h h A ) + (h h A ) (1.49)
h1 h2 h3 ∂u1 2 3 1 ∂u2 1 3 2 ∂u3 1 2 3

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

où les coefficients sont donnés par le tableau 1.1.

~ où ∇ · A
Un champ de vecteurs A ~ = 0 est dit solénoı̈dal.

Exemple 3

Calculer la divergence du champ de vecteurs

~ = xy âx + (y 2 − z2 ) ây + yz âz


F

Par définition,

~ = ∂ (xy) + ∂ (y 2 − z2 ) + ∂ (yz)
∇·F
∂x ∂y ∂z
= y + 2y + y
= 4y

1.5 Théorème de la divergence

Le théorème de la divergence est un outil qui permet de transformer une intégrale


sur un volume à une intégrale sur une surface fermée. Le théorème exprime : “l’intégrale
volumique de la divergence d’un champ vectoriel A ~ est égal au flux net total du vecteur à
travers la surface limitant le volume”.
Z I
~
(∇ · A)dv = A ~ · d~s (1.50)
v s

où d~s est toujours selon la normale à la surface.

Le théorème de la divergence est une expression mathématique du fait physique que,


en l’absence de la création ou destruction de la matière, la densité dans une région de
l’espace peut seulement changer s’il y a de la matière qui entre ou qui sort de la région.

La démonstration de ce théorème est dans le manuel, pour les intéressés.

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Exemple 4

~ = x2 âx + xy ây + yz âz . Vérifier le thèorème de la divergence sur un cube unitaire


Soit A
selon x = 1, y = 1 et z = 1.

Le cube est :
z

Z On veut vérifier
I :
~
(∇ · A)dv = A ~ · d~s
v s
y
x

On va faire l’intégrale de surface sur chaque surface du cube, puis on appliquera la


divergence.

1. Devant : ân = âx , x = 1


Z 1Z 1
~ · ân ds = 1dydz →
A dydz = 1
0 0
2. Derrière : ân = − âx , x = 0
Z
~ · ân ds = 0 →
A ~ · ân ds = 0
A

3. Côté gauche : ân = − ây , y = 0


Z
~ · ân ds = 0 →
A ~ · ân ds = 0
A

4. Côté droit : ân = ây , y = 1


Z 1Z 1
~ · ân ds = xydxdz → 1
A xdxdz =
0 0 2
5. Dessus : ân = âz , z = 1
Z 1Z 1
~ · ân ds = ydxdy → 1
A ydxdy =
0 0 2
6. Dessous : ân = − âz , z = 0
Z
~ · ân ds = 0 →
A ~ · ân ds = 0
A

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Alors, I
~ · d~s = 1 + 1 + 1 = 2
A
s 2 2

Maintenant, on calcule la divergence :

~ = ∂ (x2 ) + ∂ (xy) + ∂ (yz)


∇·A
∂x ∂y ∂z
= 2x + x + y = 3x + y

Puis on fais l’intégrale :


Z Z 1Z 1Z 1
~
(∇ · A)dv = (3x + y)dxdydz
v 0 0 0
2 1
#1
y2
" # "
x
= 3 [y]10 [z]10 + [x]10 [z]10 = 2
2 0 2 0

Les deux donnent le même résultat.

1.6 Rotationnel d’un champ de vecteurs

Un deuxième opérateur utilisé pour caractériser un champ de vecteurs est le rotationnel.


Le rotationnel d’un champ de vecteurs A ~ à un point P indique dans quelle mesure A ~
tourbillonne autour de P . Par définition :
I !
~ = ∇×A ~ = lim 1 ~ ~l
rot A Ad (1.51)
∆s→0 ∆s c

L’amplitude du rotationnel est une mesure de la quantité de rotation, et l’orientation


du rotationnel pointe dans la direction où la rotation est maximale.

En coordonnées cartésiennes, le rotationnel est donné par :



âx ây âz
~ = ∂ ∂ ∂

∇×A ∂x ∂y ∂z (1.52)
Ax Ay Az

   
 ∂Az ∂Ay   ∂Ay ∂Ax 
!
∂Ax ∂Az
=  −  â + − ây +  −  â (1.53)
∂y ∂z  x ∂z ∂x ∂x ∂y  z

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

Pour tous les systèmes de coordonnées orthogonaux :



h1 âu1 h2 âu2 h3 âu3

~ 1 ∂ ∂ ∂
∇×A = (1.54)
h1 h2 h3 ∂u1 ∂u2 ∂u3


h1 A1 h2 A2 h3 A3

où les coefficients sont donnés dans le tableau 1.1.

~ est dit conservateur si ∇ × A


Un champ de vecteurs A ~ = 0.

1.7 Théorème de Stokes

Le théorème de Stokes est semblable au théorème de la divergence. Il permet de


transformer une intégrale de surface à une intégrale de contour. Le théorème est ainsi :
“l’intégrale de surface du rotationnel d’un champ de vecteurs pour une surface ouverte est
égale à l’intégrale fermée le long du contour fermé C délimitant la surface”.
Z I
~
(∇ × A) · d~s = A~ · d~l (1.55)
s c

Si la surface est fermée : Z


~ · d~s = 0
(∇ × A) (1.56)
s

La démonstration de ce théorème est dans le manuel, pour les intéressés.

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CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL

1.8 Identités

Certaines identités comprenant l’opérateur ∇ :

∇(U + V ) = ∇U + ∇V (1.57)
~ + B)
∇ · (A ~+∇·B
~ = ∇·A ~ (1.58)
~ + B)
∇ × (A ~ = ∇×A~+∇×B ~ (1.59)
~ = (∇U ) · A
∇ · (U A) ~ + U (∇ · A)
~ (1.60)
∇ × (U A)~ = (∇U ) × A~ + U (∇ × A)
~ (1.61)
~ × B)
∇ · (A ~ =B ~ −A
~ · (∇ × A) ~ · (∇ × B)
~ (1.62)
~ =0
∇ · (∇ × A) (1.63)
∇ × (∇U ) = 0 (1.64)
∇ × (∇ × A) ~ − ∇2 A
~ = ∇(∇ · A) ~ (1.65)

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Chapitre 2
Électrostatique

L’électrostatique est l’étude des champs électriques stationnaires. On étudie des charges
électriques qui ne bougent pas, et donc le champ électrique ne varie pas en fonction du
temps. Dans ce cas-ci, il n’y a pas de champ magnétique, ce qui simplifie l’analyse des
problèmes.

Avant de procéder à fond dans la matière, il y a quelques définitions importantes à


retenir :

Charge : C’est une propriété fondamentale de certaines particules ; on s’intéresse ici au


comportement de ces particules sous l’effet d’une force reliée à la charge. Une charge
est représentée par la variable q. Les charges existent sous l’une de deux forme :
négative ou positive. La valeur d’une charge est un multiple entier 1 d’une constante
fondamentale, la charge d’un électron e = 1.60 × 10−19 . L’unité de la charge est le
Coulomb [C].
Champ : Un champ (électrique ou magnétique) est une distribution spatiale d’un
scalaire ou vecteur. C’est une façon de caractériser l’effet d’une charge sur l’espace
environnant.

Un autre point important : la loi de la conservation de charge. C’est un postulat fon-


damental physique. Les charges ne sont pas crées ou détruites ; elles sont simplement
redistribuées.

1. En fait, on a démontré l’existence de quarks, qui forment les particules élémentaires, dont la charge est
un multiple de ±1/3e.

1
CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

2.1 Loi de Coulomb

Coulomb fut le premier à mettre sous forme d’équation (en 1785) les observations
effectuées par les scientifiques sur le phénomène de l’électricité. Les scientifiques s’étaient
aperçus que des charges semblables se repoussent, tandis que des charges différentes
s’attirent.

Après de nombreuses expériences très délicates, Coulomb formule ainsi sa loi d’attrac-
tion et de répulsion des charges :
q q
F~12 = k 12 2 â12 (2.1)
R12

où F~12 est la force exercée par q1 sur q2 , R12 est la distance entre q1 et q2 , a12
ˆ est un vecteur
unitaire qui pointe de q1 vers q2 , et k est une constante, qui dépend du milieu et du système
d’unités. Dans le système SI, la constante k est donnée par :
1
k= (2.2)
4π
où  est la constante diélectrique (ou permittivité) du milieu. La permittivité est une
mesure de la capacité d’une matière à concentrer un champ électrique. La permittivité
d’un milieu est donné par :
 = r 0 (2.3)
où r est la permittivité relative (1 pour l’air et le vide ; et plus grand pour les autres
milieux) et 0 est la permittivité du vide, 0 = 8.854 × 10−12 F/m.

Selon l’équation 2.1, si deux charges sont de même signe (positives ou négatives), la
force sera alors positive, et il y a donc répulsion. Si les charges ne sont pas de même signe,
alors la force est négative, et il y a attraction.

Il y a une condition spéciale à observer pour que la loi de Coulomb soit valide :
La dimension des corps où se retrouvent les charges doit être beaucoup plus
petit que la distance qui sépare les charges.
Dans le cadre de ce cours, on supposera que cette condition est toujours respectée.

Exemple 1

Calculer la force sur la charge q1 = 20µC, par une charge q2 = −300µC, quand q1 est à
la position (0,1,2)m et q2 est à la position (2,0,0)m.

Selon la description du problème, on cherche F~21 .

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CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

Alors,
R~21 = p1 − p2 = −2 âx + ây + 2 âz
est le vecteur qui pointe de q2 vers q1 . On doit trouver son amplitude, et le vecteur unitaire.
q
~
|R21 | = (−2)2 + 12 + 22 = 3
R~12
â21 = = −0.66 âx + 0.33 ây + 0.66 âz
|R~12 |

Alors, la force de q2 sur q1 est :

q1 q2 (20 × 10−6 )(−300 × 10−6 )


F~12 = â 12 = (−0.66 âx + 0.33 ây + 0.66 âz )
4π0 R212 4π(8.854 × 10−12 )(32 )
= 6(−0.66 âx + 0.33 ây + 0.66 âz ) N

La force a une amplitude de 6N. Remarquer que la force de q1 sur q2 aura la même
amplitude, mais sera de sens contraire.

S’il y a plus d’une charge qui agit sur une charge quelconque, la force totale est la
somme vectorielle des forces individuelles ; on appelle ceci le principe de superposition.
La force qui agit sur la charge q1 est donnée par :
n
q 1 q2 q1 q 3 q1
X qk
F~1 = â +
2 21
â + · · · =
2 31

2 k1
(2.4)
4πR21 4πR31 4π R
k=2 k1

2.2 Champ électrique

Comme mentionné plus haut, le champ électrique est une mesure de l’effet de la charge
sur l’espace environnant. Par définition, l’intensité du champ électrique est la force par
charge unitaire qu’une petite charge stationnaire de test ressentira quand elle est placée
dans une région où un champ électrique existe.

~
~ = lim F
E (2.5)
q→0 q

Si la charge test est suffisamment petite, l’équation précédente se réduit à :

~= q1
E â12 (2.6)
4πR212

Gabriel Cormier 3 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

L’unité du champ électrique est le Volt/mètre [V/m] ou son équivalent, le Newton/Coulomb


[N/C].

Exemple 2

Calculer le champ électrique à un point (0,3,4) dû à une charge q = 0.5µC à l’origine.

Dans ce cas-ci,
R~ = p − p0 = 3 ây + 4 âz

~ = 32 + 42 = 5
|R|
âR = 0.6 ây + 0.8 âz

Alors le champ électrique est :

~= 0.5 × 10−6
E (0.6 ây + 0.8 âz )
4π(8.854 × 10−12 )(52 )
= 180(0.6 ây + 0.8 âz ) V/m

2.3 Distributions de charge

On s’intéresse ici à appliquer les équations du champ et de la force électrique lorsque


la charge est distribuée dans un volume, une surface ou une ligne.

2.3.1 Charge volumique

Quand une charge est distribuée dans un volume, chaque élément de charge contribue
au champ électrique. Il faudra donc faire une sommation ou intégrale pour trouver le
champ électrique total. La densité de charge est donnée par :
dQ
ρv = [C/m3 ] (2.7)
dv
où Q est la charge totale du volume, et v est le volume.

La contribution de chaque petit élément de charge au champ électrique total est :

~= dQ
dE âR (2.8)
4πR2
Gabriel Cormier 4 GELE3222
CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

au point d’observation P . Le champ électrique total est obtenu en intégrant l’équation


précédente, Z
ρv âR
~
E= dv (2.9)
2
V 4πR

2.3.2 Charge en surface

La charge peut aussi être distribuée en surface (dans un plan). La densité de charge est
donnée par :
dQ
ρs = [C/m2 ] (2.10)
ds
où Q est la charge totale du volume, et s est la superficie (l’aire).

La contribution de chaque petit élément de charge au champ électrique total est :

~= dQ
dE âR (2.11)
4πR2
au point d’observation P . Le champ électrique total est obtenu en intégrant l’équation
précédente, Z
ρs âR
~=
E ds (2.12)
2
S 4πR

2.3.3 Charge sur une ligne

Dans certains cas, on peut supposer que la charge est distribuée sur un fil très mince.
La densité de charge est donnée par :

dQ
ρl = [C/m] (2.13)
dl
où Q est la charge totale du volume, et l est la longueur.

