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Encadrants :
Marc Raymond
Benoît Menoni
Arthur Charpentier
Nous souhaitons remercier vivement les encadrants de ce groupe de travail Marc Raymond,
directeur du département actuariat de SIA Conseil, et Benoît Menoni, manager, pour leur accueil
chaleureux au sein de leur équipe, et leur encadrement régulier. Nous leur sommes reconnaissants
pour le temps qu’ils ont passé à nous guider, à nous aider et à répondre à nos questions tout au
long de cette année.
Nous tenons aussi à remercier Arthur Charpentier pour nous avoir proposé de travailler avec
SIA Conseil, et nous avoir orientés sur le choix du sujet de ce mémoire.
Nous sommes enfin reconnaissants envers le responsable de la filière Actuariat à l’ENSAE
ParisTech Donatien Hainaut, ainsi que toute son équipe enseignante, qui, à travers les différents
enseignements, nous a donné les connaissances nécessaires à la rédaction de ce mémoire. Nous
tenons en dernier lieu à remercier Xavier Milhaud, notre correspondant à l’ENSAE, qui s’est
toujours tenu à notre disposition pour répondre à nos questions.
I
II
Comme la plupart des marchés, l’assurance vie est soumise aux règles de la concurrence : les
assureurs et les bancassureurs doivent perpétuellement rechercher des produits innovants pour
répondre aux exigences de leurs clients et faire face à la concurrence. Les Variable annuities
en sont un bon exemple. Mais elles ne sont pas seules : en effet depuis quelques années, les
acteurs du marché de l’assurance vie proposent des produits financiers multipliant les garanties
complexes. Les contrats à fenêtre ou les fonds à formule en sont un bon exemple. Sous couvert
d’un certain nombre de garanties, et conditionnellement à la performance d’un fonds, l’assuré
se voit offrir un rendement élevé, généralement fixé contractuellement. Dans ce mémoire, nous
souhaitons proposer une analyse actuarielle approfondie de ce type ces garanties, et donc de ces
contrats complexes. Nous souhaitons en particulier en étudier les stratégies permettant de faire
face à ces engagements, et le coût de ces dernières.
Mais la réforme Solvabilité II nous incite à aller plus loin dans notre démarche en mettant
en place un outil de simulation de type modèle interne. Nous proposons à ce titre un modèle de
taux d’intérêt qui prend appui sur le modèle à changement de régime, et s’inspire de la théorie
économique.
Nous montrons la nécessité d’une allocation dynamique du portefeuille d’actif afin de garantir
une performance intéressante quelle que soit la trajectoire de l’actif sous-jacent. En particulier,
une réallocation sur le principe des anticipations statiques donne de bons résultats. Dans le
cadre de contrats à durée fixe avec une formule de calcul de la performance liée aux valeurs
prises par l’indice sous-jacent sur la période, la méthode consistant à conserver une allocation
de portefeuille constante, domine toutes les autres stratégies étudiées.
Mots − clefs : Garanties financières complexes, contrat à fenêtre, fonds à formule, unités
de compte garanties, déflateurs, rendement, Solvabilité II, assurance vie, CPPI, OBPI, modèles
à changement de régime, anticipation statique, allocation d’actif, gestion de portefeuille.
III
IV
As any other market, life insurance is governed by competition : banks and insurance com-
panies have to develop innovative products in order to satisfy their client’s needs, like Variable
Annuities. For the last few years, lots of contracts with highly-sophisticated guarantees have
been emerging, like window-contracts or formula-based contracts. They offer a lot of guarantees
and a high contractual yield, conditionnal on the performance of an underlying asset. The aim
of this actuarial thesis is to analyse the different types of guarantees in an actuarial manner,
and to determine the optimal strategies that allow the insurer to face his commitments.
This analysis is done in the Solvency II framework, with an internal model approach : we imple-
mented an asset and liability management simulation tool and an economic scenario generator,
in order to mesure the risk in a stochastic way. This tool includes a regime-switching interest
rate model based on economic theory of static anticipation, and a lognormal regime-switching
model for the risky asset.
In order to guarantee a good performance in the case of random-maturity contracts, we show
the need for a dynamic hedging strategy. We also show that the static anticipation principle
gives the best results. On the other hand, we prove that for fixed-length contracts, the constant
portfolio allocation is better than any other strategies. We use Monte-Carlo simulations to de-
termine the optimal allocation, and observe that futures contracts contribute to reduce the risk,
but also the average profitability.
V
VI
Introduction
Dans cet article, nous proposons une analyse de la rentabilité des contrats à garanties com-
plexes dans le référentiel Solvabilité II. Les options et garanties des contrats retenues pour cette
étude sont les suivantes :
– Garantie plancher totale ou partielle.
– Calcul de la performance déduite de l’application d’une formule sur les rendements consta-
tés de l’indice de référence au cours de la durée de vie du produit.
– Garantie cliquet : certains contrats à fenêtre intègrent une garantie cliquet, déclinée selon
plusieurs variantes.
– L’option de rachat.
– Durée de vie du contrat : certains produits présents sur le marché possèdent une durée de
vie aléatoire, déterminée, elle aussi, selon la performance du sous-jacent.
– Plafonnement de la performance : l’assureur peut choisir de ne reverser qu’une partie de
la performance générée par le fonds à l’assuré.
Conscients des nombreux enjeux de ces produits d’assurance vie, nous veillons à faire cette
analyse à l’aune de la nouvelle règlementation du marché des assurances. En effet, la réforme
Solvabilité II contraint les assureurs à mettre en place un modèle interne pour déterminer le
montant de capital économique afin de faire face à un risque de perte de 99,5% à horizon d’un
an.
Le modèle interne permet de simuler le bilan de l’assureur sous l’angle des risques considérés,
ce qui nécessite une étude des modèles d’actifs de la compagnie, ainsi que leur calibrage et
l’implémentation dans un générateur de scénarios économiques. Ce générateur nous a permis de
déterminer le capital économique à horizon 1 an associé à ces produits (dont la durée de vie
est généralement proche de 8 ans). La valorisation des flux générés par ces contrats nécessite
de se placer en univers risque neutre, c’est pourquoi nous utilisons la méthode des déflateurs,
qui sont des facteurs d’actualisation stochastiques permettant d’intégrer la prime de risque et
de travailler dans un cadre Market consistent. Ces différents outils nous permettent de définir
les méthodes de gestion de portefeuille adaptées à la couverture des engagements de l’assureur.
Nous complétons donc notre étude en déterminant le coût des différentes garanties et l’allocation
stratégique optimale.
Voici un récapitulatif des différents points étudiés :
– la rentabilité et le coût de chaque garantie,
– l’impact réel de Solvabilité sur ces derniers points,
– l’allocation stratégique optimale,
– les sensibilités des paramètres du modèle.
Le plan de cette note de synthèse est organisé comme suit : l’étude des contrats à garanties
complexes (section 1) sous Solvabilité II passe par la mise en place d’un Générateur de Scénarios
Économiques (section 2) et d’un outil de gestion Actif/Passif (ALM) (section 3) qui permettent
d’évaluer la rentabilité des différentes garanties complexes (section 4), et enfin de conclure.
VII
VIII
1. Ce type de produit est abordé dans [53] et plus nettement dans [55] et [5]
2. Pour plus de détails sur les différents produits que nous avons étudiés, nous nous référerons à [77], [80], [79],
[78], [71], [72], [73], [74], [75], et [76]
2 - Modèles d’actifs
Dans cette section, nous présentons la démarche adoptée pour l’analyse des contrats à garan-
ties complexes, puis nous introduisons les modèles d’actifs retenus et les déflateurs stochastiques
associés à cette modélisation.
Démarche
Pour étudier les garanties des contrats à fenêtre dans le référentiel Solvabilité II, nous avons
mis en place un générateur de scénarios économiques et un outil de valorisation des contrats
permettant notamment de calculer le capital économique 4 . Cette démarche peut être représentée
à l’aide du schéma 6.
Le modèle action
Pour modéliser le cours de l’actif risqué, nous avons utilisé le modèle à changement de régime,
présenté par Mary Hardy (2001)[40]. Il présente l’avantage d’être simple, car directement déduit
du modèle de Black&Scholes[9]. Ce modèle est basé sur le postulat suivant : l’économie modélisée
évolue en alternant les phases calmes de croissance, et les phases de crise. Des études empiriques
4. Le capital économique est sous Solvabilité II le montant en fonds propres qui est nécessaire pour éviter la
faillite de l’assureur dans 99,5% des cas à horizon 1 an.
ont montré que ce modèle s’ajuste bien aux données et aux cycles économiques. Il est décrit par
l’équation (5).
dSt
= µSηt dt + σηSt dBt . (1)
St
où Bt est le mouvement brownien, ηt est le régime qui s’applique à la période 5 [t; t + 1[, et µSη et
σηS sont des constantes, représentant respectivement la tendance et la volatilité de l’actif risqué
dans chacune des deux périodes.
Nous justifions et théorisons son emploi dans notre mémoire. En conservant les mêmes notations
que précédemment, notre modèle peut se réécrire sous la forme d’un modèle de Cox-Ingersoll-
Ross (CIR)[27] dans lequel chaque constante dépend du régime :
√
drt = αηt (βηt − rt )dt + σηTtX rt dBt (3)
anat bnat
avec αηt = anat − cηt et βηt =
anat − cηt
Dans cette modélisation, la corrélation entre l’actif sans risque et l’actif risqué est double.
– Les mouvements browniens sont corrélés linéairement.
5. Dans notre cadre, cette variable ne peut prendre que deux modalités car il n’y a que deux régimes possibles
dans l’économie
– Il n’y a qu’un unique régime dans l’économie à un moment t donné : lorsque les actions
sont en crise, les taux d’intérêt le sont aussi.
Des probabilités de transition modélisent le changement de régime. Afin d’accroître les possibi-
lités du modèle, il pourrait être intéressant de disposer de probabilités de transition propres à
chaque actif, et corrélées entre elles.
Les déflateurs
Solvabilité II impose de calculer le capital économique à horizon 1 an. Cependant, la durée de
vie des contrats à garanties complexes est généralement bien supérieure à cet horizon (souvent
comprise entre 3 et 8 ans). Il faut dès lors se placer en univers risque neutre pour évaluer les
cash flows futurs générés par le contrat au-delà de la première année. Plusieurs méthodes sont
possibles, et nous avons choisi d’effectuer nos simulations sous la probabilité historique, puis
d’effectuer le changement d’univers grâce aux déflateurs stochastiques.
La méthode des déflateurs 6 est compatible avec la valorisation du capital économique sous
Solvabilité II. Elle consiste à appliquer une fonction d’actualisation stochastique qui tient compte
de l’aversion au risque contenue implicitement dans la valeur de marché des actifs risqués. Cette
approche est ainsi cohérente et réaliste au cours des simulations. Elle est cohérente avec les prix
observés initialement sur le marché [30], contrairement à l’approche sous probabilité risque neutre
qui n’est pas "Market Consistent" [29]. De façon mathématique, il est possible de caractériser de
façon unique 7 le déflateur grâce à la propriété suivante : le prix déflaté de tout titre de l’économie
est une martingale sous la probabilité risque neutre. En conservant les mêmes notations 8 , cette
caractérisation conduit à la formule (5.16).
K (s, rs , ηt )
Z t Z t 2 Z t Z t !
λ λ √
Dt =exp −(1 + ) rs ds − ds − rs dBs − K(s, rs )dBs⊥
2(σηTtX )2 0 0 2 σηTtX 0 0
(4)
√
λ rt S
rt − µSηt + σ ρ
σηTtX ηt
avec K(t, rt , ηt ) = −
1 − ρ2
p
σηSt
Cette stratégie consiste à investir à tout moment une proportion constante de la richesse en
actifs risqués, proportionnelle à un "coussin", déterminée selon l’appétence au risque de l’assu-
reur. Le reste de l’épargne (le plancher) est investi en actif sans risque. Le plancher correspond
à la valeur actualisée de l’engagement au terme.
Stratégie Option Based Portfolio Insurance (OBPI)
L’OBPI est une stratégie de couverture des risques à l’aide d’une détention simultanée de
l’actif risqué et d’options financières sur ce dernier. Ces options permettent de couvrir les pertes
enregistrées. Nous implémentons par exemple une stratégie consistant à investir toute l’épargne
en actifs risqués, et acheter des options de vente afin de nous prémunir contre la baisse.
Stratégie Constant Mix avec anticipations statiques
Dans le cadre du modèle économique des anticipations statiques, nous proposons une stra-
tégie de gestion dynamique basée sur une réallocation massive du portefeuille lorsque les prix
passés semblent indiquer une période de crise, ou une reprise. Ainsi notre règle d’investissement
est définie de la façon suivante :
Si la performance de l’indice a été positive le dernier mois, nous adoptons une allocation stra-
tégique avec un pourcentage d’actions très important. Dans le cas contraire, nous adoptons une
démarche prudente et investissons la quasi-totalité de l’épargne en obligations. Nous nous don-
nons la possibilité d’investir plus que le montant de l’épargne en obligations, en vendant des
actions à découvert.
L’utilisation de contrats à terme
Confrontés au prix élevé des options, nous avons enfin étudié la possibilité d’utiliser des
contrats à terme 10 à des fins de couverture. En effet, en tant que contrat non optionnel, le prix
d’un contrat à terme est par définition nul lors de sa création.
4 - Résultats
Nous présentons dans cette section les résultats principaux mis en évidence lors de l’étude
de deux types de contrat :
– un contrat à durée fixe de 8 ans avec une performance corrélée à l’actif de référence.
– un contrat à durée aléatoire, de 3 ans au maximum.
Afin de comparer les stratégies entre elles, nous utilisons le processus suivant. Pour chaque simu-
lation, nous projetons les flux générés par le contrat. Nous définissons une mesure de rentabilité
permettant de valoriser ces flux. Nous obtenons donc une distribution des valeurs prises avec
cette mesure, dont nous évaluons le risque à l’aide d’une mesure de risque adaptée. Pour mesu-
rer le capital économique sous Solvabilité II, nous considérons la VaR à 99.5%. Nous choisissons
la New Business Value et éventuellement le RAROC 11 pour mesurer la rentabilité, et nous
intégrons également la Tail Value-at-Risk dans notre analyse.
10. Nous rappelons qu’il s’agit d’un engagement à acheter ou de vendre un actif à un prix fixé en date initial,
mais l’échange n’est concrétisé qu’à une date ultérieure.
11. Risk Adjusted Return On Capital
une performance n’est retenue que si elle est supérieure à toutes les performances enregis-
trées jusque-là. L’analyse des stratégies à allocations constantes nous amène à la conclusion
suivante : il n’y a pas stratégie qui domine toutes les autres, c’est-à-dire qui est optimale
en terme de New Business Value, de Value-at-Risk, et de Tail Value-at-Risk. Néanmoins,
ces deux critères de risques sont simultanément minimisés pour un investissement composé
à 17% d’actions et à 83% d’obligations. Nous représentons sur la figure 7.1 nos différents
indicateurs en fonction de l’allocation cible.
L’utilisation des contrats d’achat (de vente) à terme permet de couvrir l’assureur contre
le risque de hausse (de baisse) de l’actif risqué. La encore, il est impossible de trouver une
stratégie optimale pour les trois critères considérés, mais nous constatons que l’ajout de
contrats à terme 12 à la stratégie 83% d’obligations et 17% d’actions permet une diminu-
tion du risque supporté. Les stratégies CPPI ne fournissent pas de bons résultats pour ce
type de contrat, et ce quelle que soit la valeur du coussin. En effet, pour toute stratégie
CPPI, il est possible de déterminer une stratégie à allocations constantes présentant une
New Business Value plus élevée, ainsi qu’une Value-at-Risk et une Tail Value-at-Risk plus
faibles.
La méthode OBPI fournit des résultats intéressants en terme de rentabilité mais elle ex-
pose l’assureur à un risque de marché important, et conduit donc à un capital économique
(mesuré par la Value-at-Risk à 99.5%) trop élevé.
– Contrat à durée aléatoire : nous considérons ici un contrat dont le mécanisme de
fonctionnement est le suivant : La durée maximale du contrat est de 3 ans. A chaque fin
d’année, si le niveau de l’indice sous-jacent au contrat est supérieur au niveau initial, le
contrat se termine automatiquement et l’épargne de l’assuré est revalorisée de 7.25% par
an. Si le niveau de l’indice au terme du contrat est inférieur au niveau initial, l’assuré
bénéficie d’une garantie plancher, sauf si la baisse est supérieure à 50%. Dans ce cas,
l’assuré récupère 200% de la valeur du fonds.
Les stratégies étudiées précédemment 13 fournissent de mauvais résultats avec une rentabi-
lité moyenne très faible voire négative et une Value-at-Risk très élevée, approximativement
5 fois supérieure aux montants obtenus pour le contrat à durée fixe.
Seule une stratégie dynamique permet dans ce cadre de trouver un compromis risque-
rentabilité acceptable : la stratégie Constant Mix avec anticipations statiques. La stratégie
optimale est la suivante : La composition du portefeuille est modifiée mensuellement. Si la
performance de l’actif risqué a été positive au cours du dernier mois, l’allocation cible est
de 84% d’actions et 16% d’obligations. Au contraire, si celle-ci a été négative, l’allocation
est de 129% en obligations et 29% en actions. L’assureur vend donc des actions à décou-
vert. La distribution des valeurs de rentabilité associées à cette stratégie est présentée dans
la figure 7.11.
Figure 4 – Distribution des New Business Value pour la stratégie Constant mix avec anticipa-
tions statiques, avec pactions = 84% et pobligations = 129%.
et que le montant de capital est plus fortement impacté que la New Business Value moyenne.
Nous analysons aussi le coût de la garantie plancher dans la limite d’une perte de 50%.
Conclusion
Ce mémoire nous a donné l’opportunité d’analyser une classe spécifique de produits présents
sur le marché de l’assurance vie : les contrats à garanties financières complexes. Notre étude a
pour objectif de déterminer la stratégie optimale associée à chaque type de contrat, ainsi que
l’impact sur la rentabilité et le capital économique des garanties présentes dans ces contrats.
Pour répondre à ces questions, nous avons mis en place un outil de simulation. Ce dernier
comprend un générateur de scénarios économiques (GSE) et un outil de gestion actif-passif
(ALM). Le GSE permet de simuler l’évolution d’une économie à deux titres par l’intermédiaire
de modèles à changement de régime, reflétant l’instabilité actuellement observée sur les marchés
financiers. Le modèle ALM intègre différentes stratégies de gestion de portefeuille, adaptées aux
spécificités de chaque contrat. Les simulations effectuées dans le cadre de deux types de produits
(à durée fixe et à durée aléatoire) nous amènent à différentes conclusions.
– Dans le cadre des contrats à durée aléatoire, la stratégie dynamique basée sur la théorie
des anticipations fournit les meilleurs résultats. C’est celle qui permet de capter au mieux
le risque auquel est exposé l’assureur.
– La stratégie CPPI n’est optimale pour aucun des deux types de contrat : son fonctionne-
ment est trop rigide et non adapté aux contrats à garanties complexes.
– Pour les contrats à durée fixe (8 ans), la stratégie Constant mix fournit un bon compromis
entre risque et rentabilité. Le risque peut être diminué en intégrant des contrats à terme.
– L’utilisation de produits dérivés permet de générer une rentabilité importante sur les deux
types de contrats, mais elle expose l’assureur à un risque très élevé. Le capital économique
associé est donc trop important, ce qui pénalise la rentabilité.
– Les garanties présentes dans les contrats ont toutes un impact spécifique sur la rentabilité
et le capital économique.
Afin de compléter cette étude, il pourrait être intéressant de considérer le risque de défaut
et de contrepartie. Ces derniers peuvent prendre une place prépondérante dans les situations
de crise économique. Nous pourrions, par ailleurs, observer l’influence de l’introduction d’un ré-
gime intermédiaire dans la modélisation de l’actif, traduisant une situation calme de l’économie.
En outre, une comparaison plus poussée entre valeurs de capital à immobiliser au sens de la
formule standard de Solvabilité II et les valeurs de capital économique obtenues permettrait de
déterminer quel type de contrats à garanties financières complexes possède un réel attrait dans
le nouveau référentiel prudentiel européen.
Introduction
In this article, we analyse the return on life insurance products with complex financial gua-
rantees in the Solvency II framework.
The Options and guarantees we studied are listed below.
– Partial or full capital guarantee.
– Guarantees on the return : the return is calculated with a contractual formula, taking as
inputs point-in-time values of the underlying asset.
– Ratchet guarantee : we observe different definitions of the ratchet guarantee, depending
on the contracts.
– The surrender withdrawal mecanism.
– Contract duration : some contracts have a random duration, depending on the underlying
asset.
– Fund return capped : insurers choose to give only a fraction of the benchmark returns.
This analysis has to be done in the Solvency II framework. As a matter of fact, Solvency
II penalizes the risks taken by the insurer, which reduces the profitability of these products. It
also encourages insurers to develop an internal model in order to measure the economic capital
required to guarantee the one-year solvency with a 99.5% probability.
This model requires the simulation of the insurer’s risky assets. To do so, we implemented an
economic scenario generator, which capture the market risk. This allowed us to determine the
one-year economic capital. The financial products have a larger maturity and we need to value
all the cash-flows that they will generate in order to build our estimation of next year liabilities.
This is why this study needs to be done under the risk-neutral world. Thanks to the state-price
deflators, we are able to switch between historical and risk-neutral probability measure. We then
define dynamic hedging strategies in order to study the optimal portfolio allocations and also
to quantify the cost of each financial guarantee. We also study the sensitivity of the results to
the model’s parameters.
To resume, the analysis of products with complex financial guarantees (section 1) under
Solvency II reform, needs an economic scenario generator (section 2) and an Asset and Liabilities
Management tool (section 3) in order to measure the profitability of these contracts (section 4).
In order to study these complex financial guarantees, we focus on the profitability of a specific
financial product : formula-based funds. In this section, we define these products and perform a
brief market analysis.
XVII
XVIII
Market analysis
In the table 2, we present some contracts we found on the life insurance market, and their
guarantees 15 . These contracts are a representative sample of the various products offered by the
insurers.
Approach
We implement an economic scenario generator and an asset and liability management tool in
order to estimate the economic capital 16 and to study the cost of the guarantees of formula-based
funds. The graph 6 illustrates this approach.
The economic scenario generator simulates the evolution of a two-asset economy : a risky
and risk-free security (equity and bond). In order to be coherent with the fluctuations of the
economy, we use two regime-switching models.
Equity modelling
We implemented the regime-switching lognormal model presented by Mary Hardy (2001)
[40] to simulate the price of the risky asset. This model is simple, close to the Black & Scholes[9]
one. It is based on the following statement : the evolution of the economy can be separated in
two phases : crisis periods and economic growth. Empirical studies showed that this model fits
the data and the business cycles. It is described by equation (5).
16. The Solvency II economic capital is the amount of equity capital which is required to avoid the insurer
bankruptcy in 99.5% cases on a one-year horizon.
Figure 6 – Methodology
dSt
= µηt dt + σηt dBt . (5)
St
where Bt is the brownian motion, ηt is the regime at time t 17 with t ∈ [t; t + 1[ ; the trend µη
and the volatility σηT X are constants.
√
drt = [anat (bnat − rt ) + cηt rt ]dt + σηTtX rt dBt . (6)
We present the theoretical aspects of this model in our actuarial thesis, and justify its imple-
mentation with the data collected on the financial markets. With the same notations, our model
can be rewritten as a two-regime Cox-Ingersoll-Ross (CIR)[27] model, with specific constants
for each regime (see (4.2)).
√
drt = αηt (βηt − rt )dt + σηt rt dBt (7)
anat bnat
with αηt = anat − cηt and βηt =
anat − cηt
In that modelisation, we introduced a double correlation between the risky and the risk-free
asset.
– Linear correlations of brownian motions.
– There is only one simultaneous regime : the crisis phases apply to both types of assets.
The regime-switching is modeled with a transition probability matrix. As an extension, it could
be interesting to have separated correlated transitions matrix for each asset.
17. In our case, there are two possibles regimes : this variable has two modalities.
State-price deflators
Solvency II requires to calculate one-year economic capital. Usually, the duration of these
type of contracts (3 to 8 years) is widely higher than this horizon. Therefore, we have to value
the cash-flows generated beyond the first year under the risk-neutral probability. To do so, we
do the simulations under the historical probabiliy and use the state-price deflators to switch to
the risk-neutral universe.
State-price deflators 18 are compatible with the valuation of economic capital under Solvency
II. They can be seen as a stochastic discount factor that reflects the risk implicitly included in
the price of the assets. This approach is Market consistent, and compatible with the initial
prices[30], whereas risk neutral probability is not. The deflator is unique and we can calculate it
thanks to its main mathematical property : The deflated price of every security of the economy
is a martingale under the risk-neutral probability. With the same notations 19 , the deflator is
given by the formula (5.16).
