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QUELLES EAUX A TRAITER?


POURQUOI?

Figure 6. Chutes d'Iguaçu (Brésil).

1. LES EAUX NATURELLES


Les réserves disponibles d'eaux na- de surface retenues ou en écoulement
turelles sont constituées des eaux sou- (barrages, lacs, rivières) et des eaux de
terraines (infiltration, nappes), des eaux mer.
Chap. 2: Quelles eaux à traiter? Pourquoi?

1.1. cavernes importantes, avec parfois


formation de vrais cours d'eau souterrains;
LES EAUX c'est le relief karstique. On peut aussi
SOUTERRAINES trouver rarement des marnes et
exceptionnellement du grès.
1.1.1. Origine
La porosité et la structure du terrain 1.1.2. Caractéristiques générales
déterminent le type de nappe et le mode de
circulation souterraine. La nature géologique du terrain a une
Une nappe peut être libre. Elle est alors influence déterminante sur la composition
alimentée directement par l'infiltration des chimique de l'eau retenue. A tout instant,
eaux de ruissellement Le niveau de cette l'eau est en contact avec le sol dans lequel
nappe fluctue en fonction de la quantité elle stagne ou circule: il s'établit un
d'eau retenue. équilibre entre la composition du terrain et
Une nappe peut être captive . Elle est alors celle de l'eau. Les eaux circulant dans un
séparée de la surface du sol par une couche sous-sol sablonneux ou granitique sont
imperméable. Elle est généralement plus acides et peu minéralisées. Les eaux
profonde. circulant dans des sols calcaires sont
bicarbonatées calciques.
Un cas particulier est représenté par les
nappes alluviales: ce sont les nappes Le tableau 1 donne les caractéristiques
situées dans les terrains alluvionnaires sur des eaux souterraines selon les principaux
lesquels circule un cours d'eau. La qualité paramètres analytiques.
de ces eaux est alors directement Parmi les caractéristiques de ces eaux, il
influencée par la qualité de l'eau de la faut retenir une faible turbidité, une
rivière. température et une composition chimique
Le stockage et la circulation de l'eau de constantes, l'absence presque générale
nappe peuvent se situer dans la totalité de d'oxygène. Dans le cas des nappes en
la couche géologique considérée: c'est le milieu fermé, principalement en
cas des terrains poreux tels que sables, circulation de type karstique, on peut
grès, alluvions. Ils peuvent s'établir dans cependant relever des variations brutales
des fissures ou fractures de roches dans la composition de l'eau, avec
compactes. Les roches compactes à apparition de turbidité et de pollution
fissures étroites sont représentées par la diverses. Ces variations sont liées à celles
plupart des roches éruptives ou du débit de la nappe engendrées par les
métamorphiques. Ces roches ne sont pas précipitations. En outre, les eaux
intrinsèquement perméables. L'eau pénètre souterraines sont souvent d'une grande
les roches et y circule grâce aux fissures pureté bactériologique.
localisées et dispersées.
Les roches compactes à fissures larges ou 1.1.3. Potabilité
à cavernes sont typiquement représentées Les eaux souterraines ont, pendant
par les terrains calcaires: les fissures longtemps, été synonymes "d'eaux
originelles sont progressivement élargies propres" et répondant naturellement aux
par dissolution dans l'eau chargée de gaz
carbonique qui y circule; on aboutit à des
1. Les eaux naturelles