La contribution de chaque petit élément de charge au champ électrique total est :

~= dQ
dE âR (2.14)
4πR2
au point d’observation P . Le champ électrique total est obtenu en intégrant l’équation
précédente, Z
ρl âR
~
E= dl (2.15)
2
L 4πR

Gabriel Cormier 5 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

Exemple 3

Calculer la force sur une charge ponctuelle de 50µC à (0,0,5) due à une charge de
500πµC distribuée uniformément sur un disque de rayon r < 5m, z = 0m (centré à l’origine).

Puisqu’on parle d’un disque très mince, il s’agit d’une distribution de charge sur une
surface. La densité de charge est
Q 500π × 10−6
ρs = = = 0.2 × 10−4 C/m2
A π(52 )

En coordonnées cylindriques, le vecteur R est :


~ = −r âr + 5 âz
R
Alors,
~ 2 = r 2 + 25
|R|
−r â + 5 âz
a~R = √ r
r 2 + 25

L’élément différentiel de surface ds est donné par :


ds = rdrdφ

Donc l’élément différentiel de force est :


(50 × 10−6 )(ρs rdrdφ)
!
−r âr + 5 âz
dF = √
4π(8.854 × 10−12 )(r 2 + 25) r 2 + 25

Pour trouver la force totale, il faut intégrer. En observant le problème, on remarque que
les composantes radiales vont s’annuler.
Z 2π Z 5
(50 × 10−6 )(0.2 × 10−4 )(5rdrdφ)
F= 3
âz
0 0 4π(8.854 × 10−12 )(r 2 + 25) 2
Z5
rdr
= 90π 3
âz = 16.56 âz N
0 (r 2 + 25) 2

On verra qu’il y a une méthode plus simple pour résoudre des problèmes de distribution
de charge : la Loi de Gauss. Avant de procéder à la loi de Gauss, il faut parler de flux
électrique.

Gabriel Cormier 6 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

2.4 Lignes de champ

Les lignes de champ électrique sont une aide pour aider à visualiser la direction et l’am-
plitude du champ électrique. Elles ne sont pas réelles (comme les lignes qui démarquent
les provinces sur une map), mais sont un concept très utile. Les lignes de champ électrique
suivent quelques règles très simples :
— Les lignes de champ commencent sur des charges positives et se terminent sur des
charges négatives, ou à l’infini.
— Les lignes de champ sont tracées de façon symétriques en entrant ou sortant d’une
charge.
— Le nombre de lignes qui entrent ou sortent d’une charge est proportionnel à l’ampli-
tude de la charge.
— Les lignes de champ ne se croisent jamais.

Un premier exemple de ligne de champ est donné à la figure 2.1. La charge est positive,
alors les lignes commencent sur la charge (indiqué par la direction des flèches). Les lignes
sont distribuées de façon symétrique.

Figure 2.1 – Lignes de champ d’une charge ponctuelle positive

Un deuxième exemple de ligne de champ est donné à la figure 2.2. Il s’agit de deux
charges ponctuelles de même amplitude, mais de signe opposé. Les lignes de champ
commencent sur la charge positive et se terminent sur la charge négative. Les lignes sont
distribuées de façon symétrique.

+ –

Figure 2.2 – Lignes de champ de deux charges ponctuelles de signe opposé

Gabriel Cormier 7 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

2.5 Flux électrique

Les lignes de champ électrique suggèrent (ou impliquent) qu’il y a une sorte d’écoulement
des charges positives vers les charges négatives. On appelle ceci le flux électrique.

En 1837, Michael Faraday fait l’expérience suivante :

Il prend une sphère conductrice, qu’il charge avec +Q. Autour de la sphère, il ajoute un
diélectrique, puis une deuxième sphère conductrice.

Il branche la deuxième sphère à la masse, momentanément, puis enlève la connexion. Il


mesure ensuite la charge sur la sphère externe : c’est −Q. Il répète plusieurs fois l’expérience
et constate que peu importe la dimension de la sphère ou le type de diélectrique, la charge
sur la deuxième sphère est toujours égale en amplitude mais de signe opposé à la charge
sur la sphère interne.

Faraday conclut qu’il y a une sorte de déplacement, de quelque chose, de la sphère


intérieure vers la sphère extérieure. Le déplacement, ou flux, est égal en amplitude à la
charge.

Si on considère la sphère externe, la densité des lignes de flux qui passent au travers de
~ est donné par :
la surface, D,

~ = Ψ = Ψ âR
D [C/m2 ] (2.16)
S 4πR2
où Ψ est le flux total. L’équation 2.16 est très semblable à l’équation du champ électrique :

~= Q
E âR (2.17)
4πR2

Puisque Ψ = Q, on obtient :
D ~
~ = 0 E (2.18)

~ dans les calculs est qu’il est indépendant du milieu.


L’avantage de l’utilisation de D

Le flux total est donné par :


Z
Ψ =D ~=
~ ·S ~ · d~s = |D||S| cos θ
D (2.19)

où θ est l’angle entre la surface et les lignes de champ.

Gabriel Cormier 8 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

Exemple 4

Un disque mince de rayon 0.1m est orienté de sorte qu’un vecteur normal à la surface
forme un angle de 30° avec un champ électrique uniforme E d’amplitude 2.0×103 N/C.
1. Calculer le flux total à travers le disque.
2. Quel est le flux total si le disque est parallèle au champ électrique ?
3. Quel est le flux total si le disque est perpendiculaire au champ électrique ?

1. On doit premièrement calculer la surface du disque :

S = πr 2 = 0.0314 m2

Le flux est donc :

Ψ = DS cos θ = (8.854 × 10−12 )(2 × 103 )(0.0314) cos(30) = 0.48 nC

2. La seule chose qui change est l’angle θ. Si le disque est parallèle au champ, l’angle
est 90°. Alors le flux sera 0.

3. Ici, l’angle formé par le disque et le champ électrique est 0. Le flux est donc :

Ψ = DS cos θ = (8.854 × 10−12 )(2 × 103 )(0.0314) cos(0) = 0.56 nC

Le prochain exemple mènera à la loi de Gauss.

Exemple 5

Une charge de 3µC est entourée d’une sphère de rayon 0.2m centrée sur la charge.
Calculer le flux électrique total qui passe à travers la sphère.

On doit calculer D et S. Pour une sphère, le champ électrique à tout point sur la sphère
est :
1 q
|D| = 2
= 5.97 µC/m2
4π R
Le champ est constant sur la surface de la sphère. Puisque le champ est constant, l’équation
du flux devient alors : Z
Ψ = D d~s
s

Gabriel Cormier 9 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

Il faut donc calculer l’intégrale de la surface. Pour une sphère,


Z Z
2
ds = 4πR ⇒ ds = 0.502 m2
s s

Le flux total est :


Ψ = (5.97 × 10−6 )(0.502) = 3.0 × 10−6 C

Si on reprend cet exemple, mais qu’on sauve les calculs pour la fin, on aurait alors :
Z
1 q
Ψ = D ds = 2
4πR2 = q
s 4π R

Cette dernière équation veut dire que le flux total est égal à la charge totale contenue à
l’intérieure de la surface.

2.6 Loi de Gauss

La loi de Gauss permet de faire le lien entre la charge total contenue dans une surface
fermée et le flux total qui traverse cette surface. On l’exprime ainsi :
I
D~ · ds = Q (2.20)
s

où Q est la charge totale contenu à l’intérieur de la surface. La surface s n’a pas besoin
d’être une surface réelle ; c’est une surface mathématique qu’on choisit pour simplifier les
calculs. On appelle souvent une telle surface une surface de Gauss.

Les éléments clés d’une surface de Gauss sont :


1. La surface est fermée.
2. À chaque point de la surface, le champ est parallèle ou perpendiculaire.
3. Le champ doit être constant lorsque le champ est perpendiculaire à la surface.
Ces conditions simplifient énormément les intégrales.

Exemple 6

Utiliser une surface Gaussienne pour calculer le champ électrique dû à une ligne
infiniment longue de charge ρl .

Gabriel Cormier 10 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

Puisqu’il s’agit d’une ligne infiniment longue, les lignes de champ seront dirigées que
d’une direction, selon la normale du fil. On suppose que la ligne est selon l’axe z. Le champ
sera donc seulement selon r. La surface gaussienne pour ce problème est un cylindre : le
dessus et le dessous seront parallèle au champ, et le tour du cylindre sera perpendiculaire
au champ, selon la figure suivante.

Si on applique la loi de Gauss :


Z Z Z
Q= D · ds + D · ds + D · ds
s1 s2 s3

où S1 et S3 sont le dessus et le dessous du cylindre, et S2 est la paroi externe. Pour les
surfaces 1 et 3, l’intégrale est nulle, puisque ces surfaces sont parallèles au champ. Pour
la surface 2, E et dS sont parallèles, et D est constant puisque le rayon est constant pour
toute la surface. Donc, Z
Q=D ds = D(2πrL)
S2

La charge totale contenue à l’intérieur de la surface gaussienne est :

Q = ρl L

et alors le champ électrique est


D ρl
E= =
 2π0 r

Il faut noter que les surfaces gaussiennes ne s’appliquent que si le problème comporte
de la symétrie.

Gabriel Cormier 11 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

2.7 Divergence

Quand la divergence d’un champ de vecteurs est non-nulle, la région contient une
source ou un collecteur. Si la divergence est positive, la région contient une source ; si la
divergence est négative, la région contient un collecteur. Par définition, un flux positif est
crée par une source. Rappel : définition de la divergence.
H
~ S
Ad ~
∇·A~ = lim (2.21)
∆v→0 ∆v

Si on reprend la loi de Gauss (équation 2.20), et qu’on divise chaque côté par ∆v, on
obtient l’équation suivante : H
~ · ds
D Q
S
= (2.22)
∆v ∆v
Si on prend la limite de chaque côté,
H
~ · ds
D Q
lim S = ∇ · D = lim =ρ (2.23)
∆v→0 ∆v ∆v→0 ∆v

Donc,

~ =ρ
∇·D (2.24)
ρ
~=
∇·E (2.25)

Si  est constant dans la région sous étude, on peut utiliser l’équation 2.25. Sinon, on utilise
l’équation 2.24.

L’équation 2.24 est une équation fondamentale de l’électromagnétisme.

2.7.1 Théorème de divergence

~ · dS est égale à la charge totale contenue dans la


La loi de Gauss dit que l’intégrale de D
surface gaussienne. Si la densité de charge ρ est connue, la charge totale peut être obtenue
en faisant l’intégrale sur le volume. On a donc :
I Z
~
D · d~s = ρdv = Q (2.26)

Gabriel Cormier 12 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

~ Alors,
Cependant, à l’aide de la loi de Gauss, ρ = ∇ · D.
I Z
~ ~
D · d~s = (∇ · D)dv (2.27)

C’est le théorème de divergence.

2.8 Travail, énergie, potentiel

On s’intéresse ici au travail fait sur une charge, et on définit le potentiel électrique.

2.8.1 Travail sur une charge ponctuelle

Une charge q subit une force F ~ dans un champ électrique E.


~ Pour maintenir la charge
en équilibre, il faut appliquer une force opposée.

Le travail, par définition, est une force qui agit sur une distance quelconque. Donc, un
travail différentiel dW est effectué quand la force appliquée F produit un déplacement
différentiel dl de la charge.
dW = F ~ · d~l = −qE
~ · d~l (2.28)

Note : Quand q est positif et d~l est dans la direction de E,


~ dW est négatif, ce qui veut
dire que le travail a été fait par le champ électrique.

Les éléments de déplacement différentiel sont :

d~l = dx âx + dy ây + dz âz (cartésien)


d~l = dr âr + rdφ âφ + dz âz (cylindrique)
d~l = dR âR + Rdθ âθ + R sin θdφ âφ (sphérique)

Exemple 7

Un champ électrostatique est donné par E ~ = (x/2 + 2y)âx + (2x)ây V/m. Calculer le
travail effectué en déplaçant une charge de -20µC (a) de l’origine au point (4,0,0)m, et (b)
de (4,0,0)m à (4,2,0)m.

Gabriel Cormier 13 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

a) Le premier parcours est selon l’axe x, donc dl = dx âx .


~ · d~l = (20 × 10−6 )(0.5x + 2y)dx
dW = −qE

Le travail total est obtenu en intégrant :


Z 4
−6
W = (20 × 10 ) (0.5x + 2y)dx = 80 µJ
0

b) Le deuxième parcours est selon l’axe y, donc dl = dy ây .


Z2
−6
W = (20 × 10 ) (2x)dy = 320 µJ
0

Le travail est indépendant du parcours. Dans la figure 2.3, le travail effectué pour
déplacer une charge du point A au point B est le même pour le parcours 1 ou 2.

2
1

Figure 2.3 – Travail selon le parcours

Donc, si on part du point A pour se rendre au point B, on effectue un certain travail


WAB . Si on retourne au point A, on effectue un travail WBA = −WAB . Au total, le travail
effectué est nul. On peut donc dire que le travail effectué sur un parcours fermé est nul,
ou : I
E~ · d~l = 0 (2.29)

C’est la loi des tensions de Kirchoff.

Si on reprend l’équation 2.29, à l’aide du théorème de Stokes, on a la relation suivante :


I Z
E~ · d~l = (∇ × E)
~ · d~s = 0 (2.30)

ce qui implique :
~ =0
∇×E (2.31)

Gabriel Cormier 14 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

L’équation 2.31 est une équation fondamentale de l’électromagnétisme.