K (s, rs , ηt )
Z t Z t 2 Z t Z t !
λ λ √
Dt =exp −(1 + ) rs ds − ds − rs dBs − K(s, rs )dBs⊥
2(σηTtX )2 0 0 2 σηTtX 0 0
(8)
√
λ rt S
rt − µSηt + σ ρ
σηTtX ηt
with K(t, rt , ηt ) = −
1 − ρ2
p
σηSt
3 - Portfolio strategies
Financial products with complex guarantees are based on a benchmark index. Thus, the
issuer is exposed to a significant market risk : growth or decrease of the interest rates or of the
benchmark asset price. It is therefore important to use an appropriate portfolio strategy.
Constant Mix strategy
This strategy relies on the hypothesis that the long run investment is the best strategy. This
strategy is also known as Buy and Hold. A constant proportion of the wealth is invested in the
risky asset, at every time. This strategy can be very risky according the guarantee offered by the
insurer. For instance, consider a 8% performance guarantee. If the benchmarck index is steadily
and the performance slightly positive around 1%, it would be hard to make 8% return.
Constant Proportion Portfolio Insurance (CPPI)
This is a method of portfolio insurance in which the investor sets a floor on the value of
his portfolio, then structures asset allocation around that decision. The two asset classes used
in CPPI are a risky asset, and a riskless asset. The percentage allocated to each depends on
the "cushion" value, defined as current portfolio value – floor value, and a multiplier coefficient,
where a higher number denotes a more aggressive strategy.
Option Based Portfolio Insurance (OBPI)
OBPI strategy is a hedging strategy that consists in simultaneously holding the risky asset
and options on this asset. These options are useful to hedge against adverse scenarios. For
instance, we implement a strategy where the wealth is invested in the risky asset and put
options. This allows us to benefit from an increase in the value of the asset, and to be hedged
against a decrease.
Constant Mix with static anticipation strategy
18. Described in [61], [30] and [29].
19. Moreover, we set λ the risk premium.
This dynamic strategy is inspired from the economic anticipation theory. It relies on a massive
portfolio reallocation when the market prices indicates a crisis period, or an economic growth.
The investment rule is defined by the following statement : If the benchmark return was positive
during the last month, we invest a large proportion of the portfolio in risky assets. In the other
case, we invest almost the whole savings in bonds, and possibly more than the whole savings by
short-selling the risky asset
Future contracts
While pricing the options, we realised that they might be very expensive. That’s why we
investigated the possibility of using futures contracts 20 as a hedging strategy. These are non
optional contracts and their initial price is therefore equal to zero.
4 - Results
This section presents the main results of our study, based on two types of contracts :
– an insurance product with a fixed eight-year duration and a profitability correlated to the
underlying asset.
– an insurance product with a random duration of three years maximum and a 7.25% per
year return.
In order to compare the different strategies, we use the following process : for each simulation,
we project the cash flows generated by the financial product. We define a profitability criterion
to value these cash-flows. We thus obtain a distribution of values and we estimate the risk of
this distribution with the help of an appropriate risk mesure. We choose the New Business Value
and the RAROC 21 to measure the profitability, and we also include the Tail Value-at-Risk in
our analysis.
Profitability results are good for OBPI methods, but in this case, the insurer bears a very
important market risk, which leads to a too high economic capital (99.5% Value-at-Risk).
20. futures contract is a standardized contract between two parties to buy or sell a specified asset of standardized
quantity and quality for a price agreed today (the futures price or the strike price) with delivery occurring at a
specified future date, the delivery date
21. Risk Adjusted Return On Capital
– Random three-year duration product The mechanism of this product is more simple.
The contract lasts 3 years maximum. At the end of each year, if the underlying asset’s level
is higher than the initial level, the contract ends and the return is 7.25% per year. If the
level is lower, there is a capital guarantee only if the decrease is not bigger than 50%. In
this case, the insured gets 200% of the final value of the fund.
Constant Mix, CCPI and futures strategies are characterized by a very low or even ne-
gative global profitability and a huge risk taking. For instance, consider a strategy with
futures. The average expected return is negative for reasonable Value-at-risk - that is to
say around 20,000€. To get positive profitability, the insurer needs to bear a market risk
close to 100,000€.
In order to get better results, we have to consider a dynamic strategy : the Constant Mix
strategy with static anticipations. We found an optimum with a (-29% risky assets,129%
bonds) allocation if the former time period the benchmark performance was negative and
a (84%,16%) allocation else. The cash flows distribution is presented on graph 7.11.
Figure 8 – New Businessrai Value distribution for a Constant Mix strategy with static antici-
pations, with pequity = 83% and pbond = 129%.
6.25% ? We show that profitability and risk are linearly linked to this rate, and that the impact
is more important on the Value-at-Risk than on the New Business Value. We also analyse the
cost of the partial capital guarantee.
Conclusion
This actuarial thesis gave us the opportunity to study a specific type of life insurance pro-
duct : contracts with highly-sophisticated financial guarantees. Our study aims at determining
the optimal strategy for each contract, and the impact that these guarantees have on profitabi-
lity and economic capital.
To answer to these questions, we developped an economic scenario generator (ESG) and an
asset and liability management (ALM) tool. Thanks to the ESG, we simulate the evolution of
a two-securities economy with regime-switching models, coherent with the fluctuations we see
on financial markets today. The ALM model contains different portfolio management strategies,
adapted to the specificities of each contract. We have simulated the cash-flows generated by two
different products (fixed and random duration) and concluded that :
– For random duration contracts, the dynamic strategy based on economic theory of static
anticipations gives the best results. It is adapted to the risk beared by the insurer.
– CPPI is not optimal in both cases : it is not adaptable enough for these contracts.
– For fixed-duration products, the constant mix strategy is a good compromise between risk
and profitability. The risk can be reduced with future contracts.
– Using options leads to a good profitability, but exposes the insurer to a very high market
risk.
– Each guarantee has a specific impact on profitability and on the economic capital.
To go further, it could be interesting to model default risk, which can be very important during
crisis periods, or to introduce a third regime in the economy, corresponding to a stagnation
phase of the economy. Furthermore, we could compare the economic capital we calculated to
the capital required by the standard formula of Solvency II. This would tell us which contracts
are interesting for the insurer in this new prudential framework.
In order to study the cost and the best way for insurers to manage their risks on that type
of financial products with complex guarantees, we developed a simulation tool. The latter is
compounded by an economic scenario generator in which we have implemented two switching-
regime models to better fit the recent financial market data. In addition, portfolio management
strategies have been included into our ALM model. We also found that a dynamic performance
is needed and especially if the profitability served is uncorrelated with the benchmark one. CCPI
and Constant Mix strategies give especially poor results, contrary to our strategy with static
anticipations. Using options to hedge oneself is also a credible and reasonable solution.
However to consider that, it would have been necessary to develop a more complex model.
As a matter of fact, it could have been interesting to explore the default and counterpart risk
modeling in our study, as it would have been to do so by considering an asset modeling with
more than two regimes : one may have consider one for economic growth, another for recession
situations and a third one for intermediate situations.
Remerciements I
Résumé III
Abstract V
Introduction 1
2 La réforme Solvabilité II 33
2.1 Le passage de Solvabilité I à Solvabilité II : des différences majeures . . . . . . . 33
2.1.1 Solvabilité I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
XXVII
XXVIII TABLE DES MATIÈRES
8 Conclusion 115
9 Annexes 117
9.1 Simulation de variables aléatoires gaussiennes sous une dépendance de copule de
Clayton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
9.1.1 Algorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
9.1.2 Approximation numérique de l’inverse de la fonction de répartion d’une
loi normale centrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
9.2 Méthode de simulation des Equations Différentielles Stochastiques . . . . . . . . 117
9.2.1 Méthode d’Euler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
9.2.2 Méthode de Maruyama . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
9.2.3 Méthode de Milstein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
9.3 Les fondements mathématiques de la méthode CPPI . . . . . . . . . . . . . . . . 119
XXXI
XXXII TABLE DES FIGURES
2.1 Matrice de corrélation pour les scénarios de baisse des taux d’intérêt. . . . . . . . 38
2.2 Matrice de corrélation pour les scénarios de baisse des taux d’intérêt. . . . . . . . 39
2.3 Matrice de corrélation pour les scénarios de hausse des taux d’intérêt. . . . . . . 39
2.4 Matrice de corrélation inter-modulaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
XXXIII
XXXIV LISTE DES TABLEAUX
Dans ce mémoire, nous traitons d’un type spécifique de contrats d’assurance vie 22 : les
contrats intégrant des garanties financières complexes 23 . Il n’existe pas de définition précise
et arrêtée de ce terme, c’est pourquoi nous considérons dans ce mémoire qu’un contrat entre
dans cette famille s’il constitue un placement dont la durée et les rendements sont contractuels
et conditionnels à la performance d’un fonds ou à celle d’actifs sous-jacents. Cette définition
est très large et permet d’englober tous les types de produits et de garanties étudiés dans ce
mémoire.
L’encours total de ces différents produits représente en France un montant égal à 53,7 mil-
liards d’euros 24 en 2011. Néanmoins, ce type de contrat possède un fort potentiel de déve-
loppement dans les années à venir, car il pourrait permettre aux assureurs de contourner la
période difficile que traverse actuellement l’assurance vie. En effet, les chiffres communiqués par
la Fédération Française des Sociétés d’Assurance 25 indiquent que la collecte nette des contrats
d’assurance vie s’élève à 7,6 milliards d’euros en 2011, soit environ 7 fois moins que les 51,1
milliards collectés en 2010. Ce chiffre est le niveau le plus bas enregistré sur l’ensemble de ces 20
dernières années. Dans le même temps, le livret A 26 connaît une dynamique inverse : la collecte
s’est élevée en 2011 à 17,4 milliards d’euros. Si l’on exclut l’année 2008 (collecte de 18,7 milliards
d’euros), ce chiffre est le plus important depuis 193 ans.
Le livret A est ainsi le grand gagnant de la tension extrême qui règne depuis plusieurs années
sur les marchés financiers pour plusieurs raisons. Alors que le taux de rendement des contrats
en euros 27 connaît une baisse régulière depuis 20 ans (de 8,40% en 1991 à environ 3% en 2011),
accélérée par la crise financière, celui du livret A est aujourd’hui de 2,50%. La proximité de
ces rendements ainsi que le climat anxiogène lié notamment à la peur des obligations grecques,
explique la compétition entre ces deux produits. En outre, une grande partie des rachats effec-
tués sur les contrats en euros peut être expliquée par la volonté des français d’investir dans les
placements immobiliers, qui restent une "valeur sûre" en temps de crise.
Dans ce contexte, il paraît aujourd’hui nécessaire pour les assureurs de proposer des produits
attrayants sur le marché de l’assurance vie et les contrats à fenêtre peuvent constituer une solu-
tion. En effet, un moyen d’augmenter le rendement des produits d’assurance vie est de partager
le risque avec l’assuré, ce que proposent les contrats à fenêtre. Constituant un intermédiaire
entre les produits en unités de compte (risque surtout supporté par l’assuré) et les supports
22. Nous définissons un contrat d’assurance vie comme un contrat par lequel, en contrepartie de primes, l’as-
sureur s’engage à verser à l’assuré une somme contractuelle, dépendante de la survie de ce dernier.
23. Dans la suite de ce mémoire, nous nous intéressons à des contrats qui reprennent ces garanties : les Contrats
à fenêtre.
24. Pour les fonds à formule recensés par l’AMF. On pourra notamment consulter [68]
25. Notée FFSA dans la suite de ce mémoire
26. Le livret A est un compte d’épargne français réglementé et défiscalisé créé le 22 mai 1818. Depuis le 1er
août 2011, il est rémunéré à hauteur d’un taux annuel de 2.25% et plafonné à 15300€
27. Les contrats en euros ou monosupports sont uniquement investis en fonds euro, c’est-à-dire dans des fonds
garantis par l’assureur, dont le montant est revalorisé chaque année d’un rendement égal à la somme d’un taux
minimum garanti et d’une participation aux bénéfices
1
2 LISTE DES TABLEAUX
en euros (risque essentiellement supporté par l’assureur), ces produits offrent une promesse de
rendement plus importante, en cédant une partie du risque de perte à l’assuré. Néanmoins, ces
contrats plus attractifs possèdent certains désavantages du point de vue de l’assuré :
– La durée d’investissement recommandée varie entre 2 et 10 ans et les rachats sont fortement
pénalisés, ce qui implique d’immobiliser son épargne pendant une période assez longue.
– Les méthodes de calcul de la performance étant parfois complexes, certains contrats sont
très opaques.
Le processus de commercialisation d’un contrat à garanties financières complexes passe donc par
la recherche d’un compromis entre ces différentes contraintes. L’assureur va chercher à proposer
un produit suffisamment attractif pour l’assuré, mais qui ne l’expose pas à un risque trop im-
portant. Pour cela, il va tenter de proposer des garanties judicieuses dans ces contrats. Dans ce
mémoire, nous appelons garantie toute obligation contractuelle ou légale qui engage l’assureur
envers l’assuré lors de la vente du contrat d’assurance. Les principales garanties présentes dans
les contrats à fenêtre sont les suivantes 28 :
– la garantie plancher : Cette garantie stipule que l’assuré récupèrera au minimum l’épargne
initialement investie (nette de frais), quelle que soit la valeur des actifs de l’assureur en
représentation de ce contrat.
– la garantie cliquet : L’effet cliquet est une garantie qui permet à l’assuré de récupérer
un capital égal à la valeur de rachat la plus haute atteinte par les versements à une date
quelconque.
– la garantie plafond : La garantie plafond ou plafonnement de la performance, est une
clause qui spécifie une valeur de rachat maximale du contrat. Cette garantie est à l’avantage
de l’assureur.
– l’option de rachat : Dans un contrat d’assurance vie possédant une option de rachat,
l’assuré possède le droit de sortir du contrat à tout moment, en récupérant la valeur de
rachat de son épargne.
– le calcul de la performance : Il existe presque autant de modes de calcul contractuel
de la performance du contrat en fonction de l’historique des valeurs du sous-jacent de ce
contrat qu’il y a de contrats à garanties financières complexes sur le marché de l’assurance.
Toute la spécificité des contrats que nous étudions dans ce mémoire réside dans cette ga-
rantie, qui permet aux assureurs de laisser libre cours à leur imagination.
28. La présentation détaillée de ces garanties est effectuée dans le chapitre 1.3
En effet, il n’existe pas de réglementation sur le type de garanties que les assureurs peuvent pro-
poser dans leurs contrats, c’est pourquoi de nombreuses garanties très complexes apparaissent 29 ,
adaptées au profil de risque souhaité par l’assureur.
Dans le contexte actuel, ces garanties sont en réalité le plus grand atout des contrats à fe-
nêtre. En effet, les épargnants insatisfaits de la rentabilité des contrats d’assurance vie cherchent
des placements alternatifs et ont de grandes chances d’être séduits par ces contrats qui leur pro-
posent un rendement intéressant, qu’ils ne peuvent trouver nulle part ailleurs, ainsi que des
garanties qui correspondent à leur profil. Le défi pour l’assureur est donc de mettre en place
des contrats qui correspondent aux attentes des différentes classes de la population française :
la constitution d’une retraite pour les personnes en fin de carrière, d’un capital pour celles qui
planifient un investissement futur etc. Les épargnants savent qu’ils ne pourront plus profiter de
placements garantis à taux intéressants et sont donc enclins à supporter plus de risque qu’aupa-
ravant. L’objectif est alors de quantifier cette tolérance au risque et de bâtir le produit possédant
les caractéristiques adaptées, afin de séduire les particuliers qui se trouvent actuellement dans
une situation d’indécision. La vente de ces contrats constitue donc une perspective très intéres-
sante pour les assureurs, qui peuvent espérer un redressement de la collecte s’ils parviennent à
en exploiter tout le potentiel. A la rencontre des milieux de la finance et de l’assurance, leur
modélisation nécessite une large gamme de compétences et constitue un défi passionnant pour
les actuaires et les Asset Managers.
Pour chacune des garanties offertes, l’assureur (ou le gestionnaire de portefeuille) met en place
une stratégie dynamique de couverture optimale, qui lui garantit la capacité de pouvoir honorer
ses engagements, quelle que soit l’évolution des variables sous-jacentes sur lesquelles portent ces
garanties. Dans ce contexte, l’objectif de ce mémoire est double et nous nous attacherons à :
– analyser l’impact de ces différentes garanties sur la rentabilité des contrats ;
– déterminer la stratégie dynamique de couverture optimale associée à un contrat (et donc
à des garanties) donné.
Afin de répondre à ces questions, il nous sera nécessaire de définir le terme de rentabilité et donc
la mesure qui correspond le mieux à cette analyse. Une fois cette mesure définie, il est possible de
piloter la rentabilité, ce qui amène à nous interroger sur l’acteur économique qui en bénéficiera.
En effet, il est possible de se placer à plusieurs niveaux : le point de vue l’assureur, celui des
salariés, des fournisseurs, des clients, de l’état ou de l’actionnaire. C’est le point de vue de ce
dernier qui est privilégié par le référentiel Solvabilité II, qui adopte une vision économique. Nous
modéliserons donc le capital que l’assureur doit immobiliser lorsqu’il commercialise ces contrats,
ainsi que la stratégie optimale associée.
29. Nous pouvons penser par exemple au contrat Premium Multigestion, détaillé dans la section 1.2.3
30. Nous parlerons de modèle ALM (Asset and Liability Management) dans la suite de ce mémoire
Dans ce premier chapitre, nous présentons les différentes caractéristiques d’un contrat à
fenêtre. Pour cela nous analysons, dans les deux premières parties, les différents produits qui
sont commercialisés et qui intègrent des garanties complexes. Dans une troisième partie, nous
décomposons les garanties que nous avons retenues et que nous étudions dans ce mémoire. Enfin,
nous nous intéressons à la rentabilité de ces contrats (partie 4).
Le contrat à fenêtre est ainsi un produit générique qui peut offrir plusieurs types de ga-
ranties comme la garantie de performances minimales 1 , plafonnées, fixes ou faisant appel à un
mécanisme de cliquet 2 .
5
6 Étude du marché des contrats à garanties complexes
Définition 1.1.2
« Un fonds à formule est un fonds dont l’objectif est d’offrir une performance conditionnelle
définie en fonction de l’évolution d’un indice, d’un panier d’indices ou de valeurs ou d’une
composante de ces indices ou valeurs. Pour cela, l’OPCVM 4 s’engage à atteindre, à une date
déterminée, un montant obtenu par l’application mécanique d’une formule de calcul prédéfinie,
reposant sur des indicateurs de marchés financiers ou d’instruments financiers. »
Dans ce mémoire, nous choisissons de conserver le terme de «contrats à fenêtre». Pour une
meilleure classification, la distinction de [55] peut être utile. Les fonds à formule peuvent regrou-
per deux autres types de fonds que nous précisons ci-après : les «fonds à promesse» et les «fonds
protégés 5 ». Or si les fonds à promesse sont des contrats à fenêtre, ce n’est pas nécessairement
le cas des fonds protégés. Définissons donc ces termes afin de mieux cerner les différents types
de produits et de garanties qu’il est possible de trouver sous cette terminologie.
Définition 1.1.3
Un fonds à promesse est un fonds à formule à l’échéance duquel et conditionnellement à la
réalisation de conditions (en termes de performance du sous-jacent), une certaine performance
est garantie.
Définition 1.1.4
Les fonds protégés ou à garanties partielles sont des fonds qui garantissent uniquement une
partie du capital, en échange d’une perspective de performance supérieure au sous-jacent.
Le sous-jacent ou l’indice de référence doit être de type action, indice ou panier de ces derniers
pour pouvoir être classé comme un fonds à formules d’après la définition de l’AMF.
Remarque. Un troisième type de placement peut être mis en lumière dans notre classification :
il s’agit des fonds à garantie totale. Or ces derniers ne correspondent pas tous, non plus, à des
4. L’abréviation OPCVM signifie Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières. Il s’agit d’une entité
qui gère un portefeuille dont les fonds investis sont placés en valeurs mobilières
5. Ou encore OPCVM à garanties partielles.
contrats à fenêtre : [55] note que l’AMF estime que moins de 50% des fonds garantis corres-
pondent à la définition donnée par l’AMF des fonds à formule et que seuls 33% de ces derniers
ne sont pas des fonds garantis. Afin d’être considérés comme tels, leur performance financière
doit être définie en fonction du cours d’un indice, d’une action ou d’un panier.
A l’aide des définitions retenues, nous pouvons établir un aperçu de ces produits d’assurance
vie qui ont été vendus récemment.
D’après l’AMF[68], les fonds à formule représentent au 31 décembre 2011 près de 53,7 mil-
liards d’euros d’encours, soit une diminution de 13,2% par rapport à l’année précédente (61,9
milliards d’encours pour 709 produits). Le nombre de produits sur le marché a lui aussi diminué
de 6,7% en 2011 après une baisse de 1,27% en 2010 et s’élève aujourd’hui à 662.
Avant de présenter l’ensemble des produits présents sur le marché, présentons les acteurs qui
interviennent sur ce marché. La plupart des banques, des bancassurances (BNP Paribas, LCL,
Caisse d’épargne...) et des sociétés d’assurances vie ( Swiss Life, Groupama, ...) proposent des
contrats à fenêtre à leurs clients.
Toutefois, ces institutions jouent davantage le rôle d’intermédiaire financier auprès d’Asset
Managers qui supportent le risque sous-jacent et à qui ils achètent de grandes quantités d’instru-
ments financiers. Seules les sociétés majeures d’assurance vie peuvent l’envisager 6 . L’assureur
supporte alors un risque de souscription : celui de ne pas avoir pu revendre ces actifs à ses assurés
et de devoir les conserver dans son bilan. Dans le cadre de notre travail, nous considérons que
l’assureur vend pour son propre compte les contrats à fenêtre.
La maturité
La maturité de ce type de fonds indique la date maximale d’existence de ce fond. La durée de
vie du contrat Triple Horizon est de 3 ans, celle d’Objectif Juillet 2011 de 8 ans 7 . Les contrats
d’assurance définissent cependant des dates de constatation annuelles durant lesquelles un rachat
automatique peut avoir lieu et qui servent de dates de référence pour le calcul des performances
de l’indice.
7. Par exemple, le 12/08/2019 est la date de maturité du fonds Objectif Juillet 2011.
8. La valeur liquidative correspond au prix de la part du fonds possédée lorsqu’il est vendu, multiplié par le
nombre de part.
9. C’est-à-dire le nombre de part détenue par l’assuré multiplié par la valeur d’une part.
10. Lors du rachat automatique, le contrat s’arrête automatiquement et l’assuré récupère la valeur de son
épargne
3 k−1
V LFT ripleHorizon = (1 + ck )V L0 1pos (1 − 1pos
i )
X Y
k
k=1 i=1
3
+ 1k=3 (1 − 1pos
i )(10≥r3 ≥−50% V L0 + 1r3 <−50% V L3 ) (1.1)
Y
i=1
2 8 k−1
V LFObj.juill.2011 = ck × V L0 1pos
k + (1 + ck )V L0 1pos (1 − 1pos
i )
X X Y
k
k=1 k=3 i=3
8
+ 1k=8 (1 − 1pos
i )(10≥r8 ≥−50% V L0 + 200% × (V L8 ) × 1r8 <−50% ) (1.2)
Y
i=1
Nous pouvons remarquer que la formule peut ainsi se généraliser dans l’équation (1.3) où f (.)
est une fonction positive ou nulle donnée et j représente les années d’accumulation de coupons
sans sortie automatique.
j T k−1
V LF = ck × V L0 1pos
k + (1 + ck )V L0 1pos (1 − 1pos
i )
X X Y
k
k=1 k=j i=j
T
+ 1k=T (1 − 1pos
i )(10≥rT ≥−50% V L0 + f (V LT ) × 1rT <−50% ) (1.3)
Y
i=1
En cas de rachat au cours de l’année et suivant les dates de constatation, les frais de sortie
sont de 1 à 3% (contrat Triple Horizon). Ces frais s’appliquent à la valeur liquidative du fonds
(avec coupons). Il en résulte une baisse de la performance réelle proposée aux clients : en cas de
sortie la première année, le gain est de 3%, de 9,95% la seconde année (pour 2 ans) et de 16,7%
pour trois ans (avec une performance positive la dernière année).
Les indices de référence sont l’Euro Stoxx 50 pour les contrats Opportunité Zen, FructiZen 4,
Capital Locker et M98 et le S&P-BRIC 40 pour le contrat Garantie Emergents 2019. Un panier
de 20 actions de l’espace économique européen est retenu pour le LBP Responsable Garantie
octobre 2012.