normes de potabilité. Ces eaux sont en effet


moins sensibles aux pollutions accidentelles. 1.1.4. Eaux minérales et
Une nappe libre, étant alimentée par toute la eaux de source
surface du sol située au-dessus d'elle, est plus
sensible qu'une nappe captive. Les nappes
La Législation française définit des"eaux
alluviales sont aussi menacées sur toute leur
minérales" et des "eaux desource".
surface et par l'ensemble des affluents de la
rivière. Les eaux minérales sont des eaux pro-
fondes qui peuvent contenir certains élé-
Lorsqu'une nappe souterraine a été polluée,
il est très difficile de récupérer sa pureté ments en concentration supérieure à la
originelle: les polluants ayant contaminé la concentration autorisée pour les eaux
nappe sont en effet non seulement présents potables et qui sont douées de propriétés
dans l'eau, mais également fixés et adsorbés thérapeutiques reconnues. Elles sont dis -
sur les roches et minéraux du sous-sol. tribuées en bouteille, avec parfois certains
Les eaux souterraines peuvent aussi traitements bien définis comme décantation
naturelle, déferrisation par simple aération,
contenir des éléments à des concentrations
élimination et/ou réin-corporation du C02
dépassant largement les normes de potabilité.
originel.
Ceci est dû à la composition du terrain de
stockage. On peut citer Fe, Mn, H2 S, F... Les eaux de source sont des eaux
qui,contrairement aux eaux minérales,
Les eaux souterraines doivent être traitées
doivent répondre, à l'émergence, aux critères
avant distribution toutes les fois que la
de potabilité, et ne peuvent subir aucun
concentration d'un ou plusieurs éléments
traitement.
dépasse la valeur autorisée par les règlements
en vigueur. A ces deux types d'eaux, on peut opposer
le terme "eaux de table" qui correspond à
des eaux embouteillées dont le seul critère est
de répondre aux normes de potabilité, tout
traitement préalable étant autorisé.

1.2.
LES EAUX DE SURFACE ruissellement. Ces eaux se rassemblent en
cours d'eau, caractérisés par une surface de
Ce terme englobe toutes les eaux circulant
contact eau-atmosphère toujours en
ou stockées à la surface des continents. mouvement et une vitesse de circulation
appréciable. Elles peuvent se trouver stockées
1.2.1. Origine en réserves naturelles (lacs) ou artificielles
(retenues, barrages) caractérisées par une
Elles ont pour origine, soit des nappes surface d'échange eau atmosphère quasiment
profondes dont l'émergence constitue une immobile, une profondeur qui peut être
source de ruisseau, de rivière, soit les eaux de importante et un temps de séjour appréciable.
Chap. 2: Quelles eaux à traiter? Pourquoi?

Tableau 1. Principales différences entre eaux de surface et eaux souterraines.

Caractéristique Eaux de surface Eaux souterraines

Température variable suivant saisons relativement constante


Turbidité, MES variable, parfois élevée faible ou nulle (sauf en
(vraies ou colloïdales) terrain karstique)
Couleur liée surtout aux MES liée surtout aux matières en
(argiles, algues...) sauf dans solution (acides humiques
les eaux très douces et par exemple)
acides (acides humiques)
Minéralisation globale variable en fonction des sensiblement constante en
terrains, des précipitations, général nettement plus
des rejets... élevée que dans les eaux de
surface de la même région
Fe et Mn divalents généralement absents, sauf généralement présents
(à l'état dissous) en profondeur des pièces
d'eau en état
d'eutrophisation
CO2 agressif généralement absent souvent présent en grande
quantité
O2 dissous le plus souvent au voisinage absent la plupart du temps
de la saturation. Absent dans
le cas d'eaux très polluées
H2 S généralement absent souvent présent
NH4 présent seulement dans les présent fréquemment sans
eaux polluées être un indice systématique
de pollution bactérienne
Nitrates peu abondants en général teneur parfois élevée
Silice teneur en général modérée teneur souvent élevée
Micropolluants minéraux et présents dans les eaux de généralement absents, mais
organiques pays développés, mais une pollution accidentelle
susceptibles de disparaître subsiste beaucoup plus
rapidement après longtemps
suppressio n de la source
Éléments vivants bactéries (dont certaines ferrobactéries fréquentes
pathogènes), virus, plancton
(animal et végétal)
Solvants chlorés rarement présents souvent présents