Si le rotationnel d’un champ de vecteurs est nul, le champ est dit conservateur. Le champ
électrique est donc un champ conservateur.

2.8.2 Potentiel électrique

Par définition, le potentiel électrique d’un point A par rapport à un point B est définit
comme étant le travail par unité qui serait effectué si on déplaçait une charge unitaire
positive qu de B à A.
ZA
W ~ · d~l
VAB = =− E [J/C ou V] (2.32)
qu B
En fait, VAB représente la différence de potentiel entre A et B.

On calcule maintenant la différence de potentiel entre deux points due à une charge à
l’origine :
Zb Zb
~ ~ Q
Vba = − E · dl = − â · dR âR
2 R
(2.33)
a a 4π0 R
ce qui donne :
Q R=b Q 1 1
 
Vba = = − = Vb − Va (2.34)
4π0 R R=a 4π0 b a

Si la référence à l’infinie est nulle, le potentiel à un rayon R de la charge est :

Q
V = (2.35)
4π0 R

Si la charge est une distribution :


Z
dQ
V = (2.36)
4π0 R

Si on prend la relation différentielle de l’équation 2.32, on obtient :

~ · d~l
dV = −E (2.37)

ou
~ = − dV
E (2.38)
d~l

Gabriel Cormier 15 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

Mais, la dérivée d’un scalaire par rapport à un vecteur est l’opérateur ∇. Donc :

~ = −∇V
E (2.39)

Cette dernière équation implique qu’on peut calculer le champ électrique en calculant
le gradient de V . Dans certains cas, il est plus facile de calculer V en premier, puis faire les
~
dérivées pour obtenir E.

Est-ce que l’équation 2.39 fait du sens ? Elle dit que le champ électrique est égal à
moins le gradient de la tension. On a vu que le gradient est un vecteur qui pointe vers
l’augmentation maximale d’une fonction. Donc, dans ce cas-ci, puisqu’il y a un négatif
devant le gradient, l’équation 2.39 dit que le champ électrique pointe vers la tension
minimale. Si on reprend la figure 2.2, on voit bien que c’est le cas. C’est une formulation
mathématique de la convention que le champ électrique pointe du positif au négatif.

Il y a un autre point à considérer pour le potentiel électrique : les lignes équipotentielles.


Les lignes équipotentielles sont des lignes (imaginaires) où le potentiel est le même. Ces
lignes sont normales au lignes de champ électrique. On peut en voir un exemple à la
figure 2.4. Le champ électrique est représenté par les lignes noires, et pointe de la plaque
supérieure (1V) à la plaque inférieure (0V). Trois lignes équipotentielles sont montrées :
0.75V, 0.5V et 0.25V. Ces lignes sont perpendiculaires aux lignes du champ électrique.

0.75V
V1 = 1V

0.5V

V2 = 0V
0.25V

Figure 2.4 – Exemple de lignes équipotentielles

2.8.3 Énergie d’un champ électrique

L’énergie d’un champ électrique est reliée au travail. Pour déplacer une charge dans
une champ électrique, il faut faire un certain travail ; ceci implique une énergie. On peut

Gabriel Cormier 16 GELE3222


CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE

calculer l’énergie de plusieurs façons :


Z
1
W= ρV dv (2.40)
2
Z
1 ~ · Edv
~
= D (2.41)
2
Z
1
= E 2 dv (2.42)
2
D2
Z
1
= dv (2.43)
2 

Gabriel Cormier 17 GELE3222


Chapitre 3
Matériaux

On s’intéresse maintenant au comportement du champ électrique dans des matériaux.


En général, il y a trois classifications de matériaux, selon leurs caractéristiques électriques :

Conducteur : Les conducteurs sont des substances qui contiennent un très grand
nombre de charges mobiles. Par exemple, dans les métaux, les charges mobiles sont
des électrons.
Semi-conducteur : Les semi-conducteurs sont des matériaux qui contiennent des
charges mobiles, mais moins que les conducteurs.
Diélectrique : Les diélectriques sont des isolants. Ils ne contiennent pas de charges
mobiles. Les électrons dans ces matériaux sont très attachés à l’atome, et ne sont pas
libérés, même en présence d’un champ électrique.

3.1 Conducteur

Le premier type de matériau qu’on étudiera est le conducteur.

On suppose qu’on introduit des charges (positives ou négatives) à l’intérieur d’un


conducteur. Un champ électrique est alors créé dans le conducteur, ce qui applique une
force sur les charges. Ces charges vont se déplacer pour s’éloigner l’une de l’autre (des
charges de même signe se repoussent). Ce mouvement des charges continuera jusqu’à ce
que toutes les charges atteignent la surface du conducteur, et se distribuent à la surface
de sorte que le champ électrique et la charge équivalente s’annulent à l’intérieur du
conducteur. Puisqu’il n’y a pas de charge dans le conducteur, le champ est nul (loi de
Gauss).

1
CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

À l’intérieur du conducteur, on peut donc dire que :

ρ=0 (3.1)
~ =0
E (3.2)

toujours sous conditions statiques. De plus, puisque le champ électrique est nul, le potentiel
doit être constant, selon
~ = −∇V
E (3.3)
qu’on a vu au chapitre précédent.

Le champ électrique à la surface du conducteur doit être orienté de façon normale à la


surface du conducteur. S’il y aurait une composante tangentielle, il existerait une force qui
déplacerait les électrons, et le tout ne serait pas en équilibre. Alors,

Et = 0 (3.4)

la composante tangentielle du champ électrique à la surface d’un conducteur est nulle


(sous condition statique).

Pour calculer la composante normale à la surface, on construit une surface gaussienne


à la surface du conducteur. Cette surface de Gauss aura la forme d’une boite rectangulaire.
À l’aide de la loi de Gauss, I
~ S
Ed ~ = En ∆S = ρs ∆S (3.5)
S 0
ce qui donne
ρs
En = (3.6)
0
La composante normale du champ électrique à la surface d’un conducteur est égale à la
densité de charge du conducteur divisée par la permittivité du vide.

3.2 Diélectriques

Le deuxième type de matériau qu’on étudiera est le diélectrique. Le diélectrique idéal


n’a pas de charges libres. Lorsqu’un diélectrique est placé dans un champ électrique
externe, il n’y a pas de charges libres qui se déplacent vers la surface, comme dans les
conducteurs. Cependant, les diélectriques contiennent des charges liées ; on ne peut pas
conclure qu’elles n’ont pas d’effet sur le champ électrique.

Tous les matériaux sont composés d’atomes ayant un noyau positif entouré d’électrons
négatifs. Même si les molécules des matériaux diélectriques sont neutres, la présence d’un
champ électrique externe appliquera une force sur ces molécules, et créera un dipôle.

Gabriel Cormier 2 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

Un dipôle est une élément qui a une partie positive et une partie négative qui sont bien
définies. La figure 3.1 montre l’effet d’un champ externe sur un diélectrique et la formation
de dipôles.

−+ −+ −+
−+ −+ −+
−+ −+ −+
−+ −+ −+
E

Figure 3.1 – Effet d’un champ électrique externe sur un diélectrique

Dans certains diélectriques, le dipôle est permanent, même quand aucun champ
électrique externe n’est appliqué. L’eau est un exemple d’un tel matériau.

On appelle le phénomène d’orienter les dipôles la polarisation. Pour analyser l’effet de


la polarisation, on définit un vecteur de polarisation p
~ . La densité de polarisation est
Np
~
P~ = lim (3.7)
∆v→0 ∆v

où N est le nombre de dipôles contenus dans la région ∆v.

Ces dipôles vont créer un champ électrique dans le sens contraire du champ externe
(rappel : le champ électrique va de + vers -). À la surface du diélectrique, l’effet de l’ali-
gnement des dipôles est le même que s’il y avait une distribution de charge en surface. À
l’intérieur du diélectrique, pour expliquer le champ électrique interne, on représente ceci
par une charge volumique. La charge totale dans un diélectrique est donc :
I Z
Q= ρps ds + ρpv dv (3.8)
S V

3.2.1 Permittivité relative

La densité de flux électrique est la même dans un diélectrique, mais le champ électrique
est plus faible, comme vu précédemment. Pour expliquer ce phénomène au point de vue
macroscopique, l’équation de la densité de flux est modifiée :
~ = 0 E
D ~ + P~ (3.9)

Ce type d’équation permet que E ~ et P~ aient des directions différentes, comme c’est le
cas dans certains matériaux cristallins. Quand le matériau est linéaire et isotropique,

Gabriel Cormier 3 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

la polarisation est directement proportionnelle à l’amplitude du champ électrique et


indépendant de la direction du champ. Dans ce cas-ci,

P~ = χe 0 E
~ (3.10)

où χe est la susceptibilité électrique (une constante sans dimension). On peut donc modifier
l’équation de la densité de flux :

~ = 0 (1 + χe )E
D ~ = 0 r E
~ (3.11)

où r est la permittivité relative du milieu.

Dans certains cas, r dépend de l’orientation du matériau. Aussi, dans des matériaux
ayant des pertes, la permittivité relative du milieu est un nombre complexe. Dans le cadre
de ce cours, on se limite à des matériaux où r est constant.

3.2.2 Force diélectrique

On a vu que l’application d’un champ électrique externe va polariser un diélectrique.


Cependant, si le champ électrique est trop grand, le matériau devient conducteur. Dans ce
cas, le champ électrique externe est assez grand pour arracher des électrons du diélectrique.
La force diélectrique d’un matériau est l’amplitude du champ électrique qui cause cet
effet. Le tableau 3.1 donne la constante diélectrique et la force diélectrique de certains
matériaux.

Table 3.1 – Constante et force diélectrique de certains matériaux

Matériaux Constante diélectrique Force diélectrique

Air 1.0 3×106


Huile 2.3 15×106
Papier 2–4 15×106
Polystyrène 2.6 20×106
Caoutchouc 2.3 – 4.0 25×106
Verre 4 – 10 30×106

Le plus important à se souvenir dans le tableau 3.1 est celui pour l’air : 3kV/mm. Il
suffit d’appliquer une différence de potentiel de 3000V à une distance de 1mm pour que
l’air devienne conducteur.

Gabriel Cormier 4 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

3.2.3 Comportement aux limites

L’objectif maintenant est d’analyser le champ électrique et la densité de flux électrique à


l’interface entre deux diélectriques. On procède de la même façon que pour le conducteur
pour la composante tangentielle : on construit un parcours fermé, et alors l’intégrale sur
un parcours fermé doit être nulle.

On considère le parcours de la figure 3.2 qui est définit à l’interface entre deux
matériaux.

E~2 Milieu 2
∆w
Milieu 1

∆h
E~1

Figure 3.2 – Interface entre deux matériaux

Si on applique l’intégrale de contour, et qu’on suppose que ∆h → 0, on obtient :


I
~ · d~l = E~1 · ∆w + E~2 · (−∆w) = E1t ∆w − E2t ∆w = 0
E (3.12)
C

D’où on conclut :
E1t = E2t (3.13)
La composante tangentielle demeure la même à l’interface entre les deux matériaux.

Pour déterminer l’effet de la composante normale, on construit une surface de Gauss à


l’interface entre les deux matériaux. On applique alors la loi de Gauss à la surface :
I
D ~ = (D~1 · ân2 + D~2 · ân1 )∆S
~ · dS (3.14)
S
= ân2 · (D~1 − D~2 )∆S (3.15)
= ρs ∆S (3.16)
Si on combine les deux dernières équation, on obtient :

ân2 · (D~1 − D~2 )∆S = ρs ∆S (3.17)


ou
D1n − D2n = ρs (3.18)
C’est-à-dire que la composante normale de la densité de flux est discontinue à l’interface
entre deux diélectriques. L’amplitude de la discontinuité est égale à la densité de charge en
surface.

Gabriel Cormier 5 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

Si le matériaux 2 est un conducteur, D2n = 0, et donc on obtient D1n = 1 En1 = ρs , ce qui


la même chose que l’équation 3.6.

Exemple 1

Si E~1 = 2 âx − 3 ây + 5 âz V/m à l’interface entre les deux matériaux de la figure suivante,
calculer D~2 et les angles θ1 et θ2 si l’interface entre les deux matériaux est sans charges.

