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Angles

Prérequis
Aucun prérequis.

Résumé
La première étape dans tout problème de géométrie est la chasse aux
angles, consistant à repérer les angles ayant des amplitudes égales ou
ayant un lien intéressant. Pour ce faire, il est primordial de connaître toutes
les égalités remarquables concernant les angles, comme les angles
alternes-internes ou les angles interceptant un même arc dans un cercle. Il
s'agit de notions très basiques mais dont on ne peut se passer lors de la
résolution d'un problème de géométrie.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Égalités d'angles
Il existe de nombreuses situations dans lesquelles deux angles ont la
même amplitude. Celles-ci sont bien connues mais les rappeler ne peut
évidemment pas faire de tort.

Angles opposés par le sommet


Lorsque deux droites se croisent, elles forment quatre angles. Deux angles
non-adjacents sont dits opposés par le sommet.
^ ^
Sur la figure ci-dessous, les angles A 1 et A 3 sont opposés par le sommet,

^ ^
tout comme les angles A 2 et A 4 .
Propriété (angles opposés par le sommet)

Des angles opposés par le sommet ont la même amplitude.

Angles correspondants
Lorsqu'une droite intersecte deux droites parallèles, elle forme également
^ ^
des angles. Les angles A 1 et B1 représentés ci-dessous sont alors dits

correspondants.
Propriété (angles correspondants)

Des angles correspondants ont la même amplitude.

Angles alternes-internes
^ ^
Dans la même situation, les angles A 1 et B1 représentés ci-dessous sont

dits alternes-internes.
Propriété (angles alternes-internes)

Des angles alternes-internes ont la même amplitude.

^
On peut en fait remarquer que A 1 est l'angle opposé par le sommet d'un

^
angle correspondant à B 1.

2. Angles dans un cercle


Un cercle est toujours annonciateur de nombreux angles de même
amplitude. Commençons par rappeler quelques mots de vocabulaire.

Vocabulaire
ˆ
Si A, B et C sont trois points sur un cercle, l'angle ABC est appelé angle
ˆ
inscrit au cercle. L'arc intercepté par ABC est par définition l'arc de cercle
AC ne contenant pas le point B. Celui-ci est représenté en gras sur la
figure ci-dessous.

ˆ
Si O est le centre du cercle, l'angle AOC possède aussi un nom : il s'agit
de l'angle au centre interceptant l'arc AC .

Enfin, dans la situation représentée ci-dessous impliquant une droite


ˆ
tangente au cercle en un point B, l'angle ABC est cette fois dit tangentiel
et interceptant l'arc AB .
Propriétés
Lorsque des angles, qu'ils soient inscrits, au centre ou tangentiels,
interceptent un même arc, alors on peut en déduire des égalités à propos
de leur amplitude. Plus précisément, on a les propriétés suivantes. Les
angles dont nous parlons sont bien sûr toujours sur un unique cercle.

Propriété (angles inscrits)

Des angles inscrits interceptant le même arc ont même amplitude.

Propriété (angles au centre et inscrit)

Si un angle au centre et un angle inscrit interceptent le même arc, alors


l'amplitude de l'angle au centre est double de celle de l'angle inscrit.

Propriété (angles tangentiel et inscrit)


Un angle inscrit et un angle tangentiel interceptant le même arc ont
même amplitude.

Sur la figure suivante, on a donc

ˆ
AOB
ˆ ˆ ˆ
= AEB = ADB = ABC
2

car tous ces angles interceptent l'arc AB . Remarquons cependant que si F


ˆ
était un point du petit arc AB , alors AF B intercepterait cette fois-ci le

grand arc AB et ne pourrait donc pas être inclus dans la suite d'égalité. En
ˆ ˆ
fait, on verra plus tard qu'on a dans ce cas AF .

B = 180 − AEB

3. Chasse aux angles


La première étape dans la résolution de tout problème de géométrie est la
chasse aux angles. Elle consiste à trouver, sur la figure relative à l'énoncé
du problème, tous les angles ayant la même amplitude. Cette chasse aux
angles permet souvent d'identifier des droites parallèles ou
perpendiculaires, des triangles semblables, ou encore des quadrilatères
cycliques (nous verrons ce dont il s'agit par la suite).

Pour trouver ces angles ayant la même amplitude, on peut donner une
valeur (par exemple α ou β ) à un ou plusieurs angles semblant
intéressants et en déduire les valeurs des autres angles de la figure. On
peut pour cela utiliser les égalités dont nous avons parlé précédemment :
les angles opposés par le sommets, les angles correspondants, les angles
alternes-internes, les angles inscrits, tangentiels, au centre... On peut
également utiliser que la somme des amplitudes des angles d'un même
triangle vaut toujours 180∘ , que les triangles isocèles possèdent deux
angles égaux, etc...

Le problème suivant est un problème d'Olympiades Internationales (2000,


problème 1). Nous allons voir comment la chasse aux angles permet à elle
seule de trouver un grand nombre d'informations. Il s'agit en fait là d'une
partie essentielle dans la résolution de ce problème.

Problème (IMO 2000, P1)

Deux cercles G1 et G2 s'intersectent en deux points M et N . Soit AB


la droite tangente à ces cercles en A et B, respectivement, de sorte que
M soit plus proche de AB que N . Soit CD la droite parallèle à AB et

passant par M , avec C sur G1 et D sur G2 . Les droites AC et BD se


rencontrent en E , les droites AN et CD se rencontrent en P et les
droites BN et CD se rencontrent en Q . Prouver que |EP | = |EQ| .
Début de démonstration

ˆ
Pour notre chasse aux angles, on pose α = EAB . On a alors :
ˆ ˆ
ECM = EAB = α par angles correspondants,
ˆ ˆ
BAM = ACM = α car il s'agit d'angles inscrit et tangentiel
interceptant le même arc,
ˆ ˆ
AM C = BAM = α par angles alternes-internes,
On peut déjà en déduire que le triangle AM C est isocèle.
ˆ
De la même façon, on pose β = EBA et on trouve pareillement
ˆ
ˆ ˆ
EDM = ABM = BM D = β . Le triangle BM D est donc à son tour
isocèle.
Cette chasse aux angles nous permet également de remarquer que les
triangles EAB et M AB sont isométriques, puisqu'ils ont deux angles
communs et un côté identique ! Cela implique que EM est
perpendiculaire à AB . De plus, comme CD est parallèle à AB par
hypothèse, on a aussi EM ⊥ CD .

Notre chasse aux angles nous a donc permis de prouver cette


perpendicularité. Et celle-ci est très intéressante pour ce que nous avons
à montrer ! En effet, on veut prouver que |EP | = |EQ| , mais maintenant
que l'on sait que EM ⊥ P Q , on est simplement ramené à prouver que
|M P | = |M Q| .

Pour montrer cette dernière égalité, il faut connaître quelques outils


supplémentaires en géométrie, mais nous voyons qu'une simple chasse
aux angles peut permettre de considérablement progresser dans la
résolution d'un problème. Il est d'ailleurs très rare de rencontrer un
problème où aucune chasse aux angles n'est nécessaire.
4. Angles orientés
Généralement, on ne considère pas les angles comme étant orientés, en ce
ˆ ˆ
sens que les expressions ABC et CBA désignent la même amplitude
d'angle, entre 0 et π radians (c'est-à-dire entre 0 et 180 ). La plupart du
∘ ∘

temps sur ce site, et sauf mention contraire, les angles que nous
mentionnerons seront en effet non-orientés. Il existe cependant certaines
situations dans lesquelles il peut être utile de parler d'angles orientés.

ˆ ˆ
Parler d'angles orientés, c'est décider que les angles ABC et CBA
n'auront plus la même amplitude, mais des amplitudes opposées. Pour être
plus précis, on commence par se fixer une orientation du plan. Par
convention, on oriente le plan dans le sens trigonométrique, c'est-à-dire le
sens inverse des aiguilles d'une montre. Une rotation dans le sens
trigonométrique sera donc considérée comme positive, alors qu'une
rotation dans le sens inverse sera considérée comme négative. A présent,
ˆ
l'amplitude de l'angle orienté ABC est définie comme étant l'angle de la
rotation qu'il faut appliquer à la demi-droite [BA) pour l'envoyer sur [BC) ,
en prenant compte du signe de la rotation (selon le sens dans lequel elle
s'effectue). Puisqu'une rotation de 2π (c'est-à-dire 360 ) revient à ne rien

tourner, les angles orientés sont définis à un multiple de 2π près (c'est-à-dire


à un multiple de 360 près).

La façon la plus simple de comprendre la notion d'angle orienté est de


regarder un exemple. Sur la figure suivante, le triangle ABC est équilatéral.
Pour envoyer [BA) sur [BC) , on peut appliquer une rotation de 60∘ dans
ˆ
le sens trigonométrique, donc ABC = 60 . Cela dit, on peut également

appliquer une rotation de 300 dans le sens anti-trigonométrique, donc on


ˆ
a aussi ABC = −300 . Cela n'est pas dérangeant : les angles 60 et
∘ ∘

−300 sont considérés comme égaux (car égaux à un multiple de 360


∘ ∘

ˆ
près). Par contre, l'angle CBA n'a pas une amplitude de 60∘ mais une
amplitude de −60∘ , ce qui est aussi égal à 300∘ . Lorsqu'on mesure en
angles orientés, il faut donc toujours faire bien attention à l'ordre dans
ˆ ˆ
lequel on écrit les lettres car les angles ABC et CBA sont considérés
comme différents.
Exemple d'utilisation
A priori, il semble que décider d'utiliser les angles orientés ne fait que
compliquer les choses. Cela dit, il existe des situations dans lesquelles
utiliser des angles orientés facilite la vie. Il arrive en effet, dans un problème
de géométrie, que la figure prenne des formes différentes selon les choix
que l'on effectue au moment de la dessiner. Par exemple, si un énoncé
commence par "Soit A, B, C et D quatres points cocycliques", alors il y a
plusieurs façons d'ordonner les quatre points sur le cercle. Disons que, sur
notre figure et dans le but de résoudre le problème, on place les quatre
points dans l'ordre A, B, C , D comme sur la figure ci-dessous.
On voudra alors, par exemple, utiliser l'égalité évidente
ˆ ˆ ˆ
ABC = ABD + DBC (en angles non-orientés). Or, cette égalité est
certes vraie sur notre figure, mais il existe d'autres configurations pour
lesquelles elle n'est plus vraie ! Par exemple, plaçons les quatre points dans
l'ordre A, B, D, C comme sur la figure suivante.

ˆ ˆ ˆ
En angles non-orientés, il s'avère que ABC = ABD − DBC (et non
ˆ ˆ
plus ABD + DBC ) ! Si l'on travaille avec des angles non-orientés, il faut
donc envisager les deux cas et faire deux raisonnements différents pour
résoudre le problème quelle que soit la situation rencontrée ! Cela rend
alors les choses deux fois plus longues, d'autant qu'il est probable qu'il
faille encore recouper le raisonnement en deux parties plus tard pour les
mêmes raisons.

Si par contre on décide de travailler avec des angles orientés (auquel cas il
est important de le préciser), alors les choses s'avèrent être plus simples.
ˆ ˆ ˆ
En effet, en angles orientés, l'égalité ABC = ABD + DBC est correcte
ˆ ˆ
quelle que soit la configuration ! Cela vient du fait que CBD = −DBC . Il

n'est donc pas nécessaire de commencer à discuter différents cas.

Il est toutefois nécessaire, quand plusieurs configurations sont possibles et


que l'on décide de travailler avec des angles orientés, de bien vérifier que
les angles orientés résolvent le problème des configurations multiples. En
effet, il existe des situations pour lesquelles cela ne fonctionne pas. Par
ˆ ˆ
exemple, l'égalité ABD = ACD est vraie dans la première figure ci-

dessus mais n'est pas correcte dans la deuxième, que les angles soient
orientés ou non !

Remarque importante

Nous rappelons que, par défaut, toute la théorie, tous les exercices et
tous les problèmes sur ce site sont écrits en angles non-orientés. Toutes
les amplitudes que nous considérons sont donc à interpréter avec une
valeur entre 0 et π (c'est-à-dire entre 0∘ et 180∘ ), sauf mention explicite
du contraire. Pour ces mêmes raisons, un étudiant qui souhaite utiliser
les angles orientés dans la résolution d'un problème doit le mentionner
explicitement.

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Quadrilatères cycliques
Prérequis
Angles

Résumé
La notion de quadrilatère cyclique est fondamentale en géométrie. La
découverte d'un tel quadrilatère dans la figure associée à un problème est
souvent un grand pas en avant vers sa résolution. Nous expliquons dans ce
chapitre comment repérer un quadrilatère cyclique et comment utiliser par
la suite cette information.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Premières propriétés
Un quadrilatère cyclique, parfois aussi appelé quadrilatère inscriptible, est
un quadrilatère pouvant être inscrit dans un cercle. Cette nouvelle notion
peut a priori sembler peu utile, mais c'est pourtant tout le contraire. Nous
verrons dans la section suivante comment elle peut servir dans la
résolution d'un problème. Nous exhibons d'abord quelques propriétés
fondamentales des quadrilatères cycliques.

Propriété 1

Soit ABCD un quadrilatère cyclique. On a ABD


ˆ ˆ
= ACD .

Cette propriété est triviale puisque, le quadrilatère ABCD étant


inscriptible, les deux angles cités sont des angles inscrits interceptant l'arc
AD . En fait, nous verrons que la réciproque est également vraie, ce qui est

moins évident.
Propriété 2

Les angles opposés d'un quadrilatère cyclique sont supplémentaires.


Autrement dit, si ABCD est cyclique, alors DAB
ˆ ˆ
+ BCD = 180

.

Démonstration

En considérant les angles du triangle BCD, on a

ˆ ∘ ˆ
BCD = 180 − DBC

ˆ
− BDC
Or, on a DBC
ˆ ˆ
= DAC et BDC
ˆ ˆ
= BAC (égalités d'angles inscrits),
d'où

ˆ ∘ ˆ
BCD = 180 − DAC

ˆ ∘ ˆ
− BAC = 180 − DAB

comme voulu.

Là aussi, nous allons voir que la réciproque est également vraie.

2. Propriétés réciproques
Les deux petites propriétés énoncées dans la section précédente peuvent
paraître bien anodines, puisqu'il s'agit juste d'égalités d'angles inscrits. En
fait, ce sont surtout leurs réciproques qui sont intéressantes.

Propriété réciproque 1

Soit ABCD un quadrilatère (non croisé). Si ABD


ˆ ˆ
= ACD , alors
ABCD est cyclique.

Démonstration

La façon la plus intuitive de démontrer ce résultat est de montrer sa


contraposée, c'est-à-dire que l'on n'a pas l'égalité d'angles dans un
quadrilatère non cyclique.
Considérons dès lors ABCD un quadrilatère non cyclique et montrons
que ABD
ˆ
≠ ACD . Le cercle Γ circonscrit au triangle ABD ne passe
ˆ

donc pas par C . On note alors C ′ l'intersection de AC avec Γ , et on a


C ≠ C . Or, le quadrilatère ABC D est cyclique et nous savons donc
′ ′

qu'on a ABD
ˆ ˆ′
= AC D . Mais comme C est du même côté de AD que
C

(car le quadrilatère n'est pas croisé), on a forcément ACD
ˆ ˆ′
≠ AC D

ˆ ˆ
et donc ACD ≠ ABD .
Exactement de la même manière, on peut montrer que dans un quadrilatère
non cyclique, les angles opposés ne sont jamais supplémentaires.

Propriété réciproque 2

ˆ
Soit ABCD un quadrilatère (non croisé). Si DAB ,
ˆ ∘
+ BCD = 180

alors ABCD est cyclique.

Remarque

Dans les deux propositions précédentes, l'hypothèse comme quoi le


quadrilatère doit être non croisé peut être supprimée en utilisant des
angles orientés. En effet, l'hypothèse ABD
ˆ
= ACD où les angles sont
ˆ

supposés orientés implique d'elle-même que le quadrilatère est non


croisé (car ces deux angles n'ont pas le même signe lorsque ABCD est
croisé).

Exemple d'utilisation
Ces résultats peuvent être d'une grande aide dans la résolution de
problèmes, et notamment dans une chasse aux angles. En fait, on cherche
souvent à trouver un quadrilatère cyclique (alors qu'aucun cercle ne laisse
le présager). Pour cela, il suffit de trouver dans la figure qui nous intéresse
des angles comme dans l'une des deux propriétés précédentes.

Par exemple, si l'on constate (après une chasse aux angles) une situation
du type ABD
ˆ
= ACD (avec B et C du même côté de AD ), alors les
ˆ

méthodes simples que nous avions présentées pour chasser les angles ne
permet pas de progresser d'avantage. Maintenant que nous connaissons
les quadrilatères cycliques, on remarque qu'il est en fait possible de tirer
énormément d'informations d'une telle égalité ! En effet, elle signifie que
ABCD est cyclique, ce qui nous permet directement de déduire que

ˆ ˆ ˆ ˆ
, ˆ ˆ
BCA = BDA CDB = CAB DAC = DBC , ,
ˆ ˆ ˆ
et ABC + ADC = 180 . On peut donc, à
ˆ ∘ ∘
BAD + BCD = 180

partir d'une simple égalité d'angles, en déduire 5 autres ! En pratique, toutes


ne sont bien sûr pas utiles, mais il est rare que la découverte d'un
quadrilatère cyclique ne soit pas le début d'une avancée majeure dans la
résolution d'un problème.

3. Théorème de Ptolémée
Nous avons vu comment caractériser les quadrilatères cycliques par des
relations entre différents angles. Le théorème de Ptolémée permet de
donner une condition nécessaire et suffisante sur les longueurs des côtés
et des diagonales d'un quadrilatère pour que celui-ci soit cyclique.

Théorème de Ptolémée
Un quadrilatère (non croisé) ABCD est cyclique si et seulement si

|AC| ⋅ |BD| = |AB| ⋅ |CD|

+ |BC| ⋅ |AD|,

c'est-à-dire si le produit des longueurs de ses diagonales est égal à la


somme des produits des longueurs des côtés opposés.

Nous ne donnons pas la démonstration du sens ⇐ maintenant, elle sera


donnée dans un prochain chapitre.

Démonstration du sens ⇒

Considérons ABCD un quadrilatère cyclique non-croisé. On note K le


point de [AC] tel que ABK
ˆ ˆ
= DBC .
ˆ
On a par angles inscrits que CAB ˆ
= CDB , et les triangles BKA et
BCD sont dès lors semblables.

Aussi, on a ACB
ˆ
= ADB , et puisque KBC = ABD (au vu de notre
ˆ ˆ ˆ

choix de K ), les triangles CBK et DBA sont à leur tour semblables.


On déduit de ces deux similitudes que

|KA| |CD| |CK|


=   et  
|BA| |BD| |BC|

|DA|
= ,
|BD|

ce qui se réécrit

|KA| ⋅ |BD| = |CD|

⋅ |BA|   et  |CK| ⋅ |BD|


= |DA| ⋅ |BC|.

Il ne reste alors plus qu'à sommer ces deux égalités pour obtenir, comme
|KA| + |CK| = |AC| :
|AC| ⋅ |BD| = |CD| ⋅ |BA|

+ |DA| ⋅ |BC|.

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Triangles
Prérequis
Angles

Résumé
L'objet le plus souvent étudié en géométrie est le triangle : il est fréquent
qu'un problème commence par la donnée d'un triangle ABC . Afin
d'aborder au mieux ce type de problème, il est bon de connaître sur le bout
des doigts les propriétés des triangles. Nous passons ici en revue les plus
fondamentales.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Lois des sinus et des cosinus


Loi des sinus
La loi des sinus est fondamentale. Dans celle-ci, il est important de retenir
la dernière égalité, parfois oubliée par les élèves.