Remarque. Le S&P-BRIC 40 est un indice constitué de 40 actions d’entreprises cotées dans 4
marchés émergents : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Il est réputé refléter la croissance de
ces marchés financiers.
Toutefois, il est intéressant de souligner que le sous-jacent principal du fonds Garantie Émer-
gents n’est pas investi dans le S&P-BRIC 40, mais pour des raisons d’accessibilité du produit au
plan d’épargne action (PEA) dans des valeurs appartenant à l’indice CAC40. Des instruments
financiers divers sont utilisés dans ces fonds. D’une manière générale, le sous-jacent diffère de
l’indice de référence puisque le fonds est complété par des instruments financiers de toute sorte
(swaps, obligations publiques et privées, actions, options...).
La maturité
Ces contrats ne sont pas pourvus de mécanisme de rachat automatique. La date de fin du
contrat n’est plus aléatoire. Les trois premiers contrats ont une durée de 8 ans. Le Capital Locker
a une maturité de 6 ans. Le M98 a une durée de vie plus courte de 2 ans et le contrat LBP
Responsable Garantie octobre 2012 a une durée de 2 ans et 4 mois.
Ces contrats possèdent une garantie de la valeur liquidative initiale hors frais de souscription.
Néanmoins, il est important de noter que les frais de souscription peuvent être légèrement plus
élevés : de 3% à 6% pour le contratGarantie Emergents 2019, de 2,5% à 4% pour FructiZen 4
et de 2 à 3% pour LBP Responsable Garantie octobre 2012 .
déterminer la valeur du coupon délivré lors du rachat du fonds. Ce coupon est positif ou nul.
PT ×N
1
NT k=1 V Lk − V L0
V LFEmergeant = V L0 + V L0 × Ratio × 1 1
PT ×N
V Lk −V L0
V L0 NT k=1
>0
V L0
×N
1 TX
!
= V L0 + V L0 × Ratio × (1 + rk ) − 1 1 1 PT ×N (1+r )−1>0
N T k=1 NT k=1 k
×N
1 TX
!
= V L0 + V L0 × Ratio × rk 1 1 PT ×N r >0 (1.4)
N T k=1 NT k=1 k
Le contrat M98 est présenté comme un contrat à garantie partielle du capital dans la bro-
chure financière communiquée à l’AMF. Cependant, il présente davantage de points communs
avec les contrats appartenant à la catégorie des fonds à garantie totale : en effet, la valeur liqui-
dative est de 98% du capital investi et les performances s’ajoutent à ce montant garanti. Cela
correspond donc à la situation précédente à l’exception que des "frais d’entrée supplémentaires"
sont intégrés implicitement. La performance de l’indice sous-jacent est constatée semestrielle-
ment, puis une moyenne de ces performances est calculée et l’on reverse Ratio = 65% de cette
valeur (ou un coupon nul si celle-ci est négative). Sa formulation est donc similaire à celle du
contrat Garantie Emergents 2019 .
Le contrat FructiZen 4 (cf. équation (1.5) ) possède aussi un rendement lié à la performance
moyenne arithmétique de l’indice de référence, ramené à un ratio de 75%, avec une différence
cependant dans le calcul de la performance moyenne finale. En effet, celle-ci est calculée semes-
triellement (N = 2) à partir des performances aux dates de constatations - toujours par rapport
à l’indice en date initiale - mais pour le calcul de la moyenne, seules les performances positives
et supérieures à celles déjà sélectionnées sont retenues.
TX×N
1
V LFF ructizen4 =V L0 + V L0 × Ratio × PT ×N rk 1rk ≥rsup (1.5)
k=1 1rk ≥r sup
k=1
k−1
k−1
La logique d’ Opportunité Zen (cf.équation (1.6) ) est assez proche de celle des contrats
présentés dans la section précédente, mais il n’y a pas dans ce cas de risque de perte en capital,
ni de mécanisme de sortie. Le coupon annuel en cas de progression ou de stabilité de l’indice par
rapport à son niveau initial est de ck = 5, 85%. Mais le coupon total versé est égal au maximum
entre 12% et la somme des coupons annuels. Le rendement annuel brut actuariel varie ainsi entre
de 1,42% et 4,90%.
TX
=8
!
V LFOpp.Zen =V L0 + V L0 × max 12%; ck 1pos
k (1.6)
k=1
Le contrat Capital Locker présente des caractéristiques plus spécifiques, même si le fonction-
nement global reste similaire. En effet, la valeur liquidative finale s’obtient à partir de la valeur
liquidative initiale majorée d’un coupon positif ou nul, égal à un Ratio de 50% de la moyenne
arithmétique des performances de l’indice 11 , toutes minorées de -10%. Formellement, la garantie
de ce contrat peut s’écrire suivant la formule (1.7).
×N
1 TX
!
V LFCapitalLocker =V L0 + V L0 × Ratio × (rk 1rk >−10% − 10%1rk ≤−10% )
N T k=1
× 1PT ×N (r (1.7)
k=1 k 1rk >−10% −10%1rk ≤−10% )>0
De façon comparable, le contrat LBP Responsable Garantie octobre 2012 reverse un cou-
pon plafonné à 8,6%, égal à la somme des moyennes arithmétiques des performances annuelles
positives 12 de chaque action, elles-même majorées à hauteur de 4,3%. La formule (1.8) de ce
produit nécessite d’introduire la performance rkm pour désigner le rendement (hors dividendes)
de l’action m du panier à M actions entre la date initiale et k.
T M
1 X
!
V LFResp.Garantie =V L0 + V L0 × min 8, 6%; min(4, 3%; rkm 1rkm ≥0 ) (1.8)
X
k=1
M m=1
La maturité Avec une échéance en décembre 2021, ce fonds a une maturité de 10 ans. Il ne
comporte pas de mécanisme automatique de rachat.
Engagement = V LI × ([1, 2 × V RF ] − 0, 3)
Le risque de contrepartie : Dans le cas ou des instruments financiers sont achetés par le
gestionnaire, la baisse de la qualité de la signature de la contrepartie diminue la valeur de
ces instruments et peut mettre en danger la solvabilité de l’émetteur du contrat à fenêtre.
Le risque lié à l’inflation : les actifs ne sont généralement pas indexés sur l’inflation. Un
risque d’érosion monétaire est donc présent.
1.2.5 Synthèse
D’une manière générale, il est possible de dégager certaines généralités quant à l’étude de
ces différents contrats, ce qui nous permettra par le suite de fixer les paramètres utilisés pour
la modélisation. Les frais d’entrée varient pour la plupart entre 1 à 6% et sont légèrement su-
périeurs pour les fonds à garantie totale. Les frais de gestion sont variables, très faibles pour les
fonds à promesse et peuvent monter jusqu’à 2% pour certains contrats. Les rachats anticipés
ou en cas de décès sont fortement pénalisés par des taux de sortie compris entre 3% et 5%,
ainsi que des clauses qui annulent toutes les garanties en capital. La durée de vie du contrat
varie de 2 à 10 ans. La période de souscription est comprise dans une fenêtre de temps assez
courte, ce qui peut éventuellement permettre aux gérants du fonds d’adopter une stratégie en
fonction des anticipations du marché. On trouvera dans le tableau 1.1 p.13. des éléments de syn-
thèse de quelques contrats représentatifs qui ont été présentés dans la sous-section précédente 13 .
Dans cette section, nous allons présenter les différentes garanties financières qui sont intégrées
dans les contrats à fenêtre que l’on peut trouver sur les marchés. Ces garanties apportent plus de
sécurité, permettent de séduire les assurés et ainsi de populariser les contrats. En contrepartie,
elles contribuent à augmenter l’engagement de l’assureur envers les assurés et donc le risque
supporté par celui-ci. Lors de l’ajout d’une garantie dans un contrat, l’assureur peut prendre
deux décisions.
Les garanties que nous présentons dans cette section peuvent être répliquées par des options
disponibles sur les marchés financiers. Ainsi, nous tenterons par la suite de faire le parallèle avec
la théorie des options afin de mieux comprendre ce processus de réplication. Avant cela, nous
allons présenter deux secteurs pour lesquels les garanties présentes dans les contrats à fenêtre ont
un fort intérêt pratique : le marché des Variable Annuities et le marché des produits agricoles.
Nous faisons au préalable un rappel relatif à certaines notions financières qui seront utiles pour
mieux comprendre ces exemples. Le lecteur familier avec ces notions pourra passer directement
à la section suivante : le marché à terme des produits agricoles.
1.3.1 Notions financières : rappels sur les options d’achats et de ventes eu-
ropéennes, américaines et asiatiques, sur un sous-jacent ou un panier
de sous-jacents
Définition 1.3.1
Dans cette section, nous appellerons instrument financier un droit à percevoir des flux financiers
aléatoires dans le futur.
Notions générales
En finance, une option est un produit dérivé 17 qui établit un contrat entre l’acheteur et le
vendeur, en donnant le droit mais non l’obligation au détenteur d’acheter (option d’achat) ou
de vendre (option de vente) un actif sous-jacent à un prix spécifié contractuellement (appelé le
strike).
Lorsque l’acheteur dispose de ce droit à une date unique fixée (appelée maturité), l’option est
de type européenne. S’il dispose de ce droit à tout moment entre la date d’achat et la maturité,
on parle d’option américaine. Lorsque le prix d’exercice de l’option est défini comme la valeur
moyenne pondérée de l’actif sous-jacent sur intervalle de temps donné, on parle alors d’option
asiatique.
D’après la théorie des options, la valeur à un instant donné d’une option est égale à la
valeur actualisée de l’espérance sous la probabilité risque-neutre du résultat 18 de cette option à
maturité. Le prix payé par l’acheteur de l’option (noté p dans la suite) est appelé la prime de
l’option.
Options européennes
Dans le cas d’une option européenne, l’acheteur ne peut exercer son droit qu’à la date de
maturité. A cette date, le résultat de l’option est donné ci-après.
– Pour une option d’achat, l’assureur possède un avantage compétitif si le prix du sous-
jacent est supérieur au prix d’exercice et il n’exercera son option que dans ce cas-là. Le
résultat de l’option est alors S − K, où S est le prix du sous-jacent et K la valeur du prix
d’exercice. Dans le cas où S ≤ K, il n’est pas intéressant d’exercer l’option et le résultat
est donc nul. Globalement, le résultat est donc donné par l’expression :
R = M ax(S − K, 0) = (S − K)+
R = M ax(K − S, 0) = (K − S)+
Au final, le bilan de l’opération, tenant compte de la valeur de la prime de l’option, est résumé
par le graphique 1.2 p.16.
Options américaines
Comme nous l’avons dit ci-dessus, l’acheteur d’une option américaine dispose du droit d’exer-
cer l’option à tout instant jusqu’à la maturité. Au moment d’exercer l’option, le résultat de
celle-ci a la même forme que celui d’une option européenne à maturité. On peut donc se réfé-
rer au graphique 1.2 p. 16, qui est valable tout le temps. Une option américaine a une valeur
supérieure par rapport à son équivalent européen car elle confère à son acheteur un droit plus
large. Néanmoins, il est possible de montrer que l’exercice d’une option d’achat américain n’est
jamais optimal : il est toujours plus avantageux de vendre cette option ou de la détenir jusqu’à
maturité.
17. Un produit dérivé est un instrument financier dont la valeur dépend du prix d’un ou plusieurs autres
produits, appelé sous-jacent.
18. C’est-à-dire du gain ou de la perte réalisé par l’acheteur.
Options asiatiques
Pour les options asiatiques, le résultat de l’option à maturité dépend de la moyenne arith-
métique (ou éventuellement géométrique) de l’actif sous-jacent durant une période de temps
prédéterminée. Ainsi, si la période de référence de cette option s’étend entre les dates [t1 , t2 ], le
résultat de l’option à la maturité T sera : (où St est le prix de l’indice sous-jacent à la date t)
– pour une option d’achat
Pk=t2
k=t1 Sk +
(ST − )
t2 − t1
Un des avantages des options asiatiques est qu’elles permettent de protéger l’acheteur d’un
changement important dans la valeur du sous-jacent à une date proche de l’exercice, car les cours
observés à des dates passées ont toujours une influence sur la valeur de l’option 19 . Remarquons
que les options européennes constituent un cas particulier des options asiatiques, où la moyenne
n’est calculée que sur une seule valeur (celle observée à maturité).
Options panier
Une option panier est une option dont le résultat porte sur une combinaison linéaire du cours
de plusieurs sous-jacents. De façon formelle, cela signifie que l’actif sous-jacent de cette option
peut s’écrire comme
n
St =
X
ai Sti
i=1
avec :
Description du contrat
Dans notre cas, le producteur s’engage à fournir hebdomadairement un nombre spécifié de
porcs et ce, pendant une durée d’un an (52 semaines). Ce contrat est une succession de 52 sous-
contrats à fenêtre. Chaque semaine, le producteur est rémunéré pour la livraison des porcs en
fonction de la règle de décision suivante. Un plafond et un plancher sont définis chaque semaine
et on distingue alors deux cas de figure :
P lanchert à l’instant t, sont variables et dépendent de façon prédéfinie de deux autres va-
riables sous-jacentes intervenant dans le processus d’élevage des porcs : le soja et le maïs.
Ceci se traduit par les équations ci-dessous :
Modélisation du contrat
En observant l’expression ci-dessus, nous pouvons tirer plusieurs conclusions quant à la mo-
délisation du contrat par le biais de produits dérivés. D’abord, la spécification d’un plancher et
d’un plafond pour chaque fenêtre (à date fixée) implique le recours à des options d’achat et de
vente.
Enfin, nous pouvons déduire du calcul des bornes de la fenêtre par des moyennes arithmé-
tiques glissantes effectuées sur plusieurs sous-jacents que ces options d’achat et de vente sont
De façon équivalente, nous pouvons aussi représenter le payoff du contrat du point de vue
du producteur dans la figure 1.5 p.20.
Ce graphique 1.5 p.20 illustre bien l’intérêt du contrat : le producteur renonce à un profit
potentiel lorsque le cours du porc à maturité est supérieur au prix d’exercice de l’option d’achat.
En contrepartie, il est protégé des pertes qui surviendraient si le cours tombait sous le prix de
l’option de vente. La fonction de transfert de risque est donc bien assurée.
Penchons-nous maintenant sur la méthode de valorisation de ce contrat. Nous sommes en
présence d’un accord entre les deux parties, sans aucun paiement initial, ce qui implique que la
valeur du contrat à l’origine doit être nulle. Nous en déduisons alors la relation :
Revenons maintenant au contrat considéré dans sa globalité. D’après ce qui précède, nous
déduisons que la valeur du contrat équivaut à la valeur d’un portefeuille qui serait composé de
52 positions longues sur des options de vente asiatiques sur panier et 52 positions courtes sur
des options d’achats asiatiques sur panier. De plus, sachant que la valeur du contrat doit être
nulle au moment de sa création 20 , nous pouvons en déduire la relation suivante :
t=52 t=52
DF (t0 , t) × E[max(P lanchert − P orct , 0)] = DF (t0 , t) × E[max(P orct − P laf ondt , 0)]
X X
t=1 t=1
avec : t0 la date de création du contrat, P orct le cours du porc à l’instant t
et DF (t1 , t2 ) le facteur d’escompte donnant la valeur en t1 d’une unité monétaire perçue en t2 .
20. En effet, au moment de la création du contrat, les deux parties s’engagent librement à s’échanger des flux
qui, évalués à la date courante, sont équivalents. Le coût pour rentrer dans un tel contrat est donc nul sous
l’hypothèse d’absence d’opportunités d’arbitrage.
Supposons alors que la fonction de lien entre le prix du soja, du maïs et la valeur du plancher
soit la suivante :
pc,m,t + ps,m,t
P lanchert = f (pc,m,t , ps,m,t ) = α ×
2
avec : α un paramètre spécifié par le contrat.
Nous pouvons alors en déduire une méthode pour déterminer la largeur de la fenêtre :
– Étape 1 : Modéliser le cours du soja, du maïs et du porc sur la période considérée (ici un
an).
– Étape 2 : Modéliser les facteurs d’escompte sur la période.
– Étape 3 : Spécifier la valeur du plancher (ou du plafond).
– Étape 4 : Évaluer la valeur des termes E[max(P lanchert − P orct , 0)] à toutes les dates,
qui représentent les payoffs d’ options de vente asiatiques arithmétiques sur panier.
– Étape 5 : Évaluer la valeur des termes E[max(P orct − P laf ondt , 0)] à toutes les dates,
qui représentent les payoffs d’options d’achats asiatiques arithmétiques sur panier.
– Étape 6 : Déduire la valeur de la fenêtre de l’égalité ci-dessus.
Cette garantie 21 prévoit le versement d’un capital minimum défini à la souscription en cas
de décès de l’assuré. Elle s’adresse aux assurés désireux de protéger les autres membres de leur
famille. Cette garantie, que l’on dénomme couramment garantie plancher, est à rapprocher d’une
option de vente sur l’indice sous-jacent 22 .
Il s’agit d’une garantie 23 sur l’épargne, à une date fixée à l’avance, en cas de vie ou en cas
de rachat : cette option s’adresse à des assurés qui désirent constituer un capital en vue d’un
projet futur, intervenant à une date connue aujourd’hui. Elle est encore une fois à rapprocher
d’une option de vente, pondérée par la probabilité de décès du bénéficiaire.
Exemple 1.3.4.1 (Le coût de la garantie plancher pour l’assureur). Un contrat en Unités
de Compte 27 est souscrit par un assuré qui apporte initialement 100.000 euros. L’assureur va
alors investir cette somme sur les marchés financiers, selon la politique spécifiée par le contrat.
Supposons que la contre-valeur des titres ne soit plus, à la date de clôture du contrat, que de
70.000 euros. En supposant que le contrat comporte une garantie plancher, l’assureur devra
restituer la somme initiale, soit 100.000 euros. Le coût de cette garantie sera alors pour lui de
30.000 euros. Le graphique 1.6 p.23 permet de visualiser le coût potentiel de cette garantie pour
l’assureur.
C’est le coût moyen de cette garantie, ainsi que son impact sur la rentabilité du contrat que
nous nous efforcerons d’estimer par la suite. Notons qu’une extension de cette garantie existe :
la garantie plancher indexée, qui promet à l’assuré une revalorisation périodique du capital
minimum garanti.
24. GMIB signifie Guaranteed Minimum Income Benefits.
25. Guaranteed Minimum Withdrawal Benefit et Guaranteed Minimum Living Benefit
26. On pense notamment aux différents krachs boursiers, à l’effondrement de la bulle internet, à la crise de
crédits hypothécaires américains etc.
27. L’assureur investit directement l’épargne de l’assuré sur les marchés financiers : il joue un rôle d’intermé-
diaire.
Dans le cas des contrats à fenêtre, certains assureurs proposent des contrats offrant une
garantie plancher atypique : celle-ci n’est valable que sous certaines conditions.
Exemple 1.3.4.2 (La garantie plancher atypique du contrat Objectif Juillet 2011 ). Prenons
l’exemple du contrat Objectif Juillet 2011 : dans ce contrat, l’assuré récupère au moins la valeur
initiale de son épargne 28 (c’est-à-dire qu’il bénéficie d’une garantie plancher) pourvu que la baisse
de l’indice sous-jacent soit inférieure à 50% (par rapport au niveau initial). Si la baisse constatée
est supérieure à ce seuil, l’assuré récupère 200% de la valeur finale de son épargne, éventuellement
majorée des coupons qu’il aura acquis durant le contrat. De cette manière, l’assureur diminue
son engagement envers l’assuré en lui faisant supporter une partie du risque.
L’assuré supporte ici le risque extrême, ce qui permet à l’assureur de ne pas se soucier
des "scénarios catastrophes" lorsqu’il évalue la valeur actuelle de son engagement. En termes
mathématiques, l’assureur n’a pas besoin de se concentrer sur la modélisation de l’extrémité
gauche de la distribution de l’indice sous-jacent. Ci-dessous dans la figure 1.7, nous présentons
une illustration du risque supporté par l’assuré dans un tel contrat.
Nous étudierons dans la suite l’impact de cette garantie et la façon dont elle peut permettre
d’améliorer la rentabilité du contrat du point de vue de l’assureur, en se protégeant contre les
risques extrêmes. Ce type de mécanisme revient, pour l’assureur, à couvrir le risque sur les
marchés financiers en achetant une option de vente sur l’indice considéré.
28. Capital hors frais de souscription. C’est ce que nous avions appelé la valeur liquidative initiale.
– Dans le premier cas, l’assureur et l’assuré se partagent les gains réalisés, sur une base
spécifiée contractuellement. C’est le cas du contrat Capital Locker, où l’assureur prend 50%
de la performance, calculée comme la moyenne arithmétique des performances constatées
semestriellement.
– Dans le second cas, l’assureur prend la partie de la performance supérieure à un seuil
donné. Du point de vue de la théorie des options, cette garantie se rapproche d’une option
d’achat, que l’assureur aurait acheté à l’assuré.
core une fois, cette garantie provient du marché des Variable Annuities et nécessite un contexte
économique porteur car les investissements sont souvent réalisés sur des actifs très risqués afin
d’honorer les engagements pris par l’assureur.
En effet, cette garantie peut potentiellement coûter très cher à l’assureur dans certains cas,
comme nous pouvons le voir sur le graphique 1.9 p.26. Dans le scénario présenté dans la figure 1.6
p.23, l’épargne, portée par un excellent contexte financier, atteint une valeur importante, ce qui
augmente fortement l’engagement pris par l’assureur. Par la suite, on observe une décroissance
forte et on peut mettre en évidence le coût potentiel de la garantie, en supposant que l’assureur
ait investi toute l’épargne de l’assuré dans les marchés actions.
Lorsque l’assureur propose cette garantie dans un contrat, il se doit donc de couvrir ses en-
gagements en achetant les produits dérivés adéquats sur les marchés financiers. Généralement,
l’assureur couvre l’option financière en faisant appel à un gérant de portefeuille. Ce dernier
propose alors une stratégie dynamique de couverture, qui permet de modifier la structure de
l’investissement afin de répondre aux changements observés sur les marchés financiers. Cette
stratégie se décompose en plusieurs règles de décision qui permettent de modifier la composition
du portefeuille de façon régulière (quotidienne ou hebdomadaire en général).
Toute la valeur ajoutée du gérant de portefeuille est de mettre en place une stratégie suf-
fisamment réactive, qui permette de ne pas subir les changements défavorables, sans toutefois
modifier la structure du portefeuille trop régulièrement, car cela pourrait entrainer des coûts
de transaction trop élevés. Du point de vue de l’assuré, l’ajout d’un nouvel intermédiaire dans
le processus a pour conséquence l’augmentation des frais prélevés par l’assureur, en réponse à
Figure 1.10 – Garantie cliquet modifiée dans le cas du contrat LCL Triple Horizon.
extrêmes (ou "catastrophes") permettent d’appréhender totalement la perte potentielle que peut
subir l’assureur.
Exemple 1.3.7.1 (Le coût de l’option de rachat pour l’assureur). Un assuré investit dans un
contrat d’assurance vie et dispose d’une option de rachat. A la création du contrat, les taux
obligataires sont de 3% et l’assureur propose une rémunération annuelle de l’épargne de 2%.
Deux ans après, les taux obligataires sont montés et atteignent 6%, un concurrent propose alors
un contrat similaire, avec une revalorisation annuelle du contrat de 5%. L’assureur risque alors
de se retrouver confronté à un rachat massif des assurés qui désirent investir dans le nouveau
contrat. Afin de donner aux assurés le montant de leur épargne, l’assureur doit dégager des
liquidités et donc vendre des obligations qui constituent en général près de 70% de son actif.
Mais, comme les taux obligataires sont montés, les obligations ont perdu de la valeur et l’assureur
29. Comparativement à ce que propose la concurrence ou tout simplement d’autres produits financiers.
réalise des moins-values de cessions. Il se retrouve ici confronté à une "double peine" : perte des
clients et réalisation de moins-values.
Cette double peine peut possiblement générer des pertes très importantes pour l’assureur et
le mettre en difficulté. Afin de prévenir toute situation d’insolvabilité qui pourrait découler d’un
rachat massif, le régulateur, l’état et l’assureur prennent des mesures de précaution permettant
de limiter le risque :
– Par l’intermédiaire de la réforme Solvabilité II, le régulateur impose aux assureurs de
prendre en compte le coût de cette option lors de la constitution de leurs provisions tech-
niques. Pour modéliser le coût de cette option, il est obligatoire de tenir compte de nom-
breux facteurs : le comportement des assurés et les événements qui influencent la décision
de rachat, la liquidité des actifs qui seront vendus afin de payer les rachats etc.
– L’état impose une fiscalité spécifique pour les contrats d’assurance vie : le montant racheté
est déductible d’impôt lorsque les dépôts ont été effectués au moins 8 ans avant la date du
rachat. Ceci permet de limiter les comportements de rachats excessifs et ainsi de permettre
aux assureurs de détenir leurs obligations jusqu’à maturité.