E1

θ1 r1 = 2
r2 = 5

θ2
E2

L’interface est dans un plan z = cst. Les composantes x et y sont tangentielles, et les
composantes z sont normales. Par continuité des composantes tangentielles E et normales
D,
E~1 = 2 âx − 3 ây + 5 âz
E~2 = 2 âx − 3 ây + Ez2 âz
D~1 = 0 r1 E~1 = 40 âx − 60 ây + 100 âz
D~2 = Dx2 âx + Dy2 âz + 100 âz

On peut calculer les composantes inconnues à l’aide de D~2 = 0 r2 E~2 . On a donc :
Dx2 âx + Dy2 âz + 100 âz = 20 r2 âx − 30 r2 ây + 0 r2 Ez2 âz
d’où on déduit :
10
Dx2 = 20 r2 = 100 Dy2 = −30 r2 = −150 Ez2 = =2
r2

Les angles sont obtenus selon les relations suivantes :


E~1 · âz = |E1 | cos(90◦ − θ1 ) E~2 · âz = |E2 | cos(90◦ − θ2 )
√ √
5 = 38 sin θ1 2 = 17 sin θ2
θ1 = 54.2◦ θ2 = 29.0◦

Gabriel Cormier 6 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

3.3 Capacité et condensateurs

On considère un conducteur éloigné de tout autre objet chargé. Le potentiel à la surface


du conducteur est proportionnel à la charge qu’il porte. La constante de proportionnalité
dépend de deux facteurs :
1. La géométrie du conducteur
2. La nature du milieu (vide, diélectrique, etc.).
Cette constante de proportionnalité est définit comme étant la capacité et est donnée
par :
Q
C≡ [Farad] ou [C/V] (3.19)
V

L’application la plus populaire de ceci est le condensateur. Le condensateur est constitué


de deux plaques conductrices séparées par l’air ou un diélectrique. Les deux conducteurs
n’ont pas besoin d’avoir la même forme. Quand une tension DC est appliquée au conduc-
teurs, il y a transfert de charges. Une charge positive +Q se rassemble sur un conducteur,
et une charge −Q sur l’autre conducteur. Un champ électrique est alors crée entre les
deux conducteurs, de la plaque positive vers la plaque négative. L’équation 3.19 peut être
appliquée, et on obtient :
Q Q
C= = (3.20)
V12 V+ − V−

Il existe deux méthodes principales pour calculer la capacitance :

Méthode Q
1. Supposer une charge +Q sur une plaque et une charge −Q sur l’autre plaque.
~ selon la méthode appropriée (Loi de Coulomb, loi de Gauss, Poisson).
2. Calculer E
R
3. Trouver le potentiel V12 = E · dl.
4. Calculer la capacitance C = Q/V12 (la charge Q s’annulera).

Méthode V
1. Supposer une tension Vab entre les plaques.
~ (puis D)
2. Calculer E ~ selon l’équation de Laplace.
3. Calculer ρs (puis Q) en utilisant les conditions aux frontières (Dn = ρs ).
4. Calculer la capacitance C = Q/Vab (le potentiel Vab s’annulera).

Gabriel Cormier 7 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

Exemple 2

Calculer la capacitance entre deux plaques de superficie A séparées d’un distance d, où
un diélectrique de permittivité r est placé entre les deux plaques.

On suppose que les deux plaques sont dans le plan x − y. On suppose aussi une charge
+Q et −Q sur les plaques. Ces charges seront distribuées sur l’ensemble des plaques,
donnant lieu à une distribution de charge de :
Q
ρs =
A
Le champ électrique est alors donné par :
ρ
~ = − s âz = − Q âz
E
 A
Ce champ est constant dans le diélectrique si on néglige la frange aux bords des plaques.
La tension est obtenue selon :
Z z=d Z d
Q Q

V12 = − E · dl = − − âz · (dy âz ) = d
z=0 0 A A
Et la capacitance est :
Q A
C= =
V12 d

Cette équation est très souvent rencontrée en génie électrique.

3.4 Équations de Laplace et Poisson

Dans certains problèmes, la distribution de charges n’est pas donnée ou est difficile à
calculer. Les problèmes du chapitre précédent permettaient de calculer D ou E à partir de
distribution de charges. On a vu qu’on pouvait calculer le champ électrique à partir du
potentiel. Mais généralement, le potentiel n’est pas connu partout dans la région.

On s’intéresse maintenant aux problèmes où le potentiel est connu à certains endroits,
mais pas partout dans la région sous étude. À l’aide de l’équation de Laplace, on peut
calculer le potentiel dans toute la région.

Au chapitre précédent, on a vu deux relations importantes fondamentales des champs


électriques :
~ =ρ
∇·D (3.21)
~ = −∇V
E (3.22)

Gabriel Cormier 8 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

Si on combine ces deux équations, on obtient (rappel : D = E) :

∇ · (−∇V ) = ρ (3.23)

ou ρ
∇2 V = (3.24)

L’équation 3.24 est l’équation de Poisson.

S’il n’y a pas de distribution de charge dans la région sous étude, ρ = 0 et on obtient :

∇2 V = 0 (3.25)

C’est l’équation de Laplace. L’opérateur ∇2 veut dire la divergence du gradient de ou le


Laplacien.

Note : La solution de l’équation de Laplace (ou Poisson) qui satisfait aux conditions aux
frontières est unique. C’est la seule solution possible. En d’autres mots, quand on résout
un problème à l’aide de l’équation de Laplace, il n’y a qu’une solution possible.

L’opérateur ∇2 V en coordonnées cartésiennes est :

∂2 V ∂2 V ∂2 V
∇2 V = + + 2 (3.26)
∂x2 ∂y 2 ∂z

Exemple 3

Donner l’équation du potentiel pour la région entre deux plaques conductrices de


potentiel V1 et V2 séparées d’une distance d. Calculer aussi le champ électrique entre les
deux plaques.

V1 V2

Puisque le potentiel ne dépend que d’une variable, x, l’équation de Laplace devient :

d 2V
∇2 V = =0
dx2

Gabriel Cormier 9 GELE3222


CHAPITRE 3. MATÉRIAUX

On intègre deux fois pour obtenir :

V (x) = Ax + B

où A et B sont les constantes d’intégration.

Les conditions aux frontières impliquent que V (0) = V1 et V (d) = V2 . On obtient alors
B = V1 et A = (V2 − V1 )/d. Ce qui donne :

V2 − V1
V (x) = x + V1
d

Le champ électrique est donné par :

~ = −∇V = − dV âx = V2 − V1 âx


E
dx d
Le champ électrique est constant, et proportionnel à la différence de potentiel entre les
plaques.

3.4.1 Laplacien

En coordonnées cylindriques :

1 ∂2 V ∂2 V
!
2 1 ∂ ∂V
∇ V = r + 2 + (3.27)
r ∂r ∂r r ∂φ2 ∂z2

En coordonnées cylindriques :

∂2 V
! !
2 1 ∂ 2 ∂V 1 ∂ ∂V 1
∇ V = 2 R + 2 sin θ + (3.28)
R ∂R ∂R R sin θ ∂θ ∂θ R2 sin2 θ ∂φ2

Il faut souvent résoudre les problèmes associés à l’équation de Laplace par des méthodes
numériques.

Gabriel Cormier 10 GELE3222


Chapitre 4
Courant électrique

Jusqu’à présent on n’a étudié que des systèmes où il n’y avait aucune charge en mouve-
ment. On s’intéresse maintenant aux systèmes où des charges sont en mouvement, soit le
cas où il y a un courant électrique.

Par définition, le courant électrique est le taux de transport de charges électrique à


travers une surface spécifiée.
∆Q
∆I ≡ (4.1)
∆t
Le courant électrique est dénoté par le symbole I, et son unité est l’Ampère [A] ou [C/s].

Il y a deux principaux types de courant :


Courant de convection : Ce type de courant se produit dans des gaz rares principale-
ment, et n’obéit pas à la loi d’Ohm.
Courant de conduction : Ce type de courant est présent dans les conducteurs métalliques,
et obéit à la loi d’Ohm.
En électromagnétisme, puisqu’on étudie les deux types de courants, la densité de
courant J [A/m2 ] est plus étudiée.

4.1 Charges en mouvement

On a vu précédemment que lorsqu’une charge est dans un champ électrique externe,


une force est appliquée sur cette charge. Cette force produira une accélération, et donc la
charge aura une certaine vitesse. Bien que l’accélération est constante, la charge atteindra
une certaine vitesse limite qui dépend du milieu (matériau) dans lequel la charge se trouve.

1
CHAPITRE 4. COURANT ÉLECTRIQUE

Dans un conducteur, le courant électrique se passe à la couche externe de l’atome, où les
électrons sont en mouvement. La vitesse terminale est proportionnelle au champ électrique
et est donnée par :
u ~
~ = µE (4.2)
où µ est la mobilité des électrons ([m2 /(Vs)]). La mobilité du cuivre est 3.2 × 10−3 , celle de
l’aluminium est 1.4 × 10−4 et celle de l’argent est 5.2 × 10−3 .

4.2 Densité de courant de convection J

Un ensemble de particules chargées créant une densité de charge ρ dans un volume v


se déplace vers la droite selon la figure 4.1. On suppose que les particules maintiennent
leurs positions relatives dans le volume v. Quand cette configuration de charge passe au
travers la surface S, un courant de convection est crée, ayant une densité donnée par :
~J = ρ~
u (4.3)

ρ
u
~

Figure 4.1 – Volume chargé traversant une surface

Si la section du volume n’est pas constante ou si la densité ρ n’est pas constante, alors la
densité de courant ~J ne sera pas constante. De plus, ~J sera nul lorsque le volume aura fini
de traverser la surface S.

4.3 Densité de courant de conduction J

Ce qui est plus intéressant à considérer, c’est le courant de conduction. C’est le courant
qui se produit en présence d’un champ électrique externe dans un conducteur de section
fixe. La densité de courant est donnée par la même équation, soit :
~J = ρ~
u (4.4)

Gabriel Cormier 2 GELE3222


CHAPITRE 4. COURANT ÉLECTRIQUE

Cependant, puisque u ~ on obtient alors, pour la densité de courant,


~ = µE,

~J = σ E
~ (4.5)

où σ = ρµ est la conductivité d’un matériau, en siemens par mètre [S/m].

Dans des conducteurs métalliques, les porteurs de charge sont des électrons, qui se
déplacent en sens opposé à la direction du champ électrique. Donc, pour des électrons, ρ et
µ sont négatifs, ce qui donne une conductivité σ positive (la même chose que des porteurs
de charge positifs). Donc ~J et E~ ont la même direction, peu importe le type de charge.

Note : La conductivité σ est fonction de la température.

4.4 Courant I

Lorsque la densité de courant J traverse une surface S, le courant I est obtenu en


intégrant J sur la surface S,
Z
~ ⇒ I = ~J · d S
dI = ~J · d S ~ (4.6)
S

Exemple 1

Calculer le courant dans le fil circulaire de la figure suivante si la densité de courant


est J = 15(1 − e−1000r ) âz A/m2 . Le rayon du fil est 2mm.

On choisit une surface dS pour faire l’intégration. Des coordonnées cylindriques sont

Gabriel Cormier 3 GELE3222


CHAPITRE 4. COURANT ÉLECTRIQUE

~ = rdrdφ âz . L’intégrale est :


le meilleur choix ici. Donc d S
Z 2π Z 0.002
I= 15(1 − e−1000r )rdrdφ = 0.133 mA
0 0

4.5 Résistance

Si un conducteur de section uniforme A et de longueur l possède une différence de


potentiel V entre ses bornes, alors
V
E= (4.7)
l
et
σV
J= (4.8)
l
si le courant est distribué uniformément sur la surface A. Le courant total est donc :
σ AV
I = JA = (4.9)
l

La relation bien connue de la loi d’Ohm est V = RI, donc


l
R= [Ω] (4.10)
σA
C’est l’expression générale de la résistance d’un conducteur où la section est uniforme.

Si la densité de courant n’est pas uniforme, l’équation précédente n’est plus valide, et il
faut alors intégrer :
V V
R= R =R (4.11)
~
~J · d S ~
~ · dS
σE

Si le champ électrique est connu, mais pas la différence de potentiel, la résistance est
donnée par :
~ · d~l
R
E
R= R (4.12)
~ · dS
σE ~

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CHAPITRE 4. COURANT ÉLECTRIQUE

4.6 Continuité du courant

On a étudié le courant I traversant une surface quelconque S quand ~J était connu.


Maintenant, si la surface S est fermée, pour qu’un courant net sorte de la surface, il doit y
avoir une diminution des charges positives à l’intérieur :
I Z
~=I =−
~J · d S dQ ∂
=− ρv dv (4.13)
dt ∂t
où la normale à dS est dans le sens du courant qui sort de la surface. Si on divise par ∆v,
H R
~
~J · d S ∂ ρv dv
=− (4.14)
∆v ∂t ∆v
Lorsque ∆v → 0, le côté gauche de l’équation tend vers ∇ · ~J, la divergence de la densité de
courant, tandis que le côté droit tend vers −∂ρv /∂t. On obtient donc :
∂ρv
∇ · ~J = − (4.15)
∂t
C’est l’équation de continuité du courant.

Au régime permanent, si on a un courant continu, ∂ρ/∂t = 0 (il n’y a pas d’accumulation


de charges à l’intérieur de la surface). L’équation de continuité devient :

∇ · ~J = 0 (4.16)

Selon le théorème de la divergence,


Z I
~ ~
(∇ · J)dv = ~J · d S (4.17)
v S

alors, I
~=0
~J · d S (4.18)
S
L’intégrale sur une surface fermée de la densité de courant est nulle. Ou, en d’autre mots,
le courant qui entre dans cette surface fermée est égal au courant qui sort : c’est la loi de
Kirchhoff de courant.

Pour vérifier combien de temps est nécessaire pour qu’une condition de régime perma-
nent ait lieu dans un conducteur, on suppose qu’il y a une charge nette ρ0 au temps t = 0.
On a donc, puisque ~J = σ E
~ = (σ /)D,
~

σ~ ∂ρv
∇· D =− (4.19)
 ∂t
Gabriel Cormier 5 GELE3222
CHAPITRE 4. COURANT ÉLECTRIQUE

Si σ et  sont constant, comme c’est le cas pour un milieu homogène, on a :


σ ∂ρ
~ =− v
(∇ · D) (4.20)
 ∂t
~ = ρv ,
et puisque ∇ · D
σ ∂ρv ∂ρv σ
ρv = − ⇒ + ρv = 0 (4.21)
 ∂t ∂t 

La solution à cette équation différentielle est :


−(σ /)t
ρv = ρ0 (4.22)

La charge nette décroı̂t exponentiellement, avec une constante de temps τ = (/σ ). Ceci
donne un temps très faible pour les conducteurs, de l’ordre de 10−19 s.

