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conventionnelles du
droit du transport
dans les états de la
CEMAC
Jean-Claude Ngnintedem*
! The Author (2015). Published by Oxford University Press on behalf of UNIDROIT. All rights reserved.
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Unif. L. Rev., Vol. 20, 2015, 325–360
doi:10.1093/ulr/unv018
326 Jean-Claude Ngnintedem
2
P. Daillier, M. Forteau et A.Pellet, Droit international public (8e éd., LGDJ-Extenso éditions, 2009)
48, para 5.
3
L’expression est de P. Jestaz, Les sources du droit (Dalloz, 2005) 1.
4
La réglementation du transport maritime est une illustration particulière de cette méfiance qui a
conduit à la revendication d’un nouvel ordre maritime international. Cf. J-C. Ngnintedem, ‘Le
nouvel ordre maritime international et les pays en voie de développement: bilan d’une participa-
tion à l’œuvre normative internationale’ (2005) 23 Annuaire de droit maritime et océanique, 121;
J. Zeh Ondoua, Les pays du Tiers-monde et la réglementation internationale des transports maritimes
entre Etats. De l’OMI à l’OMC : contribution à l’étude de l’évolution du processus d’élaboration des
normes internationales (Thèse, Lille II, 1997); P. Buirette-Maurau, La participation du tiers monde à
l’élaboration du droit international (LGDJ, 1983). En participant directement à la négociation
d’une convention, l’Etat peut légitimement espérer pouvoir influencer son contenu. En ce sens
voir G. de Lacharriere, La politique juridique extérieure (Economica, 1983) 27 et seq.
5
G. Geamänu, ‘Théorie et pratique des négociations en droit international’ (1980) 166 RCADI 375;
D. Carreau, Traité International (Dalloz, 2010), para 37 et seq.
6
Aff. de la délimitation maritime et des questions territoriales entre le Qatar et Bahreı̈n, Arrêt, 1er
juillet 1994, [1994] Rec CIJ 120. Il faut relever qu’en doctrine, les termes désignant une règle
conventionnelle ont la même signification juridique en droit international qui, peu formaliste,
laisse toute liberté aux parties quant à l’appellation donnée à leurs engagements. La pratique révèle
à cet effet, que les mots « traité », « convention » ou « accord » sont interchangeables et sont
souvent employés en tant que termes génériques.
7
Daillier et al (n 2) 136, para 63 ; P.F. Gonidec, ‘Note sur le droit des conventions internationales en
Afrique’ (1965) 11 AFDI 866, 868.
droit international, qu’il soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou
plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa dénomination particulière ».
Cependant, parler des règles conventionnelles en matière de transport oblige à
ne pas se limiter aux seules règles écrites et à faire référence aux règles coutumières
qui de toute évidence occupent une place importante dans l’ordre international
parce qu’elles couvrent plusieurs aspects8. Il demeure malheureusement que les
règles coutumières ressortissent du domaine du fluctuant, parce qu’on peut aussi
bien discuter de leur existence, de leur signification, que de leur opposabilité à
l’égard de tel ou de tel sujet de droit international.
Justement, la notion de sujet de droit international9 est au cœur des critères de
création et d’application de la convention internationale. En effet, l’adoption
d’une convention internationale a pour épicentre les Etats, générateurs du droit
8
C’est le cas dans le transport effectué par mer où tout ce qui n’est pas couvert par la convention de
1982 sur le droit de la mer reste assujetti aux règles coutumières.
9
Sur sa définition cf G. Distefano, ‘Observations éparses sur les caractères de la personnalité
juridique internationale’ (2007) 53 AFDI 105 et seq.
10
H. Gaudemet-Tallon, ‘Pluralisme en droit international privé : richesses et faiblesses (Le funam-
bule de l’arc-en-ciel)’ (2006) 312 RCADI 29.
11
Carreau (n 5) para 4.
12
P. Mayer, ‘Le phénomène de la coordination des ordres juridiques étatiques en droit privé’ (2007)
327 RCADI 75.
13
Le caractère direct de cette reconnaissance doit être relativisé en ce sens que les compétences de
tout autre sujet sont attribuées par les États directement ou indirectement par le truchement de
règles de droit international, créées elles aussi par les États.
14
Comme l’observe la doctrine, cette « promotion de l’individu comme sujet de droit international
peut cependant s’accompagner d’un déclin de son rôle de citoyen, en tant qu’il est sujet passif au
lieu d’être sujet actif ». Cf. S. Sur, ‘Progrès et limites de la réception du droit international en droit
français’, in Droit international et droits internes-Développements récents. Colloque de Tunis
(Pedone, 1998) 227.
15
P. Weil, ‘Problèmes relatifs aux contrats passés entre un Etat et un particulier’ (1969) 128 RCADI
185. Dans la même logique E. Roucaunas précise que « les situations se multiplient où l’individu, la
personne privé peut être pris comme sujet à statut différencié du droit international dont la
présence constitutive à titre individuel . . . permet au droit international de se renouveler et
d’adapter ses institutions par rapport à des besoins évident » in ‘Facteur privés et droit interna-
tional public’ (2002) lire tome 299 RCADI 390.
16
Affaire de la compétence des tribunaux de Dantzig, CPIJ, avis du 3 mars 1928, série B, p. 18,
para 15.
17
P. Mayer, Droit international privé (6ème éd., Montchrestien, 1998).
18
Sur (n 14) 227 et 94.
19
J. Robert, Eléments d’une politique des transports maritimes (Eyrolles, 1973) 1.
20
L’ordre juridique se définit come « un ensemble organisé et structuré de normes juridiques
possédant ses propres sources, doté d’organes et de procédures aptes à les émettre, à les interpréter
ainsi qu’à en faire constater et sanctionner, le cas échéant, les violations ». Cf. G. Isaac et M.
Blanquet, Droit communautaire général, 8ème éd., Arman Colin, 2001, p.130. Pour ce qui est de
leur coordination, voir P. Mayer, Le phénomène de la coordination des ordres juridiques étatiques
en droit privé, RCADI, tome 327, 2007.
21
F. Majoros, Le droit international privé, 2eme éd. Que sais-je, PUF, 1981, p.7.
22
V. Bailly-Hascoët, C. Legros, «Corridors de transport et construction du statut juridique de
l’entrepreneur de transport multimodal» in Les corridors de transport, (sd) Y. Alix, éd. EMS
Management et Société, Océanides, 2012, p.156. Dans le même sens lire B. Oppetit, Le droit
international privé, un droit savant, RCADI, tome 234, 1992.
