Vous êtes sur la page 1sur 16

La Gazette des archives

A propos de la prévention et de la protection contre l'incendie


Michel Quétin

Citer ce document / Cite this document :

Quétin Michel. A propos de la prévention et de la protection contre l'incendie. In: La Gazette des archives, n°92, 1976. pp. 33-
47;

doi : https://doi.org/10.3406/gazar.1976.2482

https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1976_num_92_1_2482

Fichier pdf généré le 12/05/2018


33

NOTES TECHNIQUES

DE LA PRÉVENTION
CONTRE
A PROPOS
ET DE LA PROTECTION
L'INCENDIE

I . — LE SYMPOSIUM DU CNPP DES 18-20 NOVEMBRE i975

Un Symposium international, organisé à Paris du 18 au 20 novembre 1975 par


le Centre national de Prévention et de Protection (CNPP), et auquel la Direction
des Archives de France avait été invitée sur sa demande, nous a donné l'occasion
de participer pendant plusieurs jours à des débats et démonstrations sur les pro¬
blèmes d' « Automatismes en sécurité incendie » tel était le titre du colloque, qui
groupait 314 participants, dont 77 étrangers représentant 13 pays d'Europe et
d'Afrique.
Ce sont les conclusions de ces débats que nous voudrions présenter brièvement
ici aux lecteurs de la Gazette des Archives. Il ne s'agit donc pas d'une étude d'ensemble
de toutes les questions liées à la sécurité incendie dans les dépôts d'archives, mais
essentiellement de « faire le point » des techniques actuelles en matière de détection
du feu et de transmission et exploitation des informations détectées (c'est-à-dire,
en d'autres termes, les problèmes de l'alarme et de l' intervention) 1.

1. Nous tenons à remercier très vivement de cette invitation le CNPP, dont les
activités dans le domaine de la prévention et de la protection contre le feu sont bien
connues, et qui a accepté déjà à maintes reprises d'apporter une aide amicale et efficace
au Service technique de la Direction des Archives de France, notamment lors de la
rédaction de la circulaire AD 66-35 du 26 septembre 1966 sur la protection et la lutte
contre l'incendie dans les dépôts d'archives ; nous remercions tout particulièrement
M. G. Vaziaga, secrétaire général du CNPP et ses collaborateurs, de leur aide et de leurs
conseils si utiles. L'adresse du CNPP est 5, rue Daunou, 75002 Paris, tél. 073 31 61.
Il publie des brochures, la revue Face au risque, quelques films, joue le rôle de service
de documentation répondant aux demandes. La lecture des publications de cet organisme
notamment : Moyens de prévention de l'incendie ; Premiers moyens (etc.) ; Stockages,
etc., et des études parues dans Face au risque («Guide pour l'établissement du cahier
des charges d'une installation de détection automatique d'incendie » ;... « Extinction
3
34 M. QUÉTIN

Ces questions sont déjà familières aux archivistes, puisque la plupart de nos
dépôts récents sont équipés de systèmes de détection d'incendie 1, mais l'évolu¬
tion actuelle va de plus en plus vers des prescriptions plus exigeantes que par le
passé en ce qui concerne la transmission des alarmes et l'exploitation de celles-ci
dans les mesures d'attaques du feu 2. Lors de la construction de nouveaux bâtiments
d'archives, la nécessité de dispositifs d'extinction automatique d'incendie est souvent
demandée par les services de sécurité. Or certains de ces systèmes, les plus courants
et
destructeur
les moins des
coûteux,
documents.
employant des « sprinklers », utilisent l'eau qui est un agent

Au lieu de se cacher cette évolution récente et de refuser à priori ces nouvelles


exigences, il y a lieu de réfléchir sur l'ensemble de la sécurité contre l'incendie des
nouveaux aménagements ou des nouveaux bâtiments et de leur contenu, en repla¬
çant ce problème dans la situation générale de l'urbanisation contemporaine et des
contraintes d'une
nouveaux, qu'elledistribution
impose en nouvelle
raison dedesl'emploi
volumesde architecturaux
techniques et et
de dematériaux
la com¬
plexité croissante des moyens de liaison, de communication et de circulation. Ces
constatations, jointes aux chiffres donnés dans la note précédente, font mieux saisir
l'appréhension et les exigences des professionnels de la sécurité.
La découverte des meilleures solutions suppose deux attitudes : d'une part une
collaboration réelle et permanente entre les Archives et les spécialistes et surtout
avec ceux d'entre eux qui ont à risquer leur existence pour mettre fin aux sinistres 3 ;
d'autre part, une réflexion active passant au crible nos conceptions communes
d'archivistes sur la construction et le fonctionnement des dépôts d'archives, les
risques actuels et les risques prévisibles, les procédés précédemment employés et
les conclusions qu'ils ont suscitées.
La sécurité n'a certes jamais été négligée dans la construction des bâtiments
d'archives (sinon parfois dans le fonctionnement journalier de ceux-ci) ; les lignes
précédentes ne sont pas une innovation et il ne s'agit pas d'autre chose que de
rappeler la primauté de la conservation. Tout projet doit être organisé autour de
la garantie des personnes (qu'elles soient membres des services ou externes) et des

parorganise
tion
personnel
et
Station
sur-Marne)
rances
portatifs.
forme
ne
d'étudier
cialisés
1.Enfin
contient
changement
d'un
Le
multigraphiée
(CEA)
dde'essai-Laboratoire
ilprojet
les
desécurité.
programme-type

participe
des
pas
problèmes
sécurité
etsont
stages
est
d'atmosphère...
architectural.
l'obligation
chargé
testés
aux
par
incendie
etdele
travaux
colloques
du
officiellement
protection
les
pour
Service
de
Feu
Le
(CESI)
matériels
telles
»)la
de
CNPP
(STELF,
netechnique
ainsi
l'AFNOR
construction
etsaurait
agréé
installations
du
de
ade
que
également
65,
contrôle
lutte
pour
lutte
être
des
avenue
de
et contre
la
àd'un
séances
trop
contre
; ceux
et
Direction
formation
ilcréé
Charles-de-Gaulle,
de
rappelle
recommandée
dépôt
l'incendie
du
lal'incendie.
le
d'entraînement.
vérification
Comité
Centre
des
professionnelle
d'archives,
cependant
avec
Archives
européen
d'enseignement
lors
les
des
77420
de
services
Il
publié
laextincteurs
dedes
l'élabora¬
anime
continue
Champs-
nécessité
France,
Assu¬
sous
spé¬
du
la

