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Revue française d’allergologie 52 (2012) 54–69

Quoi de neuf
Quoi de neuf en allergologie pédiatrique en 2010 ? Partie 2 : allergie
oculaire et respiratoire (une revue de la littérature internationale 2010)
What’s new in pediatric allergology in 2010? Part 2: Ocular and respiratory allergy
(a review of the 2010 international literature)
C. Ponvert
Service de pneumologie, allergologie et dermatologie, département de pédiatrie, hôpital Necker–Enfants-Malades, université Paris Descartes,
149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France
Reçu le 18 septembre 2011 ; accepté le 6 octobre 2011
Disponible sur Internet le 9 novembre 2011

Résumé
Il est bien difficile de résumer en 250 mots les nombreuses études publiées en 2010. À notre avis, les résultats les plus intéressants sont les suivants :
(a) il se confirme, sur de grands nombres d’enfants suivis prospectivement, que la rhinite (allergique ou non allergique), des concentrations élevées
d’eNO et de la protéine cationique des éosinophiles dans les secrétions rhinopharyngées des enfants sifflleurs, les expositions aux allergènes de chat,
aux moisissures et aux polluants atmosphériques et domestiques pendant les premières années de la vie représentent des facteurs de risque importants
d’asthme ultérieur ; (b) les risques liés aux expositions aux allergènes et aux facteurs non allergéniques sont modulés par des facteurs génétiques
propres aux enfants, mais certains polluants sont capables d’induire des modifications épigénétiques susceptibles de favoriser le développement d’un
asthme ; (c) les relations entre les expositions précoces au paracétamol et le risque d’asthme ne seraient pas des relations de cause à effet, mais seraient
liées à la fréquence des infections (virales) respiratoires fébriles justifiant la prescription de paracétamol ; (d) des résultats préliminaires permettent de
penser que la désensibilisation par voie épicutanée pourrait représenter une alternative à la désensibilisation injectable et sublinguale.
# 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Allergie respiratoire ; Enfant ; Épidémiologie ; Prévention ; Traitement

Abstract
It is difficult to summarize in 250 words the large number of studies published in 2010. In our opinion, the most important results are: (a)
prospective studies in numerous children confirm that early rhinitis (allergic and non allergic), high levels of eNO and of eosinophil cationic protein
in nasopharyngeal secretions of young wheezing children, exposure to cat, molds, and ambient air and domestic pollutants during early childhood
are significant risk factors for asthma in later childhood, teenagers and young adults; (b) the risks associated with allergen, microbial substances and
pollutant exposure are modulated by genes expressed by the children, but several pollutants also induce epigenetic alterations which may increase
later asthma risk; (c) relationship between early paracetamol exposure and asthma are probably not relations of cause and effect, and are probably
explained by the frequency of febrile respiratory infections leading to paracetamol consumption; (d) preliminary results suggest that
transcutaneous specific immunotherapy may become an alternative to subcutaneous and sublingual hyposensitization.
# 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Child; Epidemiology; Prevention; Respiratory allergy; Treatment

1. Physiopathologie relations entre inflammation à éosinophiles, inflammation à


neutrophiles et asthme allergique versus asthme non allergique
Si le rôle des polynucléaires éosinophiles dans l’inflamma- restent incomplètement connues. Snijders et al. [1] ont effectué
tion bronchique des enfants asthmatiques est bien établi, les des fibroscopies bronchiques chez 91 enfants asthmatiques,
44 enfants atopiques non asthmatiques et 56 enfants non
atopiques et non asthmatiques. Des numérations cellulaires et
Adresse e-mail : claude.ponvert@nck.aphp.fr. des dosages de divers médiateurs (protéine cationique des

1877-0320/$ – see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.reval.2011.10.003
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éosinophiles, éotaxine, interleukine-8 et tumor necrosis factor- suggère que la majorité de ces cytokines pro-inflammatoires est
a) ont été effectués dans le liquide de lavage broncho- d’origine macrophagique. Ces résultats suggèrent donc que
alvéolaire (LBA) recueilli à cette occasion. Les concentrations l’asthme sévère/difficile à traiter résulte d’une inflammation
de la protéine cationique des éosinophiles (ECP) et le nombre bronchique particulièrement intense, où les macrophages
des éosinophiles ont été significativement plus élevés chez les jouent un rôle central.
enfants asthmatiques que chez les enfants témoins ( p = 0,01 et
0,002 respectivement), mais également chez les enfants 2. Épidémiologie générale
atopiques non asthmatiques, sans différence significative entre
ces enfants et les enfants asthmatiques. Le nombre des Le développement de l’asthme dépend à la fois d’une
neutrophiles et les concentrations de l’interleukine-8 (IL-8) et prédisposition génétique et de l’influence des facteurs
du tumor necrosis factor-a (TNF-a) ont été identiques dans les environnementaux. Peu d’études de grande ampleur ont
trois groupes d’enfants. Ces résultats confirment donc le rôle analysé l’influence de ces deux types de facteurs en fonction
important joué par l’inflammation éosinophilique dans les du sexe et de l’âge des individus. Les données informatisées
bronches des enfants asthmatiques et confirment que l’atopie concernant 21 135 paires de jumeaux danois, âgés de trois à
est une affection généralisée, puisque cette inflammation 71 ans, ont été analysées [4]. Lorsque l’un des jumeaux était
éosinophilique est retrouvée chez les enfants atopiques non asthmatique, le risque d’asthme chez son frère ou sa sœur a été
asthmatiques. multiplié par six, par rapport à la population générale, lorsqu’il
Un certain nombre d’enfants développe son asthme de façon s’agissait de jumeaux monozygotes, et par trois lorsqu’il
tardive. Aucune étude n’a été effectuée chez ces enfants dont s’agissait de jumeaux monozygotes. Cette relation avec les
l’asthme est, le plus souvent, appelé à persister, pour déterminer facteurs génétiques a été plus marquée chez les garçons que
si le développement de cet asthme se produit de novo ou sur un chez les filles, et a essentiellement affecté les asthmatiques de
fond d’inflammation bronchique asymptomatique préexistant. moins de 49 ans. En revanche, chez les sujets plus âgés, les
Soixante-cinq enfants, qui avaient eu à subir un LBA relations avec les facteurs génétiques ont pratiquement disparu
peropératoire avant l’âge de cinq ans ont pu être suivis jusqu’à pour laisser la place aux facteurs environnementaux. Les
l’âge de sept ans, âge auquel leurs parents ont répondu à un facteurs génétiques joueraient donc un rôle prédominant
questionnaire dérivé du questionnaire de l’étude ISAAC [2]. pendant la première moitié de la vie et feraient ensuite place
Neuf de ces enfants (16,7 %) étaient devenus asthmatiques, 11 aux facteurs environnementaux.
(18,5 %) avaient développé une dermatite atopique (DA) et 14 Dans certaines études, la prévalence des maladies allergi-
(22,2 %) une rhinite allergique. Le pourcentage des éosino- ques est estimée sur la prescription des médicaments anti-
philes dans le liquide de LBA obtenu à l’inclusion s’est révélé allergiques. C’est ainsi que, dans une étude publiée il y a
significativement plus élevé chez les enfants devenus asthma- quelques années et basée sur les données des compagnies
tiques que chez les autres enfants (1,55 % vs 0,1 %, p = 0,01), d’assurance médicale, la prévalence de l’asthme a été estimée à
sans qu’il existe, par ailleurs, de différences significatives entre 17–25 % chez les jeunes enfants allemands. Dans la mesure où
les deux groupes en ce qui concerne les concentrations des ces données pourraient être biaisées, Hoffmann et al. [5] ont
diverses cytokines Th1, Th2 et T-régulatrices (Treg) étudiées et comparé les résultats de cette étude avec ceux qu’ils ont obtenu,
les autres types de cellules (neutrophiles, macrophages, pendant la même période, en analysant les données informa-
mastocytes, etc.). Ces résultats suggèrent fortement que, tisées d’une autre compagnie d’assurance médicale
même si cliniquement il semble apparaître de novo, l’asthme (n = 290 919 enfants et adolescents) et sur la base d’une étude
à début tardif de l’enfant relève d’une inflammation bronchique épidémiologique effectuée en milieu scolaire (n = 17 641),
éosinophilique préexistante. basée sur les réponses des parents à un questionnaire, après que
Les enfants atteints d’asthme « difficile à traiter » malgré un ces réponses aient été contrôlées par un médecin. Selon les
traitement optimal présentent une inflammation bronchique données de la compagnie d’assurance (prescriptions), la
corticodépendante/résistante dont les caractéristiques sont mal prévalence de l’asthme a varié, selon l’âge, entre 17,7 et
connues. Fitzpatrick et al. [3] ont étudié les concentrations de 11,7 % chez les garçons, et entre 11,1 et 7,2 % chez les filles.
multiples cytokines Th1, Th2 et pro-inflammatoires dans le Les données de l’étude épidémiologique ont permis d’estimer
liquide de LBA et détectées dans les lysats des macrophages la prévalence de l’asthme entre 0 et 8 % chez les garçons, et
bronchiques chez 31 enfants atteints d’asthme sévère, difficile à entre 0 et 6 % chez les filles, en fonction de l’âge. Il apparaît
traiter. Les résultats ont été comparés à ceux obtenus chez donc que les études épidémiologiques exclusivement basées sur
21 enfants atteints d’asthme persistant modérément sévère. Les l’analyse des prescriptions médicamenteuses fournissent des
concentrations des diverses cytokines pro-inflammatoires, résultats erronés, une proportion importante des enfants
chémokines notamment (CXCL1, IL-8, CXCL10/IP10/inter- recevant des traitements anti-asthmatiques n’étant pas atteinte
feron-gamma-induced protein 10, MIP-1b/macrophage inflam- d’asthme. Pour mémoire, des résultats comparables avaient été
matory protein-1b, RANTES/regulated upon activated-normal obtenus en ce qui concerne la prévalence de l’anaphylaxie selon
T cell expressed and secreted, MCP-3/monocyte chemotactic qu’elle était estimée sur les prescriptions d’adrénaline ou
protein-3, etc.), ont été significativement plus élevées dans le l’interrogatoire des individus.
LBA des enfants atteints d’asthme sévère que chez les autres La prévalence des sifflements respiratoires chez le
enfants. L’étude des cytokines libérées par les macrophages nourrisson est estimée de façon très diverse selon les pays,
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avec des extrêmes allant de 22 à 45 %. Cela suggère que les enfants, et les résultats de cette enquête ont été comparés aux
facteurs de risque varient d’un pays à un autre et, en particulier, résultats d’une enquête effectuée en 1996, avec le même
entre les pays développés et les pays non/peu développés. questionnaire, et ayant inclus 3430 enfants [8]. En dix ans, la
Garcia-Marcos et al. [6] ont effectué une étude multicentrique prévalence de l’asthme médicalement diagnostiqué est passée
et multinationale, basée sur les réponses des parents d’enfants de 5,7 % à 7,4 %. Parallèlement, le pourcentage d’enfants
de moins d’un an à un questionnaire standardisé et validé qui traités par des corticoïdes inhalés a significativement augmenté
leur a été proposé lors des visites de routine dans les centres de (67 vs 55 %), cette meilleure prise en charge s’accompagnant
santé pour nourrissons. Quels qu’aient été les pays, les d’une diminution de la fréquence des crises nocturnes (38 vs
principaux facteurs de risque de sifflements occasionnels 49 %) et des perturbations de la vie quotidienne (11 vs 21 %).
