Vous êtes sur la page 1sur 15

Cahiers de la Méditerranée

Economie rurale, économie marchande


Maurice Aymard

Citer ce document / Cite this document :

Aymard Maurice. Economie rurale, économie marchande. In: Cahiers de la Méditerranée, hors série n°1, 1976. Commerce de
gros, commerce de détail dans les pays méditerranéens (XVIe-XIXe siècles). Actes des journées d'études Bendor, 25-26 avril
1975. pp. 131-144;

doi : https://doi.org/10.3406/camed.1976.1484

https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1976_hos_1_1_1484

Fichier pdf généré le 12/05/2018


ECONOMIE RURALE, ECONOMIE MARCHANDE 1

Dans leur analyse des sociétés rurales du moyen âge ou de

.
l'époque moderne, la majorité des historiens, marxistes ou non, se
rallient volontiers, de façons plus ou moins explicite, à un schéma
binaire, fondé sur l'opposition entre économie "naturelle" et économie
"marchande". La seconde, la plus brillante, la plus moderne, a
provoqué, à partir des années 1950, les premières recherches d'histoire
quantitative, auxquelles ont correspondu des systèmes d'explication fondés
sur les mouvements des prix et la conjoncture des échanges
internationaux, celle du trafic atlantique ou de la douane du Sund .
Sans être réellement caducs, ceux-ci apparaissent
aujourd'hui dépassés ; comme si les historiens avaient redécouvert, ou pris
conscience que cette économie marchande reste longtemps minoritaire, sans
prise réelle et profonde sur la masse des populations rurales qui vit,
jusque vers 1800 au moins sans monnaie ou presque, en dehors ou à
l'écart des circuits commerciaux. Au primat de 1 ' autosubsistance
paysanne correspondait la medlar ité du pouvoir d'achat des campagnes, et
l'apathie tendancielle d'un marché intérieur non unifié. La ville se
nourrit de prélèvements -^^p^e foncière, dîmes, impôts, usure- autant
et plus que d'achats, mais son contado ne lui demande que peu, et du
superflu plus souvent que des produits de première nécessité : en temps
de disette, le grain des villes- le blé de mer-, trop cher, reste hors
de sa portée. Pour les acquisitions, ou plutôt les échanges
indispensables de services ou de produits, le commerce de détail, lié à
l'artisanat tend à s'organiser à l'intérieur de la communauté rurale en
évitant la médiation monétaire : meuniers et boulangers prélèvent au
passage leur part du grain ou de la farine, et des encoches sur un baton
viennent marquer le nombre de pains ou de livres de viande effectivement
remis au consommateur-créancier en échange de son sac de farine ou de
son mouton.
Alors que le gros des achats quotidiens s'effectue ainsi
sans monnaie, l'argent servira au contraire aux paiements non
commerciaux : l'impôt, au seigneur' <m à l'Etat, et tous les historiens, comme
les administrateurs coloniuuA de la belle époque, s'accordent à voir
- 132 -

dans la fiscalité un facteur décisif de ïïionetarisation de l'économie •


la rente foncière, quand le fermage l'emporte sur les baux à part de
fruits ; les services nécessaires ou imposés, justice, administration,
médecine, religion ; les dots et les douaires, les legs pieux et les
fondations de inesses ; le remboursenient des prêts ?- intérêt et principal*-.
S'il faut vendre pour se procurer les sommes nécessaires à ces
dépenses, les achats sont réduits au minimum. Et les deux grands
représentants du commerce urbain dans les campagnes seront d'une part le gabe-
lou (qui masque derrière l'impôt la fourniture, nécessaire mais devenue
obligatoire, du sel). De l'autre le colporteur, qui "offre sa
marchandise à son de trompe, au long de ses itinéraires accoutumés : lacets,
aiguilles, fil, agrafes, petits miroirs", et les livres bleus (R. Man-
drou) , et réussit à force de bagout à faire sortir toutes les menues
pièces de leur cachette. Belle expression d'une marginalisation qui ne
livre aux campagnes que la pacotille de la production urbaine : le grand-
commerce, celui des denrées coloniales, des matières premières et des
métaux précieux ou non, des produits "industriels" (textile, armes, etc)
fonctionne par les villes et pour elles seules. Tous les pays -même
ceux de l'Europe développée- apparaissent à l'époque moderne divisés
par une sorte de frontière : deux économies coexistent dans l'espace,
étroitement imbriquées et s 'épaulant l'une l'autre, et toute
l'histoire économique du monde occidental, entre XlIIe et XIXe siècle, serait
celle d'une longue transition ; majoritaire au départ, l'économie
"naturelle" cède peu à peu le pas, et ne subsiste aujourd'hui que sous
forme de poches résiduelles, domaine de l'ethnologue plus souvent que de
l'historien ; ce qui suffit à rappeler que la frontière entre ces
deux mondes inégalement développés est autant culturelle qu'économique.
Acceptable dans ses grandes lignes, ce schéma
d'explication pêche, sans aucun doute par excès de simplification : du passé au
présent, une évolution linéaire, sans retours possibles, celle -que celui-
ci d'ailleurs soit accepté ou contesté- du "progrès". L'exemple de
l'Italie méridionale invite à la fois à la critiquer et à en préciser les
limites. Si la Sicile permet, une fois encore les comptes les plus précis,
certaines provinces du royaume de Naples, tot engagées dans l'aventure
d'une spécialisation agricole pour l'exportation, comme les Pouilles
(blé et huile) et la Calabre (soie et huile) sont susceptibles d'une
observation identique : celle d'une "modernité" du XVIe siècle,
exceptionnelle si l'on s'en tient aux critères habituels, mais qui débouche
pourtant, entre XVIIIe et XIXe siècle sur le "sous-développement"
contemporain du Mezzogiorno.