23
Est significatif à cet égard le préambule de la convention de vienne 1980 sur la vente internationale
de marchandises qui énonce : « Estimant que l’adoption de règles uniformes applicables aux
contrats de vente internationale de marchandises et compatibles avec les différents systèmes
sociaux, économiques et juridiques contribuera à l’élimination des obstacles juridiques aux
échanges internationaux et favorisera le développement du commerce international ».
24
Sur la question des sources lire B. Oppetit, « La notion de source du droit et le droit du commerce
international», Arch. Phil. Dr., Sirey, 1982.
25
R. David, Droit du commerce international, Réflexions d’un comparatiste sur le droit interna-
tional privé, Paris, Economica, 1987, n 36. Reconnaissons cependant qu’une telle unification peut,
dans certaines circonstances, rapprocher les Etats au point de faire disparaitre les problèmes de
droit international privé ou du moins certains d’entre eux, même s’il reste à craindre qu’ils se
réintroduisent par le biais des divergences d’interprétation de la loi, surtout lorsque l’unification
n’a pas été accompagnée d’une unification des organes juridictionnels. C’est d’ailleurs, nous
semble-t-il le critère fondamental de distinction de l’unification opéré par le biais d’une conven-
tion internationale et celle faite à travers l’intégration communautaire.
26
G. Ripert, op. cit., p.585. Le doyen Rodière précise que pour parvenir à une réelle uniformisation
internationale, « il faut franchir un autre stade : il faut que les législations nationales s’alignent les
unes sur les autres et le mieux est encore qu’elles s’alignent les unes et les autres sur les conventions
internationales ; à un degré plus avancé encore que, les normes internationales soient intégrées
dans l’ordre interne». Cf R. Rodiere, Traité Général de droit maritime : Introduction, l’armement
(ses gens, ses auxiliaires, limitation de responsabilité), éd. Dalloz, 1976, n 38, p.71.
27
Le caractère international des opérations de transport oblige à faire recours à la forme conven-
tionnelle des règles les régissant, sans qu’il soit nécessaire de faire une distinction des modes de
transport. L’une des raisons profondes réside dans l’impérium étatique, la convention internatio-
nale correspondant mieux que toute autre source du droit international au consentement de l’Etat
à être lié. Le législateur CEMAC y fait abondamment recours. C’est ainsi que l’essentiel des textes
réglementant les opérations de transport prennent le nom de Convention.
28
Les conventions self-executing sont celles qui créent des droits et des obligations dans le chef des
particuliers. Cf. G. Guillaume, « L’introduction et l’exécution dans les ordres juridiques des Etats
des résolutions du conseil de sécurité des Nations-Unies prises en vertu du chapitre VII de la charte
», Revue internationale de droit comparé, Vol. 50, n 2, avril-juin 1998, p.540.
le droit international puisse atteindre ses propres finalités pratiques »29. En effet, D.
Ruzié, citant un avis de la CPJI du 21 février 1925, observe que « l’Etat qui a
valablement contracté des obligations internationales est tenu d’apporter à sa législa-
tion les modifications nécessaires pour assurer l’exécution des engagements pris »30.
L’autorité juridique virtuelle des traités ainsi définie dans le pacta sunt servanda se
matérialise dans la plupart des conventions internationales31 sous la forme
impérative. Cette démarche trouve sa justification en ce que d’une part, les jur-
idictions internationales, à l’exclusion de celles communautaires, garantes de
l’applicabilité du droit international ne sont pas compétentes pour connaitre
des litiges relatifs aux droits des personnes privées. Et d’autre part, une règle
régissant les rapports entre particuliers n’existe en tant que droit positif 32 doté
d’impérativité, que dans la mesure où elle appartient à un ordre juridique sus-
29
Giuseppe Sperduti, Le principe de souveraineté et le problème des rapports entre le droit inter-
national et le droit interne, RCADI, 1976- IV, vol. 153, p.532.
30
D. Ruzie « Les procédés de mise en vigueur des engagements internationaux pris par la France »,
JDI 1974, p.562.
31
Le droit communautaire CEMAC matérialise cette exigence dans une formule qui prend d’ailleurs
la forme impérative à l’article 10 de la convention régissant l’UEAC : « Les Etats membres
apportent leur concours à la réalisation des objectifs de l’UEAC en adoptant toutes les mesures
internes propres à assurer l’exécution des obligations découlant de la présente convention. Ils
s’abstiennent de toute mesure susceptible de faire obstacle à l’application de la présente conven-
tion et des actes juridiques pris pour sa mise en œuvre ».
32
C’est-à-dire « cette partie du droit qui est expressément créée par des procédés de création
extériorisés et préétablis à cette fin », v R. Ago, « Droit positif et droit international», AFDI,
vol.3, 1957, p.16.
33
P. Daillier, M. Forteau, A. Pellet, op. cit., n 150, p. 256.
34
Cf H. Triepel, Les rapports entre le droit interne et le droit international, RCADI, 1923, Vol. I,
pp. 73-121 ; H. Kelsen, Les rapports de système entre le droit interne et le droit international
public, RCADI, 1926-IV, Vol. 14, pp. 227-331; J. Hostert, « Droit international et droit interne
dans la convention de vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969 », Ann. franç. dr. international,
1969, vol. 15, pp. 92-121 ; E. Van Bogaert, « Les antinomies entre le droit international et le droit
interne », Revue Générale de Droit International Public, 1968, pp.346-360; G. Sperduti , Le
principe de la souveraineté et le problème des rapports entre le droit international et le droit
interne, RCADI, 1976-IV, vol 153, pp 319-410 ; D. Ruzie, « Les procédés de mise en vigueur des
engagements internationaux pris par la France », Journal du droit International-Clunet, 1974, pp.
562 et s. Pour le droit Africain : P.F. Gonidec, « note sur le droit des conventions en Afrique»,
Annuaire français de droit international, vol. 11, 1965, pp.866-885; N. Mouelle Kombi, « Les
dispositions relatives aux conventions internationales dans les nouvelles constitutions des Etats
d’Afrique francophone », Revue Juridiques et Politiques 2003-1, pp. 5-31.