Caractère eutrophe fréquent Accentué par les non


températures élevées
1. Les eaux naturelles

1.2.2. Caractéristiques générales développement de végétaux macrophytes, de


poissons,
La composition chimique des eaux de
surface dépend de la nature des terrains - variations journalières (différence de
traversés par l'eau durant son parcours dans température, d'ensoleillement) ou
l'ensemble des bassins versants. Au cours saisonnières: variations climatiques
de son cheminement, l'eau dissout les (température, fonte des neiges), de
végétation (chute des feuilles). Elles peuvent
différents éléments constitutifs des terrains.
Par échange à la surface eauatmosphère, être aléatoires: pluies soudaines, orages,
ces eaux se chargent en gaz dissous pollutions accidentelles. Dans les retenues
(oxygène, azote, gaz carbonique). d'eau de surface, la qualité de l'eau varie de
la surface de l'eau jusqu'au fond de la
retenue (O2 , Fe, Mn, oxydabilité, plancton).
Le tableau 1 donne les éléments
Le profil de chacun de ces paramètres varie
caractéristiques des eaux de surface par
lui-même en fonction des périodes de
rapport aux eaux souterraines. Il faut noter
l'année,
- présence quasi-générale de gaz dissous,
- pollution organique conduisant souvent à
en particulier l'oxygène,
l'eutrophisation des eaux (cf. page 30).
- concentration importante en matières
en suspension, tout au moins pour les eaux 1.2.3. Potabilité des eaux de surface
courantes. Ces matières en suspension sont
très diverses, allant des particules
La eaux de surface sont rarement potables
colloïdales aux éléments figurés entraînés
sans aucun traitement. Outre les éléments
par les rivières en cas d'augmentation
signalés en 1.2.2., les eaux de surface sont
importante du débit Dans le cas des eaux de
généralement polluées bactériologiquement.
barrage, le temps de séjour provoque une
De plus, elles peuvent présenter plusieurs
décantation naturelle des éléments les plus
pollutions
grossiers: la turbidité résiduelle est alors
colloïdale, - d'origine urbaine: les rejets provenant de
la collecte des ERU (métabolisme de
- présence de matières organiques
l'homme, confort domestique), après leur
d'origine naturelle provenant de la
traitement en station d'épuration,
décomposition des organismes végétaux ou
animaux vivant à la surface du bassin - d'origine industrielle: polluants et
versant ou dans la rivière et qui se micropolluants organiques (hydrocarbures,
décomposent après leur mort (végétaux, solvants, produits de synthèse, phénols) ou
animaux...), inorganiques (métaux lourds, ammoniaque,
produits toxiques),
- présence de plancton: les eaux de surface
sont le siège d'un développement important - d'origine agricole: engrais et produits
de phytoplancton (algues...) et de pesticides ou herbicides entraînés par les
zooplancton. Dans certaines conditions, une eaux de pluie et le ruissellement. Également
vie aquatique intense peut se développer: rejets organiques dus à la présence
d'élevages importants.
Chap. 2: Quelles eaux à traiter? Pourquoi?

1.3.
EAUX DE MER Certaines caractéristiques physiques de
l'eau de mer sont particulièrement
ET EAUX SAUMATRES importantes: turbidité, matières en
suspension, nombre de particules (de plus
Le tableau 2 donne la composition d'une de 2 ou 5 µm par ml ou 100 ml), indice de
eau de mer "standard" (type ASTM). Ces colmatage. Elles sont très variables selon
eaux sont caractérisées par une salinité la localisation
importante, qui peut varier selon les
- en pleine mer, les MES sont
origines
représentées essentiellement par le
zooplancton et le phytoplancton, dont la
origine salinité valeur est de quelque mg.l-1 ,
-1
g.l
- près des rivages: la teneur en sable peut
Mer Baltique 17
être importante selon l'agitation (vent,
Atlantique et Pacifique 32à35 marées) et la profondeur (présence d'un
Mer Méditerranée 38 à 40 plateau continental). De plus, à proximité
Mer Rouge 43 à 45 des agglomérations, la pollution par des
Mer Morte 270 rejets urbains et industriels peut devenir
prépondérante: la teneur en MES peut
varier de plusieurs dizaines de mg.l-1 à une
ou deux centaines,
Tableau 2. Analyse standard d'eau de mer - pH = 8,2 - 8,3.

°F °F
Dureté totale (TH)……………………..650 Alcalinité libre …………………………...0
Dureté carbonatée……………………….15 Titre alcalimétrique (TA)………………...0
Dureté permanente…………………….635 Titre alcalimétrique complet (TAC)……15
Dureté calcique (TCa)…………………110 Sels d'acides forts (SAF)…………… 3 085
Dureté magnésienne (TMg)…………...540 Salinité totale . . ……………………...3100

Anions mg.l -1 méq.l-1 Cations mg.l -1 méq.l -1


chlorure Cl- 19 880 560 calcium Ca 2+ 440 22
sulfate S04 2- 2 740 57 magnésium Mg2+ 1315 108
nitrate N03 - - - sodium Na + 11040 480
bicarbonate HC03 - 183 3 potassium k + 390 10
bromure Br - 68 0,9 strontium 1,3 0,3
22 871 620,9 13186,3 620,3
Salinité totale: 36,4 g.l -1
1. Les eaux naturelles