La commercialisation de la production agricole y atteint


en effet des taux inconnus ailleurs. Elle correspond au développement
spectaculaire des exportations de denrées alimentaires et de matières
premières industrielles, mais satisfait aussi la demande intérieure. De
1480 à 1590 la Sicile réussit à exporter, bon an mal an, de 10 à 15 % de
- 133 -

sa production de blé (300 à 400 000 quintaux) et elle retrouyera ces


niveaux au milieu du XVIIIe siècle, On y ajoutera les besoins d'un
marché urbain particulièrement développé j. à elles seules , trois villes

.
comme Palerme, Messine et Catane regroupent plus de 20 % de la popula*-
tion, et les deux premières au moins doivent faire venir la quasi-tota*-
lité du grain qu'elles consomment des mêmes caricatôri où viennent
charger les navires destinés à Gênes ou à Barcelone ; seule supériorité,
elles ne paient pas les lourds droits à l'exportation (tratte) , et celle
ci ne devrait être permise qu'après vérification que les besoins du
marché intérieur sont couverts. Enfin, certaines zones rurales comme le nord-
est montagneux, doivent combler par des achats aux mêmes caricatôri un
déficit permanent en céréales, catastrophique en temps de disette. A ne
considérer donc que les seuls échanges .maritimes, les comptes du Maestro
Portulano , où sont enregistrés aussi bien les exportations proprement
dites (per fuora Regno) que le cabotage cotier, d'un port à l'autre de

.
l'île (per infra Regno) voient transiter couramment plus de 20 % de la
production céréalière (estimée, par simplification, à la somme de la
consommation intérieure, des exportations et des quantités nécessaires
aux semences) .
Encore ce secteur du grand commerce destiné aux villes et
à l'exportation ne représente-t-il qu'une part du marché du blé „ La
société sicilienne se caractérise en effet par une faiblesse structurelle
de 1' autoconsommation paysanne. La concentration de l'habitat en gros
bourgs de plusieurs milliers d'habitants, le quasi-monopole écrasant du
grand domaine sur la terre de culture et de parcours , la masse
importante des salariés agricoles ( brace ianti) , tout condamne une large part de
la population rurale -et toujours la plus pauvre- à acheter son pain :
cette société de paysans subira la disette comme des consommateurs
urbains (2).
Partielle pour le blé, cette commercialisation est
complète pour la soie, seconde production agricole de l'île comme dans la
Calabre voisine. Destinée à près de 90 % aux marchés extérieurs -Gênes,
Florence, Lucques- elle passe, vers 1600, au premier rang des
exportations : soit plus d'un million d'écus. Le reste alimente les ateliers
de Messine, Catane et Palerme, dont l'activité restera toujours, en
dépit des mesures officielles d'encouragement, à des niveaux modestes,
incapable en tout cas de couvrir la totalité des besoins locaux : la
Sicile n'exporte que peu de soieries, mais doit toujours faire venir du
dehors les qualités les plus précieuses.
Pour le blé comme pour la soie, le haut degré de
commercialisation n'est pas automatiquement associé à la grande exploitation. Dans
tout le nord-est montagneux, la soie paraît même la base économique d'une
petite et moyenne propriété paysanne, d'origine emphytéotique plus ou
moins lointaine, valorisée par les plantations arbustives, et d'une
société longtemps plus démocratique et égalitaire que celle du latifondo
céréalier. Et si le seigneur cherche souvent, par le biais des taxes à
- 134 -

