Bull Cancer 2017; 104: 644–651
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Article original
Wahid Chaouki, Mohsine Mimouni, Saber Boutayeb, Hafid Hachi, Hassan Errihani, Noureddine Benjaafar
Reçu le 26 décembre 2016
Accepté le 6 avril 2017
Disponible sur internet le :
29 mai 2017
Mots clés
Cancer
Réunion de concertation
pluridisciplinaire
Évaluation
Exhaustivité
Qualité
644
www.em-consulte.com/revue/bulcan
www.sciencedirect.com
Évaluation des réunions de concertation
pluridisciplinaire ; l'exemple des cancers
gynéco-mammaires dans un centre de
référence tertiaire au Maroc
Institut national d'oncologie, CHU Ibn Sina, BP 6213 RI, Rabat, Maroc
Correspondance :
Wahid Chaouki, Institut national d'oncologie, BP 6213 RI, Rabat, Maroc.
wchaouki@yahoo.fr
Résumé
La réunion de concertation pluridisciplinaire est devenue une pratique médicale standard en
cancérologie. Toutefois, aucune évaluation de cette activité n'a été réalisée au Maroc. Le but de
cette étude était d'évaluer la réunion de concertation pluridisciplinaire des cancers gynéco-
mammaires dans un centre de référence tertiaire à l'échelle nationale. L'étude a été réalisée
par analyse rétrospective de 207 dossiers de patients sélectionnés par randomisation parmi les
1190 cas recrutés durant l'année 2015. L'exhaustivité et les critères de qualité ont été évalués. Le
taux d'exhaustivité global est de 38 %. En fonction des spécialités thérapeutiques, l'exhaustivité
de passage en réunion de concertation pluridisciplinaire est de 68 % au niveau de la chirurgie, de
35 % au niveau de l'oncologie médicale et de 19 % au niveau de la radiothérapie. En ce qui
concerne les localisations, l'exhaustivité est de 43 % pour le sein et n'est que de 19 % pour le col
de l'utérus. Le quorum est respecté à 100 %. Dans 96 % des cas, le traitement effectué est
conforme à la décision de la réunion de concertation pluridisciplinaire. Quatre-vingt-quatre pour
cent des cas ont bénéficié de la réunion de concertation pluridisciplinaire dans un délai inférieur
à un mois. La présente analyse met en évidence que l'exhaustivité du passage en réunion de
concertation pluridisciplinaire n'a pas encore atteint les 100 % visés par notre institution.
Cependant, les exigences du déroulement de la réunion de concertation pluridisciplinaire ont
été généralement respectées. Cette étude montre une évolution organisationnelle de notre
structure basée sur la décision médicale multidisciplinaire. La mesure d'obligation de cette
concertation à l'échelle nationale s'impose.
tome 104 > n87–8 > juillet 2017
http://dx.doi.org/10.1016/j.bulcan.2017.04.004
© 2017 Société Française du Cancer. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Évaluation des réunions de concertation pluridisciplinaire ; l'exemple des cancers gynéco-mammaires dans un
centre de référence tertiaire au Maroc

Article original
Keywords Summary
Cancer
Multidisciplinary team Evaluation of multidisciplinary team meeting; the example of gynecological mammary
meeting cancers in a tertiary referral center in Morocco
Evaluation
The multidisciplinary team meeting has become a standard medical practice in oncology.
Completeness
However, no evaluation of this activity was carried out in Morocco. The aim of this study was
Quality
to evaluate the multidisciplinary team meeting of gynecological mammary cancers in a National
Tertiary Referral Center. The study was carried out by retrospective analysis of 207 cases of
patients randomly selected among the 1190 cases recruited during the year 2015. Completeness
and quality criteria were evaluated. The global completeness rate of passage in multidisciplinary
team meeting is 38%. According to the therapeutic specialities, the completeness of passage in
multidisciplinary team meeting is 68% of surgery, 35% of medical oncology and 19% of radio-
therapy. As far as localizations are concerned, the completeness of passage in multidisciplinary
team meeting is 43% for the breast and only 19% for the cervix. A quorum was met 100% of the
cases. In 96% of cases the treatment performed is in accordance with the decision of the
multidisciplinary team meeting. Eighty-four percent of cases performed multidisciplinary team
meeting within less than one month. This analysis shows that the completeness of the transition
to multidisciplinary team meeting has not reached the 100% planned by our institution. However,
the requirements for conducting the multidisciplinary team meeting were generally met. This
study shows an organizational evolution of our structure based on collective and multidisciplinary
medical decision. The national obligation measure of multidisciplinary team meeting is necessary.