Loi des sinus

Soit ABC un triangle de côtés a ,


= |BC| b = |AC| et c = |AB| . On a

a b c
= =
sin A sin B sin C

= 2R,

où R désigne le rayon du cercle circonscrit au triangle ABC .

Démonstration
a
On va simplement montrer que = 2R . On aura bien sûr les
sin A
mêmes égalités avec b et c .

On trace le cercle circonscrit à ABC et note D le point de ce cercle tel


que [BD] en soit un diamètre. On a alors BAC
ˆ ˆ
= BDC (angles
inscrits), et on en déduit que

a |BC|
=
sin A ˆ
sin BAC

|BC|
= = |BD|,
ˆ
sin BDC

où la dernière égalité vient du fait que le triangle BCD est rectangle en


C (car il est inscrit dans un demi-cercle). Puisque |BD| = 2R , la

démonstraton est terminée.


Loi des cosinus
La loi des cosinus est aussi connue sous le nom de théorème de Pythagore
généralisé, ou encore théorème d'Al-Kashi. Il s'agit en fait d'une
généralisation du théorème de Pythagore aux triangles non nécessairement
rectangles.

Loi des cosinus

Soit ABC un triangle de côtés a ,


= |BC| b = |AC| et c = |AB| . On a
2 2 2
c = a + b − 2ab cos C.
Nous donnons la démonstration dans le cas où ABC est acutangle. Elle
est totalement analogue lorsque le triangle est obtusangle, il faut juste
discuter plusieurs cas.

Démonstration (cas acutangle)

On note P le pied de la hauteur de ABC issue de A, et h = |AP | ,


d = |CP | . On peut alors appliquer Pythagore au triangle AP B pour

obtenir :
2 2 2 2
c = h + (a − d) = h

2 2
+ a + d − 2ad.

Or, on a aussi h2 + d
2
= b
2
par Pythagore dans le triangle AP C , d'où
2 2 2
c = b + a − 2ad.

Il ne reste alors plus qu'à constater que d = b cos C , ce qui nous donne
finalement
2 2 2
c = a + b − 2ab cos C.
2. Droites et points particuliers
Dans un triangle, on peut tracer les trois médiatrices, les trois bissectrices,
les trois hauteurs ou les trois médianes. Dans tous les cas, les trois droites
s'intersectent en un point particulier.

Médiatrices et centre du cercle circonscrit


Rappelons que la médiatrice d'un segment [AB] est le lieu des points
situés à égale distance de A et de B. Il s'agit de la droite perpendiculaire à
[AB] et passant par son milieu.

Propriété (médiatrices)

Les médiatrices des trois côtés d'un triangle se rencontrent en un point :


le centre du cercle circonscrit au triangle.
Démonstration

Par définition des médiatrices, il est évident que les trois droites se
coupent en un point. En effet, si on note ABC le triangle, alors
l'intersection de la médiatrice de [AB] et de la médiatrice de [AC] est
un point se situant à égale distance de A et de B, et à égale distance de
A et de C . Par conséquent, il est aussi à égale distance de B et de C et

appartient donc à la médiatrice de [BC]. On note généralement ce point


commun O. Puisqu'il est situé à égale distance des trois sommets A, B
et C , on peut tracer le cercle de centre O et de rayon
|OA| = |OB| = |OC| : il s'agira du cercle circonscrit au triangle ABC .

Bissectrices, centre du cercle inscrit et centres des


cercles exinscrits
On définit généralement la bissectrice d'un angle comme étant la droite
coupant cet angle en deux. En fait, on peut dire que la bissectrice de l'angle
ˆ
BAC est le lieu des points situés à égale distance de la droite AB et de la
droite AC , mais cela donne lieu à un phénomène légèrement différent. En
effet, ce lieu ainsi défini consiste en fait en deux droites et non une, comme
l'indique la figure suivante. Ces deux droites sont perpendiculaires. La
droite dessinée en vert est appelée bissectrice intérieure alors que celle
dessinée en rouge est appelée bissectrice extérieure. La plupart du temps,
on oublie cette bissectrice extérieure et parle uniquement de bissectrice en
désignant la bissectrice intérieure.
Bissectrices (intérieure et extérieure) d'un angle.

Dans un triangle, l'intersection des bissectrices intérieures des trois angles


est assez connue, mais on peut en fait également considérer l'intersection
de deux bissectrices extérieures avec la dernière bissectrice intérieure.

Propriété (bissectrices)

Les trois bissectrices intérieures d'un triangle ABC se rencontrent en un


point : le centre du cercle inscrit au triangle. De plus, les bissectrices
extérieures de A et de B et la bissectrice intérieure de C se rencontrent
en un point : le centre d'un cercle exinscrit au triangle.

On peut bien sûr interchanger A, B et C dans la deuxième partie de


l'énoncé, et on a donc trois cercles exinscrits à un triangle donné. La
démonstration du fait que ces droites se rencontrent est à nouveau une
conséquence directe de la définition des bissectrices. Chacun des quatre
points particuliers que nous venons d'exhiber est à distance égale des trois
droites AB, AC et BC . Ils sont donc chacun le centre d'un cercle tangent
à ces trois droites (d'où leurs noms : centre du cercle inscrit et centres des
cercles exinscrits). Quoique les cercles exinscrits soient moins connus que
le cercle inscrit, ceux-ci peuvent se révéler utiles dans des problèmes
légèrement avancés.

Centres du cercle inscrit et des cercles exinscrits.

Hauteurs et orthocentre
Comme pour les médiatrices et les bissectrices, les trois hauteurs d'un
triangle sont concourantes.
Propriété (hauteurs)

Les trois hauteurs d'un triangle se rencontrent en un point : l'orthocentre


du triangle.

Démonstration

Cette fois, le fait que les trois hauteurs se rencontrent n'est pas une
conséquence directe de leur définition. Il existe cependant une astuce
pour montrer ce fait en utilisant le résultat comme quoi les médiatrices
d'un triangle sont concourantes. En effet, étant donné un triangle ABC ,
on peut tracer la droite parallèle à BC passant par A, celle parallèle à
AC passant par B et celle parallèle à AB passant par C . Ces trois

droites délimitent un triangle A′ B′ C ′ , comme sur la figure suivante.

Or, on constate aisément que les triangles ABC ′ , AB′ C et A′ BC sont


tous isométriques au triangle ABC . Cela implique notamment que
|C B| = |BA | et par conséquent que la hauteur de ABC issue de B
′ ′

n'est rien d'autre que la médiatrice de [A′ C ′ ]. De la même façon, les deux
autres hauteurs de ABC sont les deux autres médiatrices de A′ B′ C ′ .
Les trois hauteurs de ABC se rencontrent donc en le centre du cercle
circonscrit à A′ B′ C ′ .
Médianes et centre de gravité
Finalement, on a encore le résultat pour les médianes (les droites reliant un
sommet au milieu du segment opposé). Nous ne démontrons pas celui-ci
maintenant : cela sera en fait une conséquence directe du théorème de
Ceva que nous démontrerons plus tard dans ce cours.

Propriété (médianes)

Les trois médianes d'un triangle se rencontrent en un point : le centre de


gravité du triangle.

3. Aire d'un triangle


La façon la plus courante de calculer l'aire d'un triangle est d'utiliser la
base × hauteur
formule . Malheureusement, cette formule s'applique
2
rarement à un problème de géométrie, puisqu'il est rare qu'une hauteur du
triangle auquel on s'intéresse soit déjà tracée. Il existe cependant d'autres
formules pour calculer l'aire d'un triangle, la plus répandue étant
certainement la suivante.

Formule (aire d'un triangle)

Soit ABC un triangle de côtés a ,


= |BC| b = |AC| et c = |AB| . L'aire
de ABC est donnée par

a ⋅ b ⋅ sin C
S = .
2

Démonstration

Si P désigne le pied de la hauteur de ABC relative à A, alors le triangle


AP C est rectangle et on a |AP | ˆ
= |AC| ⋅ sin ACP . Dès lors, on a

1 1
S = ⋅ |BC| ⋅ |AP | =
2 2

ˆ
⋅ |BC| ⋅ |AC| ⋅ sin ACB.
On peut aussi combiner cette formule avec la loi des sinus qui nous dit que
c
= 2R , pour obtenir directement :
sin C

Formule (aire d'un triangle)

Soit ABC un triangle, a, b et c les longueurs de ses côtés, et R le rayon


de son cercle circonscrit. L'aire de ABC est donnée par

abc
S = .
4R

La formule de Héron, quant à elle, permet de calculer l'aire d'un triangle en


connaissant uniquement la longueur de ses trois côtés !

Formule de Héron (aire d'un triangle)


Soit ABC un triangle et a, b et c les longueurs de ses côtés. Si p
a + b + c
désigne le demi-périmètre de ABC , c'est-à-dire si p = , alors
2
l'aire de ABC vaut

S
−−−−−−−−−−−−−−−−−
= √ p(p − a)(p − b)(p − c)

Démonstration

a ⋅ b ⋅ sin C
Par la première formule, on a S = . Il suffit alors d'utiliser la
2
2 2 2
a + b − c
loi des cosinus nous apprenant que cos C = :
2ab

1
S = ⋅ a ⋅ b ⋅ sin C
2
1 − −−−−−−−
2
= ⋅ a ⋅ b ⋅ √ 1 − cos C
2
1
= ⋅ a ⋅ b
2
−−−−−−−−−−−−−−−−−
⋅ √ (1 − cos C)(1 + cos C)

1
= ⋅ a ⋅ b
2
−−−−−−−−−−−−−−−−−−

2 2 2
 a + b − c
⋅ (1 − ) (1
 2ab

 2 2 2
a + b − c

+ )
⎷ 2ab

1
=
4
−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−
 2 2 2
⋅ (2ab − a − b + c ) (2ab

( )(

2 2 2
⎷+ a + b − c )

1
=
4
−−−−−−−−−−−−−−−−−−−
 2 2 2
⋅ (c − (a − b) ) ((a + b)

2
⎷− c )

1
=
4
−−−−−−−−−−−−−−−−−−−
⋅ (c + a − b)(c − a + b)(a

+ b + c)(a + b − c)

−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−−

a − b + c −a + b + c

= ( )(
 2 2

 a + b + c a + b − c

)( )(

2 2



)

−−−−−−−−−−−−−−−−−
= √ (p − b)(p − a)p(p − c)

Enfin, il existe encore une quatrième formule, cette fois contenant le rayon
du cercle inscrit au triangle.

Formule (aire d'un triangle)

Soit ABC un triangle, r le rayon de son cercle inscrit et p son demi-


périmètre. L'aire de ABC vaut

S = pr.
Démonstration

Notons I le centre du cercle inscrit au triangle. L'aire de ABC est égale à


la somme des aires des triangles ABI , BCI et CAI , et ceux-ci ont
chacun une hauteur égale à r . On a donc

S(ABC) = S(ABI )

+ S(BCI ) + S(CAI )

|AB| ⋅ r |BC| ⋅ r
= +
2 2

|CA| ⋅ r
+ = pr.
2

4. Propriétés diverses
Nous évoquons finalement quelques propriétés intéressantes apparaissant
dans les triangles.

Théorème de la bissectrice
Le théorème de la bissectrice s'énoncé comme suit. La deuxième partie est
moins connue que la première, mais elle n'en est pas moins intéressante.

Théorème de la bissectrice

Soit ABC un triangle.


1. L'intersection A′ de la bissectrice intérieure de A avec BC est telle
que

|A B| |AB|
= .

|A C| |AC|

2. Si |AB| ≠ |AC| , alors l'intersection A′′ de la bissectrice extérieure


de A avec BC est telle que
′′
|A B| |AB|
= .
′′
|A C| |AC|

La condition |AB| ≠ |AC| dans la deuxième partie assure que la


bissectrice extérieure de A ne soit pas parallèle à BC .

Démonstration

On note α ˆ′ ˆ′
= BAA = CAA .
1. On applique simplement la loi des sinus dans le triangle A′ BA et le
triangle A′ CA , ce qui donne :

|A B| |AB|
=
sin α ˆ ′
sin AA B

|A C|
 et 
sin α

|AC|
= .
ˆ ′
sin AA C

Il suffit alors de remarquer que les angles A


ˆ
A B et AA C sont
′ ˆ ′

supplémentaires (et ont donc le même sinus) et de combiner les


deux égalités pour trouver

|A B| |AB|
= .

|A C| |AC|

2. Nous donnons la démonstration dans le cas où |AB| < |AC| , la


situation étant symétrique. On utilise cette fois la loi des sinus dans
le triangle A′′ BA et le triangle A′′ CA pour obtenir :
′′
|A B|


sin(90 − α)

|AB|
=  et 
ˆ′′
sin AA B
′′
|A C|


sin(90 + α)

|AC|
= .
ˆ′′
sin AA C

On conclut alors de la même façon qu'au premier point, vu que


sin(90 − α) = sin .


(90 + α)

Intersection d'une bissectrice avec la médiatrice opposée


Un autre résultat qu'il est primordial de connaître est le suivant.

Théorème

Soit ABC un triangle. Si |AB| ≠ |AC| , alors la bissectrice intérieure de


A rencontre la médiatrice de [BC] en un point du cercle circonscrit à

ABC . Il en est de même pour la bissectrice extérieure.

Cette fois, la condition |AB| ≠ |AC| assure que la bissectrice intérieure


et la médiatrice ne soient pas confondues.

Démonstration

Pour montrer ce résultat, nous allons voir les choses un peu autrement.
En effet, nous notons X et X ′ les intersections de la médiatrice de [BC]
avec le cercle circonscrit à ABC comme sur la figure suivante, et nous
allons montrer que X se situe sur la bissectrice intérieure de A alors que
X se situe sur la bissectrice extérieure. C'est bien sûr équivalent à ce

que l'on désire montrer.

Vu que X se situe sur la médiatrice de [BC], le triangle BXC est


isocèle et on a donc XBC
ˆ ˆ
= XCB . Or, puisque X est aussi sur le
cercle circonscrit à ABC , on a également XBC
ˆ ˆ
= XAC et
ˆ ˆ
XCB = XAB . Au final, on a ainsi XAB
ˆ
= XAC ce qui montre que
ˆ

X se situe sur la bissectrice intérieure de A.

D'autre part, vu que XX ′ est la médiatrice de [BC], elle passe par le


centre O du cercle circonscrit et est dès lors un diamètre de ce cercle. Le
triangle XAX ′ est donc rectangle car inscrit dans un demi-cercle, ce qui
montre que XAX
ˆ′
= 90 . Puisque AX est la bissectrice intérieure de

A, AX ne peut être que sa bissectrice extérieure.


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Puissances de points
Prérequis
Quadrilatères cycliques

Résumé
Nous présentons ici la notion de puissance d'un point par rapport à un
cercle. Celle-ci joue un rôle dans la résolution de nombreux problèmes de
géométrie, c'est pourquoi il faut toujours envisager cette piste, qu'elle soit
suggérée par l'énoncé ou non, lorsqu'on essaye de résoudre un problème.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Puissance
Étant donné un point et un cercle, on peut définir la puissance du point par
rapport au cercle comme suit.

Définition (puissance)

Soit C un cercle de centre O et de rayon R, et X un point. La puissance


de X par rapport à C, notée PC (X), est définie par
2 2
PC (X) = |OX | − R .

Remarquons déjà que, le cercle C étant fixé, la puissance de X par rapport


à C ne dépend que de la distance |OX| . On constate aussi qu'elle est nulle
si X appartient au cercle, strictement positive si X se situe en dehors du
cercle et strictement négative s'il se situe à l'intérieur.

Ce qui donne aux puissances de points leur intérêt est la proposition


suivante.

Proposition

Soit C un cercle et X un point. Soit d une droite passant par X .


1. Si d intersecte C en deux points distincts A et B, alors
→ →
PC (X) = XA ⋅ XB , c'est-à-dire

PC (X)

|XA| ⋅ |XB|  si X est à l'extérieur de C,


{
−|XA| ⋅ |XB|  si X est à l'intérieur de C.

2. Si la droite d est tangente à C en A, alors


2
PC (X) = |XA| .

Démonstration

Nous allons démontrer ce résultat lorsque X est à l'extérieur de C. La


preuve est similaire lorsque X est à l'intérieur (et la deuxième situation
n'arrive en fait jamais puisqu'une tangente n'a pas de points à l'intérieur
du cercle).

2. Si d passe par X et est tangente à C en A, alors le triangle XAO


(où O est le centre de C) est rectangle en A. Par Pythagore, on a
donc
2 2
|XA| = |XO|

2 2
− |AO| = |XO|

2
− R = PC (X).
1. Supposons maintenant, tout en gardant les notations du point
précédent, avoir une autre droite d ′ passant par X mais intersectant
C en deux points distincts A et B . On suppose que A est plus
′ ′ ′

proche de X que B′ . Les triangles XA′ A et XAB′ sont alors


semblables. En effet, on a l'angle Aˆ

XA en commun et

ˆ′ ˆ′
XAA = AB A

(angles tangentiel et inscrit interceptant le même
arc AA′ ). On en déduit l'égalité

|X A | |XA|
= ,

|XA| |X B |

qui devient

′ ′ 2
|X A | ⋅ |X B | = |XA|

= PC (X)

par le point précédent.

2. Axe radical
La notion d'axe radical de deux cercles est directement liée à celle de
puissance de point :

Définition (axe radical)



L'axe radical de deux cercles C et C de centres distincts est le lieu des
points dont la puissance par rapport à C est égale à celle par rapport à C ′ ,
c'est-à-dire

   
{X ∣ PC (X) = P
C
′ (X)} .

Nous nous intéressons uniquement à des cercles de centres distincts. En


effet, si au contraire C et C ′ avaient le même centre, alors soit les deux
cercles seraient identiques auquel cas tous les points auraient bien sûr la
même puissance par rapport à chaque cercle, soit les deux cercles seraient
distincts et aucun point n'aurait la même puissance par rapport à C et C .

Ces cas sont donc dégénérés et par conséquent peu intéressants.

Comme l'affirme la proposition suivante (que nous ne démontrons pas),


l'axe radical de deux cercles prend en fait toujours la forme d'une droite.

Proposition

Soient C et C deux cercles de centres distincts. L'axe radical de C et C ′



est une droite perpendiculaire au segment reliant les centres de C et C .
De plus,
si les cercles se rencontrent en deux points distincts P et Q, alors
l'axe radical est exactement la droite P Q.
si les cercles sont tangents en un point A, alors l'axe radical passe
par A.
La partie non évidente de ce résultat est que l'axe radical prend la forme
d'une droite. Par contre, celle-ci doit bien sûr être perpendiculaire au
segment reliant les deux centres, par symétrie de la situation. Aussi, on

comprend facilement pourquoi, lorsque X est un point commun à C et C ,
X appartient à l'axe radical de ceux-ci. En effet, on a alors

PC (X) = 0 = P (X) .′
C

Il est donc facile, lorsque l'on est en présence de deux cercles ayant un ou
deux points communs, de tracer leur axe radical. Par contre, lorsque les
deux cercles sont disjoints, on sait juste qu'il s'agit d'une droite
perpendiculaire au segment reliant les deux centres.

Tangentes communes
Il est tout de même possible, lorsque deux cercles sont disjoints mais
extérieurs, de tracer leur axe radical à l'aide du résultat suivant (qu'il ne faut
pas perdre de vue puisqu'il intervient parfois dans la résolution de
problèmes).

Propriété

Soient C et C des cercles de centres distincts. Pour toute droite AA′

tangente à C en A et à C en A′ , l'axe radical des deux cercles coupe le
segment [AA′ ] en son milieu.
Démonstration

Ce résultat est en fait presque évident. En effet, si X dénote le point


d'intersection de l'axe radical avec AA′ , on sait par une formule
précédemment donnée que la puissance de X par rapport à C est égale à
2 ′ 2
|XA| et que la puissance de X par rapport à C est égale à |XA′ | . Or,
puisque X est sur l'axe radical des deux cercles, les deux puissances
doivent être égales et on a |XA| = |XA′ | .