la production ou du crédit aux paysans, à s'imposer comme principal


vendeur, il ne réussit jamais à éliminer le contact direct entre mar^-
chands et producteurs ,
Evidemment lié© au grand domaine, dont elle fonde la sta<-
bilité millénaire, la spécialisation céréalière ne l'est pas à un type
d'exploitation. Grandes fermes (massarie) gérées directement ou louées
et tsmittSB précaires coexistent ou se succèdent dans le temps sur les
mêmes "fiefs", et les magasins des cari cat or i voient confluer pêle-mêle
des grains de toutes origines : ceux des grands propriétaires- laïcs ou
ecclésiastiques comme ceux des marchands et des paysans aisés (b&ffgisi ,
l'équivalent de nos laboureurs), ceux des massarie comme ceux des
fermages, des terrages ou des dîmes de propriété^
Le vin offre au contraire une situation plus nette. Il
reste, en Sicile comme ailleurs, la denrée privilégiée de 1'
autoconsommation paysanne : d'autant plus que la vigne couvre une large fraction
sinon l'essentiel de cette propriété microfondiaire qui se regroupe
autour des gros villages, si morcelée que seuls les plus pauvres des brac-
cianti paraissent ne pas en avoir au moins un lopin. Mais on observe
parallèlement, du XVïc au XVIIIe siècle l'affirmation d'une viticulture
spécialisée, par grands domaines pouvant aller d'une dizaine à plusieurs
centaines d'hectares, gérés par le propriétaire lui-même, normalement
un citadin, noble ou "bourgeois". Des flancs de l'Etna et. de la Conca
d'Oro, la vigne gagne alors des zones plus éloignées du marché urbain :
elle prend ainsi, de Partinico à Alcamo, ou de Castelvetrano à Marsala
l'aspect d'une véritable monoculture. Et si le débouché de la capitale
reste primordial, et si, très longtemps, en dehors de quelques qualités
plus appréciées, le vin .sicilien, malgré son haut degré d'alcool garde
la réputation d'un vin qui voyage mal, il réussit peu à peu à s'imposer
sur certains marchés extérieurs : notamment pour les commandes
militaires de la monarchie espagnole.
Consommé sur place ou destiné à la production, le sucre
offre l'exemple particulier d'une domination marchande sur la production.
Car celle-ci, passé 1480<-1500, se concentre dans quinze ou vingt
grandes plantations, échelonnées sur la cote tyrrhénienne et ionienne de
l'île : ce sont là de grosses affaires, qui emploient de 2 à 300 ouvriers
salariés pendant plusieurs mois et exigent l'investissement, pour une
durée supérieure à un an, d'un capital important (plus de 10 000 écus
vers 1600). Aussi les seigneurs propriétaires doivent-ils en laisser la
gestion à des sociétés qui leur louent la terre irriguée et le trappeto
et dont les principaux commanditaires sont des négociants étrangers,
génois et florentins le plus souvent.
Blé et soie, vin et sucre ; à ces quatre produits qui
dominent l'agriculture et le commerce extérieur de la Sicile à l'époque
moderne, on pourrait en ajouter d'autres. Les agrumes, qui relaient à
partir du XVIIIe siècle le sucre (abandonné vers 1680) et la soie en
déclin. Les fruits : noisettes- pistaches, amandes. L'huile dont l'essor
- 135 -

sera tardif, mais représente déjà l'une des grandes exportations de la


Calabre et des Pouilles (3), Certains produits d'élevage (peaux, fromar-
ges) ou de cueillette (manne ? noix de galle, soude), On compléterait ain<
si, en la nuançant, l'analyse d'une agriculture dont la pénétration du
capital étranger a renforcé et développé l'ouverture sur les marchés
extérieurs et qui alimente un commerce d'exportation à la fois
important et fragile, A tout prendre, le "boom" du soufre, au tournant du
XVIIIe et XIXe siècle, s'insère dans le même contexte. On y retrouve le
privilège des grands propriétaires absentéistes , maîtres du sous-sol
comme du sol, l'association des marchands et des gabellotti, la
coexistence de petites mines et de grandes affaires industrielles,
l'exploitation d'une main d'oeuvre rurale excédentaire qui continue à vivre au
village, les mêmes circuits commerciaux -de la mine aux caricatori de
la cote sud par les mimes chemins muletiers^, la même speculation sur
les oscillations des prix dans les pays acheteurs.