2. Le nombre des interventions des sapeurs-pompiers français est passé de 16.346


en 1968 à 31.036 en 1973.
3. Cette première attitude de coopération a toujours existé, à l'échelon central
(le Service technique a participé aux rédactions des règlements de sécurité et a toujours
consulté les professionnels) et à l'échelon local, mais il faut l'intensifier.
LA DÉTECTION DE L'INCENDIE 35

documents. Cette préoccupation est bien éloignée de l'application forcée de spéci¬


fications techniques réglementaires, tâtillonnes, voire routinières. Nous devons
reconnaître sans réticence le caractère prioritaire que donnent à la sécurité les gens
chargés à tous niveaux de la conservation ; alors la collaboration confiante avec
les services spécialisés s'éloignera des concepts de « contrainte » et mènera tout
naturellement à la recherche de mesures plus sûres, mieux adaptées et... moins
coûteuses, au moins à long terme.
Il convient dans cet esprit de bannir certaines idées fallacieuses : ainsi, même
si ce ne fut qu'en de très rares occasions, c'est déjà trop qu'on ait pu dire qu'un
magasin d'archives ou de livres, moderne et bien conditionné, ne risquait guère
de brûler ; que le papier serré était peu inflammable. Tout le monde sait pourtant
bien qu'un livre, un gros registre, ininflammables l'un et l'autre à l'aide d'une allu¬
mette ou d'un briquet, brûlent fort bien dans un foyer. Or un foyer peut naître
par négligence, accident, malveillance, défaillance technique d'une installation.
La distillation intervient et il est alors souvent bien tard pour éviter tout sinistre.
Les pompiers sauront, eux, citer tel ou tel incendie qui détruisit récemment
tout
mation
un 1.dépôt rempli de documents, même si la presse n'en a guère diffusé l'infor¬

Ce texte, nous le répétons, n'est ni un traité, ni le compte rendu exhaustif du


Symposium 2. Il énonce quelques réflexions sur certains points examinés lors des
trois journées de séance en adoptant l'ordre choisi par les organisateurs : la détec¬
tion ; la transmission des données détectées ; l'exploitation de celles-ci. Il se limi¬
tera en outre aux problèmes des magasins d'archives, laissant pratiquement de
côté les locaux administratifs et de consultation ou d'exposition et les locaux tech¬
niques. Enfin, ni les règles élémentaires de sécurité sur le plan purement architec¬
tural ni les consignes générales de sécurité à observer ne seront évoquées ici.

LA DÉTECTION

Il n'existe pas actuellement de détecteur polyvalent ; le type de détecteur le


plus communément employé en France dans le cas de feux secs, ce qui est le cas
de feux de papiers, est le détecteur de fumée à variation d'ionisation. Il permet
de surveiller une surface de 50 m2 d'une salle ayant une hauteur de plafond de 2 m
à 2,50 m. Sa réponse peut être tardive, les fumées ne s'élevant que lentement 3,
d'autant plus que le volume situé entre chaque épi et même le volume représenté
par chaque « casier » peuvent être considérés comme fermés, ce qui contribue encore
à retarder les signaux.

premier
Personnel
les
teurs
échanges
1. peuvent
2.
3. Voir
Le
Lessemestre
CNPP
Records
courants
également
d'ion
être
doit
1976.
de
Center
d'air
annulés
polarité
publier
ci-dessous,
pourraient
des
pardifférentes
etÉtats-Unis,
une
diffuser
p. perturber
certaine
000, grâce
aux
les
le distance.
lignes
12
participants
leauxquels
processus.
juillet
concernant
peuvent
1973.
ceEncompte
outre
l'incendie
fonctionner
ilrendu
fautdusavoir
durant
ces
National
détec¬
que
le
36 M. QUÉTIN

Certains constructeurs ont inventé des systèmes de détection « dynamiques »


faisant intervenir des aspirations de l'air ambiant des salles contrôlées. Pour être
tout à fait logique, une seule bouche d'air aspiré devrait aboutir à un détecteur
relativement proche, ce qui rendrait le système trop coûteux.
Les détecteurs à ionisation étant moins sensibles que les « diffuseurs optiques »
et plus influencés que ces derniers par l'environnement x, il a fallu trouver un moyen
de contrôle en utilisant le principe de la redondance. On double donc les détecteurs
à ionisation par des détecteurs thermovélocimétriques. Ceux-ci cependant, dans
des conditions analogues à celles décrites plus haut (une salle de 2 m à 2,50 m sous
plafond), ne couvrent que 18 m2 ; leur répartition est donc différente de celle que
permettent les détecteurs de fumées. Ce système est plus coûteux, mais il semble
adéquat en donnant un contrôle des informations de détecteurs par des détecteurs
d'un autre type. En outre, dans le cas d'archives, il permet de déceler avec les meil¬
leures chances de succès les deux premières étapes d'un feu : la production de fumée
quand le feu couve et charbonne et le début de l'élévation de la température avant
l'éclosion du brasier. Ce doublage des détecteurs semble donc recommandable dans
les magasins d'archives ; il commence à être connu comme tel. Tout récemment,
l'architecte chargé du réaménagement intérieur du dépôt des Archives du Lot a
adopté ce principe.
Sans anticiper sur la suite de cette note, il convient d'évoquer ici le problème
essentiel des fausses alarmes. La multiplication de celles-ci enlève au système de
détection automatique toute crédibilité et ne le rend pas seulement inutile, mais
nocif. Il ne faut pas en arriver à la situation dans laquelle le personnel se voit ou
se
danscroit
certains
obligé établissements.
de débrancher tel
Lesouremèdes
tel circuit,
se trouvent
comme cela
: se produit actuellement