( 2 pendant les douze premiers mois de vie) ou récurrents Les conditions de vie des enfants se sont également améliorées,
( 3) ont été une infection (présumée) virale des voies avec une diminution significative du tabagisme parental à
respiratoires supérieures pendant les trois premiers mois de vie domicile (13,8–18,6 vs 25,7–38,7 %) et du pourcentage
(OR = 3,15 et 3,12 respectivement), la fréquentation de la d’enfants vivant dans des habitats humides (19 vs 28,3 %). Il
crèche (OR = 3,09 et 2,50), le sexe masculin, un tabagisme apparaît donc que, si la prévalence de l’asthme pédiatrique
maternel pendant la grossesse, des antécédents familiaux continue d’augmenter, la prise en charge, les conditions de vie
d’asthme et des antécédents personnels de DA. Un allaitement et la santé des enfants asthmatiques tendent à s’améliorer. Les
maternel prolongé au delà du troisième mois a été associé à une mêmes auteurs [9], sur la base des résultats de ces deux études,
réduction du risque de sifflements récurrents (OR = 0,77–0,8), montrent que c’est la prévalence des sensibilisations allergéni-
sans différence significative entre les pays développés et les ques qui a augmenté entre 1996 et 2006 (29,9 vs 20,6 %,
autres pays, alors qu’un niveau élevé d’éducation maternelle p < 0,01) plutôt que la prévalence de la DA, de la rhinite
n’a été « protecteur » vis-à-vis des sifflements occasionnels et allergique et des sifflements respiratoires/asthme. Ils montrent
récurrents que dans les pays non/peu développés (OR = 0,85 et aussi que, pendant cette même période, la prévalence de
0,80 respectivement). Malgré les variations de la prévalence des l’asthme a significativement augmenté chez les garçons alors
sifflements respiratoires observées entre les pays développés et que, parallèlement, elle a plutôt diminué chez les filles. Les
non/peu développés, il apparaît que les principaux facteurs de facteurs susceptibles d’expliquer cette différence entre les sexes
risque de sifflements respiratoires du jeune enfant sont les ne sont pas clairs, mais il semblerait que la fréquence des
mêmes dans ces deux types de pays. Les auteurs insistent sur la facteurs de risque classiques de wheezing/asthme (antécédents
nécessité de prendre des mesures préventives simples (allaite- asthmatiques parentaux, faible poids de naissance, tabagisme
ment prolongé au sein) ou moins simples (éducation des maternel, humidité de l’habitat, exposition aux allergènes de
femmes). chat, infections respiratoires) ait augmenté chez les garçons,
L’impact du niveau d’éducation parental est également mis alors qu’elle aurait plutôt diminué chez les filles. Au total, en
en évidence par de Meer et al. [7] dans une étude ayant porté sur Suède, la prévalence de l’asthme pédiatrique aurait légèrement
3262 écoliers hollandais non sélectionnés, âgés de huit à 13 ans, augmenté en dix ans, cette augmentation touchant exclusive-
et ayant comporté un questionnaire adressé aux parents, des ment les garçons. Parallèlement, l’amélioration de la prise en
prick-tests et des dosages des IgE sériques spécifiques des aéro- charge globale de cet asthme s’accompagnerait d’une
allergènes courants (n = 1983), une exploration fonctionnelle amélioration de la santé des enfants asthmatiques.
respiratoire (EFR) de base (n = 2325), et une recherche Enfin, diverses études ont suggéré que le « pic d’épidémie »
d’hyperréactivité bronchique (HRB) non spécifique d’asthme avait été atteint dans les pays occidentaux et d’autres
(n = 880). La prévalence de l’atopie (diagnostiquée sur au études ont montré que la vie à la ferme pendant les premières
moins un prick ou un dosage d’IgE spécifiques positif) a été années de vie était associée à une réduction du risque
significativement plus élevée chez les enfants nés de parents de asthmatique ultérieur. Les résultats d’une étude transversale,
niveau d’éducation élevé (OR = 1,31), alors que, chez ces basée sur les réponses de 1261 adolescents et jeunes adultes
mêmes enfants, la prévalence de l’asthme non allergique a été allemands à un questionnaire standardisé, montrent que, dans
plus faible que chez les enfants de parents peu éduqués cette tranche d’âge, la prévalence de l’asthme médicalement
(OR = 0,77). L’analyse de ces résultats en fonction des divers diagnostiqué en 2008 est de 9,5–9,6 %, et donc plus faible que
facteurs de risque connus d’asthme et d’atopie suggère que que celle rapportée pendant la période 1990–2000 [10]. Ils
la prévalence plus faible de l’asthme non allergique chez les confirment aussi que les antécédents familiaux d’asthme et
parents de niveau élevé d’éducation résulte d’une plus faible d’allergie, et une exposition à la fumée de tabac, représentent
exposition à un tabagisme passif et d’une fréquence plus élevée des facteurs de risque d’asthme, ce risque étant par ailleurs
d’un allaitement maternel prolongé. diminué chez les adolescents et jeunes adultes ayant vécu leurs
Si la prévalence des sifflements respiratoires et de l’asthme premières années dans des fermes. La prévalence de l’asthme
n’a cessé d’augmenter chez les enfants d’âge scolaire pendant tendrait donc à diminuer, après une augmentation pendant les
les dix à 20 dernières années, les modifications de la prise en dernières décennies : une bonne nouvelle qui nécessite d’être
charge de ces affections et de leur retentissement sur la vie des confirmée par d’autres études.
enfants et de leurs familles sont mal connues. Les parents de Il est bien établi que, chez les enfants âgés de quatre à sept
2585 écoliers norvégiens non sélectionnés ont répondu, en ans, l’existence d’une rhinite allergique représente un facteur
2006, à un questionnaire détaillé concernant la santé de leurs de risque de développement ultérieur d’un asthme, mais peu
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d’études ont porté sur les possibles relations entre l’existence suggèrent, contrairement aux résultats de l’étude précédente,
d’une rhinite allergique pendant les premières années de vie et que le risque d’asthme est identique chez les enfants atteints de
le risque d’asthme à l’entrée à l’école. Rochat et al. [11] ont rhinite allergique et non allergique, et que les enfants atteints de
suivi prospectivement 1314 nouveau-nés allemands jusqu’aux rhinite non allergique doivent être suivis aussi attentivement
âges de cinq, sept et 13 ans, sur la base d’interrogatoires très que les enfants atteints de rhinite allergique.
réguliers des parents, des dosages des IgE sériques spécifiques L’asthme du jeune enfant correspond à une affection
des allergènes courants, d’examens médicaux répétés, et d’une hétérogène, certains enfants guérissant complètement, d’autres
EFR avec recherche d’HRB non spécifique, effectuée à l’âge de continuant à siffler pendant plusieurs années, et d’autres, enfin,
sept ans. Après ajustement en fonction des facteurs de risque développant un asthme persistant à l’adolescence. Très peu
classiques, l’existence d’une rhinite allergique avant l’âge de d’études ont porté sur l’évolution de l’asthme du nourrisson
cinq ans a été associée à une augmentation significative du jusqu’à l’âge adulte. Soixante dix-huit nourrissons siffleurs ont
risque d’asthme entre sept et 13 ans ( p < 0,001), quels qu’aient été recontactés à l’âge adulte (26,3–28,6 ans), dont 59 ont
été les allergènes responsables de la rhinite et quel qu’ait été le répondu au questionnaire détaillé qui leur avait été adressé [14].
nombre d’allergènes sensibilisants. Ces résultats montrent donc Les résultats (asthme, allergies et poids) obtenus chez ces sujets
que l’existence d’une rhinite allergique avant l’âge de la ont été comparés à ceux obtenus chez des nourrissons non
scolarisation représente un important facteur de risque siffleurs suivis prospectivement jusqu’à l’âge adulte et des
d’asthme pendant la scolarité. Les auteurs suggèrent que tout adultes tout venants, non sélectionnés. Après ajustement en
jeune enfant atteint d’une rhinite possiblement allergique fonction des facteurs confondants classiques, les risques
devrait faire l’objet d’un bilan allergologique, à la recherche de d’asthme rapporté par les individus et médicalement diag-
sensibilisations allergéniques pertinentes. nostiqué ont été respectivement de 11,4–12,2 et 2,1–5,2, chez
Les parents de plus de 1000 enfants norvégiens âgés de dix les anciens nourrissons siffleurs, par rapport aux deux groupes
ans ont eu à répondre à un questionnaire détaillé concernant la témoins. Une association significative a également été mise en
santé de leurs enfants qui, par ailleurs, ont bénéficié d’un bilan évidence entre asthme à l’âge adulte, rhinite allergique et
allergologique et d’EFR avec recherche d’HRB non spécifique, tabagisme personnel, mais pas avec le poids. Ces résultats
dans le but de déterminer la prévalence de la rhinite allergique montrent donc qu’un asthme pendant les premières années de
et de ses associations avec d’autres maladies allergiques [12]. vie prédispose à un asthme à l’âge adulte, y compris chez les
Une rhinite allergique a été diagnostiquée chez 25 % des sujets ayant apparemment guéri de leur asthme pendant
enfants, associée à une autre maladie allergique dans 87,4 % l’enfance et l’adolescence.
des cas, conjonctivite notamment (75,6 %). Enfin, le risque Bien que les helminthes exercent d’importants effets
d’HRB a été significativement plus élevé chez les enfants stimulants sur la production des IgE totales et spécifiques des
atteints de rhinite que chez les autres enfants (17,5 vs 5,8 %, allergènes courants, les études effectuées dans les pays d’endémie
p < 0,001), et le risque d’asthme a été plus élevé chez les parasitaire tendent à indiquer que, dans ces pays, la prévalence
enfants polysensibilisés (pollens et animaux domestiques des maladies allergiques est plus faible que dans les autres pays.