Cette importance ancienne mais nettement accrue au XVIe


siècle de l'exportation des denrées agricoles, a provoqué la mise en
place d'une organisation commerciale adaptée. La mieux connue, car
codifiée par la loi et surveillée de près par l'administration intéresse le
blé.
Les chargements se font dans un nombre limité de ports,
les caricatori ; Castellamare et Termini sur la cote nord, Sciacca,
Agrigente, Licata et Terranova (Gela) sur la côte sud, concentrent à
eux seuls 90 % des sorties per fora regno. On y trouve les magasins
-en fait des fosses- susceptibles d'entreposer, et de conserver d'une
année sur l'autre les quantités suffisantes (plusieurs centaines de
milliers de quintaux) pour fournir, en quelques jours la totalité de leur
chargement aux navires, pourtant les plus gros cargos de l'époque, qui
viennent mouiller au large de la plage. Les investissements portuaires
ont été réduits au minimum : un pont de bois, sorte de wharf, ou de
simples barques assurent le transport à bord, et il en sera de même
encore au début du XIXe siècle pour les exportations de soufre.
Tout un peuple de "portulans", de magasiniers et de
scribes -parmi lesquels barons et marchands, grâce aux ventes d' offices >
s'emploient à placer leurs agents- sont censés veiller sur la régulari^-
té des opérations et empochent aussi bien les redevances prévues que les
bakschichs qui les aident à fermer les yeux. Car ces trafics sont
affaire d'Etat, que le gouvernement surveille de près, se réservant
d'autoriser tous les échanges par voie de mer, pour infra comme pour fora
regno. Pour ces derniers a été mis au point un système complexe de
licences d'exportation (les tratte) qui sera étendu au XVIIe siècle au
vin, au sucre, aux fromages et à toutes les autres "victuailles". Leur
but est double. Limiter, ou même empêcher les sorties en temps de di<-
sette (serrare le tratte) ou en restreindre le bénéfice aux seuls amis
du Roi Catholique. Confisquer au profit du Trésor la différence subs-
- 136 -

tant i.e Ile entre prix intérieurs "à la production", et ceux que les
autorités municipales de Barcelone, Gênes ou Rome sont prêt©..; à payer pour
ravitailler leurs plèbes et éviter l'émeute, Un système très moderne
d'échelle mobile a? vers 1530» lié aux prix intérieurs le montant de la

.
traite que la hausse du XVIe siècle porte rapidement aux plus hauts ni^
veaux prévus ;v vers 15 80" 9.0 ce montant équivaut à peu près au prix
d'achat du blé? et la vente de ces licences rapporte au gouvernement plus
que les impôts "ordinaires" et "extraordinaires" réunis, mais, avec de
fortes variations d'une année sur l'autre, qui empêchent toute
prévision budgétaire. La concession des traites est alors devenue une sorte
de jeu savant auquel les donneurs d'avisos s'emploient à initier les
nouveaux vice^-rois quand ï ils arrivent dans l'île. Il faut savoir vendre
ni trop ni trop peu, ni trop tot ni trop tard, ni trop bon marché ni
trop cher? ce qui n'est pas toujours facile vu les moyens d'information
de l'époque, et les complicités dont disposent dans l'administration
les grands marchands : certains vice -rois, comme d' Alvadeliste en 1590,
y échoueront. Mais, notons<-le, la contraction des échanges au XVIIe
siècle ramène cette traite à des niveaux plus raisonnables (d'un demi à un
ecu par salme de deux quintaux) où elle se maintiendra tout au long du
XVIIIe siècle : le blé de Sicile doit désormais faire face à la
concurrence des grains du nord et de Russie méridionale.
Enfin, au niveau local, l'administration, qui règle
également la fixation des prix de remboursement des avances sur récolte (mete)
reconnaît peu à peu aux autorités municipales un droit de réquisition
partielle du tiers des récoltes, que les propriétaires pourront être
contraints à porter au bourg pour les besoins de la population. Ce système
des terze parti sera dénoncé à la fin du XVIIIe siècle, plus encore que
celui des tratte, par tous les partisans de la libre circulation des
grains : interdisant aux "propriétaires" de tirer de leurs récoltes le
prix qu'ils pourraient en attendre "légitimement", il les découragerait
d'augmenter la production et engendrerait la disette...
Le commerce de la soie restera au contraire toujours libre.
Les seules taxes d'exportation sont perçues par la ville de Messine, et
gagent de véritables rentes, dont le capital a servi à payer une lourde
subvention à la monarchie espagnole. Mais aucun droit spécial ne viendra
même frapper la sortie du produit brut pour encourager sa transformation
sur place. L'administration, entre 1612 et 1638, se contentera, à
l'exemple de bien des municipalités qui avaient déjà vu dans la soie une
matière fiscale commode, d'en taxer la production par une série de
gabelles à la production -perçues al manganello , c'est-à-dire lors du
dévidage des cocons. Gabelles lourdes d'ailleurs ; deux tari par livre,
soit de 10 à 15 % ad valorem, à un moment où les prix tendent à baisser.
En fait, toute la commercialisation de la soie est placée sous la
domination -confirmée à la fin du XVIe siècle par un monopole- de Messine, où
les galères génoises et florentines viennent chaque année, à la fin
d'août, charger les précieuses balles. La grande foire de la mi-août,
somptueuse fête où l'aristocratie, vice-roi en Lete, aime a venir se
- 137 -