3. Centre radical
Si maintenant nous ne sommes plus en présence d'un ou deux cercles,
mais bien trois, alors on peut mettre en évidence un point particulier appelé
centre radical des trois cercles.

Proposition (définition du centre radical)

Soient C, C et C trois cercles de centres non alignés. Les axes radicaux


′ ′′

de ces trois cercles pris deux à deux sont concourants : ils se rencontrent
en un unique point appelé centre radical de C, C et C .
′ ′′
Démonstration

Considérons d1 l'axe radical de C et C , et d2 l'axe radical de C et C .


′ ′ ′′

Les droites d1 et d2 ne sont pas parallèles puisque les centres des trois
cercles ne sont pas alignés. Elles se rencontrent dès lors en un point que
l'on note X . Il suffit de montrer que X se situe sur l'axe radical de C et
C . Cela est en fait évident, puisqu'on a
′′

PC (X) = P ′ (X) = P ′′ (X)


C C

Quadrilatère cyclique
Il est également possible de raisonner dans un sens plutôt contraire. À
partir d'un point sur l'axe radical de deux cercles, on peut tracer deux droites
intersectant chacune un des cercles en deux points. Les quatres point ainsi
obtenus sont alors sur un même cercle, comme l'indique le résultat suivant.

Propriété

Soient C et C deux cercles, et X un point sur l'axe radical de ces deux
cercles. Soit d une droite passant par X coupant C en deux points

distincts A et B et d ′ une droite passant par X coupant C en deux
points distincts A′ et B′ . Alors le quadrilatère ABB′ A′ est cyclique.
Démonstration

Vu que X est sur l'axe radical de C et C , sa puissance est la même par
rapport à ces deux cercles. On a donc

|XA| ⋅ |XB| = |X A |


⋅ |X B |.
Ecrit autrement, on a

|XA| |X B |
= .

|X A | |XB|

Cela signifie que les triangles XAA′ et XB′ B sont semblables. En


particulier, on a XAA
ˆ′
= X B B , et donc BAA + BB A
ˆ ′ ˆ′ ˆ′ ′
= 180

, ce
qui prouve que le quadrilatère ABB′ A′ est cyclique.

Bien sûr, le point X est alors le centre radical des trois cercles tracés sur
la figure.

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Rapports de section
Prérequis
Triangles

Résumé
Nous introduisons dans ce chapitre les rapports de section. Nous
énonçons ensuite en termes de ceux-ci les théorèmes de Ceva et de
Ménélaüs, constituant des armes redoutables pour montrer que trois
droites sont concourantes ou que trois points sont alignés.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Définition et propriétés
On commence par définir la notion de rapport orienté entre deux segments
parallèles.

Définition (rapport orienté)

Soit A, B, C et D quatre points distincts deux à deux et tels que AB est


¯
¯¯¯¯¯¯¯
AB
parallèle à CD . Le rapport orienté est défini par
¯
¯¯¯¯¯¯¯
CD
¯
¯¯¯¯¯¯¯
AB

¯
¯¯¯¯¯¯¯
CD
=
|AB|



 si [AB) et [CD
|CD|



)  pointent dans le même sens,

|AB|
⎪−
⎪  si [AB) et [CD
⎪ |CD|



)  pointent dans des sens opposés.

Par exemple, dans la figure suivante où C , D , E et F sont alignés, AB est


parallèle à CF et |CD| = |EF | = 2|DE| , on a
= 2|AB|

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
AB CD
= 1, = −1,
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
DE FE
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
AB 1 CF
= , = −5.
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
3
DF BA

Remarque : Il s'agit bien de rapports, au sens où on a la formule


¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
AB CD AB
⋅ = lorsque les droites AB, CD et EF sont parallèles.
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
CD EF EF

On peut maintenant définir la notion de rapport de section.


Définition (rapport de section)

Si C est un point de AB distinct de A, alors le rapport de section


rAB (C) de C par rapport à A et B est défini par

¯
¯¯¯¯¯¯¯
CB
rAB (C) = .
¯
¯¯¯¯¯¯¯
CA

On peut par exemple réécrire le théorème de la bissectrice à l'aide des


rapports de section. En effet, si dans un triangle ABC , A′ désigne
l'intersection de la bissectrice intérieure de A avec BC et A′′ désigne
l'intersection de la bissectrice extérieure de A avec BC , le théorème de la
bissectrice nous indique que

b
 et 

rBC (A ) = −
c

b
′′
rBC (A ) =
c

où b = |AC| et c = |AB| .

Il est intéressant de regarder comment rAB (C) varie lorsque A et B sont


fixés et que C varie sur la droite AB. Ceci est représenté sur le graphique
suivant.
Rapport de section rAB (C) en fonction de la position de C .

En fait, il n'est pas compliqué de se convaincre que rAB (C) peut prendre
n'importe quelle valeur réelle différente de 1. Ce qui rend le rapport de
section digne d'intérêt est que le rapport de section d'un point par rapport à
deux points fixés détermine univoquement la position du point (autrement
dit, la fonction tracée ci-dessus est injective). Dès lors, pour montrer que
deux points sont égaux, on peut simplement montrer que leurs rapports de
section par rapport à deux mêmes points sont égaux.

2. Théorème de Ceva
Le théorème de Ceva donne une condition nécessaire et suffisante pour
que trois droites issues des trois sommets d'un triangle soient
concourantes (ou parallèles dans un cas dégénéré, bien qu'il puisse
également servir).

Théorème de Ceva
Soit ABC un triangle et D ∈ BC , E ∈ AC , F ∈ AB des points
distincts des sommets. Les droites AD , BE et CF sont concourantes
ou parallèles si et seulement si

rAB (F ) ⋅ rBC (D) ⋅ rCA (E)

= −1

ou, autrement dit, si

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FB DC EA
⋅ ⋅ = −1.
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FA DB EC

Un corollaire immédiat de ce théorème est que les trois médianes d'un


triangle sont concourantes. En effet, le rapport de section du milieu d'un
côté par rapport aux deux sommets de ce côté vaut −1 , et le produit donne
donc trivialement −1 , ce qui prouve que les médianes sont concourantes.

Démonstration

Nous démontrons le théorème de Ceva dans le cas où les points D , E et


F sont situés sur les côtés du triangle et non à l'extérieur. Le lecteur doit

cependant garder à l'esprit que celui-ci reste valide même lorsque D , E


ou F se situe sur les prolongements des côtés.
Dans ce cas particulier, les droites ne seront bien sûr jamais parallèles, et
le produit des trois rapports de sections sera toujours négatif (en tant que
produit de trois nombres négatifs). Nous devons donc simplement
montrer que les droites AD , BE et CF sont concourantes si et
seulement si

|F B| |DC| |EA|
⋅ ⋅ = 1.
|F A| |DB| |EC|

Commençons par l'implication ⇒ . On suppose donc que les trois droites


se rencontrent en un point M , et on cherche à montrer que le produit vaut
1. On s'intéresse pour cela aux aires des différents triangles présents
dans la figure.

Les triangles BDM et CDM ayant la même hauteur, le rapport de leurs


aires est égal au rapport de leurs bases :

S(BDM ) |BD|
= .
S(CDM ) |DC|

On peut faire la même constatation pour les triangles BDA et CDA :

S(BDA) |BD|
= .
S(CDA) |DC|

Dès lors, le triangle BM A pouvant être obtenu comme différence des


triangles BDA et BDM , tout comme CM A qui est la différence des
triangles CDA et CDM , on garde le même rapport :
S(BM A) |BD|
= .
S(CM A) |DC|

Or, ce raisonnement est également valable sur les deux autres côtés du
triangle, et on a donc aussi les relations

S(CM B) |CE|
=  et 
S(AM B) |EA|

S(AM C) |AF |
= .
S(BM C) |BF |

En multipliant les trois dernières égalités, on a la formule voulue (après


passage à l'inverse).

Passons à l'implication ⇐ . On suppose cette fois que

|F B| |DC| |EA|
⋅ ⋅ = 1,
|F A| |DB| |EC|

et on cherche à montrer que les trois droites sont concourantes. Pour ce


faire, on note M le point d'intersection des droites BE et CF , et ensuite
D l'intersection de AM avec BC . Il suffit alors de montrer que

D = D . Par l'autre partie de la preuve, vu que AD , BE et CF sont


′ ′

concourantes, on sait que



|F B| |D C| |EA|
⋅ ⋅ = 1.

|F A| |D B| |EC|

On en déduit que

|DC| |D C|
= .

|DB| |D B|

Autrement dit, D et D′ ont le même rapport de section par rapport à B et


C : on a donc D = D comme désiré.

Version trigonométrique
Il existe aussi une formulation trigonométrique au théorème de Ceva. La
démonstration consiste simplement à appliquer la loi des sinus
judicieusement, et est laissée au lecteur.

Théorème de Ceva (version trigonométrique)

Soit ABC un triangle et D ∈ [BC] , E ∈ [AC] , F ∈ [AB] des points


distincts des sommets. Les droites AD , BE et CF sont concourantes
si et seulement si

ˆ ˆ
sin F CB sin DAC

ˆ ˆ
sin F CA sin DAB

ˆ
sin EBA
⋅ = 1.
ˆ
sin EBC

Cette version trigonométrique peut dans certains cas être préférable. Par
exemple, une conséquence directe de ce résultat est que les bissectrices
(intérieures) d'un triangle sont concourantes. On ne pouvait pas le déduire
immédiatement de la première version de Ceva.

3. Théorème de Ménélaüs
Le théorème de Ménélaüs est très similaire au théorème de Céva. Il donne
cette fois une condition nécessaire et suffisante pour que trois points
situés sur les côtés d'un triangle (ou sur leur prolongement) soient alignés.

Théorème de Ménélaüs

Soit ABC un triangle et D ∈ BC , E ∈ AC , F ∈ AB des points


distincts des sommets. Les points D , E et F sont alignés si et
seulement si
rAB (F ) ⋅ rBC (D) ⋅ rCA (E)

= 1

ou, autrement dit, si

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FB DC EA
⋅ ⋅ = 1.
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FA DB EC

Démonstration

Comme pour Ceva, on commence par le sens ⇒ . Notons X l'intersection


de DF avec la parallèle à BC passant par A, comme sur la figure ci-
dessous.
Par Thalès dans les triangles BDF et CDE , on a les deux relations
suivantes :

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
DB FB
=  et 
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
XA FA
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
XA EA
= .
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
DC EC

On a donc

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
DB DB XA FB
= ⋅ =
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
DC XA DC FA
¯
¯¯¯¯¯¯¯
EA
⋅ ,
¯
¯¯¯¯¯¯¯
EC

ce qui est équivalent à

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FB DC EA
⋅ ⋅ = 1.
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FA DB EC

Passons au sens ⇐ . On suppose donc avoir

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FB DC EA
⋅ ⋅ = 1.
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
FA DB EC

Remarquons déjà que EF ne peut pas être parallèle à BC . En effet, si tel


était le cas, par Thalès on aurait

¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
EA FA
= ,
¯
¯¯¯¯¯¯¯ ¯
¯¯¯¯¯¯¯
EC FB
¯
¯¯¯¯¯¯¯
DC
d'où = 1 mais cela est impossible car un rapport de section ne
¯
¯¯¯¯¯¯¯
DB
vaut jamais 1. On peut donc noter D′ l'intersection de EF avec BC , et
on montre comme dans la démonstration du théorème de Ceva que l'on a
forcément D = D′ .

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Solutions non classiques
Prérequis
Triangles

Résumé
La géométrie analytique et la trigonométrie peuvent permettre de résoudre
certains problèmes de manière moins conventionnelle. Les solutions
obtenues sont alors assez laborieuses, c'est pourquoi il ne faut envisager
ces méthodes qu'en dernier recours.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 20 juillet 2016.

1. Géométrie analytique
La géométrie analytique consiste à choisir un repère (généralement
orthonormé) intéressant, c'est-à-dire donner l'origine du repère et ses deux
axes, et à calculer les coordonnées des points et les équations des droites
et des cercles qui nous intéressent. Par exemple, s'il est demandé de
prouver qu'un certain point appartient à une certaine droite, on peut être
tenté de calculer les coordonnées du point, une équation de la droite et
simplement montrer que les coordonnées du point vérifient l'équation.

Bien sûr, il y a souvent des libertés dans la figure et il faudra alors faire
usage de paramètres pour procéder de cette façon. Si on est en présence
d'un triangle ABC , on peut par exemple poser l'origine du repère en A et
pointer l'axe des abscisses vers B. De la sorte, les coordonnées de A sont
(0, 0) , les coordonnées de B sont (b, 0) pour un certain b > 0 , et les

coordonnées de C sont (c1 , c2 ) pour certains c1 , c2 . On peut


éventuellement se simplifier la vie en posant |AB| = 1 , de sorte que
b = 1 (mais cela présente le désavantage que les expressions ne sont

alors plus homogènes, alors que cette homogénéité peut permettre de


repérer ses erreurs de calcul). Si par après on considère un point P
quelconque sur [AC] , on pourra paramétrer les coordonnées de P par
(λ ⋅ c1 , λ ⋅ c2 ) avec λ ∈ [0, 1] .

A priori, une telle méthode peut sembler miraculeuse, puisqu'il semble


toujours possible de calculer les coordonnées de tous les points de la figure
ainsi que les équations de toutes les droites. En effet, calculer l'équation de
la médiatrice d'un segment ou de la médiane d'un triangle n'est pas très
compliqué. Malheureusement, cela devient vite moins gai lorsque l'on est
amené à calculer l'équation d'une bissectrice ou pire : l'équation d'un cercle
inscrit ou circonscrit à un triangle.

Bien que théoriquement, la géométrie analytique devrait permettre de


résoudre tous les problèmes existants, c'est en pratique rarement le cas. Il
existe cependant certaines situations plus favorables à une solution
analytique. C'est le cas lorsque la figure consiste principalement en des
milieux, des perpendiculaires ou des simples droites reliant deux sommets.
Dans une telle configuration, l'étudiant ne parvenant pas à fournir une
solution classique ne doit donc pas hésiter à tenter la voie analytique, tout
en gardant à l'esprit qu'elle peut ne pas aboutir car demande des calculs
trop lourds.

Si on parvient à trouver les équations ou les coordonnées des objets sur


lesquels portent la thèse, alors il reste encore à vérifier cette dernière. Si les
expressions que l'on a obtenues ne sont pas trop compliquées, on peut
généralement s'en sortir, mais il se peut aussi que la conclusion doive
passer par la résolution d'une équation de très haut degré, auquel cas il
n'est pas impossible que la solution analytique ne puisse pas terminer le
problème.

Formules utiles
Étant donnée une droite du plan orthonormé, on dira que sa pente est
(v1 , v2 ) si, lorsqu'on se déplace de v1 vers la droite, on se déplace de v2

vers le haut. Typiquement, si la droite passe par les deux points A (a1 , a2 )
et B (b1 , b2 ) , alors sa pente est (b1 − a1 , b2 − a2 ) . À noter que la pente
n'est pas unique : si une droite est de pente (v1 , v2 ) alors on peut aussi
dire qu'elle est de pente (λ ⋅ v1 , λ ⋅ v2 ) pour tout λ ≠ 0 .

1. Équation de la droite de pente (v1 , v2 ) et passant par le point (a1 , a2 )


: l'idée est que si (x, y) est un point de la droite, alors la pente calculée
à partir de (a1 , a2 ) et (x, y) doit être exactement (v1 , v2 ) (ou un
x−a1 y−a2
multiple). L'équation de la droite est donc v1
=
v2
. Notons
cependant que cette formule n'est pas valable lorsque v1 ou v2 est nul.
Pour avoir une formule qui est toujours valable, il suffit de réduire au
même dénominateur pour obtenir v2 (x − a1 ) = v1 (y − a2 ) . Il est
toutefois plus simple de retenir la première formule (puisqu'elle est
intuitivement logique) et d'en déduire la deuxième.

2. Équation d'une droite passant par (a1 , a2 ) et (b1 , b2 ) : sa pente est


alors (b1 − a1 , b2 − a2 ) et on a donc par la formule précédente que
x−a1 y−a2
son équation est b1 −a1
=
b2 −a2
. Même remarque qu'au point
précédent si a1 = b1 ou a2 = b2 .

3. Pente d'une droite perpendiculaire à une droite de pente (v1 , v2 ) : si on


a une droite d de pente (v1 , v2 ) et une droite d ′ perpendiculaire à d ,
alors la pente de d ′ est toujours (v2 , −v1 ) (ou (−v2 , v1 ), ce qui est
pareil). On peut s'en convaincre par un dessin, ou en utilisant le produit
scalaire pour ceux qui connaissent.

4. Pente d'une droite parallèle à une droite de pente (v1 , v2 ) : forcément,


si deux droites sont parallèles alors elles ont la même pente.

5. Coordonnées du milieu de A (a1 , a2 ) et B (b1 , b2 ) : il suffit de faire la


a1 +b1 a2 +b2
moyenne arithmétique des coordonnées : M  ( 2
,
2
) .

6. Coordonnées du centre de gravité du triangle de sommets A (a1 , a2 ) ,


 
B (b1 , b2 ) et C  (c1 , c2 ) : là aussi il s'agit de la moyenne arithmétique
a1 +b1 +c1 a2 +b2 +c2
des coordonnées : G ( 3
,
3
) .
7. Distance entre deux points A (a1 , a2 ) et B (b1 , b2 ) : il s'agit juste
d'une application du théorème de Pythagore, et on trouve
|AB|
−−−−−−−−−−−−−−−−−−
2 2
= √(b1 − a1 ) + (b2 − a2 )

8. Équation du cercle de centre O (o1 , o2 ) et de rayon r : il s'agit de


l'ensemble des points à distance r de O, donc son équation est
2
(x − o1 ) + (y − o2 )
2
(cela découle du point 7).
2
= r

2. BxMO 2014
Voici le problème 4 de la BxMO (Benelux Mathematical Olympiad) 2014 :

Problème (BxMO 2014, P4)

Soit ABCD un carré. On considère un point variable P à l’intérieur du


carré tel que BAP
ˆ
≥ 60 . Soit Q l’intersection de la droite AD avec la

perpendiculaire à BP en P . Soit R l’intersection de la droite BQ avec la


perpendiculaire à BP passant par C .
(a) Prouver que |BP | ≥ |BR| .
(b) Pour quel(s) point(s) P l’inégalité en (a) devient-elle une égalité ?

Lors de la compétition, aucun participant n'a résolu ce problème. Celui-ci


n'était pourtant pas insurmontable, et ces mauvais résultats sont
certainement dus au manque de temps (puisqu'il y avait trois autres
problèmes à résoudre en même temps). Ce problème possède bien sûr une
solution classique (et c'est un bon exercice de la chercher), mais il était en
fait également possible de le résoudre par géométrie analytique. La
présence d'un carré et l'absence de cercles (qui compliquent souvent tout)
est en effet un bon indicateur du fait qu'il devrait être possible d'utiliser la
géométrie analytique.
Solution analytique

Naturellement, posons l'origine de notre repère comme étant A, l'axe des


abscisses pointant vers B et l'axe des ordonnées vers D . On peut aussi
supposer que le carré est de côté 1. On a alors  
A (0, 0) ,  
B (1, 0) ,

 
C (1, 1) et  
D (0, 1) .

Notons ensuite  
P (p1 , p2 ) avec 0 < p1 , p2 < 1 . Essayons de traduire
ˆ
en équations. La droite passant par A et faisant un angle

BAP ≥ 60

de 60∘ avec AB a pour équation y = √3 ⋅ x (comme on peut s'en
convaincre de différentes façons), et P doit se situer au dessus de cette

droite, donc on a p2 ≥ √3 ⋅ p1 .