- dans les estuaires, la rencontre du courant sion des sédiments, avec formation d'un
fluvial avec l'eau de mer et l'influence de la "bouchon" dont la teneur en MES peut
marée (avec remontée de l'eau de mer dans atteindre plusieurs g.l-1 ,
le lit du fleuve et présence d'un mascaret) la teneur en plancton peut également être
sont la cause de variations importantes de très variable selon les conditions
la salinité et de la teneur en MES de l'eau géographiques (mer peu profonde et peu
prélevée en un point donné. L'agitation agitée) et climatiques (floraison d'algues en
provoquée par l'inversion du courant remet mer du Nord par exemple).
en suspen-

1.4. rienne), et en pratique, il suffit de 4,2 mg


d'oxygène par mg d'azote à oxyder.
CYCLE DE L'AZOTE
La nitrification tend à appauvrir les cours
Le cycle de l'azote est schématisé sur la
d'eau en oxygène, tout comme
figure 7.
l'assimilation de la pollution organique.
Dans un milieu aérobie, matières
organiques azotées et sels ammoniacaux se
transforment en nitrites puis en nitrates en
consommant de l'oxygène. C'est la
nitrification qui recouvre deux réactions
successives:
- la nitritation, due à l'action de bactéries
nitreuses: Nitrosomonas, Nitrosocystis,
Nitrosospira, Nitrosoglea...,
- la nitratation, ceuvre des bactéries des
genres: Nitrobacter, Nitrocystis,
Bactoderma, Macroderma...
Toutes ces bactéries sont autotrophes et
aérobies strictes. Elles utilisent l'énergie
produite par l'oxydation de l'ammoniaque
et des nitrites pour réduire le carbone
minéral provenant soit du gaz carbonique, Figure 7. Cycle de l'azote.
soit des carbonates.
Pour que la réaction soit complète, il
Ces nitrates constituent une réserve
faudrait 4,6 mg d'oxygène par mg d'azote à
d'oxygène qu'ils peuvent recéder par
oxyder selon la réaction simplifiée
dénitrification lorsque les conditions
NH3 + 2 O2 à HNO3 + H2 O redeviennent réductrices et anaérobies,
En réalité l'oxydation de tout l'azote mais ces conditions ne sont pas celles que
ammoniacal ne va pas jusqu'au stade nitrate l'on doit espérer pour une rivière.
(formation de composés intermédiaires
constituant la masse bacté-
Chap. 2: Quelles eaux à traiter? Pourquoi?

1.5.
BACTÉRIES ensuite le soufre en acide sulfurique
2S+3O2 +2H2 O à 2H2 SO4
INTERVENANT DANS LE
En milieu aérobie, le terme final peut donc
CYCLE DU SOUFRE être l'apparition de sulfates; par contre, en
Le cycle du soufre est schématisé par milieu anaérobie, ceux-ci peuvent être réduits
lafigure 8. La fermentation sulfhydrique, par d'autres bactéries (Desulfovibrio
anaérobie, transforme les composés desulfuricans, certains Clostridium...) qui
organiques soufrés en H2 S. sécrètent des sulfato-réductases capables de
catalyser la réaction globale
D'autres bactéries, aérobies, sont
H2 SO4 + 4 H2 à H2 S + 4 H2 O
capables d'oxyder H2 S pour former du
soufre(qu'elles peuvent parfois stocker sous Il exis te aussi des bactéries
forme de granules réfringents disséminés sulfitoréductrices (certaines espèces de
dans leur cytoplasme) puis éventuellement Clostridium et Welchia).
de l'acide sulfurique : Certaines de ces bactéries interviennent
•. réactions simples d'oxydo-réduction dans les phénomènes de corrosion des
chez: canalisations en fonte ou acier ou en béton
- les leucothiobactériales (ou bactéries (voir page 419).
sulfuraires incolores), comme Beggiatoa - réactions photosynthétiques chez les
ou Thiothrix Rhodothiobactériales (ou bactéries
2H2 S+O2 à 2H2 0+2S sulfuraires pourpres) comme Chromatium,
- certaines Protobactériacées, comme Thiospirillum (voir figure 9) ou Thiopedia, de
Thiobacillus thiooxydans qui oxyde même que chez les Chlorothiobactériales
(ou bactéries sulfuraires vertes)

Figure 8. Cycle du soufre.