montrer et faire ses achats, est alors le point d'aboutissement d'une


série de foires locales, échelonnées dans le temps et 1' espace , et
veillées par les marchands de Messine, qui assurent la concentration
de la soie grège dans la ville du détroit,
Ce dynamisme des foires caractérise d'ailleurs toute
l'Italie méridionale. Beaucoup se situent à un niveau très humble, foires du
bétail et du blé. Presque toujours, elles correspondent à la mise sur le
marché d'un produit agricole, et, dès qu'il est destiné à l'exportation,
l'une d'entre elles donne le ton : l'Aquila pour le safran, Foggia pour
la laine, Messine pour la soie. Ainsi la foire locale s'intègre dans un
système d'échanges aux dimensions internationales : elle achève la
commercialisation intégrale de la production dominante, et draine vers le
marché tout ce qui a échappé à l'accaparement par les intermédiaires de
tout poil, marchands, barons, usuriers. Malgré l'afflux des représentants
des firmes étrangères, elle reste pourtant le lieu privilégié d'un
véritable troc, où l'argent n'intervient que peu comme moyen de paiement,
sauf peut-être à Messine, d'où il repart, presque aussitôt, pour le
Levant .
Car elles traduisent et servent à la fois la division du
travail qui s'affirme dans l'Europe moderne, et oppose aux premières
spécialisations industrielles des régions les plus développées -des
Pays-Bas au "quadrilatère" de l'Italie du nord- les économies
périphériques de l'est et du sud, encouragées ou contraintes à se spécialiser
dans la production des denrées alimentaires ou des matières premières
industrielles. La structure du commerce extérieur se retrouvera partout à
peu près identique . A l'importation, les draps et les soieries occupent
et de loin, la première place, suivis par les métaux (la Sicile importe
la totalité de son fer, le Royaume de Naples une très large partie), le
papier, etc,... et les denrées coloniales. Les matières premières
dominent au contraire à l'exportation, selon le degré de spécialisation,
poussée à la limite jusqu'à la monoculture. La majorité des services
-banques, navires, assurances, avances de capitaux, firmes marchandes-
sont fournis ou assurés par les représentants des économies les plus a-
vancées, donc, dans le cas qui est le nôtre, par des étrangers. Ce qui
leur permet de rééquilibrer, au moins en partie, une balance commerciale
qui, au moins au XVIe siècle, tendrait à être, de leur point de vue,
déficitaire, car les termes de l'échange jouent en faveur des
exportateurs de matières premières : de toute façon, toute augmentation des
achats accroît d'autant les débouchés potentiels.
Le commerce qui mobilise les ressources de régions rurales
souvent peu densément peuplées et dominées par le pouvoir social et
politique des maîtres de la terre, assure la prééminence d'un petit nombre
de villes qui en assurent le contrôle, Palerme pour le blé, Messine pour
la soie, si elles se disputent longtemps la place de capitale politique,
jouent ainsi, chacune dans leur sphère, le role de capitale économique.
Leurs fonctions sont multioles :>
- 138 -

- Elles réalisent l'unification du marché des prix ,


surtout grace au système des ventes anticipées qui règlent les
avances sur récolte, La fixation du prix de remboursement, voce à Naples ?
meta en Sicile, relève normalement des autorités municipales, qui en
délèguent la responsabilité à des commissions d'experts, off iciellemeht
désintéressés. Mais elle ne reste pas pour autant fixée au hasard.
Partout où domine la commercialisation d'une culture d'exportation, l'un
de ces prix en arrive rapidement à donner le ton aux autres : San
Giovanni Rotondo fixe le prix du blé suivi dans le Capitanate au XVIe
siècle et Foggia le relaie au siècle suivant ; au XVIIIe siècle, c'est la
voce de Gallipoli qui règle les prix de l'huile en Terre d'Otrante.
La Sicile en arrive même, dans la seconde moitié du XVIe
siècle, à mettre au point un véritable système de "point de base" ; la
meta des divers caricatori, fixée par les municipalités mais approuvée
par le vice^roi, est modulée , dans chaque bourg, selon 1 'éloignement
du port le plus proche, donc selon le coût de transport jusqu'au cari-
catore, dans toutes les zones exportatrices, et depuis celui-ci, là où
il faut importer du grain. D'un caricat ore à l'autre les différences
sont minimes, et traduisent les différences de distance, et donc de fret
maritime, jusqu'aux grands marchés de consommation, Palerme et Gênes.
Le prix international dicte ainsi le "prix de campagne" qui sera payé
au producteur local.