35
En effet, interrogeant la doctrine à ce propos, le professeur P. Bonassies, précise que « les résultats
d’une telle analyse sont quelque peu décevants », in « Les conventions de droit maritime privé et le
problème de l’effet direct des traités », ADMO, Tome XXVI, 2008, n spécial (sd) Patrick
Chaumette en l’honneur des Pr. Jean-Pierre Beurier et Yves TASSEL, p. 476). Dans la doctrine
de droit maritime, rares sont les auteurs qui se sont penchés sur la question spécifique de l’effet
direct ou non direct des conventions internationales de droit maritime. Seul de doyen Rodière
consacrant de brefs développements à la question, renvoie au droit public (R. Rodiere, Traité
général de droit maritime. Affrètements et transports, t1, Dalloz, 1967, n 79, p.136). La doctrine
contemporaine ignore totalement la question. C’est le cas de : M. Remond-Gouilloud, Droit
maritime, 2ème éd. Paris, Pédone, 1993; A. Vialard, Droit maritime, Puf, 1997 ; J.P. Beurier
(sd), Droits maritimes, Dalloz –Action, 2009/2010.
36
B. Taxil, « Méthode d’intégration du droit international en droit interne », 3eme congrès de
l’AHJUCAF sur l’Internalisation du droit, internalisation de la justice, Ottawa, 21-23 juin 2010,
p.104.
37
Nonobstant l’intérêt juridique du regroupement autour des deux grands systèmes, il demeure de
nos jours, qu’il est purement théorique et peut être dépassé car, si « les logiques de rapport
diffèrent, les effets du droit international peuvent finalement être semblables, qu’il s’agisse
d’une simple « insertion » [monisme] ou d’une réception avec adoption de mesures complémen-
taires internes [dualisme] » (B. Taxil, « Méthode d’intégration du droit international en droit
interne », 3eme congrès de l’AHJUCAF sur l’Internalisation du droit, internalisation de la justice,
Ottawa, 21-23 juin 2010, p.104). En pratique, la mise en œuvre des deux théories est moins
éloignée qu’il n’y parait dans un environnement de pluralisme juridique mondial, c’est-à-dire
dans l’environnement d’un droit qui se fabrique et s’applique à différents niveaux, les rapports de
système ne pouvant immuablement être réduits à l’une ou l’autre de ces figures algébriques (J-S
Berge « De la hiérarchie des normes au droit hiérarchisé : figures pratiques de l’application du droit
à différents niveaux », JDI (clunet) n 1, janvier 2013, doctr. 1, n 4). Même dans les pays dualistes,
le droit international est considéré comme part of the law of the land, tandis que le droit
constitutionnel des Etats qui se réclament du monisme prévoit des procédures formelles d’intro-
duction des normes internationales dans le droit interne (P. Daillier et A. Pellet, Droit interna-
tional public, 6e éd., Paris, LGDJ, 1999, p. 95. Dans le même sens B. Beignier et S. Mouton, « La
constitution et la convention européenne des droits de l’Homme, rang et fonction », Recueil
Dalloz, 2001, Chron. 1636 et s). En réalité précise S. Sur, «le monisme n’est en pratique qu’une
modalité ou une variante du dualisme» (S. Sur, op. cit., 1998, p.228).
38
Cette exigence est si prohibitive que certaines conventions qui ont certes été adoptées et publiées
n’ont jamais pu entrer en vigueur vis-à-vis d’aucun Etat. C’est le cas notamment de la convention
de Vienne de 1991 sur la responsabilité de l’exploitant de terminaux portuaire, de la convention de
1980 sur le transport multimodal international.
39
M. Kamto, La volonté de l’Etat en droit international, RCADI, tome 310, 2004, p. 23.
40
J-M. Ntoutoume, « La force obligatoire des conventions internationales de droit économique et
communautaire », in Le juge de cassation à l’aube du 21ème siècle, Acte du premier congrès de
AHJUCAF, Marrakech, 17 au 19 mai 2004, p.125.
41
W. Müller, « Problème du champ d’application des règles de la Haye et de Visby », DMF, 1978,
p.323.
42
M. Ndende, « La construction du droit des transports maritimes en Afrique », in Etudes de droit
maritime à l’aube du XXIe siècle, Mélanges offerts à P. Bonassies, éd. Moreux, 2001, p.259.
43
J-C. Ngnintedem, « La réglementation des transports en zone CEMAC : un modèle d’intégration
sous-régionale », Cahiers Juridiques et Politiques –FSJP, Université de N’gaoundéré, 2008-1,
p. 164.
44
N. Mouelle Kombi, op.cit., 2003-1, p.7.
45
D. Ruzie, op. cit., p. 564.
46
Cette formule qui est une reprise de l’article 55 de la constitution française de 1958, se retrouve à
l’article 45 de la constitution camerounaise du 16 janvier 1996, à l’article 184 de la constitution
congolaise du 20 janvier 2002, à l’article 72 de la constitution centrafricaine du 5 décembre 2004 et
à l’article 221 de la constitution tchadienne du 15 juillet 2005.
côté, une autre technique, longtemps non codifiée, réglemente aussi l’expression
de la volonté d’un Etat à être lié par une convention internationale fut-elle de
droit privé: il s’agit du mécanisme de la « continuité législative» consécutivement à
la «substitution d’un Etat à un autre dans la responsabilité des relations inter-
nationales. . .»47. De façon plus illustrative qu’exhaustive, nous distinguerons la
ratification et les procédures voisines (1) de la notification de succession (2).
1 - La ratification ou l’adhésion
Mode traditionnel d’expression du consentement à être lié, la ratification, l’ap-
probation et l’acceptation traduisent une même réalité juridique sur le plan inter-
national. Elles s’assimilent à l’adhésion avec la seule nuance que ce dernier
mécanisme est une option réservée par le droit international aux Etats non sig-
47
Art. 2 al b de Convention de Vienne sur la succession d’Etats en matière de traités de 1978.
48
P. Reuter, Introduction au droit des traités, PUF, 1985, p.56.
49
P. Daillier, M. Forteau, A.Pellet, op. cit., n 77, p.153.
50
Article 43 de la constitution camerounaise du 18 janvier 1996, art. 178 de la constitution con-
golaise du 20 janvier 2002, art. 69 de la constitution centrafricaine du 5 décembre 2004, article 113
de la constitution gabonaise du 19 aout 2003, art. 219 de la constitution tchadienne du 15 juillet
2005, et art. 39 de la constitution équato-guinéenne du 17 janvier 1995.