notamment) que chez les enfants monosensibilisés (pollens Calvert et al. [15] ont effectué des prick-tests et des dosages des
notamment). Ces résultats confirment donc que la rhinite IgE sériques spécifiques des aéro-allergènes courants, ainsi que
allergique est rarement isolée et qu’elle prédispose à un risque des EFR avec recherche d’une HRB induite par l’exercice
accru d’HRB et d’asthme, en particulier lorsqu’elle est associée physique, chez plusieurs milliers d’écoliers sud-africains vivant
à une polysensibilisation. en milieu rural et en milieu urbain. Les résultats ont été corrélés
Toujours dans le but d’étudier les relations entre rhinite et avec la présence, ou non, d’œufs d’ascaris dans les selles. Les
asthme, 290 enfants de sept ans, suivis depuis la naissance, ont concentrations des IgE sériques totales (451 vs 344 UI/mL,
été inclus dans l’étude de Krogsgaard Chawes et al. [13]. Une p = 0,04) et les taux de sensibilisation détectables par les dosages
rhinite allergique (histoire clinique + sensibilisations perti- des IgE sériques spécifiques ont été significativement plus élevés
nentes) a été diagnostiquée chez 37 enfants, et une rhinite non chez les enfants parasités que chez les autres enfants, alors même
allergique chez 67 enfants. La prévalence de l’asthme a été que le taux de sensibilisation détectable par les prick-tests a été
significativement augmentée chez les enfants atteints de rhinite significativement plus faible chez les enfants parasités
allergique (21 % vs 5 % chez les enfants sans rhinite, p = 0,002) (OR = 0,63, p = 0,03). Enfin, le risque d’HRB a été plus élevé
et de rhinite non allergique (20 vs 5 %, p = 0,001), sans chez les enfants parasités que chez les autres enfants (OR = 1,62,
différence significative entre les deux groupes d’enfants. Les p = 0,001). Ces résultats chez plus de 3000 enfants confirment
enfants atteints de rhinite allergique présentaient aussi des donc que les parasitoses intestinales stimulent la production des
marqueurs d’atopie (DA, sensibilisations ou allergies alimen- IgE sériques totales et spécifiques, mais aussi diminuent le risque
taires, concentrations élevées des IgE sériques totales, atopique, lorsqu’il est estimé sur les résultats des tests cutanés
éosinophilie sanguine, concentrations élevées de monoxyde (TC). Ils suggèrent également que ces parasitoses induisent une
d’azote dans l’air expiré), une HRB et des mutations nulles de inflammation bronchique, peut-être liée au passage des larves
la filaggrine, non retrouvés chez les enfants atteints de rhinite dans les bronches, et susceptible d’expliquer la fréquence élevée
non allergique. S’il semble donc exister plusieurs phénotypes de l’HRB chez les enfants parasités.
d’asthme selon que cet asthme est associé à une rhinite Toujours en ce qui concerne les relations entre asthme et
allergique ou à une rhinite non allergique, ces résultats infections, de nombreuses études ont montré que le risque
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d’asthme était significativement augmenté chez les grands composants allergéniques et microbiens de la poussière de
enfants et les adolescents qui avaient été hospitalisés pour maison. Dans la mesure où des taux mesurables d’allergènes
bronchiolites aiguës plus ou moins graves à virus respiratoire d’acariens n’avaient été détectés que dans 1,5 % ces habitats,
syncytial (VRS) pendant le début de la vie, mais aucun de ces aucune corrélation n’a pu être établie entre exposition précoce
enfants n’a été suivi jusqu’à l’âge adulte. Quarante-six aux allergènes d’acariens et risques ultérieurs d’asthme et
nourrissons hospitalisés pour bronchiolite aiguë grave et d’allergie. Aucune relation n’a, non plus, été objectivée entre les
92 nourrissons témoins n’ayant pas été hospitalisés pour risques d’HRB et d’asthme à dix ans et le niveau d’exposition
bronchiolite à VRS ont pu être suivis jusqu’à l’âge de 18 ans, précoce aux endotoxines, aux glucanes et aux allergènes de
âge auquel ils ont fait l’objet d’un bilan complet (histoire chien. En revanche, les risques d’HRB et d’asthme ont été
clinique, examen clinique, bilan allergologique, EFR avec positivement et significativement corrélés au niveau d’exposition
recherche d’HRB non spécifique, dosage du monoxyde d’azote précoce aux allergènes de chat (OR = 1,22 et 1,20 respective-
dans l’air exhalé) [16]. Les risques de sensibilisation, d’allergie ment), même si le risque de sensibilisation au chat n’a pas été
et d’asthme persistant à l’âge de 18 ans ont été significative- corrélé au niveau d’exposition précoce aux allergènes de chat.
ment augmentés chez les jeunes adultes qui avaient été Enfin, les résultats des études portant sur les relations entre
hospitalisés, pendant leur première année de vie, pour niveau d’exposition aux allergènes, niveau de sensibilisation à
bronchiolite à VRS (respectivement 41 vs 14 %, 43 vs ces mêmes allergènes et gravité des maladies allergiques sont
17 %, et 39 vs 9 %). Enfin, tous les jeunes adultes qui avaient été contradictoires. Cinq cent quarante-six adolescents asthma-
hospitalisés pour bronchiolite à VRS présentaient des fonctions tiques issus d’une étude prospective ont été enrôlés dans une
pulmonaires (débits et réponses aux bronchodilatateurs inhalés) étude basée sur des dosages des allergènes courants dans la
significativement diminuées, qu’ils aient été ou soient encore poussière domestique, un questionnaire concernant leur santé,
asthmatiques. Il apparaît donc que, probablement en induisant des dosages des IgE sériques spécifiques, un dosage du
un remodelage bronchique, les infections à VRS graves du monoxyde d’azote exhalé (eNO) et des EFR [20]. Ces
nourrisson augmentent le risque d’asthme, non seulement chez adolescents ont été revus douze mois plus tard, pour apprécier
le grand enfant et l’adolescent, mais aussi, à plus long terme, l’évolution de leur asthme. Près de 90 % des adolescents étaient
chez l’adulte. sensibilisés à au moins un allergène de la poussière domestique.
De nombreuses études, pour l’essentiel transversales et/ou Chez ces adolescents, les concentrations moyennes d’IgE
rétrospectives, ont suggéré que le risque d’allergie respiratoire spécifiques ont été positivement corrélées aux concentrations
était augmenté chez les enfants vivant dans des habitats des allergènes correspondants dans la poussière de leurs
humides et contaminés par des moisissures. Dans une étude domiciles ( p < 0,0001 pour la blatte et les acariens, et
prospective, initiée en 1991 et ayant porté sur près de p = 0,03 pour les allergènes de souris), sauf pour les allergènes
2000 enfants suivis pendant six ans sur la base des réponses de chat. Les concentrations des IgE sériques spécifiques ont
des parents à des questionnaires standardisés, Jaakkola et al. également été positivement et significativement corrélées aux
[17] montrent que 246 (13,2 %) des enfants ont développé une concentrations d’eNO, aux altérations des fonctions respi-
rhinite allergique, médicalement diagnostiquée, entre le début ratoires, et au nombre de crises d’asthme et d’hospitalisations
et la fin de l’étude. Le risque a été significativement augmenté pour asthme pendant les douze mois de suivi. Ces résultats
chez les enfants ayant vécu dans des locaux humides et/ou suggèrent donc que, chez les asthmatiques allergiques, il existe
contaminés par des moisissures visibles (OR = 1,55–1,96). Les un continuum entre le niveau d’exposition allergénique, le
résultats de cette étude prospective de grande ampleur niveau de sensibilisation et la gravité de la maladie
confirment donc des résultats d’études antérieurement publiées. asthmatique.
Les résultats des études portant sur l’influence des expositions Selon les résultats de nombreuses études épidémiologiques,
précoces aux animaux domestiques sur les risques ultérieurs les risques d’allergie et d’asthme sont augmentés chez les
d’asthme et d’atopie chez l’enfant sont contradictoires. Les patients exposés aux dérivés de la combustion des hydrocarbures.
résultats d’une étude basée sur les réponses des parents de Des dosages de nombreux métabolites de ces hydrocarbures ont
20 016 enfants italiens non sélectionnés, âgés de sept ans, à un été effectués dans les urines de 222 enfants citadins américains,
questionnaire validé, montrent qu’une exposition précoce ou plus âgés de cinq ans et issus d’une étude prospective [21]. Les
tardive, brève ou durable aux allergènes de chien n’a eu aucune résultats obtenus ont été corrélés aux résultats des dosages des
influence significative sur ces risques [18]. En revanche, une IgE sériques spécifiques des allergènes courants et au statut,
exposition aux allergènes de chat pendant la première année de asthmatique ou non, des enfants. Les concentrations d’une
vie a été associée, après correction en fonction des facteurs dizaine de métabolites ont été significativement plus élevées que
confondants classiques, à une augmentation significative des celles rapportées dans la population pédiatrique générale,
risques de sifflements respiratoires (OR = 1,88, p < 0,001) et montrant que ces enfants citadins étaient fortement exposés
d’asthme médicalement diagnostiqué (OR = 1,74, p < 0,05), et, aux dérivés de la combustion des hydrocarbures. Les concentra-
dans une plus faible mesure, de rhinoconjonctivite (présumée) tions de certains métabolites ont été positivement et signi-
allergique (OR = 1,43, p = 0,07), à l’âge de sept ans. Ces ficativement corrélés aux concentrations des IgE sériques
résultats sont confirmés par Bertelsen et al. [19], dans une étude spécifiques de certains aéro-allergènes courants (chat et souris,
ayant porté sur 260 enfants de dix ans chez lesquels avaient été notamment), mais pas à la fréquence et à la gravité des
effectués, à l’âge de deux ans, une EFR et une analyse des manifestations respiratoires. Selon cette étude, une exposition à
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des concentrations élevées de dérivés de la combustion des la mesure où certains variants de certains gènes impliqués dans
hydrocarbures augmenterait le risque de sensibilisation à certains le métabolisme oxydatif et/ou l’inflammation sont susceptibles
allergènes environnementaux, mais n’augmenterait pas le risque de favoriser ou de modérer le développement de l’asthme,
asthmatique. Panasevich et al. [24] ont cherché à déterminer si ces gènes
Diverses études expérimentales, in vivo chez l’animal et in pouvaient représenter un lien entre les expositions du jeune
vitro sur des cellules bronchiques humaines, suggèrent enfant à la fumée de tabac et le risque de développement d’un
l’existence de relations entre la pollution atmosphérique, par wheezing/asthme ultérieur. Les SNPs des gènes codant pour le
les dérivés de la combustion des hydrocarbures notamment, les TNF, la glutathion-S-transférase (GST) p1 et les récepteurs
substances d’origine microbienne (endotoxines) et l’immunité bêta-adrénergiques (ADRB2) ont été étudiés chez 982 enfants
innée. Kerkhof et al. [22] ont étudié les SNPs (single nucleotide de quatre ans inclus dans une étude prospective à la naissance.
polymorphisms) des gènes des récepteurs Toll-like 2 (TLR-2) Des corrélations ont été établies entre les variants ainsi détectés,
et quatre (TLR-4) chez 916 enfants de huit ans inclus, à la le tabagisme passif des enfants pendant la grossesse et les
naissance, dans l’étude PIAMA. Ces polymorphismes ont été premières années de la vie (interrogatoire des parents), et
analysés en fonction de l’histoire clinique des enfants (réponses l’histoire clinique des enfants (wheezing/asthme). Certains
des parents à des questionnaires annuels) et de la pollution variants des gènes du TNF et de la GSTP1 ont été associés à une
atmosphérique (PM2,5 et NO) mesurée pendant les deux augmentation du risque de wheezing précoce et/ou transitoire
premières semaines de vie à l’adresse initiale des enfants. Le chez les enfants précocement exposés à un tabagisme passif. En
risque d’asthme, médicalement diagnostiqué entre la naissance revanche, aucune relation n’a été objectivée avec le risque de
et l’âge de huit ans, a été significativement augmenté chez les sensibilisation, déterminé par les dosages des IgE sériques
enfants porteurs de certains génotypes des TLR-2 et -4. Ces spécifiques des allergènes courants. Ces résultats, chez un
résultats confirment donc la notion selon laquelle l’influence de grand nombre d’enfants, suggèrent donc que les effets néfastes
la pollution atmosphérique sur le risque d’asthme est modulée des expositions précoces à un tabagisme passif sont influencés
par le patrimoine génétique des enfants, et notamment par des par le patrimoine génétique des enfants, et notamment par le
gènes codant pour les TLRs. polymorphisme des gènes impliqués dans les processus
Nadeau et al. [23] ont étudié l’expression de la molécule inflammatoires.