Exemple 2

Calculer le temps nécessaire pour qu’une charge initiale se redistribue à la surface d’un
conducteur en argent (σ = 6.17 × 107 ).

Un régime permanent est atteint après 5 constantes de temps. Alors,


 8.854 × 10−12
τ= = = 1.43 × 10−19 s
σ 6.17 × 107

Pour 5τ, t = 7.15 × 10−19 s.

4.7 Puissance

On a vu précédemment qu’une charge dans un champ électrique externe se déplace


avec une vitesse u ~ se
~ . Le travail ∆w effectué sur cette charge, dans un champ électrique E,
déplaçant sur une distance ∆l est :
~ · ∆l = qE
∆w = F ~ · ∆l (4.23)

Par définition, la puissance est le travail par unité de temps,


∆w ~ ·u
p = lim = qE ~ (4.24)
∆t→0 ∆t

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CHAPITRE 4. COURANT ÉLECTRIQUE

À l’aide de l’équation 4.4, on peut réécrire pour obtenir

~ · ~Jdv
dP = E (4.25)

Pour un volume v, la puissance totale est :


Z
P= E ~ · ~Jdv [W] (4.26)
v

C’est la loi de Joule.

Pour un conducteur où la section est constante, dv = ds dl où dl est dans la même
direction que ~J. On obtient : Z Z
P = Edl~ ~Jds = V I (4.27)
l s
une relation bien connue.

4.8 Calcul de résistance

Les étapes pour déterminer la résistance d’un conducteur :


1. Choisir les coordonnées appropriées.
2. Supposer une différence de potentiel V0 entre les bornes du conducteur.
3. Trouver E ~ à l’intérieur du conducteur. Si le matériau est homogène avec une conduc-
tivité constante, ∇2 V = 0, puis E~ = −∇V .
R R
~ = σE
4. Trouver le courant total I : I = s ~J · d S ~
~ · d S.
s
5. Calculer R avec R = V0 /I.

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Chapitre 5
Magnétostatique

La magnétostatique est l’étude des champs magnétiques stationnaires. C’est le deuxième


phénomène de base de l’électromagnétisme. Autrefois, on pensait que l’électricité et le
magnétisme étaient deux phénomènes indépendants. Cependant, on sait maintenant qu’ils
sont reliés. Le champ magnétique est représenté par H ~ (unité : Henry par mètre [H/m]),
tandis que la densité de flux magnétique est représenté par B~ (unité : Tesla [T]). On verra
que plusieurs des relations développées pour l’électrostatique ont une forme similaire pour
la magnétostatique.

On peut résumer les cas où sont produits les champs électriques et magnétiques :
Charge stationnaire : Une charge stationnaire ne produit qu’un champ électrique.
Donc, u ~ , 0 et B
~ = 0, E ~ = 0.
Charge en mouvement : Une charge en mouvement produit un champ électrique et un
champ magnétique. Dans ce cas-ci, u ~ , 0 et B
~ , 0, E ~ , 0. La vitesse de mouvement
est constante.
Charge en accélération : Une charge qui accélère produit un champ électrique, un
champ magnétique, et un champ électromagnétique radiant. Dans ce cas-ci, u ~ , 0,
~ ~
E , 0 et B , 0.

5.1 Champ magnétique

Comme mentionné plus haut, un champ magnétique est produit par des charges en
mouvement (un courant électrique). La force appliquée sur un élément de courant dépend
de l’amplitude du courant, du milieu et de la distance entre les courants, de façon similaire

1
CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

à la force électrique. Cependant, puisque les courants ont des directions, l’équation de la
force magnétique est un peu plus complexe que celle de la force électrique. Un élément de
courant Id~l qui est soumis à un champ magnétique B subira une force d F ~ selon :

~ = Id~l × B
dF ~ (5.1)

~ et d~l, comme à la figure 5.1.


La force sera orientée de façon normale au plan créé par B

~
dF

Id~l
~
B θ

Figure 5.1 – Orientation de la force magnétique

La densité de flux magnétique est reliée au champ magnétique selon la relation :


~ = µH
B ~ (5.2)
où µ est la perméabilité du milieu. Pour plusieurs matériaux, la perméabilité est constante ;
cependant, pour les matériaux ferromagnétiques (comme le fer), la perméabilité est non-
linéaire. On suppose pour le moment que la perméabilité est linéaire. Remarquer que
cette dernière équation est de la même forme que D ~ = E~ pour les champs électriques.
La perméabilité µ est aussi de la même forme que  : µ = µr µ0 où µr est la perméabilité
relative du milieu, et µ0 est la perméabilité du vide. Pour le vide, µ0 = 4π × 10−7 [H/m].

5.2 Loi Biot-Savart

La loi Biot-Savart, déduite à partir d’expériences, décrit comment le champ magnétique


est calculé à partir d’un système de courants. Soit un milieu homogène où un élément de
longueur d~l porte un courant I, comme à la figure 5.2.

~ produit à un point P est donné par :


Le champ magnétique d H

~ = Id~l × âR
dH (5.3)
4πR2
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CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

Id~l ~
R
~
dH

Figure 5.2 – Détermination du champ magnétique

où R doit pointer de l’élément de courant vers le point P . Cette relation est indépendante
du milieu.

Chaque élément de courant Id~l contribue au champ magnétique au point P . Pour avoir
le champ magnétique total, il faut faire l’intégrale :
I ~
~ = Id l × âR
H (5.4)
4πR2

Exemple 1

Un fil infiniment long porte un courant I selon l’axe z. Calculer le champ magnétique à
un point P quelconque.

Le problème est donné par la figure suivante :

r ~
H

Id~l R

Il faut calculer R et âR , et aussi Id~l. En coordonnées cylindriques, R est donné par :

R = r 2 + z2

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CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

et le vecteur unitaire âR :


~
R r â − z âz
âR = = √r
~
|R| r 2 + z2

L’élément Id~l est dans la direction z :

Id~l = Idz âz

L’élément différentiel du champ magnétique est donc :

~ = Idz âz × (r âr − z âz )


dH 3
4π(r 2 + z2 ) 2
En faisant le produit vectoriel, on obtient :
Irdz âφ
~ =
dH 3
4π(r 2 + z2 ) 2

Pour trouver le champ total, on fait l’intégrale, selon z :


Z∞
~ Irdz I
H= âφ = â
3
−∞ 4π(r 2 + z2 ) 2 2πr φ

5.3 Loi d’Ampère

La loi d’Ampère est semblable à la loi de Gauss, sauf que la loi d’Ampère s’applique aux
champ magnétique : l’intégrale de contour de la composante tangentielle du champ magnétique
sur un parcours fermé est égal au courant entouré par le parcours.
I
~ ~l = I
Hd (5.5)

On pourrait croire que cette équation est utilisée pour calculer le courant à partir
d’un champ magnétique connu. Cependant, c’est plutôt l’inverse qui est vrai : on connaı̂t
habituellement le courant, et l’équation permet de trouver le champ magnétique.

Pour utiliser la loi d’Ampère, il doit y avoir une certaine symétrie au problème. Deux
conditions sont nécessaires :

Gabriel Cormier 4 GELE3222


CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

~ est soit tangentiel ou normal au parcours.


1. À chaque point du parcours fermé, H
~ est tangentiel.
2. H a la même valeur à chaque point du parcours où H

Exemple 2

Utiliser la loi d’Ampère pour calculer le champ magnétique dû à un fil infiniment long
portant un courant I.

C’est le même problème que l’exemple précédent. À chaque point sur le cercle, le champ
magnétique a la même amplitude et est tangentiel. Donc :
I
~ ~l = H(2πr) = I
Hd

donc,
~ = I âφ
H
2πr

5.4 Rapport entre J et H

R
~
Si on reprend la loi d’Ampère, mais qu’on définit le courant autrement : I = S ~Jd S
(selon le chapitre précédent). On obtient alors la relation suivante :
I Z
~
Hd l = ~Jd S
~ ~ (5.6)
S

On a une intégrale de contour qui est égale à une intégrale de surface. On peut alors utiliser
le théorème de Stokes pour écrire :
I Z
~ ~
Hd l = (∇ × H)d ~ S ~ (5.7)
s

Si on fait l’équivalence, on obtient :

~ = ~J
∇×H (5.8)

C’est une équation fondamentale de l’électromagnétisme : c’est une des 4 équations de


Maxwell.

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CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

5.5 Flux magnétique

~ donné par l’équation 5.2. On


On a déjà discuté de la densité de flux magnétique, B,
peut définir un flux magnétique, semblable au flux électrique, comme :
Z
Φ= B ~ · d~s (5.9)
s
L’unité du flux magnétique est le Weber [Wb].

Une différence importante entre le flux magnétique et le flux électrique : les lignes de
flux magnétique sont des courbes fermées, sans point de départ ou de point de fin. C’est
différent des lignes de flux électriques, qui commencent sur des charges positives et se
terminent sur des charges négatives. Tout le flux magnétique qui entre dans un corps (ou
surface) doit en ressortir. Mathématiquement, on exprime ceci par la relation suivante :
~=0
∇·B (5.10)
C’est une autre équation fondamentale de l’électromagnétisme ; une des 4 équations de
Maxwell. On peut aussi écrire l’équation 5.10 comme suit :
I
~ · d~s = 0
B (5.11)

5.6 Potentiel magnétique

~:
De façon similaire au potentiel électrique, on peut définir un potentiel magnétique A
~=B
∇×A ~ (5.12)
Remarquer que le potentiel magnétique est un vecteur, contrairement au potentiel électrique.
~ et ensuite H.
À l’aide du potentiel magnétique, on peut calculer B, ~ est [Wb/m]
~ L’unité de A
ou [T·m].

On peut démontrer que le potentiel magnétique est obtenu selon l’équation 5.13.
~J
Z
~ µ0
A= dv (5.13)
4π v R

Le potentiel magnétique peut aussi être utilisé pour calculer le flux (à l’aide du théorème
de Stokes) : I
Φ= A ~ · d~l (5.14)

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CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

5.7 Force magnétique

On vu qu’un élément de courant soumis à un champ magnétique produit une force. On


peut étendre cette équation pour montrer qu’une charge en mouvement dans un champ
magnétique subira une force. Soit l’équation de la force appliquée sur un élément de
courant :
~ = Id~l × B
dF ~ (5.15)
La densité de courant ~J au travers un élément de surface dans un conducteur est donné
par :
~J = ρv u
~ (5.16)
où ρv est la densité de charge, et u
~ est la vitesse de la charge. On sait aussi que :

I = ~J · d~s (5.17)

ce qui permet d’appliquer :

Id~l = ~J · d~sd~l = ρv u
~ d~sd~l = ρv dv u
~ = q~
u (5.18)

L’équation de force est donc :


~ = q~
dF ~
u×B (5.19)
La direction de la particule sera modifiée par cette force, mais pas l’amplitude de la vitesse
(et donc l’énergie cinétique). La direction de la particule suit la loi de la main droite. La
force magnétique ne fait aucun travail sur la particule.

~ est uniforme dans une région et que la particule a une vitesse initiale
Si le champ B
normale au champ magnétique la particule décrira un cercle de rayon r. La force du champ
est d’amplitude F = |q|uB et est dirigée vers le centre du cercle. L’accélération centripète est
d’amplitude ω2 r = u 2 /r, et donc, par la deuxième loi de Newton :

u2 mu
|q|uB = m ⇒r = (5.20)
r |q|B

Si un champ électrique est aussi présent, une force supplémentaire sera appliquée sur
la particule. On a donc :
~ = qE
F ~ + q~u×B ~ = q(E
~ +u ~
~ × B) (5.21)
C’est l’équation de Lorentz.

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CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

5.8 Magnétisation

En l’absence d’un champ magnétique externe, les dipôles magnétiques d’un matériau
sont orientés de façon arbitraire. L’application d’un champ magnétique externe cause
l’alignement des moments magnétiques. On définit alors un vecteur de magnétisation M ~
qui représente la somme des moments magnétiques individuels dans le matériau.

Ce vecteur de magnétisation crée une densité courant en volume de :

~Jm = ∇ × M
~ [A/m2 ] (5.22)

et une densité de courant en surface :

~Jms = M
~ × ân [A/m] (5.23)

de la même façon qu’un diélectrique produit des densités de courant électriques.

La densité de flux magnétique à l’intérieur du matériau est proportionnel à l’amplitude


du champ magnétique externe appliqué. Si le milieu est linéaire et isotropique, on obtient :

~ = χm H
M ~ (5.24)

où χm est la susceptibilité magnétique.

Ces densités de courant magnétiques augmentent le flux magnétique à l’intérieur du


matériau. On a donc :

~ = µ0 H
B ~ + µ0 M
~ (5.25)
~ + µ0 χm H
= µ0 H ~ = µ0 (1 + χm )H
~ (5.26)
~
= µ0 µr H (5.27)

C’est la relation qu’on a vu au début de ce chapitre. La perméabilité de la plupart de


matériau est proche de celle du vide. Cependant, pour les matériau ferromagnétiques
(comme le fer, nickel, cobalt), µr est très élevé (50 - 5000) et généralement non-linéaire. La
perméabilité relative de quelques matériaux est donnée au tableau 5.1.