Le point Q est maintenant l'intersection de la droite AD avec la


perpendiculaire à BP en P . La pente de la droite BP est (p1 − 1, p2 ) ,
et donc la pente d'une perpendiculaire à BP est (p2 , 1 − p1 ) (voir
formules dans le point théorique précédent). L'équation de la droite de
pente (p2 , 1 − p1 ) passant par P  (p1 , p2 ) est alors

x − p1 y − p2
= . (1)
p2 1 − p1

Nous cherchons l'intersection de cette droite avec la droite AD , qui a la


simple équation x = 0 . Il suffit donc de poser x = 0 dans (1) et de
(p1 −1)p1
trouver y . On obtient y = p2 +
p2
. Donc les coordonnées de Q
2 2
p +p −p1
2 1
=
p2

2 2
p + p − p1
2 1
sont Q (0, ) .
p2

Le point R est l'intersection de la droite BQ avec la perpendiculaire à


BP passant par C . Nous avons déjà dit qu'une perpendiculaire à BP

avait pour pente (p2 , 1 − p1 ) , et la perpendiculaire à BP passant par


 
C (1, 1) a donc pour équation :

x − 1 y − 1
=
p2 1 − p1

⇔ (1 − p1 )(x − 1)

= p2 (y − 1). (2)
2 2
p + p − p1
D'autre part, la droite BQ passe par B (1, 0) et Q (0, ,
2 1
)
p2
2 2
p + p − p1
2 1
donc sa pente est (−1, ) et son équation est
p2

x − 1 y − 0
= . (3)
2 2
−1 p +p −p1
2 1

p2

Il reste à remettre (2) et (3) ensemble pour trouver les coordonnées de


2 2
p +p −p1
R . Par (3) , on voit que y =
2

p2
1
⋅ (1 − x) . En remplaçant y par
cette expression dans (2) , on trouve alors que

(1 − p1 )(x − 1)

2 2
p + p − p1
2 1
= p2 (
p2

⋅ (1 − x) − 1)

2
⇔ (1 − p1 )x + p1 − 1 = p
2

2 2 2
+ p − p1 − p2 − (p + p
1 2 1

− p1 ) ⋅ x

2 2
⇔ (p + p − 2p1 + 1) ⋅ x
2 1

2 2
= p − p2 + p − 2p1 + 1
2 1

2 2 2
⇔ (p + (p1 − 1) ) ⋅ x = p
2 2

2
− p2 + (p1 − 1)

⇔ x
2 2
p − p2 + (p1 − 1)
2
=
2 2
p + (p1 − 1)
2
p2
On peut alors trouver 1 − x =
2 2
et donc
p +(p1 −1)
2
2 2
p +p −p1
y =
2 1

p2
⋅ (1 − x) . Les coordonnées de R sont donc
2 2
p +p −p1
2 1
= 2
2
p +(p1 −1)
2

2 2
p − p2 + (p1 − 1)
  , et heureusement il n'y a plus de
2
R ( ,
2 2
p + (p1 − 1)
2

2 2
p + p − p1
 
2 1
)
2 2
p + (p1 − 1)
2

coordonnées à calculer...

Nous cherchons à montrer que |BP | ≥ |BR| , ce qui revient à dire que
2 2 2
|BP | ≥ |BR| . D'une part, on a |BP | = (p1 − 1)
2 2
+ p
2
, et d'autre
part, on a
2
2 2
p − p2 + (p1 − 1)
2 2
|BR| = ( − 1)
2 2
p + (p1 − 1)
2

2 2 2
p + p − p1
2 1
+ ( )
2 2
p + (p1 − 1)
2

2
−p2
= ( )
2 2
p + (p1 − 1)
2

2
p1 − 1
+ (1 + )
2 2
p + (p1 − 1)
2

2
p
2
= + 1
2 2 2
(p + (p1 − 1) )
2

2(p1 − 1)
+
2 2
p + (p1 − 1)
2

2
(p1 − 1)
+
2 2 2
(p + (p1 − 1) )
2

1
= + 1
2 2
p + (p1 − 1)
2

2(p1 − 1)
+
2 2
p + (p1 − 1)
2

2 2
2p1 − 1 + p + (p1 − 1)
2
=
2 2
p + (p1 − 1)
2

2 2
p + p
2 1
=
2 2
p + (p1 − 1)
2

2 2
L'inégalité |BP | ≥ |BR| se réécrit donc

2 2 2 2
(p + (p1 − 1) ) ≥ p
2 2

2
+ p , (4)
1

dont on remarque qu'il s'agit juste de


2
|BP | ≥ |AP |.

Il serait possible de continuer avec p1 et p2 et de montrer que l'inégalité



est vraie en utilisant que p2 ≥ √3 ⋅ p1 , mais il est en fait plus facile
2
d'essayer de prouver que |BP | ≥ |AP | plus géométriquement. En
effet, on sait par la loi des cosinus dans le triangle ABP que
2 2 2 2
|BP | = |AB| + |AP | , et l'inégalité |BP | ≥ |AP | peut donc
ˆ
− 2|AB||AP | cos ABP = 1

2
ˆ
+ |AP | − 2|AP | cos ABP

se réécrire comme
2
1 + |AP | − 2|AP | cos

ˆ
ABP ≥ |AP |

2
ˆ
⇔ |AP | − (2 cos ABP

+ 1) ⋅ |AP | + 1 ≥ 0.

Il s'agit d'une équation du second degré en |AP |, dont le discriminant est


ˆ 2
(2 cos ABP + 1) − 4 . Comme 60∘ ˆ
≤ ABP < 90

, on a
et le discriminant est toujours négatif ou nul.
ˆ 1
0 < cos ABP ≤
2
2
Puisque le coefficient de |AP | est positif, on en déduit que ce polynôme
est toujours positif et nous avons donc prouvé (a). La seule façon d'avoir
l'égalité est que le discriminant soit nul, i.e. que ABP
ˆ
= 60 , et que

|AP | soit l'unique racine du polynôme, qui est alors |AP | = 1 . Le point

P satisfaisant ces deux conditions est le point à l'intérieur de ABCD tel

que ABP est équilatéral, ce qui répond au point (b).

Remarque importante

On voit sur cet exemple que les calculs deviennent vite laborieux en
géométrie analytique. La moindre erreur dans le calcul d'une coordonnée
est d'ailleurs fatale, et il faut donc être très concentré pour envisager un
tel développement. Puisque ce genre de solution peut vite prendre
beaucoup de temps, il est primordial en compétition de ne pas se lancer
dans des solutions analytiques à tout bout de champ. Il serait dommage
de passer tout son temps sur une telle solution en ignorant les autres
problèmes, d'autant plus qu'elle peut ne pas aboutir. Il faut aussi noter
que les solutions analytiques sont souvent mal payées en points lors de
compétitions. Si une solution complète au problème est donnée, comme
ci-dessus, alors elle sera gratifiée d'un score de 7/7, mais si on arrive par
exemple à l'inégalité (4) sans parvenir à conclure alors on n'obtiendra
que très peu de points (pas plus de 2/7, et cela peut être encore plus
sévère).

3. Trigonométrie
Lorsqu'une égalité de longueurs doit être démontrée, il peut être tentant de
se lancer dans une résolution trigonométrique du problème. L'idée est
généralement de commencer par noter α , β, γ ,... les différents angles de la
figure (tout en essayant d'utiliser le moins de lettres possibles : une solution
trigonométrique doit avant tout commencer par une chasse aux angles
permettant de déterminer les relations élémentaires entre les différents
angles et d'ainsi garder le moins d'inconnues possible). On essaye alors
d'utiliser la trigonométrie, généralement la loi des sinus, pour obtenir des
relations entre les différentes longueurs de segments. L'objectif est
généralement de parvenir à réexprimer la thèse initiale en une nouvelle
thèse purement trigonométrique. On peut alors typiquement arriver à une
conclusion du type "Pour terminer le problème, je dois prouver que

sin(α + β) = sin α cos β

+ sin β cos α

pour α et β inconnus". Évidemment, obtenir une équation si simple serait


une aubaine : les équations auxquelles on arrive en général peuvent être
beaucoup plus compliquées. De bonnes connaissances des formules de
trigonométrie pourront alors aider l'étudiant à tenter de démontrer
l'équation obtenue, mais il faut là aussi garder à l'esprit qu'il n'est peut-être
pas possible de le faire aisément.
Même s'il est rare que la trigonométrie permette de résoudre entièrement
un problème, il est plus fréquent qu'un peu de trigonométrie soit utile à la
résolution du problème. Parfois, des raisonnements classiques permettent
de simplifier le problème, et il est plus facile de résoudre le problème ainsi
simplifié par trigonométrie plutôt que par un nouveau raisonnement
classique. Il ne faut donc pas perdre de vue cette méthode qui se révèle
parfois payante, quoique là aussi peu élégante.

Formules utiles
Pour envisager la trigonométrie dans la résolution d'un problème, il est
bien sûr primordial de maîtriser la manipulation des fonctions
trigonométriques. Il faut aussi connaître toutes les formules impliquant
ces fonctions. Toutes ces bases sont rappelées sur ce site dans le
chapitre sur la trigonométrie.

La formule la plus utilisée dans une preuve par trigonométrie est la loi
des sinus.

4. IMO 2009
Voici le problème 4 de l'IMO 2009 :

Problème (IMO 2009, P4)

Soit ABC un triangle tel que |AB| = |AC| . Les bissectrices de CAB
ˆ

et ABC
ˆ
rencontrent respectivement les côtés [BC] et [CA] en D et E .
Soit K le centre du cercle inscrit dans le triangle ADC . On suppose que
ˆ = 45∘
BEK . Trouver toutes les valeurs possibles de CAB
ˆ
.

Encore une fois, ce problème possède une solution "classique", mais la


plupart des participants à l'IMO cette année-là l'ont en fait résolu avec de la
trigonométrie. Il n'est toutefois pas évident de savoir par où commencer, et
il faut à tout prix éviter de tourner en rond.

Solution trigonométrique

Notons I l'intersection des bissectrices de ABC . Les points C , K et I


sont alignés. Posons également α = Iˆ CD . Nous allons appliquer la loi

des sinus dans les triangles DI K , KI E , EKC et CKD. Pour cela, il


faut exprimer tous les angles intervenant dans ces triangles en fonction
de α .
ˆ
KCE = α

ˆ = α
KCD

ˆ ∘
KDC = 45

ˆ = 45∘
KDI

ˆ ˆ ∘
KI D = CI D = 90

ˆ ∘
− I CD = 90 − α

ˆ ∘ ˆ
KI E = 180 − BI D

ˆ ∘
− DI K = 180

− (90 − α)


− (90 − α) = 2α

(par hypothèse)
ˆ ∘
KEI = 45

ˆ ˆ ˆ
KEC = BEC − BEK
∘ ∘
= 180 − 3α − 45

= 135 − 3α
Appliquons maintenant nos lois des sinus :

Dans le triangle DI K , on obtient

|I K|

sin 45

|DK|
=

sin(90 − α)

Dans le triangle KI E , on obtient

|EK| |I K|
=

sin 2α sin 45

Dans le triangle EKC , on obtient


|CK|


sin(135 − 3α)

|EK|
=
sin α

Dans le triangle CKD, on obtient

|DK| |CK|
=

sin α sin 45

On peut alors multiplier ces quatre égalités entre elles pour faire
disparaître toutes les longueurs. De la sorte, on trouve
∘ ∘
sin(90 − α) ⋅ sin 45 ⋅ sin α

∘ ∘
⋅ sin 45 = sin 45 ⋅ sin 2α

⋅ sin(135 − 3α) ⋅ sin α,

ce qui se réécrit encore en utilisant que sin(90 et que



− α) = cos α

sin 2α = 2 sin α cos α :


sin 45 = 2 sin α ⋅ sin

(135 − 3α).

Puisque sin(135∘ − 3α) = sin , l'équation se réécrit encore


∘ ∘
(45 + 3α) = sin 45 ⋅ cos


3α + cos 45 ⋅ sin 3α = sin

45 ⋅ (cos 3α + sin 3α)

1 = 2 sin α ⋅ (cos 3α + sin

3α).

Il nous reste à résoudre cette équation trigonométrique en α . Il y a


plusieurs façons de procéder, voici une manière.
On peut développer cos 3α = cos(2α + α) et sin 3α = sin(2α + α) .
L'équation devient
1 = 2 sin α ⋅ (cos 2α cos α

− sin 2α sin α + sin 2α cos

α + sin α cos 2α)

= 2 sin α ⋅ cos α
2
⋅ (cos 2α + sin 2α) + 2 sin

α ⋅ (cos 2α − sin 2α)

Or, on a 2 sin α cos α = sin 2α et 2 sin2 α = 1 − cos 2α , donc

1 = sin 2α ⋅ (cos 2α + sin

2α) + (1 − cos 2α)

⋅ (cos 2α − sin 2α)

 
2
⇔ 1 = 2 sin 2α cos 2α + sin

2
2α − cos 2α + cos 2α

− sin 2α

 0
2
⇔ = 2 sin 2α cos 2α − 2 cos

2α + cos 2α − sin 2α

⇔   0 = (2 cos 2α − 1)(sin 2α

− cos 2α)

On en déduit que α doit respecter cos 2α = 2 ou cos 2α = sin 2α


1

pour pouvoir respecter les conditions de l'énoncé. La première équation


donne 2α = 60∘ et la deuxième donne 2α = 45∘ . Puisque
, cet angle doit valoir 60 ou 90 . Il est important
ˆ ∘ ∘ ∘
BAC = 180 − 4α

de noter que, tout comme pour une équation fonctionnelle, il faut ici
vérifier que ces deux angles 60 et 90 donnent bien lieu à
∘ ∘

ˆ = 45∘
BEK . Nous ne nous étendons pas sur ce point car c'est un
simple exercice, mais les distraits ayant oublié cette vérification en 2009
se sont vu attribuer un score de 5/7 pour cette question.

Marquer toute la théorie comme lue


Des questions ? N'hésitez pas à demander de l'aide sur le forum !
Triangles (suite)
Prérequis
Rapports de section
Puissances de points

Résumé
Un certain nombre de résultats concernant les triangles ont été
précédemment présentés. Nous donnons ici quelques résultats plus
avancés dont les démonstrations font intervenir les quadrilatères cycliques
et les puissances de points.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Relation d'Euler
La relation d'Euler est une égalité ayant lieu dans les triangles. Elle relie le
rayon du cercle inscrit, le rayon du cercle circonscrit et la distance entre les
centres des cercles inscrits et circonscrits.

Relation d'Euler

Soit ABC un triangle, R le rayon de son cercle circonscrit, r le rayon de


son cercle inscrit et d la distance entre les centres des cercles inscrits et
circonscrits. Alors
2
d = R(R − 2r).

En particulier, on a toujours R ≥ 2r , avec égalité si et seulement si


ABC est équilatéral.

Démonstration
On note I le centre du cercle inscrit et O celui du cercle circonscrit. On
note également X l'intersection de BI avec le cercle circonscrit et X ′ le
point diamétralement opposé à X sur ce cercle. Enfin, on note D le pied
de la perpendiculaire à BC passant par I .

On commence par constater que les triangles BDI et X ′ CX sont


semblables. En effet, ils sont tous les deux rectangles et on a
ˆ ˆ ˆ ′
I BD = XBC = X X C (angles inscrits). On a donc

|I D| |XC|
= ,

|I B| |X X |
c'est-à-dire, puisque |I D| = r et XX ′ = 2R :

|XC| ⋅ |I B| = 2Rr.

De plus, on a les égalités d'angles

ˆ ∘ ˆ
XI C = 180 − BI C

ˆ ˆ
= I BC + I CB

ˆ ˆ
ABC + ACB
=
2

et

ˆ ˆ ˆ
I CX = I CA + ACX

ˆ ˆ
= I CA + ABX

ˆ ˆ
ABC + ACB
= ,
2

ce qui signifie que le triangle I XC est isocèle avec |XI | = |XC| . La


relation trouvée plus haut devient donc

|XI | ⋅ |I B| = 2Rr.

Or, on reconnait en |XI | ⋅ |I B| la puissance (au signe près) du point I


par rapport au cercle circonscrit. Celle-ci étant, par définition, égale à
d − R , on obtient la relation
2 2

2 2
d − R = −2Rr

qui est équivalente à la relation d'Euler.

Finalement, on a 0 ≤ d 2 = R(R − 2r) d'où R ≥ 2r , et l'égalité a lieu


si et seulement si d = 0 , c'est-à-dire si I = O . C'est un simple exercice
de vérifier que cela n'arrive que lorsque ABC est équilatéral.
2. Symédianes
Les symédianes d'un triangle sont définies comme étant les droites
symétriques des médianes par rapport aux bissectrices. Sur la figure
suivante, les médianes sont représentées en vert, les bissectrices en bleu
(pointillé) et les symédianes en rouge.

Comme on peut le constater sur cette figure, les trois symédianes d'un
triangle semblent être concourantes. C'est effectivement toujours le cas :

Propriété (définition du point de Lemoine)

Les trois symédianes d'un triangle se rencontrent en un point : le point de


Lemoine du triangle.

Démonstration
Il suffit en fait d'utiliser la version trigonométrique du théorème de Ceva.
Selon ce théorème, les trois symédianes sont concourantes si et
seulement si

ˆ ˆ
sin NC CB sin NA AC

ˆ ˆ
sin NC CA sin NA AB

ˆ
sin NB BA
⋅ = 1.
ˆ
sin NB BC

Or, vu que les symédianes sont les droites symétriques aux médianes par
ˆ ˆ
rapport aux bissectrices, on a Nˆ
C CB = MC CA , NC CA = MC CB
ˆ

et de même pour les quatre autres angles. La dernière relation s'écrit


donc

ˆ ˆ
sin MC CA sin MA AB

ˆ ˆ
sin MC CB sin MA AC

ˆ
sin MB BC
⋅ = 1.
ˆ
sin MB BA

Mais cette relation est, quitte à inverser le membre de gauche,


exactement la version trigonométrique du théorème de Ceva pour les
trois médianes du triangle ABC . Comme on sait déjà que les médianes
sont concourantes, cette relation est bien vérifiée et les symédianes sont
à leur tour concourantes.

Le point de Lemoine possède différentes propriétés. Par exemple, il s'agit


du point dont la somme des carrés des distances aux côtés du triangle est
minimale.

Symédianes et antiparallèles
Étant donné un triangle ABC , on dit qu'une antiparallèle à BC est une
droite dont l'intersection B′ avec AB et l'intersection C ′ avec AC sont
telles que AB′ C ′ est semblable à ACB (les sommets dans cet ordre). Si
on avait demandé qu'il soit semblable à ABC , alors on aurait simplement
eu la définition de parallèle. Une telle antiparallèle est telle que le
quadrilatère BB′ C ′ C est cyclique.

Le lien avec les symédianes est que la symédiane de ABC provenant de A


est exactement le lieu des milieux des segments [B′ C ′ ] où B′ C ′ est
antiparallèle à BC (avec B′ ∈ AB et C ′ ∈ AC comme défini ci-dessus).
C'est un simple corollaire de la définition de symédiane et du fait que la
médiane coupe [BC] en son milieu.
Quid des "syhauteurs" ?
Dans la démonstration du fait que les symédianes sont concourantes, nous
avons uniquement utilisé que les médianes sont concourantes et que les
symédianes sont les symétriques des médianes. On peut donc effectuer
exactement la même démonstration dès que l'on est en présence de trois
droites concourantes issues de A, B et C et que l'on considère leurs
symétriques par rapport aux bissectrices. On peut notamment être tenté de
définir les "syhauteurs" d'un triangle comme étant les droites symétriques
des hauteurs par rapport aux bissectrices, et on aurait directement que les
"syhauteurs" sont concourantes.