Introduction diagnostiques et thérapeutiques. Elle constitue un élément

Le cancer constitue l'une des préoccupations majeures de santé
publique au Maroc. L'incidence du cancer est estimée
à 124,8 nouveaux cas pour 100 000 habitants (136,6 pour les
hommes et 114,5 pour les femmes), soit 48 442 nouveaux cas
de cancer prévus en 2020 dans notre pays [1]. Devant cette
problématique, la politique de santé publique s'est inscrite dans
l'élan international grâce à un partenariat entre la Fondation
Lalla-Salma de prévention et de traitement des cancers et le
ministère de la santé qui se sont mobilisés pour la mise en
œuvre du premier plan cancer 2010–2019 [2]. Ce plan se décline
en 78 mesures rationnelles, adaptées aux ressources disponi-
bles et prévisibles. Il préconise de nouvelles approches de
prévention, de dépistage, de traitement et d'accompagnement
social. L'Institut national d'oncologie de Rabat (INO) est un
centre pionnier national dans le traitement anticancéreux. Il
fait partie du centre hospitalier universitaire de Rabat, Maroc. Il
offre des services spécialisés de 3e niveau en complémentarité
avec le réseau de soins de santé au niveau de la région Rabat-
Salé-Kénitra et la région Tanger-Tétouan-Al-Hoceima. Il assure la
prise en charge des tumeurs solides de l'adulte. Il prodigue
plusieurs thérapies telles que la chirurgie, la radiothérapie-curi-
thérapie et l'oncologie médicale. Il assure aussi la prise en
charge de la douleur et des soins palliatifs. Durant l'année
2015, l'INO a recruté 4978 nouveaux cas de cancer dont
1190 cas font partie de la localisation gynéco-mammaire.
La réunion de concertation pluridisciplinaire est un lieu d'échan-
ges entre spécialistes de plusieurs disciplines sur les stratégies
essentiel de l'organisation des soins en cancérologie [3–5]. À
l'échelle nationale, le plan cancer préconise dans ses mesures
47 et 55 l'instauration de la réunion de concertation pluridisci-
plinaire aussi bien dans le secteur public que dans le secteur
privé [2], mais sans la description détaillée de la modalité de sa
réalisation. En l'absence donc de référentiel national de réunion
de concertation pluridisciplinaire, l'INO a pris l'initiative de for-
maliser cette pratique médicale à travers son projet d'établis-
sement hospitalier 2012–2016 par l'élaboration et la mise en
application en 2013 d'une procédure qualité qui organise cette
activité. Cette procédure préconise que tout nouveau patient
atteint de cancer doit bénéficier d'un avis émis lors d'une
réunion de concertation pluridisciplinaire avant la mise en route
du primo-traitement. Cet avis doit être communiqué au patient
et placé dans son dossier médical. À l'INO, la réunion de concer-
tation pluridisciplinaire est sous la responsabilité d'un médecin
coordonnateur, épaulé par un secrétariat. Elle a surtout une
visée thérapeutique puisque la majorité des patients recrutés
sont déjà diagnostiqués. Deux types de réunion de concertation
pluridisciplinaire sont organisés dans notre établissement dont
l'une est consacrée aux tumeurs gynéco-mammaires et l'autre
aux tumeurs non gynéco-mammaires. La fréquence de ces
réunions est d'une fois par semaine par type de réunion de
concertation pluridisciplinaire. La politique de notre structure
préconise que la pluridisciplinarité doit être assurée par un
quorum composé d'au moins trois spécialités, à savoir la chi-
rurgie, la radiothérapie et l'oncologie médicale. La présence
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d'autres spécialités, telles que l'anatomopathologie et l'image-
rie médicale, est souhaitable. En l'absence de référentiel thé-
rapeutique national, les décisions thérapeutiques sont
proposées sur la base de l'application adaptée de deux réfé-
rentiels internationaux (National Comprehensive Cancer Net-
work, NCCN et European Society for Medical Oncology, ESMO)
[6,7] et de la concertation du quorum. L'évaluation régulière de
la réunion de concertation pluridisciplinaire fait partie des exi-
gences de la procédure précitée.
Ainsi, l'appréciation de la qualité des réunions de concertation
pluridisciplinaire au niveau de notre établissement s'impose
après l'instauration de cette première expérience au Maroc.
Les objectifs de cette étude sont l'évaluation de l'exhaustivité
et de la qualité des réunions de concertation pluridisciplinaire
des cancers gynéco-mammaires.
Méthode
Il s'agit d'un audit rétrospectif des pratiques portant sur une
année civile de fonctionnement des réunions de concertation