— dans les études préalables à l'installation du système, études relativement


facilitées dans le cas de magasins d'archives dont la destination est généralement
fixe ;
— dans le réglage des capteurs en fonction des risques spécifiques, de la granu-
lométrie des aérosols et de l'environnement ;
— dans le doublage des détecteurs par d'autres d'un autre type qui contrôlent
un peu la valeur des informations ;
— dans la vérification automatique (si possible en raison des coûts) mais aussi
et surtout, dans le cas qui nous occupe, humaine de la valeur des signaux ;
— dans le contrôle sérieux et permanent des installations et dans la remise

en état rapide des éléments défectueux ou insuffisants. On doit bien, ici comme
en d'autres domaines, signaler le coût prohibitif (surtout parfois dans les villes de
moyenne et petite importance) des contrats d'entretien. Il paraît cependant rai¬
sonnable que les entreprises spécialisées, qui se présentent comme des « vendeurs
de sécurité », admettent les contraintes que leur impose ce rôle 2. Le cahier des char¬
ges d'une installation de sécurité devrait être spécial et prévoir que les alarmes
intempestives entraînent obligatoirement pour le fournisseur la vérification, la

de l'ensemble,
professionnels
2.1. Les
Perturbations
installateurs
allaient
déclaradues
améliorer
que
étant
à les
des
interpellés
efforts
suspensions
la situation.
encouragés
à ce dans
sujet,en
l'air
l'un
ce ambiant
domaine
d'entre eux,
notamment.
par les
parlant
groupements
au nom
LA DÉTECTION DE L'INCENDIE 37

remise en état, voire la modification du secteur incriminé 1. Le coût des installations


et le domaine dans lequel elles interviennent impliquent en effet un service après
vente ou location irréprochable, ce qui ne dispense pas, bien au contraire, l'usager
de l'obligation d'une vérification soigneuse 2.

LA TRANSMISSION DE L'ALERTE

La détection doit être rapide et ne pas être sujette aux fausses alarmes. D'une
façon générale, la détection bien conçue et bien installée doit empêcher que l'inci¬
dent ne se transforme en catastrophe. La rapidité de la détection est certes impor¬
tante, mais l'essentiel est, en définitive, d'intervenir à temps.
ter La
auxtransmission
services d'intervention
doit permettrele demaximum
réduire ced'informations
temps au strict exactes
minimumsuretlad'appor¬
nature
de l'incident ou du sinistre et sur le caractère de l'intervention nécessaire.
En apparence au moins, deux attitudes s'affrontent. La première fait confiance
à l'automatisme programmable, assurant lui-même son propre contrôle, même
celui de la détection, et tend ainsi à éliminer les fausses alarmes. Il y a automati¬
sation générale faisant appel à des données numériques et à des ordinateurs. Dans
le cas de très grands immeubles et « tours » destinés à des bureaux, l'ordinateur
peut gérer et contrôler en même temps les ascenseurs, la distribution de l'énergie,
la détection des sinistres (par télédiagnostic) et les appels. Toutes les données sont
affichées, mises en mémoire. L'unité centrale peut même être doublée d'une unité
de secours. Ailleurs, il est fait appel à des mini-ordinateurs spécialisés. Cette auto-
mation — car c'en est une — semble éliminer les risques d'erreur que peut apporter
l'homme.

Cependant, de tels systèmes pourraient, en ce qui concerne les archives, n'être


employés que dans de très gros services comme par exemple dans les futurs bâti¬
ments de la Cité interministérielle de préarchivage de Fontainebleau.
L'autre idée, concurrente, fait beaucoup plus confiance à l'homme, à condi¬
tion toutefois que ce dernier ait été formé aux tâches de prévention et de protec¬
tion. Ici prédomine le rôle des services de sécurité qui centralisent les alarmes, con¬
trôlent celles-ci par des moyens plus ou moins évolués et les transmettent. Ces ser¬
vices peuvent, dans le cas de services d'archives de petite ou moyenne importance,.
être confiés à une personne qui ait reçu au préalable un minimum de formation â-

verte
sous
essais,
installation
utile.
fication
2.
i.une
après
On
La
contrats
gratuite
forme
peut
brochure
de
examen
automatique
préconiser
détection
concise
d'entretien.
dansdu
effectif
lesles
CNPP,
plus
automatique
que
d'incendie,
principaux
Le
par
brefs
toute
«La
Guide
l'usager
délais
Détection
alarme
conseils
notamment
»,pour
àparu
justifie
laintempestive
charge
l'établissement
automatique
àdans
observer
d'une
endeFace
l'installateur.
ce demande
dont
lors
qui
au
d'incendie,
du
de
risque,
concerne
la cahier
l'entrée
cause
systématique
N'est-ce
sera
Paris
n'a
des
les
enégalement
pas
charges
service
vérifications,
qu'un
1969,
étédedécou¬
vœu
donne
d'une
véri¬
très?

3. Cette formation sera grandement facilitée par l'aide des services locaux du CNPP
et de la STELF. Voir ci-dessus, note 1 page 37.
38 M. QUÉTIN

et qui puisse vérifier ces alarmes et les transmettre aux services officiels d'intervention.
Cette personne aura une certaine crédibilité.
En effet, quelle que soit la solution adoptée, l'alarme parvient toujours en France
aux services officiels spécialisés : les sapeurs-pompiers en l'occurrence. Il est donc
bien normal que ces derniers fassent connaître, sinon imposent 1, leurs exigences
en matière de centralisation et de transmission des alertes au feu. On comprendra
tout à fait qu'actuellement ils prônent l'existence d'un service de sécurité qui peut,
dans certains cas, se limiter à une seule personne spécialisée, rémunérée exclusive¬
ment pour cet emploi. La Brigade des Sapeurs-pompiers de Paris est, quant à elle,
formellement hostile à la transmission automatique de l'alerte jusqu'à la caserne.
Ceci mène à évoquer les moyens de communication des messages. En France,
les des
et P etliaisons
T ont hertziennes.
le monopole des transmissions, essentiellement des liaisons filaires

Ces dernières, les liaisons radio, ne sont autorisées que lorsqu'une liaison filaire
ne peut être réalisée. Le plan de fréquence n'est pas totalement mis à la disposi¬
tion des P et T et le réseau est encombré (on doit parfois partager le même canal
entre deux utilisateurs) et assez vulnérable.
êtreLes
étendues.
lignes téléphoniques spécialisées qui ne transmettent pas la voix ne peuvent