Cela étant, on ne définit généralement pas les "syhauteurs", et ce pour une


bonne raison : elles correspondent à des droites particulières du triangle
que l'on connait déjà ! Il suffit d'une petite chasse aux angles pour s'en
rendre compte.

On note H l'orthocentre du triangle et O le point d'intersection des


"syhauteurs". On a
ˆ ˆ ∘
OAC = H AB = 90

ˆ
− ABC ,

ˆ ˆ ∘ ˆ
OCA = H CB = 90 − ABC

ˆ ˆ
Donc OAC = OCA , ce qui signifie que |OA| = |OC| . De la même

façon, on trouve bien sûr |OA| = |OB| et |OB| = |OC| . L'intersection


des "syhauteurs" n'est donc rien d'autre que le centre du cercle circonscrit
au triangle ABC (et on comprend pourquoi nous avons choisi la notation
O). Les "syhauteurs" ne sont donc que les droites prolongeant les rayons

OA, OB et OC du cercle circonscrit à ABC .

C'est pour cette raison qu'on ne définit pas les "syhauteurs", mais il est tout
de même bon de se souvenir que, dans un triangle ABC d'orthocentre H
et de centre du cercle circonscrit O, les droites OA et H A sont
symétriques par rapport à la bissectrice de A (et de même pour B et C ).

3. Triangle podaire et droite de Simson


Étant donné un triangle ABC et un point P quelconque dans le plan, on
appelle triangle podaire relatif à P le triangle A′ B′ C ′ dont les sommets
A , B et C sont les projections orthogonales de P sur BC , AC et AB,
′ ′ ′

respectivement.
Sur la figure suivante, le point P est à l'intérieur du triangle, mais il peut tout
à fait se situer à l'extérieur.
Les triangles podaires apparaîssent parfois dans des problèmes de
géométrie. Une première remarque que l'on peut toujours faire est que,
dans une telle situation, les quadrilatères AB′ P C ′ , BC ′ P A′ et C A′ P B′
sont toujours cycliques, de diamètres respectifs [AP ], [BP ] et [CP ] .
Cette information permet notamment de trouver les longueurs des côtés du
triangle podaire A′ B′ C ′ en fonction d'autres paramètres. En effet, par la loi
des sinus dans le triangle AB′ C ′ , on a par exemple
′ ′
|B C | = |P A| ⋅ sin A

(où |P A| prend le rôle de 2R dans la loi des sinus).

Observons à présent les propriétés des triangles podaires relatifs à certains


points particuliers du triangle.

1. Si P = O , le centre du cercle circonscrit à ABC , alors comme O se


situe sur les médiatrices des différents côtés, les points A′ , B′ et C ′
sont les milieux des côtés [BC], [AC] et [AB] , respectivement.
Dans ce cas, la situation est très claire. En effet, par Thalès, B′ C ′ est
parallèle à BC , A′ C ′ est parallèle à AC et A′ B′ est parallèle à AB.
Le triangle A′ B′ C ′ est donc semblable à ABC (avec un rapport 2 ).
1

De plus, le point O n'est rien d'autre que l'orthocentre du triangle


A B C , puisque A O est perpendiculaire à BC et donc également à
′ ′ ′ ′

B C . (et de même pour B O et C O ). En fait, on se rend compte que


′ ′ ′ ′

la construction que nous venons de faire est exactement la


construction inverse de celle que nous avons faite pour prouver que les
trois hauteurs d'un triangle sont concourantes.

2. Si P = H , l'orthocentre de ABC , alors les points A′ , B′ et C ′ sont


les pieds des hauteurs issues de A, B et C , respectivement. Le
triangle A′ B′ C ′ est également appelé dans ce cas le triangle
orthique.
Afin que H reste à l'intérieur de ABC , nous supposons dorénavant
que le triangle ABC est acutangle. On peut alors utiliser le fait que
AB H C et C A H B sont cycliques pour trouver :
′ ′ ′ ′

ˆ ′ ′ ˆ′ ∘
H B C = H AC = 90

ˆ
− ABC ,

ˆ ′ ′ ˆ′ ∘
H B A = H CA = 90

ˆ
− ABC .

Nous venons donc de montrer que H est sur la bissectrice de l'angle


ˆ
′ ′
A B C

. De la même manière, il est sur les deux autres bissectrices
du triangle podaire et on en déduit que H est en fait le centre du cercle
inscrit à A′ B′ C ′ . (Attention : cela n'est vrai que si ABC est
acutangle.)

Droite de Simson
Nous parlons de triangle podaire, mais il n'est a priori pas impossible que,
pour un certain choix de P , les points A′ , B′ et C ′ soient alignés ! Dans un
tel cas, on ne parle plus réellement de triangle podaire, mais plutôt de droite
de Simson associée à P . En fait, il existe une condition nécessaire et
suffisante sur P pour que le triangle podaire se transforme en droite de
Simson :

Théorème (droite de Simson)

Soit ABC un triangle et P un point quelconque du plan. Les projections


A , B et C du point P sur les droites BC , AC et AB respectivement
′ ′ ′

sont alignées si et seulement si P appartient au cercle circonscrit au


triangle ABC .

Démonstration

Nous donnons la démonstration en supposant que les différents points


sont situés comme sur la figure suivante (c'est-à-dire tels que B′ ∈ [AC]
et A′ ∈ [BC] mais A ∈ [BC ′ ] ).
Les trois points A′ , B′ et C ′ sont alors alignés si et seulement si
.
ˆ ′ ′ ˆ ′ ′ ∘
P B A + P B C = 180

Or, le quadrilatère P B′
A

C étant cyclique, on a

ˆ ′ ′ ∘ ˆ′
P B A = 180 − P CA

∘ ˆ
= 180 − P CB.

De la même façon, P B′ AC ′ est cyclique et on en déduit

ˆ ′ ′ ˆ′ ∘
P B C = P AC = 180

ˆ
− P AB.

Les trois points sont donc alignés si et seulement si


ˆ
, ce qui revient exactement à dire que P se situe
ˆ ∘
P CB + P AB = 180

sur le cercle circonscrit à ABC .


4. Triangle tangentiel
À un triangle ABC , on peut associer un autre triangle, dit triangle
tangentiel. Pour le définir, il suffit de considérer Γ le cercle circonscrit à
ABC et de tracer les tangentes à Γ en A, B et C . Celles-ci forment un

triangle, et c'est celui-ci que l'on appelle triangle tangentiel.

Lien avec les symédianes


On peut retrouver, en construisant le triangle tangentiel, les symédianes
d'un triangle.

Proposition (triangle tangentiel et symédianes)

Soit A′ B′ C ′ le triangle tangentiel associé à ABC (de sorte que


A ∈ [B C ] , B ∈ [A C ] et C ∈ [A B ] ). Les droites AA , BB et
′ ′ ′ ′ ′ ′ ′ ′

CC sont les symédianes du triangle ABC .


Démonstration

Montrons que AA′ est la symédiane de ABC partant de A. Pour ce


faire, il suffit de prouver que A′ est le milieu d'une antiparallèle à BC .
Traçons donc simplement l'antiparallèle à BC passant par A′ . On note
B l'intersection de celle-ci avec AB et C son intersection avec AC , et
′′ ′′

il faut prouver que |B′′ A′ | = |A′ C ′′ | .


Par définition d'antiparallèle, on a AB
ˆ′′
A
′ ˆ
= ACB et
ˆ ˆ
′′ ′
AC A = ABC . De plus, comme Aˆ

BC
ˆ
= BAC (angles tangentiel
et inscrit), on trouve

ˆ
′′ ′ ∘ ˆ

B BA = 180 − A BC

ˆ ∘ ˆ
− CBA = 180 − BAC

ˆ ˆ ˆ′′ ′
− CBA = ACB = AB A .

On en déduit que BA′ B′′ est isocèle, et de la même façon que CA′ C ′′
est isocèle. On a donc
′ ′′ ′ ′
|A B | = |A B| = |A C|

′ ′′
= |A C |,

comme voulu.

Lien avec le triangle orthique


On peut également remarquer que le triangle tangentiel est semblable au
triangle orthique. En fait, on a plus précisément le résultat suivant.

Proposition (triangles tangentiel et orthique)

Les côtés du triangle tangentiel sont parallèles aux côtés du triangle


orthique.

Démonstration

Notons HA , HB et HC les pieds des hauteurs de ABC . On doit


montrer que HB HC est parallèle à B′ C ′ . Si O désigne le centre du
cercle circonscrit à ABC , on sait que OA est perpendiculaire à B′ C ′ . Il
suffit donc de prouver que OA est également perpendiculaire à HB HC .
Il s'agit en fait d'une simple chasse aux angles. En effet, on a

ˆ ˆ
HB HC A = ACB

car BHC HB C est cyclique et

∘ ˆ
180 − AOB
ˆ
HC AO =
2

∘ ˆ
= 90 − ACB,

d'où HB
ˆ ˆ
HC A + HC AO = 90

, ce qui suffit à prouver que HB HC est
perpendiculaire à AO.
Marquer toute la théorie comme lue

Des questions ? N'hésitez pas à demander de l'aide sur le forum !


Transformations du plan
Prérequis
Triangles
Quadrilatères cycliques

Résumé
Les transformations du plan classiques, à savoir les symétries, rotations,
translations et homothéties, peuvent être très utiles dans la résolution d'un
problème. Les homothéties permettent notamment de montrer des
résultats a priori bien compliqués, comme l'existence de la droite d'Euler et
du cercle d'Euler dans un triangle.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 20 avril 2016.

1. Isométries
Une transformation du plan est, comme son nom l'indique, une
transformation particulière que l'on peut appliquer aux objets dans le plan.
Il existe plusieurs types de transformations du plan, et nous nous penchons
d'abord sur les plus connues : les rotations, translations et symétries
orthogonales. Dans cette section, tous les angles seront orientés.

Rotations
Étant donné un point O du plan et un angle α ∈ [0, 2π[ (en radians), on
peut considérer la rotation de centre O et d'angle α . Intuitivement, il s'agit
de faire tourner le plan autour de O, d'un angle α . Plus précisément et par
définition, l'image d'un point P par la rotation de centre O et d'angle α est
l'unique point P ′ tel que |OP ′ | = |OP | et Pˆ OP = α (en angles

orientés, de sorte qu'il n'y ait qu'un seul tel point et non deux).

Sur la figure suivante, P ′ et Q′ sont les images respectives de P et Q par


rotation de centre O et d'angle α = 45 . Pour trouver P ′ et Q′ , on voit

qu'il suffit de faire tourner P et Q autour de O avec un angle de 45 .


Les rotations ont une propriété fondamentale : ce sont des isométries.

Propriété
Une rotation est une isométrie, c'est-à-dire une transformation qui
préserve les longueurs. Autrement dit, si P ′ et Q′ sont les images de
deux points P et Q par une même rotation, alors |P ′ Q′ | = |P Q| .

Il existe un type de rotation particulier : les symétries centrales. Étant donné


un point O, la symétrie centrale de centre O est un autre nom pour la
rotation de centre O et d'angle π (c'est-à-dire 180∘ ). La symétrie centrale
est plus facile à définir : l'image du point P par la symétrie centrale de
centre O est juste le point P ′ tel que O soit le milieu de [P P ′ ] . Le point
P est alors le symétrique de P par rapport à O.

Translations
Étant donnés deux points X et Y du plan, on peut considérer la translation
appliquant X sur Y . Intuitivement, il s'agit de faire glisser le plan de sorte à
ce que X devienne Y . Plus précisément, l'image d'un point P par la
→ →
translation appliquant X sur Y est l'unique point P ′ tel que P P ′ = XY .
Pour ceux ne connaissant pas la notion de vecteurs, cela signifie
simplement que la flèche reliant P à P ′ doit être exactement la même
(c'est-à-dire de même longueur, direction et sens) que celle reliant X à Y .

Sur la figure suivante, P ′ et Q′ sont les images respectives de P et Q par


la translation appliquant X sur Y .
Propriété

Une translation est une isométrie.

Symétries orthogonales
Étant donnée une droite d du plan, on peut considérer la symétrie
orthogonale d'axe d . Intuitivement, on peut penser à d comme à un miroir.
Par définition, l'image d'un point P par la symétrie orthogonale d'axe d est
l'unique point P ′ tel que P P ′ est perpendiculaire à d et le milieu de [P P ′ ]
se trouve sur d . On dit que P ′ est le symétrique de P par rapport à l'axe d .

Sur la figure suivante, P ′ et Q′ sont les images respectives de P et Q par


la symétrie orthogonale d'axe d .
Propriété

Une symétrie orthogonale est une isométrie. De plus, si P ′ est l'image de


P par une symétrie orthogonale, alors P est l'image de P par cette

même symétrie.

Propriétés
Les rotations, translations et symétries orthogonales partagent un grand
nombre de propriétés, du fait que ce sont des isométries.

Propriétés des isométries

Les isométries conservent :


1. la longueur des segments (par définition d'isométrie) :
|P Q | = |P Q| ;
′ ′
2. l'amplitude des angles : Pˆ ′
Q R = P QR ;
′ ′ ˆ

3. l'alignement des points : si P , Q et R sont alignés, alors P ′ , Q′ et


R sont alignés (c'est un cas particulier du point 2);

4. le parallélisme des droites : si P Q et RS sont parallèles, alors


P Q et R S sont parallèles;
′ ′ ′ ′

5. la perpendicularité des droites : si P Q et RS sont perpendiculaires,


alors P ′ Q′ et R′ S ′ sont perpendiculaires (cas particulier du point
2);
6. le milieu d'un segment : si M est le milieu de [P Q], alors M ′ est le
milieu de [P ′ Q′ ] (conséquence des points 1 et 3);
7. le périmètre et l'aire des figures.
8. ...

Certaines isométries ont des propriétés supplémentaires, qui découlent


généralement de leur définition. On a par exemple que l'image d'une droite
par une translation ou par une symétrie centrale est une droite qui lui est
parallèle.

Classification des isométries


Comme vu plus haut, les rotations, translations et symétries orthogonales
sont des isométries. En fait, il s'agit des seules isométries du plan (à une
petite exception près) !

Classification des isométries du plan

Soit f une isométrie du plan, c'est-à-dire une fonction f : R → R qui


2 2

est une bijection et qui préserve les longueurs.


Si f a trois points fixes non-alignés, alors f est l'identité.
Si f n'est pas l'identité et a au moins deux points fixes A et B, alors
f est la symétrie orthogonale d'axe AB.

Si f a un unique point fixe A, alors f est une rotation de centre A.


Si f n'a pas de point fixe, alors:
soit f est une translation,
soit f est la composée d'une symétrie orthogonale et d'une
translation de vecteur parallèle à l'axe de symétrie.

2. Homothéties
Les homothéties sont d'autres transformations du plan classiques, mais qui
ne sont (généralement) pas des isométries.

Définition
Étant donné un point O du plan et un réel non-nul k , on définit l'homothétie
de centre O et de rapport k . Intuitivement, lorsque k > 1 cela consiste à
zoomer la figure sur le point O (et plus k est grand, plus on zoome). Si
0 < k < 1 alors il s'agit plutôt d'un dézoom de la figure, toujours centré en

le point O. Le cas où k < 0 est un peu plus particulier : nous en


discuterons plus bas.

Définissons d'abord l'homothétie de façon rigoureuse. L'image d'un point P


par l'homothétie de centre O et de rapport k est l'unique point P ′ tel que
→ →
OP

= k ⋅ OP . Pour ceux ne connaissant pas les vecteurs, cela revient à
dire la chose suivante :
Si k > 0 , alors P ′ est le point de la droite OP du même côté de O
que P et tel que |OP ′ | = k ⋅ |OP | .
Si k < 0 , alors P ′ est le point de la droite OP du côté opposé de O
que P et tel que |OP ′ | = |k| ⋅ |OP | .

Sur la figure suivante, P ′ et Q′ sont les images respectives de P et Q par


l'homothétie de centre O et de rapport 2.
Sur la figure suivante, P ′ et Q′ sont les images respectives de P et Q par
l'homothétie de centre O et de rapport −2 .

On remarque qu'appliquer une homothétie de centre O et de rapport k avec


k < 0 revient exactement à effectuer une homothétie de rapport |k| puis

une symétrie centrale.

Propriétés
Mis à part lorsque k = ±1 , on voit qu'une homothétie de rapport k n'est
pas une isométrie. Les homothéties ont toutefois des propriétés similaires
aux isométries.

Propriété des homothéties

Une homothétie de rapport k :


1. multiplie les longueurs par |k| : |P ′ Q′ | = |k| ⋅ |P Q| ;
2. conserve l'amplitude des angles;
3. conserve l'alignement des points;
4. conserve le parallélisme des droites;
5. conserve la perpendicularité des droites;
6. conserve le milieu d'un segment;
7. multiplie les périmètres des figures par |k| et les aires des figures
par k2 ;
8. envoie toute droite sur une droite parallèle.
9. ...

3. Utilisation
Lorsque l'on est en présence d'un problème de géométrie, appliquer à tout
le plan une transformation du type rotation, translation, symétrie
orthogonale ou homothétie n'a pas réellement d'intérêt. En effet, une telle
transformation revient juste à faire tourner la figure, la bouger ou zoomer
dessus, mais cela ne va bien sûr aucunement aider à résoudre le problème.

Pour illustrer la manière dont une telle transformation peut se révéler utile,
considérons le problème suivant.

Problème

On a trois triangles équilatéraux ABC , ADE et AF G comme ci-


dessous, tels que D ∈ [AC] et F ∈ [AE] . Prouver que
ˆ
ˆ = CEG
BDF .
Solution

Cette figure contient beaucoup d'angles de 60∘ , et pour cette raison il est
naturel de songer à utiliser une rotation de 60∘ autour de A. Regardons
les images de certains points de la figure sous une rotation de 60∘ (de
sens trigonométrique) autour de A. On voit que l'image de C est
exactement B, l'image de E est exactement D et l'image de G est
exactement F . Du coup, comme une rotation est une isométrie, elle
préserve les angles et on obtient directement que BDF ˆ
ˆ = CEG ! En
fait, on a même que les triangles BDF et CEG sont isométriques.

Il aurait bien sûr été possible de montrer, sans utiliser de rotation, que les
deux triangles BDF et CEG sont isométriques. Cela aurait cependant
été beaucoup plus laborieux, et remarquer qu'il existe une rotation envoyant
certains points sur d'autres points a ici permis de conclure très rapidement.

Cette technique peut bien sûr être utilisée avec les autres transformations
du plan.

4. Droite d'Euler
Dans un triangle ABC , les quatre points particuliers les plus fréquemment
étudiés sont le centre du cercle circonscrit O, le centre du cercle inscrit I ,
l'orthocentre H et le centre de gravité G. Il s'avère en fait que les points O,
H et G sont toujours alignés, et la droite qu'ils forment s'appelle la droite

d'Euler. Plus précisément, on a le résultat suivant. La démonstration de ce


résultat est aussi intéressante que le résultat lui-même, car elle fait
intervenir une homothétie et donne donc un autre exemple d'utilisation des
transformations du plan.

Théorème (droite d'Euler)

Soit ABC un triangle, O son centre du cercle circonscrit, H son


orthocentre et G son centre de gravité. Alors H , G et O sont alignés
dans cet ordre (c'est-à-dire que G ∈ [OH ] ) et |H G| = 2 ⋅ |GO| .

Démonstration

Sur le dessin ci-dessous, les points M1 , M2 , M3 sont les milieux des


trois côtés et les points H1 , H2 , H3 sont les pieds des trois hauteurs.

Considérons l'homothétie h de centre G et de rapport − 2 . Puisque G se


1

trouve au tiers de chaque médiane, l'image de A par h est M1 , l'image de


B est M2 et l'image de C est M3 .