pluridisciplinaire gynéco-mammaires. La présélection des dos-
siers a été réalisée à partir de la base de données du registre
hospitalier de l'INO. Elle a commencé par le triage de tous les
dossiers médicaux ouverts en 2015 dont la localisation tumorale
est un cancer gynéco-mammaire. Elle a été suivie par un tirage
au sort à l'aide du logiciel Stata 9.0 de 261 dossiers patients
(22 % du nombre de recrutement parmi les cancers gynéco-
mammaires). Finalement, une vérification des critères d'inclu-
sion et d'exclusion à partir du dossier médical papier pour
chaque patient a eu lieu. Ainsi, les patients qui n'ont pas
bénéficié de traitements anticancéreux (bénéficiant seulement
de surveillance post-thérapeutique, perdus de vue, bénéficiant
seulement de soins palliatifs) ont été exclus (tableau I).
Deux grilles de recueil de données ont été validées en interne.
La première a permis l'évaluation de l'aspect fonctionnel en
auditant la documentation du secrétariat des réunions de
concertation pluridisciplinaire et la deuxième a servi à l'évalua-
tion de l'aspect qualitatif en collectant les données pour chaque
patient inclus à partir des dossiers médicaux papier, du registre
« réunion de concertation pluridisciplinaire » et des fiches
« réunion de concertation pluridisciplinaire ». Deux critères
de jugement ont été analysés : l'exhaustivité et la qualité
des réunions de concertation pluridisciplinaire.
L'analyse de l'exhaustivité a porté sur tous les cas inclus
à l'étude. Le taux d'exhaustivité global a été calculé en divisant
le nombre de patients présentés en réunion de concertation
pluridisciplinaire avant le premier traitement par le nombre total
de patients inclus dans l'étude. L'exhaustivité a été déterminée
aussi en fonction de la spécialité thérapeutique (chirurgie, radio-
thérapie et oncologie médicale) et de la localisation tumorale
(sein, col, ovaire et endomètre). Le taux d'exhaustivité par
spécialité a été calculé en divisant le nombre de patients pré-
sentés en réunion de concertation pluridisciplinaire avant le
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TABLEAU I
Caractérisation de l'échantillon de l'étude des réunions de concer-
tation pluridisciplinaire gynéco-mammaires pour l'année 2015
Nombre de patients 261
présélectionnés
Nombre de Patients dont le diagnostic du cancer 3
patients exclus s'est révélé négatif
Patients bénéficiant seulement de 7
surveillance post-thérapeutique
Patients bénéficiant seulement de 3
soins palliatifs
Patients perdus de vue 41
Total de patients exclus 54 (21 %)
Nombre de patients 207 (79 %)
inclus au final
premier traitement spécialisé par le nombre total de patients
relevant de la spécialité thérapeutique étudiée. Le taux
d'exhaustivité par localisation a été calculé en divisant le nom-
bre de patients présentés en réunion de concertation pluridisci-
plinaire préthérapeutique d'une localisation tumorale par le
nombre total de patients ayant la localisation analysée.
L'analyse qualitative n'a porté que sur les cas ayant bénéficié de
la réunion de concertation pluridisciplinaire préthérapeutique.
Les critères de qualité ont été déterminés à partir des standards
internationaux. Les variables prises en compte ont été :
 la temporalité ;
 la traçabilité des comptes rendus ;
 la présence dans le compte rendu des éléments réglementai-
res pour la conformité d'une réunion de concertation pluridis-
ciplinaire (date, noms des médecins présents, présence du
médecin référent, validité de quorum) ;
 la présence des éléments nécessaires à une proposition de
prise en charge initiale (âge, antécédents, type histologique,
bilan d'extension, stade TNM) ;
 la nature de la prise de décision, l'adéquation entre les trai-
tements proposés et effectués ;
 les délais de prise en charge (délai d'accès à la réunion de
concertation pluridisciplinaire, délai entre la réunion de
concertation pluridisciplinaire et le traitement initial).
Le quorum de spécialistes nécessaires défini au niveau de notre
établissement doit être composé d'au moins trois spécialités,
à savoir la chirurgie, la radiothérapie et l'oncologie médicale. La
présence d'autres spécialités, telles que l'anatomopathologie et
l'imagerie médicale, est souhaitable. La présence du médecin
référent est fortement recommandée, car il doit présenter les
dossiers de ces patients. La proposition thérapeutique et le
traitement effectué ont été comparés. S'ils étaient différents,
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centre de référence tertiaire au Maroc