51
Cameroun art. 43, Centrafrique art.69, Congo art. 178, République de Guinée Equatorial art. 63,
Gabon art. 114, Tchad art. 219. Quelle que soit la formule utilisée pour matérialiser ces hypothèses,
le point commun réside dans la répartition constitutionnelle des domaines entre la loi et le
règlement, ou mieux encore, entre le parlement et l’exécutif. Ainsi toute convention qui traite
d’une question relevant du domaine de la loi, avant toute ratification, est soumise à l’habilitation
préalable du parlement. Il faut ajouter à cette catégorie, les questions éminemment importantes
pouvant affecter l’intégrité territoriale de l’Etat ou les finances.
52
Ce nihil obstat se manifeste par le contrôle de constitutionalité de la convention qui, à l’occasion,
peut donner lieu à une modification constitutionnelle pour la mettre en harmonie avec la con-
vention internationale et faciliter ainsi son applicabilité dans l’ordre interne. A ce propos, l’article
44 de la constitution camerounaise précise : « Si le Conseil Constitutionnel a déclaré qu’un traité
ou accord international comporte une clause contraire à la constitution, l’approbation en forme
législative ou la ratification de ce traité ou de cet accord ne peut intervenir qu’après la révision de la
constitution ».
élevé : la représentation nationale doit pouvoir exercer son contrôle et refuser que le
pays ne soit soumis à des obligations inopportunes»53.
Quelle que soit la modalité54 requise par le droit interne, aucune obligation de
ratification n’est imposée aux Etats au regard du droit international. Toutefois,
reconnait la CJPI, « la convention sauf dans des cas exceptionnels, ne lie qu’en vertu
d’une ratification»55. Ceci signifie en réalité que la convention n’a de conséquence
à l’égard d’un Etat qu’avec sa ratification56, conditionnant ainsi son entrée en
vigueur vis-à-vis de ce dernier, car ce n’est qu’à partir de cette date critique qu’elle
va produire ses effets. Elle n’est donc pas « une simple formalité mais un acte
d’importance essentielle»57 même si dans certain cas, elle ne suffit pas à rendre
obligatoire la règle conventionnelle à l’égard de l’Etat. C’est le lot des conventions
de transport pour lesquelles, l’entrée en vigueur est soumise à la ratification ou à
53
D. Carreau, op. cit, 2010, n 43.
54
Les modalités ici tiennent au délai, à la procédure interne de ratification et à la forme de
ratification.
55
CPJI, 10 septembre 1929, affaire de la compétence de la commission internationale de l’Oder, Rec.
CPJI, série A, n 23, p. 20.
56
Analysant l’incidence de la ratification, la doctrine se demande si en Afrique centrale, « le simple
renvoi à une convention internationale est la condition suffisante de son application ?». Cf. E.
Kitio, « La responsabilité du transporteur aérien en zone CEMAC : étude d’une malheureuse
politique d’intégration juridique sous-régionale », Juridis Périodique, n 87, 2011, p.90.
57
CPIJ, 1er juillet 1952, aff. « Ambatielos», Rec. CPJI, p.23.
58
A cet effet, la convention internationale sur le droit de la mer de 1982 exigeait soixante (art. 308
al.1), la convention de vienne de 1991 sur la responsabilité des exploitants de terminaux portuaire
exigeait six (art. 22 al.1) qui n’ont jamais pu être réunies, la convention de Hambourg de 1978
exigeait vingt (art. 30 al.1)), la convention de Varsovie de 1955 exigeait cinq (art. 37 al.2), con-
vention de Montréal du 28 mai 1999 exigeait trente (art.53 al.6), convention de Rotterdam du 11
décembre 2008 exige vingt (art.94 al.1).
59
D. Carreau, Op. cit, 2010, n 45.
l’autorité de la France, et d’autre part, que le transport en pontée est hors des prévisions de ladite
Convention ». Pourtant explique M. Canivet, dans les pays de la civil law, « le revirement de la
jurisprudence se fonde sur un changement dans le contenu ou l’esprit de la législation », in « Le
juge entre le progrès scientifique et mondialisation », RTD civ, 2005, Chron.
66
Comme explique la doctrine, la décolonisation apparaı̂t comme un phénomène à la fois contin-
gent et caractéristique du milieu du XXème siècle. Sa réalisation entraı̂ne une mutation politique
permanente dans les structures de la société internationale, à savoir l’apparition de nouveaux
Etats. Ces Etats accèdent à une vie internationale propre qui se substitue aux anciens rapports de
dépendance qui liaient leurs territoires à une autorité étatique métropolitaine. Parce que l’indé-
pendance représente une révolution politique, la naissance des nouveaux Etats a masqué certains
éléments de continuité juridique. Cf. J-C Gautron « Sur quelques aspects de la succession d’Etats
au Sénégal », AFDI, vol. 8, 1962. P. 836.
67
Ces Etats ne pouvaient pas marquer leur volonté à être lié, parce qu’au moment de l’entrée en
vigueur desdites conventions, ils ne disposaient pas de l’aptitude à être des sujets de droit
international.
68
Pour une bonne compréhension des implications de l’effet relatif des traités, lire, J. Dehaussy,
Travaux de la Commission du Droit international des Nations Unies. In: AFDI, volume 10, 1964,
pp.501-504 et spéc. p.502.
69
H. Kelsen, Théorie pure du droit, Traduction française de la 2nd éd. par Ch. Eisenmann, Paris,
Dalloz, 1962, p.442.
la « continuité absolue ». Une fois encore, aucune des deux règles ne l’emporte
absolument en droit positif d’autant plus que si le droit tente de poser des règles,
la pratique est encore fluctuante.
Il est donc difficile de répondre de façon définitive à la problématique de la
continuité législative. Le professeur Gonidec suggère de faire des recherches sur la
pratique des différents Etats afin de dégager quelques conclusions générales70.
Sous réserve d’une telle recherche, une distinction doit être faite en tenant compte
du caractère du traité en cause. Ainsi, si les traités à caractère politique très
accentué sont intransférables (art. 11 et 12 de la convention de vienne de
1978), la situation n’est pas la même pour des traités territoriaux dont la transfér-
abilité est justifiée par le principe de l’intangibilité des frontières quoique post-
coloniales71. Cette même transférabilité est dévolue aux conventions-lois qui «
75
Nguyen Quoc Dinh, P. Dallier et A. Pellet, Droit International Public, 6e éd, Paris, LGDJ, 1999,
p.289 et s.
76
Ref n 004/ Dipl. SAT. 15.