Foxp3 (un marqueur des lymphocytes Treg) et les fonctions de Si le tabagisme passif in utero induit des altérations précoces
ces lymphocytes chez des enfants asthmatiques vivant dans une des fonctions respiratoires et expose les enfants à un risque
région fortement polluée (n = 71). Les résultats ont été asthmatique accru, aucune étude n’a porté sur l’influence de ce
comparés à ceux obtenus chez des enfants non asthmatiques tabagisme sur la réponse des enfants atteints d’asthme aux
vivant dans la même région (n = 30) et chez des enfants traitements anti-asthmatiques. Plus de 1000 enfants asthma-
asthmatiques (n = 40) et non asthmatiques (n = 40) vivant dans tiques âgés de cinq à 12 ans ont reçu, pendant quatre années
une région peu polluée. Bien que l’expression du Foxp3 ait été consécutives, des corticoïdes inhalés (budésonide : 200 mg  2/
significativement plus importante chez les enfants asthmatiques 24 h), du nédocromil (8 mg  2/24 h) ou du placebo [25].
fortement exposés à la pollution, un taux élevé d’hyperméthy- L’efficacité du traitement a été jugée, pour l’essentiel, sur des
lation de cette molécule a été observé chez ces enfants. mesures annuelles de l’HRB à la métacholine. Une améliora-
Parallèlement, les fonctions (chimiotactisme, propriétés immu- tion a été observée dans les trois groupes d’enfants, sauf chez
nosuppressives) des lymphocytes Treg ont été significativement les enfants qui avaient été exposés à un tabagisme passif in
plus faibles chez les enfants asthmatiques exposés à la pollution utero. L’amélioration la plus importante a été observée chez les
que chez les enfants des autres groupes. Ces résultats suggèrent enfants traités par le budésonide et n’ayant pas été exposés à un
que la pollution atmosphérique induit des modifications tabagisme passif (PC20-métacholine  1,25 vs 1,04 chez les
épigénétiques responsables d’un déficit des fonctions Treg. enfants traités par le budésonide, mais ayant été exposés à un
Ce phénomène pourrait expliquer les résultats des études tabagisme passif in utero, p = 0,02). Cette perte d’efficacité des
montrant que le risque d’asthme est augmenté chez les enfants traitements anti-asthmatiques résulte probablement de l’inflam-
fortement exposés à la pollution et que l’asthme des enfants mation et/ou du remodelage bronchiques induits par l’exposi-
vivant dans des régions polluées est plus grave/difficile à traiter tion in utero au tabagisme passif.
que l’asthme des enfants peu exposés à la pollution. Diverses études ont conclu à un risque accru d’asthme chez
Au total, il apparaît donc que l’influence de la pollution les enfants exposés au paracétamol in utero et/ou pendant les
atmosphérique sur les risques d’atopie et d’asthme est modulée premières années de la vie.
par le patrimoine génétique des enfants, mais aussi que cette Shaheen et al. [26] ont étudié les polymorphismes des gènes
pollution est susceptible d’induire des modifications des gènes GSTM1, T1 et P1 et Nrf2 (nuclear erythroid 2p45-related factor
normaux et, par-là même, de perturber le fonctionnement du 2) chez plus de 4000 mères et plus de 5000 enfants suivis de la
système immunitaire et, ainsi, de favoriser les risques atopique naissance jusqu’à l’âge de sept ans dans le but de déterminer les
et asthmatique. possibles relations entre ces polymorphismes et le risque
Selon certaines études, l’exposition des enfants, y compris in d’asthme associé aux expositions in utero et post-natales au
utero, aux polluants domestiques, fumée de tabac notamment, paracétamol (acétaminophène). Chez les enfants exposés en
représente un facteur de risque d’atopie et d’asthme encore plus début de grossesse, les risques de wheezing et d’asthme ont été
important que l’exposition à la pollution atmosphérique. Dans positivement et significativement associés à la présence de
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l’allèle mineur T du Nrf2 dans le génome maternel. Chez les ( p < 0,01). Il en a été de même en ce qui concerne la
enfants exposés en fin de grossesse, ces risques ont été associés consommation de paracétamol liée à des épisodes fébriles
à la présence de certains allèles des gènes GSTM1 et/ou associés à des infections respiratoires. En revanche, aucune
T1 chez la mère. Enfin, même si une exposition post-natale a été relation n’a été mise en évidence entre le nombre de jours
associée à une augmentation du risque atopique (déterminé sur de fièvre associés à des infections non respiratoires, la
la positivité d’au moins un prick-test positif à un aéro-allergène consommation de paracétamol pendant ces épisodes fébriles,
courant, à l’âge de sept ans), aucune relation significative n’a et le risque asthmatique ultérieur, non plus qu’entre la
été objectivée avec les risques de sifflements respiratoires et consommation de paracétamol pendant les deux premières
d’asthme. Perzanowski et al. [27] ont étudié les antécédents années de la vie et le risque de sensibilisation à six et/ou sept
personnels, la consommation maternelle de paracétamol ans. Les résultats de ces deux études suggèrent donc fortement
pendant la grossesse, et les génotypes de la GSTP1 chez que ce sont les infections respiratoires (probablement virales)
301 enfants de milieu socio-économique défavorisé, âgés de du jeune enfant qui sont associées à une augmentation du risque
cinq ans et issus d’une étude prospective initiée à la naissance. asthmatique ultérieur, et non la consommation de paracétamol
Le tiers des mères rapportait une consommation plus ou moins pendant les deux premières années de vie.
importante de paracétamol pendant la grossesse, et 27 % des Les relations entre asthme et obésité sont bien établies, tant
enfants des sifflements respiratoires fréquents. Le risque de chez l’adulte que chez l’enfant, mais les possibles relations
sifflements a été significativement plus élevé chez les enfants entre les caractéristiques morphologiques des enfants pendant
exposés in utero au paracétamol que chez les autres enfants le début de la vie et les caractéristiques de l’asthme à l’âge de
(OR = 1,71, p = 0,003), et a augmenté avec la consommation l’entrée à l’école ne sont pas connues. Paul et al. [30] ont étudié
maternelle de paracétamol ( p tendance < 0,001). Enfin, chez les courbes de croissance (poids notamment) de 197 enfants
les enfants exposés in utero, le risque de sifflements a été âgés de deux à trois ans, siffleurs fréquents. À l’inclusion, ont
majoré (effet additif) lorsque ces enfants étaient porteurs d’au été étudiés le poids et les fonctions respiratoires des enfants,
moins un allèle mineur (Val) de la GSTP1 ( p = 0,009). Les dont les scores symptomatique et médicamenteux ont été suivis
résultats de ces deux études tendent donc à confirmer les effets pendant encore un an. Une prise de poids rapide pendant les
délétères des expositions in utero au paracétamol sur le risque deux à trois premières années de vie a été positivement et
asthmatique ultérieur, et suggèrent que ces effets sont significativement associée au score médicamenteux ( p = 0,01)
influencés par des polymorphismes maternels et personnels à et au nombre de visites médicales en urgence pour exacerba-
l’enfant de certains gènes impliqués dans le contrôle du tions d’asthme ( p < 0,001), mais pas aux fonctions respi-
métabolisme oxydatif. Peut-être, aussi, ces relations entre ratoires à l’inclusion ni au score symptomatique pendant les
asthme induit par les expositions prénatales au paracétamol et douze mois de suivi. Ces résultats suggèrent donc que la prise
le génome maternel, d’une part, et le génome personnel des de poids pendant les deux premières années de la vie influence
enfants, d’autre part, est-il lié à la transmission des gènes le risque de crises d’asthme aiguës plus ou moins graves
maternels aux enfants. Wait and see !! ! ultérieurs. En contradiction avec ces résultats, Zhang et al. [31],
Lowe et al. [28] ont suivi 620 enfants à risque atopique dans une étude de 285 nouveau-nés à risque asthmatique élevé
élevé, sur la base de leurs antécédents familiaux, de la naissance suivis jusqu’à l’âge de huit ans, montrent qu’un surpoids avant
jusqu’à l’âge de sept ans. L’histoire clinique de ces enfants et l’âge de deux ans est associé à un risque réduit d’asthme aux
les résultats des prick-tests aux allergènes courants ont été âges de six ans (OR = 0,32, p = 0,02) et de huit ans (OR = 0,35,
analysés, aux âges de six et/ou sept ans, en fonction de la p = 0,04), tandis qu’un surpoids à l’âge de cinq ans est associé à
consommation de paracétamol par les enfants pendant les deux un risque accru d’asthme ultérieur (OR = 5,78, p = 0,05).
premières années de vie. En analyse univariée, la prévalence de S’il existe des relations positives entre obésité et asthme, peu
l’asthme a été légèrement, mais significativement, augmentée d’études ont porté sur les possibles relations entre l’obésité et la
chez les enfants qui avaient consommé du paracétamol pendant gravité de l’asthme chez l’enfant. Ginde et al. [32] ont analysé
leurs 24 premiers mois, au prorata du nombre de jours de l’index de masse corporelle (IMC) et l’index pulmonaire de
traitement par le paracétamol (OR = 1,18). Cependant, cette 672 enfants ayant consulté aux urgences pour exacerbation
relation a disparu en analyse multivariée, lorsqu’a été pris en d’asthme dans les hôpitaux de 17 états américains et deux
compte le nombre d’infections respiratoires pendant la même provinces canadiennes pendant 12 mois. Les résultats confir-
période. Schnabel et al. [29] ont suivi de façon très régulière, ment que l’obésité est significativement plus fréquente chez ces
jusqu’à l’âge de six ans, plus de 3000 enfants enrôlés à la enfants que dans la population pédiatrique générale (23 vs 9–
naissance dans une étude prospective. Les antécédents 15 %, p < 0,001). En revanche, après ajustement en fonction du
infectieux et la consommation médicamenteuse des enfants sexe, de l’âge et de divers autres facteurs démographiques,
ont été soigneusement enregistrés pendant les deux premières aucune relation n’a été objectivée entre l’IMC des enfants et la
années de vie. Enfin, des dosages des IgE sériques spécifiques gravité des crises ayant motivé les consultations aux urgences.
des allergènes courants ont été effectués aux âges de deux et six Si, donc, il existe bien une relation positive entre obésité et
ans. Le nombre total de jours fébriles et le nombre de jours asthme, il ne semble pas exister de relations entre l’obésité et la
fébriles associés à une infection respiratoire pendant les gravité de l’asthme.