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TABLEAU II radiothérapeutes, les oncologues médicaux, les anatomo-
Activité de la réunion de concertation pluridisciplinaire gynéco- pathologistes, les radiologues et les résidents. Le temps consa-
mammaire durant l'année 2015 cré à chaque dossier est en moyen de 6 minutes (tableau II). La
durée de discussion d'un dossier est très variable : les dossiers
Nombre de séances de RCP 51 complexes requièrent environ 14 minutes alors que d'autres
Nombre de dossiers présentés 1,874 dossiers sont simplement validés sans donner lieu à une dis-
cussion. La durée d'une séance varie de 67 à 147 minutes.
Nombre moyen de dossiers/séance (écarts) 37 (6–59)

Nombre moyen de médecins/séance (écarts) 11 (4–19) Exhaustivité des réunions de concertation

Temps moyen/dossier en minutes (écarts)
Durée moyenne des séances en minutes (écarts)
la justification était recherchée dans le dossier médical et sa
nature était notée.
L'analyse statistique a été réalisée par le logiciel Stata 9.0.
Résultats
Organisation des réunions de concertation
pluridisciplinaire
Au total, 51 séances de réunion de concertation pluridisciplinaire
gynéco-mammaires ont été réalisées durant l'année 2015 au
cours desquelles 1874 présentations de dossiers ont été obser-
vées (tableau II). Le nombre de dossiers présentés par séance
de réunion de concertation pluridisciplinaire est variable et il est
en moyenne de 37 dossiers. Le nombre moyen de médecins
présents par séance est de 11 toutes spécialités confondues. Les
spécialistes habituellement présents sont les chirurgiens, les
pluridisciplinaire
6 (1–14)
Le tableau III présente l'analyse de l'exhaustivité. Globalement,
110 (67–147) parmi les 207 cas étudiés, 105 ont été enregistrés en réunion de
concertation pluridisciplinaire (50,72 %) et parmi eux 79 patients
(38 %) ont bénéficié d'une réunion de concertation pluridisci-
plinaire avant tout traitement conformément à la règle en
vigueur. Parmi les 79 patients ayant profité de la réunion de
concertation pluridisciplinaire préthérapeutique, 65 % l'ont réa-
lisée une seule fois, 30 % l'ont réalisée deux fois et 5 % l'ont
réalisée trois fois (données non présentées). La majorité des cas
relevant de la chirurgie, soit 67,85 % ont effectué la réunion de
concertation pluridisciplinaire avant la mise en route du primo-
traitement (tableau III). Pour les cas relevant de l'oncologie
médicale et de la radiothérapie, uniquement 34,57 % et
18,57 % ont respectivement bénéficié de la réunion de concer-
tation pluridisciplinaire avant le premier traitement. Le taux de
passage en réunion de concertation pluridisciplinaire préthéra-
peutique est très variable selon le siège de la tumeur. Il est élevé
pour les cancers de l'ovaire (85,71 %) et de l'endomètre
(66,67 %), moyen pour le cancer du sein (42,64 %) et faible
pour le cancer du col de l'utérus (19,35 %).