5.9 Conditions aux limites

De la même façon que les champs électriques, ont peut démontrer comment se comporte
le champ magnétique aux frontières entres deux matériaux.

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CHAPITRE 5. MAGNÉTOSTATIQUE

Tableau 5.1 – Perméabilité relative de quelques matériaux

Matériau µr
or 0.99986
argent 0.99998
Diamagnétique
cuivre 0.999991
eau 0.999991
air 1.000004
Paramagnétique
aluminium 1.00002
cobalt 250
nickel 600
Ferromagnétique
fer (99.8% pur) 5000
(non-linéaire)
fer (99.96% pur) 280 000
Alliage Mo/Ni 1 000 000

~ = 0,
Pour la composante normale, puisque ∇ · B

B1n = B2n (5.28)

Dans un milieu isotropique, on aura alors les relations suivantes :



B

 ~ 1 = µ1 H
~1
(5.29)

B
 ~ 2 = µ2 H
~2

ce qui implique
H1n µ2
= (5.30)
H2n µ1

Pour la composante tangentielle, on obtient la relation suivante :

~1 − H
ân × (H ~ 2 ) = ~Js (5.31)

ou encore :
H1t − H2t = Jsn (5.32)
où Jsn est la composante normale de la densité de courant superficielle.

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Chapitre 6
Circuits Magnétiques et Inductance

On a vu au chapitre précédent comment les champs magnétiques sont créés. Dans ce


chapitre-ci, on s’intéresse aux matériaux magnétiques, et leur effet de concentrer les lignes
de champ magnétique. On étudie donc en premier les circuits magnétiques : ce sont des
circuits composés d’un noyau de matériau magnétique et un courant qui circule dans une
bobine.

Par la suite, on utilise ces concepts de flux pour démontrer le principe de l’inductance.
On verra comment calculer l’inductance d’un circuit, et quels paramètres ils faut considérer
lors du design d’une inductance.

6.1 Matériaux magnétiques

Un matériau magnétique est un matériau de haute perméabilité magnétique (µr >>). Le


rôle est de canaliser efficacement les lignes de champ magnétique. Ceci permet de réduire
les fuites.

6.1.1 Caractéristique B(H) d’un matériau magnétique

On a vu que la relation entre la densité de flux et le champ magnétique est B = µH.


Dans le vide (ou l’air), cette caractéristique prend la forme d’une relation linéaire. Le vide
est un milieu linéaire, homogène (la qualité est uniforme) et isotropique (les propriétés
sont les mêmes dans toutes les directions). La relation B(H) du vide est donné dans la
figure 6.1.

1
CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

µ0
H

Figure 6.1 – Relation B(H) du vide

Pour un matériau magnétique, la relation B(H) est :

B = µr µ0 H (6.1)

où µr est la perméabilité relative du matériau. Pour la plupart des matériaux, la perméa-
bilité n’est pas constante, et la relation B(H) est non-linéaire.

La caractéristique de magnétisation AC d’un matériau magnétique donne une courbe


du type hystérésis, comme à la figure 6.2. La courbe montrée à la figure 6.2 est un peu
exagérée, par contre.

B
Bmax

Figure 6.2 – Courbe hystérésis typique

Des valeurs typiques de Bmax sont :


— Bmax = 1.5T (fer)
— Bmax = 0.3T (ferrite)

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

6.2 Force magnétomotrice

On prend l’exemple d’une bobine enroulée autour d’un matériau magnétique dans
laquelle circule un courant I, comme à la figure 6.3. Le champ magnétique créé se répand
dans l’espace libre autour de la bobine, ou de façon analogue aux courants électriques,
que le champ ”coule” dans le milieu qui entoure la bobine. La bobine crée alors une force
magnétomotrice qui fait circuler un flux magnétique dans le milieu.

Φ
S

Figure 6.3 – Enroulement autour d’un noyau magnétique

C’est semblable au même phénomène que les circuits électriques : une force électro-
motrice déplace des électrons qui circulent dans le milieu. Ce n’est pas une force en
Newtons ; c’est plutôt comme une source de flux.

La force magnétomotrice produite est reliée au courant qui circule et au nombre de


tours dans la bobine : I
F = N I = Hd ~ ~l (6.2)

où F est la force, N est le nombre de tours, et I est le courant. L’unité de cette force est A·t
(Ampère-tour).

Le flux magnétique circulant dans une surface S est défini comme :


Z
Φ= B ~ · d~s (6.3)
S

6.3 Circuits magnétiques

Un circuit magnétique est semblable à un circuit électrique. C’est un parcours fermé


qui est réalisé avec un matériau magnétique de haute perméabilité (µr ). Cependant, on
va faire quelques hypothèses pour l’analyse de ces circuits :

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

— On suppose que la relation B(H) est linéaire.


— Pas de saturation.
— Pas d’hystérésis.
Une force magnétomotrice F = N I force un flux Φ à circuler dans le circuit magnétique.

L’intensité du champ magnétique dans le noyau est donnée par la loi d’Ampère :
Z
NI = H ~ · d~l = Hlc (6.4)

où lc est le parcours moyen du flux dans le matériau magnétique.

La densité de flux dans le noyau est égale à :

B = µH (6.5)

Le flux magnétique circulant dans le noyau est égal à (pour un matériau magnétique
linéaire) : Z !
~ NI NI
Φ = B · d~s = BA = µHA = µ A=  l  (6.6)
s lc c
µA

Cette relation peut être exprimée sous la forme :


F
Φ= (6.7)
R
On appelle R la réluctance du circuit magnétique. La réluctance est une quantité qui
caractérise la ”résistance” du circuit magnétique au passage du flux. C’est un peu comme
la loi d’Ohm pour des circuits magnétiques.

La réluctance d’un circuit de surface A, de longueur moyenne lc et perméabilité µ est :

lc
R= (6.8)
µA

La réluctance est exprimée en At/Wb.

L’équivalence entre les circuits magnétiques et les circuits électriques est montrée au
tableau 6.1.

Tableau 6.1 – Équivalence entre les circuits magnétiques et les circuits électriques

Circuit électrique Circuit magnétique


Tension V Force magnétomotrice F = N I
Résistance R Réluctance R
Courant I Flux Φ

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

Réluctance en série

La réluctance en série se comporte de la même façon que des résistances en série.


C’est-à-dire :
Req = R1 + R2 + . . . (6.9)

Réluctance en parallèle

La réluctance en parallèle se comporte de la même façon que des résistances en parallèle.


C’est-à-dire : !−1
1 1
Req = + + ··· (6.10)
R1 R2

Exemple 1

Soit le circuit magnétique suivant. Le courant I est 1.2A, la perméabilité relative du


matériau est µr = 3000, le nombre de tours N est 100 et le noyau a une profondeur de 4cm.
Calculer la densité de flux magnétique dans le circuit.

15cm
12cm

I Parcours moyen
3cm

12cm 9cm

———————

La longueur moyenne du circuit est :


l = 2 · (12 + 9) = 0.42m
La section du circuit est :
A = (3 × 4)cm2 = 0.0012m2

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

La réluctance du circuit est :


l 0.42
R= = = 92840 At/Wb
µA 3000(4π × 10−7 )0.0012
Le flux magnétique est :
NI 120
Φ= = = 1.29 × 10−3 Wb
R 92840
La densité de flux est :
Φ 1.29 × 10−3
B= = = 1.075 T
A 0.0012

Exemple 2

Soit le circuit magnétique suivant. Le courant I est 2A, la perméabilité relative du


matériau est µr = 2500, le nombre de tours N est 250 et une profondeur de 4cm. L’entrefer
a une épaisseur de 0.5cm (l’entrefer est la section où il manque une petite partie du circuit).
Calculer la densité de flux magnétique dans le circuit.

20cm

4cm

15cm

Le circuit équivalent est :

RFe

+
F = NI − RFe

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

La longueur moyenne du circuit est :


l = 2 · (11 + 16) = 0.54m
La section du circuit est :
A = (4 × 4)cm2 = 0.0016m2
La réluctance du fer est :
l 0.54
RFe = = = 107430 At/Wb
µA 2500(4π × 10−7 )0.0016
La réluctance de l’entrefer est :
le 0.005
Re = = = 248680 At/Wb
µ0 Ae (4π × 10−7 )0.0016
Le flux magnétique est :
NI NI 250 × 2
Φ= = = = 1.404 × 10−3 Wb
Req RFe + Re 107430 + 248680
La densité de flux est :
Φ 1.404 × 10−3
B= = = 0.878 T
A 0.0016

Remarque : On suppose que le champ magnétique est droit dans l’entrefer, ce qui n’est
pas le cas en réalité. Ceci augmente la largeur effective de l’entrefer (Aenterf er > A). On
nomme aussi ce phénomène l’effet de frange.

Simplification Réalité

Figure 6.4 – Effet de frange

Par contre, la longueur de l’entrefer est habituellement plus petite que 5% de la longueur
du circuit magnétique, et on peut utiliser la simplification Aentref er = A.

Si on veut augmenter la précision des calculs, l’équation empirique suivante donne de


bons résultats :
Ae = (a + le )(b + le ) (6.11)
où a et b sont les dimensions du noyau et le est la longueur de l’entrefer.

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

6.3.1 Analyse non-linéaire

On a jusqu’à présent supposé que les circuits magnétiques avaient un comportement


linéaire dans la relation B(H). Par contre, en réalité, les circuits magnétiques ont une
relation B(H) non-linéaire, et on présente ici une technique pour en faire l’analyse.

On va considérer le circuit magnétique de l’exemple 2.

20cm

4cm

15cm

Le matériau magnétique a une caractéristique B(H) donnée par la figure suivante :

1.4

1.2

0.8
B (T)

0.6

0.4

0.2

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1,000 1,100 1,200
H (A/m)

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

L’entrefer a une relation linéaire, par contre, puisque c’est de l’air. Pour le reste du circuit,
on peut écrire que :

FFe = HFe × lFe = 0.54HFe


Φ = BFe × A = 0.0016BFe

Si on compare avec le circuit équivalent, on trouve que :

FFe = N I − Re Φ

où N I = 500 At et Re = 248680 At/Wb.

On peut convertir l’équation précédente en une relation B(H) :

0.54HFe = N I − Re (0.0016BFe )

ce qui donne :
HFe = 925.93 − 736.83BFe
On peut tracer cette équation sur le graphe de la courbe B(H). L’intersection entre les deux
courbes donne le BFe et HFe correspondants.

1.4

1.2

0.8
B (T)

0.6

0.4

0.2

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1,000 1,100 1,200
H (A/m)

Donc B = 1.01T (selon le graphe) et H ≈ 180 A/m.

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

6.4 Inductance

Soit deux contours C1 et C2 qui délimitent deux surfaces S1 et S2 , respectivement,


comme à la figure 6.5. Si un courant I traverse la surface S1 (au travers du contour C1 ), un
champ magnétique B ~ 1 sera crée.

S1 S2

C1 C2

Figure 6.5 – Deux surfaces couplées magnétiquement

~ 1 traversera la surface S2 . On appelle ce flux mutuel Φ12 ,


Une partie du flux dû à B
Z
Φ12 = ~ 1 · d~s2
B [Wb] (6.12)
S2

~ 1 est directement proportionnel à I1 ; le


À partir de la loi de Biot-Savart, on sait que B
flux mutuel Φ12 est donc proportionnel à I1 . La constante de proportionnalité qui relie le
flux mutuel Φ12 au courant I1 est l’inductance mutuelle :

Φ12 = L12 I1 (6.13)

où L12 est l’inductance mutuelle entre les contours C1 et C2 . L’unité de l’inductance est le
Henry [H].

Si C2 a N2 tours, le flux total Λ12 dû à Φ12 est :

Λ12 = N2 Φ12 (6.14)

ce qui donne :
Λ12 = L12 I1 (6.15)
ou Z
Λ N N
L12 = 12 = 2 Φ12 = 2 ~ 1 · d~s2
B (6.16)
I1 I1 I1 S2

Cette dernière définition de l’inductance s’applique seulement pour des milieux linéaires.

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

Une partie du flux produit par I1 retourne à C1 (et pas dans C2 ), créant ainsi l’inductance
propre : Z
Λ11 N1 ~ · d~s1
L11 = = B [H] (6.17)
I1 I1 S 1 1

6.4.1 Calcul de l’inductance propre

1. Choisir le système de coordonnées approprié.


2. Supposer un courant I traversant le conducteur.
3. Trouver B~ à partir de I :
I
µ
~ · d~l = 0
B
C I
ou par la loi de Biot-Savart :

d~l × âR
I
µ I
~= 0
B
4π C R2
4. Trouver le flux correspondant à chaque tour :
Z
Φ= B ~ · d~s
S

5. Trouver le flux total :


Λ = NΦ
6. Calculer l’inductance :
Λ
L=
I

6.5 Inductance d’une bobine

On considère une bobine de N tours dans laquelle circule un courant I. La bobine se


trouve dans un milieu magnétiquement linéaire (comme l’air). Le flux magnétique produit
par la bobine est Φ. Le flux produit par la bobine traverse la bobine. Le flux magnétique
total couplé à la bobine est Λ = N Φ. L’inductance de la bobine est définie par :
Λ NΦ N2
L= = = (6.18)
I I R

Dans le cas d’une inductance à air (où le milieu magnétique est de l’air), la valeur de
l’inductance est fonction du nombre de tours et de la perméabilité du milieu. Elle est aussi

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

indépendante de la fréquence et du courant. Par contre, la réluctance est difficile à calculer


parce que le flux suit un parcours pas bien définit.