1. Les eaux naturelles

comme Chlorobium ou Chlorobacterium ; il La réaction globale peut alors s'écrire


y a d'abord formation de soufre élémentaire

* Dans ces réactions (CH2O) symbolise la


matière organique synthétisée.
Le soufre produit est soit stocké dans la
cellule bactérienne, soit excrété, suivant les
espèces. Ultérieurement, il peut être
transformé en acide sulfurique :

.
1.6.
OXYDORÉDUCTION • Manganèse
Tous ces organismes peuvent également
BACTÉRIENNE DU FER provoquer l'oxydation du manganèse, si ce
ET DU MANGANÈSE dernier élément est nettement plus abondant
• Fer que le fer; en outre, d'autres bactéries
L'oxydation du fer, exothermique, peut présentent à cet égard une action spécifique,
être catalysée par certaines bactéries grâce par exemple :
aux enzymes d'oxydo-réduction qu'elles - bactéries vraies: Pseudomonas
excrètent (flavines): le fer trivalent (Ps.manganoxydans), Metallogenium
insolubilisé sous forme d'hydroxyde est (M.personatum, M, symbioticum),
ensuite stocké dans les sécrétions - Siderobactériales : Leptothrix (L. echinata,
mucilagineuses (gaines, pédoncules, L. lopholes),
capsules, etc.) de ces bactéries. Les - Hyphomicrobiales : Hyphomicrobium
organismes responsables de ces (H.vulgare).
phénomènes sont surtout des
L'action de tous ces micro-organismes est
Sidérobactériales, notamment :
parfois très importante dans les traitements
- Chlamydobactériacées : Leptothrix
de déferrisation-démanganisation.
(L.ochracea, L.crassa, L.discophora),
Certaines de ces bactéries, placées en
- Crenothricacées : Crenothrix condition réductrice, peuvent utiliser pour
(Cr.polyspora), Clonothrix (Cl.ferruginea, leur métabolisme le Mn qu'elles ont stocké
Cl.fusca), dans leur gaine, qui est alors solubilisé et
- Siderocapsacées : Siderocapsa, relargué sous forme Mn++.
Ferrobacillus, Sideromonas, • . Corrosion bactérienne
- Gallionellacées : Gallionella (G.fenuginea, Les phénomènes décrits au paragraphe
G.major). eaux profondes, mais ils peuvent, par
Des Protobacténacées (Thiobacillus ferro- contre, être néfastes à l'intérieur d'un tuyau
oxydans) peuvent aussi présenter cette en fonte ou en acier.
propriété.
Chap. 2: Quelles eaux à traiter? Pourquoi?

Des traces de fer dans l'eau peuvent


suffire à provoquer le développement des - Gallionella : cellules isolées, attachées en
ferrobactéries citées plus haut. Trois genres principe à un pédoncule spiralé (ramifié ou
principaux sont aisément reconnaissables à non) qu'elles ont sécrété. En fait, la liaison
l'observation microscopique est fragile et il est fréquent de ne retrouver
- Leptothrix : filament (ou trichome) que le pédoncule (figure 11).
contenant une file unique de cellules
cylindriques et entouré d'une gaine; celle-ci
est d'abord mince et incolore, puis elle
s'épaissit et prend une couleur brune de
plus en plus accentuée à mesure qu'elle
s'imprègne de fer oxydé (figure 10),

Figure 11. Gallionella ferruginea X 680.

L'activité de ces bactéries aboutit à la


formation de tubercules (dont l'origine peut
être révélée par dissolution partielle dans
Figure 10. Leptothrix ochracea X 680. un acide fort et observation du résidu au
microscope) pouvant obstruer la conduite.
- Crenothrix : les trichomes sont évasés Ces tubercules recouvrent des zones qui
à une extrémité, par laquelle les cellules deviennent anaérobies et où se développent
s'échappent sur plusieurs rangs pour aller alors des bactéries réductrices des sulfates
(Desulfovibrio desulfuricans). Ces
former de nouveaux trichomes. Même
évolution de la gaine que pour Leptothrix, proliférations bactériennes favorisent la
corrosion.