– Lorsqu’il commercialise un contrat à fenêtre, l’assureur met en place une stratégie à long
terme et se prémunit contre le risque de rachats en instaurant en général des frais im-
portants dans ce cas, voire en interdisant ceux-ci hors de certaines "fenêtres de rachat"
déterminées au départ.
– Étape 5 : Calcul de la valeur prise par la mesure de risque sur la distribution des valeurs
prises par la fonction objectif.
Nous détaillons maintenant les termes "mesure de risque" et "fonction objectif" et en pré-
sentons les exemples les plus couramment utilisés par les acteurs du monde l’assurance et de la
finance.
Définition 1.4.1
Soit (Ω, F, P) un espace mesurable probabilisé. Un risque est une variable aléatoire définie sur
(Ω, F) et notée X. Dans notre cas, il représente le gain final réalisé. Si X ≥ 0, nous parlons de
gain et dans le cas inverse de perte. Appelons Φ l’ensemble des risques définis sur (Ω, F, P).
Définition 1.4.2
Une mesure de risque λ est une fonction : λ : Ω −→ R assignant un nombre à toutes les variables
aléatoires définies sur (Ω, F, P).
Il est évident que les mesures de risques doivent vérifier certaines propriétés pour avoir du
sens aux yeux d’un investisseur : "plus le risque est important, plus la mesure de risque lui
accorde une grande valeur" ou encore "La diversification de deux risques diminue le risque global
supporté"... Ces remarques nous amènent au concept de mesure de risque cohérente :
Définition 1.4.3
Une mesure de risque est dite cohérente si elle satisfait les quatre propriétés suivantes :
1 : Monotonicité : (X ≤ Y presque sûrement) =⇒ (λ(X) ≤ λ(Y ))
2 : Sous-additivité : λ(X + Y ) ≤ λ(X) + λ(Y ), ∀(X, Y ) ∈ Φ2
3 : Homogénéité : λ(kX) = kλ(X), ∀k ∈ R+
4 : Invariance par translation : λ(X + c) = λ(X) + c, ∀c ∈ R
La sous-additivité est une propriété clé : elle signifie que l’investisseur a toujours intérêt à
diversifier son risque, car celui-ci ne pourra que diminuer s’il divise son investissement. Il est
ainsi moins risqué d’investir 50 en obligations françaises et 50 en obligations allemandes que 100
en obligations françaises. Néanmoins, nous présentons ci-dessous quelques mesures de risques
utilisées en pratique et nous remarquerons que la plus célèbre d’entre elles 30 , la Value-at-Risk
(valeur à risque) n’est pas cohérente.
Définition 1.4.4
L’espérance mathématique est définie par : E(X) = Ω X dP. Un investisseur qui base sa décision
R
sur l’espérance n’a aucune aversion au risque : les gains et les pertes ont la même importance
pour lui et il ne base sa décision que sur la valeur espérée de l’investissement.
Définition 1.4.5
Soit un niveau de confiance α ∈ [0, 1] et un horizon temporel t. Notons Xt les cash flows à horizon
t associés à un risque X. On définit alors la valeur sous risque par V aR(X, t, α) = inf{z | P (Xt ≥
z) ≥ 1 − α} 32 . La Valeur sous risque définit le montant maximum qu’un investisseur est prêt
à perdre sur une position, pour un horizon temporel et un niveau de confiance associé. Elle a
l’avantage de tenir compte de l’aversion au risque de l’investisseur mais elle n’est pas une mesure
cohérente.
Définition 1.4.6
Soit un niveau de confiance α ∈ [0, 1] et un horizon temporel t. Notons Xt la perte à horizon t
engendrée par le risque X. On définit alors l’expected shortfall par : ES(X, t, α) = E[Xt | Xt ≤
V aR(X, t, α)]. L’expected shortfall représente l’espérance de perte sachant qu’un seuil de perte
(la valeur sous risque) a été dépassé. Elle se concentre donc sur les scénarios catastrophes et
présente l’avantage de définir une mesure de risque cohérente.
30. C’est aussi la mesure réglementaire préconisée par le régulateur, notamment pour sa simplicité
31. Il est à noter que ces mesures de risques sont présentées séparément, bien qu’elles appartiennent toutes à
la classe des mesures de Wang, qui les généralise
32. Nous remarquons que la valeur sous risque correspond au quantile d’ordre α du risque X
– Fout = {CFout t , t ∈ [0, T ]} : l’ensemble des flux négatifs générés par le contrat sur la
période.
– F = {Fin , Fout } : l’ensemble des flux générés par le contrat sur la période
– Θ : l’ensemble des paramètres que peut nécessiter la fonction objectif (taux d’actualisa-
tion...)
Définition 1.4.7
Une fonction objectif o : (F × Θ) −→ R est une fonction à valeurs réelles qui associe un nombre
réel à tout ensemble de flux de F .
Les différentes fonctions objectifs que nous utiliserons dans le cadre de ce mémoire sont
présentées ci-après.
Nous notons DF (t, T ) le facteur d’actualisation donnant la valeur en t d’une unité monétaire
perçue en T .
Définition 1.4.8
Soit I0 l’injection de capital initial liée à l’investissement, la New Business Value d’un investis-
t=T
sement f ∈ F est définie par : N BV (f, I0 ) = −I0 + DF (0, t) × (CFin ).
X
t t
− CFout
t=1
La NBV représente la valeur actuelle des flux excédentaires obtenus après avoir remboursé la
somme initiale investie au cours de la durée du contrat. De façon simpliste, la NBV peut fournir
un critère de décision pour l’investisseur qui serait le suivant :
Définition 1.4.9
Le taux de rendement interne r ∈ R d’un investissement est défini comme la valeur qui vérifie
t=T
X (CF t − CF t )
l’égalité suivante : −I0 + in in
= 0.
t=1
(1 + r)t
Le TRI , encore appelé taux de rendement actuariel, permet de savoir si un projet est rentable
mais il ne permet pas de comparer deux projets entre eux. La NBV reste préférable lorsque l’on
veut établir une relation d’ordre.
Exemple 1.4.3.1 (Calcul du ROI d’un investissement). Prenons l’exemple simple de l’inves-
tissement f0 suivant avec une injection de I0 = 1000 euros de capital, pour un reversement final
de Rf inal = 1050 euros. Le résultat est alors Resultatf0 = Rf inal − I0 = 50 euros et le ROI est
Resultatf0
donc : ROI(I0 , f0 ) = I0 = 50
1000 = 0.05 = 5%.
∗∗∗
Nous avons présenté les différents types de produits financiers qui sont présents sur les mar-
chés. Des exemples simples, comme celui du marché à terme du porc ou ceux des contrats à
fenêtre étudiés, nous ont permis de poser le cadre de notre sujet notamment avec le panorama
des garanties à analyser. Les indicateurs clefs de la rentabilité que nous avons présentés vont,
quant à eux, nous fournir nos instruments de base pour pouvoir évaluer nos garanties. Cepen-
dant, nous nous intéressons à des contrats d’assurance vie. Nous devons donc nous placer dans
le contexte réglementaire de l’assurance en évaluant notamment nos produits à l’aide de modèles
internes partiels Solvabilité II. Nous présentons dans le chapitre suivant la réforme Solvabilité
II et en cela le cadre de notre étude.
La réforme Solvabilité II
Nous sommes conscients que la réforme a été fortement commentée ces dernières années et
qu’elle ne fait guère plus de mystères. Nous avons donc pris le parti d’en faire un bref rappel
et nous renvoyons les lecteurs curieux aux nombreux mémoires d’actuariat qui ont développé
la thématique ces deux dernières années 1 .Dans une première sous-partie, nous présenterons les
principales caractéristiques de Solvabilité I. Dans une seconde sous-partie, nous évoquerons la
réforme Solvabilité II et ce qu’elle apporte.
2.1.1 Solvabilité I
Solvabilité I repose comme Solvabilité II sur l’engagement des autorités des pays européens
à accompagner la mise en place d’un marché commun de l’assurance en Europe, en veillant à
s’assurer de la capacité des assureurs à faire face à leurs engagements envers leurs clients. Cet
effort commence dans les années 1970 3 et se concrétise par une synthèse en 1997 avec le rapport
Müller(voir[67] 4 ) qui débouche au début des années 2000 sur la réforme Solvabilité I.
33
34 Le passage de Solvabilité I à Solvabilité II : des différences majeures
Le taux de rétention τrétention est défini comme le maximum entre 85% et le ratio entre les
provisions mathématiques nettes et brutes de réassurance, soit :
Solvabilité I doit être considéré comme une première étape dans la construction et la conver-
gence d’un marché commun de l’assurance. La volonté politique 10 de favoriser cette convergence
des règles prudentielles ainsi que des normes comptables caractérise Solvabilité I, qui correspond
à la première étape d’une homogénéisation encore élémentaire 11 , poursuivie avec Solvabilité II.
Le projet est bâti autour de 3 piliers, que nous avons représentés dans le graphique 2.1
p.35. Le premier s’attèle à déterminer des contraintes quantitatives permettant de garantir la
solvabilité des assureurs. Le deuxième invite ceux-ci à mettre en place une approche qualitative
dans la gouvernance d’entreprise et la gestion des risques avec un contrôle interne, des stress
tests et un processus de supervision externe. Enfin, le dernier pilier traite de la transparence
concernant les informations relatives à l’assureur et notamment à sa santé financière. Dans
le cadre de notre mémoire et de notre travail, seul le premier pilier nous intéresse. Nous en
développons de manière succincte dans les parties suivantes les éléments clés.
7. C’est-à-dire de prêts.
8. Risque lors d’un échange entre deux acteurs sur le marché que l’un d’eux fasse défaut et ne puisse assurer
les termes du contrat.
9. Pour les supports qui nous intéressent dans ce mémoire.
10. L’ EIOPA (European Insurance and Occupational Pensions Autority), anciennement appelé avant le 1er
janvier 2011 le CEIOPS (Committee of European Insurance and Occupational Pensions Supervisors - Comité
Européen des Contrôleurs des Assurances et des Pensions Professionnelles), définit ainsi dans ses recommandations
(CEIOPS-DOC-05/05)[21] de septembre 2005 comme objectifs de long terme (p.17) la convergence des systèmes
de solvabilité nationaux.
11. Notamment car elle s’adapte (trop) aux spécificités nationales
2.2 Solvabilité II
Dans cette section, nous détaillons rapidement les différentes exigences de la réforme en terme
de capital économique. Mais interrogeons-nous d’abord sur les motivations de cette réforme. La
Commission Européenne souhaite protéger le secteur de l’assurance, qui est un des moteurs de
l’activité économique 12 et les épargnants européens contre le risque de défaut des assureurs,
c’est-à-dire le risque que ces derniers ne soient plus en mesure de faire face à leurs engagements
contractuels. Une solution pour y remédier est de contraindre les assureurs à immobiliser un
montant suffisant de capital afin de faire face à ce risque. Le régulateur propose ainsi aux
assureurs deux manières de calculer leur propre risque et le capital de solvabilité requis : à
l’aide de la formule standard ou d’un modèle interne. Dans le second cas, le modèle doit faire
l’objet d’une validation stricte de la part du régulateur : cela ne concerne que peu d’assureurs,
en particulier les grosses structures ([51] et [26]). La tendance est à l’élaboration de modèles
internes partiels 13 . Reprenons dans un premier temps les caractéristiques du modèle standard
pour introduire celle des autres modèles par la suite.
faire défaut plus d’une fois tous les 200 ans. Pour déterminer le SCR, il faut donc s’intéresser
à la probabilité de ruine et plus généralement aux différents facteurs qui l’expliquent. Le SCR
est ainsi décomposé en une multitude de risques et défini comme la somme de 3 éléments :
tout d’abord, le Basic Solvency Capital Requirement (BSCR), puis le capital pour le risque
opérationnel (Op) et enfin un ajustement de capital pour tenir compte des effets des provisions
techniques 15 et des taxes différées.
Définition 2.2.1
Le risque opérationnel est défini par le comité de Bâle comme le risque de pertes directes ou
indirectes résultant d’une inadéquation ou d’une défaillance attribuable à des procédures, per-
sonnels, systèmes internes ou à des événements extérieurs. Un incendie où une panne électrique
qui rendrait inopérants les serveurs de la société en sont des exemples de réalisation.
(i) Le risque d’illiquidité, qui provient de la difficulté de trouver un autre acteur sur le
marché prêt à acheter l’actif que l’assureur veut vendre, ce qui entraîne une baisse de
la valeur des actifs.
(ii) Le risque de concentration, qui regroupe les risques liés à la corrélation entre les
risques et à l’existence d’une source commune au risque.
(iii) Le risque de spread, qui est défini par la Directive Solvabilité II à l’article 105-5-d 17
comme la sensibilité de valeur des actifs, des passifs ou des instruments financiers
aux changements affectant le niveau ou la volatilité des marges (spread) de crédit par
rapport à la courbe des taux sans risque.
Risque de défaut Il s’agit du risque qu’une contrepartie de l’assureur fasse défaut, comme par
exemple l’émetteur d’obligations qui sont dans le portefeuille.
Risque vie Nous pouvons considérer ce risque comme non central dans le cadre de notre projet,
en effet, en cas de décès, les contrats sont généralement transférés aux bénéficiaires, qui
peuvent exercer leur droit de rachat. Dans la mesure où les contrats à fenêtre sont des
contrats d’investissement permettant de revaloriser l’épargne dans un horizon de court ou
de moyen terme (2 à 8 ans), avec des frais importants et une suspension des garanties
offertes en cas de rachat, nous supposerons ce dernier négligeable dans le cadre de ce
projet ou du moins nous considérerons que le risque de mortalité est inclus dans le risque
de rachat.
Le SCR est calculé par l’agrégation de nombreux sous-modules nécessitant chacun l’immo-
bilisation d’un montant de capital, évalué selon des règles propres.
M archémouvement
taux = ∆N AV |choc après mouvement (hausse ou baisse)
Calcul du besoin en capital sous risque action. Il regroupe 19 tous les actifs et passifs
sensibles à une variation du prix des actions. Pour calculer le besoin en capital, il faut déterminer
la variation de la NAV pour chaque action. Les actions peuvent être séparées en deux catégories,
définies par le régulateur : un indice "global" qui comprend les actions des marchés régulés des
pays membres de l’OCDE 20 et de l’EEE 21 et un indice "autre" pour les autres actions. Les chocs
sont respectivement de 39% et de 49%, auxquels s’ajoute un effet d’ajustement limité à 10 points
pour limiter la procyclicité de la réforme[7].
Calcul du besoin en capital sous risque d’immobilier. Le besoin en capital pour risque
immobilier 22 est déterminé de façon simple et égal à la variation de la NAV suite à une chute
de 25% du marché.
Calcul du besoin en capital sous risque de spread. Ce sous-module s’intéresse aux actifs
et aux passifs sensibles à une modification du niveau ou de la volatilité des spreads de crédit
sur la structure à terme des taux sans risque. Trois types de produits sont visés et possèdent
chacun leur mode de calcul propre : les obligations, les produits dérivés de crédit et les produits
structurés de crédit. Encore une fois, il s’agit de déterminer la variation de la NAV suite à un
choc. Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter [24] 23 .
Agrégation des différents sous-modules. Pour calculer le SCRmarché , il faut ensuite agré-
ger les besoins en capitaux pour les différents risques à l’aide des matrices de corrélation 24 (2.2)
(2.3) qui sont communiquées par le régulateur. La formule (2.2) est appliquée.
Table 2.1 – Matrice de corrélation pour les scénarios de baisse des taux d’intérêt.
sX
SCRmarché = max hausse × M archéhausse × M archéhausse ;
Corrr,c r c
r,c
sX !
baisse
Corrr,c × M archébaisse
r × M archébaisse
c (2.2)
r,c
Table 2.2 – Matrice de corrélation pour les scénarios de baisse des taux d’intérêt.
Table 2.3 – Matrice de corrélation pour les scénarios de hausse des taux d’intérêt.
Le BSCR
(i) Étape 1 Déterminer les SCR des différents modules (ici le SCR de marché, le SCR de défaut
de contrepartie et éventuellement le SCR vie) comme nous l’avons vu dans la sous-section
précédente.
(ii) Étape 2 Agrégation des SCR modulaires à l’aide de la matrice (2.4) p.39 25 ,
(iii) Étape 3 Additionner les SCR modulaires agrégés au SCR intangible SCRintangible 26 , comme
indiqué dans (2.3). Dans le cadre de ce mémoire, nous ne tenons pas compte de ces actifs
intangibles.
sX
BSCR = Corri,j × SCRj × SCRj + SCRintangible (2.3)
i,j
=(SCRmarché
2
+ SCRV2 ie + SCRDéf
2
aut
+ 0, 25 × SCRmarché × SCRDéf aut + 0, 25 × SCRmarché × SCRV ie
+ 0, 25 × SCRDéf aut × SCRV ie )1/2
Le risque opérationnel
où Op est le risque opérationnel de base pour tout contrat (hors assurance vie) dont le
risque d’investissement est porté par l’assuré 27 et où Expul est le montant des dépenses
("expenses") durant les 12 derniers mois en assurance vie dont le risque d’investissement
est porté par l’assuré.
Les calculs intermédiaires ayant été réalisés, nous pouvons finalement donner l’expression
du Capital de solvabilité requis global, à l’aide de la formule (2.5).
– l’Application de tests statistiques de qualité - tous les risques doivent être couverts
et la loi de probabilité utilisée doit être adéquate, basée sur des techniques statistiques ou
actuarielles solides, avec des hypothèses crédibles et réalistes et des données appropriées
en accord avec toute l’activité de l’assureur.
– l’Application des standards de calibration - s’il est souhaitable d’utiliser une VaR
à 99,5% à horizon un an, des mesures de risque et un horizon de temps différents sont
autorisés, de même que certaines approximations, à condition qu’elles permettent une
protection contre la ruine au moins équivalente à celle de la formule standard.
– la Validation - le modèle a été validé par plusieurs méthodes, à la fois quantitativement
et qualitativement.
– le respect des normes de validation - ceci inclut le contrôle de la performance du
modèle, l’adéquation de ses paramètres, des données d’entrées et des résultats obtenus
comparativement aux données d’expérience, ainsi que de sa stabilité.
La littérature est très prolifique sur ce sujet. En particulier, pour déterminer le capital écono-
mique, le modèle des simulations dans les simulations est très populaire. Dans cette modélisation,
on effectue un premier jeu de simulations, appelées "primaires", des facteurs de marché. Celles-ci
sont réalisées en monde réel 29 , c’est à dire calibrées à partir de l’historique du prix des actifs sur
les marchés financiers pour déterminer les cash flows à horizon 1 an. Vient ensuite un second
jeu de simulations en monde risque neutre (avec une hypothèse martingale sur les sous-jacents)
pour évaluer le coût des engagements (passifs) et la valeur de l’actif.
Ces méthodes requièrent un temps de calcul important afin d’obtenir un estimateur robuste
du capital économique. Nous pouvons citer 3 méthodes innovantes permettant de réduire le coût
de ces simulations : les replicating portfolios 30 , la méthode de l’accélérateur des Simulations dans
les Simulations (SdS) 31 et la forme paramétrique 32 . Nous ne développerons pas ces approches
que nous n’avons pas utilisées au cours de notre travail.
Toutefois, entre la formule standard et le modèle interne, il existe des configurations inter-
médiaires. La plus proche de la formule standard est celle du modèle standard spécifié (USP).
Le régulateur reconnaît 33 que certains paramètres du modèle standard peuvent ne pas être en
adéquation avec les données réelles de tous les assureurs : en particulier certaines volatilités 34 .
Aussi autorise-t-il des amendements pour certains d’entre eux dans les sous-modules "révision"
et "réserve des primes" des modules SCR Santé, Vie et non-vie. Avant de pouvoir utiliser ses
propres paramètres, l’assureur se doit d’obtenir l’aval du régulateur 35 . Ce changement est dé-
finitif dans le sens où il n’est plus possible de revenir aux paramètres usuels, à moins d’une
seconde validation du régulateur.
En revanche, il est proscrit, de séparer les activités d’assurance (par exemple la vie, la non-vie
et la santé) et de modéliser entièrement avec un modèle interne complet une de ses activités (ex.
l’activité santé) et utiliser la formule standard pour le reste des activités d’assurance(l’activité
non-vie par exemple). L’assureur ne peut pas calculer son capital économique comme la somme de
capitaux économiques d’entités juridiques indépendantes et distinctes avec leur propre méthode
de calcul du SCR total. Une illustration permettant de mieux comprendre ce que le modèle
interne partiel ne doit pas être, est donné dans la figure 2.3 p.42.
A l’inverse du modèle interne, il n’est pas nécessaire de suivre une approche modulaire pour
le modèle interne partiel. Il est possible de considérer un horizon temporel différent, où une autre
mesure de risque 39 . C’est cette approche que nous avons suivie dans le cadre de notre travail
avec l’utilisation des déflateurs.
36. Dans le rapport du CEIOPS [22], §3.5 deux exemples de plus-value du modèle interne sont donnés : la possi-
bilité de modéliser des dépendances entre le risque de spread (qualité de la signature) et le risque de concentration
ou encore de modéliser d’autres risques non présents dans la formule standard.
37. Le lecteur intéressé pourra aussi consulter pp. 12-15 [22].
38. Abordés dans la section précédente sur le modèle standard.
39. Cf. §3.9. [22]
∗∗∗
Nous souhaitons ainsi reproduire les conditions d’utilisation d’un modèle interne partiel dans
le cadre de notre mémoire. Or, afin de calculer les ratios de solvabilités et le montant du capital
économique, il est nécessaire de procéder à des simulations des actifs risqués afin reproduire
l’évolution de l’actif du bilan de la compagnie d’assurance. Il nous faut dès lors des modèles
d’actifs, ce que nous abordons dans les deux chapitres suivants. L’étape qui suivra consistera à
évaluer l’évolution du passif du bilan de l’assureur. Il sera alors possible de déterminer l’impact
de la réforme sur la rentabilité des produits à garanties complexes étudiés et surtout d’analyser
le coût de ces garanties.
La question du choix du modèle de simulation des actifs est, à notre sens, fondamentale et ce
particulièrement à l’heure actuelle, notamment pour les marchés actions : les travaux de Black,
Scholes et Merton, publiés en 1973 1 , ont donné naissance à un modèle de simulation d’actifs
risqués couramment appelé modèle de Black-Scholes et basé sur la résolution d’une équation
différentielle stochastique satisfaite par le prix de l’actif sous-jacent du modèle. Ce modèle, qui
s’inscrit avec le modèle d’évaluation des actifs financiers 2 dans la continuité des travaux de
Harry Markowitz ayant donné naissance à la théorie moderne du portefeuille, est basé sur deux
hypothèses fortes :
Hypothèse gaussienne A tout instant t, le prix St de l’actif risqué suit une loi normale
N(µ, σ 2 ), dont la moyenne et la variance sont spécifiées au départ.
Absence d’opportunités d’arbitrage (AOA) Il est impossible d’acquérir une richesse cer-
taine dans une date future avec un investissement initial nul.
Ces deux hypothèses sont fortement discutables et ont été largement critiquées. L’hypothèse
d’absence d’opportunités d’arbitrage peut être justifiée par l’existence d’arbitragistes, qui ex-
ploitent les "faiblesses" des marchés financiers et les ramènent donc de façon permanente en
situation d’AOA. L’hypothèse gaussienne est donc la faiblesse principale de ce modèle. Le prin-
cipal détracteur de cette hypothèse est le mathématicien franco-américain Benoît Mandelbrot,
qui propose la modélisation des aléas boursiers par un "hasard sauvage" permettant d’intégrer
la discontinuité et la concentration des risques dans le temps, qui expliquent les changements
instantanés des prix et des informations essentielles. C’est sur la géométrie fractale que B. Man-
delbrot base cette modélisation.
Une structure fractale est une structure invariante par échelle. Cette propriété à une impli-
cation importante dans la modélisation financière : si une perte est gaussienne, plus elle devient
importante, plus la probabilité de subir une perte deux fois plus grande diminue (et ce, de fa-
çon exponentielle). A l’inverse, si une perte est "fractale", cette probabilité reste constante. De
cette manière, les évènements extrêmes ne sont jamais négligés. Les évènements comme le krach
boursier d’octobre 1987 3 et celui de la bourse islandaise 4 renforcent ces critiques : les marchés
financiers acquièrent très rapidement l’information et il est impossible de modéliser de telles
baisses avec une loi normale. Néanmoins, le modèle de Black-Scholes est aujourd’hui la référence
1. Ces travaux ont valu le prix de la banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel
à Robert Merton et Myron Scholes en 1997. Fisher Black, décédé en 1995 et donc inéligible, a été cité comme
contributeur.