On peut citer les câbles concédés, système ancien qui tend à disparaître, et la
location des lignes téléphoniques directes reliées directement aux casernes de sapeurs-
pompiers.
Enfin, les lignes téléphoniques normales du réseau autocommuté, si elles ont
en France mauvaise réputation, constituent l'essentiel des moyens de transmission
des messages d'alerte à distance. Il faut bien reconnaître que ce réseau est saturé,
qu'il a vieilli et qu'il est fragile. Ces graves défauts rendent plus légitime de jour
en jour l'attente quelque peu impatiente du nouveau système que les P et T ont
mis au point en extrapolant les données techniques de projets analogues étrangers
(système Autophon suisse par exemple).
Selon le capitaine Le Claire, de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, on ne
peut donner qu'avis défavorable à la transmission de l'alerte par un système auto¬
matisé actuellement. En effet, le réseau téléphonique ne peut garantir contre des
délais nuisibles à l'intervention. Un réseau d'alerte, pour être sûr, doit n'être occupé
que par les messages d'alerte ; il ne saurait être tributaire ni de la commutation
ni de la numérotation et doit être surveillé en permanence de façon que les utili¬
sateurs soient tenus informés de toute défectuosité. Seules les recherches et expéri¬
mentations
sûreté des transmissions.
entreprises actuellement 2 permettent d'espérer l'amélioration de la

Ils celui
ni 2.
i. Les
sont
Il de
des
faut
recherches
sanction.
pragmatiques,
bien tenir
ontcompte
été
desmenées
praticiens.
de l'attitude
dans De
deux
compréhensive
plusdirections
ils n'ont :nidesle «pouvoir
hommesdedudécision
feu ».

— ■ celle de la surveillance automatique. Les résultats sont trois systèmes de trans¬


metteurs d'alerte à surveillance automatique : Autophon, CETT, Siemens (la Brigade
des —
S. celle
P. de deParis
la transmission
a l'intention sur
de lancer
ligne téléphonique
des appels d'offre
normale
aux avec
firmes)
superposition
; des
signaux
la commutation,
d'alerte àmais
la parole.
il est intéressant.
Le projet des P et T a l'inconvénient d'être tributaire de
LA DÉTECTION DE L'INCENDIE 39

LES MESURES D'INTERVENTION

Certains archivistes attendent peut-être ici une condamnation ou une appro¬


bation des systèmes d'extinction automatique de l'incendie et notamment du plus
courant et plus célèbre d'entre eux, qui met en œuvre des sprinklers à eau et qui
inspire (vu la nature de cet agent d'extinction et les conséquences de son action
sur la documentation) une crainte légitime à l'archiviste ou au bibliothécaire.
Or ce serait une grande légèreté que de porter un jugement de valeur tranché
dans ce domaine, où il ne convient pas d'écarter ce qui peut contribuer à écarter
tout risque d'abord pour les personnes, puis pour des biens d'une qualité inestimable
puisqu'ils sont uniques. Les participants au colloque (et pas seulement parce qu'ils
étaient en majorité des techniciens fabricants et non des usagers) eurent la sagesse
d'indiquer des résultats de tests sans porter de condamnation de principe.
Tout d'abord, la question envisagée dans ce troisième volet du triptyque : l'exploi¬
tation des données détectées et centralisées, ne se limite pas à l'extinction auto¬
matique.
L'automatisme peut aider à la protection des personnes (et aussi des biens dans
une certaine mesure) en permettant un prompt avertissement qui donne le temps
d'organiser l'évacuation et la mise hors risques des usagers, voire l'évacuation des
documents jugés comme les plus précieux, signalisés et localisés au préalable pour
que cela soit possible. Cette action est particulièrement utile dans le cas de dépôts
d'archives dont les locaux administratifs et de recherche sont situés en hauteur,
voire au dernier étage.
L'automatisme doit contribuer à circonscrire le feu dans le compartiment sinistré,
par la mise en œuvre des systèmes coupe-feu. Il commande la fermeture de clapets
coupe-feu des gaines. Il peut, après un certain délai relativement court (nécessité
d'une certaine temporisation prévue) fermer les portes coupe-feu. Cette tempori¬
sation nécessaire est réglementée dans le cas des portes coupe-feu des ascenseurs.
L'automatisme peut empêcher les fumées d'incommoder les usagers et de gêner
les personnes qui participent au secours et à l'intervention en faisant démarrer
les ventilateurs et en ouvrant les volets ou trappes de désenfumage.
Il peut en outre mettre en route les surpresseurs d'eau.
Tous ces rôles peuvent en effet être réalisés électro-mécaniquement depuis la
commande automatique d'un poste central ; mais, dans tous les cas, la commande
automatique doit être doublée d'une commande manuelle prioritaire l.
L'automatisme doit permettre que tout mauvais fonctionnement de sa part
soit perçu à partir d'un poste central de commandement. Toutes ces possibilités
principales font de l'automatisme un adjuvant très utile de l'intervention humaine
et, dans ce sens, on ne peut que souhaiter la généralisation de son emploi.
L'extinction automatique ne fait pas, elle, l'objet d'une faveur unanime. Les

« non
i. programmée
Il y a là l'application
» mais « du
intelligente
principe général
». de la priorité de l'intervention humaine,
40 M. Q UÉTIN

assureurs et les pompiers écartent même fondamentalement qu'elle puisse pallier


l'absence d'une équipe de sécurité. Pourtant, l'examen des comportements humains
devant des
service de sécurité,
signaux transmis
certains fait
automatismes
souhaiter dans
d'extinction.
bien des cas, en même temps qu'un

En ce qui concerne les sprinklers qui diffusent de l'eau pulvérisée, dans un milieu
aussi cloisonné qu'un magasin d'archives doté d'épis et de casiers (espaces entre
les tablettes), ils agissent essentiellement par abaissement de la température. Il
s'agit de ce point de vue, en cas de sinistre, d'un système efficace, dont le caractère
nocif pour la documentation peut être notablement abaissé si les magasins sont
eux-mêmes fragmentés et isolés de façon à limiter la propagation du ruissellement
des eaux. Ce système, moyennant quelques contraintes pour la construction des
magasins, peut donc être conseillé. De nombreux pays en ont équipé leurs dépôts
de documents et il a pu être recommandé assez récemment en France pour un usage
analogue 1. Si son indéniable efficacité durant le sinistre peut faire recommander
son emploi, ce système est surtout craint pour les risques de déclenchements intem¬
pestifs que présentent ses canalisations d'eau en charge.
Ceci a fait imaginer un système d 'installation de sprinklers à préaction 2 dans lequel
l'arrivée de l'eau dans les conduites se produit sur la commande d'une installation
de détection. L'émission de l'eau est, elle, commandée par l'ouverture traditionnelle
des sprinklers 3. Ce système, brièvement mentionné, présente les avantages sui¬
vants.