Dans le cas d’une bobine sur un matériau magnétique, le flux est très concentré dans le
matériau magnétique. Le flux créé par la bobine circule donc en totalité dans le noyau. Le
flux total couplé à la bobine est égal à :
Λ NΦ N2
L== = (6.19)
I I R
comme dans le cas d’une bobine à air. Par contre, la réluctance n’est pas constante ; elle
dépend du courant I parce que la perméabilité du matériau n’est pas linéaire.

Par contre, on peut approximer la valeur de l’inductance en supposant que la relation


B(H) est linéaire.

Exemple 3

Le circuit a une profondeur de 2cm. On suppose que le matériau magnétique est


linéaire.

µr = 2500

12cm
N = 100

I
2cm

9cm

La réluctance du circuit est :


l 0.34
R= = = 270563 At/Wb
µA (2500)(4π × 10−7 )(0.0004)
L’inductance est :
N2 1002
L= = = 37 mH
R 270563

On ajoute un entrefer de 1 mm.

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

µr = 2500

12cm
N = 100

I
2cm

9cm

La réluctance du noyau est la somme des réluctances (celle du noyau de fer et celle de
l’entrefer).
R = RFe + Re
On a :
le 0.001
Re = = −7
= 1.989 × 106 At/Wb
µ0 A (4π × 10 )(0.0004)
L’inductance est :
N2 1002
L= = = 4.42 mH
RFe + Re 270563 + 1.989 × 106

Remarque : On a supposé que tout le flux produit par la bobine demeure dans le noyau.
En réalité, une petite partie du flux s’échappe du noyau, qu’on nomme le flux de fuite (Φf ).
Donc l’inductance est :
Λ N (Φ + Φf ) NΦ N Φf
L= T = = +
I I I I
|{z} |{z}
Lm Lf

où Lm est l’inductance magnétisante, et Lf est l’inductance de fuite.

6.5.1 Inductance bobinée sur un circuit magnétique réel

Soit une inductance bobinée sur un noyau magnétique ayant une courbe d’hystérésis,
comme à la figure 6.6.

On sait que B = µH, où µ est une fonction du courant (µ = f (i)). L’inductance de ce
circuit est :
N 2 N 2 Aµ N 2 A
L= = = f (i) = kf (i)
R lm lm

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

i(t)

Figure 6.6 – Inductance bobinée sur noyau magnétique

où A est la surface du noyau et lm est la longueur moyenne du parcours. Dans ce cas,
l’inductance est non-linéaire, puisqu’elle dépend du courant. La tension dans la bobine
serait :
dΛ dLi di dL
v(t) = = = L +i
dt dt dt dt

Pour enlever (ou réduire) cette non-linéarité, on ajoute un entrefer, comme à la figure
6.7.

i(t)

Figure 6.7 – Inductance bobinée sur noyau magnétique avec entrefer

Selon les équations précédentes, l’inductance est constante si la réluctance est constante.
Pour le circuit avec entrefer, la réluctance est :
lm l
Req = Rm + Re = + e (6.20)
µm A µ0 Ae

où le est la longueur de l’entrefer. La perméabilité µm est la composante non-linéaire.

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

On considère que l’inductance est linéaire si


Re > 10Rm (6.21)
ou
le 10lm
> (6.22)
µ0 Ae µm A
On peux réduire cette expression si on suppose que Ae = A.
10lm
le > (6.23)
µr,m
Habituellement,
— le < 5%lm
— lm  l
Alors la réluctance est :
le
Req ≈ Re = = constante (6.24)
µ0 A
Donc l’inductance est :
N 2 N 2 µ0 A
L= = = constante (6.25)
Re le
Et de même,
di
v(t) = L (6.26)
dt

6.6 Dimensionnement d’une bobine monophasé

Lors du design d’une bobine, on néglige habituellement les pertes Cuivre (r = 0) et la


réactance de fuite (Lf = 0).

Ainsi, le dimensionnement de la bobine implique plusieurs facteurs :


— Un choix judicieux de la configuration du circuit magnétique, du matériau ferro-
magnétique et de la valeur de l’induction magnétique.
— Calcul des dimensions du circuit magnétique incluant les entrefers.
— Calcul de la grandeur du fil et de son calibre.
— Calcul du nombre de spires (N ).
Il faut également considérer certaines contraintes :
— Les pertes et l’échauffement.
— Le volume, le poids, les dimensions.
— Le prix.
La dimension du fil de cuivre dépend de la valeur maximale du courant qui va circuler
dans le fil. Plus le courant maximal sera élevé, plus le fil de cuivre devra avoir une section
élevée. Le courant maximal pour un type de cuivre est habituellement spécifié en densité
de courant J, en A/mm2 .

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

6.7 Énergie magnétique

De façon similaire à l’énergie électrique, on peut démontrer que l’énergie magnétique


est donnée par : Z
1 ~ ~
WM = B · Hdv (6.27)
2

De la théorie des circuits, on sait aussi que :


Z
1
WM = v(t)i(t)dt = LI 2 (6.28)
2

En utilisant ces deux équations, on peut calculer l’inductance :

2WM
L= (6.29)
I2

Dans certains cas, il est plus facile de calculer l’inductance en utilisant l’équation de
l’énergie. Si on a un volume bien défini sur lequel faire une intégrale, il est plus simple
d’utiliser l’équation 6.29 ; sinon, on utilise plutôt l’approche avec le flux.

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CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

Exemple 4

Soit le circuit suivant, en acier au silicium. Calculer la force magnétomotrice (F )


nécessaire pour produire un flux (Φ) de 0.0014Wb dans la section droite du circuit. Toutes
les mesures sont en mètres ; la section du circuit est 0.05m × 0.04m, sauf pour la partie
centrale, qui est 0.02m × 0.04m.
0.04
*
  6
6
0.05
?
I→
 0.02 Φ
  - 0.2m
N  ?

 
 0.14 -  0.14 - ?


———————

On commence par calculer les sections et longueurs correspondantes.

a b c
s s s

s s s
d e f

Section b-a-d-e
A1 = 0.05 × 0.04 = 0.002m2
l1 = (2)(0.01) + 2(0.14) + 2(0.025) + 0.15 = 0.50m
Section b-e
A2 = 0.02 × 0.04 = 0.0008m2
l2 = 0.02 − 0.05 = 0.15m
Section b-c-f-e
A3 = 0.05 × 0.04 = 0.002m2
l3 = (2)(0.01) + 2(0.14) + 2(0.025) + 0.15 = 0.50m

Gabriel Cormier 17 GELE3222


CHAPITRE 6. CIRCUITS MAGNÉTIQUES ET INDUCTANCE

Puisqu’on connaı̂t le flux dans la section b-c-f-e, on peut calculer la densité de flux :

Φ3 0.0014
B3 = = = 0.7 Wb/m2
A3 0.002

Si on regarde dans le graphe p.89 du livre pour l’acier en silicium, on trouve que H3 ≈ 100
At/m.

La chute de potentiel au point b-e doit être la même que dans la section b-c-f-e :

Φ2 R2 = Φ3 R3

ou plutôt (puisque la réluctance n’est pas linéaire) :

H2 l2 = H3 l3

On peut donc trouver le champ magnétique dans la section 2 :

H3 l3
H2 = = 326.67 At/m
l2

ce qui correspond à une densité de flux de B2 ≈ 1.18T. On peut maintenant trouver le flux
dans la section 2,
Φ2 = B2 A2 = 0.00094 Wb

Le flux dans la section 1 est la somme des flux des sections 2 et 3,

Φ1 = Φ2 + Φ3 = 0.00234 Wb

La densité de flux dans la section 1 est :


Φ1
B1 = = 1.17 T
A1

ce qui correspond à un champ magnétique de H ≈ 290 At/m.

La force magnétomotrice est donc :

F = H1 l1 + H2 l2 = 191.1 At

Gabriel Cormier 18 GELE3222


Chapitre 7
Équations de Maxwell

On a vu les 4 équations fondamentales de l’électromagnétisme :


~ = ρv
∇·D (7.1)
~=0
∇·B (7.2)
~ =0
∇×E (7.3)
~ = ~J
∇×H (7.4)

Cependant, ces équations sont incomplètes : elles n’expliquent pas tous les phénomènes
observés. Elles sont correctes pour le cas de champs statiques, mais lorsque les champs
sont variables, elles ne sont plus valides. Les équations 7.3 et 7.4 devront être modifiées.

7.1 ~ =0
∇×E

Faraday pensait que si un courant dans un fil pouvait produire un champ magnétique,
alors il se pouvait bien qu’un champ magnétique produise un courant. Après 10 ans
d’expériences, Faraday démontra qu’un courant est produit dans un conducteur si le flux
magnétique lié à ce conducteur varie en fonction du temps. Le courant produit induit une
tension, qui est donnée par l’équation suivante :
∂Λ
Vemf = − (7.5)
∂t
où Vemf est la tension induite, et Λ est le flux total lié à ce conducteur. Cette découverte a
eut d’énormes conséquences : le principe de la génératrice électrique découle directement
de ce fait.

1
CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

Si on considère une seule boucle de courant,


Z
∂Φ ∂ ~ · d~s
Vemf =− =− B (7.6)
∂t ∂t

Il y a deux façons pour faire varier le flux :


1. Champ magnétique variable
2. Surface qui varie en fonction du temps
La tension induite est mesurée autour d’une boucle fermée, ce qui donne :
I
Vemf = E ~ · d~l (7.7)

ce qui est différent du cas statique, où l’intégrale du champ électrique sur une boucle
fermée est 0.

Si on compare les équations 7.6 et 7.7, on obtient :


I Z
~ ~ ∂ ~ · d~s
Vemf = E · d l = − B (7.8)
∂t
En appliquant le théorème de Stokes,

~
I Z Z
~ · d~l = ~ s=− ∂B
Vemf = E (∇ × E)d~ · d~s (7.9)
∂t
et donc
~
∇×E ~ = − ∂B (7.10)
∂t
Ce qui veut dire qu’un champ magnétique variable produit un champ électrique.

7.2 ~ = ~Jc
∇×H

On utilise l’indice ”c” pour indiquer un courant de conduction. On sait que :

~Jc = σ E
~ (7.11)

Dans le vide, σ = 0 et donc ~Jc = 0.

Un théorème mathématique de l’algèbre vectorielle est :

~ =0
∇ · (∇ × A) (7.12)

Gabriel Cormier 2 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

~ est zéro.
La divergence du rotationnel d’un champ de vecteurs A

Si on applique ceci à l’équation 7.4, on aura alors :

~ = ∇ · ~Jc = 0
∇ · (∇ × H) (7.13)

Mais, on a vu que
∂ρv
∇ · ~Jc = − (7.14)
∂t
pour des champs variables. Il y a donc contradiction.

Ce problème fut résolut par Maxwell en ajoutant un deuxième terme à la loi d’Ampère :

~ = ~Jc + ~Jd
∇×H (7.15)

où ~Jd est la densité de courant de déplacement 1 , le taux de variation de la densité de flux
électrique :
~
~Jd = ∂D (7.16)
∂t

Donc, l’équation 7.4 est modifiée à :

~
∂D
~ = ~Jc +
∇×H (7.17)
∂t
Cette dernière équation permet d’un champ électrique variable soit une source de champ
magnétique.

On peut vérifier la validité de l’équation 7.17 en applicant le théorème de la divergence


du rotationnel :
~ = ∇ · ~Jc + ∇ · ~Jd = 0
∇ · (∇ × H) (7.18)
Mais,
~
∂D ∂ ∂ρ
∇ · ~Jd = ∇ · ~ = ∂ (ρv ) = v
= (∇ · D) (7.19)
∂t ∂t ∂t ∂t
Si on remplace,
~ = ∇ · ~Jc + ∇ · ~Jd = 0
∇ · (∇ × H) (7.20)
|{z} |{z}
∂ρv ∂ρv

∂t ∂t
ce qui satisfait le théorème.
1. Ce terme fut introduit par Maxwell en 1873 et vérifié expérimentalement par Hertz en 1888.

Gabriel Cormier 3 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

La motivation originale de Maxwell pour ajouter ce dernier terme était pour démontrer
que la lumière était une onde électromagnétique, composée d’un champ électrique et d’un
champ magnétique. Il avait besoin d’une manière pour qu’un champ magnétique soit
produit dans le vide, où la conductivité est nulle (et donc le courant de conduction).

Donc, les équations de Maxwell sont :

~ = ρv
∇·D (7.21)
~=0
∇·B (7.22)
∂B~
~ =−
∇×E (7.23)
∂t
~
~ = ~Jc + ∂D
∇×H (7.24)
∂t

Un aspect clé de ces équations est l’interdépendance entre le champ électrique et le


champ magnétique. Puisqu’un champ électrique variable dans le temps est une source de
champ magnétique (et vice-versa), on peut démontrer comment ces équations ont mené
Maxwell à postuler l’existence de champs électromagnétiques.