- La fixation et l'unification des prix n'est d'ailleurs


qu'un aspect du contrôle que ces villes exercent sur la concentration
et la commercialisation des produits destinés au marché extérieur.
Contrôle aussi complet à Messine, par laquelle passe longtemps la quasi-
totalité de la soie vendue au dehors, qu'a Palerme qui non seulement
n'exporte pas de blé, mais doit pourvoir à son propre ravitaillement. La
direction commerciale compte plus en effet que le transit effectif de
la marchandise, de qualité suffisamment standard, dans le cas du blé,
pour être achetée ou vendue à distance, sans être vue ni montrée.
D'autant que le blé est affaire politique, et c'est dans la-capitale que se
joue le grand jeu sur les traites, en fonction d'une double série
d'informations qui y convergent : du dedans les résultats de la récolte et
l'état des stocks disponibles ; du dehors, la demande extérieure. Et de
même que les galères de Gênes et de Florence feront un rapide aller et
retour à Messine pour y charger les précieuses balles de soie, de même
les gros cargos feront le détour de Palerme pour y prendre les ordres
sur le lieu de chargement, à moins qu'un courrier ne les avertisse à
Trapani ou à Messine.
- Aussi bien ces villes regroupent^elles tous les services
nécessaires à cette direction commerciale. Les banques, privées puis
publiques : clef de voûte d'un système complexe de crédit, elles sous-
tendent aussi bien la production (avances sur récoltes, règlement des
fermages) que la consommation (achats de produits de luxe) et les échan-
139 -

ges internationaux (compensations entre les achats et les ventes,


credit sur les foires de change). Les principaux marchands, étrangers et
nationaux : cette poignée d'hommes relativement peu nombreuse ? dominée
par une petite élite de mpr-p-mti di Corte, se retrouve, agissant soit
pour leur compte, soit pour ce Lui de leurs correspondants de Gênes et
d'ailleurs, au coeur de tout ce trafic d ' export-import , qui ne perd
jamais son aspect spéculatif. Ils sont ainsi au contact immédiat des
principaux vendeurs qui sont également leurs meilleurs clients : les
membres de la haute aristocratie terrienne, vivent à Palerme, à la
Cour du vice-roi, et doivent vendre le blé pour tenir leur rang : le
patriciat de Messine a forcé, au XVe siècle 5les portes du baronage, et
élargi ainsi sa zone d'influence dans la campagne environnante, Naples
joue le même rôle dans le Royaume, pour les marchés du blé, de l'huile
et de la soie. Mais, derrière cette façade urbaine dirigeante, qui
représente le niveau auquel se traitent les grandes affaires, les plus
faciles à saisir à travers la documentation, il faut vdto le réseau très
ramifié des correspondants, "garçons", commis, informateurs, agents
et sous-traitants : ce sont eux qui, sur place, dans chaque bourg ou
dans chaque carie at ore , et presque toujours en accord avec les
oligarchies municipales, suivent le détail de ces mêmes affaires, gèrent les
fermes de seigneuries, traitent avec les paysans, assurent la
collecte des produits agricoles et leur transport "à la marine" sans oublier,
à l'occasion, de trafiquer pour leur propre compte.
Enfin cette organisation du commerce extérieur constitue
une structure assez ancienne pour qu'aucun obstacle ne s'oppose à son
fonctionnement optimum. Notamment -et par opposition avec les villes
polonaises ou est-allemandes, où la spécialisation céréalière aurait,
en renforçant le caractère colonial des échanges, en concentrant les
gou'":? de l'aristocratie vers une consommation somptuaire de produits
étrangers et en excluant les paysans du marché, tué un artisanat local
anciennement actif- aucune industrie ne concurrence les importations :
"' ^ c?'i^ -',-^vprrto grègo et ceulp une part, minime a Messine, plus im-
^ T t. v dt 1 ^ 'ai run etif-re X/J° et XVIIe siècle un Arte de.Ua
i

1 Tr uc, ^ -t i-f ht'tr ^i t t-) -i . jd mauvaise qualité du dévidage,


f

1 r î it r r i \, n 'ut- v < un outillage technique arriéré


*""
i

^ M if ï +~ti i négatif qui reléguera la


1 -i i t * i 1 "<-ij "^ in*, l<-rnitr rangs de la hiérarchie des
i

1° ut m se ^ p-,r ! Induit r"ï«- de Cên< -> ou de Lyon. Quant à la laine,


i

-L-. I.^r,.-. .3 ^apie^ et à Paleimc, 1 ' .notoire des tentatives officielles,


appuyées et financées par les autorités politiques et les municipalités,
pour implanter une Industrie de draps de qualité qui éviterait ou
limiterait le recours à l'importation, n'est qu'une longue suite d'échecs
ou de semi -échecs : le grand Palazzo délia Pannaria, construit aux frais
de la ville de Palerme dans la seconde moitié du XVIe siècle pour abriter
une entreprise de ce genre, sera finalement affecté, de façon plus
raisonnable et presque symbolique, au Mont-de-Piété . Car les draps, de
laine ou de soie, suivis par les métaux et les denrées coloniales, repré-
- 140 -

sentent la principale contre partie des exportations de produits agri<


coles, Celles-ci s'inscrivent dans une organisation du commerce inter*
national fondée sur une division du travail entre des économies à la
fois complémentaires et hiérarchisées ; comme ceux d'Europe centrale
et orientale au nord-ouest européen 7 les marchés d'Italie méridionale
sont soumis aux économies urbaines de Catalogne et d'Italie du Nord,
et cette relation de dépendance tend à se renforcer avec le développe?
ment des échanges . "•