24 premiers mois ont été significativement plus importants chez Peu d’études ont porté sur l’influence de l’obésité sur le
les enfants asthmatiques à six ans que chez les autres enfants contrôle de l’asthme. Kattan et al. [33] ont suivi pendant un an
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368 adolescents américains atteints d’asthme persistant modéré d’hospitalisation d’enfants pour crise d’asthme aiguë grave
à sévère. L’histoire clinique de ces adolescents (symptômes et dans le but de déterminer les facteurs susceptibles d’être à
exacerbations d’asthme) et les modifications des fonctions l’origine de ces crises. Au total, 727 hospitalisations ont été
respiratoires et de l’inflammation bronchique (mesure de comptabilisées, dont la moitié touchant des enfants de trois à
l’eNO) ont été interprétées en fonction des caractéristiques cinq ans et, dans 25 % des cas, des enfants dont l’asthme n’était
anthropométriques (IMC, scanners mesurant la quantité de pas connu ou diagnostiqué. Les deux tiers des enfants avaient
masse graisseuse), de l’éosinophilie sanguine et des concen- déjà été hospitalisés pour crise d’asthme aiguë grave, dont 50 %
trations sériques de diverses adipokines et cytokines pro- et pendant l’année précédant le début de l’étude. Seuls 11 % des
anti-inflammatoires. Plus de 50 % des adolescents et enfants ayant un asthme connu disposaient d’un plan d’action
adolescentes étaient en surpoids ou obèses. Le surpoids et en cas de crise, et seuls 8 % avaient participé aux activités d’une
l’obésité ont été associés à un mauvais contrôle de l’asthme par école de l’asthme. Les résultats de ces deux études incitent à
le traitement de fond (nombre de jours symptomatiques, poursuivre les efforts pour améliorer la prise en charge des
p = 0,02 ; nombre de crises, p = 0,06), mais seulement chez les enfants asthmatiques et l’éducation des parents.
filles. Chez les garçons, des taux élevés d’adiponectine, une Peu d’études ont porté sur les caractéristiques démographi-
adipokine anti-inflammatoire, ont été associés à un meilleur ques et cliniques des enfants et adolescents atteints d’asthme
contrôle de l’asthme, tant en termes de jours symptomatiques difficile à traiter. Haselkorn et al. [37] ont étudié les
que du nombre de crises ( p < 0,05) et à de meilleurs fonctions caractéristiques démographiques (sexe, âge, origine ethnique)
respiratoires (VEMS/CV, p < 0,05). Les facteurs et cliniques (antécédents personnels, IgE sériques totales,
(hormonaux ?) susceptibles d’expliquer les différences entre prick-tests aux aéro-allergènes courants, EFR, traitements anti-
les garçons et les filles restent obscurs. allergiques et/ou anti-asthmatiques) de 1261 enfants et
Toutes les études montrent que l’asthme de l’enfant est sous- adolescents atteints d’asthme difficile à traiter, tous issus de
diagnostiqué et/ou sous-traité. Dans le but de déterminer la l’étude TENOR (The Epidemiology and National history of
prévalence de l’asthme non équilibré chez l’enfant, Liu et al. asthma : Outcomes and treatment Regimens). Bien qu’il ait
[34] ont questionné les parents de 2429 enfants américains existé des différences selon le sexe et l’âge, les principaux
asthmatiques consultant leur médecin, quel que soit le motif de facteurs de risque ont été un terrain allergique (antécédents de
la consultation. La prévalence de l’asthme mal/non contrôlé a DA et/ou rhinite, concentrations élevées des IgE sériques
été de 46 % (54 % des enfants consultant pour un problème totales, prick-tests positifs, facteurs allergéniques déclenchants
respiratoire, et 35 % des enfants consultant pour un autre identifiés) et un faible VEMS (inversement corrélé à la
motif). Ces résultats confirment donc que le contrôle de concentration des IgE totales). Ces résultats suggèrent que tous
l’asthme n’est effectif que chez à peine plus de la moitié des les enfants et adolescents atteints d’asthme difficile à traiter
enfants asthmatiques. Ils montrent aussi que, chez ces enfants, devraient faire l’objet d’un bilan allergologique et devraient
le contrôle de l’asthme doit être apprécié lors des consultations bénéficier d’un traitement optimum de leurs allergies, en sus du
pour des problèmes respiratoires, mais aussi lors des traitement de leur asthme.
consultations pour des motifs non respiratoires. De nombreuses études ont montré que le risque de troubles
Rosychuk et al. [35] se sont proposé d’étudier l’évolution psychologiques et cognitifs était plus élevé chez les enfants
dans le temps et les facteurs de risque des visites aux urgences asthmatiques que chez les autres enfants, mais aucune étude
pédiatriques pour crise d’asthme chez les enfants et adolescents prospective n’a été effectuée pour déterminer l’impact des
canadiens de l’état de l’Alberta. Pour ce faire, ils ont analysé les sifflements respiratoires précoces sur le comportement cognitif
données informatisées du système de santé pédiatrique, de et psychologique des enfants à moyen et à longs termes. Plus de
1999 à 2005. Pendant cette période, 45 385 enfants ont consulté 500 nouveau-nés polonais ont été suivis jusqu’à l’âge de trois
à 94 187 reprises aux urgences hospitalières pour crise ans sur la base d’examens cliniques répétés, des réponses des
d’asthme aiguë plus ou moins grave. Les principaux facteurs parents à un questionnaire, et, à trois ans, d’un test de
de risque ont été le sexe (rapport M/F = 1,6 avant la développement mental [38]. Après ajustement en fonction des
quatorzième année) et un milieu socio-économique défavorisé facteurs confondants classiques, le quotient mental des enfants
(bénéficiaires d’une aide de l’état, aborigènes). Dans près des a été inversement corrélé au nombre d’épisodes de sifflements
trois quarts des cas, les visites de contrôle, programmées chez respiratoires pendant les 12–24 premiers de la vie, ainsi qu’au
les pédiatres ou les médecins généralistes une semaine après le niveau d’exposition à un tabagisme passif. Les auteurs
passage aux urgences, voire l’hospitalisation (10 % des cas), suggèrent que cette relation pourrait résulter d’un effet toxique,
n’ont pas été effectuées. Enfin, le taux de passage aux urgences direct ou indirect, sur le cerveau des infections virales, si
est resté stable de 1999 à 2005. Ces résultats suggèrent donc souvent responsables des épisodes de sifflements respiratoires
que, alors que, au moins théoriquement, la prise en charge de du jeune enfant.
l’asthme pédiatrique s’est améliorée pendant la dernière Aucune étude n’a, non plus, été effectuée pour déterminer
décennie, le taux de passage pour asthme aux urgences l’influence de la précocité de l’asthme sur les perturbations
pédiatriques n’a pas varié, probablement parce que le suivi des psycho-intellectuelles des enfants. Liberty et al. [39] ont inclus
enfants asthmatiques, notamment des milieux défavorisés, n’est dans une étude prospective près de 300 enfants non
pas correctement assuré. Fuhrman et al. [36] ont recensé sélectionnés, issus d’un groupe d’enfants suivis depuis la
pendant un an, dans 14 services hospitaliers français, les cas naissance, à leur entrée dans le système scolaire. Les
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performances psycho-intellectuelles des enfants ont été d’un centre hospitalo-universitaire où, en sus des soins qui leur
déterminées à l’inclusion et un an plus tard, et ont été ont été prodigués, ont été effectuées systématiquement des
analysées en fonction des antécédents respiratoires des enfants. recherches d’infections virales et bactériennes dans les
Après un an de scolarité, l’apprentissage de la lecture a été secrétions. Les résultats obtenus en période de crise ont été
significativement moins bon chez les enfants qui étaient comparés aux résultats des examens microbiologiques effec-
asthmatiques lors de leur entrée dans le système scolaire que tués en dehors de toute période de crise, à l’occasion de visites
chez les autres enfants ( p = 0,023–0,026), sans relation avec la médicales planifiées. Une association significative a été mise en
gravité de l’asthme et indépendamment des autres facteurs de évidence entre épisodes sifflants et infections virales
risque classiques (sexe, ethnicité, milieu familial). En revanche, (OR = 2,8), mais aussi bactériennes (OR = 2,9), de façon
les acquisitions en calcul ont été identiques chez tous les indépendante. Selon ces résultats, les épisodes de sifflements
enfants. L’existence d’un asthme à l’âge de l’entrée à l’école respiratoires du jeune enfant à risque asthmatique élevé sont
paraît donc représenter un handicap, au moins en ce qui déclenchés tout autant par des infections virales que des
concerne l’apprentissage de la lecture. infections bactériennes.
Bien que les sensibilisations aux moisissures soient
3. Facteurs déclenchants relativement fréquentes chez les enfants asthmatiques, citadins
notamment, les relations entre le niveau d’exposition aux
Les exacerbations d’asthme sont fréquentes chez l’enfant et moisissures et les types de moisissures impliquées, d’une part,
responsables d’une importante morbidité et d’une mortalité non et, d’autre part, la morbidité liée à l’asthme restent mal
exceptionnelle. Avec les expositions aux allergènes, les déterminées. Pongracic et al. [43] ont étudié le nombre total de
infections des voies respiratoires représentent les principaux colonies de moisissures cultivables et les types de moisissures
facteurs déclenchants des crises. dans l’air extérieur et au domicile de 469 enfants asthmatiques
Maffey et al. [40] se sont proposé de déterminer les citadins, âgés de cinq à 11 ans, et ayant tous au moins un prick-
principaux agents infectieux responsables du déclenchement test positif pour une moisissure. Ces dosages ont été effectués à
des crises d’asthme aiguës graves, nécessitant une hospitalisa- plusieurs reprises pendant deux années consécutives, pendant
tion, chez les enfants de diverses tranches d’âge, en analysant lesquelles ont été recueillis les scores symptomatique et
les secrétions rhinopharyngées recueillies chez ces enfants. Au médicamenteux des enfants. D’une façon générale, le niveau
total, 209 enfants âgés de trois mois à 16 ans ont été d’exposition aux moisissures, et notamment aux moisissures
hospitalisés, en un an, dans un service de pneumologie auxquelles les enfants étaient sensibilisés, a été positivement et
pédiatrique pour crise d’asthme aiguë grave. Un agent significativement corrélé au score symptomatique des enfants.
infectieux a été détecté chez 78 % de ces enfants, avant tout Les expositions aux moisissures atmosphériques ont essentiel-
le VRS (40 %) et les rhinovirus (24,5 %). Des mycoplasmes lement été corrélées au nombre de jours avec des sifflements
(M. pneumoniae) et des chlamydias (C. pneumoniae) ont été respiratoires, tandis que les expositions aux moisissures
détectées respectivement chez 4,5 et 2 % des enfants. Les domestiques ont été corrélées au nombre d’exacerbations
infections par le VRS ont prédominé chez les jeunes enfants et d’asthme. Ces résultats tendent donc à confirmer que, chez les
ont généralement été responsables de crises plus graves et plus enfants asthmatiques sensibilisés aux moisissures, les exposi-
difficiles à traiter que les autres infections. Enfin, les pics tions aux moisissures représentent des facteurs déclenchants
d’hospitalisation ont correspondu aux pics d’endémie infec- importants.