TABLEAU III
Exhaustivité du passage en réunion de concertation pluridisciplinaire (n = 207)

Non-passage en RCP Passage en RCP Total des cas

Avant traitement Après traitement

Analyse globale 102 (49 %) 79 (38 %) 26 (13 %) 207 (100 %)
1
Analyse par spécialité
Chirurgie 4 (7,15 %) 38 (67,85 %) 14 (25 %) 56 (100 %)

Radiothérapie 57 (81,43 %) 13 (18,57 %) 0 70 (100 %)

Oncologie médicale 41 (50,61 %) 28 (34,57 %) 12 (14,82 %) 81 (100 %)

Analyse par localisation

Sein 50 (38,76 %) 55 (42,64 %) 24 (18,60 %) 129 (100 %)

Col utérin 48 (77,43 %) 12 (19,35 %) 2 (3,22 %) 62 (100 %)

Ovaire 1 (14,29 %) 6 (85,71 %) 0 7 (100 %)

Endomètre 3 (33,33 %) 6 (66,67 %) 0 9 (100 %)

Les résultats sont exprimés en nombre de patients et en pourcentage.

1
Analyse faite par rapport au premier traitement réalisé.
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TABLEAU IV TABLEAU V
Analyse de la non-réalisation de la réunion de concertation plur- Critères qualité de la réunion de concertation pluridisciplinaire
idisciplinaire préthérapeutique pour les localisations les plus fré- préthérapeutique (n = 79)
quentes en fonction des spécialités thérapeutiques (n = 124)
Indicateur Résultat
Spécialité thérapeutique Non-passage en RCP
Conformité du quorum
Sein Col 3 spécialités exigées 79/79 (100 %)
Chirurgie 14 (19 %) 3 (6 %) Anatomopathologiste 49/79 (62 %)
Radiothérapie 9 (12 %) 47 (94 %) Radiologue 3/79 (4 %)
Oncologie médicale 51 (69 %) 0 Traçabilité des comptes rendus
Total 74 (100 %) 50 (100 %) Existence de la fiche RCP 79/79 (100 %)

Les résultats sont exprimés en nombre de patients et en pourcentage. Présence de la fiche RCP 37/79 (47 %)
dans le dossier patient
Date de la RCP renseignée 72/79 (91 %)
La non-réalisation de la réunion de concertation pluridiscipli- Informations cliniques renseignées 79/79 (100 %)
naire préthérapeutique pour les localisations tumorales les plus
Âge
fréquentes est présentée dans le tableau IV : 69 % des cas du
Antécédents 74/79 (94 %)
cancer de sein relèvent de l'oncologie médicale et 94 % des cas
du cancer du col de l'utérus relèvent de la radiothérapie. Type histologique 71/79 (90 %)

Bilan extension 59/79 (75 %)

Stade TNM 34/79 (43 %)

Médecin référent présent 30/79 (38 %)