— En permettant, grâce à l'alarme commandée par la détection, l'intervention


d'une équipe de sécurité avant l'ouverture des sprinklers, il fait éviter d'inutiles
projections d'eau ; le sprinkler ne fonctionne conventionnellement que si personne
n'intervient. La temporisation entre la détection et la mise en eau qui permettra
le déclenchement éventuel des sprinklers peut être programmée selon la nature
des risques et celle des matériaux à protéger.
— Dans le cas de rupture accidentelle d'un sprinkler ou d'une canalisation,
ilmande
n'y a de
paslaprojection
détection. d'eau si la canalisation n'a pas été mise en charge sur com¬

— Dans le cas de mise en eau des canalisations après une détection fautive,
il n'y aura pas non plus projection d'eau, puisqu'il n'y aura pas de sinistre qui puisse
provoquer l'ouverture d'un sprinkler.
Les probabilités de mauvais fonctionnement sont limitées, la préaction est
donc une garantie contre des risques de déclenchement intempestif. C'est une astuce
pour permettre l'utilisation de l'eau dans des cas où l'intervention inutile de celle-ci
est toujours regrettable.
Cependant, le coût de ces installations est important, ce qui a fait réserver jusqu'ici
leur emploi au cas de risques présentant des dangers pour des usagers ou pour des

sance.
des i.Archives
Jusqu'àdeprésent
Francecependant,
n'a encore aucun
été équipé
dépôtde d'archives
sprinklers, dépendant
du moins àdenotre
la Direction
connais¬

2. Présenté par M. Domecq (Groupe des Installateurs de Sprinklers) au cours du


symposium.
3. Chacune des deux opérations (mise en charge après détection et émission de l'eau
par projection) donne lieu à une alarme de signalement.
LA DÉTECTION DE L'INCENDIE 41

matériels ou des marchandises précieuses (cas par exemple des ordinateurs) L


Cette question du coût très élevé se retrouve dans deux autres systèmes d'extinction
automatique bien souvent évoqués sinon employés pour la protection des documents 2.
L'emploi d'installation d'extinction au gaz carbonique C02 est intéressant car
l'action ne laisse aucune trace. Le gaz carbonique C02 agit par abaissement
de la température et surtout par étouffement de la combustion par manque d'oxy¬
gène. Le dégagement du gaz est commandé soit par la détection automatique soit
manuellement. L'ouverture des bouteilles peut être commandée par des dispo¬
sitifs pyrotechniques 3. Le noyage au C02 peut, il faut y veiller, faute d'une surface
suffisante des évents d'évacuation, provoquer une surpression capable de délabrer
les parois d'une salle. En outre C02 est asphyxiant et demande à être employé
après temporisation lorsque l'on est sûr de l'absence de personnels ou d'usagers.
Plus coûteux encore, semble-t-il, serait l'emploi d'un Halon, gaz qui agit éga¬
lement par étouffement très rapide de la combustion. En effet la protection d'un
magasin d'archives de 200 m2 de 2 m sous plafond coûterait à peu près 36.000 F. h. t.
Si l'emploi de ce gaz ne semble pas nocif pour le personnel, ce qui l'a fait recomman¬
der, son efficacité a été diversement appréciée, du moins dans notre pays. Ainsi
M. H. Bellet, directeur du Département technique du CNPP, précise que les essais
des Halons à la Station d'Essai-Laboratoire du Feu (STELF) de Champs-sur-Marne
n'ont pas été concluants. Il n'y a pas eu extinction ; il y a eu production de gou¬
drons. Cependant ces essais doivent être poursuivis et ils le seront sur des feux que
soumettront les installateurs. Les Halons semblent avoir donné pourtant de bons
résultats dans des pays étrangers, notamment aux USA. Leur emploi, pour être
pleinement efficace, doit exiger une vitesse de dégagement total de l'ordre de 10
secondes. Les systèmes d'extinction employant ces halogènes sont intéressants,
mettant en œuvre des containers individualisés qui permettent plusieurs types de
déclenchement très stables et « fiables ». Malgré leur coût, il semble qu'il y ait là
une formule intéressante
relativement restreints. au moins pour des documents rassemblés dans des volumes

CONCLUSION

Si, aux termes de ce symposium, l'un des participants et non des moindres 4
pouvait s'écrier : « Rien n'est fiable et la sécurité est en fait une insécurité ! », il
devait revenir à des propos moins pessimistes. Ces journées, en effet, même si elles

ces nouveaux
ou 1.coûts
Nousélevés
pardonnerait-on
? pour la protection
la naïveté,
de documents
ou le masochisme,
d'archivesdesurposer
rapports
la justification
traditionnels
de

2. Là encore, à notre connaissance, les deux systèmes qui seront évoqués n'ont
pas été utilisés dans des services d'archives dépendant de la Direction des Archives
de France.desCOa
abritant archives
a été utilisé
de Vauban.
pour la protection d'une armoire des archives du Génie
3. L'utilisation de la pyrotechnie présente beaucoup d'avantages, notamment celui
de la4. « Le
fiabilité
colonel» etHusson,
de la rapidité.
actuellement chargé de la sécurité à la Société anonyme de
Gérance d'Immeubles (SAGI).
42 M. QUÉTIN