77
J. Cambacau et S. Sur, op. cit., p.438.
78
A cet effet, le Décret du 16 avril 1924 fixant le mode de promulgation et de publication des textes
réglementaires au Togo et au Cameroun (J.O.T.C., 15 juin 1924, n 99, p. 265) imposait comme
condition de cette application, la promulgation locale préalable. Et l’article 2 du même texte
ajoutait spécifiquement que « Les lois, décrets et règlements en vigueur en France ne peuvent
être rendus exécutoires au Cameroun que par décret ». Pour une grande analyse Cf. G. B. Dzeukou,
op. cit. n 6.
84
N. Mouelle Kombi, op. cit., p.26-27
85
H. Kelsen, op. cit., 1962, pp. 430-449.
86
Ch. Autexier, « L’hétérogénéité du droit communautaire dérivé », RIDC, Vol. 34, n 2, Avril-Juin
1982, p.337.
87
A ce propos lire P. Amselek, « Réflexion critique autour de la conception Kelsénienne de l’ordre
juridique », RDP, 1978, pp.5-19. A l’opposé de la contestation lire M. Troper, « La pyramide est
toujours débout », RDP, 1978, pp. 1523-1536.
88
F. Terre, Introduction générale au droit, Précis Dalloz, 4ème éd., 1998, n 151, p. 167.
89
N. Nolfessie, « La hiérarchie des normes ressuscitées par le conseil d’Etat », RTD civ, 1999, Chron.
P.232.
93
Ph. Delebecque, « Les règles de Rotterdam », http://acopm.ma/communications/exposes/202-
amlog.html
94
Comme l’explique la doctrine, le protocole de la Haye s’était efforcé de repenser certaines règles de
responsabilité trop favorables au transporteur et surtout d’augmenter les plafonds de réparation.
Le texte complémentaire de 1964 venait quant à lui combler une lacune du système de Varsovie, en
assimilant le transport de fait au transporteur contractuel. Cf. Ph. Delebecque, « La convention de
Montréal du 28 mai 1999 pour l’unification de certaines règles relatives au transport aérien
international ou le nouveau droit du transport aérien », JDI, 2005, p.264.
95
R.H. Mankiewicz, op. cit., p.756.
96
Ibid.
97
M-L Niboyet-Hoegy, note sous Civ 1er , 4 décembre 1990, Sté Coveco et autres, RCDIP, 1991, p.
558.
d’application d’office par les tribunaux parait être, en droit international public,
assimilable à une violation des engagements internationaux»98 par l’Etat qui, au
demeurant, ne saurait se soustraire à la responsabilité qu’il encourt à cet égard, en
invoquant une disposition de droit interne. Dans cette mesure, le juge n’étant en
réalité qu’un organe de l’Etat, il doit éviter de mettre en péril ou en difficulté l’Etat
dans le respect de ses engagements internationaux99. Dans la même logique et
nettement favorable à l’application directe des conventions internationales de
droit privé, H. Batiffol précise que « dès lors que le traité est régulièrement
publié, les tribunaux doivent l’appliquer, au besoin d’office et sans que les parties
aient à réclamer l’application »100. En le faisant, le juge éviterait du reste, de subir
les reproches «de n’avoir pas exploré, toutes les potentialités d’un système juridique
dont la complexité, les incertitudes et la relativité ne sont pas niables »101.
98
J. P. Remery, obs. sous Cass. Com, 25 mai 1993, RCDIP, n 82 (3) Juillet-septembre 1993, p.463.
99
J. Lemontey, Intervention au Comité français de droit international privé, le 23 novembre 1990, in
Travaux du comité 1990-1991, p. 32.
100
H. Batiffol, « Circonstances et modalités d’application du droit international par le juge national
», in Mélanges Pierre Hébraud, éd. Université des sciences sociales de Toulouse, 1981, p.29.
101
G. Cornu, «Les principes directeurs du procès civil par eux-mêmes », in Etudes offertes à P. Bellet,
Litec, 1991, p.90.
102
P. Bonassies, op.cit., 2008, p.478.
103
J-F. Dobelle, « Le droit dérivé de l’OACI et le contrôle du respect de son application», Ann. franç.
Dr. international, vol.4, 2003, p.458.
104
Cour Administrative d’appel de Paris, arrêt du 10 février 1998, cité par J-F. Dobelle, op. cit., p.458.
105
B. Audit, Droit international privé, 4e éd., Paris, Economica, 2006, n 52.
106
P. Bonassies, op. cit., 2008, p.484.
107
CH. Chaumont, Rapport sur communauté européenne et légitimité, colloque du 20 septembre
1980, Senat, n 15, cité par Ch. Autexier, op.cit., 1982, note n 5. A ce propos la doctrine précise
que les abandons de souveraineté au profit de l’union sont toujours âprement négociés et limités à
ce qu’exige sa construction. Cf H. Gaudemet-Tallon, op. cit., 2006, p.30.
miques qui se tissent sur leur territoire108. Du reste, avec le développement crois-
sant des organisations d’intégration109, la souveraineté des Etats subit des assauts
et ne «se résout désormais qu’en une série de compétences permettant seulement aux
Etats de participer à l’élaboration collective de décisions auxquelles ils ne pourront
plus se soustraire»110. Même leur pouvoir de traiter est menacé au profit de l’entité
communautaire qui en sa qualité d’organisation d’intégration économique est de
plus en plus reconnue apte à adhérer à certaines conventions internationales.
Subsidiairement, ne sommes-nous pas en train d’assister au sacre de la compé-
tence internationale des organisations sous-régionales en matière de traité?111
Cette question induit une autre, celle de savoir si l’abandon de souveraineté du
fait de l’intégration communautaire, peut être poussé jusqu’à déposséder les Etats
de leur prérogative de choisir ou non d’adhérer à une convention internationale?
108
Ndiaw Diouf, « Actes uniformes et droit pénal des Etats signataires du traité de l’OHADA : la
difficile émergence d’un droit pénal communautaire des affaires dans l’espace ohada », ohadata
D-05-41.
109
Pour un bref aperçu du développement des organisations d’intégration en Afrique, v M. Konate,
« L’ohada et les autres législations communautaires, UEMOA, CEMAC, CIMA, OAPI, CIPRES
etc. », Jurifis info, n 6, 2010, p.2 (www.jurifis.com).
110
M. Merle, « Le pouvoir réglementaire des organisations internationales», Ann. franç. dr. inter-
national, 1958, p.360.