tieuse par le VRS et les rhinovirus. Garcia-Garcia et al. [41] ont Diverses études transversales ont conclu a l’existence d’une
effectué des identifications virales dans les secrétions relation positive entre les épisodes de toux spasmodique nocturne
rhinopharyngées des enfants hospitalisés pour bronchiolite et les pics de pollution atmosphérique, mais ces résultats sont
ou asthme aigus graves, entre septembre 2005 et juin 2008, dans controversés. Sucharew et al. [44] ont pu suivre prospectivement,
un service de pédiatrie espagnol. Un ou plusieurs virus ont été de la naissance jusqu’à l’âge de trois ans, 550 enfants de parents
identifiés chez 444 des 626 enfants hospitalisés (71 %), plus atopiques. Sur la base des examens cliniques et des réponses des
souvent chez les jeunes enfants que chez les enfants plus âgés parents à un questionnaire, la prévalence de la toux spasmodique
(77,3 vs 59,8 %, p < 0,001). Si le VRS (27 %), les rhinovirus nocturne récidivante a varié entre 17,3 et 21,6 %. En analyse
(24 %) et les adenovirus (17,8 %) ont été les virus les plus multivariée, prenant en compte les facteurs de risque classiques
fréquents, les métapneumovirus (HMPV) et les bocavirus (sexe, âge, antécédents familiaux d’asthme, allaitement mater-
(HBoV) ont été identifiés chez 20,7 % des enfants. Les résultats nel, environnement domestique, etc.), le risque de toux nocturne
de ces deux études confirment donc le rôle prédominant des récidivante a été significativement augmenté chez les enfants
infections par le VRS et les rhinovirus dans le déclenchement exposés à des taux élevés de dérivés de la combustion des
des crises d’asthme chez l’enfant, mais montrent aussi que des hydrocarbures (OR = 1,45). Une corrélation positive et sign-
virus émergents jouent également un rôle non négligeable, et ne ificative a également été mise en évidence entre toux nocturne et
doivent pas être négligés. risque de sifflements respiratoires (OR = 1,76). Ces résultats
Plusieurs milliers d’enfants de mères asthmatiques ont été confirment donc que, chez les enfants à risque atopique et/ou
suivis de la naissance jusqu’à l’âge de trois ans [42]. Les enfants asthmatique élevé, la pollution liée à la combustion des
présentant des épisodes de sifflements respiratoires graves et/ou hydrocarbures représente un facteur de risque de toux nocturne
persistant depuis au moins trois jours ont consulté aux urgences récidivante, et, probablement, de sifflements respiratoires.
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Dans le but de déterminer les relations entre l’importance persistance des sifflements respiratoires. En revanche, les
des variations de la pollution atmosphérique et le déclenche- anomalies EFR observées au sixième mois et le risque de
ment des crises d’asthme chez l’enfant, Strickland et al. [45] ont persistance des sifflements ont été d’autant plus importants que
recueilli les données concernant les variations quotidiennes de les concentrations initiales d’eNO étaient élevées. Les auteurs
multiples polluants atmosphériques (CO, NO2, SO2, O3, suggèrent donc que, chez les jeunes enfants siffleurs, le dosage
PM2,5-10 et PM10, etc.) sur 40 sites de la région d’Atlanta de l’eNO représente un bon examen prédictif du risque de
(États-Unis), entre 1993 et 2004, et étudié les possibles persistance des sifflements respiratoires et, probablement,
corrélations entre les variations de la pollution et les taux de d’évolution vers un asthme persistant.
consultation pour asthme aux urgences pédiatriques pendant la Plus de 800 enfants, tous issus de l’étude prospective PIAMA
même période. En analyse multivariée, les taux de visite aux et rapportant des épisodes de sifflements respiratoires, ont été
urgences ont été significativement augmentés lors des inclus à l’âge de trois à quatre ans, âge auquel ont été effectués un
augmentations, même faibles, des concentrations d’ozone et examen clinique, des dosages des IgE sériques spécifiques des
des dérivés de la combustion des hydrocarbures, et positive- aéro-allergènes courants, un dosage de l’eNO et des EFR
ment corrélés aux taux de ces mêmes polluants atmosphériques. (méthode de l’interruption des résistances), puis suivis jusqu’à
Ces résultats montrent donc que les augmentations de la l’âge de huit ans, dans le but de déterminer si ces examens
pollution atmosphérique représentent, de façon dose-dépen- présentaient une valeur prédictive d’asthme [48]. Après
dante, des facteurs de déclenchement des crises d’asthme. ajustement en fonction des facteurs confondants habituels, le
Les diverses études ayant porté sur les relations entre les risque d’asthme à l’âge de huit ans a été significativement
expositions aux poussières désertiques et l’asthme ne sont pas augmenté chez les enfants chez lesquels un ou plusieurs dosages
vraiment concluantes, ne serait-ce que parce qu’elles sont d’IgE spécifiques avaient été positifs (OR = 2,8) et chez lesquels
basées sur des méthodes de dosage anciennes et peu fiables. la concentration d’eNO était élevée à l’âge de quatre ans
Dans le but de clarifier ce problème, Kanatani et al. [46] ont (OR = 1,6). L’augmentation des résistances à l’âge de quatre ans
analysé la qualité de l’air et dosé les particules fines minérales a été associée à une augmentation du risque de wheezing à six à
et non minérales, grâce à une méthode récente et performante, sept ans, mais pas à l’âge de huit ans.
dans l’atmosphère de la ville japonaise de Toyama, une ville Dans le but d’identifier des facteurs de risque fiables,
régulièrement exposée aux vents de sable d’origine asiatique, Hyvärinen et al. [49] ont suivi, aux âges de quatre, sept et 12 ans,
de 2005 à 2009. Les variations quantitatives et qualitatives ainsi une centaine d’enfants qui avaient été hospitalisés, avant l’âge
détectées ont été corrélées aux variations des taux d’hospita- d’un an, pour un épisode de sifflements respiratoires plus ou
lisation pour asthme chez les enfants âgés d’un à 15 ans. Les moins grave, et chez lesquels avaient été effectués une
risques d’hospitalisation ont été significativement augmentés numération des éosinophiles sanguins et des dosages de l’ECP
chez les enfants exposés à une importante augmentation des dans le sérum et les secrétions nasales. Sur les 81 enfants qui ont
poussières du désert dans l’atmosphère (OR = 1,88 le jour pu être suivis jusqu’à l’âge de 12 ans, 20 (25 %) présentaient un
même de l’exposition, et 1,83 les jours suivants). Ces risques asthme persistant depuis leur hospitalisation initiale. En analyse
sont donc sensiblement identiques à ceux rapportés pour les univariée, le risque de persistance de l’asthme a été associé à une
variations de la pollution atmosphérique, des concentrations éosinophilie sanguine et des concentrations élevées d’ECP dans
polliniques dans l’atmosphère et des modifications climatiques le sérum et dans les sécrétions nasales. Toutefois, après
importantes (OR = 1,71). L’exposition à la poussière du désert ajustement en fonction des facteurs confondants classiques,
représente donc un important facteur de déclenchement des seule l’augmentation de la concentration d’ECP dans les
crises graves chez les enfants asthmatiques. secrétions nasales a représenté un facteur de risque significatif
(OR = 4,09). Même si la sensibilité de ce dosage a été imparfaite,
4. Diagnostic (précoce) sa spécificité a été bonne. Les auteurs suggèrent donc d’effectuer
systématiquement un dosage de l’ECP dans les secrétions
Seuls certains nourrissons siffleurs sont appelés à dévelop- nasales des nourrissons siffleurs.
per un asthme, et il n’est pas aisé de déterminer le risque En cumulant les résultats de ces trois études, on peut
asthmatique ultérieur de ces nourrissons, même en analysant les suggérer que les dosages des IgE sériques spécifiques, de l’eNO
antécédents familiaux (asthme parental), les antécédents et de l’ECP dans les sécrétions rhinopharyngées des
personnels de l’enfant (tabagisme passif in utero et/ou post- nourrissons siffleurs permettraient d’améliorer le diagnostic
natal, DA) et l’existence, ou non, de sensibilisations aux prédictif d’asthme ultérieur.
allergènes courants.
Debley et al. [47] ont suivi pendant six mois 44 nourrissons 5. Prévention et traitement
qui avaient présenté au moins trois épisodes sifflants traités par
des bronchodilatateurs et/ou des corticoïdes inhalés, et chez 5.1. Traitement médicamenteux
lesquels avaient été effectués, à l’inclusion, une EFR et un
dosage de l’eNO. Aucune corrélation significative n’a été mise Les recommandations internationales indiquent que, chez
en évidence entre ces deux paramètres, et les résultats des EFR les enfants dont l’asthme est mal/non équilibré par des doses
initiales n’ont pas été significativement corrélés aux résultats classiques de corticoïdes inhalés, le traitement doit être
des EFR effectuées au sixième mois de l’étude, ni à la modifié en ajoutant des bronchodilatateurs d’action prolongée.
64 C. Ponvert / Revue française d’allergologie 52 (2012) 54–69

Cependant, il n’existe pas de consensus international et ces traitement proposé en fonction de la réponse des enfants à ce
recommandations varient d’une région du monde à une autre. traitement.
Dans une étude en double insu, ayant porté sur 24 enfants Dans le but d’améliorer la compliance des enfants à leurs
atteints d’asthme persistant modéré à sévère suivis pendant traitements anti-asthmatiques, la tendance est à diminuer le
trois semaines après l’adjonction de bronchodilatateurs nombre de prises quotidiennes. Eid et al. [53] ont étudié la
d’action prolongée (salmétérol) ou le doublement des doses tolérance et l’efficacité respectives d’un traitement mono-
de corticoïdes inhalés (dipropionate de fluticasone), Murray quotidien (budésonide/formotérol 80/4,5 mg  2 inhalations
et al. [50] montrent que les deux traitements sont équivalents successives/24 h), d’un traitement biquotidien (budésonide/
en termes de réduction des scores symptomatique et formotérol 40/4,5 mg  2 inhalations  2/24 h) et d’un traite-
médicamenteux, et d’amélioration du VEMS. En revanche, ment monoquotidien par corticoïdes inhalés seuls (budésonide
l’amélioration des résistances bronchiques est significative- 80 mg  2 inhalations successives/24 h) chez 521 enfants
ment meilleure chez les enfants ayant reçu une supplémenta- atteints d’un asthme bien équilibré par le traitement biquoti-
tion en bronchodilatateurs d’action prolongée que chez les dien. Après 12 semaines de suivi, les traitements associant
enfants traités par une double dose de corticoïdes. Ces résultats corticoïdes et bronchodilatateurs d’action prolongée ont été
tendent donc à confirmer la supériorité des associations de significativement plus efficaces que les corticoïdes seuls. Le
corticoïdes et de bronchodilatateurs d’action prolongée traitement biquotidien par corticoïdes associés aux broncho-
inhalés sur le doublement des doses de corticoïdes inhalés. dilatateurs d’action prolongée a été plus efficace que le
Et pourtant, dans une étude ayant porté sur 158 enfants dont traitement monoquotidien en termes d’amélioration du débit
l’asthme n’était pas correctement équilibré par les corticoïdes expiratoire de pointe (DEP, p < 0,01), des besoins en
inhalés (fluticasone 100 mg  2/24 h), répartis en double insu bronchodilatateurs d’action rapide ( p < 0,03) et d’aggravation
en deux groupes thérapeutiques (doublement de la dose de de l’asthme ( p = 0,002), bien que les doses quotidiennes de
corticoïdes ou adjonction de salmétérol 50 mg  2/24 h) et corticoïdes inhalés aient été identiques. Ces résultats incitent
suivis pendant les six mois suivants sur la base de leur histoire donc à prescrire un traitement biquotidien aux enfants
clinique et des résultats des EFR, Vaessen-Verbene et al. [51] asthmatiques.