ont donné la parole aux ingénieurs, aux constructeurs, aux sapeurs-pompiers, en


un mot aux « grands professionnels » plutôt qu'aux usagers plus simples, auront
permis d'entrevoir les lignes de recherches menées actuellement pour tenter de
dégager
L'automatisation,
la prévention en
et la
matière
protection
de lutte
de l'empirisme.
contre l'incendie, à condition toutefois
d'être distinguée d'une automation, est un fait positif dont l'arrivée est irréver¬
sible. L'automatisme doit faire gagner du temps qui peut être employé à sauver
des vies humaines, à intervenir plus rapidement et en toute connaissance des faits.
Il ne remplacera certes jamais l'intervention humaine, qui doit et peut désormais
être plus compétente, plus responsable et moins dangereuse.
Dans chaque institution, établissement, entreprise, l'automatisme peut être
l'auxiliaire incomparable de l'INDISPENSABLE service de sécurité 1 qui, s'il
n'a pu lui-même mettre fin à l'incident en début d'incendie, préparera, guidera,
sur place par la transmission d'informations claires et précises, en quantité et en
qualité, l'intervention efficace et rendue plus rapide des soldats du feu. Ainsi nous
ne devrions plus voir dans les institutions, établissements, entreprises, grands
ensembles d'habitations, d'incident dégénérer en catastrophe 2.

II. — DEUX OUVRAGES RÉCENTS


SUR LA PRÉVENTION CONTRE L'INCENDIE

Un hasard heureux fait paraître dans ce numéro de la Gazette des Archives le


signalement de deux ouvrages nouvellement parus aux éditions France-Sélection
spécialisées dans la protection, la sécurité, le secourisme, la lutte contre l'incen¬
die 3. Cela peut être une façon de compléter quelque peu le propos des pages pré¬
cédentes consacrées aux automatismes dans la sécurité contre l'incendie par l'évo¬
cation de la prévention contre le feu en matière de construction. La garantie contre
les risques d'incendie commence, en effet, par l'application des mesures architec¬
turales de prévention.

Beltramelli (Colonel R.). — Traité de prévention. Nouv. éd. refondue. Paris,


France-Sélection, 1974, feuillets mobiles in-8°.
C'est la réédition totalement refondue de ce traité célèbre et depuis longtemps
épuisé 4 : sont actuellement republiés la préface, l'avertissement au lecteur, la table

de
par
être
l'auteur
faut
87,
tement,
certains
2.4.
3.
1.signalé
contre
garder
maintenue
Tant
Citons
La
Le75019
decartonnage
Gazette
des
ces
cas
d'assurer...
àdeun
l'esprit
fois
lignes,
Paris.
précis
publications
que
extrait
des
réclamé
s'il
que
àArchives
comme
deun
mécanisme
d'un
existe
M.
si service
par
ladecertains
paragraphe
réglementation
les
dans
aMython,
France-Sélection
bien
Services
deporte
l'entreprise
établissements
façon
souvent,
dule
d'une
deCentre
continue.
titre
n'impose
Sécurité,
lettre
notamment
un
dont
: de
«service
recevant
Précis
documentation
l'adresse
du
Cette
les 10
pas Sapeurs-pompiers,
un
de
de
notion
dans
décembre
service
du
sécurité...
prévention
estpublic]
ses
9-13,
dede
du
numéros
1975,
service
sécurité
CNPP
rue
«».».ellele
du
reçue
demande
CNPP...
ne84,
: Dépar¬
»«...
[hors
peut
par
85,
Il
LA PRÉVENTION DE L'INCENDIE 43

des matières, l'introduction : « De la prévention dans la construction » ; le livre I :


« Prévention de l'incendie dans la construction et les installations électriques, de
chauffage et de ventilation » et le livre II « La prévention de l'incendie suivant
les différents types de construction : A : les immeubles d'habitations, B : les immeubles
de grande hauteur ; C : les garages et parkings souterrains ». Cela représente 65g
pages contenues dans une reliure-cartonnage à feuillets perforés mobiles, ce qui
permettra des mises à jour annuelles 1.
Bien que ce livre ait été beaucoup plus connu des sapeurs-pompiers, des mem¬
bres de commissions ou de services spécialisés, des architectes, ingénieurs, maîtres
d'œuvres, entrepreneurs et installateurs auxquels il s'adresse tout particulièrement
que d'un public plus large, sa lecture ne sera pas vaine pour l'utilisateur qui veut
vérifier la « conformité » de nouvelles installations ou celle de locaux réaménagés
qui ont acquis une destination autre que celle qu'ils avaient à l'origine. Je dois
avouer que sa consultation vient de me faire déceler quelques défauts de non-con¬
formité aux règles dans l'immeuble où je demeure ! Sur un plan moins personnel,
il est arrivé bien souvent au Service technique de la Direction des Archives de
France des demandes de renseignements sur les portes coupe-feu, celles-ci pouvant
être (ce précis nous permet de le retenir) « standard » (coupe-feu 1 heure), « grand
modèle » (2 heures), « palière » (1/4 d'heure). Quant aux portes coulissantes 2, elles
sont soumises à l'examen de la Commission départementale de la protection civile ;
elles doivent être situées en façade pour obturer des sorties réglementaires, fonc¬
tionner automatiquement en gardant la possibilité d'ouverture en cas de panne
d'énergie et doivent être faites en verre trempé et découvrir toute leur base.
Toutes les précisions indiquées sont illustrées par un tableau qui donne la régle¬
mentation principale pour chaque cas.
Pour quitter le domaine des exemples précis et renouer avec les essais de réflexion
tentés précédemment, relevons cette phrase dans les toutes premières pages du
livre I : « Les bâtiments modernes, qu'ils soient construits en béton ou sur armature
métallique, ne sont pas pour autant incombustibles, même si les vides ou les garni¬
tures de façade le sont totalement. La notion de construction à l'épreuve du feu
est purement théorique » 3.