111
Partant de l’exemple du droit de transport aérien et favorable à la consécration de la compétente
extérieure de la communauté européenne, la doctrine précise « qu’elle lui permet de s’engager
dans une politique aérienne internationale » au profit bien entendu des Etats de l’U E. Cf. L.
Grard, « L’Union européenne et le droit international de l’aviation civile », Ann. franç.dr. inter-
national, vol. 49, 2003, p.494.
112
E. Kitio, op. cit., 2011, p.94.
113
L’union Européenne, tout au moins pour ce qui est du droit des transports aériens, a répondu
sans détour par l’affirmative. C’est ainsi que la Commission a réussi, à travers un recours en
manquement contre huit Etats membres de l’Union, au motif que les traités bilatéraux conclus
avec les Etats-Unis étaient en contradiction avec certains principes de droit communautaire, à
faire dire au juge que les Etats membres ne sont plus compétents pour négocier les traités aériens
bilatéraux. Aussi, le Conseil dès le 5 juin 2003, a admis dans son principe le « paquet de relations
extérieures », qui met en place deux outils juridiques de nature à garantir l’unité dans la repré-
sentation de l’UE. Le premier, dit «mandat horizontal», crée une superposition dans les compé-
tences avec les Etats membres. Le second, dit «règlement de procédure», met en place des
mécanismes tendant à éviter que les Etats ne négocient des clauses incompatibles avec le droit
communautaire. Sur l’ensemble de la question. Cf. L. Grard, op. cit., p.498-499.
114
On ne doit cependant pas conclure hâtivement à l’aptitude de cette construction à se substituer
totalement à la vision traditionnelle des Etats souverains. A cet effet H. Kelsen adjurait de
renoncer « à l’habitude profondément enracinée de défendre au nom de la science du droit,
c’est-à-dire en invoquant une autorité objective, des postulats politiques qui n’ont qu’un caractère
essentiellement subjectif, même s’ils se présentent en toute bonne foi comme l’idéal d’une reli-
gion, d’une nation ou d’une classe », in Théorie pure du droit, op. cit., p.XV.
115
M. Ndende, « La construction du droit des transports maritimes en Afrique », RCTAM, n 1, 2004,
p.91.
116
O. Mefiro, Vers la maı̂trise spatiale de la circulation des flux de marchandises dans les PED : le cas
du Cameroun, Thèse, Université d’Aix - Marseille II, 1989, p.3.
117
Dès sa création la CNUCED avait reçu pour mission, de rechercher des solutions internationale-
ment acceptables aux problèmes du commerce international et du développement. A ce propos
voir, J-C. Ngnintedem, « La réglementation des transports en zone CEAC: un modèle d’inté-
gration sous-régionale », Revue Scapel, n 2, 2006, p.72.
118
M. Ndende, op. cit., 2001, p. 259.
119
La cohérence ici découlera simplement de ce que le renvoi emporte une édiction concomitante
entrainant une sorte de promulgation nouvelle, dans l’ordre de renvoi, des règles auxquelles il est
renvoyé. A ce sujet lire N. Mojfessis, « Le renvoi d’un texte à un autres », in Les mots de la loi,
Economica, 1999, pp. 55 -72, spec. 60.
120
M. Ndende, op. cit., 2001, p. 259.
121
Cette démarche n’a pas été éludée au Cameroun lorsqu’il s’est agi du traité OHADA qui a été
approuvé par une loi du 5 juin 1995 puis ratifié par un décret présidentiel du 4 octobre 1996. Le
traité OHADA révisé le 17 octobre 2008 n’est entré en vigueur au Cameroun qu’après le dépôt des
instruments de ratification auprès du gouvernement sénégalais qui en est le dépositaire conven-
tionnel. Il en a été de même pour le traité CEMAC, le président de la République du Cameroun
ayant été autorisé à ratifier les actes constitutifs du traité de N’djamena du 16 mars 1994, par une
loi n 98/010 datée du 14 juillet 1998. Dès la promulgation de cette loi, un décret n 98/274 du 23
octobre 1998 du chef de l’Etat a effectivement ratifié les actes constitutifs de la CEMAC. Au-delà
du traité constitutif, ce sont les actes subséquents qui ont été tous ratifiés à savoir l’additif au traité
et les trois conventions du 5 juillet 1996. Dans la même logique, le traité CEMAC révisé du 25 juin
2008, les nouvelles conventions du 25 juin 2008 régissant l’Union Economique de l’Afrique
Centrale (UEAC), l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), le Parlement
communautaire ainsi que les nouvelles conventions du 30 janvier 2009 régissant la Cour de Justice
Communautaire et la Cour des comptes, ont également été ratifiés.
122
Article 53 de la convention de Montréal du 28 mai 1999.
123
A ce propos voir G. Isaac et M. Blanquet, Droit communautaire général, 8è éd., Armand-colin,
2001, p.30.
124
Par une Décision 2001/539/CE du Conseil du 5 avril 2001 concernant la conclusion par la
Communauté européenne de la convention pour l’unification de certaines règles relatives au
transport aérien international (convention de Montréal) (Journal officiel n L 194 du 18/07/
2001 p. 0038 – 0038) l’UE a adhéré à la convention de Montréal du 28 mai 1999. Désormais,
la Convention de Montréal est mise en œuvre à l’égard des Etats membres de l’UE par les
dispositions du règlement n 889/2002 du 13 mai 2002, JOCE L 140, 30 mai 2002, suite à une
adhésion de l’entité communautaire à la convention de 1999. Il en a été de même pour le
protocole de 2002 à la convention d’Athènes de 1974. Pour cette dernière, la Commission dans
une communication du 25 mars 2002 sur l’amélioration de la sécurité des bateaux à passagers
dans la Communauté, a proposé d’instaurer un régime de responsabilité uniforme pour les
passagers maritimes dans les Etats de l’Union. Dans ce but, elle a souhaité une introduction à
l’échelle européenne d’un règlement relatif à la responsabilité des transporteurs maritimes de
passagers en cas d’accident, lequel règlement, parce que le nouveau régime international d’indem-
nisation institué par le protocole de 2002 à la convention d’Athènes de 1974 est satisfaisant,
transposerait ledit régime en droit communautaire. Cela a été fait par le règlement (CE n 392/
2009 du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 relatif à la responsabilité des trans-
porteurs de passagers par mer en cas d’accident (JO L 131 du 28.5.2009).