Qualité des réunions de concertation Prise de décision
pluridisciplinaire
Mise en traitement 74/79 (94 %)
Les critères de qualité du déroulement de la réunion de concer-
1
tation pluridisciplinaire sont présentés dans le Proposition de PPS 14/79 (18 %)
tableau V. L'analyse a porté uniquement sur les cas ayant réalisé Décision reportée 5/79 (6 %)
la réunion de concertation pluridisciplinaire avant tout traite-
Traitement réalisé est conforme 76/79 (96 %)
ment conformément à la règle en vigueur. Le quorum est valide à la proposition de la RCP
à 100 % des cas. Dans les deux tiers des réunions de concer-
Traitement effectué justifié si 3/3 (100 %)
tation pluridisciplinaire, l'anatomopathologiste est présent alors différent de la proposition
que le médecin radiologue n'est présent que dans 4 % des cas.
Les résultats sont exprimés en ratio et en pourcentage.
En ce qui concerne la traçabilité, les fiches « réunion de concer- 1
Programme personnalisé de soins.
tation pluridisciplinaire » utilisées sont standards dans 100 %
des cas. Cependant, elles ne sont insérées que dans 47 % des
cas dans le dossier patient alors que les 53 % autres sont
archivées au niveau du secrétariat de la réunion de concertation
pluridisciplinaire. La majorité des éléments nécessaires à une Délai d'accès à la réunion de concertation
proposition de prise en charge initiale (âge, antécédents, type pluridisciplinaire et délai entre la réunion de
histologique et bilan extension) sont présents dans plus des concertation pluridisciplinaire et le premier
deux tiers des cas. Cependant, le stade TNM n'est renseigné que traitement
dans 43 % des cas. Le médecin prenant en charge le patient est Parmi les cas ayant réalisé la réunion de concertation pluridisci-
présent dans 38 % des cas. Dans 94 % des cas, la décision de plinaire avant la mise en route du primo-traitement, 84 % l'ont
mise sous traitement est prise et parmi lesquels uniquement effectuée dans un délai inférieur à un mois à partir de la date
18 % ont une proposition d'un programme personnalisé de d'admission à l'hôpital (tableau VI). Pour les cas relevant de la
soins. L'adéquation entre le traitement proposé et effectué chirurgie, 65 % ont été opérés dans un délai de 1 à 3 mois
est élevée (96 %). Tous les traitements non conformes à la (tableau VII). Ce même délai a été enregistré pour l'accès à la
décision « réunion de concertation pluridisciplinaire » sont radiothérapie dans 58 %. Alors que ce délai a été inférieur à un
justifiés dans le dossier médical (3 cas/3). mois pour 85 % des cas relevant de l'oncologie médicale.
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TABLEAU VI Notre étude a montré que le taux de passage global en réunion
Délai d'accès à la réunion de concertation pluridisciplinaire pré- de concertation pluridisciplinaire avant le premier traitement est
thérapeutique (n = 79) de 38 %. Ce taux ne tient pas en considération les cas de
réunions de concertation pluridisciplinaire réalisés après le pre-
Délai Nombre % mier traitement (13 %). Malgré que ce taux d'exhaustivité
< 1 mois 66 84 préthérapeutique n'ait pas atteint les 100 % visés, nous consi-
dérons que celui-ci est encourageant dans un premier temps, vu
1–3 mois 9 11
qu'il s'agit d'une expérience récente, vu l'absence du texte
> 3 mois 4 5 législatif à l'échelle nationale qui rend obligatoire le passage
en réunion de concertation pluridisciplinaire et vu l'insuffisance
Les résultats sont exprimés en nombre de patients et en pourcentage.
en ressources médicales. De ce fait, les médecins ont tendance
à discuter surtout les cas complexes. Un niveau d'exhaustivité
moyen a été enregistré en 2007 au niveau de la région Midi-
TABLEAU VII Pyrénées en France et qui a atteint 56 % pour les cancers
Délai entre la réunion de concertation pluridisciplinaire et le prostatiques [9]. De même, une étude belge réalisée en
premier traitement (n = 79) 2008 sur les cancers digestifs a rapporté une exhaustivité infé-
rieure à 50 % [11]. Il est important de noter que ces chiffres se
Spécialité Chirurgie Radiothérapie Oncologie médicale sont nettement améliorés en France après l'opérationnalisation
Délai des centres de coordination en cancérologie (3C) et l'obligation
< 1 mois 4 (10 %) 4 (33,33 %) 23 (85,18 %) de la réalisation des réunions de concertation pluridisciplinaire.
1–3 mois 26 (65 %) 7 (58,33 %) 0 En effet, l'exhaustivité de la réunion de concertation pluridisci-