Classification des éléments de construction d'après leur résistance au feu. 3e édi¬


tion. Paris, France-Sélection, 1975, in-40, 347 p., tableaux et fig.
« Au nombre des principes de prévention dont le respect s'impose lors de la
construction des établissements recevant du public,... [et] des immeubles d'habi¬
tation, il en est un, particulièrement important et d'autant plus remarquable qu'il
se des
et présente
éléments
le de
premier
construction.
au responsable
» de la construction : le choix des matériaux

Cette première phrase de l'introduction à cet ouvrage récemment refondu en


indique clairement l'objet. Il s'agit de mesures de prévention qui président au choix
des matériaux de construction. De récentes catastrophes comme celles de Saint-

à des
1. organismes
Cet ouvrageouestà actuellement
des professionnels.
disponible au prix de 235 F, ce qui en limite l'achat
2. I, p. 131-133.
3. P. 37-38.
44 M. QUÉTIN

Laurent-du-Pont
lité de la classification
ou du des
CESmatériaux.
Pailleron à Paris éviteront de justifier davantage l'uti¬

Ce livre anonyme est le complément indispensable du Traité de prévention du


colonel Beltramelli qui vient d'être signalé. Si le choix des matériaux intéresse pro¬
fessionnellement en premier lieu les hommes de l'art : architectes, maîtres d'oeuvres,
entrepreneurs, installateurs, promoteurs,... il concerne cependant aussi le maître
habituel de l'ouvrage (personne physique ou morale) et l'usager, les exemples mal¬
heureux évoqués en fournissent la preuve. Une fois connues les mesures réglemen¬
taires générales de prévention énoncées par le colonel Beltramelli, comment se
retrouver exactement dans les appellations de la classification ? Que signifient
exactement dans les fabrications, les expressions « stable au feu, pare-flammes, coupe-
feu, matériaux
ment inflammables
incombustibles,
» ? matériaux non inflammables, matériaux difficile¬

A quelles fournitures de l'industrie actuelle du bâtiment produites par telle


ou telle firme s'appliquent exclusivement telles ou telles de ces appellations ?
L'ouvrage signalé ici très brièvement répond de la façon la plus claire et la plus
précise, en plus de 250 tableaux, aux questions de cet ordre. Il présente en outre
la réglementation en vigueur et particulièrement l'arrêté, essentiel en ce domaine,
du 4 juin 1973 émanant du Ministère de l'Intérieur (Service national de la Pro¬
tection civile).
est Enfin,
donnée laenliste
fin etde les
volume.
adresses des fabricants de matériaux de construction agréés

Cet ouvrage de près de 350 pages, vendu 45 F et complétant admirablement


celuitrouve
se plus général
devant du
un colonel
devis de
Bertramelli,
construction.
doit rendre de grands services à quiconque

En face de la jungle quelque peu inextricable de la réglementation en matière


de sécurité 1 il convient de se réjouir de ce que les deux ouvrages signalés répondent
parfaitement dans leur domaine au souci exprimé par Montherlant dans la maxime
(un peu passe-partout il est vrai) que cite le colonel Bertramelli en exergue à son
Traité de Prévention : « La vie serait impossible si l'on se souvenait ; le tout est
de choisir ce que l'on doit oublier. » 2

III. — DEUX ÉTUDES AMÉRICAINES


SUR DES INCENDIES DE DÉPÔTS D'ARCHIVES 3

L'incendie du National Personnel Records C enter (Centre national de préarchi¬


vage des dossiers de personnel) à Overland, Missouri, le 12 juillet 1973, a pris les

rité
1968),
2.1.dans
«Lire
p.Avertissement
les
9-19.
l'article
constructions
critique
au lecteur
»,etpublié
humoristique
». dans L' Architecte
de M. Serge
des Dropsy,
collectivités,
architecte
n° 8g (juillet-août
: « La sécu¬

3. C'est à M. Michel Duchein que nous devons la connaissance de ces deux


études et leur analyse complète. Qu'il soit ici remercié de cette aide sans laquelle notre
bref travail aurait été, bien malheureusement, trop lacunaire.
DEUX ÉTUDES SUR L'INCENDIE 45

proportions d'une véritable catastrophe administrative et archivistique, puisque


ce jour là 11.000 m3 de documents ont été détruits.
MM. Walter W. Stender et Evans Walker, du service des Fédéral Records
Centers aux Archives nationales des États-Unis, ont tiré les leçons de cet incendie
dans un article de The American Archivist, intitulé de façon caractéristique The
National
à la fois terrifiante
Personnel Records
et instructive.
C enter Fire : A Study in Disaster 1. La lecture en est

Le Centre de préarchivage en question était — il faut y insister — , un bâtiment


moderne. Cependant, bien que construit en 1956 par le Corps des Ingénieurs de
l'Armée américaine (US. Army Corps of Engineers), pour le prix de 12.500.000 dol¬
lars (!), il était loin de présenter toutes les garanties de sécurité demandées par les
spécialistes. Vaste structure métallique de 220 m sur 86 m, haute de 6 étages, il
était pratiquement dépourvu de murs coupe-feu (sauf pour isoler les bureaux et
locaux de travail) et également de détection d'incendie et de sprinklers.
Le feu éclata le 12 juillet 1973 un peu après minuit, au 6e niveau, pour une cause
et en un point précis restés inconnus à ce jour. Presque aussitôt, un passant remar¬
qua la lueur de l'incendie et téléphona aux pompiers ; dans l'espace de 2 à 3 minutes
après l'alarme, les pompiers étaient sur les lieux, avec des renforts accrus succes¬
sivement jusqu'à inclure 42 casernes et un matériel proprement stupéfiant.
Dès le début l'eau fut déversée en trombes sur le brasier, et cela pendant 48
heures ; l'épaisse fumée rendit longtemps impossible la localisation exacte du feu,
qui s'étendit progressivement sur toute la surface du bâtiment ; le 13 juillet à 10
heures du matin, le toit entier était en flammes, et à 11 heures et demie les murs
rideaux s'inclinaient dangereusement. Ce n'est que le 15 juillet qu'on put considérer
l'incendie comme maîtrisé, après avoir ravagé la totalité du 6e niveau, soit une
surface de plus de 18.000 m2.
Notre propos ici n'est pas de suivre les auteurs de l'article dans la description
très minutieuse qu'ils donnent des mesures d'évacuation, séchage, restauration,
etc., après l'incendie ; ce qui nous intéresse surtout ici est d'une part de connaître
les causes du sinistre, d'autre part d'en tirer les leçons sur le plan de la construction
et de l'équipement. Sur ce point, l'article de MM. Stender et Walker est malheureu¬
sement moins explicite qu'on le souhaiterait ; mais les photos qui l'illustrent sont
suffisamment éloquentes pour qu'on puisse juger assez clairement de la nature des
dégâts.
L'enquête menée par le FBI après l'incendie ne réussit pas à éclaircir la cause
de celui-ci. On pensa évidemment à un incendie criminel, mais cela ne put être
prouvé. Rien ne semblait anormal au 6e niveau peu de temps avant le début du
sinistre. Il est possible qu'il y ait eu court-circuit dans l'installation électrique,
mais on ne comprendrait guère, en ce cas, la rapidité et la violence du feu.
Tous les éléments métalliques de la structure, chauffés à blanc, ont cédé, entraî¬
nant avec eux le toit de béton. Les rayonnages, pourtant solides, se sont effondrés
comme de la guimauve ; même les meubles à tiroirs ou casiers se sont aplatis. Bien
entendu la chute du toit a achevé d'écraser ce qui ne s'était pas écroulé de soi-même.
céderLe tout
mur-rideau
à fait. (aluminium et verre) s'est fortement incliné sans cependant