125
O. Dubos, « Juridictions américaines et juridictions françaises face à l’article 33 de la convention
de Montréal : un dialogue de sourds ? », JDI (Clunet) n 4, oct. 2012, var.4, n 15.
126
Seule la réunion des deux conditions fait de l’organisation d’intégration économique, un acteur
juridique dans les relations internationales. Sur la question de l’acquisition de la qualité d’acteur
juridique dans les relations internationales, lire P. Daillier, « Les communautés européennes et le
droit de la mer », Revue Générale de Droit International Public, 1979, p. 450.
127
Cette valeur est consécutive au fait qu’il s’agit d’un acte d’accomplissement d’une de ses missions
à savoir l’uniformisation du droit dans l’espace intégré. A ce titre, il incombera aux Etats de mettre
leur droit en conformité avec la directive dans le délai qui leur aura été imparti par celle-ci afin
qu’elle produise des effets au profit des particuliers. Sur l’ensemble de la question lire, Lamy droit
économique, 2010, n 82-91, pp.30 et 31.
128
Giuseppe Sperduti, op. cit., 1976- IV, vol. 153, p.353.
129
J. Megret, « La spécificité du droit communautaire », RIDC, Vol. 19, n 3, 1967, pp. 565-577 et
spéc. p.578 ; J. Dutheil de la Rochere, op. cit., 1998, pp. 579-581.
130
L’UE par exemple par une décision du conseil du 24 juin 2003, demandant aux Etats de marquer
leur adhésion au protocole de 2002 à la convention d’Athènes de 1974, leur a fixé un délai butoir
avant la fin de l’année 2005, créant ainsi une obligation communautaire quant à l’adhésion audit
protocole.
131
R. Ago, « Droit positif et droit international », Annuaire français de droit international, vol. 3,
1957, p.18
132
E. Kitio, op. cit., 2011, p. 89 et s ; R. Nemedeu, « Qu’en est-il après l’entrée en vigueur le « 5 »
novembre 2003 de la Convention pour l’unification de certaines règles relatives au transport
aérien international, signée à Montréal le 28 mai 1999 ? », Juridis Périodique, n 77, 2009, p.
96 et s ; G. Ngamkan, « La nouvelle législation des transports aériens au Cameroun : une percée
législative formidable ou un texte de trop dans notre arsenal juridique ? », Ramatrans, n 4, avril
2012, p. 20 et s ; M. Ndende, « La problématique de la sécurité des transports aériens dans les Etats
d’Afrique centrale », Ramatrans, n 4, avril 2012, p. 10 et s.
133
Sur cette difficulté supplémentaire générée par l’article 24 de la convention de Montréal dans le
droit de transport aérien des pays africains, Cf E. Kenguep « L’impact de la mise en œuvre de
l’article 24 de la convention de Montréal sur le droit des transports aériens en vigueur dans
l’OHADA et la CEMAC », Revue de Droit et de Jurisprudence CEMAC, n 01/2eme trimestre
2012, pp. 163-181.
134
Les nouvelles limites à prendre en compte pour les Etats parties à la convention de Montréal sont
désormais passées de 100 000 à 113 100 DTS en cas de mort ou de lésion subie par le voyageur (art.
21 § 1) ; de 4150 à 4 694 DTS en cas de retard subi par le passager (art. 22 § 1) ; de 1000 à 1 131 DTS
en cas de destruction, perte, avarie ou retard subi par les bagages (art. 22 § 2) ; de 17 à 19 DTS par
kilo en cas de destruction, perte, avarie ou retard subi par des marchandises (art. 22 § 3). Cf. E.
Kenguep, op. cit., p.167.
135
G. Ngamkan, « L’intégration des règles de Hambourg dans les législations maritimes africaines :
l’exemple des pays de l’Afrique centrale », Juridis périodique, n 43, 2000, p.110.
136
Or on aurait bien pu imaginer que la CEMAC puisse booster l’entrée en vigueur de la convention
de 1980 en suscitant une adhésion de tous les Etas membres.
137
M. Delmas-Marty, Les forces imaginantes du droit : le relatif et l’universel, Paris, Le seuil, 2004, p.
7
138
J. Dutheil de la Rochere, « Protection des droits fondamentaux et prévention du terrorisme.
Relations entre droit international et droit de l’Union européenne en question », in : La
France, l’Europe et le Monde, Mélanges en l’honneur de Jean Charpentier, Paris, Pedone, 2009,
pp. 316 et 319. Corroborant cette analyse, la doctrine relève que les « relations entre les pratiques
multilatérales globales et régionales sont empreintes de concurrence, de compétition, d’ignorance
et d’absence de dialogue, mais plus récemment aussi de coopération [. . .] la complexité reste une
caractéristique majeure des relations entre les accords régionaux « ». Cf. M. Albaret « Les formes
régionales du multilatéralisme : entre incertitudes conceptuelles et pratiques ambiguës », in :
Bertrand BADIE / Guillaume Devin (sd.), Le multilatéralisme. Nouvelles formes de l’action
internationale, Paris, La Découverte, 2007, pp. 50-51 et 52.
139
J. Dutheil de la Rochere, Ibid., p. 317.
140
Ibid., p. 318.
difficulté est d’autant plus grande que le point de départ et le point de livraison
sont situés dans deux Etats membres de la CEMAC et de l’OHADA. Plus sérieux
encore, les deux textes sollicités ont le même objet. On aurait bien pu s’accom-
moder des dispositions de l’article 10 du traité OHADA qui consacre la primauté
des règles OHADA sur les textes de droit interne en vigueur dans les Etats mem-
bres. Or, l’article 10 ne s’applique qu’en cas de concurrence entre une règle de
droit national et une règle OHADA et, n’a donc pas vocation à régir les conflits
entre le droit OHADA et le droit communautaire sous-régional, rien ne justifiant
une quelconque supériorité du droit OHADA sur le droit communautaire. En
conséquence, la solution ne peut être recherchée qu’en application des principes
de droit international. De l’examen de ces principes, il découle que la règle gen-
eralibus specialia derogant est à exclure d’entrée de jeu, dans la mesure où les deux
141
F. Majoros, Les conventions internationales en matière de droit privé. Abrégé théorique et traité
pratique II. Partie spéciale I : Le droit des conflits de conventions, Paris, A. Pedone, 1980, p. 21 et s.