plinaire en France a continué à progresser pour atteindre une
3–6 mois 8 (20 %) 0 4 (14,82 %)
moyenne nationale pondérée à 79 % en 2014 et à 82 % en 2016
> 6 mois 2 (5 %) 1 (8,33 %) 0 [12]. Nous avons aussi mis en évidence que l'exhaustivité est
Total 40 (100 %) 12 (100 %) 27 (100 %) variable selon les spécialités thérapeutiques. En effet, l'exhaus-
tivité de passage en réunion de concertation pluridisciplinaire
Les résultats sont exprimés en nombre de patients et en pourcentage. avant le premier traitement est respectivement de 68 %, 35 %
et 19 % aux niveaux de la chirurgie, de l'oncologie médicale et
de la radiothérapie. La variabilité de l'exhaustivité en fonction
Discussion de la spécialité a été observée également dans plusieurs études
Les médecins cancérologues sont depuis longtemps habitués [13,14]. Afin de trouver une explication aux faibles taux
à travailler en équipe multidisciplinaire [8] et aujourd'hui cette d'exhaustivité en radiothérapie et en oncologie médicale, nous
concertation est obligatoire dans plusieurs pays [8–10]. En avons ciblé notre analyse sur les cas du cancer du sein et du col
l'absence de référentiel national de réunion de concertation de l'utérus qui représentent environ 85 % de l'échantillon étudié
pluridisciplinaire au Maroc, l'INO a formalisé cette activité par (données non présentées). Ainsi, notre étude a montré que
l'élaboration en interne d'une procédure relative à l'organisation 69 % des cas du cancer de sein n'ayant pas réalisé la réunion de
de la réunion de concertation pluridisciplinaire qui tient compte concertation pluridisciplinaire préthérapeutique relèvent de
des recommandations internationales. Notre étude a été effec- l'oncologie médicale et 94 % des cas du cancer du col de l'utérus
tuée dans un objectif d'évaluer cette première expérience. n'ayant pas réalisé la réunion de concertation pluridisciplinaire
En ce qui concerne le déroulement de la réunion de concertation relèvent de la radiothérapie. Le non-passage systématique en
pluridisciplinaire dans notre institution, les résultats obtenus réunion de concertation pluridisciplinaire des cas de cancer du
montrent une réalisation systématiquement hebdomadaire. sein par les oncologues pourrait être lié au fait que ceux-ci ont
La participation des médecins a été importante vu qu'en des métastases d'emblée où ils nécessitent la pratique de la
moyenne 11 praticiens ont assisté aux réunions de concertation chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante, d'où l'indication de
pluridisciplinaire dont les médecins seniors (médecins spécia- l'oncologie médicale est justifiée par les médecins. La non-
listes ou professeurs de médecine) qui ont représenté 40 % des réalisation de la réunion de concertation pluridisciplinaire pour
participants. Le temps de présentation des dossiers a été les cas du cancer du col de l'utérus et qui relèvent de la radio-
variable : les dossiers répondant à une prise en charge standard thérapie pourrait être expliquée par le fait que la majorité des
étaient souvent très rapidement validés, en une à deux minutes, cas recrutés sont dans un stade avancé et que l'indication de la
et les dossiers complexes pouvaient nécessiter un temps de radiochimiothérapie concomitante constitue le traitement de
discussion allant jusqu'à 14 minutes. Cette variabilité a été référence pour les radiothérapeutes. D'ailleurs, le recrutement
observée dans plusieurs études [8]. effectué au niveau de notre institution est caractérisé par le
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stade avancé des patients vu qu'il s'agit d'un centre anti-
cancéreux tertiaire.
En ce qui concerne le critère de multidisciplinarité, notre étude a
montré que le quorum est valide à 100 %, car le respect du
quorum est une exigence interne et aucune réunion de concer-
tation pluridisciplinaire ne peut être réalisée en l'absence d'une
des trois spécialités exigées à savoir la chirurgie, la radiothérapie
et l'oncologie médicale. Le médecin prenant en charge le
patient est présent dans 38 % des réunions de concertation
pluridisciplinaire. Ceci est en relation avec la nature de notre
établissement qui est un centre hospitalier universitaire où les
médecins professeurs délèguent l'activité « réunion de concer-
tation pluridisciplinaire » aux médecins résidants. La décision de
mise sous traitement est prise dans 94 % des cas, et parmi