2. En anglais, Capital Asset Pricing Model, introduit par Jack Traynor, William Sharpe et John Lintner au
début des années 1960 suite aux travaux d’Eugène Fama portant sur la notion d’efficience des marchés financiers.
3. Qui s’est caractérisé par une baisse de 22.6% de l’indice Dow Jones de la bourse de New-York en une journée.
4. Qui avait ouvert en baisse de 76% après trois jours de fermeture en 2008, au cœur de la tourmente financière
mondiale liée à la faillite de Lehman Brothers.
45
46 Monde réel, déflateurs ou risque neutre ?
auprès des professionnels et des universitaires du fait de son caractère simple et pratique.
Dans ce contexte et étant donné l’actualité économique et financière, nous sommes persuadés
que le choix de modélisation des actifs risqués 5 est déterminant dans l’évaluation des contrats
à fenêtre, c’est pourquoi nous nous proposons d’effectuer une brève revue de littérature, pré-
sentant les différents modèles aujourd’hui utilisés par les actuaires 6 . Nous détaillons ci-dessous
les critères principaux qui permettent de différencier ces modèles, ainsi que leurs avantages et
leurs inconvénients. Cette section n’a pas pour ambition de déterminer le "meilleur modèle", car
il est fondamental de garder à l’esprit que celui n’existe pas et que la modélisation retenue doit
dépendre du type de produit étudié. Il est à noter que la communauté actuarielle est aujourd’hui
indécise quant à la modélisation qui permet de capter au mieux le risque action supporté par
l’assureur sous le référentiel Solvabilité II.
assez longue et comportant des variations dans la situation économique. Cette approche est de
type « backward looking », utilisée dans le cadre des modèles ARCH et GARCH 7 par exemple.
Remarque. Il est à noter que cette section n’est pas indépendante des revues de littératures
effectuées pour les autres facteurs de risques (taux, immobilier. . . ), car de nombreux
modèles permettent d’intégrer directement la corrélation entre ces facteurs. Ces modèles
permettent par la suite de valoriser les différentes garanties financières que l’assureur a
vendues à ses assurés. Afin d’effectuer cette valorisation, il est possible de se placer dans
l’univers de probabilité risque neutre ou dans l’univers monde réel, de considérer tous
les facteurs de risques séparément ou de façon intégrée et de choisir parmi un panel de
modèles très vastes. Il est possible de classer ces modèles selon de nombreux critères :
paramétriques/non paramétriques – mono factoriel / multi factoriels – monde réel / risque
neutre – déterministe / stochastique - avec / sans corrélation des facteurs de risques (on
pense notamment à la corrélation action - taux d’intérêt).
Dans un premier temps, nous détaillons l’intérêt de ces différentes distinctions, ce qui per-
mettra de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la modélisation des actifs dans
notre cadre. Nous présentons ensuite les familles de modèles que nous avons citées ci-dessus,
ainsi que leurs applications et les ressources bibliographiques dans lesquelles elles apparaissent.
Cette hypothèse est étroitement reliée au concept de processus de Markov. Cela nous conduit
à une modélisation de type lognormale ou de Black-Scholes. A l’inverse, si nous supposons que
la dynamique des actifs possède une structure autorégressive, c’est-à-dire que le cours futur des
actifs est influencé par son évolution passée 8 , il est alors nécessaire de déterminer une fenêtre
glissante, à l’intérieur de laquelle les prix passés influencent de façon plus ou moins forte, la valeur
future de sous-jacent. Cette modélisation traduit l’idée que, à la suite des krachs boursiers, les
7. ARCH : AutoRegressive Conditional Heteroscedasticity et GARCH : Generalized AutoRgressive Condition-
nal Heteroscedasticity, voir ci-après la présentation de ces modèles.
8. Dans les derniers jours, semaines, mois. . .
marchés restent nerveux pendant une période résiduelle, durant laquelle la volatilité des actifs
est plus importante. Le modèle GARCH permet de modéliser ce phénomène, appelé « clusters
de volatilité ». Cette hypothèse conduit à des modèles de type AR, ARCH et GARCH que nous
développons ci-après. Cette distinction est traitée dans [39].
A l’inverse, les modèles intégrés proposent directement une compréhension globale, en te-
nant compte de toutes les variables économiques dès le départ, afin de les rendre cohérentes entre
elles. Le modèle le plus connu dans cette catégorie est le modèle de Wilkie, que nous présentons
ci-après, mais nous pouvons aussi noter le modèle de Mary Hardy, ainsi que le modèle de Hib-
bert Mowbray et Turnbull[45], qui est utilisé dans le mémoire « Replicating portfolio et capital
économique en assurance vie » [58]. Ces trois modèles sont basés sur l’inflation et la structure
des taux d’intérêt et permettent, par un mécanisme de cascade , d’en déduire les rendements et
les dividendes des actions.
dSt
= µdt + σdBt (3.2)
St
– St est le prix de l’actif risqué à l’instant t.
– (Bt )t≥0 est un mouvement brownien standard.
– µ est la tendance annuelle.
– σ est la volatilité annuelle.
– dt est le pas de temps.
∆St
∼ N(µ∆t ; σ∆t ) (3.3)
St
Comme nous l’avons vu, cette modélisation a une implication assez forte : les rendements
sont indépendants entre eux dans le temps.
Ce modèle a un avantage notoire : il est très simple à implémenter et l’estimation des dif-
férents paramètres par la méthode du maximum de vraisemblance est directe. Il sert de base à
10. Dans ce mémoire, nous ne traiterons pas de ce type d’actif.
11. Le lecteur intéressé pourra consulter l’ouvrage de Hull "Options, futures et other derivatives" [46] .
une grande partie de la finance moderne : les modèles des agences de notation s’en inspirent for-
tement et est très utilisée pour l’évaluation d’instruments financiers comme les options vanilles.
En revanche, comme nous l’avons dit, il présente la faiblesse de ne pas capter certains mouve-
ments des marchés financiers comme la taille des queues de distributions, l’asymétrie (caractère
leptokurtique) et l’autocorrélation des processus. Sa simplicité, notamment due à l’hypothèse
de volatilité constante 12 , le pénalise beaucoup.
dSt
= µ(t, St )dt + σ(t, St )dBt .
St
Les fonctions µ(t, St ) et σ(t, St ) sont respectivement appelées fonctions de tendance (drift en
anglais) et de diffusion. Elles traduisent l’idée que les paramètres du modèle de Black-Scholes
peuvent changer selon le contexte économique. Par exemple, il est logique que la volatilité aug-
mente et que la tendance diminue durant les périodes de crise. Une illustration peut être trouvée
dans [7].
Le changement de régime consiste à dire que la volatilité des actifs peut prendre deux va-
leurs distinctes : l’une correspond à la situation « normale », où l’environnement économique
est stable, c’est-à-dire hors périodes de crises, de récession, etc. et l’autre correspond à la si-
tuation exceptionnelle, où les rendements des actions peuvent subir des perturbations violentes
et soudaines. Une probabilité de transition permet de passer d’un régime à l’autre et certaines
modélisations permettent de relier cette probabilité au niveau d’autres facteurs de risques du
modèle. Un modèle à changement de régime lognormal est présenté par Mary Hardy dans l’ar-
ticle « A regime-switching model of long term stock return »[40]. Plus généralement, ce type de
modélisation rejoint le cadre des processus à sauts, qui permettent de capter les changements de
régime soudains observés sur les marchés. Il est aussi possible de trouver dans la littérature des
modèles se concentrant sur la fonction de tendance, comme le modèle d’Ohrstein-Uhlenbeck, qui
est souvent utilisé pour la modélisation des taux d’intérêt.
Le modèle d’Ohrstein-Uhlenbeck
Le modèle d’Ohrstein-Uhlenbeck permet d’introduire une tendance linéaire dans le modèle,
à savoir :
Dans l’article « Implementing Option pricing when asset return are predictable »[49], Lo
et Wang introduisent un modèle Ohrstein-Uhlenbeck bivarié qui s’inscrit dans la catégorie des
modèles à deux facteurs :
– γ≥0
– δ≥0
– λ des paramètres du modèle.
– σS la volatilité de St
– σX la volatilité de Xt
– (Bts )t≥0 et (Btx )t≥0 deux mouvements browniens standards tels que dBts dBtx = κdt où κ
est un paramètre de corrélation.
Cette modélisation permet, en jouant sur les paramètres, de créer des structures d’autocorréla-
tion plus complexes et qui conviennent en général mieux à la modélisation des rendements. Ce
type de processus présente encore quelques inconvénients que l’on peut corriger en introduisant
un processus d’Ohrstein Uhlenbeck multivarié : la fonction d’autocorrélation tend vers une li-
mite de -1/2 et ne peut changer de signe qu’une seule fois. De plus, le modèle ne permet pas
de tenir compte de variables économiques extérieures. Néanmoins, ce processus reste toute fois
relativement simple à mettre en œuvre et les paramètres sont estimables par le maximum de
vraisemblance.
1 d
dXt = σ(xt ; θ) log[σ(xt ; θ)f (x)] dt + σ 2 f (x)−k dBt , (3.5)
2 dt
1
" #
x−µ
dXt = σ 2 β − α p 2 dt + σdBt (3.6)
2 δ + (x − µ)2
3.3.4 Le modèle AR
Dans le modèle AR (Autoregressive Model), le processus possède une moyenne de long terme
µ, vers laquelle il a une tendance naturelle à revenir. Cette dernière est affectée par les valeurs
prises dans le passé, de manière plus ou moins importante. Le nombre de valeurs influençant le
14. En posant ζ = λδ, la loi normale est obtenue en faisant tendre √ 1 vers 1.
1+ζ
15. Citons Bibby et Sorensen (2001)[10],Eberlein et Keller et Küchler. Pour une bibliographie plus complète, le
lecteur pourra se référer au paragraphe introductif de [10]
16. Des méthodes de simulation telles que celles mentionnées en annexes pourront être utilisées.
retour à la moyenne est appelé ordre du processus. Un terme de bruit est ajouté dans le modèle,
dont la variance est constante. Nous pouvons écrire le modèle AR d’ordre 1 comme :
St = φSt−1 + t
avec :
φ un paramètre.
t un bruit blanc c’est-à-dire un processus tel que E[t ] = 0, E[(t )2 ] = σ 2 et E[t1 t2 ] = 0∀t1 6= t2 .
Rt = t ht
p
ht = α0 + α1 Rt−1
2
+ ... + αp Rt − p2
avec :
Ainsi, la variance des rendements à une date donnée dépend des moments d’ordre 2 (compa-
rables à la variance) des rendements observés précédemment, pondérés de manière plus ou moins
forte. Après une crise, la volatilité observée dépend donc de cette crise pendant une période de
temps définie par le modèle (appelée fenêtre). En 1986, Bollerslev propose une généralisation
en introduisant les modèles GARCH, qui contiennent une dynamique auto-régressive dans l’es-
timation de la volatilité. Pour un modèle GARCH d’ordres p et q, la fonction ht s’écrit :
p q
ht = α0 + +
X X
2
αi Rt−i βj t−j
i=1 j=1
Comme le notent Yakoubov et al. dans [64], le principal reproche généralement fait à ces
modèles est de trop s’ajuster et donc de trop dépendre des données sur lesquelles ils sont estimés,
perdant ainsi leur pouvoir prédictif hors du cadre de ces données.
– les modèles d’équilibre, d’une part, qui déduisent un modèle de taux à partir d’hypothèses
sur le comportement des taux observés,
– les modèles sans arbitrage, d’autre part, qui reproduisent un ensemble de prix et sont
cohérents avec la structure à terme observée 19 .
ou encore que :
!
s→∞ σ2
rs → N b, .
2a
Nous pouvons alors mettre en évidence deux inconvénients majeurs : les taux d’intérêt
peuvent être négatifs et le modèle pose une hypothèse "forte" sur l’homoscédasticité 20 des per-
turbations.
Le prix des obligations zéro coupon s’écrit P (t, T ) = A(t, T )e−B(t,T )r(t) , avec les fonctions
A(t, T ) et B(t, T ) définies par
(B(t, T ) − T + t)(a2 b − σ 2 /2) σ 2 × B(t, T )2 1 − e−a(T −t)
!
A(t, T ) = exp − B(t, T ) =
a2 4a a
(3.7)
17. Qui se nomme alors modèle de Rendleman-Bartter.
18. [11] et [46] ont été utilisés pour la rédaction de ce chapitre.
19. La structure à terme observée est un paramètre exogène dans les modèles sans arbitrage, mais un résultat-
pour les modèles d’équilibre.
20. A long terme, la volatilité est constante et les covariances entre les taux sont nulles.
Nous pouvons alors remarquer avec [10] que pour α = 21 et β3 = 0, le processus correspond
au modèle CIR de 1985. h Pour
n calculer leoiprix d’une obligation zéro coupon de nominal 1, on
RT
peut poser P (t, T ) = E exp − t r(s)ds .
Remarques générales
Nous venons de voir une généralisation du modèle CIR au travers des processus de diffusion
GIG. Cependant, les travaux de Chan et al.[16] nous incitent à aller dans une direction légèrement
différente. Ainsi si nous supposons que les taux d’intérêt vérifient l’EDS 3.10 :
Nous avons signalé, pour les modèles CIR 1985 et Vasicek, la présence d’une constante dans
l’équation permettant un retour à la moyenne. Différents modèles proposent de remplacer cette
constante par un processus stochastique. Nous pouvons notamment citer le modèle simplifié de
Hull-White[46] à deux facteurs ou encore celui de Brennan et Schartz[12]. Le premier est donné
par :
D’autres modèles à deux facteurs existent. Citons enfin Ahlgrim, D’Arcy et Gorvett[1] 29 :
Le modèle de Ho et Lee
Le premier modèle d’arbitrage classique est celui de Ho-Lee donné par (3.11).
Comme pour les modèles CIR et Vasicek, une formule fermée pour le prix du coupon zéro
existe :
Le taux d’intérêt suit là encore une loi normale, ce qui autorise des taux négatifs. Un autre
modèle, celui de Black-Karasinski, l’interdit 31 .
Extensions
De nombreux autres modèles, plus ou moins exigeants en terme de calibrage existent. Des
facteurs supplémentaires peuvent être introduits 32 , de même que des processus à saut (processus
de Lévy par exemple) pour mieux s’ajuster à l’expérience. Les possibilités sont nombreuses dans
la littérature. Nous pouvons notamment mentionner le modèle de Heath, Jarrow et Morton ainsi
que son adaptation pratique avec le modèle de marché LIBOR.
lnQt lnQt−1
= Qµ + α( − Qµ ) + Q
t
lnQt−1 lnQt−2
où Q Q
t ,→ N(0, qσt2 ) et qσt2 = β1 + β2 t−1
lnQt
ln(Yt ) = Yw × + Y nt
lnQt−1
où Y nt = ln(Yµ ) + Yα × Y nt−1 − ln(Yµ )) + Yt
où Yt = Ysd ,→ N(0, yσt2 )
avec Yα , Yw , Yµ , Ysd des constantes données
Les rendements dépendent donc directement de l’IPC et possèdent aussi une structure au-
torégressive d’ordre 1. Les dividendes des actions sont aussi une fonction de l’IPC :
Dd lnQt
ln(Dt ) =Dw ×
1 − (1 − Dd )B lnQt−1
lnQt
+ Dx + Dµ + Dy × Yt−1 + D
t + Db × t−1
D
lnQt−1
où D
t−1 = Dsd avec un bruit blanc ,
Dw , Dd , Dx , Dy , Db , Dµ , Dsd des constantes données
et B un opérateur de retard, défini par BXt = Xt−1 .
32. En particulier, le lecteur intéressé pourra consulter l’article [17] de sur une comparaison des modèles CIR à
k facteurs : avec les données prises par les auteurs, on retiendra le modèle CIR à 3 facteurs.
Cette modélisation 33 complexe permet notamment d’introduire de l’asymétrie dans les dis-
tributions. Nous avons ici une vision plus économiste, qui tente de prédire les rendements et
les dividendes des actions à partir de notre connaissance du marché et de nos intuitions sur les
mécanismes qui le régissent. Les processus sont donc paramétrés ici en univers monde réel en
analysant des séries passées, traitées grâce à des méthodes de type moindres carrés ou maximum
de vraisemblance.
Le modèle de Wilkie a inspiré de nombreux autres modèles "en cascade" : notamment dans
[64], où les auteurs développent un modèle tenant compte de plusieurs paramètres (dont l’infla-
tion) afin de modéliser le cours des actions. Un comparatif avec le modèle de Wilkie est d’ailleurs
effectué à ce titre.
cov(X; Y )
ρ(X, Y ) = (3.13)
σ(X)σ(Y )
Pour simuler des variables aléatoires corrélées, il faut créer une dépendance linéaire entre
elles : dans les modèles d’actif financier, cela revient à générer des mouvements browniens
! corrélés
1 ρ
par une matrice Σ. Dans le cas où il n’y a que 2 actifs corrélés 35 36 , Σ = . Il faut alors
ρ 1
utiliser la décomposition de Cholesky ! qui permet de trouver la matrice triangulaire L telle que
1 0
LL0 = σ, ainsi L0 = . Nous obtenons ainsi deux mouvements browniens corrélés
ρ (1 − ρ2 )1/2
Bt1 et Bt2 , à partir de deux processus de Wiener indépendants 1t et 2t :
!
0 1t 0
Bt = L ¯ =
ρt + ρ (1 − ρ2 )1/2 2t
1
Toutefois, la corrélation linéaire a ses limites et ses défauts. En effet, comme nous l’avons
mentionné ci-dessus, le coefficient de Pearson mesure la dépendance linéaire entre des variables.
Deux variables peuvent être fortement dépendantes l’une de l’autre sans que le coefficient de
corrélation ne soit important 37 . En outre, si des transformations non linéaires sont appliquées
aux variables, leur relation linéaire s’en trouve modifiée et il en va ainsi également de leur
coefficient de corrélation.
33. On peut retrouver cette modélisation dans le mémoire « Comparaison de modèles stochastiques d’allocation
d’actifs pour un portefeuille de prévoyance collective » de Noémie BOKOBZA.[8]
34. Le coefficient de corrélation correspond en effet à la racine carrée du coefficient de détermination dans le
cadre d’une régression linéaire.
35. Dans notre modèle, il s’agit de l’indice action sous-jacent au contrat fenêtre et des taux obligataires.
36. Le lecteur intéressé par une généralisation de la méthode de décomposition de Cholesky pourra se reporter
par exemple à [51].
37. Dans la littérature, on cite souvent l’exemple de la corrélation entre X et Y = X 2 , tels que si X est centré
et symétrique en 0, le coefficient de corrélation est nul.
Cependant dans le cadre d’un modèle de gestion actif/passif ayant pour but d’évaluer les
risques et le capital économique, le plus problématique vient peut-être de l’incapacité du modèle à
prendre en compte les phénomènes d’amplification et de très forte dépendance en cas de sinistres
ou d’événements extrêmes. Par exemple, la faillite d’une banque d’investissement majeure comme
Lehman Brothers ou d’un Etat peut installer durablement le doute sur les marchés financiers, ce
qui augmente la valorisaton du risque de défaut d’autres agents (banques ou Etats par exemple),
indépendamment de la hausse liée au climat économique. La corrélation linéaire peut modéliser
la seconde hausse, mais pas la première. Des coûts financiers supérieurs pour se refinancer sont
exigés des autres agents qui peuvent alors se retrouver dans un risque avéré de défaut à leur
tour. Le cercle vicieux a démarré. On parle alors de dépendance de queues 38 . C’est ce type de
dépendance que vise à modéliser les copules.
3.5.3 Copules
Les copules sont des outils statistiques plutôt récents : elles ont été introduites par Abe Sklar
en 1959 mais n’ont réellement commencé à être utilisées dans le domaine des statistiques qu’au
milieu des années 1980, notamment grâce aux travaux de Genest et McKay 39 . Elles font partie
des modèles intégrés qui permettent une corrélation directe des facteurs de risques financiers.
Comme l’explique Thierry Roncalli dans [57], les copules permettent d’isoler la dépendance
entre différentes variables aléatoires et s’intègrent dans un processus de gestion des risques mul-
tiple. Il existe plusieurs types de copules qui peuvent être bi ou multidimensionnelle (notamment
les copules archimédiennes, normales, de Student, de valeurs extrêmes. . . ) qui permettent un
choix assez large dans la paramétrisation de la dépendance des valeurs extrêmes.
L’un des intérêts majeurs des copules est qu’elles permettent d’introduire de la dépendance
entre variables aléatoires dont il est possible de spécifier les distributions marginales et donc
le comportement indépendamment des autres facteurs de risque du modèle. Nous allons ici
présenter les énoncés mathématiques fondamentaux qui permettent d’introduire le concept de
copule.
Définition 3.5.1
Une copule C est une fonction de répartition définie sur le cube unitaire de dimension n et dont
les n lois marginales suivent une loi uniforme sur l’intervalle [0; 1].
Théorème 3.5.2. Théorème de Sklar. Soit F une fonction de répartition de Rn → R dont les
lois marginales sont F1 ,..,Fn . Soit C la copule de dimension n telle que ∀xi ∈ R F (x1 , x2 , ...xn ) =
C(F1 (x1 ), F (x2 ), ..., Fn (xn ))., alors si les lois marginales F1 ,..,Fn sont continues, la copule C est
unique et C(u1 , ..., un ) = F (F1−1 (u1 ), ..., Fn−1 (un )).
38. Notons que la non prise en compte des relations non linéaires peut conduire ainsi à une surestimation des
bénéfices de la diversification.
39. Le lecteur intéressé pourra consulter à ce propos « The joy of copulas : bivariate distributions with uniform
marginals »[38].
Remarque. A titre d’illustration, Lecuyer[48] rappelle l’exemple pris par Embrechts, Lindskog et
McNeil[37]. Une compagnie d’assurance possède 5 contrats et nous nous intéressons 40 au nombre
de fois où tous ces contrats excèdent chacun un niveau de perte de l’ordre du quantile 99% de
la distribution de perte. Les auteurs comparent la copule normale avec la copule Gumbel. La
probabilité d’avoir une telle perte simultanée est 8 fois plus grande pour la copule de Gumbel.
Il ne faut donc pas négliger le choix de la copule.
Nous pouvons donc légitimement nous interroger sur le choix de la copule à utiliser. Armel[4]
montre que la copule qui permet le mieux de s’ajuster aux variables économiques, est la copule de
Clayton. L’ajustement est bon dans la mesure où elle permet de donner un poids plus important
aux événements extrêmes de pertes. Elle présente ainsi une forte asymétrie le long d’une tendance
nette (correspondant à la première bissectrice). Elle présente par ailleurs l’avantage d’être facile
d’usage et ne contient qu’un paramètre à estimer. Il s’agit d’un cas particulier des copules
archimédiennes, données par :
n
C(u1 , ..., un ) = φ−1 ( φ(ui ))
X
i=1
où pour une copule de Clayton, avec a>0 et φ(u) = (u−a − 1)/a
∗∗∗
Nous avons présenté une revue bibliographique des modèles de simulation d’actifs que nous
pouvons utiliser dans notre mémoire. Nous avons implémenté plusieurs d’entre-eux dans notre
programme, mais nous ne voulons en choisir qu’un seul pour conduire notre analyse des contrats
à garanties complexes. Afin de s’ajuster au mieux aux données, il nous faut déterminer les
modèles qui reproduiraient le mieux la réalité économique et calibrer ceux-ci. C’est la démarche
que nous entreprenons dans le chapitre suivant.
40. Les auteurs, de fait, estiment la probabilité d’avoir un pay-off auprès d’un réassureur.
Nous avons étudié dans le chapitre précédent de nombreux modèles d’actifs 1 . Pour notre
générateur de scénarios économiques, nous devons en choisir un, le calibrer et l’implémenter.
Nous abordons donc à présent ces trois points.
Nous étudions les garanties complexes d’un produit d’assurance vie à support risqué, il n’est
donc pas utile de reproduire tous les actifs que nous pouvons trouver dans le bilan d’une com-
pagnie d’assurance, notamment pour l’immobilier dont nous ne tiendrons pas compte. En effet,
les actifs immobiliers sont des actifs de long terme. Pour le type de produit financier étudié, cela
ne nous semble pas adéquat 2 .
L’inflation est un facteur qui peut aussi être important au sein d’un modèle ALM. Pour les
mêmes raisons que pour l’immobilier 3 et dans la mesure où le prix des actifs, les rendements
et les engagements sont donnés en valeur nominale, nous avons pris le parti de ne pas nous en
préoccuper.
Par simplicité 4 , nous choisissons de retenir le modèle de la corrélation linéaire comme lien de
dépendance entre notre actif risqué et notre taux obligataire, avec un coefficient de corrélation
noté ρ.