1. The American Archivist, vol. 37, n° 4, octobre 1974, p. 521-549.


46 M. QUÉTIN

Enfin — constatation importante — le feu a pu être circonscrit au 6e niveau


amalgré
bien résisté.
la violence des flammes, et la dalle de béton qui le séparait du 5e niveau

Les dégâts les plus graves (les deux auteurs y insistent) ont été provoqués par
l'eau, qui s'est déversée par tonnes pendant plus de quarante huit heures ; la méthode
employée pour sécher les papiers mouillés et souillés est assez proche de celle, bien
connue,
1966 1. qu'ont illustrée les archivistes italiens après le désastre de Florence en

Pour éviter le retour d'une telle catastrophe, le Centre de préarchivage sera


désormais muni de murs coupe-feu, de détection automatique et de sprinklers.
Ceci nous amène à la deuxième publication américaine récemment reçue sur
ce sujet par le Service technique de la Direction des Archives de France. R. Mur-
ray Newman, Technical Report : Record Storage Fire Tests, prepared for General
Services Administration, Washington DC, publié par Factory Mutual Research,
décembre 1974 (référence : FMRC Sériai. No. 22457), 82 p.
Il s'agit d'une brochure hautement technique consacrée à des tests d'incendie
dans un records center (dépôt de préarchivage) type. Ce qui frappe l'archiviste fran¬
çais, en lisant ces tests et en regardant les photos qui l'illustrent est la différence
de conception qui existe entre nos dépôts d'archives (ossature béton ou métallique
auto-porteuse, étages de 2 m 10 de hauteur, planchers béton) et ces records centers
d'architecture industrielle, genre hangars ou entrepôts de 6 ou 8 mètres de hauteur
sous plafond, avec passerelles métalliques à claire-voie et casiers de rayonnage
légers. En fait, il s'agit bien d' « entrepôts à documents ». Force est de reconnaître
que les problèmes de protection contre l'incendie ne sont pas du tout les mêmes
que dans un dépôt d'archives traditionnel.
Les conclusions des tests menés par la Factory Mutual Research sont néan¬
moins intéressantes. La première est que les cartons d'archives doivent être dis¬
posés sur les rayonnages de telle façon que, si le rayonnage cède, les documents ne
soient pas déversés vers l'allée. C'est là une mesure en effet très raisonnable dont
nous devrions aisément faire notre profit.
Autre conclusion : les passerelles métalliques à claire-voie sont dangereuses
en cas d'incendie. La Direction des Archives de France, pour sa part, les a pros¬
crites depuis longtemps.
Enfin, il semble que les sprinklers, à condition d'être bien placés, sont efficaces
pour éteindre assez rapidement un feu qui éclate dans une allée, mais beaucoup
moins celui qui éclate dans les rayonnages eux-mêmes. A noter toutefois que les
tests n'ont pas porté sur les dégâts éventuellement causés par l'eau des sprinklers.
Dans les tests opérés, il s'agissait de sprinklers déclenchés automatiquement
par un système de détection à variation d'ionisation, laquelle fonctionna environ
35 secondes après le début de l'incendie provoqué volontairement (papiers placés
dans l'allée). Lne minute après le début du feu, les flammes atteignaient la 5e tablette
de rayonnage, mais ce n'est qu'au bout de 10 minutes que les cartons placés sur
les rayonnages commençaient à brûler réellement. Au bout d'une demi-heure les
sprinklers avaient pratiquement éteint le feu, moyennant le dégagement d'une
épaisse fumée.

1. Voir l'article de M. E. Califano dans Archivum, XVIII, 1968, p. 115-138.


DEUX ÉTUDES SUR L'INCENDIE 47

Toutes ces conclusions, sans être inattaquables et surtout sans prétendre à l'uni¬
versalité (l'auteur de la brochure en est lui-même conscient), sont intéressantes
pour tous ceux, architectes ou archivistes, que concerne la sécurité des documents
et des personnes dans les dépôts d'archives.

Michel Quétin,
conservateur au Service technique
de la Direction des Archives de France.

Offrez

des médailles de mariage.

L'usage
gravé
consulter
des
Lesauquel
l'ancienne
qui
Ils
époux.
et
celui
Demandez,
catalogue
aux
avaient
servaient
mariages
médailles
qui,
legrands
Ledes
témoignage?
symbolisant
la"Mariage"
ils
présent
France,
coutume
sans
collection
cadeaux
seront
des
leur
àdu engagement,
souverains
royaume
gloire
qui
étaient
de
leou
s'est
leur
complète
leur
les
plus
venez
etunion,
commémorés
perpétué
offrir
causera
exaltaient
etattachés
ledes
en
auxportera
princes
leàmonarques
leur
laplaisir
ne par
joie
sera-t-il
célébrés
puissance
des
des
le étrangers
médailles
plus
jeunes
avec
pas
vil faste dans

d'Ecosse,
i-rançois
"IlsdeneFrance.
Roi' font
lariage
etet qu'un"
Dauphins
Marie,
Reine
1558.
de

Mariage du Roi
Henri IV et de Marie
de Médicis. 1604.
LA MONNAIE DE PARIS "La majesté royale
flamme"
grandit par leur
10,
1 1 rue
quaidu de
4 Septembre
Conti - 75006
- 75002
Paris
Paris- Tél.
-Tél. 326.52.04
742.06.30
,

Vous aimerez peut-être aussi