lesquels uniquement 18 % ont une proposition d'un programme
personnalisé de soins. Ce qui peut expliquer la multitude du
passage en réunion de concertation pluridisciplinaire pour cer-
tains patients qui ont bénéficié de deux ou trois réunions de
concertation pluridisciplinaire lors de leur parcours de prise en
charge. Vu que nous ne disposons pas de référentiels théra-
peutiques nationaux et vu que les deux référentiels NCCN et
ESMO sont appliqués d'une façon adaptée à notre contexte
socio-économique et technique, notre étude ne s'est pas foca-
lisée sur l'évaluation de la conformité des décisions des réunions
de concertation pluridisciplinaire par rapport à ces référentiels.
Pour les patients non présentés en réunion de concertation
pluridisciplinaire, les décisions sont prises par les médecins
traitants sur des bases scientifiques de la spécialité thérapeu-
tique après validation de leurs staffs médicaux. Pour le suivi des
avis de la réunion de concertation pluridisciplinaire, nous avons
trouvé que 96 % des cas ont un traitement conforme à la
décision de la réunion de concertation pluridisciplinaire. Le
non-suivi des avis a été toujours justifié et les principaux motifs
de non-application ont été le refus du patient et l'évolution de la
maladie. Le respect de la décision thérapeutique a été aussi
rapporté dans plusieurs études [8,14].
En ce qui concerne les délais de prise en charge, nous avons
constaté que dans 84 % des cas, le délai d'accès à la réunion de
concertation pluridisciplinaire préthérapeutique a été inférieur
à 1 mois. Le délai d'accès à la première prise en charge théra-
réunion de concertation pluridisciplinaire préthérapeutique et
à l'oncologie médicale sont proches de ceux rapportés dans
plusieurs études [15,16], mais ils sont élevés pour l'accès à la
chirurgie et à la radiothérapie.
Conclusion
Cette étude est la première au Maroc à analyser l'exhaustivité et
la qualité des réunions de concertation pluridisciplinaire. Malgré
qu'elle ait concerné qu'un seul établissement, ayant une voca-
tion régionale, les informations fournies peuvent donner néan-
moins des indications sur l'état des pratiques à l'échelle
nationale. En effet, l'exhaustivité globale du passage en réunion
de concertation pluridisciplinaire n'a pas encore atteint les
100 % visés par notre institution. Cependant, dans un contexte
d'absence de la réglementation d'obligation de la réunion de
concertation pluridisciplinaire, le taux atteint reste encoura-
geant dans un premier temps et son amélioration doit être
perceptible après la mise en place des recommandations des
audits annuels. Les exigences du déroulement de la réunion de
concertation pluridisciplinaire ont été généralement respectées.
Cette étude permet d'avoir un état des lieux du passage en
réunion de concertation pluridisciplinaire avant la formalisation
et l'obligation de cette pratique, elle permettra ainsi des compa-
raisons. Les réunions de concertation pluridisciplinaire intègrent
actuellement dans notre pratique une culture pluridisciplinaire
et cette confrontation de spécialités médicales n'ayant ni le
même regard sur la maladie ni les mêmes armes thérapeuti-
ques est sans aucun doute une source d'enrichissement pour les
praticiens et de qualité de soins pour les patients. Finalement,
suite à cette étude et pour améliorer la pratique de la réunion de
concertation pluridisciplinaire (surtout le taux d'exhaustivité, la
proposition de PPS et l'absence de référentiels thérapeutiques),
un plan d'action en interne a été élaboré et enclenché.
Remerciements : les auteurs souhaitent remercier le Dr A. Erraki,
responsable du registre hospitalier de l'INO qui nous a mis à notre
disposition les archives médicales de l'établissement. Nos remerciements
s'adressent également aux Dr MA. Tazi (Registre des cancers de Rabat) et
Pr Z. Belkhadir (INO) pour la discussion et la revue de ce manuscrit. Nous
tenons à remercier aussi la secrétaire de l'unité des réunions de
concertation pluridisciplinaire, Mme K. Rachik qui a mis à notre service la
documentation relative aux réunions de concertation pluridisciplinaire.

peutique a été de 1 à 3 mois pour la chirurgie (65 % des cas) et

aussi pour la radiothérapie (58 % des cas) et inférieur à 1 mois Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
liens d'intérêts.
pour l'oncologie médicale (85 % des cas). Les délais d'accès à la

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