1. Dans notre programme java, nous avons implémenté différents types d’actifs (lognormal, hyperbolique gé-
néralisé, CIR, Vasicek et modèle à changement de régime). Nous n’en utilisons cependant qu’un pour toutes nos
simulations.
2. Par ailleurs, cela aurait exigé un travail de calibration supplémentaire qui nous aurait éloignés d’autant plus
de l’objet de ce mémoire.
3. Importance majeure sur le long terme, moins sur du court terme.
4. Et car cela n’est que secondaire dans notre étude.
63
64 Quel modèle ?
En ce qui concerne le taux sans risque, Hull[46] note que le taux utilisé dans la pratique par
les marchés financiers est le taux LIBOR et au-delà d’un an, la courbe des taux est prolongée à
l’aide des taux swaps. Nous le sélectionnons donc comme notre actif sans risque.
Définition 4.1.1
Le taux LIBOR est le London InterBank Offered Rate, il correspond au taux moyen auquel
les grandes banques londoniennes se prêtent entre elles. C’est le taux de référence du marché
monétaire de plusieurs devises.
Pour tenter de mieux comprendre cette relation, intéressons-nous au taux LIBOR. Il corres-
pond au taux le plus utilisé dans les contrats swaps[46]. Il est utilisé dans les échanges inter-
bancaires de court terme. Ce taux est directement influencé par le taux directeur des banques
5. Cette remarque semble moins nette en cas de hausse.
6. Ce changement a été permis par la révolution informatique notamment.
centrales, où les banques peuvent se refinancer. Or ces dernières sont attentives au risque de
récession 7 ou au taux d’inflation. Dans notre modèle, contrairement à celui de Wilkie, nous ne
nous intéressons pas à ce dernier. La banque centrale agit contre la récession économique en
diminuant fortement ses taux directeurs. Or celle-ci se traduit généralement par une chute des
marchés actions, puisque les investisseurs peuvent anticiper alors des difficultés financières plus
importantes 8 . Or d’après la théorie économique, la capitalisation boursière d’une entreprise re-
flète sa valeur passée, présente et future. En conséquence, les marchés boursiers plongent en cas
de récession. Cette baisse peut être rapide et importante : comme en 2000/2001 et en 2007/2008.
Par ailleurs, nous corrélons linéairement les mouvements browniens de nos deux actifs pour
conserver la dépendance liée aux chocs mineurs sur l’économie et sur le cours de l’actif risqué.
Nos deux modèles sont donc intégrés l’un avec l’autre par le biais de cette corrélation linéaire
des browniens et par les probabilités de transition.
termes ("long terme" et "naturel" ) leur connotation dans la théorie économique. Ainsi tout
comme Milton Friedman à propos du chômage naturel, dans une économie à l’équilibre à
long terme 10 , le processus des taux d’intérêt converge vers une tendance de long terme.
iv Les ajustements de la banque centrale perturbent temporairement les taux sans risque mais
n’affectent pas la tendance naturelle de long terme, ni la vitesse de retour à la moyenne
qui pourra être alors considérée comme naturelle.
v La banque centrale agit en cas de récession économique en baissant fortement les taux
d’intérêt tant que la situation économique ne redémarre pas. Il en découle que la banque
centrale réagit mécaniquement 11 et que la volatilité est forte dans ces conditions-là. La
banque centrale stabilise alors ses taux directeurs pour agir sur l’économie réelle, ce qui
a pour effet de diminuer la volatilité du rendement. Dans cette configuration, la banque
centrale devient acteur du système.
vi La surchauffe de l’économie et l’inflation sont modélisées à travers la croissance de l’ac-
tif risqué action. La banque centrale augmente alors les taux d’intérêt pour les limiter.
La volatilité reste faible 12 . Elle reprend l’initiative et les taux observés sont de nouveau
contraints. Mais les anticipations rationnelles du marché provoquent aussi l’éclatement
des bulles financières 13 qui est modélisé par le retournement de tendance dans le modèle
à changement de régime.
vii Les taux directeurs de la banque centrale agissent directement sur les taux sans risque du
marché. Les taux LIBOR reflètent ces taux sans risque ainsi que ces taux directeurs.
viii La volatilité du processus des taux d’intérêt dépend de la valeur de ces taux.
Il découle des hypothèses (iii) et (iv) que la tendance naturelle de long terme et la vitesse
naturelle de retour à la moyenne sont des constantes fixes quelles que soient les conditions du
marché. En revanche, les points (v) et (vi) incitent à considérer l’existence d’une volatilité dis-
tincte suivant l’état du monde dans lequel nous nous plaçons (crise ou stagnation et croissance
des actifs risqués). Par ailleurs, les hypothèses (v) et (vi) supposent que l’action de la banque
centrale a un impact sur l’évolution du processus et en particulier sur sa tendance temporaire
c : tant à la hausse en cas de croissance économique qu’à la baisse en cas de crise économique.
√
drt = [anat (bnat − rt ) + cηt rt ]dt + σηt rt dBt . (4.1)
√
drt = [anat bnat + (cηt − anat )rt ]dt + σηt rt dBt
√
drt = αηt (βηt − rt )dt + σηt rt dBt (4.2)
anat bnat
avec αηt = anat − cηt et βηt =
anat − cηt
√
δrt − a(b − rt )dt = σ rt dBt
δrt − a(b − rt )dt
⇔ √ = σdBt
rt
et nous en déduisons σ.
Nous avons utilisé cette dernière méthode 4.2.1, qui nous semble plus rigoureuse et plus
adaptée à notre modèle à changement de régime.
Nous avons choisi d’utiliser l’équation complète (4.1) p.66. Parmi nos 8 paramètres, deux
sont déterminés par le modèle à changement de régime de l’actif risqué 21 .
Dès lors, nous proposons une approche plus consensuelle à l’aide de pondérations.
Pondérer et pénaliser. Pour déterminer nos paramètres naturels, il faut pénaliser les taux
d’intérêt contraints. Pour cela, nous mettons en place une régression similaire à celles étu-
diées précédemment, tout en y ajoutant une pondération adéquate. Nous voulons pénaliser
les valeurs extrêmes, aussi, nous considérons un poids inversement proportionnel à l’écart
des taux d’intérêt avec la moyenne de ces derniers sur la période étudiée, tel que mentionné
dans (4.3).
wt 1
pt = P avec wt = γ (4.3)
t≥0 wt 1 PT
rt − u=0 ru
T
Figure 4.2 – Variation des taux LIBOR 1 mois sur une période d’étude tronquée.
Il reste à définir le coefficient γ. Pour que la pondération ait un sens et ne soit pas pré-
judiciable à la régression, il faut a minima que γ soit inférieur à 1. Nous représentons
dans le graphique 4.3 p. 69, la valeur du coefficient pt en fonction de la valeur de rt . Nous
pouvons alors choisir notre γ tel que l’hypothèse (i) soit vérifiée 23 et pour lequel les poids
ne prennent pas des valeurs extrêmes 24 . Nous avons choisi γ = 0, 7, ce qui permet une
pondération intermédiaire et limite la variabilité des poids. Par ailleurs, avec cette valeur,
nous retrouvons une tendance naturelle de 2, 8% et une vitesse naturelle de retour à la
moyenne de 1, 3%, ce qui correspond aux valeurs obtenues avant le déclenchement de la
crise financière de 2007. Nous notons que cette valeur est enfin légèrement supérieure au
taux cible d’inflation de la banque centrale européenne.
avec :
σ12 σ22
log( SK0 ) + (R 2 ) + (n − R)
d1 (R) = q 2
(4.6)
Rσ12 + (n − R)σ22
et :
q
d2 (R) = d1 (R) − Rσ12 + (n − R)σ22 (4.7)
Afin de calculer l’espérance de BSP (R), il est nécessaire de calculer les probabilités de chaque
réalisation possible de R, c’est-à-dire de connaître la probabilité de passer k périodes sur les n
en régime calme pour tout k ∈ {1..n}. Comme spécifié dans l’article, il est possible de calculer
cette probabilité de façon récursive. Néanmoins, dans notre cas, le calcul de cette probabilité est
impossible car il demanderait un temps de calcul trop important 29 , c’est pourquoi ces valeurs
seront approchées par des simulations de Monte-Carlo.
4.4 Implémentation
Nous abordons dans cette section un aspect plus pratique de la mise en œuvre du générateur
de scénario économique et plus généralement de l’ALM : le langage informatique utilisé.
Nous avons ainsi choisi d’implémenter notre outil de projection ALM dans le langage Java
et avons utilisé le logiciel Éclipse.
Différentes raisons nous ont conduits à ce choix.
– Le langage objet L’usage d’un langage objet permet, par l’intermédiaire des classes,
d’avoir une bonne compréhension des relations entre objets, facilite les calculs sur ces der-
niers et accroît la visibilité générale. La paramétrisation est facilitée par cet environnement
propice.
– La rapidité des calculs Le langage Java permet une exécution des simulations légèrement
moins rapides que C++. En revanche, il est admis que Java est 30 fois plus rapide que
VBA qui est beaucoup utilisé dans le monde actuariel.
– L’interaction aisée avec Excel De nombreuses librairies existent pour permettre une
interaction facile avec Microsoft Excel, ce qui permet par exemple d’importer et d’exporter
facilement des scénarios économiques.
– Portabilité Un programme réalisé en java est portable sur une autre machine virtuelle,
ce qui n’est pas forcément toujours le cas avec d’autres programmes, langage ou logiciels.
Nous pouvons toutefois mentionner quelques difficultés qui peuvent rendre gênant l’emploi
de ce langage.
– Non répandu L’usage peut répandu dans la profession de java est pénalisant.
– Peu probabilisé Des librairies 30 existent pour avoir accès à des méthodes de simulation
de probabilité, cependant elles ne sont pas toutes en libre accès.
– Opacité du langage Java reste un langage de programmation qui peut-être difficile à
prendre en main pour un utilisateur non averti.
29. Le temps de calcul de la probabilité augmente exponentiellement avec le nombre de périodes du régime.
Pour nous le temps, le pas de temps est mensuel et la simulation dure 8 ans, ce qui fait un total de 96 périodes.
30. Citons la librairie SSJ de P.Lecuyer qui est en libre accès pour tous travaux de recherche universitaire (voir
conditions sur le site internet).
∗∗∗
Nous avons choisi nos modèles d’actifs sur lesquels reposent notre générateur de scénarios
économiques et nous les avons calibré sur les données du marché. Cependant pour un horizon
supérieur à 1 an, les simulations générées doivent se placer dans un univers risque neutre tel
qu’il l’a été mentionné dans le chapitre sur la réforme Solvabilité II. Nous développons cet
aspect dans le chapitre suivant. Nous pourrons alors nous intéresser à l’outil de valorisation des
engagements et des actifs, ce qui enfin nous permettra d’analyser la rentabilité et le coût des
contrats d’assurance vie à garanties complexes.
Dans ce chapitre, nous abordons plus en détail l’univers probabiliste dans lequel nous avons
choisi de nous placer : l’univers monde réel. Afin de valoriser les flux financiers des contrats,
nous ne pouvons donc plus calculer l’espérance de ces flux sous la probabilité risque neutre.
Pour remédier à ce problème, nous utilisons un outil bien connu des actuaires : les déflateurs
stochastiques, qui permettent de faire le lien entre les univers de probabilité risque neutre et
monde réel. Dans une première partie, nous définirons le concept de déflateur et en exposerons
les principales caractéristiques. Dans une seconde partie, nous comparons les déflateurs avec
l’utilisation d’une mesure de probabilité en monde risque neutre. Enfin, nous terminons par la
présentation et le calcul des déflateurs que nous avons utilisés.
Comme le note Descure [30], le déflateur capte par construction "l’aversion au risque impli-
citement contenue dans la valeur de marché des actifs risqués". Ce sont des taux d’actualisation
qui permettent de valoriser à la juste valeur ("fair value") dans un cadre market consistent en
utilisant la mesure de probabilité historique. Il ne doit donc pas être confondu avec un taux
d’intérêt ou avec un autre facteur économique du modèle.
Définition 5.1.2
Nous appelons déflateur, le processus stochastique (D(t)t>0 ), tel que, dans un marché sans
opportunités d’arbitrage, sous la probabilité historique avec Ft la tribu des événements en date
1. Comme le remarque Duffie [33]6C-pp.119, le lecteur retrouvera ce concept dans la littérature anglophone
sous les termes de"state-price deflator", "state-price density", "marginal rates of substitution", "pricing kernel".
73
74 Qu’est-ce qu’un déflateur ?
Théorème 5.1.3. Pour tout déflateur stochastique D, il n’existe pas d’opportunités d’arbitrage
dans H 2 (X D ) ou dans Θ(X D ) où H 2 est l’espace défini par :
" Z T ! #
H = θ∈Ł :E
2 2
θt2 dt < ∞, T > 0
0
et Θ est l’espace des stratégies (trading strategy) contraintes telles que θt × XtD ≥ k ∈ R avec θ
une stratégie autofinancée 3 .
Par ailleurs, Harrison et Pliska dans [41] mentionnent que le marché est complet si et seule-
ment si la probabilité risque neutre est unique, ce qui implique aussi l’unicité du déflateur.
Définition 5.1.5
Soient P et Q deux mesures de probabilités définies sur Ω. Ces deux mesures sont dites équiva-
lentes si et seulement si : ∀A ∈ Ω tel que P(A) = 0, alors Q(A) = 0.
Définition 5.1.6
Nous appelons probabilité risque neutre Q toute probabilité équivalente à P qui rend martingale
la valeur actualisée au taux sans risque de toute stratégie de portefeuille autofinancée X, c’est
à dire telle que : ∀t, s tels que s ≤ t, alors Xs = 1+r
1
EQ [Xt ].
Il convient de souligner que ces deux mesures de probabilité sont complémentaires : l’assureur
a besoin des deux univers pour déterminer la valeur de ses engagements et projeter sa situation
réelle future. La mesure de probabilité historique projette des flux suivant les préférences indi-
viduelles, alors que la mesure risque neutre détermine le prix de marché indépendamment de
l’aversion au risque des individus.
2. Pour plus de détails de ces propriétés, se référer à Duffie dans [33]
3. Un portefeuille autofinançant est une stratégie d’investissement (achat et/ou vente d’actifs) dont la valeur
n’est pas modifiée par des apports supplémentaires ou des retraits d’argent[34].
Comme le souligne Dastarac et Sauveplane dans [29], l’utilisation d’un déflateur est équi-
valente à évaluer les actifs et les passifs sous la mesure risque neutre : les deux approches sont
comparables, seule l’implémentation diffère. Le déflateur permet d’effectuer la transition entre
P et Q et il est défini comme :
RT
dQ
D(t) = e− t (t)r(s)ds
× (5.1)
dP
Cette définition est équivalent à celle que nous avons donnée ci-dessus, à savoir que le défla-
teur rend martingale la valeur actualisée de toute stratégie de portefeuille X. En effet :
– un compte cash, qui est placé au taux à court terme et donc localement sans risque mais
globalement risqué.
Le prix de l’actif risqué est donné par la formule générale (5.4).
Le taux court est régi par l’équation stochastique différentielle (EDS) (5.5).
Enfin, le prix de l’obligation zéro coupon sans risque, de maturité T, est donné par (5.6) et
(5.7) :
dPt
= µp (rt , t)dt + σp (rt , t)dBt (5.6)
Pt
Si l’on note P̃t le prix actualisé au taux sans risque de l’obligation, nous avons d’après la formule
d’Itô :
dP̃t
= (µp (rt , t) − rt )dt + σp (rt , t)dBt (5.7)
P̃t
Bt est un mouvement brownien et µr , µp et σs , σp et σr sont des fonctions données.
Comme nous l’avons vu ci-dessus, l’utilisation des déflateurs exige de considérer un marché
complet sans opportunité d’arbitrage, nous nous plaçons donc dans un tel cadre.
Nous pouvons alors déterminer, à l’aide du théorème de Girsanov, (BtQ )t≥0 le mouvement
brownien sous la mesure risque neutre, défini par dBtQ = BtP + λ(rt , t)dt avec dB0Q = 0. En
considérant (5.7) et le mouvement brownien sous la mesure risque neutre, nous obtenons :
dP̃t
= (µp (rt , t) − rt − λ(rt , t)σp (rt , t))dt + σp (rt , t)dBtQ (5.11)
P̃t
Or le processus ainsi défini est une martingale sous la mesure risque neutre, donc le terme de
dérive est nul et nous avons donc : µp (rt , t) = rt + λ(rt , t)σp (rt , t) que nous pouvons réinjecter
dans (5.6) et (5.9).
dPt
= (rt + λ(rt , t)σp (rt , t))dt + σp (rt , t)dBt
Pt
∂Pt ∂Pt 1 ∂ 2 P 2
et Pt (rt + λ(rt , t)σp (rt , t)) = µr (rt , t) + + σ (rt , t)
∂r ∂r 2 ∂r2 r
Il s’agit dès lors de déterminer une formule pour le déflateur. Nous considérons une forme sto-
chastique faisant intervenir un terme de tendance et nos deux mouvements browniens corrélés 8 .
Sous la mesure historique, les prix déflatés de l’actif risqué, du compte cash et de l’obligation
zéro-coupon sont martingales.
√
– L’actif risqué S : sa formule générale est dSt = µs (t, St )dt+σs (St , t)(ρdBt + 1 − ρdBt⊥ ).
D’après la formule d’Itô, le processus déflaté vérifie : d(Dt St ) = Dt dSt +St dDt +dSt ×dDt .
Les termes en dt sont nuls car le processus est une martingale et nous en déduisons :
q
µs (t, St )Dt + Ω(Dt , rt , t) + ρσs (St , t)Ξ(Dt , rt , t) + 1 − ρ2 σs (St , t)Ψ(Dt , rt , t) = 0 (5.13)
C’est la première équation du système à 3 inconnues que nous développons par la suite.
– Le compte cash : Le compte cash de court terme a une dynamique définie par dBt =
rt Bt dt donne similairement que :
= Dt K(t, Dt , rt , St )
rt − µs (t, St ) + λ(rt , t)ρσs (St , t)
où K(t, Dt , rt , St ) = −
1 − ρ2 σs (St , t)
p
5.2.2 Résumé
Nous remarquons que D(0) = 1 9 . Par ailleurs, si nous notons ηt le régime qui s’applique
à la période [t; t + 1[, alors l’actif St suit le processus :
St+1
log |ηt ∼ N(µηt , ση2t )
St
dSt
= (µ1 1ηt =1 + µ2 1ηt =2 )dt + (σ1 1ηt =1 + σ2 1ηt =2 )dBt
St
√
λ r
Dans le modèle CIR, la prime de risque du risque de taux est donnée par λ(rt , t) = σ t .
√
Comme notre modèle à changement de régime drt = αηt (βηt − rt )dt + σηTtX rt dBt peut s’écrire
sous la forme d’un CIR pour un état η donné du système, nous pouvons en déduire à partir de
(5.15), la formule (5.16).
K (s, rs , ηt )
Z t Z t 2 Z t Z t !
λ λ √
Dt =exp −(1 + ) rs ds − ds − rs dBs − K(s, rs )dBs⊥
2(σηTtX )2 0 0 2 σηTtX 0 0
(5.16)
√
λ rt S
rt − µSηt + σ ρ
σηTtX ηt
avec K(t, rt , ηt ) = −
1 − ρ2
p
σηSt
Figure 5.1 – Scénario économique avec un horizon de simulation de 8 ans et un pas de temps
mensuel.
Les déflateurs stochastiques captent le risque présent dans chaque scénario économique.
Lorsque le prix de l’actif risqué diminue, l’aversion au risque augmente dans le marché et le
déflateur donne plus de poids à ce scénario défavorable. A l’inverse, les scénarios favorables sont
nettement moins pondérés et le déflateur prend alors une valeur inférieure à 1, tout en restant
toujours strictement positif. C’est donc la variabilité des scénarios qui définit les quantiles de
la distribution des déflateurs. A chaque année, la moyenne des déflateurs est celle de la valeur
initiale d’une obligation zéro-coupon de la maturité correspondante. Ils définissent donc bien un
facteur d’actualisation stochastique, qui varie selon les conditions de marché.
∗∗∗
Notre générateur de scénarios économiques a ainsi pu être mis en place à l’aide des modèles
d’actifs à changement de régime calibrés et adaptés aux données récentes des marchés financiers.
Les déflateurs ont été implémentés pour permettre une évaluation des flux dans un univers risque
neutre. Pour pouvoir répondre à la problématique de notre sujet, il nous reste à identifier les
méthodes adéquates pour gérer et évaluer nos actifs et nos engagements. C’est ce que nous
abordons dans le chapitre suivant.
Dans cette section, nous présentons le fonctionnement du modèle de gestion actif-passif que
nous avons développé et qui nous permet de simuler les décisions 1 de l’assureur. L’épargne des
assurés est placée sur les marchés financiers par l’assureur, qui peut la répartir entre deux classes
d’actifs : un actif sans risque 2 ou un actif risqué 3 . Nous considérerons aussi la possibilité pour
l’assureur d’acheter des produits dérivés afin de répliquer au mieux les flux de passifs qui seront
versés aux assurés. Nous pouvons dès lors nous demander quelle est la stratégie d’investissement
qui garantit une rentabilité optimale, tout en maîtrisant le risque supporté. Afin de répondre à
cette question, nous présentons ici quatre types de stratégies, dont nous comparerons les résultats
par la suite.
La première et la plus simple, désignée en anglais par l’expression "Buy and Hold" ou "Fixed
Mix", consiste à choisir une allocation cible pour l’actif risqué (et donc pour l’actif sans risque)
au début du contrat et à s’y tenir jusqu’à la fin. La seconde, que nous appellerons ici "Allocation
dynamique", consiste à modifier les allocations en actif risqué au cours de la vie du contrat, en
fonction de l’évolution des marchés financiers et de l’appétence au risque de l’assureur. Sous le
nom "Allocation dynamique" se cache en réalité une infinité de stratégies de gestion dynamiques
différentes. Nous nous intéresserons spécialement à l’une d’entre elles : le "Constant Proportion
Portfolio Insurance". La troisième stratégie, l’"Option-Based Portfolio Insurance", consiste à
répartir l’investissement entre l’actif sans risque et des options de sous-jacent identique à celui
du contrat. 4 Enfin, la dernière, la méthode "Viabilist Portfolio Proportion and Insurance" se
situe en marge des trois premières, car elle se base sur un principe totalement différent, qui
est celui de la viabilité, tandis que les trois premières proposent une estimation statistique et
stochastique du risque. Nous présentons dans les sections ci-après les motivations de ces trois
types de stratégies, ainsi que les théories sous-jacentes 5 .
81
82 Introduction à la gestion dynamique
6.1.1 La diversification
La gestion dynamique d’actifs est basée sur le constat que les économies fluctuent. La pro-
blématique pour l’investisseur est alors de déterminer quels sont les titres qu’il doit posséder
dans son portefeuille afin de remplir au mieux ses objectifs 6 . Afin d’atteindre cet objectif, l’in-
vestisseur utilise un principe connu de tous les gérants de portefeuille : la diversification.
La diversification reflète l’idée que le risque d’un portefeuille composé par l’agrégation de
deux sous-portefeuilles est toujours inférieur à la somme des risques de ces portefeuilles consi-
dérés séparément. Si deux classes d’actifs sont corrélées négativement, la perte enregistrée par
l’une pourra être compensée par l’autre 7 . De façon plus générale, l’objectif pour le gérant de
portefeuille sera de déterminer la structure de corrélation optimale qui permettra de ne pas
subir les fluctuations des marchés financiers 8 et de remplir les objectifs du fonds. A chaque
instant, l’investisseur cherchera alors à rebalancer son portefeuille afin de retrouver l’allocation
d’équilibre, constamment perturbée par les changements financiers.
Quoiqu’il arrive, tenez-vous-en à votre programme. J’ai dit "Maintenez le cap"
un millier de fois et j’étais sérieux à chaque fois. Il s’agit là du meilleur conseil que
je puisse vous donner en matière d’investissement.
John C. Bodge - Common Sense on Mutual Funds
Lors de la détermination de la stratégie optimale, la première étape consiste à évaluer le profil
de risque de l’investisseur, c’est-à-dire analyser les engagements que celui-ci a pris, où en d’autres
termes la composition de son passif. Il est donc inutile de chercher à comparer les stratégies
mises en place par deux investisseurs, car celles-ci ne peuvent être considérées indépendamment
de leurs passifs respectifs. Le profil de risque d’un investisseur est donc déterminé sur la base
d’un principe de couverture entre l’actif et le passif. En 1952, Harry Markowitz propose, dans
son article "Portfolio Sélection"[52], de représenter le profil de risque de tout agent économique
rationnel par une fonction d’utilité convexe. Il aboutit à un critère moyenne-variance, qui permet
de déterminer, pour un niveau de risque donné 9 , la composition du portefeuille fournissant le
rendement maximal. Le principe de diversification joue ainsi un rôle clé dans ce processus.