L'homothétie h envoie donc la hauteur AH1 sur une droite passant par
M1 et qui lui est parallèle. Comme AH1 est perpendiculaire à BC , cette

image doit donc également être perpendiculaire à BC et il ne peut donc


s'agir que de la médiatrice de [BC]. De la même manière, l'image par h
de BH2 est la médiatrice de [AC] et l'image de CH3 est la médiatrice
de [AB] . L'intersection H des trois hauteurs est donc envoyée par h sur
l'intersection des trois médiatrices, à savoir O.

On en déduit directement que H , G et O sont alignés et que


⋅ |GH | .
1
|GO| =
2

5. Cercle d'Euler
Le cercle d'Euler d'un triangle, aussi appelé cercle des neufs points est le
cercle dont l'existence est assurée par la proposition suivante. Nous
conseillons vivement au lecteur d'essayer de comprendre sa démonstration,
qui fait à nouveau intervenir des homothéties.

Existence du cercle d'Euler


Théorème (cercle d'Euler)
Soit ABC un triangle, M1 , M2 , M3 les milieux des côtés [BC], [CA]
et [AB] , H l'orthocentre de ABC , et H1 , H2 , H3 les pieds des
hauteurs relatives à A, B et C . Il existe un unique cercle passant par
M1 , M2 , M3 , H1 , H2 , H3 ainsi que les milieux de [H A] , [H B] et

[H C] . Ce cercle est appelé le cercle d'Euler de ABC , et son centre se

situe sur la droite d'Euler de ABC .

Démonstration

Considérons tout d'abord l'homothétie hG de centre G et de rapport − 2 .


1

Nous avons déjà vu dans le point théorique précédent que hG envoie A,


B et C sur M1 , M2 et M3 respectivement, ainsi que H sur O, le centre

du cercle circonscrit à ABC . En particulier, le cercle circonscrit Γ à


ABC a pour image le cercle circonscrit à M1 M2 M3 . Notons ce dernier

cercle C. Celui-ci passe par M1 , M2 et M3 et on sait déjà que son centre


E est l'image de O par l'homothétie hG . Cela signifie que E se situe sur

la droite d'Euler, et on sait même que |EG| = 12 ⋅ |GO| (avec


G ∈ [OE] ). (1)

Nous devons à présent montrer que le cercle C contient également les six
autres points mentionnés dans l'énoncé. Avant cela, remarquons la chose
suivante. Notons B′ le symétrique de B par rapport à O. Comme O est
le centre de Γ , il est clair que B′ ∈ Γ . De plus, l'image du segment [BH ]
par hG est le segment [M2 O] . Cela signifie que, dans le triangle B′ BH ,
le segment [M2 O] est le segment reliant les milieux de deux côtés. Il en
découle que M2 est le milieu de [B′ H ]. Nous venons donc de montrer
que le symétrique de H par rapport à M2 , qui n'est autre que B′ ,
appartient à Γ . De manière similaire, on trouve en fait que les
symétriques de H par rapport aux trois milieux M1 , M2 , M3 sont tous
sur Γ . (2)

Considérons à présent l'homothétie hH de centre H et de rapport 1

2
.
Nous venons en fait juste de prouver que l'image de B′ par hH est M2 .
De la même manière, M1 et M3 sont les images par hH de deux points
du cercle Γ . Il en découle que C est l'image de Γ par hH . (À noter qu'on a
déjà vu que C était l'image de Γ par hG qui est une toute autre
homothétie ! Tout cela est plutôt magique.) Comme les images de A, B
et C (qui se situent sur Γ ) par hH sont les milieux respectifs de [AH ] ,
[BH ] et [CH ] , on en déduit que ces milieux se trouvent sur C .

Enfin, notons I2 la deuxième intersection de BH avec Γ . Comme [BB′ ]


est un diamètre de Γ , le triangle BI2 B′ est rectangle en I2 . Il s'ensuit
que B′ I2 est parallèle à AC . Comme M2 est le milieu de [B′ H ], cela
signifie que [M2 H2 ] est le segment joignant les milieux de deux côtés
du triangle H B′ I2 et donc en particulier que H2 est le milieu de [H I2 ] .
Les symétriques de l'orthocentre par rapport aux côtés se trouvent donc
tous sur Γ , ce qui est à nouveau un résultat remarquable (3) . L'image de
I2 par hH est donc exactement H2 , et cela implique que H2 ∈ C . De la

même manière, on trouve que H1 et H3 se situent sur C.


Propriétés annexes
Au cours de la preuve précédente, certains résultats annexes sont apparus
(dont les énoncés ne font pas toujours intervenir le cercle d'Euler, ce qui les
rend donc peut-être d'autant plus intéressants). Nous les mettons à
nouveau en évidence ici (voir (1) , (2) et (3) dans la preuve pour les
démonstrations).

Autres propriétés
1. La droite d'Euler contient le centre du cercle d'Euler, et on a
|OG| = 2 ⋅ |GE| (avec G ∈ [EO] ).

2. Les trois symétriques de l'orthocentre par rapport aux milieux des


côtés se trouvent sur le cercle circonscrit.
3. Les trois symétriques de l'orthocentre par rapport aux côtés se
trouvent sur le cercle circonscrit.

À noter que l'on peut retenir les points 2 et 3 en retenant simplement que le
cercle d'Euler est l'image du cercle circonscrit par l'homothétie de centre H
et de rapport 2 . Comme les milieux des côtés et les pieds des hauteurs
1

sont sur le cercle d'Euler, ces résultats en découlent.

Théorème de Feuerbach
Le cercle d'Euler a également la propriété d'être tangent intérieurement au
cercle inscrit et tangent extérieurement aux trois cercles exinscrits au
triangle. Ce résultat est appelé théorème de Feuerbach, et les quatre points
de tangence sont appelés les points de Feuerbach.
Marquer toute la théorie comme lue

Des questions ? N'hésitez pas à demander de l'aide sur le forum !


Inversion et polarisation
Prérequis
Puissances de points
Transformations du plan

Résumé
L'inversion est une transformation du plan particulière qui transforme les
droites en cercles, et réciproquement. Il s'agit d'un outil très puissant qui
permet parfois de venir facilement à bout de problèmes a priori fort
compliqués. Nous nous en servons notamment pour montrer les deux
implications du théorème de Ptolémée. La polarisation, quant à elle, est liée
à l'inversion et associe à tout point du plan une droite (et réciproquement).
Maîtriser les propriétés des polarisations peut également permettre de
faciliter des preuves, comme nous l'illustrons dans ce chapitre sur deux
exemples concrets.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 23 juillet 2016.

1. Inversion
Les inversions sont des transformations du plan très particulières, de par le
fait qu'elles modifient complètement les objets présents sur la figure.
Comme nous allons le voir, les inversions transforment certains cercles en
droites, et c'est une des raisons pour lesquelles elles peuvent être très
utiles. En effet, en présence d'une figure contenant beaucoup de cercles, il
peut parfois se révéler utile d'appliquer une inversion pour transformer la
plupart de ces cercles en droites, objets que l'on maîtrise généralement
mieux. Aussi, comme pour les transformations du plan classiques,
remarquer dans un problème que certains objets sont images de certains
autres par une inversion particulière peut permettre de progresser dans sa
résolution.
Définition
Intuitivement, une inversion de centre O va être telle que les points éloignés
de O en deviendront proches, et vice versa.

Étant donnés un point O du plan et un réel k > 0 , on définit l'inversion de


centre O et de rapport k en disant que l'image d'un point P différent de O
est l'unique point P ′ appartenant au rayon [OP et tel que
|OP | ⋅ |OP | = k . De manière générale, on peut en fait définir l'inversion

de centre O et de rapport k lorsque k < 0 . Celle-ci revient à effectuer


l'inversion de centre O et de rapport |k| puis la symétrie centrale de centre
O.

En général, lorsque l'on désire effectuer une inversion, on ne donne pas


réellement la valeur de k . On précise plutôt l'image d'un point particulier.
Par exemple, si l'on est en présence de trois points O, A et A′ alignés, on
peut parler de l'inversion de centre O envoyant A sur A′ . Cela revient
exactement à dire que l'on considère l'inversion de centre O et de rapport
k = |OA| ⋅ |OA | (ou −|OA| ⋅ |OA | si A et A ne sont pas du même
′ ′ ′

côté de O).

Exemple
Pour bien comprendre la notion d'inversion, observons un exemple. Sur la
figure suivante, nous considérons l'inversion de centre O envoyant A sur
A . Le cercle C de centre O et passant par A est alors logiquement envoyé

sur le cercle C ′ de centre O et passant par A′ . L'image du point B par


l'inversion est notée B′ . Puisque B se situe à l'intérieur de C, on a
|OB| < |OA| . Il découle alors de la définition que B doit vérifier

|OB | > |OA | . C'est pourquoi B se situe à l'extérieur de C . Le plus


′ ′ ′ ′

intéressant, sur cet exemple, est le cas de la droite d = AB . On sait que


l'image de cette droite doit passer par A′ et par B′ . D'autre part, les points
de d se situant très loin de O doivent avoir pour image des points très
proches de O. On dit souvent par abus de langage que "le point à l'infini est
envoyé sur O" et réciproquement que "O est envoyé sur le point à l'infini". Il
est en fait possible de montrer rigoureusement que l'image de la droite d
est exactement le cercle d ′ passant par A′ , B′ et O.

Il découle de la définition d'inversion que si un point P a pour image P ′


(par une certaine inversion), alors le point P ′ a pour image P . Sur
l'exemple ci-dessus, l'image de A′ par l'inversion est donc A, l'image de C ′
est C, l'image de B′ est B, et l'image du cercle d ′ est la droite d .

Propriétés
Nous donnons à présent les propriétés essentielles des inversions. Nous
avons déjà observé certaines de celles-ci sur notre exemple, et nous
conseillons au lecteur de dessiner les nouvelles propriétés pour se
familiariser avec elles.

Propriétés (inversions)

Une inversion de centre O et de rapport k :


1. envoie une droite passant par O sur elle-même;
2. envoie une droite ne passant pas par O sur un cercle passant par O;
3. envoie un cercle centré en O sur un cercle centré en O (en
−−
particulier, le cercle centré en O et de rayon √|k| est envoyé sur lui-
même);
4. envoie un cercle passant par O sur une droite ne contenant pas O;
5. envoie un cercle renfermant O sur un cercle renfermant O;
6. envoie un cercle ne renfermant pas O sur un cercle ne renfermant
pas O.

On a aussi la propriété suivante, dont la démonstration est une application


directe de la définition d'inversion. La figure plus haut permet de mieux
visualiser la propriété.

Propriété

Soient O, A et B trois points non-alignés du plan et k un réel non-nul. Si


A et B sont les images respectives de A et B par l'inversion de centre
′ ′

O et de rapport k , alors les triangles OA B et OBA sont semblables.


′ ′

Démonstration

On a par définition que |OA| ⋅ |OA′ | = |OB| ⋅ |OB |



, donc

|OA| |OB |
ˆ ˆ
=

. Puisque de plus, AOB ′
= A OB

, les triangles
|OB| |OA |

OA B
′ ′
et OBA sont semblables.

2. Théorème de Ptolémée
Comme mentionné précédemment, une manière d'utiliser l'inversion dans la
résolution d'un problème consiste à appliquer une inversion (bien choisie) à
l'entièreté de la figure et à travailler sur la nouvelle figure obtenue plutôt que
sur l'originale. L'idée d'appliquer une inversion de cette façon peut venir
lorsque l'on est en présence d'une figure contenant beaucoup de cercles. En
effet, une inversion pourrait alors transformer certains de ceux-ci en droites
et faciliter les raisonnements.

Pour illustrer cette méthode, nous allons démontrer les deux sens du
théorème de Ptolémée à l'aide d'une inversion. Rappelons son énoncé :

Théorème de Ptolémée

Un quadrilatère (non croisé) ABCD est cyclique si et seulement si

|AC| ⋅ |BD| = |AB| ⋅ |CD|

+ |BC| ⋅ |AD|,

c'est-à-dire si le produit des longueurs de ses diagonales est égal à la


somme des produits des longueurs des côtés opposés.

Nous avions donné la démonstration du sens ⇒ dans le chapitre sur les


quadrilatères cycliques, mais le sens ⇐ n'avait pas été donné car il est
difficile à démontrer sans faire usage d'une inversion. Ceci montre bien la
puissance d'une telle méthode.

Nous démontrons les deux sens du théorème de Ptolémée d'un seul coup.

Démonstration

Considérons l'inversion de centre A et de rapport 1. Les images des


points B, C et D sont notées B′ , C ′ et D′ , comme sur la figure
suivante.
Les points A, B, C, D sont cocycliques si et seulement si les points B′ ,
C et D sont alignés. Cela vient en effet du fait que l'image d'un cercle
′ ′

passant par A par une inversion de centre A est une droite ne passant
pas par A (et vice versa). Or, le fait que B′ , C ′ et D′ sont alignés peut se
traduire par l'égalité |B′ C ′ | + |C ′ D′ | = |B′ D′ | . Nous calculons alors
les longueurs |B′ C ′ |, |C ′ D′ | et |B′ D′ | en fonctions des points
A, B, C, D .

Les triangles ABC et AC ′ B′ sont semblables, ce qui se traduit par


′ ′ ′
|B C | |AB |
= .
|BC| |AC|

Comme |AB′ | ⋅ |AB| = 1 (car on considère l'inversion de centre A et


de rapport 1), il s'ensuit que

|BC|
′ ′
|B C | = .
|AC| ⋅ |AB|

De la même façon, les triangles ACD et AD′ C ′ sont semblables ainsi


que les triangles ABD et AD′ B′ . On obtient donc similairement que

|CD|
et
′ ′
|C D | =
|AC| ⋅ |AD|

|BD|
′ ′
|B D | = .
|AB| ⋅ |AD|

L'égalité |B′ D′ | ′ ′
= |B C | + |C D |
′ ′
est alors équivalente à

|BC|

|AC| ⋅ |AB|

|CD|
+
|AC| ⋅ |AD|

|BD|
= ,
|AB| ⋅ |AD|

qui est elle-même équivalente (en la multipliant par |AB| ⋅ |AC| ⋅ |AD| )
à

|BC| ⋅ |AD| + |CD| ⋅ |AB|

= |BD| ⋅ |AC|.

3. Polarisation
Étant donné un cercle de centre O et de rayon R dans le plan, on peut
également considérer la polarisation par rapport à ce cercle. Ce qui
distingue cette transformation de toutes celles qui ont déjà été étudiées sur
ce site, c'est que l'image d'un point n'est plus un point mais une droite. Il ne
s'agit donc pas réellement d'une transformation du plan qui peut être
appliquée à toute une figure. On dira juste que certaines droites sont les
polaires de certains points, et on essayera d'en déduire des informations
utiles à partir des propriétés de la polarisation.

Définition
Fixons un cercle C de centre O et de rayon R. Étant donné un point P
différent de O, on définit la polaire de P par rapport à C comme suit. Soit
P l'image de P par l'inversion de centre O et de rapport R , c'est-à-dire
′ 2

l'unique point de [OP ) tel que |OP | ⋅ |OP ′ | = R2 . Alors la polaire de P


est définie comme étant la droite perpendiculaire à OP et passant par P ′ .
Si d est la polaire de P par rapport à C, alors on dit aussi que P est le pôle
de d (par rapport à C).

Sur la figure suivante, on considère la polarisation par rapport au cercle de


centre O passant par A. La polaire de A est la droite a tangente au cercle
et passant par A. Les polaires respectives de B et B′ sont les droites b et
b (car, sur cette figure, B est l'image de B par l'inversion de centre O et
′ ′

2
de rapport |OA| ). Un fait important, qui fait appel aux propriétés des
polarisations, est que la polaire du point C (intersection de a et b ) est
exactement la droite c passant par A et B.
Propriétés
Tout comme les inversions, les polarisations ont beaucoup de propriétés
assez naturelles. Celles-ci ne sont pas compliquées à démontrer (et il peut
être bon, comme exercice, d'essayer d'en donner une démonstration). Pour
autant, elles n'en sont pas moins essentielles.

Propriétés (polarisations)

Considérons une polarisation par rapport à un cercle C de centre O et de


rayon R.
1. La polaire d'un point P appartenant à C est la tangente à C en P .
2. La polaire d'un point P intérieur à C est une droite extérieure à C.
3. La polaire d'un point P extérieur à C peut être construite comme suit
: soient S et T les points de tangence des deux tangentes à C issues
de P . Alors la polaire de P est la droite ST .
4. Si un point P se trouve sur la polaire d'un point Q, alors Q se situe
sur la polaire de P .
5. Si deux points A et B ont pour polaires deux droites s'intersectant
en un point C , alors la polaire de C est la droite AB.
6. Les polaires de trois points alignés sont concourantes. (NB : si les
trois points sont également alignés avec O, alors les droites sont
concourantes "à l'infini", ce qui signifie qu'elles sont parallèles.)

Une autre propriété utile, mais moins évidente, est la suivante. Une façon de
la prouver est d'utiliser le théorème de Pascal.

Propriété

7. Soient A, B, C, D quatre points sur un cercle C. On note P


l'intersection de AB et CD , Q l'intersection de AC et BD , et R
l'intersection de AD et BC (en supposant qu'elles existent). Alors
la polaire de P par rapport à C est la droite QR.

À noter que les points A, B, C, D peuvent être dans un ordre quelconque


sur le cercle. Cela signifie donc que la polaire de Q est P R et que la polaire
de R est P Q.
Utilisation
Comme d'habitude, remarquer dans un problème qu'une certaine droite est
la polaire d'un certain point (par rapport à un certain cercle) peut donner
l'idée d'étudier cette polarisation plus en profondeur et de regarder quels
sont les polaires des points de la figure. Dans le point théorique suivant,
nous donnons deux exemples d'applications d'une polarisation qui
permettent de résoudre un problème de géométrie.

Avant cela, signalons le fait remarquable suivant : dans un triangle, la


polaire du point de Lemoine par rapport au cercle circonscrit au triangle est
exactement la droite de Lemoine du triangle. Les définitions du point et de
la droite de Lemoine sont données dans les chapitres Triangles (suite) et
Cercles d'Apollonius respectivement.

4. Exemples d'application
Considérons le problème suivant.

Problème

Soit C un cercle et [U V ] un de ses diamètres. On prend P et Q deux


points sur C, du même côté de U V et avec P plus proche de U que Q.
Les tangentes à C par P et Q s'intersectent en R. Si S est le point
d'intersection de U P et V Q , alors montrer que RS est perpendiculaire à
UV .
Solution
Il s'agit typiquement du genre de problème où la polarisation pourrait être
utile : il y a un cercle, des tangentes à ce cercle, et il faut démontrer
qu'une droite (RS ) est perpendiculaire à un certain diamètre (U V ). En
termes de polarisation, cette thèse signifie que RS doit être la polaire par
rapport à C d'un point appartenant à U V .

Il est donc naturel de considérer la polarisation par rapport à C et


d'essayer de prouver que RS est la polaire d'un point particulier de U V .
Autrement dit, il suffit de prouver que le pôle de la droite RS se situe sur
U V . Nous savons déjà que la polaire de R est exactement P Q (voir

point 3 dans les premières propriétés des polaires). Cela signifie que le
pôle de RS se situe sur P Q (voir point 4). De plus, par le point 7, la
polaire de S est la droite d passant par P Q ∩ U V et P V ∩ U Q. À
nouveau par le point 4 cela signifie que le pôle de RS se situe sur cette
droite d . De ces deux constatations, il découle que le pôle de RS est le
point d'intersection de P Q et de d . Comme la droite d passe par
P Q ∩ U V , l'intersection de ces deux droites est P Q ∩ U V . On a donc

bien démontré que le pôle de RS se situe sur U V , ce qui implique que


RS est perpendiculaire à U V .