montrent que l’amélioration clinique (nombre de jours sans Même lorsqu’il est relativement bien équilibré par les
symptômes, nombre de crises, etc.) et des fonctions corticoïdes inhalés, l’asthme représente un handicap pour les
respiratoires est strictement identique dans les deux groupes. enfants d’âge scolaire en termes d’absentéisme et de réduction
Cent quatre vingt-deux enfants atteints d’asthme non des performances scolaires. Weiss et al. [54] ont inclus, en
contrôlé par les corticoïdes inhalés (fluticasone 100 mg  2/ début d’année scolaire, plus de 1000 écoliers asthmatiques,
24 h) ont été répartis en trois groupes recevant respectivement âgés de six à 14 ans, dans une étude prospective en double insu
des corticoïdes inhalés seuls, mais à plus forte dose (fluticasone vs placebo, dans le but de déterminer les possibles effets
250 mg  2/24 h), la même dose de corticoïdes inhalés associés préventifs du montelukast (5 mg/24 h) sur le contrôle de
à un bronchodilatateur d’action prolongée (fluticasone 100 mg/ l’asthme. Au bout de deux mois de suivi, aucune différence
salmétérol 50 mg  2/24 h), ou la même dose de corticoïdes significative n’a été observée entre les deux groupes d’enfants,
inhalés associée à un antagoniste des récepteurs des tant en ce qui concerne la fréquence et la gravité des symptômes
leucotriènes administré par voie orale (fluticasone d’asthme, les besoins en médicaments d’appoint et le nombre
100 mg  2/24 h + montelukast 5 ou 10 mg/24 h), pendant de consultations pour asthme chez le médecin ou aux urgences.
16 semaines consécutives [52]. L’efficacité de ces traitements Les auteurs concluent que l’adjonction du montelukast aux
a été évaluée, après triple cross-over, sur les modifications du corticoïdes inhalés n’exerce aucun effet préventif significatif
score symptomatique (nombre de jours sans symptômes, chez les écoliers asthmatiques, et ne peut donc pas être
nombre de crises) et du VEMS. Tous les enfants ont systématiqement recommandée.
globalement été améliorés. L’amélioration la plus significative En sus de ses propriétés anti-inflammatoires directes, le
a été observée chez les enfants traités par la fluticasone associée montelukast stimule la production d’IL-10 par les cellules
au salmétérol ( p = 0,004), suivie par la fluticasone associée au régulatrices de l’immunité et induit une diminution de la
montelukast ( p = 0,002). La fluticasone/salmétérol a été plutôt production des IgE chez les enfants atteints d’asthme
plus efficace chez les enfants de race blanche, alors que la allergique. Le montelukast agit donc sur le système immuni-
fluticasone plus montelukast a été plutôt plus efficace chez les taire, mais son influence sur les modifications immunologiques
enfants de race noire. Ces résultats tendent donc à confirmer la induites par la désensibilisation (DS) et sur l’efficacité de la DS
notion selon laquelle, chez les enfants dont l’asthme est mal n’a jamais été étudiée. Majak et al. [55] ont inclus 36 enfants
contrôlé par les doses classiques de corticoïdes inhalés, le atteints d’asthme allergique aux acariens, et traités par des
doublement des doses de corticoïdes est plutôt moins efficace corticoïdes inhalés, dans une étude destinée à déterminer les
que l’adjonction d’autres molécules à visée anti-asthmatique possibles effets du montelukast sur la DS. Tous les enfants ont
(bronchodilatateurs d’action prolongée ou antagonistes des poursuivi leur traitement par des corticoïdes inhalés et ont été
récepteurs des leucotriènes). Ils montrent aussi que certains désensibilisés, par voie injectable, avec un extrait d’acariens
enfants réagissent mieux aux bronchodilatateurs d’action domestiques. Dix-huit enfants ont reçu, en double insu, du
prolongée qu’aux antagonistes des récepteurs des leucotriènes montelukast (5 mg/24 h), pendant les trois premiers mois de la
et vice-versa, et que l’on peut donc être amené à modifier le DS, et les 18 autres enfants ont reçu du placebo. L’efficacité de
C. Ponvert / Revue française d’allergologie 52 (2012) 54–69 65

la DS, pendant les 12 premiers mois, a été appréciée sur les dans l’étude. En analyse multivariée, les résultats montrent que
scores symptomatique et médicamenteux, ainsi que sur la l’asthme persistant s’accompagne d’un ralentissement de la
production in vitro de diverses cytokines par les lymphocytes T croissance des enfants ( p = 0,04), mais que, en prenant en
sanguins des enfants. Après 12 mois de DS, les scores compte ce facteur, les traitements par la béclométhasone
symptomatique et médicamenteux ont été significativement n’affectent pas la croissance des enfants, quelle que soit la
meilleurs chez les enfants du groupe placebo que chez les durée du traitement et quelles que soient les doses administrées,
enfants qui avaient reçu du montelukast. Bien que le tant que ces doses n’ont pas dépassé 750 mg/24 h. C’est donc la
montelukast ait altéré la génération et les fonctions des maladie asthmatique qui est responsable du retard de croissance
lymphocytes Treg, ces altérations ont été peu/non significatives des enfants, et non les corticoïdes inhalés.
et transitoires. Ces résultats suggèrent donc que, contre toute
attente, le montelukast ne renforce pas les effets de la DS, voire 5.2. Désensibilisation
même tend à en diminuer l’efficacité.
Le contrôle de l’asthme est classiquement apprécié sur les Eifan et al. [59] se sont proposé de comparer l’efficacité et les
modifications, sous traitement, des scores symptomatique et mécanismes de la DS par voie sous-cutanée (SC) et de la DS
médicamenteux, et sur les modifications des EFR. Si l’eNO est sublinguale. Pour ce faire, deux groupes d’une cinquantaine
significativement augmenté chez les patients présentant des d’enfants atteints de rhinite et/ou asthme allergique aux acariens
crises d’asthme aiguës et atteints d’asthme récidivant, les domestiques ont été désensibilisés pendant un an par voie SC ou
résultats des études portant sur la valeur prédictive des dosages par voie sublinguale. Les résultats des bilans immuno-
de l’eNO, en termes de risque de récidive et perte du contrôle de allergologiques (scores symptomatique et médicamenteux,
l’asthme sont mitigés. Deux cents patients de tous âges prick-tests, dosages des IgE sériques totales et spécifiques,
(107 enfants et 93 adultes), tous asthmatiques, dont 165 rece- hyperréactivité nasale et/ou bronchique, dosages des cytokines)
vant des corticoïdes inhalés, ont été suivis pendant 12 semaines, effectués au douxième mois de la DS ont été comparés à ceux
après un dosage de l’eNO effectué à divers flux expiratoires obtenus à l’inclusion et à ceux obtenus chez une cinquantaine
permettant de déterminer les concentrations d’eNO bronchi- d’enfants, également allergiques aux acariens, mais non
ques et alvéolaires [56]. Aucune corrélation n’a été objectivée désensibilisés. La DS sublinguale a été parfaitement tolérée,
entre les diverses concentrations d’eNO mesurées et le contrôle alors que la DS injectable a induit deux réactions systémiques.
de l’asthme, tant au début de l’étude que pendant les Les scores symptomatique et médicamenteux, le score de qualité
12 semaines suivantes. Les concentrations d’eNO ne semblent de vie et l’hyperréactivité nasale/bronchique ont été signi-
donc pas être de bons indices du contrôle de l’asthme. ficativement améliorés chez les enfants désensibilisés, alors
L’activité et les performances physiques des enfants qu’ils se sont plutôt dégradés chez les enfants non désensibilisés.
asthmatiques sont inférieures à celles des enfants bien portants, La DS a été associée à une diminution des concentrations des IgE
ce qui n’est pas sans conséquences sur la qualité de vie de ces spécifiques et du diamètre des papules (prick-tests), non
enfants et sur le contrôle de leur asthme. Soixante-cinq enfants retrouvée dans le groupe non désensibilisé. Globalement, aucune
chez lesquels le diagnostic d’asthme venait d’être porté ont été différence significative n’a été objectivée entre les enfants
traités par des corticoïdes inhalés et revus à plusieurs reprises désensibilisés par voie SC et le groupe d’enfants désensibilisés
pendant les douze mois suivants [57]. Leur niveau d’activité par voie sublinguale pour la majorité des paramètres étudiés.
physique a été apprécié sur les réponses des parents à un Enfin, les modifications de la production des cytokines par les
questionnaire et leurs caractéristiques morphologiques (poids cellules mononucléées sanguines des enfants, après activation in
et IMC) et respiratoires sur des mesures objectives (pesée, vitro par les allergènes d’acariens, ont été non significatives ou
dosage de l’eNO, EFR avec recherche d’HRB, etc.). Les difficilement interprétables. Ces résultats confirment donc la
résultats ont été comparés à ceux obtenus, pendant la même notion selon laquelle la DS est cliniquement efficace chez les
période, chez 154 enfants témoins bien portants. Une enfants allergiques aux acariens, et suggèrent que la DS
amélioration significative et progressive du temps voué aux sublinguale est tout aussi efficace que la DS injectable, tout
activités physiques ( p < 0,001) et de la capacité à effectuer des en étant mieux tolérée.
efforts modérés à importants ( p = 0,01) a été mise en évidence Diverses études ont montré que la DS sublinguale, sous
après que les enfants aient été mis sous traitement, notamment forme de comprimés dosés à 300 IR, était efficace chez les
entre le sixième et le douxième mois, sans influence sur leur adultes et les enfants atteints de rhinoconjonctivite et/ou asthme
IMC. Ces résultats confirment donc que le contrôle de l’asthme allergiques aux pollens de graminées. Toutefois, des études sur
par les médicaments anti-asthmatiques s’accompagne d’une des groupes d’âges pédiatriques précis n‘ont pas été effectuées.
amélioration importante des capacités physiques des enfants. Les résultats d’une étude en double insu contre placebo, ayant
Diverses études, ayant toutes porté sur des nombres inclus 161 enfants (5–11 ans) et 117 adolescents (12–17 ans)
relativement faibles d’enfants, ont suggéré que les corticoïdes atteints de rhinoconjonctivite allergique aux pollens de
inhalés ralentissaient la croissance. Camargos et al. [58] ont suivi graminées et désensibilisés en pré- et cosaisonnier, confirment
de façon très régulière, pendant deux à six ans et jusqu’à l’âge de la bonne tolérance et l’efficacité de la DS sublinguale par les
9–9,5 ans, la croissance de 82 enfants asthmatiques traités au comprimés dosés à 300 IR, en termes de réduction des scores
long cours par la béclométhasone. Tous ces enfants avaient une symptomatique et médicamenteux, sans différence significative
taille et un poids normaux pour leur âge lorsqu’ils ont été inclus entre les enfants et les adolescents [60].