Quels que soient les objectifs d’investissement, l’investisseur avisé opte pour la
diversification.
Burton G. Malkiel - A random walk down Wall Street
La détermination de ce portefeuille optimal au sens de Markowitz est présentée ci-dessous.
"A capital market is said to be efficient if it fully and correctly reflects all relevant informa-
tion in determining security prices. Formally, the market is said to be efficient with respect to
some information set [. . .] if security prices would be unaffected by revealing that information
to all participants. Moreover, efficiency with respect to an information set [. . .] implies that it
is impossible to make economic profits by trading on the basis of [that information set.]"
6. Ces objectifs qui peuvent être très variables : de la recherche d’une performance maximale pour les hedge
funds à une prise de risque minime pour les fonds de pension
7. Par exemple, en cas de crise, beaucoup d’investisseurs décident d’acheter de l’or, car ils savent qu’ils vont
obtenir un rendement positif sur ces titres, qui compensera les pertes enregistrées sur le marché action.
8. Dans ce cas, nous parlons de stratégie neutre au marché
9. Mesuré par la variance maximale de résultat que l’agent est prêt à supporter.
Autrement dit, dans un marché efficient, le prix d’un titre incorpore pleinement toute l’infor-
mation disponible. En 1970, Fama propose trois versions de cette définition : l’efficience faible,
semi-forte et forte. Nous adoptons, pour la suite, les notations suivantes.
– Ωω : information sur les prix passés des titres et les paiements des dividendes et des intérêts.
– Ωss : information publiquement disponible concernant les titres, qui inclut entre autres les
rapports annuels, les analyses...
– Ωs : insider information : information privée ou privilégiée ou celle provenant d’initiés de
la compagnie qui a émis les titres.
Définition 6.1.1
Un individu sera dit averse au risque s’il préfère toujours recevoir de façon certaine l’espérance
d’une loterie à deux issues que de jouer à celle-ci.
Ces deux caractéristiques de la fonction d’utilité impliquent qu’à tout moment, l’investisseur
qui a spécifié le risque maximal, mesuré par la variance σ ∗ du portefeuille, qu’il accepte de
supporter, désirera résoudre le problème (6.1).
sup(E[U (X̃)])
(
(6.1)
s.c σ(X̃) = σ ∗
Pour résoudre (6.1), nous introduisons la fonction de pénalisation f définie par (6.2).
f (X̃) = 0 si σ(X̃) = σ ∗
(
f (X̃) = +∞ si σ(X̃) 6= σ ∗
acheter ni à vendre les titres qu’il détient. Cette hypothèse est fondée sur la notion d’efficience
des marchés financiers : dans un marché efficient, le prix des titres contient à tout moment
toute l’information disponible et il n’y a donc aucun intérêt à se les échanger, car on ne recevra
en échange que des titres de même valeur. La stratégie "Buy and hold" peut aussi être justi-
fiée par une stratégie minimisant les coûts de transaction liés à la réallocation. Cette stratégie
s’oppose par essence au market-timing, qui consiste à décider d’acheter et de vendre suivant
les prédictions des mouvements de marché futurs, basées sur une analyse technique ou fonda-
mentale. Néanmoins, Warren Buffet propose de réconcilier ces deux types de stratégies : opposé
à l’hypothèse d’efficience des marchés financiers, il a construit sa fortune en investissant dans
des compagnies au moment ou celles-ci étaient sous-évaluées (market-timing) et en tenant ces
positions par la suite (buy-and-hold). Certains acteurs ont décrit cette stratégie comme du "long
term market-timing".
Un exemple de cette stratégie est présenté dans le dernier chapitre. Nous pouvons ainsi adop-
ter la règle de décision suivante.
Si le rendement a été négatif au cours du dernier mois, l’investissement est sécurisé et investi
totalement en obligations. Au contraire, s’il a été positif, nous investissons à 80% en actions et
20% en obligations. Ceci n’est qu’un exemple et nous nous attacherons à déterminer les valeurs
seuils et les ampleurs de modifications optimales.
Nous pouvons remarquer qu’un niveau plus élaboré d’adaptation a été introduit par Friedman
sous le nom d’anticipations adaptatives : les agents tiennent compte des données passées, mais
aussi de l’erreur qu’ils ont commise. Ce type d’anticipations pourrait être crédible sans porter
tort aux résultats de notre modélisation : en effet, il serait possible de choisir le pas de temps,
le critère pour décider et la nature des modifications, d’après les données passées du marché
afin de maximiser les gains. D’ailleurs dans les faits, avant d’appliquer une stratégie dynamique
d’investissement, celle-ci est toujours testée sur les données passées du marché.
La méthode "Constant Proportion Portfolio Insurance" est une stratégie d’allocation dyna-
mique qui consiste à investir à tout moment une proportion constante de sa richesse en actifs
risqués (et le reste en actif sans risque). Pour aller plus loin, le lecteur pourra consulter la théorie
mathématique sous-jacente à cette méthode en annexes ; cela permettra d’illustrer la résolution
du problème posé par Markowitz.
La méthode CPPI en pratique Dans le cas le plus simple, comme dans l’exemple ma-
thématique ci-dessus, le gérant de portefeuille répartit son investissement entre un actif risqué
(généralement des actions) et un actif sans risque (des obligations). L’allocation en actifs risqués
est proportionnelle à un coussin déterminé par le gestionnaire. La partie non investie en actifs
risqués est appelée plancher. Nous notons par la suite :
Le multiple m sera d’autant plus important que l’aversion au risque de l’agent est faible. A
tout moment, le plancher correspond à la valeur actualisée de l’engagement au terme du gestion-
naire de fond. C’est la valeur minimale nécessaire pour offrir la garantie en capital à l’échéance.
A chaque rebalancement du portefeuille, il faut suivre les étapes suivantes :
Le "Gap risk" : risque de dépassement En théorie, l’allocation cible du fonds est censée
s’adapter à l’évolution des marchés financiers à chaque phase de modification du portefeuille et
donc suivre la trajectoire du sous-jacent de façon optimale. Néanmoins, le gestionnaire possède
toujours un "coup de retard" lorsqu’il change ses positions. En cas de chute extrême et rapide
des marchés actions, le coussin ne pourra pas absorber toute la baisse et il est possible que valeur
du fonds diminue trop rapidement et tombe sous celle du plancher.
C’est en 1976 que H.Leland et M.Rubinstein ont proposé la couverture des risques liés à un
portefeuille actions par l’intermédiaire d’options financières, en particulier d’options de vente.
L’idée de base est très simple : investir une fraction du portefeuille dans un actif risqué et acheter
une option de vente sur cet actif. Deux cas de figure se présentent alors.
– D’une part, l’actif risqué prend de la valeur et le portefeuille génère alors un rendement
lié à cette performance. L’option de vente, inutile dans ce cas, n’est alors pas exercée.
– D’autre part, la valeur de l’actif baisse : le portefeuille enregistre des pertes mais l’option
de vente est alors dans la monnaie et elle est exercée, ce qui permet au portefeuille de
dégager de la performance. Dans ce cas, cette stratégie ne peut pas être qualifiée de dy-
namique, car elle n’implique pas la modification régulière de la composition du portefeuille.
L’achat initial des options de vente est financé par un emprunt qui sera remboursé en t = T ,
c’est à dire que l’on vend n×P ut(0,T,S
P (0,T )
0 ,K)
actifs sans risque au début du contrat et la valeur
initiale du portefeuille est composée des titres risqués, de la vente des actifs sans risque et des
options de vente.
Nous en déduisons que le gestionnaire peut honorer ses engagements si la valeur du fonds
est supérieure ou égale à celle de la garantie, soit :
VTOBP I ≥ G
1
⇔ n max(ST , K) − nP ut(0, T, S0 , K) ≥G
P (0, T )
La valeur minimale du prix d’exercice qui garantit cette relation en cas d’exercice de l’option
est :
1
K = P ut(0, T, S0 , K) +G
P (0, T )
Au-delà du risque intrinsèque lié à cette stratégie, le phénomène important à prendre en
compte lors de la modélisation est le calcul du prix de l’option de vente sur le sous-jacent. En
effet, en évaluant le prix de ces options par la formule de Black-scholes, il ne faut pas oublier de
considérer la volatilité implicite et non la volatilité historique, car l’existence d’un spread venant
s’ajouter à la volatilité empirique a été démontrée et observée, notamment pour les marchés
actions. Il est possible de généraliser cette stratégie en achetant cette fois-ci des options de vente
américaines, qui peuvent être exercées à tout moment. Le gérant doit alors définir une règle de
décision permettant de répondre à la question suivante : y a-t-il un temps d’exercice optimal
de l’option (avant la date de maturité), étant donnée l’information présente sur les marchés
financiers ?
Définition 6.2.1
Un contrat à terme est une opération négociée entre deux contreparties sur un marché à terme 11 .
Il constitue un engagement d’acheter (pour l’acheteur), de vendre (pour le vendeur) un actif sous-
jacent à un prix fixé au départ du contrat, mais pour une livraison et un règlement à la date de
maturité. Le prix auquel cet actif sera échangé est appelé prix à terme.
Les marchés à terme ont été conçus à l’origine pour les marchés agricoles, afin de protéger
les producteurs des fluctuations des cours des matières premières, mais ils jouent aujourd’hui un
rôle fondamental dans la couverture des portefeuilles (ainsi que dans la spéculation). L’entrée
dans ce type de contrats est gratuite comme pour tout produit dérivé non optionnel 12 , ce qui en
fait des instruments financiers possédant un très fort effet de levier et donc de fortes possibilités
de perte 13 . Pour une maturité et un sous-jacent donné, le prix à terme est déterminable de façon
unique par un raisonnement d’absences d’opportunités d’arbitrage. Notons :
Considérons alors les deux portefeuilles que nous composons comme suit :
– Portefeuille 2 : Un contrat à terme qui engage le détenteur à acheter l’actif risqué au terme
au prix de F0T . Le contrat non optionnel a une valeur nulle à sa création. La valeur du
portefeuille est donc de 0.
A la maturité du contrat, les valeurs des deux portefeuilles sont les suivantes :
– Portefeuille 1 : Nous détenons l’actif risqué et nous devons rembourser l’emprunt. La va-
leur du portefeuille est de : ST − P (0,T
S0
) × P (T, T ) = ST − P (0,T ) .
S0
– Portefeuille 2 : Le détenteur achète l’actif risqué au prix F0T alors qu’il cote ST . La valeur
du portefeuille est donc de ST − F0T .
D’après l’hypothèse d’Absence d’Opportunités d’Arbitrage, les portefeuilles ont la même valeur
à la création du contrat. Ils ont donc la même valeur à la date de maturité, ce qui nous permet
d’écrire (6.3).
S0
ST − F0T = ST − (6.3)
P (0, T )
Le prix à terme est donc déterminé par :
S0
F0T = (6.4)
P (0, T )
Avec le prix à terme ainsi déterminé, la valeur du contrat est donc nulle à sa création. Dès
que la durée à la maturité diminue, le contrat commence immédiatement à prendre de la valeur
(ou en perdre selon le type de position : acheteuse ou vendeuse) en fonction de l’évolution du
sous-jacent. A un moment t donné, il est possible de déterminer la valeur du contrat par un
raisonnement d’absence d’opportunités d’arbitrage : à cette date, une position inverse dans un
nouveau contrat à terme dont le prix à terme est alors de FtT vient annuler la position initiale.
Nous pouvons alors en déduire la valeur du contrat à tout instant t :
FtT − F0T
Vt = (6.5)
P (t, T )
Nous pouvons d’ailleurs mentionner qu’en pratique les contrats à terme sont utilisés à des fins
de couverture et de spéculation et sont toujours débouclés avant le terme, afin de ne pas donner
lieu à la livraison physique du sous-jacent, qui est généralement une matière première ou un
produit agricole.
Dans notre cadre, nous considérerons une stratégie de portefeuille hybride, où l’épargne col-
lectée auprès des assurés sera investie dans trois types d’instruments financiers différents :
Afin de créer une telle stratégie, il est donc nécessaire de déterminer les paramètres optimaux, à
savoir le nombre de contrats à terme et les allocations en actions et en obligations. En pratique,
nous verrons dans la dernière section comment déterminer ces paramètres en fonction des critères
que nous nous fixons.
Impact Studies" (QIS) de Solvabilité II, où un unique "scénario catastrophe" permet au régula-
teur d’apprécier le comportement de chaque assureur dans une situation critique. Afin de mieux
comprendre ce qui se cache derrière l’approche tychastique, penchons-nous brièvement sur son
origine : la théorie de la viabilité.
– Étape 1 : Calcul, à partir d’un modèle de prévision, des bornes inférieures des rendements
futurs du sous-jacent au contrat, où encore du réservoir tychastique. L’ensemble des ren-
dements supérieurs à ce plancher définit alors la correspondance tychastique, c’est-à-dire
l’ensemble d’incertitude dans lequel le rendement réalisé pourra tomber.
– Étape 2 : Calcul de l’investissement garanti minimum, ainsi que des règles de gestion per-
mettant d’aboutir à ce minium. De façon logique, plus le réservoir tychastique augmente
et plus le capital économique augmentera lui-aussi, la situation devenant plus exigeante.
l’OBPI.
Concernant le "buy and hold", nous nous proposons d’évaluer l’impact de l’allocation cible
sur la rentabilité et de déterminer la composition de portefeuille idéale. Concernant la méthode
CPPI, c’est le choix du coefficient multiplicateur qui retiendra notre attention : nous avons effec-
tué des analyses de sensibilités afin de quantifier l’impact de celui-ci. Pour finir, nous tenterons
d’apporter une solution au paradoxe créé par la méthode OBPI : plus l’investisseur désire une
protection importante et plus il choisit des options de vente avec un haut prix d’exercice afin
de maximiser la couverture apportée par l’option ; mais plus le prix d’exercice est élevé et plus
l’option de vente coûte cher. Il y a donc un équilibre à trouver dont nous avons tenté de nous
rapprocher grâce à des analyses de sensibilités.
14. voir par exemple le contrat BNP Paribas M98 détaillé ci-après.
∗∗∗
Notre générateur de scénarios économiques et notre outil de valorisation ont pu être finalisés
au cours des chapitres précédents. Ils permettent d’analyser la rentabilité des contrats d’assurance
vie à garanties complexes que nous avons introduits dans le premier chapitre. Nous présentons
dans le chapitre suivant les résultats de notre étude.
Dans cette section, nous nous proposons de mettre en application ce qui a été présenté pré-
cédemment afin d’analyser la rentabilité de plusieurs contrats à fenêtre qu’il est possible de
trouver sur le marché de l’assurance vie en France. L’objectif de cette partie est double. Nous
apporterons ainsi des réponses aux deux types de questions suivantes :
– pour un contrat donné, quelle est la stratégie optimale pour l’assureur ? Nous nous sommes
attachés à trouver la stratégie qui maximise l’espérance de profit futur, tout en minimisant
le risque. Ceci nous a permis de déterminer le montant en capital requis pour ces types de
contrat afin de garantir la solvabilité de l’assureur à horizon un an dans 99,5% des cas.
– Une fois la stratégie optimale déterminée pour nos contrats, quel est le coût de ses diffé-
rentes garanties ? Quel est leur impact sur le risque et la rentabilité ?
Afin de répondre à ces deux questions, nous devons fixer plusieurs paramètres :
– le contrat modélisé,
– la mesure de rentabilité,
– la mesure du risque
– la stratégie d’investissement.
Nous avons décidé de modéliser deux types de contrat : un contrat à durée aléatoire et
un contrat à durée déterminée. A l’image du contrat Triple Horizon présenté dans le premier
chapitre, le contrat à durée aléatoire se termine dès que la performance de l’indice sous-jacent
est positive par rapport à son niveau initial. Pour le contrat à durée déterminée, nous avons pris
une durée de 8 ans qui semble commune à des nombreux contrats à fenêtre sur le marché. Nous
retrouvons dans le tableau 7.1 p. 98 les spécificités de ces deux contrats.
97
98 Les choix de modélisation
V aR(X, T, N, α) = X ((1−α)N ) .
La TVaR est donc estimée par la moyenne empirique des 75 plus mauvaises valeurs de la renta-
bilité ici.
Grâce à ces différents paramètres, nous avons pu quantifier le risque associé à chaque dis-
tribution, et ainsi déterminer la meilleure stratégie. Néanmoins, nous devons nous donner des
critères permettant de sélectionner les meilleures stratégies sur la base de ces mesures. Pour
cela, nous adoptons, entre autres, le critère de dominance suivant.
Définition 7.1.1
Pour une stratégie de gestion dynamique S, un nombre de simulations N , un horizon T , un
coefficient de confiance α et une distribution de New Business Value X associée, nous appelons
résultat la variable R ∈ R définie par le triplet
R(S, T, N, α, X) = (ER [X, T, N, α]; V aRR (X, T, N, α); T V aRR (X, T, N, α)).
Définition 7.1.2
Soient R1 et R2 deux résultats calculés avec le même nombre de simulations, le même horizon
temporel et le même coefficient de confiance, alors R1 domine R2 si et seulement si :
– Épargne apportée par les assurés : 200.000 €(200 parts ayant chacune 1000 €de valeur
liquidative).
– Coût annuel du capital : 8%.
– Frais de rachats : 5%.
– Fréquence annuelle des rachats : 1%.
– Valeur initiale de l’actif risqué : 3.100.
– Corrélation entre les mouvements browniens de l’actif risqué et des taux d’in-
térêt : 0,7.
– Valeur de la prime de risque λ : 0,01.
– Taux d’intérêt court : nous prenons le taux LIBOR d’échéance 1 mois, de valeur initiale
0,40%. (Valeur au mois d’avril 2012)
– Valeur initiale des obligations zéro coupon de maturité 8 ans : 0,79 (donnée par
le modèle CIR à partir de la valeur du taux court).
– Valeur initiale des obligations zéro coupon de maturité 3 ans : 0,9170 (donnée
par le modèle CIR).
– Pas de temps pour la simulation des variables économiques : 1 mois.
– Fréquence de constatation des performances de l’actif risqué : 6 mois.
– Fréquence de modification de la composition du portefeuille : 1 mois.
– Valeur des frais de fonctionnement : nous supposons par souci de simplicité que ceux-
ci se compensent exactement avec les chargements de l’assureur, c’est pourquoi ces deux
valeurs sont fixées à 0.
Afin de comparer les différentes stratégies entre elles, nous effectuons dans un premier temps
des simulations avec la stratégie Constant mix. L’allocation optimale choisie nous servira de
référence 7 pour étudier les résultats donnés par les autres stratégies. Le graphique 7.1 p. 101
présente l’évolution de la rentabilité moyenne, de la Value-at-Risk et de l’Expected Shortfall en
fonction de l’allocation en actifs risqués. Ce graphique illustre bien ce qui a été mentionné en
introduction, à savoir que la commercialisation d’un contrat à fenêtre nécessite des compromis.
En effet, il n’y a aucune stratégie Constant mix qui domine toutes les autres au sens de la
définition donnée ci-dessus. Si l’assureur veut augmenter son espérance de rentabilité, il doit
en contrepartie supporter un risque plus important (ce qui se traduira par une immobilisation
de capital plus importante et donc une baisse de rentabilité). Néanmoins, nous pouvons voir
qu’il existe une stratégie pour laquelle les deux critères de risques sont simultanément minimi-
sés : il s’agit d’une allocation avec 17% d’actions et 83% d’obligations. Pour cette stratégie, la
distribution des valeurs de la NBV est présentée sur la figure 7.2 p.101.
Cette distribution paraît assez intéressante pour l’assureur. En effet, elle possède une queue
gauche assez fine, et souligne des possibilités de gros gains non négligeables. Pour la stratégie
Constant mix, les meilleures allocations présentent les caractéristiques que le lecteur trouvera
dans le tableau 7.2 p.102.
Figure 7.2 – Distribution des NBV pour l’allocation 83% obligations - 17% actions.
A ce stade, il est important de se rappeler que les contrats à terme ont un coût nul lors de leur
création, mais ils peuvent générer une perte à la date de maturité 10 . Ces contrats introduisent
donc un risque supplémentaire dans le portefeuille de l’assureur. Le tableau 7.3 p.102 résume les
meilleurs résultats obtenus, en fonction des différents paramètres 11 .
Allocation Type de contrat à terme Nombre de contrats NBV moyenne VaR TVaR
89-11 Achat 3 20.289 -18.868 -25.322
87-13 Achat 3 19.653 -18.129 -25.022
86-14 Achat 2 20.051 -18.758 -25.431
85-15 - 0 21.166 -19.870 -27.834
85-15 Achat 1 20.449 -19.037 -26.171
26-74 Vente 36 27.124 -31.517 -41.791
24-76 Vente 38 27.844 -31.894 -41.693
22-78 Vente 38 27.127 -31.403 -41.201
20-80 Vente 40 27.842 -32.542 -40.877
18-82 Vente 42 28.552 -32.536 -41.829
16-84 Vente 42 27.828 -32.060 -40.381
– Concernant les stratégies impliquant des contrats d’achat à terme, les allocations optimales
sont toujours proches des allocations optimales pour les stratégies Constant mix et le
nombre de contrats dans lequel il est préférable de s’engager est très faible. Cela signifie
que ces contrats permettent de réduire le risque car ils apportent une couverture pour les
scénarios où l’actif risqué augmente très fortement. En effet, dans ce type de scénarios, cette
augmentation conduit à une hausse des engagements de l’assureur envers l’assuré et les
plus-values réalisées sur les contrats à terme permettent de compenser les pertes effectuées.
En contrepartie, pour tous les scénarios ou la valeur finale de l’indice est inférieure à celle
du prix à terme, ces contrats génèrent une perte, ce qui contribue à diminuer la rentabilité
moyenne.
– Pour les stratégies impliquant des contrats de vente à terme, l’assureur obtient une meilleure
rentabilité moyenne, mais son risque augmente. De manière symétrique aux contrats
d’achat, les contrats de vente permettent de réduire l’exposition de l’assureur lorsque
le sous-jacent baisse 12 , mais ils génèrent des pertes lorsque celui-ci augmente.
Pour les contrats d’achat à terme, nous constatons que ceux-ci exposent fortement l’assureur,
dont le risque augmente très rapidement lorsqu’il s’engage dans ceux-ci. Le graphique 7.3 p.103
représente le profil de risque de l’assureur.
Figure 7.3 – Profil de risque de l’assureur pour des contrats d’achat à terme.
Nous pouvons ainsi constater qu’il existe une zone où le risque est minimal, mais celui-ci
augmente très rapidement lorsque l’allocation en actifs risqués augmente. Cette augmentation
est moins tranchée lorsque l’assureur s’engage dans des contrats de vente à terme, comme nous
pouvons le voir dans le graphique 7.4 p.104.
Figure 7.4 – Profil de risque de l’assureur pour des contrats de vente à terme.
13. Les stratégies avec un coefficient supérieur à 4 donnant des résultats exposant l’assureur à un risque trop
important.
Figure 7.6 – Profil du risque extrême supporté par l’assureur en fonction du nombre d’options
et du prix d’exercice
Nous avons fait varier le prix d’exercice de ces options de 2.000 à 5.000. Nous constatons que
ces stratégies fournissent de bons résultats pour certains scénarios spécifiques et conduisent à
une rentabilité intéressante, mais elles exposent l’assureur à un risque extrême très fort, comme
nous pouvons le voir sur le graphique 7.6 p.105.
Afin de départager les stratégies les plus intéressantes , nous devons utiliser un autre indi-
cateur de rentabilité mentionné au début de ce mémoire : le RAROC 14 . Le RAROC est donc
E[N BVmoyenne ]
défini par : RAROC = |V aR| .
Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 7.4 p.106.
Ces résultats nous incitent à retenir la stratégie suivante pour étudier le coût des garanties
associées à ce contrat : stratégie Constant mix investie à 87% en obligations et 13% en actions
avec engagement initial dans 3 contrats d’achat à terme.
Allocation Type de contrat à terme Nombre de contrats NBV moyenne VaR RAROC
89-11 Achat 3 20.289 -18.868 1,0753
87-13 Achat 3 19.653 -18.129 1,0840
86-14 Achat 2 20.051 -18.758 1,0689
85-15 - 0 21.166 -19.870 1,0652
85-15 Achat 1 20.449 -19.037 1,0741
26-74 Vente 36 27.124 -31.517 0,8607
24-76 Vente 38 27.844 -31.894 0,8730
22-78 Vente 38 27.127 -31.403 0,8638
20-80 Vente 40 27.842 -32.542 0,8555
18-82 Vente 42 28.552 -32.536 0,8775
16-84 Vente 42 27.828 -32.060 0,7939
Table 7.4 – Comment départager les stratégies pour lesquelles nous n’observons pas de domi-
nance explicite ?