7.3 Ondes

Avant de démontrer l’existence de champs électromagnétiques, on révise en premier


les principes des ondes. On considère seulement des ondes continues périodiques (time-
harmonic), représentées par des ondes sinusoı̈dales.

On considère en premier un champ électrique qui se propage selon +z. La solution


générale à l’équation de l’onde est donnée par :

~ t) = E0 e−αz cos(ωt − βz + φ) âx


E(z, (7.25)

Le champ électrique de cette onde est fonction du temps et de la position. Le champ


électrique pointe toujours vers ±x, et donc on appelle ceci une onde polarisée en x. L’am-
plitude de l’onde, E0 e−αt , est composée de l’amplitude initiale à z = 0, E0 , et d’un terme
exponentiel qui tient compte de l’atténuation de l’onde au fur et à mesure qu’elle se propage.
La phase à l’intérieur du cosinus est composée de trois termes : ωt, où ω est la fréquence
angulaire (ω = 2πf ), βz, où β est la constante de phase (parfois appelé le nombre d’onde)
et le déphasage φ.

Gabriel Cormier 4 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

7.3.1 Analyse temporelle

Pour commencer, on suppose que le déphasage φ est nul et on regarde le champ


électrique en fonction du temps pour z = 0. Dans ce cas, on obtient :
~ t) = Ex âx = E0 cos(ωt) âx
E(0, (7.26)
qui est montré à la figure 7.1.

E0
Ex

−E0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
Temps (période)

Figure 7.1 – Graphe de Ex en fonction du temps à z = 0.

Une caractéristique d’une onde sinusoı̈dale est qu’elle se répète à tous les 2π radians
(ou 360°). D’une autre façon, on peut dire que cos(ωt) = 1 pour ωt = n2π où n = 1, 2, . . ..
La période T est le temps nécessaire pour faire un cycle, ou ωT = 2π. On obtient donc la
relation suivante bien connue :
2π 1
T = = (7.27)
ω f

Maintenant, on peut ajouter un déphasage φ à notre onde et obtenir :


~ t) = Ex âx = E0 cos(ωt + φ) âx
E(0, (7.28)
et on retrace cette deuxième onde (avec un déphasage φ = −45) à la figure 7.2. La courbe
en rouge dans la figure 7.2 est celle ayant un déphasage.

7.3.2 Analyse positionnelle

On ajuste le déphasage à zéro de nouveau, et on regarde la variation du champ électrique


en fonction de la position z au temps t = 0. On suppose en premier que l’onde est dans

Gabriel Cormier 5 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

E0 φ=0
φ = 45◦
Ex

−E0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
Temps (période)

Figure 7.2 – Graphe de Ex en fonction du temps à z = 0 et avec un déphasage de −45◦

un milieu sans pertes (comme le vide) de sorte qu’il n’y ait pas d’atténuation (α = 0). On
obtient donc, comme équation d’onde,
~ 0) = E0 cos(−βz) âx
E(z, (7.29)
qui est montré à la figure 7.3.

E0
Ex

λ
−E0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
z (longueur d’onde)

Figure 7.3 – Graphe de Ex en fonction de la position z à t = 0

Le cycle de 2π radians se répète, seulement cette fois c’est en fonction de la position.


On a donc cos(−βz) = cos(βz) = 1 quand βz = n2π. Par définition, la longueur d’un cycle est

Gabriel Cormier 6 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

une longueur d’onde λ, ou βλ = 2π. On obtient donc la relation suivante entre la longueur
d’onde et la constante de phase :

β= (7.30)
λ

Si on ajoute l’atténuation à l’équation de l’onde, on aura :

~ 0) = E0 e−αz cos(−βz) âx


E(z, (7.31)

Comme montré à la figure 7.4 l’amplitude de l’onde diminue avec l’augmentation de z


selon une constante d’atténuation α. L’unité de l’atténuation est le neper par mètre (Np/m).

E0
Ex

−E0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
z (longueur d’onde)

Figure 7.4 – Graphe de Ex en fonction de la position z à t = 0 avec une atténuation de


0.5Np/m

7.3.3 Onde en propagation

On peut maintenant considérer une onde qui se propage. On considère à nouveau un


milieu sans pertes et on utilise φ = 0. Dans la figure 7.5 on trace Ex versus la position à
trois temps différents en utilisant

~ t) = E0 cos(ωt − βz) âx


E(z, (7.32)

Pour chaque courbe, on utilise un cercle pour démontrer un point de phase constante
sur l’onde. On voit bien, que lorsque le temps augmente, ce point de phase constante se

Gabriel Cormier 7 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

Ex E0

−E0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
z (longueur d’onde)

Figure 7.5 – Graphe de Ex en fonction de la position z à t = 0

déplace selon +z, donc on appelle ceci une onde se propageant selon z. À quelle vitesse
cette onde se déplace-t-elle ? On considère la phase

ωt − βz = C (7.33)

où C est une constante qui représente le point de phase constante (comme le cercle sur
la figure 7.5). Si on dérive des deux côtés (pour obtenir la vitesse : vitesse = dérivée de la
position) on obtient
ωdt − βdz = 0 (7.34)
qu’on peut réarranger pour obtenir
dz ω
up = = = λf (7.35)
dt β
où up est la vitesse de phase (aussi appelé la vitesse de propagation) de l’onde. Cette vitesse
dépend du milieu.

7.4 Ondes électromagnétiques

On va maintenant utiliser les équations de Maxwell pour étudier le rapport entre le


champ électrique et le champ magnétique d’une onde électromagnétique. On considère en
premier une onde polarisée en x qui se propage selon +z dans un milieu idéal caractérisé
par µ et , ayant σ = 0. Rappel : une onde polarisée en x veut dire que le champ électrique
pointe toujours dans la direction x (ou −x). On utilise σ = 0 pour simplifier l’analyse.

Gabriel Cormier 8 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

Le champ électrique est donné par :


~ t) = E0 cos(ωt − βz) âx
E(z, (7.36)
où E0 est l’amplitude de l’onde (en V/m), se propageant à une fréquence angulaire ω (en
rad/s) et ayant une constante de phase β (rad/m). Le champ électrique est fonction de sa
position (z) et du temps (t). Un exemple d’onde est donné à la figure 7.6 pour une onde à
10MHz ayant E0 = 1V/m, au temps t = 0.

E0
−1 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 −E0 Ex
z (m)

Figure 7.6 – Graphe de Ex en fonction de la position z à t = 0

Après avoir appliqué les équations de Maxwell, on verra qu’il y a aussi un champ
magnétique se propageant selon +z, mais qu’il est normal (perpendiculaire) au champ
électrique. On dit qu’une telle onde se propage dans le mode transverse électromagnétique
(ou TEM pour court).

On applique la loi de Faraday :


~
∂B ~
∂H
~ =−
∇×E = −µ (7.37)
∂t ∂t
~ on obtient :
pour résoudre pour le champ magnétique. Si on prend le rotationnel de E,

âx ây âz


~ =
∂ ∂ ∂
∇×E (7.38)
∂x ∂y ∂z



E0 cos(ωt − βz) 0 0
!

= − − E0 cos(ωt − βz) ây = βE0 sin(ωt − βz) ây (7.39)
∂z

Gabriel Cormier 9 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

Ceci doit être égal au côté droit de la loi de Faraday, donc :

~
∂H
−µ = βE0 sin(ωt − βz) ây (7.40)
∂t
Si on divise les deux côtés par −µ, on obtient :
Z Z
~ βE0
dH = − sin(ωt − βz) ây dt (7.41)
µ

et on obtient :
~ = βE0 cos(ωt − βz) ây + C1
H (7.42)
ωµ
où C1 est la constante d’intégration. Si on examine le problème de plus près, on voit que
la seule source du champ magnétique est le champ électrique ; il n’y a pas de courant de
~ On conclut donc que C1 = 0.
conduction ici pour générer H.

On peut ajouter le champ magnétique au graphe du champ électrique, comme à la


figure 7.7. La courbe bleue est le champ électrique tandis que la courbe verte est le champ
magnétique.

·10−3

2
Hy (A/m)

−2 E0

0 10 0
20 30 40 50 60 70 80 90 100 −E0 Ex
z (m)

Figure 7.7 – Graphe de Ex et Hy en fonction de la position z à t = 0.

L’amplitude du champ magnétique est donnée par βE0 /ωµ. En d’autres mots, l’ampli-
tude de E~ et de H
~ sont reliées par les équations de Maxwell. Remarquer aussi que, bien
que les deux ondes se propagent selon +z, elles sont reliées par la règle de la main droite :
si l’index pointe vers E (+ âx ) et que le majeur pointe vers H (+ ây ), alors la direction de
propagation est donnée par le pouce (+ âz ).

Gabriel Cormier 10 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

Même si on a trouvé les deux champs, on continue à appliquer les équations de Maxwell.
On applique la loi d’Ampère
~
∇×H ~ = ~Jc + ∂D (7.43)
∂t
au champ magnétique variable pour recalculer le champ électrique E. ~ Puisqu’il n’y a pas
de courant de conduction (σ = 0), le terme ~Jc ne s’applique pas et on obtient :

~
∂E
~ =
∇×H (7.44)
∂t

Si on prend le rotationnel de H, ~ on obtient :



âx ây âz


∂ ∂ ∂

∇×H ~ = ∂x ∂y ∂z
(7.45)


βE0
0 cos(ωt − βz) 0

ωµ
βE0 ∂ β 2 E0
=− cos(ωt − βz) âx = − sin(ωt − βz) âx (7.46)
ωµ ∂z ωµ

Si on applique le côté droit de l’équation 7.44,

~
∂E β 2 E0
=− sin(ωt − βz) âx (7.47)
∂t ωµ

et on peut intégrer pour obtenir


2
~ = β E0 cos(ωt − βz) âx
E (7.48)
ω2 µ

L’équation 7.36 doit être égal à l’équation 7.48 (puisqu’on est revenu au point de départ),
et donc il faut que :
β 2 = ω2 µ (7.49)
ou

β = ω µ (7.50)

On a vu plus tôt que la vitesse de propagation est reliée à la constante de phase et la


fréquence angulaire par la relation :
ω
up = (7.51)
β

Gabriel Cormier 11 GELE3222


CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

mais, puisque ω = 2πf et β = 2π/λ, up = λf . Si on applique ceci à l’équation 7.50, on voit


que la vitesse de propagation est aussi donnée par :

1
up = √ (7.52)
µ

C’est un résultat très significatif, obtenu en applicant les équations de Maxwell au


champs se propageant dans l’espace, et qui permet de relier la vitesse de propagation
aux propriétés du milieu. Dans le vide, où µ = µ0 et  = 0 , on trouve que la vitesse de
propagation d’une onde électromagnétique est la vitesse de la lumière.

7.5 Représentation en phaseurs

On utilise des phaseurs pour transformer un signal périodique au domaine fréquentiel.


L’avantage de travailler dans le domaine fréquentiel est que la composante du temps est
enlevée de l’analyse, et donc des dérivées et intégrales dans le temps deviennent de simples
opérations algébriques.

Un champ électrique périodique est fonction de la position (x, y, z) et du temps (t) et


peut être écrit sous forme instantanée comme :

~ y, z, t) = E(x,
E(x, ~ y, z) cos(ωt + φ) (7.53)

Si on applique l’identité d’Euler on peut réécrire l’équation

E(x, ~ y, z)ej(ωt+φ) ]
~ y, z, t) = <[E(x, (7.54)

où la représentation en phaseurs du champ est :

E ~ y, z)ejφ
~s = E(x, (7.55)

Le phaseur, écrit avec un indice s, est le champ périodique avec la dépendance temporelle
enlevée.

On examine maintenant l’effet de cette représentation en phaseurs sur la loi de Faraday.


On a donc :
~
~ y, z, t) = − ∂B(x, y, z, t)
∇ × E(x, (7.56)
∂t
En utilisant des phaseurs, on observe que c’est équivalent à :

~s ejωt = − ∂ < B
 h i  h i
∇× < E ~ s ejωt (7.57)
∂t
Gabriel Cormier 12 GELE3222
CHAPITRE 7. ÉQUATIONS DE MAXWELL

Le côté gauche de cette équation est une dérivée en fonction de la position, donc les termes
<e et ejωt peuvent être sortis, et donc :
 h i h i
∇× < E ~s ejωt = < (∇ × E ~s )ejωt (7.58)

Du côté droit, on peut démontrer que


" #
∂  h ~ jωt i ∂ ~ jωt
− < Bs e = −< Be (7.59)
∂t ∂t s

~ s est indépendant du temps,


et puisque B
" # " #
∂ ~ jωt ~ ∂ jωt h
~ s )ejωt
i
−< Bs e = −< Bs e = −< (jωB (7.60)
∂t ∂t

Si on compare les équations 7.58 et 7.60, on voit que :

~s = −jωB
∇×E ~s (7.61)

C’est la forme différentielle de la loi de Faraday.

Les autres équations de Maxwell peuvent être données sous forme différentielle en
phaseurs :

~ = ρv
∇·D (7.62)
~=0
∇·B (7.63)
~ = −jωB
∇×E ~s (7.64)
~ = ~Jc + jωD
∇×H ~s (7.65)

Gabriel Cormier 13 GELE3222

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