Les circuits de distribution et le commerce de détail


constituent la contrepartie structurelle de cette organisation des
échanges extérieurs.
Les villes se réservent à leur consommation la plus
large part des produits importés : draps, épices, toiles, papier.
Seuls les métaux servent à la production agricole. Dès les années
1520, Palerme ne réexporte vers l'intérieur de l'île que le quart ,
en valeur, des draps et des soieries enregistrés, à l'entrée, par
sa Douane. Un calcul grossier opposerait de façon spectaculaire la
différence des niveaux de consommation entre villes et campagnes :
presque quatre écus de draps par tête pour 40 000 palermitains ,
contre 1/6 pour 3'.G0p 000 siciliens, qui ne sont pourtant pas tous, vu
les formes prises par l'urbanisation des ruraux au sens strict du
terme. Un calcul sur les quantités favoriserait davantage les
campagnes, qui n'achètent guère que les qualités les moins chères,
draps de Majorque estimés à la balle ou cordellati de Valence.
Encore cette opposition vaut-elle surtout pour les soieries, presque
exclusivement destinées à la consommation aristocratique, donc
urbaine. Car l'analyse des comptabilités seigneuriales ou
conventuelles montre la prépondérance, même en ville, des achats de drap
a bon marché, pour la domesticité, les soldats, les ecclésiastiques :
ces mêmes ecclésiastiques qu'Antonio Serra, dans son Brève Trattato
met en bonne place parmi les acheteurs de draps étrangers. D'où le
nombre des boutiques de tissus et des artisans du vêtement : aussi
pauvres en tisserands que Rome, Naples et Palerme comptent de
nombreux tailleurs . , .
Minoritaire dès l'origine, la participation des
campagnes à ces achats et à ces ventes se place sous le signe de
l'ambivalence ; participation ou exclusion ; "libération" ou
renforcement de la dépendance économique par l'accès à l'économie monétaire,
Tant que cette participation est attestée, elle signifie que les
producteurs ruraux, ou une part d'entre eux, accèdent, même en si^-
tuation de faiblesse, au marche *? donc que la production négociable
n'est pas confisquée, même pour le blé dans les zones latifondiaires ,
par les grands propriétaires et leurs gabellotti .Elle signifie aus<-
si qu'une fraction des salariés agricoles, une fois assurée sa sub<-
sistance, peut acheter des draps, du sucre ou des épices.
- 141 -

Les villages siciliens de l'époque moderne témoignent


à la fois de cette faiblesse du secteur commercial, et de son
ouverture sur le monde extérieur, Le petit nombre des artisans, la rare^-
té des boutiques (telle que les municipalités doivent parfois les
subventionner), la plupart pauvrement achalandées ^-quelques tavernes,
des magasins de salaisons et de graines- traduisent la médiocrité des
échanges à l'intérieur du monde rural. Mais une ou deux de ces
boutiques émergent souvent du lot : sortes de "general stores",
spécialisées dans la vente des produits importés (drap et fer), elles
sont très normalement tenues par des correspondants ou des "jeunes"
des maisons de commerce messinoises ou palermitaines , plus rarement
par des marchands du cru. Le nombre et l'importance de leurs
créances révèent l 'étendue et la diversité de leur clientèle, et la place
qu'ils se taillent dans l'organisation du crédit : draps et métaux
sont payables en blé, mais ce blé sera, selon les circonstances
exporté, ou vendu, ou prêté sur place. Du commerce à l'usure la
frontière est étroite et souvent franchie : à la limite l'usure peut
même éliminer, ou reléguer au second plan, l'activité commerciale
proprement dite. A Cammarata, gros bourg de 1800 feux, en ISM-S,
trois génois déclarent ainsi dans leur boutique près de 900 écus
"in tanti panni e merchi" et 2300 écus de créances sur une foule
de débiteurs "tanto per panni quanto per merchi e denari e
forment! e orgi" ; au passif, à peine 1600 écus dus à une vingtaine
de créanciers, dont la moitié à un seul marchand catalan de Pa-
lerme .
Comparée à la situation des campagnes occidentales
à la même époque, l'insertion des paysans siciliens ou calabrais
dans les circuits de l'économie monétaire, apparaîtra dès 1500
exceptionnellement forte. A l'importance du salariat agricole
correspond pour les "laboureurs" et fermiers la nécessité de
vendre une large part de la production pour payer ces mêmes salaires,
rembourser les avances, et, dans le cas des éleveurs de ver à soie,
d'acheter la nourriture. Au début du XVIe siècle, les journaliers
siciliens payés en pièces d'argent font figure de privilégiés.
Pourtant, malgré des termes de l'échange qui jouent,
au XVIe comme au XVIIe siècle, en faveur des producteurs des
denrées alimentaires dont les prix augmentent nettement plus vite
que ceux des produits industriels, cette monétarisation de
l'économie rurale tend à la fois à devenir plus symbolique que réelle
et à renforcer la dépendance des paysans : ceux-ci, mal protégés
par une autoconsommation dont on sait la faiblesse, subissent,
sans jamais en profiter, les contre-coups des variations du marché.
Ici comme ailleurs, la baisse spectaculaire des
salaires en argent contraste avec la meilleure résistance des
salaires en nature. Le pouvoir d'achat de la part monétaire du
salaire ne suit ni la hausse des prix alimenraires , ni même celle
des produits industriels. Et, très vraisemblablement, le volume
- 142 -