Notez que cet argument ne fonctionne pas quand P Q est parallèle à U V


(car on ne peut alors pas appliquer le point 7). Cependant, si P Q est
parallèle à U V alors la figure est complètement symétrique et il est
évident que RS est la médiatrice de [U V ].

Voici un autre problème, un peu plus compliqué :

Problème (China Western Math Olympiad 2006)

Soit C un cercle de centre O, et [AB] un diamètre de C. Soit C un point


de AB en dehors de [AB] , plus proche de B que de A. Une droite
passant par C coupe C en D et E . Le point F est défini de sorte que

[OF ] soit un diamètre du cercle circonscrit C au triangle BOD . Enfin, la

droite CF intersecte C à nouveau en G. Montrer que les points
O, A, E, G sont cocyliques.
Démonstration

La situation du point C peut donner envie de s'intéresser à sa polaire par


rapport à C. Par le point 7, on sait que cette polaire est la droite passant
par P = AE ∩ DB et Q = EB ∩ DA . De la même manière, la polaire
de P est CQ. En particulier, CQ est perpendiculaire à OP .

Notons R l'intersection de ces deux droites perpendiculaires CQ et OP .


Sur le dessin ci-dessous, il semble que R coïncide avec G ! Si R est
effectivement égal à G, alors en particulier G se situe sur OP et on a
successivement |P E| ⋅ |P A| = |P D| ⋅ |P B| , ce qui implique que
= |P G| ⋅ |P O|

AEGO est cyclique et termine le problème (on a ici utilisé les


puissances de P par rapport aux différents cercles). Il suffit donc pour
conclure de prouver que R = G .
On a QRP
ˆ
= 90
∘ ˆ
= QEP (notez que Q est l'orthocentre de ABP ),
ˆ
= QDP

donc les points P , D, Q, R, E sont cocycliques. Donc


. Ainsi, le point R se situe sur C . Mais on a
ˆ ′
ˆ = DEP
DRP ˆ = ABP

ˆ
= OBD

aussi CRO = 90 , donc R se situe sur le cercle de diamètre [CO] .


ˆ ∘

C'est aussi le cas de G : il appartient à C par définition et on a


. Puisque le cercle de diamètre [CO] n'intersecte


ˆ ˆ ∘
CGO = F GO = 90

C

qu'en un seul point différent de O, on en conclut que R = G .

(Ces deux problèmes et leurs solutions proviennent de ce PDF. D'autres


problèmes utilisant la polarisation s'y trouvent également et peuvent être
consultés pour approfondir son entraînement.)
Marquer toute la théorie comme lue
Des questions ? N'hésitez pas à demander de l'aide sur le forum !
Cercles d'Apollonius
Prérequis
Triangles (suite)

Résumé
Étant donné un triangle, on peut définir trois cercles particuliers associés à
celui-ci, appelés cercles d'Apollonius. Ceux-ci ont des propriétés
intéressantes et sont par exemple étroitement liés à la notion de triangle
podaire. Connaître l'existence de ces cercles ainsi que leurs propriétés peut
être d'une grande aide dans la résolution de problèmes, qu'ils soient
basiques ou avancés.

Ce chapitre a été écrit par N. Radu et mis en ligne le 7 mars 2015.

1. Définition
Étant donné un triangle ABC , on peut tracer trois cercles particuliers. On
définit en effet le A-cercle d'Apollonius comme étant le lieu des points X
tels que

|XB| |AB|
= .
|XC| |AC|

On définit le B-cercle d'Apollonius et le C -cercle d'Apollonius de la même


manière.

Il n'est a priori pas évident que ces lieux sont effectivement des cercles,
mais il s'agit en fait d'un simple exercice de géométrie analytique. Cela dit,
ces cercles se dégénèrent parfois en une droite. Plus précisément, le A-
cercle d'Apollonius prend la forme d'une droite si et seulement si
|AB| = |AC| et il s'agit simplement dans ce cas de la médiatrice de

[BC] .
Ces cercles sont intéressants de par leurs propriétés. Intéressons-nous de
plus près au A-cercle d'Apollonius. Par définition, on voit déjà directement
qu'il passe par le point A. D'autre part, le théorème de la bissectrice nous
apprend également que ce cercle passe par A′ , l'intersection de la
bissectrice intérieure de A avec BC , et A′′ , l'intersection de la bissectrice
extérieure de A avec BC . Puisque Aˆ

AA = 90 , il s'agit donc
′′ ∘

simplement du cercle de diamètre [A′ A′′ ]. Ce cercle est représenté à


droite sur la figure suivante.

Les trois cercles d'Apollonius associés à un triangle.

Comme on peut le voir sur cette figure, les trois cercles semblent se couper
en exactement deux points. On peut en fait démontrer ce résultat sans trop
de peine.
Proposition (cercles d'Apollonius)

Les trois cercles d'Apollonius d'un triangle (non équilatéral) se


rencontrent en exactement deux points.

Démonstration

Soit ABC un triangle non équilatéral, disons avec |AB| ≠ |AC| . Par
définition, on a directement que si un point appartient à deux des cercles,
alors il appartient au troisième. En effet, si

|XB| |AB|
=  et 
|XC| |AC|

|XA| |CA|
= ,
|XB| |CB|

alors il suffit de multiplier les deux égalités pour obtenir la troisième :

|XA| |BA|
= .
|XC| |BC|

Or, on se convainc facilement que les cercles ne sont pas tangents ni


disjoints. En effet, comme |AB| ≠ |AC| le A-cercle d'Apollonius est
bien un cercle. De plus, on a soit C ∈ [A′ A′′ ] , soit B ∈ [A′ A′′ ] , ce qui
signifie que B ou C est à l'intérieur du A-cercle d'Apollonius. Puisque B
et C sont chacun sur un des autres cercles, on a forcément deux points
d'intersection.

Dans le cas particulier où le triangle est équilatéral, les trois "cercles" sont
les trois médiatrices du triangle et ils se rencontrent donc en un unique
point.

2. Triangle podaire
Il existe un lien entre les cercles d'Apollonius et la notion de triangle
podaire. Rappelons que si ABC est un triangle et P un point, le triangle
podaire A′ B′ C ′ est défini en considérant les projections de P sur les trois
côtés du triangle, comme dans la figure suivante.

Comme nous l'avons déjà constaté, les longueurs des côtés de A′ B′ C ′


sont données par les formules suivantes

′ ′ ^
|B C | = |P A| ⋅ sin A,

′ ′ ^
|C A | = |P B| ⋅ sin B,

′ ′ ^
|A B | = |P C| ⋅ sin C .

On peut notamment en déduire que |A′ B′ | ′


= |A C |

si et seulement si

′ ′ ^
|A B | |P C| ⋅ sin C
1 = =
′ ′
|A C | ^
|P B| ⋅ sin B

|P C| ⋅ |AB|
= ,
|P B| ⋅ |AC|

c'est-à-dire si et seulement si
|P C| |AC|
= .
|P B| |AB|

Nous venons donc de prouver le résultat suivant :

Résultat

Soit ABC un triangle et P un point. Le triangle podaire A′ B′ C ′ issu de


P est isocèle en A si et seulement si P se situe sur le A-cercle

d'Apollonius de ABC . En particulier, le triangle A′ B′ C ′ est équilatéral si


et seulement si P est l'un des deux points d'intersection des trois cercles
d'Apollonius.

Il n'y aura bien sûr jamais un énoncé de géométrie contenant le terme


Cercle d'Apollonius, mais l'intérêt de ceux-ci est que leur connaissance peut
permettre de trouver plus rapidement une solution à un problème. Par
exemple, si un triangle podaire est construit d'une façon ou d'une autre
dans un énoncé (en projetant un même point P sur plusieurs droites) et si
celui-ci se révèle être isocèle, alors on peut directement en conclure que P
est sur le cercle d'Apollonius correspondant. On a donc un cercle passant
par P et plusieurs points remarquables, ce qui peut permettre de continuer
avec une chasse aux angles, des puissances de points ou d'autres outils
habituels...

3. Droite de Lemoine
Nous avons vu comment obtenir un diamètre du A-cercle d'Apollonius : il
suffit de prendre l'intersection de la bissectrice intérieure de A avec BC
puis l'intersection de sa bissectrice extérieure avec BC . Le centre OA de
ce cercle est donc pour le moment juste caractérisé comme étant le milieu
de ce diamètre. En fait, ce centre peut être construit d'une autre manière : il
se situe sur un des côtés du triangle tangentiel associé à ABC .

Proposition (centre d'un cercle d'Apollonius)


Soit ABC un triangle tel que |AB| ≠ |AC| et soit Γ le cercle
circonscrit à ABC . La tangente à Γ en A coupe la droite BC en le
centre du A-cercle d'Apollonius de ABC .

Démonstration

Notons X l'intersection de la tangente à Γ en A avec la droite BC . On


désire montrer que X est le milieu de [A′ A′′ ], où A′ est l'intersection de
la bissectrice intérieure de A avec BC et A′′ est l'intersection de la
bissectrice extérieure de A avec BC .

En utilisant l'égalité d'angles tangentiel et inscrit, on a

ˆ′ ˆ ˆ′
XAA = XAC + CAA

ˆ ˆ′ ∘
= ABC + A AB = 180

ˆ ′ ˆ ′ ˆ′
− AA B = AA C = AA X

On en déduit que le triangle AXA′ est isocèle. Aussi, le triangle AXA′′


est également isocèle puisque

ˆ ′′ ∘ ˆ ′
X A A = 90 − X A A

∘ ˆ′ ˆ′′
= 90 − XAA = XAA .

On a donc la suite d'égalités


′ ′′
|X A | = |XA| = |X A |,

ce qui signifie que X est bien le milieu de [A′ A′′ ] et donc le centre du A-
cercle d'Apollonius.

De la même façon, pourvu que ABC n'est pas isocèle on peut construire le
centre OB du B-cercle d'Apollonius et le centre OC du C -cercle
d'Apollonius. Les trois centres sont alignés : cela découle du fait que les
trois cercles ont exactement deux points communs. La droite de Lemoine
est alors définie comme la droite passant par ces trois centres. Elle est
représentée en rouge sur la figure suivante. Le cercle circonscrit au triangle
ABC ainsi que ses trois tangentes en A, B et C sont représenté en

pointillés. Le triangle formé par ces trois tangentes est bien sûr le triangle
tangentiel associé à ABC .

La droite de Lemoine porte le même nom que le point de Lemoine, que


nous avons précédemment défini comme étant l'intersection des
symédianes du triangle ABC . Cela n'est pas une coïncidence : en fait, la
droite de Lemoine est la polaire du point de Lemoine par rapport au cercle
circonscrit à ABC . (La définition de polaire est donnée dans ce chapitre).
Marquer toute la théorie comme lue

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Rapports anharmoniques
Prérequis
Rapports de section

Résumé
Étant donnés quatre points alignés, on peut leur associer un nombre réel
appelé leur rapport anharmonique. Il existe beaucoup de situations
naturelles où quatre points particuliers ont un rapport anharmonique égal à
−1 : on dit dans ce cas-là qu'ils forment une division harmonique. Ces

notions peuvent se révéler très utiles pour prouver que trois points sont
alignés ou que trois droites sont concourantes. Nous illustrons cela en
démontrant notamment les théorèmes de Pascal, de Pappus et de
Desargues.

Ce chapitre a été écrit par P. Alphonse et N. Radu et mis en ligne le 1


janvier 2018.

1. Définitions
Rapport anharmonique de 4 points alignés
Étant donnés 4 points distincts A, B, C, D sur une même droite, on définit
le rapport anharmonique (A, B; C, D) comme suit. Rappelons que
lorsque X, Y , Z, T sont quatre points avec XY parallèle à ZT , le rapport
¯
¯¯¯¯¯¯¯¯
|XY | |XY |
orienté est défini comme étant égal à ou − selon que
XY
¯
¯¯¯¯¯¯
¯
ZT |ZT | |ZT |

[XY ) et [ZT ) pointent dans le même sens ou non. La notion de rapport de


section est également définie à partir de rapports orientés, voir le chapitre à
ce sujet.

Définition (rapport anharmonique de 4 points)


Le rapport anharmonique de quatre points A, B, C, D distincts alignés,
aussi appelé birapport, est défini par

rDC (A)
(A, B; C, D) =
rDC (B)

¯
¯¯¯¯¯¯¯
AC
¯
¯¯¯
¯¯¯
¯¯
AD
= .
¯
¯¯¯¯¯¯¯
BC
¯
¯¯¯
¯¯¯
¯¯
BD

Il dépend de l'ordre dans lequel les points A, B, C, D sont considérés.

Comme toutes premières propriétés du rapport anharmonique, on peut voir


que les formules suivantes sont vérifiées :

(B, A; C, D)

1
=
(A, B; C, D)

(C, D; A, B) = (A, B; C,

D)

Lorsqu'on parle du rapport anharmonique (A, B; C, D) , on imagine


souvent que C et D sont fixés et qu'on regarde la position de A et B par
rapport à ces deux points C et D fixés. La deuxième égalité ci-dessus
montre que regarder A et B par rapport à C et D revient en fait au même
que regarder C et D par rapport à A et B.

Division harmonique
Lorsque le rapport anharmonique de quatre points vaut −1 , on parle de
division harmonique :

Définition (division harmonique)


On dit que quatres points alignés A, B, C, D forment une division
harmonique si (A, B; C, D) = −1 . On dit aussi que B est le conjugué
harmonique de A par rapport à C, D .

Dans le cas d'une division harmonique, il faut seulement préciser quelle


paire de points (ici A, B) est comparée à quelle autre paire (ici C, D ). En
effet, A, B, C, D forment une division harmonique si et seulement si l'une
des quantités (A, B; C, D) , (B, A; C, D) , (A, B; D, C) , (B, A; D, C) ,
(C, D; A, B) , (D, C; A, B) , (C, D; B, A) , (D, C; B, A) est égale à

−1 .

Si C et D sont fixés, alors tout point de la droite CD (différent de C et D )


possède un unique conjugué harmonique par rapport à C, D , à l'exception
du milieu M de [CD] qui n'en possède pas. De plus, le conjugué d'un point
sur le segment [CD] se trouve à l'extérieur de [CD], et vice versa. Cela
découle des propriétés du rapport de section : on a vu que la fonction
X ↦ rDC (X) définit une bijection entre les points de DC différents de

D et les réels différents de 1 . Comme rDC (M ) = −1 , M ne possède pas

de conjugué harmonique par rapport à C, D : il n'existe aucun X tel que


rDC (X) = 1 .

Rapport anharmonique de 4 droites concourantes


Il est aussi possible de définir le rapport anharmonique de 4 droites
concourantes. La définition se base sur la propriété suivante :

Proposition (définition du rapport anharmonique de 4 droites)

Soit O un point et a, b, c, d quatre droites distinctes passant par O. Soit


ℓ une droite ne passant pas par O et qui n'est pas parallèle à a, b, c ou d .

On note A, B, C, D les intersections de ℓ avec a, b, c et d . Alors le


rapport anharmonique (A, B; C, D) ne dépend pas de la droite ℓ
choisie. Cette quantité est appelée le rapport anharmonique (a, b; c, d)
des droites a, b, c, d .
Démonstration

En utilisant la loi des sinus dans les triangles OAC , OAD , OBC et
OBD , on trouve la formule suivante, où les angles sont orientés :

ˆ
sin AOC

ˆ
sin AOD
(A, B; C, D) =
ˆ
sin BOC

ˆ
sin BOD

Intuitivement la preuve est terminée, puisque cette quantité ne dépend


pas de la droite ℓ choisie (mais uniquement des angles que les droites
a, b, c, d forment entre elles). Il y cependant une subtilité à laquelle il faut

faire attention : chaque point A, B, C , D peut se situer d'un côté de O ou


de l'autre (sur sa droite a, b , c , d ). Les sinus des angles dans la formule
ci-dessous, en valeur absolue, ne dépendent pas de la droite ℓ , mais leurs
signes peuvent changer ! Une analyse plus détaillée des cas montre
toutefois que le signe de (A, B; C, D) reste toujours le même,
indépendamment de ℓ .
Faisceau harmonique
La définition suivante est l'équivalent de la division harmonique pour les
droites concourantes :

Définition (faisceau harmonique)

Quatre droites concourantes a, b, c, d forment un faisceau harmonique si


(a, b; c, d) = −1 . On dira également que a et b sont conjugués

harmoniques par rapport à c, d .

2. Dans la nature
Des divisions harmoniques apparaissent naturellement dans diverses
situations.

Bissectrices intérieures et extérieures


La première illustration est très simple :

Propriété (bissectrices)

Si d et d ′ sont deux droites sécantes, alors les deux bissectrices des


angles qu'elles forment sont conjuguées harmoniques par rapport à
d, d .

Démonstration

Cela découle directement de la formule vue précédemment donnant le


rapport anharmonique de 4 droites en fonction des sinus des angles
qu'elles forment entre elles.

Dans un triangle ABC , on peut prendre d = AB et d ′ = AC , et le


^
résultat nous indique que la bissectrice extérieure de A est conjuguée
^
harmonique de la bissectrice intérieure de A par rapport aux deux côtés
AB et AC . Si |AB| ≠ |AC| et si X (respectivement Y ) désigne

^
l'intersection de la bissectrice intérieure (respectivement extérieure) de A
avec BC , on en déduit que X, Y , B, C forment une division harmonique.
Pour ceux ayant vu la théorie des cercles d'Apollonius, on peut voir ici un
lien clair : on sait que les points X et Y appartiennent au A-cercle
d'Apollonius, et la définition de ce cercle donne immédiatement que X et Y
sont conjugués harmoniques par rapport à B, C .

Tangentes à deux cercles


Considérons maintenant une toute autre situation : deux cercles C et C

extérieurs l'un à l'autre, de centres O et O′ et de rayons différents. On


dessine les quatre droites qui sont tangentes aux deux cercles, et on
considère les intersections X, Y qui se situent sur OO′ (voir figure ci-
dessous).
Le lecteur averti aura deviné l'énoncé de la propriété suivante :

Propriété (tangentes à deux cercles)

Dans la configuration ci-dessus, les points X et Y sont conjugués


harmoniques par rapport à O, O′ , autrement dit (X, Y ; O, O′ ) = −1 .

Démonstration

En considérant les points de tangences des droites considérées avec les


deux cercles, on s'aperçoit immédiatement par triangles semblables que
|XO|
où R et R′ sont les rayons des cercles C et C . De la même
R ′

= ′
|X O | R

|Y O|
façon on obtient que également. Cela montre que
R

= ′
|Y O | R

(X, Y ; O, O ) = −1

(par la définition du rapport anharmonique de ces
quatre points).

Quadrilatère complet
Un quadrilatère complet est un quadrilatère convexe ABCD dont les
côtés ne sont pas parallèles et auquel on ajoute l'intersection E de AB et
CD et l'intersection F de BC et DA , comme sur la figure ci-dessous. Une

droite reliant deux des points A, B, C, D, E, F et qui n'est pas déjà


dessinée est alors appelée une diagonale du quadrilatère complet. Il y a
trois diagonales : AC , BD et EF .

Il s'avère alors que chacune des trois diagonales est coupée


harmoniquement par les deux autres :
Proposition (quadrilatère complet)

Soit A, B, C, D, E, F six points formant un quadrilatère complet


comme ci-dessus. Désignons par I l'intersection de AC et BD , par J
l'intersection de BD et EF , et par K l'intersection de EF et AC . Alors
(I , J ; B, D) = −1 , (J , K; E, F ) = −1 et (K, I ; A, C) = −1 .