– Les options d’achat permettent à l’assureur de se couvrir contre une forte hausse du sous-
jacent, qui vient augmenter la valeur de son engagement. Dans l’exemple que nous avons
considéré, l’engagement est plafonné de façon absolue à 7.25% par année, et le risque de
forte hausse est donc limité. Ainsi, pour ce type de contrat, les options d’achat n’ont
un intérêt que si la performance du sous-jacent est comprise entre 0% et 7.25%, ce qui
correspond à un cadre trop restrictif. Le gain réalisé dans ces situations ne permet pas de
compenser globalement les pertes enregistrées sur ces options lorsque l’indice sous-jacent
fait une performance négative.
– Les options de vente, quant à elles, ont pour vocation de couvrir l’assureur en cas de baisse
du sous-jacent. Encore une fois, pour le contrat modélisé ici, l’assureur n’est exposé à la
baisse que dans une limite de -50%, et les options de vente ne présentent pas un réel attrait.
– La durée du contrat étant aléatoire, la question de la maturité des options se pose. Si nous
choisissons une maturité égale à la durée maximale du contrat (ici 3 ans) et que celui-ci se
termine au bout de 1 an ou 2 ans, il est nécessaire de valoriser à nouveau ces options afin
de calculer le prix auquel elles sont revendues. Pour cela, il nous faut disposer du nouveau
taux sans risque à horizon 1 an 15 , alors que le seul 16 taux que nous simulons est le taux
LIBOR à 1 mois.
Concernant les autres stratégies, nous décidons de faire les hypothèses suivantes :
– les contrats d’achat et de vente à terme dans lesquels entre l’assureur ont une maturité
de 3 ans. Si le contrat se termine avant cette date 17 , nous calculons la valeur actuelle du
15. Nécessaire pour valoriser les options dans la formule de Black-Scholes adaptée au modèle à changement de
régime.
16. Il aurait donc été nécessaire de modéliser l’intégralité de la courbe des taux, ce qui n’est pas l’objet de ce
mémoire, et que nous n’avons pas eu le temps de réaliser.
17. C’est-à-dire si la performance de l’indice par rapport à son niveau initial est positive
Comme nous pouvons le voir dans le graphe 7.7 p.107, la stratégie Constant mix ne donne
pas de bons résultats : elle fournit une très faible rentabilité moyenne, voire négative, et expose
l’assureur à un risque important.
Figure 7.7 – Stratégie constant mix pour les contrats à durée aléatoire.
La stratégie CPPI ne fournit pas non plus de bons résultats. Elle ne parvient pas à capter
la valeur de l’engagement de l’assureur, et à adapter l’allocation cible en conséquence. Cette
stratégie ne peut fournir de bons résultats que lorsque l’engagement au terme est connu de
façon relativement certaine. Cette analyse est illustrée par le graphique 7.8 p.108.
Nous ne présentons pas ici les résultats fournis par la stratégie incluant des contrats d’achat
à terme, car les résultats sont extrêmement mauvais. Afin de trouver une explication à ces
mauvais résultats, nous pouvons invoquer un argument identique à celui qui nous a conduits
à ne pas utiliser des options d’achat pour ce type de contrat : la performance étant plafonnée,
les contrats d’achat sont inutiles car l’assureur n’a pas besoin de se couvrir contre le risque
de hausse. Ce sont les garanties contractuelles qui jouent ce rôle. Ces contrats ne contribuent
donc qu’à générer des pertes lorsque le prix de l’actif risqué à la clôture du contrat est inférieur
au prix à terme. Il est donc naturel de penser que ce sont les contrats de vente à terme qui
fourniront les meilleurs résultats, car ils permettent de générer du profit lorsque l’actif risqué
18. Le calcul de cette valeur a été détaillé dans la section présentant les différentes stratégies de portefeuille
19. C’est-à-dire la valeur du plancher
n’a pas effectué de bonnes performances. En effet, le scénario que redoute l’assureur est ici une
baisse de l’actif risqué pendant 2 ans, puis une remontée jusqu’à un niveau faiblement supérieur
au niveau initial, ce qui l’oblige à verser une rémunération de 3 × 7, 25% à l’assuré. Dans ce cas,
les contrats de vente à terme permettent alors de générer un bénéfice pour compenser ce manque
à gagner. Afin d’étudier la stratégie optimale, nous avons fait varier le nombre de contrats et
l’allocation en actifs risqués de 0 à 100 par pas de 3. Ces stratégies fournissent des résultats
relativement corrects en terme de rentabilité moyenne, mais elles exposent l’assureur à un risque
trop important, comme nous pouvons le voir sur le graphique 7.9 p.109.
Il est à noter que l’ensemble des stratégies, pour lesquelles la VaR a des valeurs acceptables
(autour de 20.000), possède des rentabilités négatives (non représenté sur ce graphique). Les
rentabilités positives ne sont atteintes que pour un niveau de risque proche de 100.000€, c’est-
à-dire les stratégies se situant "aux extrémités" de ce graphique.
Les stratégies présentées ici ont toutes le même défaut ; elles ne s’adaptent pas suffisamment
à la nature du contrat et ne sont pas assez réactives en terme de changement de la composition
du portefeuille. La stratégie Constant mix notamment ne convient pas pour des investissements
à si court terme (la durée du contrat peut n’être que d’un an).
En outre, il devient nécessaire ici d’anticiper la fin du contrat si l’indice devient fortement
positif, et inversement si la performance est négative. Afin de remédier à cela, nous utilisons la
stratégie Constant mix avec anticipations statiques. Nous adoptons la règle de décision suivante.
Dès que la performance de l’indice a été positive le dernier mois, nous adoptons une allocation
stratégique avec un pourcentage d’actions très important (noté pactions ). A l’inverse, lorsque la
performance a été négative, nous considérons une stratégie prudente et investissons la quasi-
totalité de l’épargne en obligations (le pourcentage est noté pobligations ). Nous nous donnons
même la possibilité d’investir plus que le montant de l’épargne en obligations, en vendant des
actions à découvert.
Figure 7.9 – Value-at-Risk pour les stratégies impliquant des contrats de vente à terme.
Afin de déterminer la meilleure allocation, nous faisons varier pactions entre 60% et 100%,
et pobligations entre 80% et 130%. Nous observons les Value-at-Risk de ces combinaisons sur le
graphique 7.10 p.110.
Nous observons sur le graphique 7.10 p.110 que l’assureur est exposé à un risque beaucoup
plus faible avec cette stratégie : la valeur maximale de Value-at-Risk se situe entre 30.000€et
35.000€. En outre, les rentabilités associées ont une valeur raisonnable. Nous présentons dans le
tableau 7.5 p.109 les stratégies permettant de minimiser le risque associé à cette stratégie. Nous
avons déterminé le quantile de la distribution tel que la valeur de la NBV est nulle.
Table 7.5 – Caractéristiques des stratégies Constant mix avec anticipations statiques optimales
Le tableau 7.5 nous incite à retenir la stratégie pactions = 84% et pobligations = 129%. Le ca-
pital associé à cette stratégie est donc de 12.644€, et la distribution des New Business Value est
présentée sur le graphe 7.11 p.110 , pour les 15.000 simulations. La stratégie optimale implique
la vente d’actions à découvert : nous tenons ici à souligner le fait qu’en pratique, il n’est pas
Figure 7.10 – Value-at-Risk pour la stratégie Constant mix avec anticipations statiques.
forcément simple pour l’assureur de mettre en place une telle stratégie, qui serait vraisembla-
blement peu appréciée par le régulateur dans le contexte économique actuel.
Figure 7.11 – Distribution des New Business Value pour la stratégie Constant mix avec anti-
cipations statiques, avec pactions = 83% et pobligations = 129%
Nous pouvons constater que cette distribution ne présente plus la forme gaussienne que nous
avions observée pour le cas de la stratégie Constant mix 83% d’obligations et 17% d’actions.
– la garantie plancher,
– le plafonnement de la performance à hauteur de 70%,
– la garantie cliquet : nous quantifions le gain réalisé en retenant toutes les performances de
l’indice pour le calcul de l’indice, et non uniquement les performances supérieures à toutes
les performances passées.
Les résultats obtenus pour la garantie cliquet sont présentés dans le tableau 7.6 p. 112.
Le tableau 7.7 p. 112 présente les résultats obtenus pour le plafonnement de la performance.
Pour finir, nous pouvons constater que la garantie plancher n’a ici aucun coût pour l’assureur.
En effet, celui-ci est déjà intégré dans la garantie cliquet : si les performances enregistrées par
l’actif sous-jacent sont négatives, elles ne sont pas prises en compte dans le calcul de la moyenne
car elles sont inférieures à 0, et donc par conséquent inférieures à la meilleure performance
réalisée jusque-là. Ces résultats montrent donc que la garantie qui a la valeur la plus importante
pour ce type de contrat est le plafonnement de la performance. Sans cette garantie, l’assureur
est exposé à un risque très fort, ce qui augmente le montant de capital à immobiliser et diminue
de façon très significative la rentabilité du contrat.
Nous pouvons remarquer que le coût d’une hausse de la performance servie n’évolue pas com-
plètement linéairement. Nous notons qu’une baisse de deux points de pourcentage par rapport
à un coupon annuel de 7, 25% équivaut au gain que l’assureur ferait s’il haussait de 2 points
de pourcentage sa garantie. En revanche, le gain obtenu est inférieur à la perte constatée si la
variation n’était que de 1 point de pourcentage.
Garantie plancher dans la limite d’une baisse de 50% Capital à immobiliser Rentabilité moyenne
OUI 0 0
NON -8.643 +7.947
La garantie plancher a un coût assez important puisque son coût équivaut à près de la moitié
de la moyenne des NBV du contrat à durée aléatoire étudié.
Conclusion
Dans ce mémoire, nous avons analysé la rentabilité des contrats d’assurance vie à garanties
financières complexes dans le référentiel Solvabilité II. Nous nous sommes attachés à construire
un cadre pertinent permettant de modéliser différents produits présents dans le marché de l’assu-
rance vie, afin d’évaluer le capital économique nécessaire et la stratégie de portefeuille optimale
associée. A partir de ces éléments, nous avons pu mettre à l’épreuve les différentes garanties et
analyser séparément leur impact sur la rentabilité.
Par le biais des modèles de taux d’intérêt et d’action à changement de régime, nous avons
voulu appréhender le risque d’une manière cohérente à la fois avec la théorie économique et
avec les comportements actuels des marchés financiers. L’analyse de contrats à fenêtre réelle-
ment commercialisés nous a permis de confronter cette modélisation aux pratiques de marché.
D’autre part, en mettant en place un outil d’évaluation ALM bâti dans l’optique du modèle
interne partiel de Solvabilité II, nous avons souhaité nous inscrire dans le cadre de la réforme
prudentielle.
Nous avons ainsi pu étudier le coût des différentes garanties (plancher, cliquet, durée du
contrat, mode de calcul de la performance) en mettant en place plusieurs stratégies de gestion
de portefeuille. Nous retiendrons en particulier que dans le cas d’un contrat à durée aléatoire et à
garantie partielle en capital avec un rendement fixe de 7,25% par an, la stratégie que nous avons
proposée reposant sur la théorie économique des anticipations est optimale. Les stratégies CPPI
et à allocation constante ne sont pas rentables pour un niveau de risque raisonnable. Lorsque
la performance est corrélée à celle de l’actif risqué de référence et que la durée du contrat est
fixe (8 ans), alors la stratégie à allocations constantes domine toutes les autres stratégies, et
l’introduction de contrats à terme permet une diminution du risque en contrepartie d’une faible
baisse de la rentabilité.
Les stratégies de couverture à l’aide d’options sur l’actif sous-jacent (OBPI) donnent de bons
résultats mais elles exposent l’assureur à un fort risque de marché. Nous regrettons cependant
de ne pas avoir pu implémenter un modèle permettant de tester la couverture pour les contrats
à durée aléatoire, ni le risque de contrepartie engendré par l’utilisation de ces options. Au même
titre, à l’heure où la crise de la dette fait s’envoler les spreads de plusieurs États membres de
l’Union Européenne, il aurait était intéressant d’introduire le risque de défaut dans le modèle
des obligations. Aussi nous laissons-nous la possibilité de prolonger nos travaux en cette direction.
Concernant le coût des différentes garanties financières, nous avons montré que, pour le
contrat à durée fixe, le plafonnement de la performance à hauteur de 70% retenu est nécessaire
115
116 CHAPITRE 8. CONCLUSION
pour la viabilité économique du contrat. Pour les contrats à durée aléatoire, nous montrons que
la rentabilité et le capital économique varient linéairement en fonction du pourcentage annuel
de revalorisation de l’épargne (ici 7,25%).
Pour conclure, nous constatons que la mise en place d’un contrat à garanties financières
complexes se fait au travers d’un processus d’analyse global : après avoir identifié les garanties
possédant un réel attrait pour les assurés (étape marketing), la prise de décision est effectuée
dans un cadre global d’appétence au risque de l’assureur, en trouvant la meilleure stratégie au
sens d’un ou plusieurs critères cibles. Ceci permet de déterminer le capital économique qu’il
est nécessaire d’immobiliser pour l’assureur ainsi que les critères qui permettent de piloter le
produit tout au long de sa durée de vie. Ce montant de capital correspond à la réalité écono-
mique du produit, et peut différer du montant réglementaire. Partant de ce constat, il aurait
pu être intéressant de quantifier l’écart entre ces deux montants pour les différents types de
contrats étudiés, afin de déterminer les produits possédant un réel intérêt pour l’assureur dans
le référentiel Solvabilité II.
Annexes
117
118 Méthode de simulation des Equations Différentielles Stochastiques
Remarque. A ce titre, il est intéressant de noter avec [34] que toute EDS 9.1 doit pour
assurer une unicité de la solution vérifier :
Corollaire 9.2.1.
Enfin, pour assurer que le processus soit bien défini dans R+ , il doit vérifier entre autres :
Corollaire 9.2.2.
Afin de déterminer cette solution numérique, des méthodes discrétisant les processus existent.
La méthode la plus répandue est celle d’Euler, la méthode de Maruyama et celle de Milstein la
complètent.
Z T n
f (w, t)dBt = lim f (wt )(Bti+1 − Bti )
X
p.s.
0 n→∞
i=1
On peut alors noter avec [42] que pour simuler un processus (X)t , on peut recourir à une
décomposition de l’intervalle d’étude [0,T] en m intervalles de longueur h = m
T
, ce qui donne :
√
Xkh = X(k−1)h + µ((k − 1)h, X(k−1)h ) × h + σ((k − 1)h, X(k−1)h ) × hk
où k ,→ N(0, 1) avec les k i.i.d.
1. On rappelle qu’une fonction élémentaire f ∈ HT2 est dite élémentaire si f est de la forme :
n−1
X
f (w, t) = ati (w)1]ti ;ti+1 (t)]
i=0
où ati (w) ∈ Fti (c’est-à-dire la filtration brownienne), 0 = t0 < .. < tn = T est une partition de [0; T ] et pour
toute fonction f, HT2 = {f ∈ L2 (dP × dt) : ft ∈ Ft ∀t ∈ [0; T ]}
2. présentée notamment par [44].
Il est à noter que nous nous plaçons ici dans le cadre d’un portefeuille auto-finançant, c’est-
à-dire que la valeur du portefeuille ne dépend que du montant initialement investi. En d’autres
termes, il n’y aura pas d’autres injections d’argent que celle effectuée au temps t = 0. Ceci
implique qu’à tout moment, la proportion de la richesse investie dans l’actif sans risque est
1 − αt . Le paramètre αt n’est pas nécessairement compris entre 0 et 1 4 . Nous modélisons par
la suite la dynamique de l’actif risqué et de l’actif sans risque par des mouvements browniens
géométriques, c’est-à-dire :
dP (t, T )
= µP dt + σP dBt
P (t, T )
dSt
= µS dt + σS dBt
St
avec :
3. On peut en effet citer, en outre, la transformation de Doss qui permet d’améliorer la vitesse de convergence,
mais qui introduit du biais dans la distribution limite du processus simulé.
4. En effet, αt ≥ 1 revient à emprunter (c’est-à-dire vendre de l’actif sans risque) pour acheter de l’actif risqué
et αt ≤ 0 revient à vendre l’actif risqué à découvert pour investir dans l’actif sans risque.
Introduisons maintenant la valeur forward d’un titre, c’est-à-dire le prix auquel un investis-
seur rationnel serait d’accord pour vendre ce titre à un moment donné dans le futur ou encore
le prix de l’emprunt qui permettrait d’acheter ce titre aujourd’hui et qui ne serait remboursé
qu’à cette date future. Les valeurs forward de l’actif risqué, de notre richesse et de l’actif sans
risque sont notées comme ceci :
St
St =
P (t, T )
V CP P I
VtCP P I = t
P (t, T )
P (t, T )
P (t, T ) = =1
P (t, T )
dP (t,T )
Il est alors évident que = 0 6 et nous pouvons ainsi écrire la dynamique de la richesse
P (t,T
forward du portefeuille :
dVtCP P I dSt
= αt ×
VtCP P I St
Théorème 9.3.1. Pour Xt un processus d’Itô et f (Xt , t) une fonction C 2 (R × R+ , R), nous
avons
∂f ∂f 1 ∂2f
d(f (Xt , t)) = (Xt , t)dt + (Xt , t)dXt + (Xt , t)hdXt , dXt i
∂t ∂x 2 ∂x2
ce qui nous donne, pour X et Y deux processus d’Itô :
Xt 1
d( ) = d(Xt × )
Yt Yt
1 1 1
= × d(Xt ) + Xt × + hdXt , d( )i
Yt d(Yt ) Yt
1 1 1
= − d(Yt ) + hd(Yt ), d(Yt )i
d(Yt ) Yt2 Yt3
1 1
= − 2 d(Yt ) + dt
Yt Yt3
Et nous en déduisons :
Xt 1 Xt Xt 1
d( ) = × d(Xt ) − 2 d(Yt ) + 3 hd(Yt ), d(Yt )i − 2 hd(Xt ), d(Yt )i
Yt Yt Yt Yt Yt
D’où :
S(t)
d(S(t)) = d
P (t, T )
d(S(t)) d(P (t, T )) d(P (t, T )) d(S(t)) d(P (t, T ))
= S(t) × ( − +h − , i)
S(t) P (t, T ) P (t, T ) S(t) P (t, T )
Et en se rappelant que :
dP (t, T )
= µP dt + σP dBt
P (t, T )
dS(t)
= µS dt + σS dBt
St
d(S(t)
= µS dt + σS dBt − µP dt − σP dBt + hσP dBt − σS dBt , σP dBt i
S(t)
= (µS − µP )dt + (σS − σP )dBt + h(σP − σS )dBt , σP dBt i
= (µS − µP )dt + (σS − σP )dBt + σP (σP − σS )dt
= πt dt + σt dBt
en posant :
πt = (µS − µP ) + σP (σP − σS )
σt = (σP − σS )
Nous connaissons donc maintenant la dynamique de la richesse forward VtCP P I et nous nous
intéressons maintenant à la résolution du problème de Markowitz, que nous pouvons réécrire :
α
sup {E[U (VT [t,T ] )]} sous contrainte de V0 = v
α[t,T ] ∈R
où α[t1 ,t2 ] représente la stratégie optimale entre les instants t1 et t2 . Par simplicité de notation,
nous remplaçons le symbole VtCP P I par Vt .
Pour résoudre ce problème, nous pouvons utiliser le principe de la programmation dyna-
mique, introduit par Pham(2007), Demange et Rochet(2005) et Fleming Soner(1992). Ce prin-
cipe consiste à diviser l’intervalle sur lequel on optimise de façon itérative en appliquant successi-
vement le principe suivant : optimiser entre 0 et T revient à supposer que nous savons optimiser
entre 0 et T2 et qu’il ne reste plus qu’à le faire entre T2 et T . De façon mathématique, la solution
de notre problème à tout instant t est donc la fonction valeur définie par le jacobien (9.3) :
α
J(t, v) = sup {E[U (VT [t,T ] ) | Vt = v]} (9.3)
α[t,T ] ∈R
α[t,t1 ]
J(t, v) = sup {E[J(t1 , Vt1 ) | Vt = v]}
α[t,t1 ] ∈R
Hamilton, Jacobi et Bellman ont montré que la solution de ce problème était solution de
l’équation différentielle suivante, connue sous le nom d’équation HJB donnée par (9.4).
∂J 1 ∂2J
sup{αt πt v (t, v) + αt σt αt v 2 2 (t, v)}
αt ∂v 2 ∂v
Comme nous l’avons vu ci-dessus, les fonctions d’utilité utilisées sont croissantes U 0 (.) ≥ 0 et
∂2J
∂t (t, v) ≥ 0 et ∂v 2 (t, v) ≤ 0. Le problème se réécrit alors :
concaves U 00 (.) ≤ 0, ce qui implique ∂J
2
1 v ∂∂vJ2
sup{αt πt + αt σt αt }
αt 2 ∂J∂v
πt
α∗ (t, v) =
σt × λ(t, v)
avec :
2
v ∂∂vJ2
λ(t, v) = − ∂J
∂v
∂J 1 ( ∂J
∂v )
2
1
(t, v) − πt πt = 0
∂t 2 ∂ 2 J2 σt
∂v
Afin de déterminer la solution optimale, nous devons à ce stade spécifier une fonction d’uti-
lité pour l’investisseur. Nous choisissons une fonction de type Constant Relative Risk Aversion
(CRRA), c’est-à-dire que la fraction de richesse investie dans l’actif risqué ne change pas lorsque
cette richesse augmente (ou diminue). Une fonction d’utilité U (.) CRRA est caractérisée par un
00 (w)
indice d’aversion relatif au risque R(w) = −w UU 0 (w) constant pour toute valeur de la richesse
1−γ
w. Considérons par exemple la fonction d’utilité U (x) = x1−γ , où γ est l’indice d’aversion au
risque de l’individu. Nous allons maintenant résoudre l’équation HJB en cherchant une solution
de la forme J(t, v) = f (t)g(v). Afin d’assurer l’unicité de la solution, nous posons f (T ) = 1, ce
qui implique que J(T, v) = g(v) = U (v), car il n’y a plus d’incertitude lorsque la période sur
laquelle nous optimisons est terminée (lorsque t = T ). Nous avons donc :
∂J
(t, v) = U (v)f 0 (t)
∂t
∂J
(t, v) = f (t) × x−γ
∂v
∂2J
= −γf (t)v −γ−1
∂v 2
πt
α∗ (t, v) =
σt × λ(t, v)
−f (t)v −γ 1
= πt
−vγf (t)v −γ−1 σt
πt
=
γσt
Nous voyons que l’allocation optimale à tout instant est de conserver une proportion constante
d’actif risqué dans son portefeuille. Plus l’aversion au risque γ de l’individu est forte et plus l’al-
location en actif risqué est faible. En notant αγ l’allocation optimale pour un niveau d’aversion
au risque donné, nous pouvons finalement exprimer la dynamique de richesse forward de l’inves-
dVtCP P I
tisseur en nous rappelant que = αt × dS(t) . En appliquant la formule d’Itô, nous pouvons
VtCP P I S(t)
écrire :
d(VtCP P I ) 1 1
d(log(VtCP P I ))) = − × hd(VtCP P I ), d(VtCP P I )i
VtCP P I 2 V (t)2
d(VtCP P I ) 1 d(VtCP P I ) d(VtCP P I )
= − h , i
VtCP P I 2 VtCP P I VtCP P I
d(S(t)) 1 2
= α − α hπt dt + σt dWt , πt dt + σt dWt i
S(t) 2
d(S(t)) 1 2 2
= α − α σt dt
S(t) 2
De même :
Soit :
d(S(t)) 1
= d(log(S(t))) + σt2 dt
S(t) 2
Et donc :
1 1
d(log(VtCP P I )) = α × (d(log(S(t))) + σt2 dt) − α2 σt2 dt
2 2
1
= αd(log(S(t))) + ( (α − α2 )σt2 )dt
2
La dynamique de richesse ci-dessous est celle d’un investisseur qui investit toujours une
proportion constante de sa richesse dans l’actif risqué. Cette stratégie, qui correspond à des
fonctions d’utilité CRRA, est appelée, en pratique,"Constant Proportion Portfolio Insurance".
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[77] Site pour consulter la fiche produit Objectif avril 2010 de Swiss life
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[78] Site pour consulter la fiche produit Garantie Emergents juin 2019 du Crédit mutuel Groupe
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[80] Site pour consulter la fiche produit Premium multigestion 3 de ARCA Patrimoine
http://www.arcapatrimoine-imaging.fr/sites/www.arcapatrimoine-imaging.fr/
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