de l1 emploi, concentré sur de très courtes périodes de l'année tend


à diminuer.
La hausse de la rente foncière et des terrages 9 donc dee
prélèvements du seigneur et de son gabellotto sur la récolte, prive
les producteurs paysans de leurs excédents négociables et les contrai-
gnent même à racheter tout ou partie des quantités nécessaires à la
semence ou à leur nourriture. D'où leur dépendance accrue à l'égard
du crédit usuraire. Après la faillite des "laboureurs" indépendants,
la diffusion du colonat partiaire et des tenures précaires au XVIIe
siècle exprime bien cette dépendance renforcée des paysans. Bétail,
semence, nourriture, argent même leur sont avancés chaque année, -en
totalité ou en partie ; facturés en termes monétaires ^au prix fort-
ils seront remboursés au lendemain de la récolte, mais payés dans
la majorité des cas en nature dans les conditions l«;plus
défavorables. Les livres de borgesato qui enregistrent ces avances et ces
remboursements, et comptabilisent à la fois les quantités et les
prix, éliminent la monnaie métallique au profit d'un jeu
d'écritures : d'une année sur l'autre, les dettes s'accumulent.
Cette situation est encore aggravée là où, comme dans
les régions productrices de soie, les cours de la matière première
exportée augmentent moitié moins vite que ceux du blé, qu'il faut
faire venir du dehors : des termes de l'échange défavorables
renforcent l'endettement paysan à l'égard des marchands et des barons
avant de décourager la production elle-même.

L'essor du commerce extérieur et ds la demande en matières


premières des économies développées tend donc à exclure du marché les
campagnes et à ne bénéficier qu'aux villes et aux classes, privilégiées,
qui vivent de la rente foncière et des retombées du pouvoir
politique. Celles-ci s'assurent non seulement le quasi-monopole des ventes
au-dehors , mais aussi, pour le blé, des possibilités de spéculation
sur le marché intérieur ; le premier permet de payer les achats
destinés à une consommation somptuaire. Les secondes, par l'endettement
des particuliers, des municipalités et des administrations,
d'accroître encore la part de la production qu'ils contrôlent :
remboursement des avances, usurpation des terres et des revenus commerciaux,
aliénation des droits et des domaines de l'Etat.
Si elles ont pu, à certaines époques de conjoncture
favorable accéder, grace à leurs salaires et à leurs ventes, au mar^
ché des produits importés, les masses paysannes se trouvent, au
moment même ou les quantités exportées augmentent avec les prix, re-
jetées vers l'achat des seules denrées alimentaires, et vers
l'artisanat domestique : celui-ci avait d'ailleurs toujours fourni une
large part de la consommation rurale, notamment pour le textile,
- 143 -

Loin de provoquer l'affirmation et le développement


du marché intérieur, la commercialisation précoce de la production
agricole contribue au contraire, dans le cas considéré ici de

.
l'Italie méridionale, à le bloquer, A la dichotomie habituelle
entre l'économie naturelle et l'économie marchande, il invite
à substituer une hiérarchie, Souvent condamnée à fonctionner
sans espèces métalliques, l'économie paysanne n'y occupe pas
la place de l'économie naturelle : même marginalisée en période
de récession des échanges, elle est en fait soumise et intégrée
à l'économie marchande internationale.

Maurice AYMARD
Ecole Française de Rome
- 144 -

NOTES

(1) - Ces pages recoupent, au risque de certaines redites, des exposés


présentés ailleurs, notamment à Prato, en 1970 ("Commerce et
consommation des draps en Sicile et en Italie Méridionale,
XVe-XVIIIe siècles") et en 1975 ("Monnaie et économie rurale",
à paraître, comme le précédent) et à Catane : "Amministrazione
feudale e transformazioni strutturali tra '500 e '700, Archi-
vio storico per la Sicilia Orientale, LXXI , 1975, 1, pp. 17-42.

(2) - M. AYMARD et H. BRESC, "Nourritures et consommations en Sicile


entre XlVe et XVIlIe siècles", publié en résumé dans Annales
E . S . C , 1975, 2,3., pp , 592-599, et, in extenso, dans les
Mélanges de l'Ecole Française de Rome, MEFRM, 1975, 2

(3) - P. CHORLEY, Oil, Silk and Enlightenment, Naples, 1965.

Vous aimerez peut-être aussi