Démonstration

Nous allons prouver que (I , J , B, D) = −1 , les autres égalités ayant


des preuves similaires.
Nous devons montrer que I , J , B, D forment une division harmonique,
et nous allons en fait montrer que les droites EI , EJ , EB, ED forment
un faisceau harmonique. Pour cela, considérons la droite d passant par
E qui est la conjuguée harmonique de EJ par rapport à EB et ED . Il

s'agirait de montrer que d n'est autre que EI . Notons X l'intersection de


d avec BC et Y l'intersection de d avec AD . Comme les droites d , EJ ,

EB , ED forment un faisceau harmonique, on déduit que

(X, F ; B, C) = −1 et (Y , F ; A, D) = −1 . Donc

(I X, I F ; I B, I C) = −1 et (I Y , I F ; I A, I D) = −1 . La première

égalité signifie que I X est conjuguée harmonique de I F par rapport à


I B, I C , et la deuxième que I Y est conjuguée harmonique de I F par

rapport à I A, I D . Mais les paires I B, I C et I A, I D sont les mêmes,


donc I X et I Y sont toutes deux conjuguées harmoniques de I F par
rapport à la même paire de droite. Par unicité du conjugué harmonique,
on en déduit que I X = I Y , autrement dit I se situe sur XY = d
comme voulu.

Il est aussi possible de prouver la propriété ci-dessus en utilisant les


théorèmes de Ceva et Ménélaüs. Mais il est également possible d'utiliser
cette propriété pour démontrer Ceva à partir de Ménélaüs (ou le contraire).

Droite d'Euler
Dans le chapitre sur les transformations du plan, nous avons vu que la
droite d'Euler d'un triangle est une droite particulière passant par le centre
du cercle circonscrit O, l'orthocentre H , le centre de gravité G, mais aussi
le centre du cercle d'Euler E . En fait, il s'avère que les points G, H , O, E
forment une division harmonique ! En effet, si on note x = |GE| , alors
nous avons vu dans le chapitre en question que |GO| = 2 ⋅ |GE| = 2x et
|H G| = 2 ⋅ |GO| = 4x . Nous avons donc

|GO| 2x
= = 2  et 
|GE| x

|H O| |GH | + |GO|
=
|H E| |GH | − |GE|

6x
= = 2,
3x

ce qui montre que (G, H ; O, E) = −1 .

3. Théorèmes de Pascal et Pappus


Dans cette section nous expliquons comment les rapports anharmoniques
peuvent être utilisés pour démontrer les théorèmes de Pascal et de Pappus.
Cela nécessite d'abord de mettre en évidence quelques propriétés
intéressantes des rapports anharmoniques.

Droites concourantes
Nous avons vu que deux droites sécantes à quatre mêmes droites
concourantes donnent le même rapport anharmonique entre les points
d'intersection. Ci-dessous nous formulons une sorte de réciproque qui peut
se révéler bien pratique : si nous observons un même rapport
anharmonique dans une situation bien précise, alors on peut en déduire que
les droites reliant les points concernés sont concourantes.

Proposition
Soit ℓ et ℓ′ deux droites sécantes s'intersectant en A. Considérons
B, C, D trois points sur ℓ et B , C , D trois points sur ℓ . Si
′ ′ ′ ′

(A, B; C, D) = (A, B ; C , , alors les droites BB , CC et DD sont


′ ′ ′ ′ ′


D )

concourantes.

Démonstration

Notons O le point d'intersection de CC ′ et DD′ , et désignons par B′′


l'intersection de OB avec ℓ′ . On sait que (A, B; C, D) = (A, B′′ ; C ′ , ,

D )

et par hypothèse que (A, B; C, D) ′


= (A, B ; C ,

. Donc

D )

(A, B ; C , D )
′ ′
, et par unicité du conjugué harmonique on en déduit
′′ ′ ′
= (A, B ; C , D )

que B′ = B′′ . Donc O ∈ BB′ , ce qui montre que les trois droites BB′ ,
CC et DD sont concourantes.
′ ′

Rapport anharmonique sur un cercle


Lorsque quatre points A, B, C, D appartiennent à un même cercle, on
peut parler de leur rapport anharmonique (A, B; C, D) grâce à la propriété
suivante :

Proposition (définition du rapport anharmonique de 4 points


cocycliques)

Soit A, B, C, D quatre points sur un même cercle, et P un cinquième


point sur le cercle. Alors le rapport anharmonique (P A, P B; P C, P D)
ne dépend pas du point P choisi. On parle alors du rapport
anharmonique des quatre points cocycliques A, B, C, D .

Démonstration
Le sinus de AP
ˆ
C ne dépend pas de P lorsque P varie sur le cercle. Il en

est de même pour sin AP


ˆ
D , sin BP C et sin BP D , de sorte que la
ˆ ˆ

formule que nous avons vue avec les sinus donne toujours la même
valeur pour (P A, P B; P C, P D) .

Théorème de Pascal
Le théorème de Pascal s'énonce comme suit, et possède une
démonstration très simple en utilisant les rapports anharmoniques.

Théorème de Pascal

Soit ABCDEF un hexagone inscrit dans un cercle, dont les côtés


opposés ne sont pas parallèles. Désignons par X l'intersection des côtés
opposés AB et DE , par Y l'intersection des côtés opposés BC et EF ,
et par Z l'intersection des côtés opposés CD et F A. Alors X , Y et Z
sont alignés.
Démonstration

Le rapport anharmonique des quatre points cocycliques A, E, C, B est à


la fois égal à (DA, DE; DC, DB) et à (F A, F E; F C, F B) . En
considérant la droite AB qui est sécante aux quatre droites DA , DE ,
DC et DB , on trouve que (DA, DE; DC, DB) . D'autre part, en

= (A, X; U , B)

considérant la droite BC qui est sécante aux quatre droites F A, F E,


F C et F B, on trouve que (F A, F E; F C, F B) . On déduit des égalités

= (V , Y ; C, B)

obtenues que
(A, X; U , B) = (V , Y ; C,

B).

Le point B est commun à ces deux rapports anharmoniques. Il découle


donc de la propriété vue plus haut que les droites AV , XY et U C sont
concourantes. Mais AV et U C s'intersectent en Z , donc cela signifie
que X , Y et Z sont alignés.

Le théorème de Pascal tel qu'énoncé ci-dessus possède en fait une


réciproque : si un hexagone est tel que les intersections des côtés opposés
sont alignées, alors l'hexagone est inscrit dans une conique. Cela dépasse
cependant le cadre de ce site : on s'intéresse rarement aux coniques autres
que les cercles (et il n'est pas nécessaire de savoir ce qu'on entend par
conique ici).

Théorème de Pappus
Le théorème de Pappus est très similaire au théorème de Pascal, sauf qu'au
lieu d'avoir six points sur un cercle, on a trois points sur une droite et trois
autres sur une autre droite. En fait, ces deux droites peuvent être vues
comme une conique dégénérée (voir remarque précédente), mais ce n'est
pas important pour nous.

Théorème de Pappus

Soit A, B, C trois points alignés, et A′ , B′ , C ′ trois autres points


alignés. Désignons par X l'intersection de BC ′ et B′ C , par Y
l'intersection de AC ′ et A′ C , et par Z l'intersection de AB′ et A′ B
(pourvu qu'elles existent). Alors X , Y et Z sont alignés.
Démonstration

Nous donnons la démonstration dans le cas où les deux droites définies


par A, B, C et A′ , B′ , C ′ sont sécantes en un point P . Dans la preuve
du théorème de Pascal, on remplace les points A, B, C, D, E, F par les
points A, B′ , C, A′ , B, C ′ respectivement. Pour que la même preuve
donne le résultat, il suffit alors de voir que
′ ′ ′ ′ ′
(A A, A B; A C, A B )

′ ′ ′ ′ ′
= (C A, C B; C C, C B ),

qui constituait la première étape de la preuve. Or on voit facilement que


les quatre droites A′ A , A′ B , A′ C et A′ B′ intersectent la droite définie
par A, B, C en les points A, B, C et P respectivement. Et il en est de
même pour les quatre droites C ′ A, C ′ B , C ′ C et C ′ B′ , donc dans les
deux cas la valeur du rapport anharmonique des quatre droites est
(A, B; C, P ) .
Dans les théorèmes de Pascal et de Pappus, on suppose que les
intersections existent toujours. Nous allons voir dans la partie "plan
projectif réel" de ce chapitre que ces conditions ne sont en fait pas
nécessaires et que les théorèmes restent vrais dans les cas dégénérés.

4. Théorème de Desargues
Le théorème de Desargues peut également se démontrer via les rapports
anharmoniques :

Théorème de Desargues

Soit ABC et A′ B′ C ′ deux triangles. Supposons que BC et B′ C ′


s'intersectent en P , que AC et A′ C ′ s'intersectent en Q, et que AB et
A B s'intersectent en R. Alors les points P , Q, R sont alignés si et
′ ′

seulement si les droites AA′ , BB′ et CC ′ sont concourantes ou


parallèles.

Démonstration
Pour plus de simplicité nous supposerons que les droites en
considération ne sont jamais parallèles.

Supposons dans un premier temps que AA′ , BB′ et CC ′ sont


concourantes en un point O. On désire montrer que P , Q et R sont
alignés.
On calcule le rapport anharmonique des droites RA, RA′ , RO et
RQ de deux manières différentes, en considérant les sécantes AA

et BB′ . On trouve :
′ ′
(A, A ; O, AA ∩ RQ)


= (RA, RA ; RO, RQ)

′ ′
= (B, B ; O, BB

∩ RQ).

De façon similaire, on calcule le rapport anharmonique des droites


QA, QA , QO et QR de deux manières différentes, en considérant

les sécantes AA′ et CC ′ :


′ ′
(A, A ; O, AA ∩ QR)


= (QA, QA ; QO, QR)

′ ′
= (C, C ; O, C C

∩ QR).

On déduit des deux égalités précédentes que


′ ′
(B, B ; O, BB ∩ RQ)

′ ′
= (C, C ; O, C C

∩ QR).

Le point O étant commun à ces deux rapports anharmoniques, on en


déduit que les droites BC , B′ C ′ et J K sont concourantes, où
J = BB ∩ QR et K = C C ∩ QR . Clairement J K = QR , et
′ ′

comme l'intersection de BC et B′ C ′ est P par définition, on en


déduit que P se situe sur QR, comme voulu.
Nous montrons maintenant la réciproque. On suppose que P , Q, R
sont alignés, et on désire prouver que AA′ , BB′ et CC ′ sont
concourantes. Nous désignons par O l'intersection de AA′ et BB′ ,
et notre but est de montrer que CC ′ passe par O.
Comme ci-dessus, on a l'égalité
′ ′
(A, A ; O, AA ∩ RQ)


= (RA, RA ; RO, RQ)

′ ′
= (B, B ; O, BB

∩ RQ).

D'autre part, si on calcule le rapport anharmonique des droites QA,


QA , QO et QR à partir des sécantes AA et CO , on obtient
′ ′

′ ′
(A, A ; O, AA ∩ QR)


= (QA, QA ; QO, QR)


= (C, CO ∩ QA ; O,

CO ∩ QR).

Finalement, le rapport anharmonique des droites P B, P B′ , P O et


P Q se calcule à partir des sécantes BB et CO et on trouve

′ ′
(B, B ; O, BB ∩ P Q)


= (P B, P B ; P O, P Q)


= (C, CO ∩ P B ; O,

CO ∩ P Q).

En utilisant les trois égalités précédentes, on obtient que



(C, CO ∩ QA ; O, CO

∩ QR) = (C, CO


∩ P B ; O, CO ∩ P Q),
ce qui signifie que CO ∩ QA′ = CO . Les droites CO, QA′ et

∩ PB
PB

sont donc concourantes. Mais QA′ ∩ P B′ = C ′ , donc cela
signifie que CO passe par C ′ . Par conséquent, C , C ′ et O sont
alignés comme espéré.

On retiendra surtout de cette preuve que calculer le rapport anharmonique


de quatre droites concourantes en considérant deux sécantes différentes
peut souvent se révéler utile. Aussi, les rapports anharmoniques
constituent clairement un outil puissant permettant de montrer que trois
droites sont concourantes ou que trois points sont alignés. Les preuves des
théorèmes de Pascal, Pappus et Desargues en sont de bons exemples.

5. Plan projectif réel


Les énoncés des résultats de ce chapitre ne sont pas tout à fait
satisfaisants. En effet, chaque énoncé requiert l'hypothèse que certaines
droites ne sont pas parallèles, de sorte qu'on puisse parler de leur point
d'intersection. Les choses ne seraient-elles pas plus simples dans un
monde où deux droites ne sont jamais parallèles et possèdent toujours un
point d'intersection ? En fait, un tel monde existe : il s'appelle le plan
projectif réel !

Définition du plan projectif réel


Nous aimerions être en présence d'un plan où les deux conditions suivantes
sont vérifiées :
1. Étant donnés deux points du plan, il existe toujours une unique droite
passant par ces deux points.
2. Étant données deux droites du plan, il existe toujours un unique point
appartenant à ces deux droites.
Dans le plan euclidien habituel, le point 2 n'est pas vérifié. En effet, lorsque
les deux droites sont parallèles, elles ne possèdent pas de point commun.
Notre but est alors de modifier légèrement le plan euclidien de sorte que le
point 2 soit vérifié.
L'idée est donc de partir du plan euclidien et de lui rajouter des points
(abstraits) pour que les droites parallèles aient enfin un point d'intersection.
Étant donnée une "direction de droite", on va donc ajouter un point "à l'infini
dans cette direction" et dire que toutes les droites dans cette direction
passent par ce point ! (On dit que deux droites ont la même direction
lorsqu'elles sont parallèles.) Étant données deux droites, on a donc deux
possibilités :
soit elles sont sécantes (dans le plan euclidien habituel) et elles ont
pour point commun leur point d'intersection habituel,
soit elles sont parallèles, et elles ont alors pour point commun le point
à l'infini dans la direction qu'elles définissent.
À noter que deux droites qui ne sont pas parallèles possèdent chacune un
point à l'infini, mais ceux-ci sont différents puisque les deux droites n'ont
pas la même direction.

Il y a cependant un petit souci dans la modification que nous avons


apportée au plan euclidien. En effet, nous avons fait en sorte que le point 2
ci-dessus soit vérifié, c'est-à-dire que deux droites possèdent toujours un
unique point d'intersection, mais le point 1 n'est maintenant plus vérifié ! En
effet, nous avons introduit de nouveaux points, et si nous considérons
maintenant deux points à l'infini (dans des directions différentes), alors il
n'existe pour le moment aucune droite passant par ces deux points ! Pour
régler ce problème, on est dans l'obligation de rajouter une nouvelle droite à
notre plan, appelée la "droite à l'infini". Par définition, cette droite à l'infini
passe par tous les points à l'infini (et elle ne passe par aucun point du plan
euclidien habituel). Grâce à cette nouvelle droite, le point 1 est maintenant à
nouveau vérifié, et on peut voir que le point 2 reste également vrai.

Pour résumer, les points et les droites du plan projectif réel sont les
suivants :
Les points du plan projectif réel sont les points du plan euclidien + pour
chaque direction de droite, un point à l'infini dans cette direction.
Les droites du plan projectif réel sont les droites du plan euclidien + la
droite à l'infini, qui passe par tous les points à l'infini.
Évidemment tout n'est pas rose dans le plan projectif réel : cela devient par
exemple compliqué de parler de distances. En général, lorsqu'on travaille
dans le plan projectif, on se contente de regarder les points, les droites, et
quels points sont sur quelles droites.

En pratique
Lorsqu'on se place dans le plan projectif réel, la plupart des énoncés
deviennent plus simples (et parfois même plus généraux).

Étant donnés deux points C, D , on a vu que X ↦ rDC (X)


définissait une bijection entre les points de CD différents de C et D
et les réels non-nuls et différents de 1. Si P désigne le point à l'infini de
CD , il est en fait naturel de définir rDC (P ) = 1 . Le rapport

anharmonique (A, B; C, D) est alors également défini lorsqu'un des


points A, B, C, D est le point à l'infini de la droite considérée. (S'il
s'agit de A ou B on utilise que rDC (P ) = 1 ; s'il s'agit de C ou D on
peut utiliser que (A, B; C, D) = (C, D; A, et se ramener au cas
B)

précédent.) De cette manière, le milieu M de [CD] dont on avait dit


qu'il n'avait pas de conjugué harmonique (par rapport à C, D ) en a
maintenant un : il s'agit du point P à l'infini de CD . On peut voir que
les différents résultats concernant les rapports anharmoniques restent
vrais avec cette convention.

Pour définir le rapport anharmonique de 4 droites concourantes en O,


on considérait une autre droite ne passant pas par O et sécante aux 4
droites. Cette deuxième condition n'est maintenant plus nécessaire : on
peut prendre n'importe quelle droite ne passant pas par O. Si elle est
parallèle à l'une des quatre droites, alors son intersection avec celle-ci
est son point à l'infini.

Dans notre exemple des points d'intersection des quatre tangentes à


deux cercles, on supposait que les deux cercles avaient des rayons
différents. En fait, si les cercles ont même rayon, alors les points
d'intersection X et Y sont respectivement le point à l'infini de OO′ et
le milieu de [OO′ ]. Le résultat est donc toujours vrai : les points X et
Y sont conjugués harmoniques par rapport à O, O .

Dans tous les résultats où on demandaient que des droites ne soient


pas parallèles, on peut supprimer cette hypothèse. Par exemple :

Le théorème de Pascal peut s'énoncer comme suit :

Théorème de Pascal

Soit ABCDEF un hexagone inscrit à un cercle. Désignons par


X l'intersection des côtés opposés AB et DE , par Y

l'intersection des côtés opposés BC et EF , et par Z


l'intersection des côtés opposés CD et F A. Alors X , Y et Z
sont alignés.

Les points X , Y et/ou Z peuvent en fait être des points à l'infini.


Par exemple, si X est un point à l'infini et Y et Z sont des points
"normaux", alors dire que X, Y , Z sont alignés signifie que la
direction de Y Z est donnée par le point à l'infini X . Autrement dit,
dans ce cas les droites AB et DE sont parallèles (d'intersection
X à l'infini), et le fait que Y et Z sont alignés avec X signifie que

Y Z est parallèle à AB et DE . Notre nouvel énoncé du théorème

de Pascal est donc plus général puisqu'il traite également des cas
où certains côtés sont parallèles.

De même, dans le théorème de Pappus on peut enlever la


condition "pourvu que les intersections existent" :

Théorème de Pappus

Soit A, B, C trois points alignés, et A′ , B′ , C ′ trois autres


points alignés. Désignons par X l'intersection de BC ′ et B′ C ,
par Y l'intersection de AC ′ et A′ C , et par Z l'intersection de
AB et A B . Alors X , Y et Z sont alignés.
′ ′

Là aussi les points X , Y et/ou Z peuvent être des points à l'infini.

Le théorème de Desargues n'a également pas besoin de toutes les


hypothèses que nous avons données précédemment :

Théorème de Desargues

Soit ABC et A′ B′ C ′ deux triangles. Soit P l'intersection de


BC et B C , Q l'intersection de AC et A C , et R
′ ′ ′ ′

l'intersection de AB et A′ B′ . Alors les points P , Q, R sont


alignés si et seulement si les droites AA′ , BB′ et CC ′ sont
concourantes.

Nous avons ici remplacé la fin "concourantes ou parallèles" par


simplement "concourantes". En effet, dans le plan projectif trois
droites parallèles sont concourantes puisqu'elles s'intersectent en
leur point à l'infini !

Attention : Sauf mention explicite du contraire, nous ne supposons jamais


sur ce site être dans le plan projectif réel ! En particulier, nous considérons
toujours que deux droites parallèles ne s'intersectent pas.
Marquer toute la théorie comme lue

Des questions ? N'hésitez pas à demander de l'aide sur le forum !

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