Selon cet auteur, en cas de conflit entre Traités réglementant une des matières rattachées au critère
de l’efficacité maximale, sera chaque fois désignée applicable, parmi les dispositions concurrentes,
la disposition conventionnelle dont la mise en œuvre assure un maximum d’efficacité, toujours en
conformité avec les finalités de la réglementation.
142
J-A. Batouan Bouyoum, Le droit Ohada sur le transport des marchandises par route: approche
critique, prospective et coparative, these en cotutelle, Université de Nantes-Université de
Yaoundé II, SOA, 2007, p. 208.
143
Lire à ce propos, J. Fipa Nguepjo, Le rôle des juridictions supranationales de la CEMAC et de
L’OHADA dans l’intégration des droits communautaires par les Etats membres, Thèse, Université
Panthéon-Assas, 2011, pp.54 et s. La doctrine fait d’ailleurs remarquer que cette autonomie est si
marquée que « l’ordre juridique de la communauté expose un ordre juridique étranger, c’est-
à-dire non national » et en conséquence, il ne forme pas un tout avec le droit national, mais une
masse juridique différente qui n’est pas en même temps du droit national même si elle est
aux éventuels conflits entre les Conventions CEMAC et les Actes Uniformes OHADA
doit être d’origine institutionnelle. Elle peut passer par une adhésion ou une ratifi-
cation expresse par la CEMAC des actes uniformes OHADA qui viendraient se
substituer aux dispositions contraires contenues dans ses précédentes règles matéri-
elles »144. Ainsi l’OHADA deviendrait un instrument de technique juridique au
service des entités communautaires. Dans cette perspective, on assisterait à un
renforcement du caractère obligatoire des actes uniformes dans le territoire des
Etats membres de la CEMAC, indépendamment des engagements pris en vertu
des traités et des actes dérivés du droit communautaire145. Par une telle approche
nous semble-t-il, on sortirait des approximations de la solution négociée, matéri-
alisée dans l’accord de coopération institutionnelle entre la CEMAC et l’OHADA
de 2001146.
147
Y. Lequette, « L’évolution des sources nationales et conventionnelles du droit des contrats inter-
nationaux », in L’évolution contemporaine du droit des contrats, Journées René Savatier du 24-25
octobre 1985, p. 186 et s.
148
C. Legros, « Les conflits de normes en matière de contrat de transports internationaux de march-
andises », JDI (Clunet), n 3, 2007, doctr.7, n 11.
149
La convention de Hambourg de 1978 reconnaissant cette grande liberté aux parties dans la
désignation du juge du for compétent précise, qu’il s’agira de celui de « tout autre lieu désigné
à cette fin dans le contrat de transport par mer ». Il est donc possible aux parties d’élire un juge qui
ne soit localisé ni dans l’Etat de départ de la marchandise, ni dans celui d’arrivée, ni même qui
corresponde au lieu d’établissement de l’une des parties au contrat. Cf. C. Legros, op. cit., n 12.
150
M. Remond Gouilloud, Droit maritime, éd. Pédone, 1993, n 517, p.336. Le célèbre arrêt du 5
décembre 1910 rendu par la cour de cassation dans l’affaire de l’Américan Trading Compagny (S.
1911. 1. 129, note Lyon-Caen) fut le point de départ de cette théorie. A l’occasion de cette affaire,
la Cour affirma dans un attendu de principe que « la loi applicable aux contrats (. . .) est celle que
les parties ont adoptée, que si entre personnes de nationalité différente la loi du lieu où le contrat
est intervenu est, en principe, celle à laquelle il faut s’attacher, ce n’est qu’autant que les con-
tractants n’ont pas manifesté une volonté contraire (. . .) ». La volonté est donc désormais promue
au rang de premier critère pour déterminer la loi applicable à un contrat.
151
G. Branellec, La coexistence des règles applicables au contrat de transport international de
marchandises par mer : contribution à l’étude de l’uniformité du droit, Thèse, Université de
Bretagne Occidentale, 2007, n 933, p.516.
152
P. Lagarde, « Les contrats dans le projet suisse de codification du droit international privé »,
Annuaire suisse de droit international, 1979, p.74.
153
R. Savatier, Cours de droit international privé, 2ème éd. 1953, n 414, p. 310.
154
H. Gaudemet-Tallon, op. cit., 2006, p.276.
155
En effet, par un arrêt du 4 février 1992, dans une œuvre de discipline au regard des fraudes
auxquelles la « clause Paramount » aboutissait, la Cour de cassation a précisé que les parties qui
soumettent leur contrat à une convention internationale « ne peuvent écarter celles des prescrip-
tions auxquelles, si la Convention internationale était applicable de plein droit, il ne saurait être
dérogé à peine de nullité». Cass. Com. 4 février 1992, DMF, 1992, p.289, note Lemaı̂tre, cité par M.
Remond Gouilloud, op. cit., 1993, n 520, p.339.
156
Ce dépeçage autorisé est soumis à certaines limites. D’abord, et c’est classique, il ne doit pas
permettre de porter atteinte à l’autorité de la loi. Ensuite, le dépeçage ne doit pas ruiner la
cohérence du contrat. Sur ce point Cf. F. Rigaux, « Examen de quelques questions laissées ouvertes
par la Convention de Rome sur la loi applicable aux obligations contractuelles », Cahier de droit
européen, 1988, p. 318.
157
La jurisprudence française, à plusieurs occasions, a réaffirmé l’inapplicabilité de la convention de
Hambourg par le juge français, faute de ratification par la France : T. com. Marseille, 5 oct. 2004,
BTL 2005, p. 103 ; CA Paris, 19 janv. 2006, Juris-Data n 2006-313773, BTL, 2006, p.281.
158
P.Y. Nicolas, DMF 1999, p. 739, cité par C. Legros, op. cit., n 2
lesquels le contrat international présente des liens étroits»159, c’est-à-dire dans le cas
d’une opération de transport, le pays dans lequel le transporteur a son établisse-
ment principal au moment de la conclusion du contrat, lorsque ce pays est celui
dans lequel est situé le lieu de chargement ou de déchargement ou l’établissement
principal de l’expéditeur (art4§4 convention de Rome)160.
Les conventions internationales de transport ainsi reçues étant d’application
directe et immédiate, on peut se demander si les parties ne peuvent pas aussi par
leur seule volonté s’y soustraire au mépris des engagements internationaux des
Etats.
163
R. Rodiere, Traité général de droit maritime : affrètement et transport, TII, Dalloz, 1968, n 788,
p.430.
164
Ibid., n 788, p.431.