1.7. 1.7.1. Eutrophisation des lacs


EUTROPHISATION
Ce terme caractérise un phénomène L'évolution des eaux de lacs peut se
d'évolution de la qualité des eaux de lacs résumer de la façon suivante - un lac jeune
ou de retenues artificielles. Il est souvent et profond est oligotrophe les eaux y sont
étendu aux eaux de rivières. bleues et transparentes; l'oxygène dissous
est présent jusqu'au fond; la biomasse est
peu abondante,
1. Les eaux naturelles

- au cours de son vieillissement, le lac traitement tertiaire dans les stations


s'enrichit en matières organiques, à cause de d'épuration (diminution de MES, phosphore,
sa production primaire photosynthétique azote).
(algues) et des apports extérieurs; il devient
alors successivement mésotrophe puis 1.7.2. Cas des rivières indices biotiques
eutrophe; on y constate les phénomènes
suivants: diminution de la profondeur par
Le problème ne se pose pas de la même
comblement progressif, coloration des eaux
façon dans les eaux courantes, auxquelles la
(vert à brun), transparence réduite, déficit en
définition complète de l'eutrophisation ne peut
oxygène dans les couches profondes,
pas s'appliquer. Pour caractériser la pollution
biomasse plus importante, apparition
des rivières, on a longemps utilisé les degrés
d'espèces indicatrices de l'eutrophisation (en
de saprobité, liés aux caractéristiques
particulier de Cyanophycées ou algues bleues
chimiques de l'eau et à des zones biologiques
dont la plus connue est Oscillatoria
définies par les représentants des diverses
rubescens). Le terme final est l'étang, le
communautés animales et végétales (système
marécage, etc.
de Kolkwitz et Marson, 1909).
Le passage d'un type au suivant demande un
En France, on utilise plutôt les indices
temps très long, qu'on peut estimer en milliers
biotiques de Verneaux et Tuffery (1967),
d'années. Mais ce processus naturel a été
inspirés de la méthode mise au point en
accéléré au point de devenir, dans certains cas,
Grande-Bretagne par la Trent River Authority
perceptible à l'échelle d'une vie humaine.
: analyse des peuplements de macro-
Cette situation est le résultat des activités
invertébrés benthiques (mollusques, crustacés,
humaines riveraines, qui apportent aux eaux
vers, larves d'insectes), d'où l'on déduit un
stagnantes de la matière organique et des
indice biotique de qualité croissante de la
éléments fertilisants (azote et phosphore en
rivière compris entre 0 et 10.
particulier) : agriculture, effluents urbains ou
industriels. Les modifications de biocénose sont
particulièrement nettes en aval d'un rejet
Les conséquences de cette eutrophisation
polluant (changement de nature du groupe
artificielle peuvent être désastreuses pour le
zoologique dominant, diminution du nombre
tourisme et la pêche; d'autre part, le coût du
des espèces, augmentation du nombre
traitement de l'eau s'en trouve
d'individus dans chaque espèce); dans la
considérablement augmenté, du fait des
méthode qui vient d'être citée, une pollution
équipements et des réactifs nécessaires pour
organique ponctuelle se traduit
éliminer les organismes eux-mêmes ou les
immédiatement en aval par une chute brutale
produits de leur métabolisme.
de l'indice biotique, qui augmente plus loin en
On peut lutter contre l'eutrophisation fonction de l'auto- épuration. De telles
- par des mesures curatives (oxygénation, méthodes apportent de précieux
déstratification, lutte chimique ou biologique), renseignements pour étudier les pollutions,
- par des mesures préventives: détournement juger de l'efficacité d'un traitement d'effluent,
des effluents par un collecteur de ceinture etc.
(ex.: lac d'Annecy) ou par une dérivation;
Chap. 2: Quelles eaux à traiter? Pourquoi?

