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Algèbre rebond :

Evolution du concept de nombre entier


naturel en mathématiques

Université Sorbonne Paris Nord, Institut Galilée


département de mathématiques, Sylviane R. Schwer

mars 2021

Algèbre rebond : Evolution du concept de nombre entier naturel e


L’héritage grec Euclide

Le nombre est un tout multiple composé d’unités. (Euclide,


Eléments ; livre VII, def 2 )
L’unité est à partir de quoi s’énonce l’un pour chacun des
étants.(Eléments ; livre VII, def 1)
0 et 1 ne sont pas des nombres
Les nombres génèrent des fractions classées en genres et
espèces selon les rapports entre numérateurs et
dénominateurs qui offrent plusieurs séries de dénominaux.
tous ce qui est mesurable mais qui n’est pas un composé
d’unités est une grandeur. Il y a des grandeurs qui ne sont
pas exprimables par des nombres : la diagonale d’un carré.
deux branches mathématiques : l’arithmétique et la
géométrie.

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Nombre

Stevin (1585) : Un est un nombre.


Wallis (1657) introduit le nouveau concept de nombre
(fonctionnel) en effectuant un parallèle complet entre nombres
et grandeurs.
Dictionnaire raisonnée des sciences, des arts et des
métiers, 11 :202 (1751-1772)
vulgairement : collection ou assemblage d’unités ou de
choses de la même espèce (Euclide)
Newton (1643-1727) rapport abstrait d’une quantité à une
autre de la même espèce, que l’on prend pour unité. Trois
espèces de nombres :
entiers ou naturels,
rompus ou fractions et
sourds ou incommensurables ou irrationnels.

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Jusque fin du XIX◦ siècle : les nombres grecs
Kronecker (1823-1891) : Dieu a créé les nombres entiers
naturels, le reste est l’œuvre de l’humain.
Statut du nombre : objet (collection des collections de même
quantité) ou simple relation d’appariement un-un.

les problèmes
de l’infini avec les nombres irrationnels :
suite de nombres qui ont une limite mais pas de fin
et la division des grandeurs continues
un/unité vs du zéro/vide : sur la droite géométrique, c’est le
zéro qui est au point ce que l’unité est au segment
Les entiers comptent des multiplicités (comme des collections
de jetons). Qu’il y ait une infinité de possibilités n’est pas un
problème. On admettait l’infini potentiel, que l’on traduit par etc.

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Comment apprend-on les nombres (naturels) à l’école ?

par appariement : c’est le principe de la bijection et de la


cardinalité
par la comptine numérique : c’est le principe de
succession et d’ordinalité.

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L’appariement dans les fondements de l’arithmétique de Frege,
1884

Introduction de 0 à travers la propriété "non identique à


soi" d’extension vide
1 à travers la propriété "identique à 0"
2 à travers la propriété "identique à 0 ou identique à 1"
3 à travers la propriété "identique à 0 ou identique à 1 ou
identique à 2"
...
L’identité selon Frege sera formalisée par la notion de bijection.

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La comptine chez Dedekind (1831-1916) : vision ordinale du
nombre

Que sont et que doivent-être les nombres (1888)


le nombre est le maillon d’une chaîne définie par une
application injective (fondation de la succession) dans
ensemble infini quelconque, à partir d’un élément e ∈ E qui
n’est pas dans l’image de f (la base).
f 0 (e) = e, f (e), f (f (e)), f (f (f (e))), · · · .

Les entiers naturels


En faisant abstraction de la nature des éléments de E, on note
1 et on appelle élément de base (et non premier élément) un tel
e, 2=f(1), . . .

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La formalisation de Peano (1889)

Les 4 signes primitifs


N : Nombre
0 : initiation (Peano a pris 1)
a + 1 : le successeur de a : c’est l’application successeur s(a)
= : égal à
Les règles
0∈N
a ∈ N =⇒ a + 1 ∈ N : s est une application de N dans N
Il n’existe pas d’entier naturel dont le successeur soit 0 :
Im(s) 6= N, s non surjective.
a + 1 = b + 1 =⇒ a = b : s est injective.
Si A ⊆ N et 0 ∈ A et A + 1 ⊆ A alors A = N : principe de
récurrence.
Sur N, les deux notions de cardinaux et d’ordinaux coïncident.
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L’histoire continue

L’axiomatique de Peano ne permet pas de définir l’ensemble N,


mais N satisfait ses axiomes. On dit que N est un modèle de
l’axiomatisation de Peano.
Dans les annés 1950, Robinson et Skolem, des logiciens
trouveront d’autres modèles non équivalents, appelés non
standard.
C’est Cantor (1845-1918) qui, à travers la notion d’ensemble
bien ordonné, donnera une définition des ordinaux (bien
au-delà des entiers naturels. Il mettra aussi un "s" à infiniS) et
en dérivera la notion de cardinal. Ensuite, Von Neumann (1923)
donnera une définition purement ensembliste des ordinaux et
des cardinaux. (cf. cours disciplinaire MEEF PLC 2)

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