66 C. Ponvert / Revue française d’allergologie 52 (2012) 54–69

La tendance actuelle est à raccourcir la période initiale de la cours de la deuxième année, il a été de 41,1 %,vs 17,6 et 10,4 %
DS. Mösges et al. [61] ont évalué la tolérance d’une DS respectivement. Au total, 70,4 % des enfants suivis annuelle-
sublinguale ultra-accélérée (90 mn pour atteindre la dose ment avaient abandonné leur DS, contre seulement 32,3 % des
d’entretien de 300 IR) chez 54 enfants et adolescents atteints enfants suivis semestriellement ( p < 0,005) et 18,5 % des
d’asthme allergique aux pollens d’arbres. Vingt-sept enfants enfants suivis trimestriellement ( p = 0,05 par rapport aux
ont été activement désensibilisés et les 27 autres ont reçu du enfants suivis tous les six mois). Ces résultats montrent donc
placebo. La surveillance a été basée sur la clinique que le suivi des enfants influence directement leur compliance à
(symptômes), les éventuels besoins en médicaments et les la DS sublinguale, et indiquent clairement que ces enfants
variations du DEP, avant et après chaque administration de doivent être aussi régulièrement suivis que les enfants
l’extrait allergénique. Aucune différence significative n’a été désensibilisés par voie injectable.
mise en évidence, en ce qui concerne les variations du DEP, Depuis quelques années, quelques équipes ont initié des
entre les deux groupes d’enfants. Mis à part des réactions protocoles de DS aux aliments et aux aéro-allergènes par voie
locales (prurit, paresthésies), dont la fréquence n’est indiquée épicutanée (patch-tests). Quinze enfants atteints de rhino-
ni chez les enfants activement désensibilisés, ni chez les enfants conjonctivite allergique aux pollens de graminées ont été
du groupe placebo, aucune réaction systémique grave n’a été désensibilisés par voie épicutanée, en présaisonnier et cosai-
observée. Ces résultats, sur un nombre relativement faible sonnier, et 15 autres enfants ont reçu, en double insu, des patch-
d’enfants, suggèrent donc que la DS sublinguale aux pollens tests contenant du placebo [64]. La tolérance locale et générale a
d’arbres initiée selon une méthode hyperaccélérée est bien été excellente. Bien qu’aucune modification significative de la
tolérée. On se demande toutefois où se trouve l’intérêt d’une réactivité cutanée aux pollens de graminées n’ait été observée
telle méthode, alors même que plusieurs études ont montré que, dans aucun des groupes, les scores symptomatique et médica-
pour être vraiment efficace, la DS sublinguale devait être initiée menteux, pendant la saison pollinique, ont été sgnificativement
deux à quatre mois avant le début de la saison pollinique. plus faibles chez les enfants activement désensibilisés que chez
Classiquement, la DS est indiquée principalement chez les les enfants du groupe placebo. Ces résultats, qui restent à
patients mono- ou paucisensibilisés, mais certaines études ont confirmer par des études prospectives de plus grande ampleur, de
suggéré que, en diminuant l’inflammation des voies respi- plus longue durée, et portant sur d’autres allergènes, suggèrent
ratoires, elle pouvait aussi améliorer les patients multi- donc que la DS par voie transcutanée pourrait, à plus ou moins
allergiques. Ciprandi et al. [62] ont désensibilisé par voie long terme, représenter une alternative aux DS par voie injectable
sublinguale avec un seul extrait allergénique (n = 42), deux et par voie sublinguale.
extraits (n = 4) ou trois extraits (n = 3), 51 enfants atteints de
rhinoconjonctivite et/ou d’asthme associés à de multiples 5.3. Éducation thérapeutique
sensibilisations. L’efficacité de la DS a été appréciée sur les
scores symptomatique et médicamenteux de l’année suivante, Dans la mesure où l’asthme de l’enfant a un impact psycho-
ainsi que sur le nombre de sensibilisations détectables après les émotionnel sur l’enfant lui-même et sur sa famille, Szczepanski
douze mois de DS. La tolérance a été considérée comme bonne, et al. [65] se sont proposé d’évaluer l’impact d’une prise en
aucune réaction systémique n’ayant été rapportée, et la DS a été charge psychologique des parents sur la prise en charge de
jugée globalement efficace, avec une réduction significative des l’asthme de leurs enfants. Trois cent trente-huit familles de
scores symptomatique ( p < 0,01) et médicamenteux jeunes enfants (deux à cinq ans) ayant présenté au moins trois
( p < 0,01), et du nombre des sensibilisations ( p = 0,018). crises d’asthme plus ou moins graves et continuant à siffler plus
Les résultats de cette étude en ouvert suggèrent donc que la DS ou moins fréquemment pendant les six mois suivant la dernière
par voie sublinguale est efficace chez les enfants atteints crise ont été répartis au hasard en trois groupes : un premier
d’allergie respiratoire liée à de multiples sensibilisations. recevant des instructions orales uniquement, un second recevant
Les résultats des études portant sur la compliance des des instructions écrites et participant à une école de l’asthme
patients à la DS sublinguale varient selon les études, avec de classique, et un troisième, identique au précédent mais
bons/très bons résultats pour les études contrôlées assurant un bénéficiant en sus de réunions en petits groupes avec une équipe
suivi régulier des patients et des résultats plutôt mauvais pour multidisciplinaire comportant un psychologue. Deux cent
les autres études, au suivi plus aléatoire. Trois cents enfants quatre-vingt huit enfants ont pu être suivis pendant les six mois
atteints de rhinoconjonctivite et/ou asthme allergiques ont été suivant l’inclusion. Pendant ces six mois, les taux de visites aux
désensibilisés par voie sublinguale et suivis pendant 24 mois urgences et d’hospitalisation pour asthme ont été significative-
après avoir été répartis en trois groupes, dont le premier astreint ment plus faibles chez les enfants du troisième groupe que chez
à des visites de contrôle tous les trois mois, le second tous les les enfants du second groupe, et significativement plus faibles
six mois, et le troisième tous les ans. La compliance a été chez ces derniers que chez les enfants du premier groupe. Il en a
établie, à chaque visite, sur l’interrogatoire des parents et sur été de même lorsque seuls les résultats chez les enfants sous
l’examen du carnet de DS, en termes d’abandons du traitement corticoïdes inhalés ont été sélectionnés.
[63]. Au cours de la première année de suivi, le pourcentage Ces résultats confirment que, au moins à court terme,
d’abandons a été de 29,3 % chez les enfants suivis l’éducation thérapeutique des familles améliore le pronostic
annuellement, de 14,7 % chez les enfants suivis tous les six de l’asthme du jeune enfant, et montrent qu’il est encore
mois, et de 8,1 % chez les enfants suivis tous les trois mois. Au possible d’améliorer l’éducation thérapeutique et, par-là
C. Ponvert / Revue française d’allergologie 52 (2012) 54–69 67

même, le pronostic de l’asthme, en y incluant une éducation identiques chez les enfants qui avaient bénéficié des mesures
psychologique. préventives et chez les enfants témoins. Aucune différence
significative n’a non plus été mise en évidence entre les deux
5.4. Prévention groupes pour les autres paramètres étudiés, à l’exception d’une
réduction du risque d’asthme chez les enfants atopiques chez
Diverses études ont suggéré que les régimes de type lesquels avait été effectuée une éviction des acariens
méditerranéen, comportant, entre autres, un large usage de ( p = 0,01). Les auteurs concluent que les mesures préventives
l’huile d’olive, étaient associés à une réduction des risques basées sur l’éviction des acariens et une supplémentation
atopique et asthmatique. Dans une étude prospective ayant nutritionnelle en acides gras poly-insaturés pendant les
porté sur 1409 enfants suivis depuis la grossesse jusqu’à l’âge premières années de la vie n’a que peu d’influence sur le
d’un an, Castro-Rodriguez et al. [66] montrent que, en analyse risque asthmatique ultérieur des enfants à risque élevé
univariée, un régime méditerranéen et une importante d’asthme.
consommation d’huile d’olive pendant la grossesse sont Aucune étude n’a porté sur la possible efficacité des régimes
associés à une réduction significative du risque d’épisodes riches en acides gras poly-insaturés et en anti-oxydants (comme
de sifflements respiratoires pendant la première année de vie les régimes méditerranéens) chez les enfants déjà asthmatiques.
des enfants. Toutefois, en analyse multivariée, seule la Quarante-trois enfants asthmatiques âgés de six à 14 ans ont
consommation d’huile d’olive a été associée à une réduction reçu, pendant douze semaines consécutives, un supplément
significative de ce risque (OR = 0,57). Les résultats de cette nutritionnel riche en acides eicosapentanéoïque et gamma-
étude confirment également que le sexe masculin, la linolénique, et en anti-oxydants divers (vitamines C et E, bêta-
fréquentation de la crèche, les antécédents asthmatiques carotène, etc.), ou bien du placebo [69]. L’efficacité a été
maternels, un tabagisme maternel pendant la grossesse, une appréciée sur les résultats des EFR et des dosages de l’eNO
exposition de l’enfant aux moisissures domestiques et une DA effectués régulièrement (J0, 4e, 8e, et 12e semaines), ainsi que
personnelle représentent des facteurs de risque indépendants de sur le score symptomatique des enfants. Une amélioration
wheezing du nourrisson. significative de ce score a été observée chez tous les enfants
Gonzalez Barcala et al. [67] ont adressé un questionnaire ( p = 0,04), sans différence entre les deux groupes. En revanche,
détaillé aux parents de près de 15 000 écoliers espagnols de six une amélioration significative du VEMS ( p = 0,05) et de la
régions différentes, portant sur la santé de leurs enfants, le concentration d’eNO ( p < 0,05) n’a été observée que chez les
mode de vie familial, incluant les habitudes nutritionnelles, le enfants recevant le supplément nutritionnel. Les auteurs
tabagisme parental et le niveau d’éducation des parents. Le taux suggèrent qu’une supplémentation prolongée, pendant plu-
de réponse a été de 75–85 %, selon les tranches d’âge des sieurs mois, voire plusieurs années, des enfants asthmatiques
enfants. La prévalence cumulée de l’asthme, la prévalence de par des formules riches en acides gras poly-insaturés et en anti-
l’asthme au moment de l’étude, et les prévalences de l’asthme oxydants pourrait induire une amélioration de l’asthme de ces
sévère et de l’asthme induit par l’exercice ont respectivement enfants.
varié, selon les tranches d’âge, entre 22,2 et 39,9 %, 12,4 et
13,8 %, 4,7 et 5,2 %, et 6,5 et 19,5 %. Globalement, le régime Déclaration d’intérêts
méditerranéen n’a été associé à aucune modification signi-
ficative de la prévalence et de la gravité de l’asthme, et, de façon L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en
inattendue, a été associé à une augmentation de la prévalence de relation avec cet article.
l’asthme sévère chez les filles âgées de six à sept ans
(OR = 2,26). Références
Des résultats sensiblement identiques sont rapportés par
Toelle et al. [68]. Six cent seize enfants à risque asthmatique [1] Snijders A, Agostini S, Bertuola F, Panizzolo C, Baraldo S, Turato G, et al.
élevé, sur la base des antécédents familiaux, ont été enrôlés à la Markers of eosinophilic inflammation in bronchoalveolar lavage of asth-
matic and atopic children. Allergy 2010;65:978–95.
naissance dans l’étude CAPS (Childhood Asthma Prevention
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