1.8. RADIOACTIVITÉ
• Mines d'uranium
1.8.1. Radioactivité naturelle En aval des sites, les taux de radioactivité
sont élevés indépendamment de toute
exploitation. Dans les régions concernées,
Les radionucléides émis par les
la consommation d'eau à partir de puits
rayonnements cosmique et tellurique et les
individuels est très courante, alors qu'elle
radio-éléments présents dans les
devrait passer obligatoirement par une
organismes vivants constituent les sources
station de traitement. La contamination des
naturelles de radioactivité. Dans les eaux,
eaux de surface se traduit par une
cette radioactivité est due à des éléments
augmentation de la minéralisation et des
dissous à partir de ces sources naturelles, et
MES; la radioactivité se trouve souvent
à des éléments isolés tels que le potassium
multipliée d'un facteur 4 voire 5. Pour les
40.
eaux potables, le problème essentiel est
• Eaux souterraines posé par le radon qui est facilement
La radioactivité des eaux souterraines est transporté jusqu'au robinet car il est soluble
essentiellement due à l'émanation du dans l'eau froide sous pression.
radium qui est présent dans toutes les
roches. Le radium est peu soluble, mais son 1.8.2. Radioactivité artificielle
descendant le radon 222 est très soluble.
La présence d'autres radioéléments tels
La plupart des émetteurs ß (excepté le
que l'uranium, le thorium, le plomb et le
polonium est associée aux roches radon 228) sont associés à des activités
granitiques, aux dépôts d'uranium, de humaines.
lignite, de phosphate. Les formes • Radio-éléments présents dans
prédominantes sont constituées par l'environnement
l'uranium 238 présent à plus de 99 % dans - Centrales PWR: 58 Co, 60 Co, 54 Mn, 3 H
les dépôts et de son descendant l'uranium - Centrales et tirs atomiques
234 (teneur la plus forte en uranium des 137
Cs, 90 Sr, 3 H, 106 Ru, 131 I
eaux minérales: 79 µg.l-1 .
- Hôpitaux: 131 I
• Eaux de surface
- Exploitation des mines d'uranium :
Les radio-éléments émis dans 230
Th, 226 Ra (émetteurs a )
l'atmosphère se fixent sur les aérosols et 228
sont entraînés par les eaux de pluie: 3 H et Ra, 210 Pb (émetteurs ß)
222 La contamination des eaux de surface
Ra essentiellement, argon, beryllium,
phosphore. peut donc se faire par diverses voies:
La solubilisation des radioéléments du sol dilution des retombées atmosphériques,
se traduit là encore par la présence du lessivage des terrains par les eaux et
radon, de l'uranium... La radioactivité nuisances industrielles. Tous les rejets
naturelle des eaux de surface est liquides résultant d'une activité industrielle
généralement très faible et ce sont les sont interdits dans les nappes et se font
activités humaines qui sont responsables de dans les cours d'eau et les mers.
la radioactivité de ces eaux. Les éléments solubilisés peuvent subir
une première adsorption naturelle sur les
boues argileuses des eaux turbides.
Les rejets autorisés des centrales
nucléaires sont proportionnels aux puis
2. Les eaux de consommation

sances installées et se réfèrent uniquement Radioélément dont la quantité rejetée dans


aux débits minimaux et maximaux du cours l'environnement (Centrales - explosions
d'eau récepteur. Les valeurs fixées sont des nucléaires) est la plus importante.
moyennes quotidiennes et la limite Origines :
d'activité volumique ajoutée peut, en eaux à la surface des océans 3 n Ci.m-3
France, sur autorisation, atteindre, pendant
précipitations 4 n Ci.m-3
une période cumulée de 30 jours, un
maximum de 10 fois la moyenne annuelle eaux continentales 6 à 24 n Ci.m-3
autorisée. Rejets: 4 M Ci par an dans le monde
• Tritium 3 H+ (T) Prévisions pour l'an 2000 : 30 M Ci par an.
C'est un des radioéléments auquel il 99 % du tritium se trouvent à l'état d'eau
conviendra d'accorder une attention toute tritiée ("THO"): le 3 H+ gazeux se
particulière bien que les émissions de transforme par oxydation sous forme
tritium 3 H+, à niveau d'activité identique, liquide ou vapeur. L'eau tritiée diffuse
représentent un danger très inférieur à celui dans le sol (vapeur), s'incorpore très
des éléments précédents. facilement dans les fluides biologiques,
l'organisme entier et, au contraire des
Le tritium est produit naturellement dans
autres radioéléments, ne se fixe pas sur
l'atmosphère mais c'est aussi le
les sédiments ou les MES.

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